« Septime Sévère » : différence entre les versions

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'''Septime Sévère''' (''Lucius Septimius Severus Pertinax'') ([[11 avril]] [[146]]<ref name="Naiss"/> - [[4 février]] [[211]]) est un [[Liste des empereurs romains|empereur romain]] d'origine [[romano-numide]], qui règne de [[193]] à [[211]]. Avec lui commence l'arrivée au pouvoir de provinciaux d'ascendance non romaine et la dynastie des [[Sévères]] dont il est l'[[éponyme]]. Avec [[Macrin]], il est le seul empereur né dans la [[Numidie (province romaine)|province d'Afrique]]<ref>[[Eutrope (historien)|Eutrope]], VIII, 18.</ref>.
 
== Biographie ==
== Une origine africaine (146-162) ==
 
Il naît le [[11 avril]] [[146]]<ref name="Naiss"/> à [[Leptis Magna]], une ville située en [[Tripolitaine]] sur la côte de la [[Libye]] actuelle. Du côté de sa mère, Fulvia Pia, il descend d'immigrés italiens (''les Fulvii'') mariés probablement à des personnes d'origine [[Libye antique|libyenne]]<ref name="Le Glay">Marcel Le Glay, Yann Le Bohec, Jean-Louis Voisin, ''Histoire romaine'', [[P.U.F.]], 1991 (réédition 2008).</ref>{{,}}<ref>Claude Briand-Ponsart, ''L'Afrique romaine : De l'Atlantique à la Tripolitaine, 146 av. J.-C. - 533 ap. J.-C.'', Armand Collin 2005, {{p.|70}}</ref>. Par son père, [[Publius Septimius Geta]], il descend d'une [[Septimii|famille]] d'origine [[Libyens|libyco]]-[[punique]], et de culture [[Civilisation carthaginoise|punique]]<ref>Anne Daguet-Gagey, ''Septime Sévère'', Payot, 2000, {{p.|38}}</ref>{{,}}<ref>[[Michael Grant (historien)]], ''The Severans'', Routlegde, 1996, {{p.|7}}.</ref>{{,}}<ref>« Le punique est né de la rencontre de deux mondes, l'un autochtone, l'autre oriental, il est un métissage ethnique et culturel », [[Nacéra Benseddik]], ''Thagaste, Souk Ahras, Patrie de saint Augustin'', Inas, 2004, {{p.|25}}</ref>{{,}}<ref>"dynastie berbère de Cyrénaïque", [[Bernard Lugan]], ''Histoire de l'Afrique des origines à nos jours'', Ellipses Marketing, 2009, {{p.|108}}</ref>, ayant obtenu la citoyenneté depuis le {{Ier siècle}}. Les deux côtés de sa famille se composent de notables. Ainsi, son grand-père paternel est préfet de [[Leptis Magna|Leptis]] avant d'en être le premier [[duumvir]] lorsque la cité devient colonie romaine sous [[Trajan]].
 
L'historien [[Dion Cassius]] le décrit comme un homme de petite taille, maigre, très vif et taciturne. Il avait un fort accent qui lui valait d'être taquiné par ses contemporains. De son caractère il faut distinguer son attachement à sa famille et à sa cité d'origine. C'est un personnage qui s'intéresse à la vie religieuse et intellectuelle (il est sans doute initié aux [[mystères d'Eleusis]] et un fervent dévot de [[Sérapis]])<ref name="Le Glay"/>. Ses origines et son ascension témoignent de la prospérité de l'Afrique ainsi que de la parfaite intégration de cette province et de ses habitants dans le monde romain.
 
== Carrière (162-192) ==
== Une brillante carrière sous les règnes de Marc Aurèle et Commode (162-192) ==
 
Grâce à un cousin ayant fréquenté la cour impériale, il quitte en [[162]] Leptis Magna pour Rome, et entame un ''cursus honorum'' sénatorial brillant. C'est un juriste<ref>Son règne correspond d'ailleurs au triomphe des juristes</ref> qui parle, outre le punique, le latin et le grec. Contrairement à une idée répandue<ref>Voir par exemple [[Edward Gibbon]], ''Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain'', édition Bury, 1896, {{vol.}}I, {{p.}}111-125.</ref>, ce n'est pas un militaire, mais plutôt un administrateur efficace et énergique<ref>{{M.}} Hammond, « Septimius Severus, Roman Bureaucrat », ''Harvard Studies in Classical Philology'', {{vol.}}51 en l'honneur de William Scott Ferguson (1940), {{p.}}137-173.</ref>. Il est en poste sous [[Commode (empereur)|Commode]] en [[Tarraconaise]], [[Corse-Sardaigne|Sardaigne]], [[Afrique proconsulaire]], [[Syrie (province romaine)|Syrie]] (vers [[180]] où il s'attache à [[Pertinax]] son supérieur), [[Gaule lyonnaise]] et [[Sicile (province romaine)|Sicile]]. Il vit à [[Athènes]] de 183 à 185, dans un exil dû à un conflit avec Pérennis le favori de l'empereur.
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Il accède au consulat en [[190]] puis obtient l'année suivante le poste de [[légat d'Auguste propréteur]] de [[Pannonie]] supérieure, avec le soutien d'Aemilius Laetus, le préfet de la [[garde prétorienne]], lui conférant ainsi le commandement de trois légions pour défendre la frontière. C'est son premier grand commandement militaire.
 
=== Le vainqueur de la guerreGuerre civile (193-197) ===
 
====== L'intermède Pertinax ======
 
Le 31 décembre 192, l'empereur Commode est assassiné à la suite d'un complot fomenté par ses proches. Les conspirateurs, dans l'urgence, persuadent [[Pertinax]], le préfet de la ville, de prendre la pourpre après l'avoir emmené devant les prétoriens, puis devant le [[Sénat romain|Sénat]]. Helvius [[Pertinax]] est alors confirmé par le Sénat après avoir donné un ''[[donativum]]'' aux [[garde prétorienne|prétorien]]s. Mais il constate rapidement que les caisses impériales sont vides et décide d'éloigner les prétoriens du pouvoir et de leur imposer une discipline plus sévère. Trois mois plus tard, le [[28 mars]] [[193]] il est assassiné lors de la mutinerie d'une partie de la garde prétorienne.
 
====== Le vainqueur de Didius Julianus ======
[[Didius Julianus]], prétendant au titre d'Auguste, se livre à une véritable mise aux enchères du trône en compétition avec un autre prétendant et se fait nommer ''princeps'' par les prétoriens. Le Sénat accepte celui qui veut rétablir la tradition commodienne.
 
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Le {{1er juin}} [[193]] il est à 80 kilomètres au nord de la capitale. Le même jour le Sénat condamne [[Didius Julianus]] à mort, ouvrant la voie à Septime Sévère, qui se présente à Rome avec ses légions le [[9 juin]] 193. Un prétorien assassine [[Didius Julianus]]. Septime Sévère invite la garde prétorienne à un banquet dans son camp. Il fait cerner les lieux par ses soldats, désarme les prétoriens et fait exécuter les meurtriers de [[Pertinax]]. Il licencie les effectifs de la garde prétorienne, qui sont remplacés par des Pannoniens.
 
====== Le vainqueur de Pescennius Niger ======
[[Fichier:Septimius Severus busto-Musei Capitolini.jpg|vignette|Buste en [[albâtre]] de Septime Sévère, au [[musées du Capitole]], [[Rome]].]]
En Orient, [[Pescennius Niger]], [[légat d'Auguste propréteur|légat]] de [[Syrie (province romaine)|Syrie]], refuse d'acclamer Septime Sévère. Son armée le proclame [[Empereur romain|empereur]] le [[9 avril]]. Il est bientôt soutenu par l'Égypte. Il représente un triple danger : militaire car il possède 9 légions, économique grâce à l'appui de l'Égypte et diplomatique avec les appuis que lui proposent les souverains parthes. Septime Sévère réagit avec célérité, quitte Rome en juillet 193 et se déplace en Orient où des troupes ont été menées depuis l'Illyrie par [[Tiberius Claudius Candidus]]. Il assiège [[Byzance]] enlevée par P.Niger (elle ne capitule qu'en [[195]] après deux ans de siège), puis remporte deux victoires sur son compétiteur à Cyzique, fin 193, puis à Nicée au début de [[194]]. Il obtient alors le ralliement de l'Égypte, de l'[[Arabie]] et de la [[Syrie]]. La bataille décisive a lieu à [[Bataille d'Issos (194)|Issus]] au printemps [[194]]. Pescennius Niger se réfugie à [[Antioche]], qui est bientôt investie par les troupes de Septime Sévère, et s'enfuit probablement vers le royaume parthe. Capturé, il est ensuite exécuté.
 
Son pouvoir consolidé, Septime Sévère prend le nom de Pertinax, se proclame fils de [[Marc Aurèle]] et crée une généalogie fictive remontant à [[Nerva (empereur romain)|Nerva]].
 
====== Le vainqueur de Clodius Albinus ======
En Bretagne, une menace plus sérieuse pèse sur la légitimité de Septime. [[Clodius Albinus]], légat de [[Bretagne (province romaine)|Bretagne]], également d'origine africaine, réclame une part du pouvoir. Il dispose de trois légions bien entraînées face aux Écossais. Septime se concilie habilement Clodius Albinus en lui accordant le titre de [[César (titre)|César]] et le consulat pour l'année 194. En [[195]], après une campagne contre les [[Parthes]], Septime Sévère fait proclamer Clodius Albinus ennemi public. Celui-ci traverse la Manche en [[196]] avec ses légions ({{formatnum:40000}} hommes). La [[Bataille de Lugdunum|bataille décisive]] a lieu en février [[197]] à proximité de [[Lugdunum]] ([[Lyon]]). Septimius et ses légions sont victorieux. Clodius s'enfuit et se donne la mort. Septime Sévère fait déshabiller la dépouille et la fait piétiner par son cheval ; la tête tranchée est envoyée à Rome, le corps est jeté dans le [[Rhône]]. La famille de Clodius n'est d'abord pas inquiétée, mais sa veuve et ses fils sont ultérieurement assassinés. 29 sénateurs qui avaient soutenu Clodius Albinus sont éliminés. Environ {{formatnum:5000}} personnes en dehors de Lyon sont ensuite assassinées. C'est après que débuta le sac de Lyon.
 
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=== Un règne civil ===
[[Fichier:Leptis Magna Arc de Septime Sévère.jpg|vignette|L'[[Leptis Magna#L.27arc de Septime S.C3.A9v.C3.A8re|arc de Septime Sévère]], édifié en [[203]] à l'occasion d'une visite de l'empereur dans sa ville natale, [[Leptis Magna]], en actuelle [[Libye]].]]
 
Alors que l'affirmation militaire de la monarchie est indéniable, on observe également une consolidation civile du pouvoir qui se manifeste dans l'entourage de l'empereur.
 
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== Une fin de règne assombrie par les querelles de succession et la dureté des campagnes militaires (202-211) ==
[[Fichier:Severan dynasty - tondo.jpg|thumb|Le ''[[Tondo severiano]]'': Septime Sévère, [[Julia Domna]] et [[Caracalla]], médaillon peint de [[Djemila]], en [[Égypte]], ''Staatliche Museen zu Berlin''.]]
 
Il cherche à consolider sa succession : il marie son fils [[Caracalla]] avec [[Plautilla]], la fille de Gaius Fulvius Plautianus, préfet de la garde prétorienne, avec lequel il est lié d’amitié. Les relations au sein du couple se détériorent cependant rapidement.
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