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[[Guillaume Le Breton (chroniqueur)]] né vers 1165 en BRETAGNE dans le diocèse de Léon et mort vers 1225.  Envoyé à Nantes à l'âge de douze ans pour y achever ses études et cultiver des talens poétiques, déjà remarqués, du moins dans sa famille. Entré dans les ordres, il fut très-promptement appelé à la cour de Philippe-Auguste en qualité de clerc ou de chapelain.
* [[Guillaume Le Breton (chroniqueur)]] né vers 1165 et mort vers 1225
 
Poèmes:  Plusieurs poèmes historiques, celui d'Ermold le Noir sur le règne de Louis le Débonnaire, celui d'Abbon sur le siège de Paris par les Normands, etc. Aucun n'égale ''la Philippide ''de Guillaume le Breton en mérite et en importance: non que Guillaume soit un grand poète, comme l'ont pensé quelques érudits, toujours émus d'une paternelle admiration pour le manuscrit qu'ils ont lu presque seuls, ou mis au jour les premiers; aucun art de composition, aucune conception épique, aucune invention, ne se rencontrent dans son ouvrage; car quelques descriptions brillantes, quelques tirades animées par un sentiment énergique et vrai, ne font pas une épopée. ''La Philippide ''est, comme tant d'autres poèmes du VIe au XVe siècle, une chronique en vers; mais cette chronique, sous le point de vue moral et littéraire aussi bien qu'historique, n'en est pas moins d'une grande valeur. Si elle ne porte pas l'empreinte du génie de l'auteur, elle atteste les progrès de la civilisation et de l'esprit humain '''<sup>viii</sup>''' dans son pays et de son temps. Les poemes d'Ermold et d'Abbon appartiennent évidemment à une société barbare, non seulement sans institutions, mais sans idées, sans mouvement intellectuel, où la pensée et l'activité de l'homme se renferment dans la monotonie de ses habitudes et le cercle étroit des intérêts présents. Une histoire en vers n'est pour de tels écrivains qu'une œuvre un peu plus élaborée, où le travail de la construction des phrases sert, pour ainsi dire, de compensation à la stérilité des idées. Il est évident que Guillaume le Breton a déjà conçu de la poésie une idée plus juste et plus élevée; il sent qu'elle est appelée à retracer autre chose que des faits sans couleur et sans vie, qu'elle a le pouvoir de transporter l'imagination au milieu des scènes qu'elle représente, et qu'elle doit par conséquent les animer de toutes les circonstances, de tous les détails propres à produire sur l'esprit des lecteurs une impression semblable à celle qu'ont dû recevoir les témoins de l'action même. ''La Philippide ''sort donc de la sécheresse d'une pure narration. Si le poète ne peint pas, du moins il décrit; les mœurs des peuples, la situation des lieux, la forme des armes et des machines, les phénomènes de la nature entrent dans sa composition et y font passer quelque chose du mouvement intellectuel qui commençait à ''se ''produire en France; preuve cer- '''<sup>ix</sup>''' taine d'un accroissement de bien-être et de loisir qui permet à l'homme de porter sa curiosité sur des objets étrangers à l'intérêt du moment, et d'étendre la sphère de son existence. Ces descriptions contemporaines donnent à l'ouvrage de Guillaume le Breton un grand mérite historique; deux faits importans s'y révèlent d'ailleurs; la puissance complètement établie du lien féodal, manifestée en plusieurs endroits par l'expression du dévouement qu'il commande, et la naissance d'un sentiment national, dont les indices se font clairement reconnaître dans l'effet que produisit en France la victoire de Bovines; aux transports de joie et de fêtes qu'elle excita dans les moindres villages, à l'accueil qu'à son retour Philippe reçut partout sur sa route, enfin à la composition seule du poème, évidemment consacré à la gloire de ce grand événement, on pressent la différence qui commençait déjà à exister pour la France entre ces triomphes de province à province, de château à château, qui ne détruisaient que des Français, et une victoire remportée sur des Allemands et des Flamands; on aperçoit le germe de l'unité nationale, et la France est déjà, à ses propres yeux, autre chose que l'agrégation des possessions du comte de Champagne, du comte de Blois, groupées autour de celles du roi de Paris.
 
Quant à la confiance que peuvent mériter les ré- '''<sup>x</sup>''' cits de Guillaume, sa situation était de celles qui altèrent souvent la bonne foi de l'historien; mais un pareil danger était peu à redouter dans ces temps, où l'incertitude de la morale et la naïveté de l'intérêt personnel donnaient à la conscience une latitude très-favorable à la franchise des aveux; et il est certain que Guillaume était plus que personne à portée de savoir tout ce qu'il avait à raconter. Né vers 1165, en Bretagne, dans le diocèse de Léon, il avait été envoyé à Nantes à l'âge de douze ans pour y achever ses études et cultiver des talens poétiques, déjà remarqués, du moins dans sa famille. Entré dans les ordres, il fut très-promptement appelé à la cour de Philippe-Auguste en qualité de clerc ou de chapelain, et entra fort avant dans la confiance du prince, du moins en ce qui touchait ses affaires personnelles. Philippe l'envoya plusieurs fois à Rome pour obtenir du Pape qu'il approuvât son divorce avec Ingelburge de Danemarck; mission qui prouve à la fois et l'habileté reconnue de Guillaume et la complaisance de son zèle. Un poète de ses amis, Gilles de Paris, la lui a reprochée dans ses vers; et quoique Guillaume ait parlé de son influence dans les conseils, il paraît que sa familiarité avec le roi tenait à des services plus intimes. Il fut chargé dé l'éducation de Pierre Chariot, fils naturel de Philippe, mort en 1249 ''évêque ''de Tours. Il avait '''<sup>xi</sup>''' auparavant accompagné son maître, en qualité de chapelain, dans la plupart de ses expéditions militaires, et fut témoin oculaire de ce qu'il raconte, entre autres de la bataille de Bovines. Son poème de ''la Philippide, ''adressé à son élève Charlot, parut pour la première fois du vivant de Philippe: il y ajouta, en 1224, tout ce qui a rapport à la mort et aux obsèques de ce prince mort l'année précédente, et en fit alors hommage, par une seconde dédicace, au nouveau roi, Louis VIII. On ignore l'époque de la mort de Guillaume le Breton, on sait seulement qu'il survécut à Louis VIII mort en 1226. On ne connaît des biens d'Eglise qu'a dû lui procurer sa situation auprès du roi, qu'une place de chanoine au chapitre de Notre-Dame de Senlis, qu'il ne tint pas même de Philippe, mais de l'évêque Guérin, qui la lui conféra en 1219. On n'a aucun autre détail sur sa vie. Ses ouvrages sont au nombre de deux, ''la Philippide ''et une histoire en prose des ''Gestes de Philippe-Auguste, ''continuation de l'historien Rigord, qui avait écrit la vie de ce roi jusqu'en 1208. Celle de Guillaume s'arrête en 1219; très-probablement à l'époque où il fit paraître son poème pour la première fois. Elle est imprimée, jusqu'à l'année 1215, à la suite de l'histoire de Rigord, dans toutes les éditions et traductions de cet auteur; elle a paru toute entière, pour la première fois, dans le tome Ve '''<sup>xii</sup>''' de la ''Collection de Duchesne, ''et ensuite, dans le tome XVIe du ''Recueil des historiens de France; ''elle y a même été corrigée et complétée d'après un manuscrit trouvé dans la bibliothèque Cottonienne. Ces corrections et additions, renvoyées à la fin de ce volume du ''Recueil des historiens de France, ''déjà imprimé, lorsqu'on eut pour la première fois connaissance du manuscrit, seront rétablies dans le texte de l'histoire en prose de Guillaume le Breton, qui doit faire partie de l'une des prochaines livraisons de notre collection. Un long fragment de ''la Philippine ''parut pour la première fois à Anvers, en 1534, publié par Jacques Meyer, sous le titre de ''Bettum quod Philippus, Francorum rex'', ''cum Othone Anglis Flandrisque gessit, ''et le poème entier a été depuis imprimé plusieurs fois, entre autres en 1697, avec un savant commentaire de Gaspard Barth. On vient enfin d'en donner, dans le tome XVIIe du ''Recueil des historiens français, ''l'édition la plus correcte qui ait encore paru.
 
SOURCES:'''Oeuvre mise en page par  par Partick Hoffman'''
 
'''texte latin numérisé par Philippe Remacle''' 
 
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* [[Guillaume Le Breton (écrivain)|Guillaume Le Breton]], XVIe siècle
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[[Catégorie:Poèmes]]
{{DEFAULTSORT: plusieurs poèmes historiques, celui d'Ermold le Noir sur le règne de Louis le Débonnaire, celui d'Abbon sur le siège de Paris par les Normands, etc. Aucun n'égale la Philippide de Guillaume le Breton en mérite et en importance: non que Guillaume soit un grand poète, comme l'ont pensé quelques érudits, toujours émus d'une paternelle admiration pour le manuscrit qu'ils ont lu presque seuls, ou mis au jour les premiers; aucun art de composition, aucune conception épique, aucune invention, ne se rencontrent dans son ouvrage; car quelques descriptions brillantes, quelques tirades animées par un sentiment énergique et vrai, ne font pas une épopée. La Philippide est, comme tant d'autres poèmes du VIe au XVe siècle, une chronique en vers; mais cette chronique, sous le point de vue moral et littéraire aussi bien qu'historique, n'en est pas moins d'une grande valeur. Si elle ne porte pas l'empreinte du génie de l'auteur, elle atteste les progrès de la civilisation et de l'esprit humain viii dans son pays et de son temps. Les poemes d'Ermold et d'Abbon appartiennent évidemment à une société barbare, non seulement sans institutions, mais sans idées, sans mouvement intellectuel, où la pensée et l'activité de l'homme se renferment dans la monotonie de ses habitudes et le cercle étroit des intérêts présents. Une histoire en vers n'est pour de tels écrivains qu'une œuvre un peu plus élaborée, où le travail de la construction des phrases sert, pour ainsi dire, de compensation à la stérilité des idées. Il est évident que Guillaume le Breton a déjà conçu de la poésie une idée plus juste et plus élevée; il sent qu'elle est appelée à retracer autre chose que des faits sans couleur et sans vie, qu'elle a le pouvoir de transporter l'imagination au milieu des scènes qu'elle représente, et qu'elle doit par conséquent les animer de toutes les circonstances, de tous les détails propres à produire sur l'esprit des lecteurs une impression semblable à celle qu'ont dû recevoir les témoins de l'action même. La Philippide sort donc de la sécheresse d'une pure narration. Si le poète ne peint pas, du moins il décrit; les mœurs des peuples, la situation des lieux, la forme des armes et des machines, les phénomènes de la nature entrent dans sa composition et y font passer quelque chose du mouvement intellectuel qui commençait à se produire en France; preuve cer- ix taine d'un accroissement de bien-être et de loisir qui permet à l'homme de porter sa curiosité sur des objets étrangers à l'intérêt du moment, et d'étendre la sphère de son existence. Ces descriptions contemporaines donnent à l'ouvrage de Guillaume le Breton un grand mérite historique; deux faits importans s'y révèlent d'ailleurs; la puissance complètement établie du lien féodal, manifestée en plusieurs endroits par l'expression du dévouement qu'il commande, et la naissance d'un sentiment national, dont les indices se font clairement reconnaître dans l'effet que produisit en France la victoire de Bovines; aux transports de joie et de fêtes qu'elle excita dans les moindres villages, à l'accueil qu'à son retour Philippe reçut partout sur sa route, enfin à la composition seule du poème, évidemment consacré à la gloire de ce grand événement, on pressent la différence qui commençait déjà à exister pour la France entre ces triomphes de province à province, de château à château, qui ne détruisaient que des Français, et une victoire remportée sur des Allemands et des Flamands; on aperçoit le germe de l'unité nationale, et la France est déjà, à ses propres yeux, autre chose que l'agrégation des possessions du comte de Champagne, du comte de Blois, groupées autour de celles du roi de Paris. Quant à la confiance que peuvent mériter les ré- x cits de Guillaume, sa situation était de celles qui altèrent souvent la bonne foi de l'historien; mais un pareil danger était peu à redouter dans ces temps, où l'incertitude de la morale et la naïveté de l'intérêt personnel donnaient à la conscience une latitude très-favorable à la franchise des aveux; et il est certain que Guillaume était plus que personne à portée de savoir tout ce qu'il avait à raconter. Né vers 1165, en Bretagne, dans le diocèse de Léon, il avait été envoyé à Nantes à l'âge de douze ans pour y achever ses études et cultiver des talens poétiques, déjà remarqués, du moins dans sa famille. Entré dans les ordres, il fut très-promptement appelé à la cour de Philippe-Auguste en qualité de clerc ou de chapelain, et entra fort avant dans la confiance du prince, du moins en ce qui touchait ses affaires personnelles. Philippe l'envoya plusieurs fois à Rome pour obtenir du Pape qu'il approuvât son divorce avec Ingelburge de Danemarck; mission qui prouve à la fois et l'habileté reconnue de Guillaume et la complaisance de son zèle. Un poète de ses amis, Gilles de Paris, la lui a reprochée dans ses vers; et quoique Guillaume ait parlé de son influence dans les conseils, il paraît que sa familiarité avec le roi tenait à des services plus intimes. Il fut chargé dé l'éducation de Pierre Chariot, fils naturel de Philippe, mort en 1249 évêque de Tours. Il avait xi auparavant accompagné son maître, en qualité de chapelain, dans la plupart de ses expéditions militaires, et fut témoin oculaire de ce qu'il raconte, entre autres de la bataille de Bovines. Son poème de la Philippide, adressé à son élève Charlot, parut pour la première fois du vivant de Philippe: il y ajouta, en 1224, tout ce qui a rapport à la mort et aux obsèques de ce prince mort l'année précédente, et en fit alors hommage, par une seconde dédicace, au nouveau roi, Louis VIII. On ignore l'époque de la mort de Guillaume le Breton, on sait seulement qu'il survécut à Louis VIII mort en 1226. On ne connaît des biens d'Eglise qu'a dû lui procurer sa situation auprès du roi, qu'une place de chanoine au chapitre de Notre-Dame de Senlis, qu'il ne tint pas même de Philippe, mais de l'évêque Guérin, qui la lui conféra en 1219. On n'a aucun autre détail sur sa vie. Ses ouvrages sont au nombre de deux, la Philippide et une histoire en prose des Gestes de Philippe-Auguste, continuation de l'historien Rigord, qui avait écrit la vie de ce roi jusqu'en 1208. Celle de Guillaume s'arrête en 1219; très-probablement à l'époque où il fit paraître son poème pour la première fois. Elle est imprimée, jusqu'à l'année 1215, à la suite de l'histoire de Rigord, dans toutes les éditions et traductions de cet auteur; elle a paru toute entière, pour la première fois, dans le tome Ve xii de la Collection de Duchesne, et ensuite, dans le tome XVIe du Recueil des historiens de France; elle y a même été corrigée et complétée d'après un manuscrit trouvé dans la bibliothèque Cottonienne. Ces corrections et additions, renvoyées à la fin de ce volume du Recueil des historiens de France, déjà imprimé, lorsqu'on eut pour la première fois connaissance du manuscrit, seront rétablies dans le texte de l'histoire en prose de Guillaume le Breton, qui doit faire partie de l'une des prochaines livraisons de notre collection. Un long fragment de la Philippine parut pour la première fois à Anvers, en 1534, publié par Jacques Meyer, sous le titre de Bettum quod Philippus, Francorum rex, cum Othone Anglis Flandrisque gessit, et le poème entier a été depuis imprimé plusieurs fois, entre autres en 1697, avec un savant commentaire de Gaspard Barth. On vient enfin d'en donner, dans le tome XVIIe du Recueil des historiens français, l'édition la plus correcte qui ait encore paru.}}
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