« Bateau » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
65
Aucun résumé des modifications
Ligne 2 :
{{sources à lier|date=février 2011}}
 
Un '''bat'''comme les bateaux de sauvetage, les navires scientifiques, les bateaux pompiers.
Un '''bateau''' est une construction humaine capable de flotter sur l'[[eau]] et de s'y déplacer, dirigé par ses occupants. Il répond aux besoins du [[transport maritime]] ou [[transport fluvial|fluvial]], et permet diverses activités telles que le transport de personnes ou de marchandises, la [[guerre]] sur mer, la [[pêche (halieutique)|pêche]], la [[plaisance (loisir)|plaisance]], ou d'autres services tels que la [[sécurité en mer|sécurité]] des autres bateaux.
 
Les bateaux ont accompagné l'[[Humanité|Homme]] dans son évolution. Indispensables lors des grandes [[guerre]]s et des conquêtes, et aussi pour la subsistance par la pêche, ils ont été transformés et font maintenant partie intégrante des systèmes commerciaux et militaires modernes : plusieurs millions de [[Navire de pêche|bateaux de pêche]] sont utilisés par quelques dizaines de millions de pêcheurs de par le monde et les guerres modernes font appel à des navires hautement sophistiqués pour transporter et soutenir les forces à terre ; près de {{formatnum:35000}} [[navire de commerce|navires de commerce]] ont transporté 7,4 milliards de [[tonne]]s de marchandises en [[2007]]<ref name="UNCTAD 2007">[[Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement|UNCTAD]], ''Review of Maritime Transport 2007'', Nations Unies, Genève, 2007 {{ISBN|978-92-1-112725-6}} {{lire en ligne|lien= http://www.unctad.org/Templates/Download.asp?docid=9248&lang=1&intItemID=4398}}.</ref> (voir détail de ces chiffres [[#Situation actuelle|plus bas]]).
 
Les bateaux ont également pris part aux grandes [[exploration]]s, aux découvertes scientifiques et à la propagation des grandes [[culture]]s : les navigateurs [[Chine|chinois]] comme [[Zheng He]] ont permis de partager des inventions comme la [[boussole]] ou la [[poudre à canon]], tandis que les expéditions en [[Amérique]] ont diffusé la culture européenne sur ce continent. Si les bateaux ont été utilisés pour les [[colonisation]]s et le [[commerce triangulaire]], ils ont aussi servi et servent toujours à la recherche scientifique et au rayonnement culturel des pays.
 
Comme l’a démontré [[Thor Heyerdahl]] avec le ''[[Kon-Tiki]]'', il est possible de faire de longues traversées avec un simple [[radeau]] de rondins.
[[Fichier:Doni aux Maldives cropped.jpg|vignette|Un [[doni (bateau)|doni]] aux [[Maldives]].]]
[[Fichier:Mooring boat with container ship.jpg|vignette|Un [[bateau de lamanage]] devant l'[[étrave]] d'un [[porte-conteneurs]].]]
[[Fichier:Queen Mary 2 05 KMJ.jpg|vignette|Le ''[[Queen Mary 2]]'' en Allemagne.]]
 
== Terminologie ==
Le mot ''bateau'' est attesté pour la première fois en 1138 sous la forme ''batel'' « embarcation dont on se sert principalement sur les rivières » (Gaimar, ''L'Estorie des Engles'' [histoire des Anglais]). Il est issu de l'[[anglo-normand (langue)|anglo-normand]] ''bat'', lui même emprunt au vieil anglais ''bāt'' (nominatif pluriel ''bātas'') « embarcation, bateau de taille modeste » (> anglais ''boat'', apparenté à l'allemand ''Boot'' et au néerlandais ''boot''), procédant tous d'un [[langues germaniques occidentales|germanique occidental]] ''*baitaz'', lui-même d'un [[proto-germanique]] ''*baito-'' (« briser », « fendre »), dérivé avec le [[suffixe]] ''-ĕllus'' en [[latin médiéval]] (latinisme pour ''-el'' en ancien français, devenu ''-eau(x)'', normalement diminutif mais étant ici de nature expressive pour donner du corps au monosyllabe)<ref>Site du CNRTL : étymologie de ''bateau'' [http://www.cnrtl.fr/etymologie/bateau]</ref>{{,}}<ref>Entrée « (1) {{pc|bateau}} » du ''[[Dictionnaire historique de la langue française]]'', dictionnaires Le Robert, Paris, 1992.</ref>, la forme primitive ''bat'' est restée dialectale (normand, gallo), tandis que ''batel'' a encore été utilisée jusqu'au {{XVe siècle}}<ref>Entrée « bateau (1) » sur le [http://atilf.atilf.fr Trésor de la langue française informatisé].</ref> et a persisté comme radical de mots tels que ''batellerie''.
 
Le terme peut concerner n'importe quelle structure flottante pouvant avancer efficacement et être dirigée (contrairement au [[radeau]]), mais d'autres appellations sont préférées dans certains cas : on parle d'[[embarcation]] pour un bateau de petite taille (de l'ordre de quelques mètres de longueur), de [[navire]] pour un bateau maritime ponté de fort tonnage, de [[Vaisseau (marine)|vaisseau]] pour les mêmes navires anciens à voile et de [[bâtiment (marine)|bâtiment]] pour un [[navire de guerre]] ou de commerce.
 
La distinction entre « bateau » et « navire » notamment, et même d'autres termes, reste cependant variable selon les usages, le contexte, etc.. Juridiquement, « bateau » désigne un bâtiment destiné à la navigation sur les fleuves et canaux, tandis qu'un « navire » est destiné à la navigation maritime<ref>{{Dalloz|numéro d'édition=15|année=2005}}</ref>.
 
L'emploi est quasiment sans ambiguïté dans certaines expressions consacrées ; on parle par exemple d'un « [[navire de charge]] » et d'un « [[bateau-phare|bateau-feu]] », non de l'inverse ; mais d'autres expressions admettent les deux termes (« navire de pêche » ou « bateau de pêche »).
 
La {{Lien|Royal Institution of Naval Architects}} (RINA) britannique propose<ref>« Significant Boats and Small Ships of 2001 », hors-série de ''The Naval Architect'', RINA, 2001</ref> de fixer une limite à {{unité|100|mètres}} de [[longueur hors-tout]] entre « navires » (« ''ships'' ») et « bateaux » (« ''boats'' »), limite vite démentie par l'utilisation du terme « ''small ships'' » (« petits navires ») pour combler les manques de cette définition<ref>Cependant, les termes « ''boat'' » et « ''ship'' » ne correspondent pas exactement à « bateau » et « navire » en français : « ''boat'' » est souvent plus restrictif.</ref>.
 
En pratique, l'équipage d'un [[pétrolier]] pourra appeler (son) « bateau » ce qui serait assez gros pour être appelé navire{{Référence nécessaire}}.
 
L'usage du terme « bateau » ou « navire » peut être contesté pour les [[sous-marin]]s, qui peuvent flotter, mais aussi se déplacer dans les trois dimensions. Les équipages des sous-marins parlent toutefois fréquemment de leur bâtiment comme de leur « bateau »<ref>On peut aussi penser au film ''[[Das Boot (film)]]'' de [[Wolfgang Petersen]]</ref>.
 
:''Cet article traite donc indifféremment des navires et bateaux, en employant chaque terme selon son contexte.''
 
== Histoire ==
{{Article détaillé|Histoire des bateaux}}
''Note : l'histoire des bateaux se confond avec celle de la [[navigation maritime]] ; on peut également consulter l'article [[Histoire de la navigation astronomique]] à ce sujet.''
 
=== Les débuts : Préhistoire et Antiquité ===
L'[[histoire des bateaux]] est parallèle à l'aventure humaine. L'invention du bateau est attestée au [[Néolithique]], comme le montre l'[[épave d'Uluburun]], même si des preuves montrent que l'homme a pris la mer il y a quelque {{formatnum:130000}} ans<ref>{{Lien web|url= http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iJLcSy5mZmFUkxa7VWWd--yuIaTg?docId=CNG.ceced4290fa680e7b5b39088f4b54082.1b1|titre= La Grèce livre la preuve d'une navigation humaine il y a plus de {{formatnum:130000}} ans|site= http://www.google.com|date= {{date|3|janvier|2011}}|consulté le= {{date|3|janvier|2011}}}}</ref> et que le peuplement de la [[Nouvelle-Guinée]] par ''Homo sapiens'' il y a {{formatnum:40000}} ans pourrait selon [[Jared Diamond]] s'être fait par voie maritime<ref>[[De l'inégalité parmi les sociétés]]</ref>. Ces premiers bateaux ont une fonction simple, qui est de pouvoir se déplacer sur l'eau, essentiellement pour la chasse et la pêche. Les plus anciennes [[Pirogue monoxyle|pirogues monoxyles]] découvertes lors de recherches archéologiques sont la plupart du temps taillées dans des arbres résineux, à l'aide de simples outils en pierre.
 
Il y a environ sept mille ans, des bateaux constitués de plaques de fibres végétales et des éléments de calfatage ainsi que de lest en [[bitume]] naviguent dans le [[Golfe persique]], témoins des relations qu'entretiennent les populations de la péninsule arabique et de la Mésopotamie. Le plus vieux vestige de bateau de ce type en roseau est retrouvé à As-Sabiya, dans le désert du [[Koweït]]<ref>{{Article|langue=en|auteur=Robert Carter|titre=Boat remains and maritime trade in the Persian Gulf during the sixth and fifth millennia BC|périodique=Antiquity|date=mars 2006|volume=80|numéro=307|pages=52-63|DOI=10.1017/S0003598X0009325X}}</ref>. Il y a environ cinq mille ans, des constructeurs vivant au bord de la rivière [[Åmose]] au [[Danemark]] inventent le [[Bordage (bateau)|bordage]] cousu, qui permet progressivement d'augmenter la taille des embarcations. De la pirogue monoxyle, il ne reste bientôt que la [[Quille (bateau)|quille]] des bateaux, qui perdure encore aujourd'hui dans les constructions en bois.
 
Parallèlement, les premiers navigateurs constatent qu'en déployant une peau de bête ou une toile végétale tressée, tendue au bout d'une perche plus ou moins verticale fixée au fond de l'embarcation, ils peuvent utiliser la force [[éolienne]] : la [[Voile (navire)|voile]] est née. C'est ainsi que débute le [[peuplement de l'Océanie]] il y a trois mille ans<ref>[http://tahiti1.com/fr/identity/maritime-ancient.htm Vie maritime autrefois - Tahiti 1]</ref> sur des pirogues pouvant embarquer jusqu’à une cinquantaine de passagers.
 
Les Égyptiens ont une parfaite maîtrise de la construction des voiliers, dont on a retrouvé un exemplaire remarquable, la célèbre [[barque solaire]], devant la pyramide de [[Pyramide de Khéops|Gizeh]]. D'après [[Hérodote]]<ref>{{HérEnq}}, livre 4, § 42.</ref>, les Égyptiens réalisent vers [[Années 600 av. J.-C.|600]] avant notre ère une première circumnavigation autour de l'Afrique. Les [[Phénicie]]ns et les [[Grèce antique|Grecs]] achèvent progressivement de maîtriser la navigation en mer à bord des [[trière]]s, explorent puis colonisent toute la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] à bord de leurs navires. Vers [[340 av. J.-C.|340 {{av JC}}]], [[Pythéas]] atteignit [[Thulé (mythologie)|Thulé]] qu'il ne put dépasser, bloqué par la banquise. Les Romains ont peu innové dans la construction navale, à l'exception du [[Corbeau (système d'abordage)|système d'abordage du corbeau]]. Leurs bateaux sont principalement en [[bordages à clin]] et à [[Voile (navire)#Voile carrée|voile carrée]]<ref>{{ouvrage|auteur=Giulia Boetto, Patrice Pomey, André Tchernia|titre=Batellerie gallo-romaine : pratiques régionales et influences maritimes méditerranéennes|éditeur=Errance|date=2011|pages totales=208|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
 
Avant l'introduction de la [[boussole]], la navigation en mer se fait principalement par la [[navigation astronomique]]. L'usage de l'aiguille aimantée est mentionné en Chine dès le {{IIe siècle av. J.-C.}} et elle y est d'usage pour la navigation entre les {{IVe s}} et {{VIe siècle}}s. Cette utilisation est transmise aux Arabes qui, quelques siècles plus tard, la révèlent aux Européens du Moyen Âge.
 
=== Développements : de l'Antiquité à la Renaissance ===
[[Fichier:Santa-Maria.jpg|vignette|Une reconstitution de la [[caraque]] ''[[Santa María (1492)|Santa Maria]]'' de Christophe Colomb.]]
Jusqu'à la [[Renaissance]], la technologie de la navigation reste primitive, basée sur les acquis techniques des civilisations méditerranéennes de l'[[Antiquité]]. L'absence d'avancée technologique importante n'empêche pas certaines civilisations de prospérer grâce à leur maîtrise de la navigation, comme les [[république maritime|républiques maritimes]] de [[Gênes]] et de [[Venise]], ou encore la [[marine byzantine]]. Les [[Vikings]] utilisent leurs [[Bateau viking|knörrs]] pour explorer l'[[Amérique du Nord]], commercer dans la [[mer Baltique]] et envahir ou piller de nombreuses régions côtières d'Europe occidentale.
 
Vers la fin du {{XIVe siècle}}, des navires comme les [[cogue]]s commencent à être systématiquement équipés de tours installées sur le pont, à la proue et à la poupe. Ces tours rendent le navire instable, et au {{XVe siècle}}, les [[caraque]]s et les [[caravelle (navire)|caravelles]], les supplantent. Les tours sont progressivement remplacées par des [[château (bateau)|châteaux]] installés à la proue et à la poupe, comme sur la ''[[Santa María (1492)|Santa Maria]]'' de [[Christophe Colomb]]. L'invention du bordage à franc-bord permet une autre innovation beaucoup plus décisive, celle du [[sabord]], et de l'[[artillerie]] qui y est associée.
 
[[Fichier:Jeton de ma corporation des planchéeurs, metteurs à port.jpg|vignette|Jeton de la corporation des planchéeurs, metteurs à port.]]
 
Au {{XVIe siècle}}, l'usage du [[franc-bord]] et des sabords se généralise sur les [[galion]]s, ainsi que les ponts multiples, qui permettent d'augmenter le nombre de sabords et donc la puissance de feu. Les [[Angleterre|Anglais]] modifient leurs navires en conséquence, et font la preuve de l'efficacité de leur doctrine, en vainquant en [[1588]] l'[[Invincible Armada]].
 
La technique maritime dans la partie [[Asie|asiatique]] du globe se développe d'une façon assez similaire à celle de l'Europe, en termes d'efficacité et de complexité des bateaux. On peut noter des références d'[[Marine impériale japonaise|actions navales japonaises]] dans les rapports de l'[[Invasions mongoles du Japon|invasion mongole du Japon]] par la marine de [[Kubilai Khan]] en [[1281]]. Il est probable que les Mongols permettent à cette époque le lien entre connaissances technologiques européennes et asiatiques.
 
[[Fichier:Atakebune2.jpg|vignette|Un [[atakebune]] japonais du {{XVIe siècle}}.]]
En [[Chine]], 50 ans avant Christophe Colomb, [[Zheng He]] parcourt le monde à la tête d'une armada gigantesque pour l'époque, dont les plus grandes [[jonque]]s comptent 9 mâts, mesurent {{unité|130|mètres}} de long et {{unité|55|mètres}} de large. L'armada de Zheng He emporte {{formatnum:30000}} hommes à bord de 70 vaisseaux, l'objectif des expéditions se limitant à vanter la gloire de l'empereur chinois.
 
Au [[Japon]], au cours de l'[[époque Sengoku]] ({{XVe s}} au {{XVIIe siècle}}), les grands féodaux qui luttent pour la suprématie font construire de grandes flottes côtières de plusieurs centaines de bateaux, comme les [[Atakebune]].
 
=== Spécialisation et modernisation ===
[[Fichier:Trafalgar-Auguste Mayer.jpg|vignette|''Le Redoutable à Trafalgar'' ([[Auguste Mayer]])<br />[[1836]] ({{Dunité|61|45|cm}}), [[musée national de la Marine]], [[Paris]]<br /><br />Le [[HMS Sandwich (1759)|HMS ''Sandwich'']] (à droite - 90 canons, non présent à la bataille) achève le ''[[Bucentaure (navire français)|Bucentaure]]'' (à gauche - [[Classe Tonnant|vaisseau de 80 canons]], confondu à tort avec le [[Le Redoutable (1791)|''Redoutable'']], lequel venait de combattre durant 2 heures le {{HMS|Victory|1765|6}}, vaisseau de 104 canons de Nelson, ici représenté à l'arrière plan).]]
 
Parallèlement à la spécialisation militaire, on constate entre l'Antiquité et la Renaissance une différenciation de plus en plus nette entre [[Navire de pêche|marine de pêche]] et [[marine marchande|marine commerciale]]. La pêche reste, et restera jusqu'à la fin du {{XIXe siècle}}, une activité essentiellement côtière, de cabotage, pratiquée par des individus ayant par ailleurs peu de moyens financiers, donc utilisant des bateaux de petite taille. Le commerce maritime, lui, connaît un essor progressif qui pousse à l'emploi de grands navires, tels que les [[gabare]]s, affrétés par des compagnies maritimes aux moyens financiers importants. Cette activité de commerce reste également associée, en Europe du moins, à l'activité exploratoire, qui s'autofinance par les retombées commerciales de l'exploration.
 
Lors de la première moitié du {{XVIIIe siècle}}, la marine française met au point un nouveau type de navire, portant [[vaisseau de 74 canons|soixante-quatorze canons]]. Ce type de navire devient l'ossature de toutes les flottes de combat européennes. Ces vaisseaux de {{unité|56|mètres}} de long nécessitent chacun plus de 3500 [[chêne]]s centenaires pour leur construction, ainsi que {{unité|40|km}} de cordage. Ils emportent un équipage de près de 800 marins et soldats.
 
[[Fichier:Yacht and tugboat.jpg|vignette|gauche|Un petit bateau de plaisance et un [[remorqueur]] à [[Rotterdam]].]]
 
La différenciation des fonctions des navires évolue peu jusqu'à la fin du {{XIXe siècle}}. La [[révolution industrielle]] et l'arrivée de nouvelles méthodes de propulsion (mécanique) et de construction (métallique) déclenchent par contre une explosion des différenciations. Le besoin d'avoir des bateaux de plus en plus efficaces pour les missions qui leur sont confiées, la fin des conflits systématiques pour la suprématie maritime, l'augmentation des capacités financières des puissances industrielles, engendrent une prolifération de bateaux à usage de plus en plus spécialisé, autant dans les domaines de la pêche et du commerce que dans le domaine militaire. On voit également apparaître des navires très spécialisés dans des fonctions nouvelles, comme les bateaux de sauvetage, les navires scientifiques, les bateaux pompiers.
 
On comprend dès lors qu'une [[:Catégorie:Bateau|classification]] des bateaux [[:Catégorie:Bateau par type|par type]] ou [[:Catégorie:Bateau par fonction|par fonction]] est difficile. Soit on se limite aux quatre fonctions historiques : pêche, commerce, militaire, exploration, la classification est très généraliste, et déjà à ce niveau on a des difficultés à classifier la plupart des navires anciens; soit on classifie selon les types de navires spécialisés contemporains, et on ne sait alors vraiment plus comment classer les navires anciens. La difficulté est augmentée par le fait que la désignation de nombre de types de bateaux, comme sloop, frégate… est autant utilisée pour désigner des navires anciens que des bateaux modernes n'ayant parfois pas grand-chose à voir avec leurs prédécesseurs.
Ligne 83 ⟶ 14 :
Actuellement, les bateaux et navires restent des outils essentiels pour le [[commerce]] international et local, la sécurité des États ou le rayonnement culturel.
 
La flotte de commerce comprenait {{formatnum:34882}} navires de plus de mille tonneaux de [[jauge brute]] en 2007<ref name="UNCTAD 2007">[[Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement|UNCTAD]], ''Review of Maritime Transport 2007'', Nations Unies, Genève, 2007 {{ISBN|978-92-1-112725-6}} {{lire en ligne|lien=http://www.unctad.org/Templates/Download.asp?docid=9248&lang=1&intItemID=4398}}.</ref>, totalisant {{unité|1.04|milliard}} de tonnes de [[port en lourd]] ; ils ont transporté {{unité|7.4|milliards}} de tonnes de marchandises en 2006, une somme qui a augmenté de 8 % par rapport à l'année précédente; la flotte de commerce croît au même rythme. En termes de tonnage, 37,5 % de ces navires sont des pétroliers, 35,8 % des vraquiers, 10,9 % des porte-conteneurs et 10,3 % des cargos polyvalents.
 
En 2002, on comptait {{formatnum:1240}} navires de guerre en activité dans le monde, sans les petits navires comme les corvettes et patrouilleurs. Les [[États-Unis]] possédaient {{unité|3|millions}} de tonnes de matériel, la [[Russie]] {{unité|1.35|million}}, le [[Royaume-Uni]] {{unité|504660|tonnes}} et la [[Chine]] {{unité|402830|tonnes}}. Si le {{XXe siècle}} a vu se passer de nombreux engagements navals lors des deux guerres mondiales, il a aussi été marqué par la [[guerre froide]] et la montée en puissance des forces navales des deux blocs. Actuellement, les grandes puissances se servent de leur marine pour la projection de puissance (mener une guerre loin de son territoire, comme le Royaume-Uni aux [[Guerre des Malouines|Malouines]] ou les États-Unis en [[Guerre d'Irak|Irak]]) ou pour la défense de leur territoire.
Ligne 327 ⟶ 258 :
</gallery></center>
 
== E ==
== Exemples de bateaux notables ==
Certains bateaux sont devenus célèbres à la suite d'un évènement spécial ou à cause de leurs caractéristiques. On peut ainsi trouver certains domaines où des bateaux sont devenus célèbres : les [[naufrage]]s et le monde du sauvetage associé ; les navires ayant des dimensions ou caractéristiques techniques exceptionnelles ; les bateaux associés à un exploit humain ou à un record ; les bateaux associés à une légende ou à une anecdote.
 
=== Naufrages et sauvetage ===
[[Fichier:Stöwer Titanic.jpg|vignette|upright=1.2|Le [[Naufrage du Titanic|naufrage du ''Titanic'']], dessiné par [[Willy Stöwer]].]]
{{Article détaillé|Liste de naufrages célèbres|Liste des principaux déversements pétroliers}}
S'il se produit chaque année plusieurs dizaines de naufrages<ref>Joseph N. Gores, ''Marine Salvage'', Newton Abbot, 1972 {{ISBN|0-7153-5454-X}}</ref>, les plus notables sont ceux entraînant une [[catastrophe]] humaine ou écologique. La plus grande catastrophe maritime est le naufrage du ''[[Wilhelm Gustloff (paquebot)]]'' entraînant la mort de plus de {{formatnum:9000}} personnes en [[1945]], pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], suivie par le naufrage du ''[[Cap Arcona]]'' avec environ {{formatnum:8000}} morts. En temps de paix, la plus grande catastrophe serait celle du ''[[Titanic]]'' en [[1912]] (plus de {{formatnum:1500}} morts), largement médiatisée en raison du caractère supposé « insubmersible » du navire. L'''[[Empress of Ireland]]'' qui coula en mai 1914 dans le [[fleuve Saint-Laurent]] entraina quant à lui, la mort de {{formatnum:1012}} personnes qui en fit la seconde plus grande catastrophe maritime hors guerre. Cependant, les tragédies du ''[[Joola]]'' en [[2002]] (près de {{formatnum:2000}} victimes) et du ''[[Doña Paz]]'' en [[1987]] ({{formatnum:1565}} victimes officiellement, {{formatnum:4000}} officieusement) seraient pires.
 
Parmi les naufrages notables, on peut encore citer le ''[[RMS Lancastria|Lancastria]]'' en [[1940]] avec 5200 morts au moins, la ''[[Blanche-Nef]]'' en [[1120]] qui transportait l'héritier du trône d'Angleterre, la ''[[Méduse (bateau)|Méduse]]'' dont le radeau inspira un tableau célèbre, le ''[[Vasa]]'' qui coula à son lancement en [[1628]] car il était surchargé dans sa partie hors d'eau. D'autres naufrages n'ont pas nécessairement causé une catastrophe humaine de grande ampleur mais ont entraîné de profonds changements dans les réglementations maritimes : outre le ''Titanic'' qui a entraîné le code [[SOLAS|Solas]], on trouve le ''[[Herald of Free Enterprise]]'' (portes étanches sur les [[Roulier (navire)|rouliers]]), l’''[[Amoco Cadiz]]'' (contrat de sauvetage), le ''[[MV Derbyshire]]'' (structure des vraquiers) ou l’''[[Exxon Valdez]]'' (double coque sur les [[pétrolier]]s).
[[Fichier:MV Blue Marlin carrying USS Cole.jpg|vignette|gauche|Le ''[[Blue Marlin]]'' transportant l’{{USS|Cole|DDG-67|6}}.]]
Les [[marée noire|marées noires]] causées par le naufrage d'un pétrolier peuvent entraîner de graves dommages écologiques. La plus grande marée noire provenant d'un navire est celle de l’''[[Atlantic Empress]]'' en [[1979]] avec {{formatnum:287000}} tonnes de pétrole. Cependant, les pires catastrophes sont celles qui ont lieu près des côtes, comme pour l’''Amoco Cadiz'' ou l’''[[Erika (pétrolier)|Erika]]'' en France, l’''[[Exxon Valdez]]'' aux États-Unis, le ''[[Naufrage du pétrolier Prestige|Prestige]]'' en Espagne ou le ''[[Torrey Canyon]]'' en Angleterre. Les [[chimiquier]]s représentent aussi un grand risque pour l'environnement comme avec le ''[[Ievoli Sun]]'' en [[2004]]. Enfin, les [[sous-marin]]s à propulsion nucléaire posent des risques de contamination, comme le ''[[Koursk K-141]]'' ou le ''[[K-278 Komsomolets|Komsomolets]]''.
 
Les moyens de sauvetage employés peuvent aussi être impressionnants et employer des moyens dédiés : les [[Bateau de sauvetage|bateaux de sauvetage]] s'attirent souvent l'admiration du public, ainsi que les [[remorqueur]]s de haute mer ou de sauvetage, tels l’''[[Abeille Bourbon]]'' ou l’''[[Abeille Flandre]]'' en France ou le [[navire semi-submersible]] ''[[Blue Marlin]]''.
{{clr}}
 
=== Caractéristiques techniques ===
[[Fichier:Bateaux comparaison2.svg|vignette|upright=1.2|Comparaison de quelques-uns des plus grands navires : le ''[[Knock Nevis]]'', le ''[[Emma Mærsk]]'', le ''[[Queen Mary 2]]'', le ''[[Berge Stahl]]'' et le ''[[USS Enterprise (CVN-65)|USS Enterprise]]''.]]
 
{{Article détaillé|Liste des plus grands navires}}
 
Le navire à la fois le plus long et le plus lourd est le superpétrolier ''[[Knock Nevis]]'' de {{unité|458|m}} de [[longueur hors-tout]] et d'un [[déplacement (navire)|déplacement]] de {{unité|647955|tonnes}} ; puisqu'il ne navigue plus, le plus long navire en activité est le porte-conteneurs ''[[Emma Mærsk]]''. Le plus grand pétrolier à double coque est le ''[[TI Oceania|Hellespont Fairfax]]'' de {{unité|380|m}} de long et de {{unité|441585|[[tpl]]}}. Le plus grand [[vraquier]] est le ''[[Berge Stahl]]'' de {{unité|343|m}} de long et de {{formatnum:364768}} tpl. Le plus long [[paquebot]] est le ''[[Oasis of the Seas]]'' de {{unité|360|m}} et de {{unité|220000|tonnes}} pour environ {{formatnum:6300}} passagers. Le plus long navire de guerre est le [[porte-avions]] américain ''[[USS Enterprise (CVN-65)|USS Enterprise]]'' ({{unité|342|m}}) tandis que les plus lourds sont ceux de la classe ''Nimitz'' comme l’''[[USS Carl Vinson (CVN-70)|USS Carl Vinson]]'' ({{unité|104000|tonnes}}). Le plus grand yacht motorisé est celui du cheik de Dubaï, le ''Golden Sun'' de {{unité|160|m}}. Le plus long voilier jamais construit est le ''[[France II (voilier)|France II]]'', tandis que ''[[Royal Clipper]]'' est le plus grand naviguant encore. Le ''[[Statsraad Lehmkuhl]]'' est le plus ancien et le plus grand [[trois-mâts]] barque.
 
D'autres bateaux sont notables pour leurs avancées techniques : ainsi, le ''[[Bateau à vapeur|Pyroscaphe]]'' est le premier bateau à vapeur en [[1783]] ; le ''[[Nautilus (Fulton)|Nautilus]]'' de [[Robert Fulton]] est le premier sous-marin en [[1800]] ; le ''[[SS Great Eastern|Great Eastern]]'' de [[1858]] est le premier paquebot géant ; le ''[[Dreadnought]]'' de [[1908]] est le premier [[cuirassé]] moderne à utiliser des turbines à vapeur et une artillerie mono-calibre ; le contre-torpilleur français ''[[Classe Le Fantasque|Le Terrible]]'' a été de longues années bâtiment le plus rapide du monde, filant lors de ses essais en 1935, la vitesse de {{unité|45.03|nœuds}} ; l'''[[USS Nautilus (SSN-571)|USS Nautilus]]'' est le premier navire à propulsion nucléaire en [[1951]]. La sustentation dynamique par [[hydrofoil]]s est utilisée par les [[hydroptère]]s ; la propulsion assistée par turbovoiles par certains navires expérimentaux comme l’''[[Alcyone (bateau)|Alcyone]]''.
 
=== Exploits humains et exploration ===
[[Fichier:Nao Victoria.jpg|gauche|vignette|Réplique du ''[[Victoria (bateau)|Victoria]]'', un des navires de [[Fernand de Magellan|Magellan]].]]
{{Article détaillé|Voyage d'exploration scientifique}}
Les bateaux d'exploration se distinguent car leur équipage parvient à son but parfois dans des conditions dantesques avec des moyens qui semblent maintenant dérisoires. [[Christophe Colomb]] atteint l'Amérique en [[1492]] à bord de la [[caraque]] ''[[Santa María (1492)|Santa Maria]]'', aidée par les caravelles ''[[La Niña (navire)|La Niña]]'' et ''[[La Pinta]]''. Le ''[[Victoria (bateau)|Victoria]]'' est le premier navire à accomplir un tour du monde lors de l'expédition de [[Fernand de Magellan|Magellan]]. [[Roald Amundsen]] se rendit en Antarctique avec le ''[[Belgica (navire)|Belgica]]'' puis le ''[[Fram]]'' ; [[Louis-Antoine de Bougainville|Bougainville]] utilisa ''La Boudeuse'', [[Jules Dumont d'Urville|Dumont d'Urville]] navigua sur ''L'Astrolabe'', [[Nicolas Baudin|Baudin]] partit en expédition sur le ''Géographe'', [[Charles Darwin|Darwin]] voyagea sur le ''[[HMS Beagle]]'' et [[Jean-Baptiste Charcot|Charcot]] utilisa la série des ''[[Pourquoi Pas ?|Pourquoi-Pas ?]]''.
 
Dans l'histoire américaine, le ''[[Mayflower]]'' apporta les premiers colons de l'Angleterre en [[Amérique du Nord]], tandis que l’''[[Hermione (1779)|Hermione]]'' amena le [[Gilbert du Motier de La Fayette|Marquis de La Fayette]] aux Amériques lors de la guerre d'indépendance. On peut également noter les exploits de certains [[Navigateur (marine)|navigateurs solitaires]], notamment [[Joshua Slocum]] qui accomplit le premier tour du monde en solitaire à bord du yacht ''[[Spray (voilier)|Spray]]'', [[Marcel Bardiaux]], ou encore le voilier ''[[Joshua (ketch)|Joshua]]'' de [[Bernard Moitessier]] qui reste une référence en matière de voilier hauturier.
[[Fichier:Pen-Duick-I.jpg|vignette|upright|''[[Pen Duick]]'', plan [[William Fife|Fife]] souvent admiré pour son élégance sous voiles.]]
{{clr|left}}
 
=== Bateaux imaginaires ou historiques ===
{{Article détaillé|Liste de bateaux de fiction}}
 
Quelques bateaux imaginaires ont marqué la littérature : ils se trouvaient déjà dans les récits religieux et mythologiques comme l'[[Arche de Noé]] dans la Bible ou [[Argo (mythologie)|Argo]] dans la mythologie grecque, ils ont continué à travailler notre imaginaire avec le ''[[Hollandais volant]]'' dans les récits de pirates, le ''{{Lien|fr=Pequod (Moby-Dick)|lang=en|texte=Péquod}}'' dans le roman ''[[Moby Dick]]'', ''[[Vingilot|Vingilótë]]'' dans l'œuvre de [[J. R. R. Tolkien|Tolkien]], ou le ''[[Nautilus (Jules Verne)|Nautilus]]'' dans ''[[Vingt mille lieues sous les mers]]'' de [[Jules Verne]].
 
D'autres bateaux ont pris une importance historique : le ''[[HMS Bounty|Bounty]]'' est connu pour sa mutinerie, le ''[[Grand-Saint-Antoine (navire)|Grand Saint Antoine]]'' pour avoir apporté la peste à [[Marseille]], le ''[[Rainbow Warrior I|Rainbow Warrior]]'' de Greenpeace pour son [[Affaire du Rainbow Warrior|sabotage]], ''[[Le Renard (bateau)|Le Renard]]'' pour les exploits de son capitaine, [[Robert Surcouf]]. De nombreux paquebots ont marqué l'histoire maritime en raison de leur taille ou de leur élégance, tels le ''[[Normandie (paquebot)|Normandie]]'', le ''[[France (paquebot)|Norway]]'' (ex-''France''), le ''[[Queen Mary]]'' ou le ''[[Queen Elizabeth 2]]''. Enfin, certains voiliers ont marqué l'histoire de la course par leurs performances (tels ''[[Dorade (voilier)|Dorade]]'' ou ''[[Poulain (trimaran)|Poulain]]'') ou par leur esthétique (tel ''[[Endeavour (yacht)|Endeavour]]'', un des [[Classe J (yacht)|Classe J]]), voire les deux (comme la série des ''[[Pen Duick]]'' d'[[Éric Tabarly]]).
 
== Autour des bateaux ==
Si la [[navigation]] est l'activité la plus évidente, les bateaux sont présents d'autres façons dans les activités humaines :
 
=== Vie en mer et attachement ===
[[Fichier:Inhambane-dhow.JPG|vignette|[[Boutre|Dhow]] en [[Mozambique]].]]
La [[Navigation maritime|navigation]] s'est développée avec les avancées technologies mais aussi avec les capacités de manœuvre des bateaux. Si les navires modernes ont ajouté un certain confort et si les instruments de navigation ont rendu les routes maritimes plus sûres, la vie en mer a longtemps été associée à des conditions spartiates et des dangers omniprésents, la mer rappelant aux Hommes la supériorité de la nature. Tant qu'il n'atteint pas une taille suffisante, un bateau reste un objet soumis aux caprices du vent et des vagues : la vie à bord est alors une lutte constante contre l'[[Humidité (construction)|humidité]], les mouvements brusques ou le [[mal des transports|mal de mer]]. Aux débuts de la [[plaisance (loisir)|plaisance]], les pêcheurs bretons disaient d'ailleurs :
:''Qui va en mer pour son plaisir''
: ''irait en enfer pour passer le temps.''<ref>''Le Guide des Glénans'', édition de 1972</ref>
 
Un bateau peut ainsi être qualifié selon ses aptitudes nautiques : sa façon de « tenir la route », de [[Louvoyer|remonter au vent]], « d'étaler » un coup de vent, ou de répondre aux sollicitations de son barreur. De nombreux dictons sont associés au comportement des bateaux, tels que « ''grand [[roulis|rouleur]], grand marcheur'' ». On finit même par prêter des caractères aux bateaux : l'un sera réputé capricieux, l'autre docile à la barre ; les expressions associées au comportement humain ou animal sont aussi employés : tel bateau « se vautre » dans les vagues, tel autre « file doux » à la [[cape (nautisme)|cape]]. Jeremy Guiton<ref>Voir par exemple {{Guiton}}</ref> explique le fait que les bateaux soient féminins en anglais par la ressemblance avec le caractère supposé imprévisible des femmes… La vie à bord d'un bateau a enfin légué dans de nombreuses langues des expressions courantes, dont on oublie souvent l'origine en les employant: on se souhaite « bon vent… », untel « a mis les voiles », tel autre « largue les amarres »…
 
L'équipage d'un « bon » navire pourra légitimement en être fier et l'on trouve fréquemment des marins attachés sentimentalement à leur bateau, finissant par lui donner un surnom ou refusant sa démolition. À l'inverse, une série d'évènements ou certaines superstitions peuvent donner une mauvaise réputation à un bateau, qui sera supposé « maudit ». L'attachement aux bateaux se retrouve aussi dans le [[modélisme naval|modélisme nautique]] visant à construire des modèles réduits, mobiles ou non, de navires existants. Les [[bateau en bouteille|bateaux en bouteille]] étaient traditionnellement réalisés par les [[gardien de phare|gardiens de phares]].
 
=== Symbolique ===
[[Fichier:Gokstadskipet1.jpg|vignette|Le [[bateau de Gokstad]] au Musée des bateaux vikings, [[Oslo]], [[Norvège]].]]
L'homme a longtemps considéré l'eau comme la frontière vers le royaume de ses dieux, et le bateau est naturellement l'outil qui permet d'aller vers l'au-delà. Les Égyptiens, civilisation résolument fluviale où le Nil occupe la place prépondérante, rejoignent le royaume des morts à bord d'une barque fluviale. La [[barque solaire]] en est l'exemple le plus connu. On parle ainsi de [[bateau-tombe|bateau tombe]] lorsqu'il sert à enterrer une personne : les Vikings honorent leur morts en les enterrant avec leur bateau dans un [[tumulus]]. Le [[bateau de Gokstad]] en est l'un des exemples les plus célèbres, mais aussi ceux des tombes royales du Vestfold, au bord du golfe d'[[Oslo]], à Tune ou à Oseberg.
 
Les noms de bateaux sont aussi chargés de sens : résultant généralement d'une décision du propriétaire, le changer n'est pas forcément bon signe. On trouve ainsi des noms glorieux pour des bateaux de guerre (le ''[[Classe Téméraire|Téméraire]]''), des noms de femmes en leur honneur, des références à des personnes illustres, et bien souvent des noms de poissons ou d'oiseaux marins. Plus récemment, le monde de la compétition a vu les noms des bateaux refléter ceux de leurs [[sponsor]]s. Les navires commerciaux construits en série ont parfois également des noms en série (comme la [[Compagnie maritime d'affrètement - Compagnie générale maritime|CMA-CGM]] qui utilise des noms d'opéras pour ses porte-conteneurs). Le baptême d'un bateau se fait souvent juste avant son lancement, en la présence d'un parrain ou d'une marraine.
 
La [[superstition]] enfin n'est pas absente de l'univers des bateaux. L'[[lapin domestique|animal à longues oreilles]], cousin du lièvre, dont le nom ne doit jamais être prononcé à bord d'un navire en est l'exemple le plus connu.
 
=== Archéologie marine ===
[[Fichier:Hermione Reconstruction 1.JPG|vignette|gauche|Chantier de l’''[[Hermione (1779)|Hermione]]''.]]
 
L'archéologie marine consiste à retrouver et restaurer les restes de bateaux que l'on peut retrouver enfouis sur les plages ou à l'état d'épaves au fond de l'eau (on parle alors d'[[archéologie sous-marine]], la branche principale) ; la campagne de 2003 menée sur le site des épaves de [[Jean-François de La Pérouse|La Pérouse]]<ref>http://www.operationlaperouse2005.com/expe4.htm ; Expédition Vanikoro 2005 sur l’épave présumée de l’expédition de Lapérouse</ref> sur l’île de [[Vanikoro]] a fait connaître au grand public cette discipline scientifique. Un navire qui a sombré, sauf s'il a été pillé par des [[Plongée sous-marine|plongeurs]] clandestins et des chercheurs de trésors, livre une partie de sa structure et, souvent, sa [[cargaison]] intacte. Chaque [[Épave (maritime)|épave]] est un moment d'histoire échoué au fond des mers. Cette activité archéologique, relativement récente, permet de beaucoup mieux comprendre le riche passé de l’histoire des bateaux, qu’il s’agisse de pirogues préhistoriques ou des grands vaisseaux du {{XVIIe siècle}}. L'épave d'un bateau ancien est un microcosme de la technologie et de la culture de son temps.
 
C’est en partie grâce à cette activité par exemple que l’association Hermione-La Fayette<ref>http://www.hermione.com/index.html ; site de l’Association Hermione-La Fayette</ref> s'est lancée dans la reconstruction de la frégate ''[[Hermione (1779)|Hermione]]'', navire qui, en 1780, permit à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance. D'autre part, les épaves servent aussi de sites privilégiés pour la [[plongée sous-marine]] et peuvent aussi servir d'abri à la flore et la faune.
{{clr|left}}
 
=== Arts et culture ===
[[Fichier:Claude Monet, Fishing Boats Leaving the Harbor, Le Havre.jpg|vignette|upright=1.4|''Bateaux quittant le port, Le Havre'', [[Claude Monet]], 1874 {{nobr|(60 x 101 cm)}}, collection privée.]]
[[Fichier:VMLSLM title.jpg|vignette|''Vingt mille lieues sous les mers''. Une des premières éditions de [[Pierre-Jules Hetzel|Hetzel]].]]
 
Le monde de la navigation a inspiré certains genres artistiques propres comme les [[Chant de marins|chants de marins]] ou les [[Marine (peinture)|marines]] ; mais les bateaux ont également été une source d'inspiration dans d'autres genres. On les retrouve dans de nombreuses disciplines : dans les arts picturaux, le [[romantisme]] a fait la part belle aux bateaux et notamment aux naufrages avec [[Joseph Mallord William Turner|Turner]], puis l'[[impressionnisme]] quand [[Claude Monet|Monet]] parle de « sa chose » faite au [[Le Havre|Havre]] : « ''Du soleil dans la buée et, au premier plan, quelques mâts de navire pointant.'' » Plus récemment, la photographie de mer et de bateaux a acquis ses lettres de noblesse lorsque des photographes comme [[Philip Plisson]] ont été nommés [[peintre officiel de la Marine|peintres de la Marine]] en France.
 
Les récits d'exploration, de batailles navales ou de piraterie sont aussi à l'origine d'une riche littérature, remontant à [[Homère]] et son ''[[Odyssée]]''. Les genres sont nombreux :
* récits de voyage comme ''[[s:Le Jacques|Le Jacques]]'' de [[Jean de Léry]] ou le ''[[s:Voyage autour du monde|Voyage autour du monde]]'' de [[Louis-Antoine de Bougainville|Bougainville]]
* romans d'aventures comme ''L'île au trésor'', de [[Robert Louis Stevenson]], ''[[Vingt mille lieues sous les mers]]'', ''[[Les Enfants du capitaine Grant]]'' de [[Jules Verne]], ''Capitaines courageux'' de [[Rudyard Kipling]], la série des ''Horatio Hornblower'' et l' ''African Queen'' de [[C. S. Forester]], ''Cyclone à la Jamaïque'', de [[Richard Hughes (écrivain)|Richard Hughes]], ou les aventures du capitaine Jack Aubrey de [[Patrick O'Brian]]
* récits plus poétiques comme ''[[Moby Dick]]'' d'[[Herman Melville]]; ''[[Le Vieil Homme et la Mer]]'' d'[[Ernest Hemingway]]; ''[[Typhon (Conrad)|Typhon]]'', ''Le Nègre du Narcisse'', de [[Joseph Conrad]]
* fables et contes comme le ''[[s:Conte du pêcheur et du voyageur|Conte du pêcheur et du voyageur]]'' de [[Jeanne-Marie Leprince de Beaumont|Beaumont]].
 
Plus récemment, en France, les [[bande dessinée|bandes dessinées]] telles que ''H.M.S.'' ([[Casterman]])<ref>[http://bd.casterman.com/catalogues_list.cfm?CategID=1037&OwnerID=861 ''H.M.S. - His Majesty's Ship''] - [[Casterman]]</ref> ou ''[[Tramp]]'' ([[Dargaud]]) reprennent aussi ces thèmes, déjà abordés dans ''[[Les Passagers du vent]]'' de [[François Bourgeon]], sans oublier Tintin et ''[[Le Secret de La Licorne]]'' d'[[Hergé]].
 
Certains chants de marins ont fini par être connus du grand public francophone, comme ''Santiano'' de [[Hugues Aufray]] qui chante son « fameux trois-mâts, fin comme un oiseau » ou le nostalgique ''Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau'' de notre enfance ; d'autres navires d'actualité ont inspiré des chanteurs comme le ''[[France (paquebot)|France]]'' pendant son désarmement qui inspirera [[Michel Sardou]].
 
L'[[opéra]] s'inspire d'histoires plus mythiques, comme ''[[Der Fliegende Holländer|Le Vaisseau fantôme]]'' de [[Richard Wagner|Wagner]].
 
Enfin, le [[cinéma]] a abondamment utilisé les histoires de grands navires comme ''[[Les Révoltés du Bounty (film, 1962)|Les Révoltés du Bounty]]'' ou ''[[Titanic (film, 1997)|Titanic]]'', ou des bateaux imaginaires tel le ''[[Black Pearl (navire)|Black Pearl]]'' inspiré de la ''[[Mary Celeste|Marie-Céleste]]'' dans le film ''[[Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl|Pirates des Caraïbes]]''.
{{clr}}
 
=== La poésie des bateaux ===
{{Citation bloc|''Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté''<ref>''[[s:Le Port|Le Port]]'', in ''[[Le Spleen de Paris|Petits poèmes en prose]]'', Charles Baudelaire, sur Wikisource.</ref>.}}
 
À l’image de [[Charles Baudelaire|Baudelaire]], les hommes sont de tout temps fascinés par l’eau. Existe-t-il un poète qui n’ait à un moment évoqué la source de la vie terrestre, admirant et craignant tout à la fois cet élément magique qui lui refuse sa présence ? Sans bateau, point d'évasion sur l'eau !
 
[[Paul Verlaine]] rêve cette évasion en bateau :
{{Citation bloc|''Cependant la lune se lève''<br />
''Et l'esquif en sa course brève''<br />
''File gaîment sur l'eau qui rêve.''}}
 
Vaincre héroïquement la violence de la mer, comme le décrit [[Victor Hugo]] dans ''Les Travailleurs de la mer'', reste le désir souvent inassouvi de l’Homme. {{référence souhaitée|[[Platon]], bien avant lui, déjà s’émerveille : ''Il y a les vivants, il y a les morts, et il y a ceux qui vont sur la mer''}}.
 
Enfin, [[Arthur Rimbaud]] fait s'exprimer son ''bateau ivre''<ref>''[[s:Le Bateau ivre|Le Bateau ivre]]'', Arthur Rimbaud, sur Wikisource</ref> en le faisant chanter entre ciel et terre, entre paradis et enfer :
 
[[Fichier:Shipwreck of the Minotaur William Turner.jpg|vignette|upright=1.5|''Naufrage du Minotaure'', [[Joseph Mallord William Turner]], 1905, [[musée Calouste-Gulbenkian]] de [[Lisbonne]].]]
 
{{Citation bloc|''La tempête a béni mes éveils maritimes.''<br />
''Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots''<br />
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Bateau ».