« Soins cosmétiques dans l'Égypte antique » : différence entre les versions

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pour être beau
{{Ébauche |Égypte antique}}
[[Fichier:Maler der Grabkammer des Menna 010.jpg|thumb|Portrait d'une dame couronnée par un cône de graisse parfumée - Tombeau de Menna]]
 
Les '''[[Égypte antique |Égyptiens de l'antiquité]]''' utilisaient de nombreux produits '''[[cosmétique]]s''', à la fois pour des raisons médicinales, et pour être beau, thérapeutiques et [[esthétique]]s, mais également pour le bien être du corps, il fallait entretenir, conserver et soigner son corps dans le but de rejoindre la maison de l'éternité. Le terme ''cosmétique'' vient du [[grec ancien]] {{grec ancien |κόσμος}}, ''kosmos'' « parement, ornement ». Le mot cosmétique comme celui de parfum prendra son sens plus tard dans l'Histoire ; dans la période antique il s'agissait d'une forme de préparation sacrée, puis par la suite profane, faite de fumigations, d'onguents, de baumes, d'huiles et de potions issus de la botanique, des minéraux, ou du monde animal ; les cataplasmes étaient aussi des formes de préparations utilisées, dans un but religieux, magico-médicinal (alchimie), puis thérapeutique et esthétique pour se parer.
 
== Origines et fabrication ==
 
[[Fichier:Hippo tusk makeup.jpg|thumb|[[Palette zoomorphe]] à [[Palette à fard |fard]] réalisée en défense ou parfois en dent d'hippopotame, mais aussi en ivoire.]]
 
Dans l'Égypte antique, améliorer son apparence relevait aussi d'un sens spirituel et sacré, il fallait entretenir son corps et bien le conserver. Une perruque volumineuse et naturelle sculptée dans de la cire d'abeille permettait d'avoir moins chaud et d'éviter les poux. Par ailleurs on note qu'il exprimait aussi, par exemple, un symbole très fort, qui reliait son porteur à [[Hathor]], la déesse des festivités et de l'amour<ref name="NG">''Les mystères du musée du Caire'', National Geographic, septembre 2008</ref>.
 
De même, l'utilisation de [[Fard (maquillage) |fards]] n'était pas du tout considérée comme quelque chose de mal. Il existait au contraire un [[mythe]] expliquant cet usage. [[Horus]], lors de son combat contre son oncle [[Seth]], a en effet perdu un [[Œil Oudjat |œil]]. Il inventa donc le maquillage pour rétablir la perfection de sa beauté : l'utilisation de produits cosmétiques pour réparer les outrages du temps ou maquiller les accidents de la vie était donc légitime, et nullement condamnée pour des raisons morales. Après la mort, les cosmétiques devaient créer une apparence juvénile et fertile, jugée essentielle pour renaître dans l'au-delà. Les différents fards à paupières verts (''ouadjou'') invoquaient peut-être la protection d'Hathor<ref name="NG"/>. Les accessoires d'applications de ces fards seront à la fin de la [[Période prédynastique égyptienne |période prédynastique]] transformés pour l'invention de l'écriture au moment où plusieurs peintures corporelles disparaissent<ref>Nathalie Baduel, auteur d'une ''Anthropologie du fard et de la [[palette à fard]] en Égypte pré-dynastique'', dans ''[[La Fabrique de l'histoire]]'', [http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire-de-la-beaute-34-2011-12-21 Histoire de la beauté], 21 décembre 2011</ref>.
 
Ceci explique la grande diversité de produits, gommes, résines, onguent, huiles, huiles parfumées, [[khôl]], [[collyre]]s, fards rouges pour les lèvres et les joues (coquelicot,) conçus par les Égyptiens de l'antiquité, et utilisés très tôt : on a ainsi retrouvé plusieurs exemplaires de [[palette à fard]] datant du {{mav|IV|e}} avant notre ère : elles sont non seulement destinés au maquillage, mais peuvent aussi être votives (à une divinité ou à un défunt) ou commémoratives ([[palette de Narmer]]). Plus de {{Unité|160|recettes}} décrivant leur élaboration, prenant parfois plusieurs mois, nous sont ainsi parvenues. Les tombes contiennent souvent un nécessaire de beauté dans un panier d'osier : pots à onguents, peignes, huiles, khôl dans des tubes de roseau et [[miroir en bronze]] poli.
 
La majorité des fards noirs était composée à base de plomb, plus rarement à base de composés d'antimoine, d'oxydes de manganèse ou de noir de carbone. En broyant de la [[galène]] (principal minerai de plomb) sur des palettes de pierre (spécifiquement le schiste ou la [[grauwacke]]) et en la liant à des matières grasses, les Égyptiens obtenaient une teinture noire, dont la teinte variait avec la finesse du broyage. Lorsqu'elle était réduite en cubes de moins de cinquante micromètres de diamètre, le colorant était d'un noir très sombre ; si elle était broyée moins finement, elle avait des reflets métalliques. Ils broyaient également de la [[cérusite]] blanche ou synthétisaient de la [[laurionite]] et de la [[phosgénite]] (synthèse de ces deux chlorures de plomb car leurs gisements étaient rares) pour obtenir des nuances grisées.
 
Le fard vert était à base essentiellement de [[malachite]] verte broyée de Syrie<ref>Utilisé dans les périodes prédynastiques et abandonné lors de la {{IVe dynastie égyptienne}}, ce fard était appelé ''ouadjou'', ''poudre verte''.</ref>. D'autres teintes étaient obtenues par différents pigments minéraux (argiles rouges, oxydes de cuivre ou de fer, ocre, [[lapis-lazuli]]) ou végétaux (ex : pigment laqué rose obtenu à partir des molécules colorantes de la [[Garance des teinturiers |garance]] (ou d'autres plantes analogues comme l'[[Orseille (lichen)|orseille]], l'orcanette, le jus de mûre, de l'acanthe) précipitées sur de l'alun)<ref>{{en}} P. Walter, ''Making make-up in Ancient Egypt'', Nature, 397, 1999, {{p.|483-484}}</ref>.
 
Les Égyptiens ne connaissaient pas la distillation, mais connaissaient l'alcool naturel par fermentation (2 % à 4 %) comme la bière la boisson quotidienne et le vin de palme pour les élites, et ne fabriquaient donc pas de parfums alcoolisés. Ils utilisaient en fait les substances de la faune et la flore (céréales, blé, lin, fleurs, racines, herbes, fruits, baies, huiles, résines, gommes, baumes, épices, graisse animale), qu'ils broyaient avec un pilon dans un mortier, pressuraient et filtraient. Cependant, ils cultivaient les [[fleur]]s pour en tirer leurs arômes de leur racine, pour en faire des produits parfumés. Le [[oasis du Fayoum|Fayoum]] (région autour d'un lac du désert alimenté par un défluent du [[Nil]]) était la principale région de production, notamment à partir du [[Nouvel Empire égyptien |Nouvel Empire]], quand les inondations furent régulées par des travaux et des barrages. Les différents éléments des fleurs triés par [[tamis]]age étaient réduits en pâtes et en gommes parfumées. Le lotus bleu était la préférence des Égyptiens, ils tenaient régulièrement une fleur de lotus qu'ils humaient avec adoration. Le lotus bleu et le lis d'eau représente l'union des [[Deux Terres]] (Haute et Basse-Égypte). Les fleurs du Nil étaient sacrées, la fleur de papyrus représentait le génie ou le dieu de la crue [[Hâpy]].
 
Lors de la préparation les Égyptiens utilisaient beaucoup la magie et les incantations, c'est ce qu'on appelle l'alchimie, il y avait un rituel pour soigner et chasser le mauvais sort. Le parfum le plus célèbre d'Égypte est le kyphi, il contient environ {{Unité|27|ingrédients}}, et est utilisé en fumigation pour chasser les mauvais esprits de la maison, un rituel que les orientaux font régulièrement, et quand un invité rentre dans leur maison on lui passe cette fumigation.
 
== Utilisations ==
 
En fait, les substances naturelles « cosmétiques » servaient à soigner les effets négatifs du soleil ardent et aveuglant, et des moustiques qui piquaient régulièrement et véhiculaient toutes sortes de maladies. En effet, les Égyptiens devaient se protéger de ce climat chaud, sec, aride, voire brumeux parfois suivant les saisons car les principales causes étaient surtout le dessèchement de la peau, les piqûres, les moustiques, les poux et les maladies. Utilisé par les deux sexes et par toutes les classes sociales, le principal cosmétique utilisé était le fard à paupières noir - appelé ''mesdemet''<ref>Signifiant littéralement ''rendre les yeux parlants, expressifs''.</ref> dans l'Antiquité et pour lequel le mot arabe ''khôl'' s'emploie aujourd'hui - aurait éloigné les mouches, protégé des rayons ardents et aveuglants du soleil et des vents sablonneux et son utilité était surtout médicinale contre les [[conjonctivite]]s ; son rôle comme désinfectant est démontré, grâce au sulfure de plomb et au chlore qu'il contenait. Deux collyres différents ornaient les yeux : un noir à base de laurionite ou phosgénite pour en souligner le contour, et accentuer sa forme d'amande, et un vert sur les cils et les sourcils. Les Égyptiens en mettaient (appliqués avec un bâtonnet à khôl, il pouvait être de différentes matières, ivoire, os, roseau) aussi un trait sur la paupière inférieure, large sous l'[[Ancien Empire égyptien |Ancien Empire]] et fin sous le [[Nouvel Empire égyptien |Nouvel Empire]]. Les ongles étaient polis et colorés au [[henné]].
 
Les fards blancs (à base de [[céruse]]) étaient utilisés pour blanchir la peau du visage. Certains fards noirs (à base de litharge, chaux, terres, miel, extrait liquide de cendres<ref>[[Galien]], ''Adhortatio ad artes addiscendas'', 12, 443</ref>) teignaient les cheveux en noir<ref>Cette teinture progressive et permanente est toujours utilisée aujourd'hui sous le terme de''grecian formula'' (formule faisant référence à l'Antiquité grecque)</ref>. Dans le climat très sec de l'Égypte, les huiles, onguents, nourrissaient et apaisaient la peau ; elles servent toujours aujourd'hui à nourrir la peau et à lui redonner sa souplesse. De nombreux traitements antirides existaient aussi, la myrrhe étaient ainsi très appréciées dans les cosmétiques antirides<ref name="NG"/>.
 
Les [[fresque]]s des tombeaux représentent les onguents que les Égyptiennes se passaient sur les cheveux par une représentation symbolique en forme de cône parfumé de suif (graisse animale mêlée de myrrhe) sur le sommet de la tête. Les Égyptiennes ne portaient pas réellement ce cône sur la tête censé imprégner chevelures et vêtements des essences de l'onguent, il s'agit d'une pure convention artistique. C'est un banquet, une communion avec le défunt qui représente ce qu'il ne peut pas emporter avec lui, c'est une fresque qui est peinte pour représenter la famille, les amis accompagnant le défunt dans la joie et les fêtes, tous les plaisirs des sens sont représentés (parfums, onguent à la myrrhe, offrandes, musiques, danseuses)<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Élisabeth | nom1 = de Feydeau | titre = Les Parfums | sous-titre = Histoire, Anthologie, Dictionnaire | éditeur = Robert Laffont | année = 2011 | pages totales = 1206 | isbn = 2221110072}}</ref>.
 
== Notes et références ==
 
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
 
* [[Médecine dans l'Égypte antique]]
 
== Bibliographie ==
 
* ''Parfums et cosmétiques dans l'Égypte antique'', [[Musée égyptien du Caire]], 2002.
 
* ''La Beauté au quotidien de l'Égypte ancienne'', [[Sephora (entreprise) |Sephora]], [[LVMH]], 2000.
* L. Manniche, ''Beautés d'Égypte. Celles que les ans ne peuvent moissonner'', Guides archéologiques du Malgré-Tout, 2002.
* ''Parfums de l'Antiquité, rose et l'encens en Méditerranée'', (Musée Royal de Mariemont 2008), Belgique
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Marie|nom1=Périnet|titre=La femme, la beauté et l'amour dans l'Égypte ancienne|éditeur=Presses de Valmy|année=2003|ville=Charenton-le-Pont|pages totales=173|isbn=2-84772-013-8}}
 
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