« Guerres de Religion (France) » : différence entre les versions

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m Retouches ponctuelles : cf. WP:TYPO#MAJUSCULES-ÉVÉNEMENTS, d'après LRTUIN, p. 96 et Lacroux, vol. 1, p.44 : « une (des) guerre(s) de religion — mais les guerres de Religion (Europe, XVIe siècle) » + simplif. de qqs appels de note, à pours
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{{Voir homonymes|Guerre de religion}}
En France, on appelle '''guerres de religionReligion''' une série de huit conflits, qui ont ravagé le [[royaume de France]] dans la seconde moitié du {{s-|XVI|e}} et où se sont opposés [[catholicisme|catholiques]] et [[protestantisme|protestants]], appelés aussi [[huguenots]].
 
À partir du {{s-|XVI|e}}, au catholicisme s’oppose le protestantisme, opposition qui débouche sur une terrible [[guerre civile]]. Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520<ref>{{note|groupe=alpha|Première condamnation au bûcher pour fait de religion. {{Guerres de religion-sfn|Miquel|1980|p=7}}, {{p.}}7.</ref>. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550, pour voir le développement des clivages. À la fin du règne d'[[Henri II de France|Henri II]], le conflit se politise. Les guerres de religionReligion commencent en [[1562]] et se poursuivent entrecoupées de périodes de paix jusqu'en [[1598]], avec la mise en place de l'[[Édit de Nantes]]. Les guerres de religionReligion trouvent un prolongement aux {{XVIIe s}} ([[Siège de La Rochelle (1627-1628)|siège de La Rochelle]], [[révocation de l'Édit de Nantes]]) et {{s-|XVIII|e}}s ([[guerre des Camisards]]), jusqu'à l’arrêt des persécutions sous [[Louis XVI]] ([[Édit de Versailles]] en [[1787]]).
 
[[Fichier:Francois_Dubois_001.jpg|thumb|upright=1.4|Le [[massacre de la Saint-Barthélemy]] (1572)<br />par [[François Dubois]], peintre protestant<br />Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne.]]
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Le caractère [[féodalité|féodal]] du pays apparaît nettement avec l'indépendance croissante des princes et des partis qui augmentent dangereusement le réseau de leurs clientèles.
La réunion des [[États généraux (France)|États généraux]], effectuée par trois fois durant les guerres de religionReligion, est le témoin de cet affaiblissement de l'autorité royale. Le roi a besoin de l'appui de ses sujets pour pouvoir prendre des décisions qui seront respectées. À cette occasion, le pouvoir royal est remis en cause par des hommes de loi et des lettrés qui aspirent à une plus grande subordination du roi à l'égard de ces assemblées.
 
=== Les clans nobiliaires ===
Les rois étant trop jeunes pour gouverner, différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le pouvoir royal. Trois grands clans nobiliaires, par ailleurs tous liés par divers liens familiaux, vont ainsi s'opposer :
* [[Fichier:Blason Mathieu II de Montmorency.svg|left|50px]] Les [[Maison de Montmorency|Montmorency]] : Il s'agit d'une ancienne et puissante famille qui tire sa fortune de la formidable ascension politique du connétable [[Anne de Montmorency (1492-1567)|Anne de Montmorency]] sous le règne de [[François 1er de France|François {{1er}}]]. Dans cette famille s'illustrent les deux fils du connétable, [[François de Montmorency]] et [[Henri Ier de Montmorency|Henri de Damville]] ainsi que leurs cousins germains, les trois frères Châtillon ([[Gaspard II de Coligny|Gaspard de Coligny]], [[François de Coligny d'Andelot|François d'Andelot]] et [[Odet de Coligny|Odet, cardinal de Châtillon]]). Bien que partagés entre catholiques et protestants, les Montmorency-Châtillon s'unissent à l'occasion pour contrer l'influence croissante des Guise, leurs rivaux. Sans réduire les guerres de religionReligion à un conflit privé entre ces deux familles<ref>Schématisation historiographique courante au début de la {{IIIe}} République, notamment dans Jean-Hyppolyte Mariéjol, ''La Réforme, la Ligue, l'édit de Nantes (1559-1598)'', t.VI d'[[Ernest Lavisse]] (dir.), ''Histoire de France des origines à la Révolution'', Paris, 1884, nouv. éd. 1983. Pour une remise en cause de cette interprétation traditionnelle : Jean-Marie Constant, « La noblesse protestante en France pendant les guerres de religionReligion : un ferment d'innovation dans un monde traditionnel » in ''La Noblesse en liberté ({{s mini-|XVI|e}}-{{s mini-|XVII|e}} siècles)'', {{p.}}191 et, du même auteur : « Clans, partis nobiliaires et politique des souverains au temps des guerres de Religion » in ''Genèse de l'État moderne'', CNRS-Éditions, 1987, {{p.}}221-226.</ref>, leur concurrence dans la course au pouvoir mobilise leur immense clientèle respective, répartie sur l'ensemble du royaume et jusqu'aux [[Pays-Bas espagnols]], le comte de [[Philippe II de Montmorency-Nivelle|Hornes]], mis à mort à [[Bruxelles]] pour avoir participé à la [[révolte des gueux]] étant un Montmorency.
* [[Fichier:Armoiries ducs de Guise.svg|50px|left]] Les [[Maison de Guise|Guise]] : Ce sont les meneurs du parti catholique. Cousins du [[Charles III de Lorraine|duc de Lorraine]], ils connaissent leur ascension politique grâce à [[Claude de Lorraine]] et son fils [[François de Guise|François]], les deux premiers ducs de Guise. Grâce au mariage de [[Marie Ire d'Écosse|Marie Stuart]] (petite-fille de Claude et nièce de François) avec l'héritier du trône (futur [[François II de France|François II]]), les Lorrains renforcent les liens entre leur maison et la dynastie des Valois. Dans leur famille s'illustrent également [[Charles de Lorraine (1524-1574)|Charles, cardinal de Lorraine]], [[Henri Ier de Guise|Henri {{Ier}}, duc de Guise]] et [[Charles de Mayenne|Charles, duc de Mayenne]]. Si l'hostilité manifestée par les Guise à l'encontre de la politique de tolérance religieuse de [[Catherine de Médicis]] cause parfois leur mise à l'écart sous le règne de [[Charles IX de France|Charles IX]], cette intransigeance catholique leur permet de cultiver une grande popularité auprès du peuple. Loués comme champions de la foi, ils reviennent triomphalement sur le devant de la scène sous [[Henri III de France|Henri III]] grâce à la [[Ligue catholique (France)|Ligue]]. En [[1588]], les ligueurs parisiens parviennent à chasser Henri III de la capitale, ce qui renforce considérablement l'influence des Lorrains. Catherine de Médicis elle-même finit par « prier » son fils de « rendre content<ref>BN, ms. fr. 6549 : Déposition de Péricard secrétaire du duc de Guise et déposition de Pierre d'Épinac. Information faite par P.Michaud et J. Courtin conseiller en la cour de Parlement pour raison des massacres commis à Blois sur les personnes du duc de Guise et de son frère le cardinal à la requête de la duchesse de Guise.</ref> » le duc de Guise. L'année suivante, la Ligue destitue le roi à la suite de l'assassinat des deux chefs de la maison ; leur frère survivant, Charles, duc de Mayenne, devient le principal opposant à l'avènement du roi protestant [[Henri IV de France|Henri IV]].
* [[Fichier:Blason duche fr Bourbon (moderne).svg|left|50px]] Les [[Maison capétienne de Bourbon|Bourbons]] : Descendants de [[Louis IX de France|saint Louis]] en ligne directe, ce sont des [[princes du sang]]. Les membres de cette maison ont donc la préséance sur tous les autres gentilshommes du royaume et siègent non loin du roi dans les cérémonies. En dépit des indécisions et volte-face politique et religieuse du chef de famille [[Antoine de Bourbon]], les Bourbons se distinguent comme meneurs du parti protestant durant les guerres de religionReligion grâce au frère cadet d'Antoine, [[Louis de Condé]], puis au fils de ce dernier, [[Henri Ier de Bourbon-Condé|Henri de Condé]]. Mais c'est le fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, [[Henri IV de France|Henri de Navarre]], qui finit par s'imposer progressivement à la tête des huguenots malgré une conversion forcée et temporaire au catholicisme après le [[massacre de la Saint-Barthélemy]].
 
=== L'ingérence des pays voisins ===
[[Fichier:Elizabeth1.jpg|thumb|200px|left|En 1572, la reine d'Angleterre [[Élisabeth Ire d'Angleterre|Élisabeth {{Ire}}]] s'allie à la France contre l'Espagne.]]
Les guerres de religionReligion ont également pour cause l'ingérence des pays voisins qui entretiennent le feu des troubles pour mieux affaiblir la France. Après avoir perdu la [[Bataille de Saint-Quentin (1557)|bataille de Saint-Quentin]] en [[1557]] et signé le [[Traités du Cateau-Cambrésis|traité du Cateau-Cambrésis]] en [[1559]], la France voit l'affaiblissement de sa suprématie au profit du roi d'Espagne [[Philippe II d'Espagne|Philippe II]]. Du fait de la guerre civile, elle connaît un recul dans la seconde moitié du {{s-|XVI|e}} dont profitent l'Espagne et l'Angleterre. Mais en dépit de la montée de ces deux pays, la France demeure une très grande puissance en Europe par sa démographie, sa richesse et son prestige.
 
Pour abaisser la France, l'Espagne et l'Angleterre ne cessent de prêter la main aux sujets rebelles. La reine d'Angleterre [[Élisabeth Ire d'Angleterre|Élisabeth {{Ire}}]] intervient en soutenant les protestants et le roi d'Espagne en soutenant le clan des Guise, partisan du catholicisme intransigeant. Pendant les guerres de religionReligion, la France est ainsi divisée par deux factions soutenues financièrement et militairement par des pays étrangers. Durant les années 1580, la France semble même devenir un terrain de combat où s'affrontent l'Espagne et l'Angleterre par partis interposés.
 
Les voisins limitrophes de la France ont également des ambitions territoriales. L'[[Angleterre]] entend récupérer la ville de [[Calais]] dont elle n'a pas accepté la perte en [[1558]]. L'Espagne espère recouvrer la partie septentrionale de la [[Royaume de Navarre|Navarre]]. La [[États de Savoie|Savoie]], alliée à l'Espagne entend récupérer les places italiennes occupées par la France depuis les [[guerres d'Italie]].
 
Les guerres de religionReligion sont en France très dépendantes du contexte européen. Cela est particulièrement le cas à l'égard des [[Pays-Bas espagnols]] où les troubles politico-religieux sévissent depuis la date de [[1566]]. La guerre aux [[Pays-Bas espagnols]] se répercute automatiquement sur les conflits français et ''vice versa''.
 
Le roi de France fait également appel à des mercenaires étrangers pour l'aider à rétablir son autorité. Il fait venir ainsi des Suisses ainsi que des troupes italiennes envoyées par le pape. Les [[reître]]s et les [[lansquenet]]s allemands sont largement utilisés dans le conflit par les deux partis. Les Espagnols utilisent des troupes flamandes.
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=== Les causes proprement religieuses ===
 
L'historiographie récente tend à insister sur les causes proprement religieuses des guerres de religionReligion. [[Denis Crouzet]] (''Les Guerriers de Dieu'', Champ Vallon, 1990), s'attache à montrer comment les peurs [[Eschatologie|eschatologiques]], liées à la croyance en une fin proche du monde, ont pu mener dans les années 1560 à une « violence de la possession divine » cherchant à réinstaurer la pureté du royaume. C'est ainsi qu'on observe de nombreux rituels de violence ayant pour but de mettre au grand jour la corruption des hérétiques : mises en scène macabres, mutilations des cadavres... Les calvinistes auraient quant à eux tenté de désenchanter ce monde plein des signes divins en démontrant la rationalité de la religion du Verbe, d'où une violence plus modérée dans un premier temps, avant d'adopter cependant par la suite une tactique terroriste cherchant à intimider l'adversaire. Selon l'analyse de Denis Crouzet, le [[massacre de la Saint-Barthélemy]], loin de casser simplement la dynamique du parti huguenot, a mené paradoxalement à un recul de la violence catholique : après le rêve de l'unité en Dieu, les catholiques auraient sombré dans la mélancolie de par la prise de conscience d'une inutilité de la violence. La Ligue, qui marque la dernière phase des guerres de religionReligion de son empreinte, a ainsi cherché à limiter la violence prophétique et eschatologique des débuts des troubles religieux, pour adopter une attitude de pénitence dans l'attente de la venue du Christ.
 
Plus récemment, [[William T. Cavanaugh]], dans son livre le « Mythe de la violence religieuse », a montré comment la dimension « religieuse » des guerres du {{s-|XVI|e}} avait été instrumentalisée par les historiens et les politiques des siècles suivants. Par une étude serrée de l'histoire du mot « religion, » il met en évidence que le terme n'apparaît dans son acception actuelle qu'après le {{s-|XVII|e}}. Auparavant, religion signifie « pitié » et l'idée qu'il puisse exister des « religions » différentes, y compris l'Islam ou le Judaïsme est un impensable pour l'homme médiéval car il n'existe pour lui qu'une seule connaissance de Dieu, avec des variantes et des hérésies (voir par exemple [[Thomas d'Aquin]], Somme contre les Gentils, livre 1, question 6). Les conflits que nous qualifions aujourd'hui de « religieux » sont, au {{s-|XVI|e}}, essentiellement d'ordre politique car le contenu théologique des oppositions reste secondaire par rapport aux intérêts politiques ou économiques en jeu. Dès le {{s-|XVII|e}} mais plus encore à partir du {{s mini-|XVIII|e}}, la référence religieuse pour caractériser un parti construit le mythe d'une violence religieuse que le politique a charge de contenir, ce qui permet de légitimer la puissance de l'État moderne et de ceux qui en détiennent le contrôle sur la société<ref>[[William T. Cavanaugh]], ''The Myth of Religious Violence: Secular Ideology and the Roots of Modern Conflict'', Oxford University Press, 2009</ref>.
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Les premiers troubles religieux apparaissent sous le règne de [[François Ier de France|François {{Ier}}]] (1515-1547). Malgré son inclination pour l'[[Humanisme au XVIe siècle|humanisme]], le roi considère la [[Réforme protestante|Réforme]] comme néfaste à son autorité. En 1529, [[Louis de Berquin|Berquin]], un ami d'[[Érasme]] est exécuté. À partir de l'[[affaire des Placards]] (1534), le roi se met à persécuter les protestants. En 1545, 3000 [[Vaudois du Luberon]] sont massacrés à [[Mérindol]] sur l'ordre du [[Parlement d'Aix]] et avec l'assentiment du roi<ref name="Delumeau473">Jean Delumeau, ''Renaissance et discordes religieuses'' in ''L'histoire de France'', sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, {{p.}}473.</ref>.
{{Article détaillé|Massacre de Mérindol}}
C'est sous le règne de son fils [[Henri II de France|Henri II]] (1547-1559), que les tensions religieuses augmentent dangereusement. Le roi met en place une législation antiprotestante. Il multiplie les édits répressifs. L'édit de Compiègne de 1557 réserve aux tribunaux laïcs le jugement des protestants dès qu'il y a scandale public. L'[[Édit d'Écouen|édit d'Ecouen]] de 1559 demande d'abattre sans jugement tout protestant en fuite ou révolté<ref name="Delumeau473" />. Il donne aussi la mission à certains notables de se rendre en province pour réprimer l'hérésie<ref>MIchel Péronnet, ''Le {{s-|XVI|e}}'', Hachette U, 1981, {{p.}}181.</ref>. Enfin la « chambre ardente » créée en 1547 au [[parlement de Paris]] pour condamner au bûcher les « hérétiques » fait exécuter en deux ans 37 personnes<ref>{{note|groupe=alpha|La chambre ardente n'a duré que deux ans. Arlette {{sfn|Jouanna (et al.), |Boucher|Biloghi|1998|loc=La France de la Renaissance : histoire et dictionnaire, Paris, R. Laffont, 2001, p. }}.</ref>}}.
 
Malgré cette persécution, le protestantisme connaît un essor considérable. La répression voulue par le roi reste limitée par la faiblesse de ses institutions. Le roi ne dispose pas d'un encadrement judiciaire suffisamment important pour mettre en œuvre sa politique<ref>Arlette Jouanna (et al.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598, Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=27}}27.</ref>. Les édits sont mal appliqués du fait qu’une partie non négligeable de ses officiers éprouve des sympathies pour la Réforme. Le protestantisme se diffuse surtout en milieu urbain parmi les gens qui ont accès à la culture : bourgeois, artisans, gens d'Église, érudits, écrivains et officiers de justice<ref name="Vogler">Bernard Vogler, Article ''Réforme'', Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007.</ref>. Le roi réagit. L'[[édit de Châteaubriant]], en 1551, précise minutieusement les modalités de la répression. On augmente les peines qui frappent les libraires, éditeurs et diffuseurs de livres interdits<ref>[[Pierre {{sfn|Miquel]], ''Les guerres de religion, '' Fayard, |1980, {{|p.=172}}172.</ref>.
 
La noblesse française vient à la Réforme à partir de 1555. De grands personnages de la cour, tels que le [[Louis Ier de Bourbon-Condé|prince de Condé]] et [[François d'Andelot]], contribuent à son développement. À la fin du règne d'Henri II, le protestantisme réalise de tels progrès que les premières églises se forment.
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En [[1560]], différents partis s'opposent pour contrôler le pouvoir royal placé depuis juillet 1559 entre les mains du jeune roi [[François II (roi de France)|François II]], âgé de 15 ans et de santé fragile. Celui-ci confie le gouvernement aux oncles de son épouse, le [[François de Guise|duc de Guise]] et le [[Charles de Lorraine (1524-1574)|cardinal de Lorraine]], partisans catholiques de la fermeté à l'égard des protestants<ref>Eric Durot, « Le prédicant, hérétique et séditieux. De l’édit de Compiègne (1557) à l’édit de janvier (1562) », ''Revue historique'', 2009, t. 649, {{n°}}1, {{p.}}39-64.</ref>. La légitimité de leur présence au pouvoir est remise en cause par les protestants, dont le prince de Condé.
 
Les plus extrémistes d'entre eux font un procès secret aux Guise. Un gentilhomme français, réfugié en Suisse, [[Jean du Barry|La Renaudie]], se charge d'exécuter la sentence. Cela aboutit à la [[Conjuration d'Amboise]]. La Renaudie recrute cinq cents gentilshommes. Il veut surprendre la Cour à [[Blois]], le {{date-|6 mai 1560}}. Mais les Guise sont prévenus. La Cour s'enferme donc à [[Amboise]]. Les conjurés, qui veulent s'introduire clandestinement dans le château d'Amboise, sont trahis. L'attaque a cependant lieu. Mal organisée, elle échoue<ref>Jean Meyer, ''Conjuration d'Amboise'', Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007.</ref>. La répression est féroce. Les conjurés faits prisonniers sont pendus sur la terrasse du château<ref name="Delumeau474">Jean Delumeau, {{p.}}474.</ref>. De nombreux protestants sont révoltés par cette répression qui leur inspire des sentiments de haine. À la Cour, la conjuration d'Amboise fragilise la position des Guise et renforce celle de la reine-mère [[Catherine de Médicis]] plus disposée qu'eux à une politique de conciliation. Entourée de conseillers modérés et proches de la Réforme, elle obtient du roi l'amnistie des « crimes d'hérésie », la convocation des États généraux et la préparation d'un concile national<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.}}=67-76.</ref>}}.
 
Les plus déterminés des protestants tentent des coups de force. Des églises sont occupées. La répression reprend de plus belle en septembre<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.}}=72-74.</ref>}}. Le prince de Condé est arrêté sur l'ordre personnel du roi<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=75}}75.</ref>. Certains évêques et présidents de parlement appellent l'armée royale à l'aide. En Languedoc, le comte de Villars met en fuite les ministres protestants et rend les églises au culte catholique<ref name="Péronnet286">Michel Péronnet, {{p.}}286.</ref>.
 
[[Fichier:Catherine de Medicis.jpg|thumb|right|130px|Catherine de Médicis.]]
[[Fichier:Michel-Hospital.jpg|left|thumb|130px|Michel de L'Hospital.]]
 
À la mort de François II en décembre 1560, Catherine de Médicis ouvre la [[Régence#France|Régence]] au nom du tout jeune [[Charles IX de France|Charles IX]], dix ans. Elle écarte les Guise du pouvoir et cherche avec le chancelier [[Michel de l'Hospital]] un terrain d'entente entre catholiques et protestants. Le débat religieux donne alors naissance à un intense débat politique. D'un côté, les catholiques veulent faire l'unité religieuse autour du roi au nom du vieil adage : « Un roi, une loi, une foi ». De l'autre, un courant s'efforce de disjoindre les problèmes politiques et les problèmes religieux afin de maintenir, avant tout, la cohésion de l'État ; les tenants de ce courant considèrent qu'en matière de religion, il faut définir les points essentiels sur lesquels s'entendre. Les protestants et les catholiques qui leur sont opposés les désignent sous le terme de ''[[moyenneurs]]'' pour les premiers et de ''politiques'' pour les seconds<ref>Arlette Jouanna (dir.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, 1998, {{p.}}83, 1210-1213. note|groupe=alpha|À l'origine, le terme ''politique'' n'est appliqué que de manière individuelle. À partir de 1568, il est utilisé au pluriel.</ref>{{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p=83, 1210-1213}}.}}.
 
Les États généraux qui se déroulent durant l'été 1560 voient deux points de vue s'opposer : ceux qui veulent extirper l'hérésie par la force d'une part, et ceux qui, d'autre part, craignent que la répression ne ruine le royaume. L'ordonnance d'Orléans de 1560 est prise au nom du roi peu après la fin des États généraux. Elle donne à certaines prescriptions religieuses la caution de l'autorité publique. Ainsi, il devient obligatoire de chômer le dimanche, interdit de se moquer de la religion<ref name="Péronnet286" />... Au printemps 1561, les tensions montent. Les prédicateurs catholiques enflamment les foules. Les protestants se sentant menacés commencent à s'armer, à fortifier les villes sous leur contrôle et même à y interdire le culte catholique. Le synode de Sainte-Foy (novembre 1561) crée une organisation militaire protestante et désigne les chefs de guerre<ref name="Péronnet286" />.
La régente autorise le [[colloque de Poissy]] pour essayer de maintenir l'unité religieuse et éviter la guerre. Douze ministres protestants dont [[Théodore de Bèze]] exposent leur doctrine face à un parterre de clercs catholiques. Mais la confrontation se solde par un échec<ref name="Delumeau474" /> après l'intervention du général des Jésuites Lainez, qui explique qu'on ne peut discuter des vérités établies par l'Église catholique avec des excommuniés<ref name="Péronnet287">Michel Péronnet, {{p.}}287.</ref>.
 
L'année [[1561]] est l'apogée du protestantisme en France. Il y a environ deux millions de protestants en France. Fin 1561, il y a plus de six cent soixante-dix Églises réformées dans le royaume. On estime qu'à ce moment, près du dixième de la population du royaume est huguenot<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion'', 1559-1598, Robert Laffont, 1998, {{p.sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p=42}} </ref>. L'animosité devient extrême à la fin de l'année. Le protestantisme français, cessant d'être exclusivement une Église, est devenu un parti.
 
Le pays est au bord de la crise religieuse. En fonction du clientélisme nobiliaire, les gentilshommes choisissent le parti protestant autour de Condé et des Châtillon ou celui catholique autour des Guise et des Montmorency, chefs de file des catholiques intransigeants. Le 17 janvier [[1562]], Catherine de Medicis promulgue l'[[Édit de janvier 1562]] qui constitue une véritable révolution puisqu'il autorise la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à la condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés et que les offices se déroulent en dehors des villes closes. La tolérance civile instaurée par la reine va produire l'effet contraire à celui recherché<ref name="Delumeau474" />. Entre le 28 janvier et le {{date-|11 février 1562}}, un nouveau colloque se réunit, sans résultat. Dans beaucoup d'endroits, les protestants détruisent les chapelles et les églises, plutôt que de les rendre. Ils pratiquent ainsi ce qu'ils appellent le vandalisme pédagogique. En détruisant les images, les croix, ils font remarquer que Dieu reste muet devant ces profanations<ref name="Péronnet287" />.
 
== Le conflit ==
{{Article détaillé|Chronologie des guerres de religionReligion en France}}
On peut distinguer huit guerres de religionReligion : 1562-1563, 1567-1568, 1568-1570, 1572-1573, 1574-1576, 1576-1577, 1579-1580, 1585-1598, la dernière se transformant en guerre classique contre le roi d'Espagne qui a soutenu la ligue<ref name="Delumeau476">Jean Delumeau, {{p.}}476.</ref>. En fait, la France connaît 36 années de troubles avec seulement deux périodes d'accalmie relative<ref name="Delumeau476" />.
 
=== Première guerre de religion (1562-1563) ===
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Si les villes de Rouen, Orléans et Lyon sont rendues au roi, la guerre y a laissé de lourdes plaies (la première guerre de religion a été très destructrice). Les églises et les cathédrales prises par les protestants ont été extrêmement endommagées. La fin de la guerre amène beaucoup de catholiques à se venger des protestants et durant l'année 1563, de nombreux procès sont intentés pour condamner les protestants qui ont pillé les églises<ref>Olivier Christin, ''Une révolution symbolique : l'iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique'', Paris, Les éditions de Minuit, 1991.</ref>.
 
Finalement, la paix imposée par la reine-mère reste précaire. Le [[parlement de Paris]] renâcle à enregistrer le nouvel édit de paix qu'il juge trop tolérant. Profitant de la paix, Le Havre est repris aux Anglais par les catholiques et les protestants réconciliés. Catherine de Médicis entame en 1564 un [[tour de France royal]], afin de montrer le jeune [[Charles IX de France|Charles IX]] à son peuple. Partout, il est accueilli triomphalement, et les manifestations de loyauté, aussi bien des catholiques que des protestants, sont générales<ref>{{Guerres de religion-sfn|Miquel}}, {{|1980|p.}}=252-259.</ref>}}. Au cours de ce périple, le jeune roi rencontre sa sœur Élisabeth de Valois qui a épousé Philippe II d'Espagne. Elle est accompagnée du duc d'Albe. Tous deux conseillent la fermeté (1565)<ref name="Péronnet288">Michel Péronnet, {{p.}}288.</ref>.
 
=== Deuxième guerre de religion (1567-1568) ===
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Le reste de la campagne se déroule dans le Sud-Est de la région parisienne, entre [[Loire (fleuve)|Loire]] et [[Meuse (fleuve)|Meuse]] dans un face à face sans affrontements. De novembre 1567 à février 1568, le duc d’Anjou s’efforce de poursuivre l’armée protestante. Mais Condé et [[Gaspard II de Coligny|Coligny]] refusent de livrer bataille avant leur jonction avec les [[reître]]s allemands du prince palatin [[Jean Casimir du Palatinat|Jean Casimir]]. Ils quittent les bords de la [[Seine]] pour la [[Lorraine]] où doit s’opérer la jonction. De son côté, l’armée royale attend les troupes allemandes du [[Jean-Guillaume de Saxe-Weimar|duc de Saxe]] et les troupes italiennes du [[Piémont]]<ref>Pierre Champion, ''La jeunesse d’Henri III (1551-1571)'', Paris, Grasset, 1941 {{p.}}109-116. L'armée est commandée par Anjou, Montpensier, Cossé, Nemours et Nevers. De Corbeil, l'armée passe à Nemours, Montereau puis Vitry avant de se rabattre de nouveau sur la région parisienne. Les Italiens prennent Mâcon au passage et affrontent les reîtres allemands sur les abords de la Seine.</ref>. Mis à part quelques escarmouches, rien ne se passe.
Les protestants descendent en Bourgogne, traversent la Loire à [[La Charité-sur-Loire|La Charité]], remontent vers Paris et prennent [[Blois]] et [[Chartres]].
Le manque de moyens financiers, de part et d’autre, conduit à la signature d'une trêve, dite la [[paix de Longjumeau]] le {{date-|23 mars [[1568]]<ref>{{Guerres de religion-Miquel}}, {{sfn|Miquel|1980|p.}}=262-263.</ref>}} qui remet en place les clauses de l'édit d'Amboise.
 
=== Troisième guerre de religion (1568-1570) ===
[[Fichier:Anjou 1570louvre.jpg|thumb|160px|left|[[Henri III de France|Henri de France, duc d'Anjou]].]]
La paix de Longjumeau est fragile car le pouvoir royal ne fait plus confiance au prince de Condé, et l’idée d’une coordination internationale des catholiques pour la répression du protestantisme s’accrédite<ref>{{Guerres de religion-sfn|Miquel}}, {{|1980|p.=265}}265.</ref> par exemple avec l’exécution de [[Cocqueville]]. La paix de Longjumeau permet surtout aux belligérants d'organiser leurs armées. Quelques mois après la signature de la paix, la guerre reprend. Les catholiques tentent de capturer par surprise le prince de Condé, au château de [[Noyers (Yonne)|Noyers]], près de Sens en Bourgogne, et l’amiral de Coligny, au château de [[Tanlay]], dans l'Yonne également, le 29 juillet [[1568]].
 
Le projet échoue et les chefs protestants se rassemblent avec leurs armées à [[La Rochelle]] où Coligny et Condé ont trouvé refuge ainsi que Jeanne d'Albret, son fils Henri de Navarre et Andelot. Les protestants craignent d'être exterminés. Le {{date-|12 septembre 1568}}, une [[Bulle pontificale|bulle]] de [[Pie V]] ordonnant la croisade contre les hérétiques est enregistrée au Parlement de Toulouse. Elle ne fait que confirmer les craintes des protestants<ref name="Péronnet288" />.
 
L’ensemble de la campagne se déroule dans l’Ouest de la France, au Sud de la Loire. L’objectif de l’armée royale est de s’emparer des villes protestantes situées entre la [[Charente (fleuve)|Charente]] et la [[Dordogne (fleuve)|Dordogne]]. Les protestants retranchés dans La Rochelle et dans la ville de Sancerre, leurs places fortes à très forte majorité protestante, attendent le soutien militaire du [[Guillaume Ier d'Orange-Nassau|prince d’Orange]] et du [[Wolfgang de Bavière|duc de Deux-Pont]] dont l’armée est financée par la reine d’Angleterre<ref>Arlette Jouanna (dir.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=181}}181.</ref>. Guillaume de Nassau est battu et doit rebrousser chemin.
De son côté, l’armée royale commandée par le [[Henri III de France|duc d’Anjou]] attend les soutiens de l’[[Philippe II d'Espagne|Espagne]] et du [[Pie V|pape]].
 
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</ref>. C'est ainsi que commence le [[massacre de la Saint-Barthélemy]], à Paris, dans la nuit du 23 au 24 août [[1572]]. La tuerie dégénère en massacre populaire les jours suivants et fait quelque trois mille morts à Paris. Les gardes suisses, les gardes du roi, les milices bourgeoises contribuent au massacre<ref>Arlette Jouanna, ''La Saint-Barthélemy : Les mystères d'un crime d'État, {{date-|24 août 1572}}'', Paris, Gallimard, 2007, {{p.}}174.</ref>. La tuerie s’étend à plusieurs villes de province en dépit de l'ordre royal d'arrêter l'effusion de sang<ref>Arlette Jouanna, ''La Saint-Barthélemy : Les mystères d'un crime d'État, {{date-|24 août 1572}}'', Paris, Gallimard, 2007, {{p.}}191. L’historiographie a récemment démontré que le roi n’a pas ordonné les tueries et qu’il a plutôt cherché à les empêcher. Le roi porterait la responsabilité de la mort des seuls chefs.</ref>, entre autres à Meaux (25 août), Orléans (27 août), Lyon (31 août)<ref name="Péronnet289" />... Le culte protestant est interdit et les Réformés encouragés, voire forcés, à se convertir<ref>''Ibid'', {{p.}}221.</ref>. Le conflit est relancé.
 
L'essentiel de la guerre se déroule autour de deux villes protestantes : [[La Rochelle]] et [[Sancerre]] assiégées par les troupes royales. L'échec du [[Siège de La Rochelle (1573)|siège de la Rochelle]] par l'armée royale et le manque de moyens du Trésor royal mettent un terme rapide aux opérations. Par l’édit de Boulogne<ref>[http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article1794 Texte intégral de l'Edit de Boulogne]</ref> appelé aussi ''Paix de la Rochelle'' ({{date-|11 juillet 1573}}) [[Charles IX de France]] remet en vigueur les clauses d'Amboise et enlève aux protestants Cognac et La Rochelle. Mais les protestants du sud de la France le rejettent et restent en armes<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion'', 1559-1598, Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=213}}213.</ref>.
 
Le massacre de la Saint-Barthélemy a creusé un fossé entre le pouvoir royal et les protestants. Le parti protestant qui n'a plus foi dans le roi s'organise encore plus fortement que par le passé<ref name="Delumeau478">Jean Delumeau, {{p.}}478.</ref>. Le pouvoir monarchique absolu commence à être remis en cause par la constitution de l’[[Union des protestants du Midi]], véritable gouvernement parallèle, qui lève des impôts (sur les catholiques et les protestants), possède ses États (élus par les fidèles), établit un programme de négociation avec le roi et possède sa propre organisation militaire ; Il y a donc en France une sorte de République protestante avec comme capitales Nîmes et Montauban et un grand port, celui de La Rochelle<ref name="Delumeau478" />. En 1574, les protestants se choisissent un gouverneur général et protecteur des Églises réformées en la personne du prince de Condé<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''op. cit.'', 1559-1598, Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.}}=223-225.</ref>}}.
 
=== Cinquième guerre de religion (1574-1576) ===
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Cette guerre s'ouvre par le [[Conjuration des Malcontents|complot des Malcontents]] au printemps 1574. Depuis le renforcement du pouvoir royal et la faveur accordée par le roi aux radicaux du parti catholique, un mouvement de fronde naît au sein même de la cour et de la famille royale. L'opposition est menée par [[François de France (1555-1584)|François d’Alençon]], le propre frère du roi contre le gouvernement de [[Catherine de Médicis]] et les partisans du [[Henri III de France|roi de Pologne]]. Il a le soutien du clan des [[François de Montmorency|Montmorency]], des monarchomaques et de tous les déçus de la monarchie.
 
Les monarchomaques sont ceux qui contestent l'autorité royale. Ils lui opposent l'autorité du peuple qui, réuni en assemblée, est capable de faire la loi et de choisir le roi par élection<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=215}}215.</ref>. Ils pensent même que la révolte est légitime si le roi ne gouverne pas pour le bien de tous et ne respecte pas les libertés et franchises du peuple. Ces théories qui ont d'abord circulé en Allemagne et en Angleterre sont propagées en France par les protestants [[François Hotman]] (''Franco-Gallia''), [[Théodore de Bèze]] (''Du droit des magistrats sur leurs sujets''), Languet et [[Étienne de La Boétie|La Boétie]].
 
La conjuration des Malcontents s'accompagne en province d'une prise d'armes des protestants<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=237}}237.</ref>. Ils s'emparent de places en se déguisant de costumes carnavalesques. C'est ''la surprise du Mardi-gras''<ref>Arlette Jouanna, ''La Saint-Barthélemy : Les mystères d'un crime d'État, {{date-|24 août 1572}}'', Paris, Gallimard, 2007, {{p.}}277.</ref>. Réfugié en Angleterre depuis la Saint-Barthélemy, le comte de [[Gabriel Ier de Montgomery|Montgomery]], chef huguenot échappé du massacre, lance une offensive sur la Normandie.
 
Gravement malade, Charles IX croit pouvoir maîtriser la situation en réprimant la fronde sévèrement. Le 30 avril, les conjurés [[Joseph Boniface de la Môle|La Mole]] et [[Annibal de Coconas|Conconat]] sont exécutés. Le 4 mai, le duc de Montmorency et le [[Artus de Cossé-Brissac|maréchal de Cossé]] sont embastillés. Devant la fermeté du roi, les Malcontents [[Henri Ier de Bourbon-Condé|Condé]], Thoré et Turenne prennent le parti de fuir en province ou à l'étranger et le gouverneur du Languedoc, [[Henri Ier de Montmorency|Damville]] de s'allier avec les protestants.
 
[[Fichier:Johann Casimir (Pfalz).jpg|thumb|160px|right|[[Jean Casimir du Palatinat]].]]
Le {{date-|30 mai 1574}}, Charles IX meurt sans héritier. Son frère le roi de Pologne devient roi de France sous le nom d'Henri III. En attendant son retour, sa mère Catherine de Médicis assure la régence. Elle poursuit la lutte et tente de reprendre la situation en main. Le {{date-|26 juin 1574}}, Montgomery qui a été fait prisonnier par le gouverneur de Normandie [[Jacques II de Goyon de Matignon|Matignon]], est exécuté<ref>Arlette {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p=1084 (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{p.1122}}1084,1122.</ref>. En rentrant de Pologne, Henri III tente en vain de reconquérir les provinces du Sud.
 
Le conflit rebondit en faveur des révoltés quand un an plus tard, François d’Alençon s'enfuit de la cour et prend la tête d'une armée de malcontents<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=240}}240.</ref>. Il a le soutien de Damville en Languedoc et du parti protestant. Revenu à sa foi originelle, le prince de Condé fait entrer dans le royaume les [[reître]]s qu'il a recrutés dans le [[Palatinat du Rhin|Palatinat]]. Malgré la victoire du [[Henri Ier de Guise|duc de Guise]], qui dirige les troupes royales le {{date|10 octobre 1575}}, à [[Dormans]], la situation reste largement favorable aux révoltés. En décembre 1575, [[Jean Casimir du Palatinat|Jean Casimir]], fils du comte palatin, pénètre avec 25.000 hommes dans l'est du royaume qu'il dévaste. En 1576, la fuite du [[Henri IV de France|roi de Navarre]] assigné à la cour depuis quatre ans, l'encerclement de Paris par les troupes coalisées et leur supériorité numérique contraignent Henri III à s'incliner. La paix est signée à Etigny.
 
Le {{date-|6 mai 1576}}, le roi accorde l'[[édit de Beaulieu]] qui répond favorablement aux revendications des Malcontents. Il accorde aux protestants la liberté de culte et des places de sûreté (garanties militaires). Il crée dans les [[parlement]]s des chambres mi-parties où les protestants et les catholiques sont représentés à parts égales. Le roi indemnise également toutes les victimes de la Saint-Barthélémy. Les dispositions nouvelles de cet édit sont à la base de l'[[Édit de Nantes]] de 1598<ref name="Michel Péronnet">Michel Péronnet, {{p.}}290.</ref>. Par ailleurs, le roi s'engage à convoquer les États généraux<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=241}}241.</ref>. Le frère du roi reçoit le duché d'Anjou en apanage et le prince allemand Jean Casimir repart avec une indemnité colossale, retenant quelque temps en otage le surintendant des finances du roi, [[Pomponne de Bellièvre]]<ref>Arlette Jouanna (et al.), ''Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598'', Robert Laffont, {{sfn|Jouanna|Boucher|Biloghi|1998|p.=711}}711.</ref>.
 
=== Sixième guerre de religion (mai 1577– septembre 1577) ===
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==== La pacification ====
En 1598, la France et l'Espagne sont à bout de force et signent la [[paix de Vervins]].
Henri IV se déplace à [[Angers]] pour préparer un nouvel édit de pacification et soumettre à [[Nantes]], le [[Philippe-Emmanuel de Lorraine|duc de Mercœur]]. Il règle le problème protestant par l'adoption d'un [[édit de tolérance]], l'[[Édit de Nantes]]. Il s'inspire des différents édits pris au cours des guerres de religionReligion. Les réformés obtiennent la liberté de conscience, une liberté de culte limitée et l'égalité civile avec les catholiques. Des garanties judiciaires leur sont assurées par la constitution de « tribunaux mi-parties » dans quatre villes. Enfin pour se protéger ils disposent d'une centaine de places fortes pour huit ans, privilège renouvelé en 1606<ref name="DelumeauEU">Jean Delumeau, Article « Guerres de religionReligion », ''Encyclopaedia Universalis'', DVD, 2007.</ref>. Mais le nombre de protestants a fortement diminué. À la fin des guerres de religionReligion, ils ne sont plus qu'un million en France<ref>Jean Delumeau, {{p.}}510.</ref>.
 
== La question protestante après 1598 ==
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=== Articles connexes ===
* [[Chronologie des guerres de religionReligion en France]]
* [[Édits de Pacification|Liste des édits de Pacification]]
* [[chefs militaires des guerres de religionReligion|Liste des chefs militaires des guerres de religionReligion]]
* [[{{page h'|Guerres de religion]]}}
* [[Guerre de Quatre-Vingts Ans]] (guerre d'indépendance des Pays-Bas)
* [[Guerre au XVIe siècle]]
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=== Liens externes ===
* [http://www.henriiv.culture.fr/#/fr/uc/00_02/Les%20guerres%20de%20religion Les guerres de Religion] dans le site du ministère de la Culture [http://www.henriiv.culture.fr/ ''Henri IV, le règne interrompu'']
* [http://www.museeprotestant.org/notice/les-huit-guerres-de-religion-1562-1598/ Les huit guerres de religionReligion (1562-1598)], notice publiée sur le [[Musée virtuel du protestantisme]]
 
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* [[Pierre Miquel]], ''Les guerres de religion'', Paris, Librairie Arthème Fayard, 1980 (réédition). Chronologie détaillée, Index détaillé, bibliographie (27 p). 596 p.
* [[Jean Paul Barbier-Mueller]], ''La parole et les armes : chronique des guerres de religionReligion en France 1562-1598'', Genève, Hazan - Musée international de la Réforme, 2006 {{ISBN|978-2754100946}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=James B.|nom1=Wood|lien auteur1=|titre= The King's Army|sous-titre=Warfare, Soldiers, and Society during the Wars of Religion in France, 1562-1576|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur= Cambridge University Press|collection=Cambridge Studies in Early Modern History|lieu=Cambridge|année première édition=|année=1996|volume=|tome=|pages totales=XII-349|numéro chapitre= |titre chapitre=|passage=|isbn=0-521-55003-3|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_2000_num_55_1_279837_t1_0161_0000_2|consulté le=}}.
* {{ouvrage|langue=fr|auteur1= |prénom1=Arlette|nom1=Jouanna|lien auteur1=|auteur2= |prénom2=Jacqueline|nom2=Boucher|lien auteur2=|auteur3= |prénom3=Dominique|nom3=Biloghi|lien auteur3=|titre=Histoire et dictionnaire des guerres de religion|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur=Robert Laffont|lien éditeur=|collection=Bouquins|lieu=Paris|année première édition=|année=1998|pages totales=1526|isbn=2-221-07425-4|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_2000_num_50_1_2333|consulté le=}}.
* Jean-Marie Constant, ''Les Français pendant les guerres de Religion'', Paris, Hachette Littératures, 2002 {{ISBN|2-01-235311-8}}.
* {{ouvrage|langue=fr|auteur1= |prénom1auteur=[[Denis|nom1= Crouzet|lien]] auteur1=Denis Crouzet|titre=Dieu en ses royaumes |sous-titre=une histoire des guerres de religion|numéroReligion d'édition=|éditeur=Champ Vallon|lien éditeur=|collection=Époques |lieu=Seyssel|année première édition=|année=2008 |pages totales=537 |isbn=978-2-87673-494-4 |présentation en ligne=https://assr.revues.org/21110|consulté le=}}.
* [[Denis Crouzet]], ''Les Guerriers de Dieu : la violence au temps des troubles de religionReligion (v. 1525-v. 1610)'', Seyssel, Champ Vallon, 2005 (« Époques ») ({{1re}} édition 1990) {{ISBN|2-87673-430-3}}.
* [[Denis Crouzet]], ''La Genèse de la Réforme française 1520-1562'', Paris, SEDES, 1999 ((« Histoire moderne » {{Numéro}}109) ({{1re}} édition 1996) {{ISBN|2-7181-9281-X}}.
* {{ouvrage|langue=fr |auteur1=Arlette |prénom1=Arlette|nom1=Jouanna|lien auteur1=|auteur2=Jacqueline |prénom2=Jacqueline|nom2=Boucher|lien auteur2=|auteur3=Dominique |prénom3=Dominique|nom3=Biloghi|lien auteur3=|titre=Histoire et dictionnaire des guerres de religion|lienReligion titre=|numéro d'édition=|éditeur=Robert Laffont|lien éditeur=|collection=Bouquins |lieu=Paris|année première édition=|année=1998 |pages totales=1526 |isbn=2-221-07425-4 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_2000_num_50_1_2333 |consulté leplume=oui}}.
* [[Jean Paul Barbier-Mueller]], ''La parole et les armes : chronique des guerres de religion en France 1562-1598'', Genève, Hazan - Musée international de la Réforme, 2006 {{ISBN|978-2754100946}}.
* [[Nicolas Le Roux]], ''Les Guerres de religionReligion 1559-1629'', Paris, Belin, 2014.
* {{ouvrage |auteur=[[Pierre Miquel]] |titre=Les Guerres de Religion |lieu=Paris |éditeur=Fayard |date=4 février 1980|pages totales=596 |isbn10=2213008264 |isbn=978-2245014349 |plume=oui}}
* {{ouvrage |langue=en |prénom1auteur=James B.|nom1= Wood|lien auteur1=|titre= The King's Army |sous-titre=Warfare, Soldiers, and Society during the Wars of Religion in France, 1562-1576|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur= Cambridge University Press |collection=Cambridge Studies in Early Modern History|lieu=Cambridge|année première édition=|année=1996|volume=|tome= |pages totales=XII-349|numéro chapitre= |titre chapitre=|passage=|isbn=0-521-55003-3 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_2000_num_55_1_279837_t1_0161_0000_2|consulté le=}}.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
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