« Histoire de la langue française » : différence entre les versions

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Il resterait en français moderne plus de {{unité|1000|mots}} de cette origine (voir {{Lien|fr=Liste des mots français d'origine germanique|lang=en|trad=List of French words of Germanic origin|texte=Liste des mots français d'origine germanique}}) ; cette langue aurait modifié le protofrançais dans sa prononciation et plus légèrement dans sa syntaxe. Les [[Francs]] des premiers siècles parlaient davantage le bas-francique tandis que les Francs de l'époque de [[Charlemagne]] parlaient davantage des variétés [[haut-francique]]s comme le montrent les ''[[Serments de Strasbourg]]''<ref>La linguistique classe les langues issues de la sous-branche [[Groupe allemand|germano-néerlandaise]] des [[langues westiques]] en deux groupes distincts. Ainsi, le texte en ''theodisca lingua'' des [[Serments de Strasbourg]] est rédigé dans un [[francique rhénan]] de l'époque, une variété de francique appartenant au groupe haut allemand, qui était également la langue maternelle de Charlemagne</ref>.
 
C'est principalement l'importance de l'influencel’influence [[francique]] qui distingue la langue d'oïl de la langue d'oc. Le [[picard]], le [[wallon]] et le [[normand]] septentrional, ainsi que le [[Lorrain|bas-lorrain]], le [[champenois]] et le [[Bourguignon-morvandiau|bourguignon]] sont les langues néo-latines les plus germanisées,
<!--Gros souci d’anachronisme à partir d’ici (voire du début du paragraphe, je ne sais pas…) et jusqu’au commentaire suivant : passage qui semble décrire en vrac une évolution du français classique (un petit millénaire plus tard) avec une digression finale sur le français moderne. Sans parler de l’absence totale d sourçage. -->
alors que le français (francien) tend à se rapprocher du latin sous l'action des clercs et des érudits dès la fin du [[Moyen Âge]] et surtout à la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] avec l'emprunt de nombreux mots au latin classique, mais aussi à l'[[italien]]. Au niveau graphique par exemple, le français moderne a cherché à éliminer les lettres ''k'' et ''w'', jugées trop peu latines, alors que ces lettres furent employées couramment en ancien français (à comparer de ''La Chanson de Roland'' dans son texte original).
 
Parallèlement à l'emprunt néo-classique, les mots d'origine francique tendent à devenir moins nombreux :
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* ''sur'', -''e'' (abfrq. ''*sūr'', ancêtre du néerl. ''zuur'') moins utilisé désormais qu’''aigre'' ou ''acide''.
Cependant, quelques mots d'origine germanique ont pénétré le français (et non pas le gallo-roman) de manière plus tardive, par le biais de langues mieux attestées et plus contemporaines telles que l'anglais, le néerlandais ou l'allemand : « boulevard » ({{s-|XIV}} ; du moy. néerl. ''bolwerc''), « échoppe » ({{s-|XIII}} ; du moy. néerl. ''schoppe''), « nord »/« sud » ({{s-|XII}} ; du vieil anglais), « bâbord » / « tribord » ({{s-|XV}} ; du moy. néerl. ''bakboord'', ''stierboord''), etc. La tendance à remplacer certains mots d'origine allemande s'est encore vérifiée de manière plus récente pour des raisons politiques compréhensibles, par exemple l'allemand ''heimatlos'' « sans patrie » remplacé dans les années 1930 par ''apatride'', néologisme néo-classique, ou encore certains mots anglais d'apparence germanique comme ''walkman'', évincé par ''baladeur'', etc.
<!-- Fin du passage anachronique. -->
 
Avant le {{s-|V}}, de nombreux mots d'origine francique et gotique seraient entrés en latin bien avant les grandes invasions et principalement le gallo-roman<ref>Louis Guinet, ''Les Emprunts gallo-romans au germanique : du {{sp-|I|au|V}}'', éditions Klincksieck 1982.</ref>. Dès le {{s-|III}} notamment, des [[lètes]] germaniques s'installent en Gaule du Nord, d'autres sont en garnisons dans l'armée romaine aux frontières terrestres mais aussi maritimes de l'empire. Ainsi, par exemple, y avait-il de nombreux contacts entre Germains rhénans et Romains notamment en [[Gallia Belgica]]. Les Francs, en particulier, occupèrent de hautes fonctions dans l'administration romaine et dans l'armée, à l'origine de la dynastie mérovingienne entre autres. Avant les grandes invasions, les rapports entre Germains et Gallo-Romains sont tels que le [[Code théodosien]] (an [[370]]) interdit les mariages mixtes et les édits d'Honorius (fin {{IVe}}-début {{Ve}}) interdisent le port du costume barbare en ville (manteau de fourrure, cheveux longs, pantalons). Le mot ''Francia'' lui-même, qui devait désigner probablement une zone imprécise en Belgique romaine, est une latinisation du francique ''Franko'' qui date du {{s-|III}} (''Franko'', pour ''Franko(n) ; voir ''[[Franconie]]'' en français, ''Franken'' en allemand).
 
Du {{sp-|V|au|IX}}, en Gaule du Nord, le gallo-roman et le germanique cohabitent souvent. De même, la zone des parlers germaniques proprement dits s'étend vers le sud et l'ouest. La majeure partie de l'Alsace, une très grande partie de la Lorraine, la Flandre, le Boulonnais sont gagnés au germanique avant que celui-ci recule par endroit au Moyen Âge. Il était même de mode de donner aux enfants des prénoms germaniques, mode qui se perpétua, puisqu'{{refnec|au {{s-|IX}} neuf personnes sur dix portent un prénom d'origine franque}} (par exemple ''Gérard'' et ''Bernard'', ce qui explique qu'aujourd'hui ces deux prénoms se situent respectivement au deuxième et troisième rang des [[patronyme]]s les plus portés en France, en excluant les variantes régionales comme ''Girard, Guérard, Grard, Besnard, Bénard''). Les Mérovingiens, puis les Carolingiens sont bilingues ; [[Hugues Capet]] ({{s-|X}}) qui était de mère saxonne, semble avoir été le premier souverain de France à avoir eu besoin d'un interprète pour bien comprendre le francique ou certains de ses dialectes.
 
C'est le bilinguisme dans l'armée qui explique pourquoi les ''[[Serments de Strasbourg]]'' de [[842]] furent écrits en ''romana lingua'' et en ''teudisca lingua'' (''teudisca'', on rencontre aussi ''thiotisca'' et ''theodisca'', de même racine que l'allemand ''deutsch'', l'ancien français ''[[thiois]]'' et l'italien ''tedesco'' > « [[tudesque]] » ({{s-|XVIII}}) ; les alternances ''t''/''th'' et ''eu''/''eo''/''io'' reflètent des tentatives diverses de transcrire des sons absents de l'alphabet latin). On estime généralement que les ''Serments de Strasbourg'' sont le premier texte écrit en [[protofrançais]] (ou ''romana lingua'' ou encore [[roman (langue)|roman]]). Cette ''romana lingua'' ne ressemble pas beaucoup au français moderne mais elle en est l'ancêtre. La première mention de l'existence d'une langue romane ne date que de [[813]], lors du [[Concile de Tours (813)|concile de Tours]], réuni à l'initiative de [[Charlemagne]], qui impose désormais de prononcer les [[homélie]]s dans les langues vulgaires au lieu du [[latin]] :
:''rusticam Romanam linguam aut Theodiscam, quo facilius cuncti possint intellegere quae dicuntur'', c’est-à-dire dans
:« dans la « langue rustique romaine » (« [[langue romane]] de la campagne », [forme de [[français|protofrançais]] nommée ''roman'' ou ''[[gallo-roman]]'' (pour lal’actuelle France)] ou dans la « [[langue tudesque]] » ([''tiesche langue'' en ancien français) pour l'l’actuelle Allemagne], afin que tous puissent plus facilement comprendre ce qui est dit. dit »
C'est en effet à cette époque qu'en France on prend conscience qu'on parle une langue différente du latin, probablement parce que, de toutes les langues romanes, elle en est la plus éloignée. Il faut attendre entre [[880]] et [[881]] pour le premier texte littéraire, la ''[[Séquence de sainte Eulalie]]'', encore que l'on puisse considérer que la langue de ce texte est plus du [[picard]] que de la langue d'oïl de Paris<ref>Page 85 de ''CODIFICATION DES LANGUES DE FRANCE'' par Dominique Caubet, Salem Chaker, Jean Sibille, citant Alain Dawson du Centre d'Études Picardes de l'Université de Picardie http://books.google.fr/books?id=p3kftAeNAe4C&lpg=PP1&dq=fr&pg=PA85#v=onepage&q&f=false</ref>.
 
==== La substance du superstrat francique ====