« Meurthe (rivière) » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Meurthe}}
{{Infobox Cours d'eau
| nom = la Meurthe
| image = Neige34 IMG.JPG
| légende image = La Meurthe à [[Saint-Dié-des-Vosges]].
| carte = Carte_topographique_des_Vosges.svg
| légende carte = La Meurthe au nord-ouest des [[Massif des Vosges|Vosges]].
| longueur = 160.6
| longueur notes = <ref name=sandre />
| débit = 41.1
| débit lieu = la confluence<br />avec la [[Moselle (rivière)|Moselle]]
| débit notes =
| bassin = 3085 ou 3092
| bassin notes=ou 3092 km{{2}} = <ref name=sandre />
| pays = {{France}}
| régions = [[Grand Est]]
| subdivision1 = [[Meurthe-et-Moselle]], [[Vosges (département)|Vosges]]
| lien subdivision1 = [[département français|Départements]]
| subdivision2 =
| lien subdivision2 = [[arrondissement français|Arrondissements]]
| subdivision3 =
| lien subdivision3 = [[canton français|Cantons]]
| régime = [[Régime pluvio-nival|pluvio-nival]]
| source = entre le [[Hohneck]] et le [[col de la Schlucht]]
| source altitude = 1190
| source localisation = [[Le Valtin]]
| source latitude = 48.057
| source longitude = 7.014
| confluence = la [[Moselle (rivière)|Moselle]]
| confluence altitude = 197
| confluence localisation = entre [[Frouard]], [[Pompey]] et [[Custines]]
| confluence latitude = 48.7809
| confluence longitude = 6.1418
| bassin collecteur = le [[Rhin]]
| villes =
| affluents rive droite = [[Fave]], [[Robache]], [[Hure (affluent de la Meurthe)|Hure]], [[Rabodeau]], [[Plaine (rivière)|Plaine]], [[Vezouze]],
[[Sânon]], [[Roanne (affluent de la Meurthe)|Roanne]] [[Grémillon (cours d'eau)|Grémillon]], [[Amezule]]
| affluents rive gauche = [[Petite Meurthe]], [[Taintroué]], [[Valdange]], [[Mortagne (rivière)|Mortagne]]
| nombre de Strahler =
| organisme gestionnaire =
| sources = [[SANDRE]]:{{sandre|A6--0100|texte=A6--0100|source=non}}, [[Géoportail (France)|Géoportail]], [[Banque Hydro]]
}}
 
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Cette rivière canalisée pour franchir [[Nancy]] s’unit à la Moselle au [[lieu-dit]] La Gueule d'enfer à [[Custines]]. Comme la [[Moselle (rivière)|Moselle]] s'unit au Rhin à [[Coblence]], toutes ces eaux de surface parviennent à la [[mer du Nord]] et appartiennent au bassin français [[Rhin]]-[[Meuse (fleuve)|Meuse]].
 
La Meurthe est considérée comme la rivière qui a transporté au {{s mini-|XVIII|e}} le plus de bois de charpente et de chauffage par [[Flottage du bois (massif vosgien)|flottage en trains ou à bûches perdues]] dans tout le massif vosgien<ref>{{article|périodique=Le Pays Lorrain|auteur1=Arnaud Vauthier|titre=Le flottage du bois en Lorraine|sous-titre=Sa réglementation du XIV{{e}} au XVIII{{e}} siècle|pages=15-22|volume=82|mois=3|année=2001|éditeur=Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain|issn=0031-3394|plume=oui}}.</ref>. L'activité du [[flottage du bois]] y a perduré du {{s mini-|XV|e}} au {{s mini-|XIX|e}} siècle avec pour centre névralgique le port aux bois de [[Raon-l'Étape]] et les ports d'arrivage ou de redistribution de [[Lunéville]] et [[Nancy]]. Le commerce du bois de Haute-Meurthe permit ainsi la jonction avec la [[Moselle (rivière)|Moselle]] vers le [[Rhin]] et les ports de [[Hollande]], ce qui conféra à cette rivière une dimension économique internationale qu'elle n'a plus de nos jours.
 
== Géographie ==
[[Fichier: Source de la Meurthe.jpg|vignette|gauche|Source de la Meurthe au Montabey.]]
[[Image:St-Remy Baccarat.jpg|vignette|La Meurthe à [[Baccarat]].]]
La [[petite Meurthe]] prend sa source au Grand Valtin et s’écoule après le [[défilé de Straiture]] dans une ancienne vallée qui emprunte une ligne de failles surcreusée par les [[glacier]]s quaternaires sur la grande commune de [[Ban-sur-Meurthe-Clefcy]]. Née à près de {{formatnum:unité|1150|mètres}} mètres d'altitude, en contrebas de la chaume de ''Montabey'', sur la commune du [[Le Valtin|Valtin]], la '''''grande Meurthe''''' dévale rapidement vers le [[talweg]] de ''la Combe''. Elle traverse quelques étangs, au Rundstein et au Rudlin (''Étang des Dames''), arrose [[Plainfaing]] et rejoint la petite Meurthe après [[Fraize]]. Puis la Meurthe définitivement formée emprunte sa première grande vallée alluviale vers le nord au milieu des anciennes prairies d’[[Anould]], [[Saint-Léonard (Vosges)|Saint-Léonard]], [[Saulcy-sur-Meurthe]], [[Sainte-Marguerite (Vosges)|Sainte-Marguerite]]. Sur la commune de [[Saint-Dié-des-Vosges]], elle forme un coude en épousant les eaux de la [[Fave]] qui contournent vers l’occident le massif gréseux effondré de l’Ormont et emprunte ensuite une direction ouest et nord-ouest prédominante. Elle borde les prairies de [[Saint-Michel-sur-Meurthe]], [[La Voivre (Vosges)|La Voivre]] et [[Étival-Clairefontaine]]. Après le défilé des Châtelles, en amont de [[Raon-l'Étape]] où elle rejoint la Plaine, elle s’épanche dans une large vallée de [[Baccarat]] vers [[Saint-Clément (Meurthe-et-Moselle)|Saint-Clément]].
 
Ses eaux sont de moins en moins pures, de plus en plus chargées de sels calcaires des formations détritiques du début de l’ère secondaire. De [[Lunéville]] à [[Blainville-sur-l'Eau]], elle coule vers le sud, mais elle reprend sa direction dominante après [[Mont-sur-Meurthe]], où elle rejoint la [[Mortagne (rivière)|Mortagne]] venant de [[Magnières]] et de [[Rambervillers]]. Elle franchit le pays des salines à Rosières, [[Dombasle-sur-Meurthe]] où le [[Sânon]] apporte les eaux du Saulnois, [[Varangéville]] et passe sous le pont de la prestigieuse [[Saint-Nicolas-de-Port]]. Cette contrée lui a valu la triste réputation en aval il y a plus d’un siècle d’être le plus grand déversoir d’eaux saumâtres d’Europe, en particulier de chlorure de calcium rejeté par le [[procédé Solvay]]. Quittant la tranquille [[Art-sur-Meurthe]], elle rejoint la trépidante agglomération de [[Nancy]], où la franchit le [[pont de Malzéville]] datant de la fin du {{s|XV|e}}, puis arrive à son confluent avec la [[Moselle (rivière)|Moselle]] à « la Gueule d'Enfer », lieu-dit de [[Custines]]<ref>Louis DEROY, Marianne MULON, ''Dictionnaire des noms de lieux'', Les Usuels, Le Robert, 1992.</ref> (cette commune de confluence, autrefois active localité batelière, s'est longtemps appelée Condé, altération du celtique Condate signifiant confluent).
 
C'est au début de l'ère [[quaternaire]]<ref>Losson B. (2003) - [http://www.sudoc.fr/131963090 ''Karstification et capture de la Moselle (Lorraine, France) : vers une identification des interactions''], Thèse de doctorat de géographie, Université de Metz, 510 pages + annexes (196 pages) et planches (94 pages).</ref>, que la Haute-Moselle fut détournée de son cours par un affluent de la Meurthe, le [[Terrouin]], pour rejoindre finalement la Meurthe.
 
La longueur du cours d'eau s'estime entre 159 et {{unité|159 et 170|kilomètres}} selon le type de mesure<ref group=notes>Pour cette dernière mesure fractale, la baguette de mesure est de l'ordre d'une dizaine de mètres.</ref>. La référence française en la matière, le [[SANDRE]] statue à {{unité|160.6|km}}<ref name=sandre>{{sandre|A6--0100|La Meurthe|consulté le=3 juillet 2013}}.</ref>. Ses principaux affluents sont la [[Fave]], le [[Rabodeau]], la [[Plaine (rivière)|Plaine]], la [[Vezouze]], la [[Mortagne (rivière)|Mortagne]] et le [[Sânon]].
 
=== Bassin versant ===
Son bassin s'étend sur {{unité|3085|km|2}} et son débit moyen s'établit à {{Unitéunité|41.1|m³|3|/s}}.
 
=== Organisme gestionnaire ===
{{...}}
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[[Fichier:Gueule d'enfer.jpg|thumb|La ''Gueule d'enfer'', confluent de la Meurthe (à droite) et de la [[moselle (rivière)|Moselle]] (à gauche et en face).]]
Les principaux cours d'eau de son bassin sont, d'amont en aval :
* La [[Petite Meurthe]] (G)
* La [[Fave]] (D)
* Le [[Robache]] (D)
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== Hydronymie ==
Les premières attestations de l'[[hydronyme]], contemporaine de la formation des bans mérovingiens et de la mise en place des lois qui se fondent par [[cartulaire]]s, sont latinisées : ''Murtha fluvius'' en 667, ''Murta'' en 671. La Meurthe sert déjà de barrières et de limites aux micro-pouvoirs politiques. On retrouve des formes vernaculaires en fin d'époque carolingienne : ''Murt'' en 880, ''Mort'' en 912, ''Murth'' en 1073, ''Murtis'' en 1156, ''Muert'' en 1289, ''Murt'' en 1318, ''Mur'' en 1325, ''Meux'' en 1429<ref>Dictionnaire géographique de la Meurthe, avec une carte du département-Henri Lepage-1860.</ref>.
 
== Histoire d'une rivière et de sa vallée ==
 
[[Image:Meurthenancy.jpg|thumb|left|À la limite de [[Nancy]] et de [[Tomblaine]].]]
L'histoire de la Meurthe n'est point banale, et le géologue le sait mieux que quiconque. Son bassin fortement surcreusé par les puissantes eaux de fonte des [[glacier]]s vosgiens a dans un passé géologiquement très récent [[Capture (hydrographie)|capturé]] les eaux de la [[Moselle (rivière)|Moselle]].
 
Le rôle des eaux qui rejoignent la vallée ou forment le lit principal est indiqué par l’étymologie celte de la Meurthe, si proche de celle de son affluent la Mortagne<ref group=notes>Correspond aussi au même étymon la Morte affluent de la [[Fave]]. [[Raves]], village où coule cette rivière Morte était un autre nom de la rivière pour les anciens. En réalité, il s'agit d'un correspondant latin, basée sur la racine rapina, indiquant rapiner, raviner, emporter.</ref>. Cette vieille racine indo-européenne désigne précisément les alluvions, les terres d'alluvionnement et par extension les eaux qui charrient, apportent ou enlèvent ces matériaux alluvionnaires. Le terme désigne à la fois l'espace de sédimentation et la rigole avec les eaux qui provoquent l’érosion terreuse. Rappelons-nous aussi cette capacité des eaux d’emporter la neige quand survient le printemps. Les enfants de la montagne célébraient autrefois les [[champs golots]], les terres cultivées où les eaux « goulottent », comme si elles mangeaient la neige ! Une petite Meurthe dévore les terres, la Meurthe rigole !
La première mention écrite sur la Meurthe, de l'[[époque mérovingienne]], ''{{Citation|Murta, vastus et piscosus fluvius}}'' a aussi de quoi surprendre car elle concerne son cours vosgien. « La Meurthe, vaste fleuve poissonneux » n’inclut pas alors seulement les eaux courantes, mais aussi les bras morts, les épanchements de sa nappe phréatique, c’est-à-dire dans le jargon écologique les zones humides connexes alimentées par la rivière et sa [[nappe alluviale]]. Jusqu'au milieu du [[Moyen Âge]] au moins, de nombreux cours d'eau n'avaient pas été canalisés, régulés, rectifiés, et les [[embâcles naturels]] (entrelacs d'arbres et branches) et barrages de [[Castor fiber|castors]] pouvaient former de larges seuils naturels capables d'élargir le fleuve et d'encourager son méandrement.
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Il y a sur ses bords des traces effacées, enfouies sous ces [[limon (roche)|limons]], de vieilles civilisations des eaux et des rivières. Ils sont les ancêtres solidaires de ces modestes pêcheurs-chasseurs, devenus petits [[maraîcher]]s, qui creusent encore, au début du siècle précédent, les [[étang]]s et [[vivier]]s à la force de leur bras. Et il est fascinant de pouvoir entrevoir la rencontre de ces peuples au cours du [[Néolithique]] et des premiers âges des métaux, avec d’autres civilisations moins migrantes. Les peuples des collines, cultivateurs de champs en terrasses et éleveurs de petit bétail, blottis près des sources et surtout les tribus semi-nomades de gros éleveurs, défrichant les [[chaumes]] et aménageant de vastes prairies leur ont disputé une partie de cet espace naturel. Malgré les différences de modes de vie, de croyances et de pratiques, une coexistence tolérante s’est instaurée. Les religions celtes, puis gallo-romaines surtout plus tolérantes du second Empire et la tradition de liberté judéo-chrétienne permettent sur le long terme une fusion partielle des héritages.
 
La Meurthe n'était pas partout un obstacle au franchissement. Elle a été franchie très communément à [[gué]] ou par bac au-dessus des hauts-fonds. Les ponts reliant des rives hautes sont exceptionnels. Un soubassement de pont gaulois du {{s-|I|er}} {{av JC}} a été mis au jour à [[Étival-Clairefontaine]], en contrebas du camp de la [[Pierre d'Appel]]<ref group=notes>Fouilles dirigées par Alain Deyber dans les années 1970, Inventaire des matériaux au musée de Saint-Dié.</ref>. Il est fort probable que la ''via salinatorum'' ou voie des Saulniers a franchi par un pont romain continûment ce secteur de rivière. En amont, il n'y aurait aucun pont connu de façon fiable avant l'époque moderne. En aval, La Neuveville et [[Raon-l'Étape]], communautés érigées en villes respectivement au {{s-|XII|e}} et au sud, au {{s-|XIII|e}} et au nord de la rivière, n'ont été réunies par un grand pont qu'après 1890. Mais l'absence de ponts conséquents ne signifie pas un aménagement réduit de la rivière. Partout et dans des endroits aujourd'hui insoupçonnés, elle a été barrée, aménagée, déviée et ses anciens lits d'alluvions ou bras colmatés, constamment recreusés pour de multiples fins : constitutions de viviers ou d'étangs, rétention, canalisation et prise hydraulique à des fins d'irrigations de prairies, d'énergie motrice (puis électrique) pour les moulins, organisation du [[flottage de bois]], etc.
 
L'historien soupçonne le développement d'un flottage intense à la fin du {{s-|XII|e}}. Les ports de La Neuveville (aujourd'hui sur la commune de Raon-l'Étape) et de Bourmont ([[Nompatelize]]), sous le contrôle de l'abbé et des chanoines prémontrés d'Étival apparaissent comme les jalons connus de ce mode de transport, sans doute encore plus ancien.
[[Fichier:Pont de Malzéville.JPG|thumb|Le [[Pont de Malzéville]] sur la Meurthe, datant du {{s|XV|e}}.]]
Du {{s-|XIV|e}} jusqu'au-delà du {{s-|XIX|e}}, les archives prouvent que la Meurthe et ses affluents servent au flottage<ref>TISSELIN François, CORNIL Monique, La Meurthe, une rivière flottable, ''Sous la Bure'', n° 11, janvier 2006 ; p.25-84.
L’étude rétrospective de l’utilisation de la Meurthe, en aval de Saint-Dié, montre un changement radical. Au début du {{s-|XIX|e}}, la rivière a un cours erratique, les inondations lui faisant changer de cours à maintes reprises. La Meurthe est alors un cours d’eau flottable depuis le confluent de la Fave. Son rôle économique est important puisqu’elle fournit la seule possibilité de transporter une matière pondéreuse à faible coût vers les zones utilisatrices de bois au nord-ouest de l’Europe. De plus, la Meurthe permet de faire fonctionner un système complexe de rigoles d’irrigation des prairies. Une autre activité a profondément bouleversé la topographie du fond de la vallée : les [[extraction de sable|sablières]] et [[ballastière]]s s'y sont succédé laissant, après exploitation, des étangs et un relief tourmenté. Les archives et d'anciens plans conservent une description précise de nombreux aménagements anciens.
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La lenteur des ''trains de bois'' est proverbiale. Deux oualous sur leur train de planches d'une cinquantaine de mètres en piquant çà et là les berges avec leurs perches ou forêts n'accomplissent que vingt kilomètres par jour. Un fantassin pouvait marcher trois fois plus vite, une locomotive tirer ses lourds wagons trente fois plus vite !
 
Au début des années [[1860]], plus de trois cent familles à Raon-l'Etape et La Neuveville vivent directement du flottage par voiles. {{formatnum:unité|80000|tonnes}} tonnes de bois sont évacués chaque année du massif, par voiles de {{unité|20 à 30 |tonnes}}.
 
L'arrivée du chemin de fer a sonné le glas du flottage. Pourtant il se maintient plus de trente ans après l'inauguration de la voie ferrée de Lunéville à Saint-Dié en 1864. L'ouragan de 1902 laisse plus d'un million de stères de chablis qui réveille le moribond. Le flottage par radeaux et par bois bôlés reprend vigueur pour s'éteindre définitivement en 1905. Il ne faut pas confondre les voiles ou radeaux de bois de toutes tailles avec le ''boloyage'' ou flottage à bûches perdues qui nécessite une autre organisation coordonnée au long de la rivière et surtout une vigilance habile pour éviter les vols.
 
Un des plus gros clients de bois de chauffage est installé après la fin du {{s-|XVIII|e}} en rive de Meurthe : la [[Cristal (verre)|cristallerie]] de [[Baccarat]] commande et récupère surtout des flottages réguliers à bûches perdues. Ces ''bois bolés'' d'une longueur d'un mètre ont pu représenter un approvisionnement de {{formatnum:unité|10000|tonnes}} tonnes par an<ref group=notes>Lire VARTIER supra. Le journaliste rambuvetais Jean Vartier connaissait le monde du bois et du flottage.</ref>.
 
À Nancy, pour lutter contre les dégâts des [[inondation]]s, le tracé du [[canal de la Marne au Rhin]] a isolé la Meurthe des zones sensibles. Venant de [[Toul]], le [[canal de la Marne au Rhin]] longe la rivière de [[Frouard]] à [[Dombasle-sur-Meurthe|Dombasle]] puis remonte le Sânon en direction de l'Alsace.
 
== Hydrologie ==
[[File:Meurthe au Moulin Noir.jpg|thumb|[[Seuil (barrage)|Seuil]] et passerelle sur la Meurthe au lieu-dit ''Le Moulin Noir'' à [[Lay-Saint-Christophe]].]]
La Meurthe est une rivière abondante, à l'instar de ses voisines de la région des [[massif des Vosges|Vosges]].
 
=== La Meurthe à Malzéville ===
Son débit a été observé sur une période de 48 ans (1960-2007), à [[Malzéville]], localité du département de [[Meurthe-et-Moselle]] située à la sortie nord de Nancy peu avant son confluent avec la [[Moselle (rivière)|Moselle]] <ref name=hydro>{{Hydro|A6941020|texte=La Meurthe à Malzéville|consulté le=3 juillet 2013}}</ref>. Le bassin versant de la rivière y est de {{unité|2960|km|2}} (soit la presque totalité du bassin versant qui fait {{unité|3085|km|2}}).
 
Le [[module (hydrologie)|module]] de la rivière à Malzéville est de {{unité|39.7|m{{|3}}|/s}}.
 
La Meurthe présente des fluctuations saisonnières de débit assez marquées, comme très souvent dans l'est de la France, avec des hautes eaux d'hiver-printemps portant le débit mensuel moyen à un niveau situé entre {{unité|47,.7 et {{unité|64.4|m{{|3}}|/s}}, de décembre à avril inclus (avec un maximum en février), et des basses eaux d'été, de juillet à septembre, avec une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à {{unité|16.6|m{{|3}}|/s}} au mois d'août. Mais ces moyennes mensuelles ne sont que des moyennes et occultent des fluctuations bien plus prononcées sur de courtes périodes.
 
{{Relevé hydrologique
|station=A6941020 - La Meurthe à [[Malzéville]] pour un bassin versant de 2960 km{{2}}<ref name=hydro />
|date= données calculées sur 48 ans de 1960 à 2007
|unité=m{{3}}/s
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|dec1=62.40
}}
 
=== Étiage ou basses eaux ===
Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusque {{unité|4.1|m{{|3}}|/s}}, en cas de période quinquennale sèche, ce qui est assez bas, à peine supérieur à celui de l'Essonne en Île-de-France.
 
=== Crues ===
Les crues peuvent être, quant à elles, très importantes. Ainsi le débit instantané maximal enregistré a été de {{unité|808|m{{|3}}|/s}} le 4 octobre 2006, tandis que la valeur journalière maximale était de {{unité|754|m{{|3}}|/s}} le 27 mai 1983. Le [[QIX (hydrologie)|QIX]] 10 est de {{unité|510|m{{|3}}|/s}}, le QIX 20 de {{unité|600|m{{|3}}|/s}} et le QIX 50 de {{unité|710|m{{|3}}|/s}}. Les QIX 2 et QIX 5 valent quant à eux respectivement {{unité|290 et {{unité|430|m{{|3}}|/s}}. D'où il ressort que les crues d'octobre 2006 étaient plus que cinquantennales, peut-être centennales, et dans tous les cas très exceptionnelles.
 
À titre de comparaison avec une importante rivière du bassin parisien, soulignons que le QIX 10 de la [[Marne (rivière)|Marne]], à son entrée dans l'agglomération parisienne, vaut {{unité|510|m{{|3}}|/s}} (identique à celui de la Meurthe) et son QIX 50 se monte à {{unité|600|m{{|3}}|/s}} (contre 650 pour la Meurthe), et ce malgré un bassin plus de quatre fois plus étendu.
 
=== Lame d'eau et débit spécifique ===
La Meurthe est une rivière abondante, alimentée par des précipitations elles aussi abondantes dans la région vosgienne. La [[lame d'eau]] écoulée dans son bassin versant est de {{unité|425 |millimètres}} annuellement, ce qui est élevé, nettement supérieur à la moyenne d'ensemble de la France, mais légèrement inférieur à la moyenne de la totalité du bassin français de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] ({{unité|445 |millimètres}} par an à Hauconcourt). Le [[débit spécifique]] (ou Qsp) atteint le chiffre de {{unité|13.4|litres}} par seconde et par kilomètre carré de bassin.
 
== Un voyage géologique et écologique ==
[[Image:PontBailey.jpg|thumb|[[Pont Bailey]] sur la Meurthe à [[Saint-Dié-des-Vosges]] (remplacé 2009).]]
La topographie de ce qui est aujourd'hui la vallée de la Meurthe est le résultat lointain de l'intense fracturation au début du Tertiaire il y a 60 millions d'années. La formation continue du graben alsacien et une multitude de diaclases, failles de toutes sortes et leurs réactivations par les séismes ou l'activité volcanique, ont donné les orientations principales à l'écoulement des eaux et plus tard des glaces en dégel.
 
La haute vallée de la Meurthe est en effet marquée par les glaciations de l'ère quaternaire<ref>Georges CORROY, ''Les Glaciers des Hautes Vosges et les eaux du bassin actuel de la Meurthe'', conférence APRONA du vendredi 30 mars 1975, Compte-rendu de 12 pages, Association déodatienne de l'Environnement urbain et de la protection de la nature vosgienne, Archives Bibliothèque St-Dié BR 50.789</ref>. Si les glaciers en forme de calottes ou de plateaux d'avant Mindel sont méconnus et probablement très vastes, les importantes glaciations de l'époque Riess et les multiples glaciations würmiennes, mieux cernées par les spécialistes belges, surcreusant les hautes vallées ont contribué à l'énorme puissance de la rivière Meurthe pendant les phases de fonte glaciaire<ref group=notes>Quelques dates repères : Mindel il y a plus de {{formatnum:unité|400000|ans}} ans, extension maximale Riess il y a {{formatnum:unité|160000|ans}} ans, Phases glaciaires dites de Würm il y a {{formatnum:80000}}, {{formatnum:50000}}, {{formatnum:35000}} et finalement {{formatnum:unité|10000|ans}} ans !</ref>.
 
Le géologue le moins chevronné explique ainsi les dépôts d'alluvions de l'ancienne grande vallée dans le secteur de Saint-Dié, bien visibles en particulier sur les hauteurs du bois de Grattain ou du cimetière de la Côte Calot. Il surplombe parfois de plus de {{unité|70 |mètres}} le niveau actuel.
 
Le thalweg alluvionnaire est large de {{unité|2 |kilomètres}} à [[Saulcy-sur-Meurthe]]. De [[Anould]] à cette localité, de vastes accumulations de galets fluvio-glaciaires expliquent la riche nappe phréatique, qui suffit amplement aux besoins industriels et communautaires<ref group=notes> La vitesse de circulation de l'eau est de l'ordre du mètre par jour. L'eau est relativement pure, elle est qualifiée de siliceuse, bien qu'elle contiennent des traces de Ca, Mg, Na et Fe. Elle provient de vastes zones dominées par les granits et les gneiss de la haute vallée de la Meurthe. La ville de Saint-Dié capte à Saulcy-sur-Meurthe pour assurer ses besoins d'eaux depuis les années 1990.</ref>.
 
Particularité d'un encaissement toutefois très modéré du thalweg, à partir de Sainte-Marguerite, les alluvions récentes, plus sableuses, au voisinage des premiers reliefs, ont généré des nappes basses, aquifères d'extension réduites, au-dessus de la nappe phréatique plus profonde<ref group=notes>Beaucoup plus modestes, ces aquifères surplombant sans se mélanger à la principale nappe peuvent être aussi exploités comme source aqueuse, ainsi le captage en amont du hameau de Grattain. Provenant des grès rouges, l'eau est souvent ferrugineuse. L'eau dans les deux cas est bien référencé par les services spécialisées : connaissance de la température, résistivité, radioactivité, dureté, pH….</ref>.
 
La Meurthe traverse ainsi sur ces anciennes alluvions le bassin permien de Saint-Dié caractérisé par les vieux grès rouges d'il y a 260 millions d'années, qui comportent aussi des couches d'argiles, des épandages de galets et fines nappes calcaires, résultats de divers dépôts hydrauliques ou de transgressions lacustres ou marines de cette époque principalement torride. À Baccarat, la rivière a installé son lit alluvial entre les grès roses triasiques d'il y a 230 million d'années. Elle poursuit dans les derniers étages triasiques, marneux, calcaire et salins. L'eau de sa nappe phréatique devient de plus en plus dure et n'est plus potable<ref group=notes>En termes de chimiste hydrologue, la dureté est le contraire de la pureté. Le critère est la quantité d'électrolytes ou ions, ainsi que des corps dissous dans la phase liquide. Une eau pure en contient peu, quitte à être agressive. Une eau dure en contient beaucoup, quitte à en déposer facilement sur les surfaces en contact.</ref>.
Ligne 200 ⟶ 204 :
* [[liste de rivières de France]]
* la [[liste des cours d'eau du département des Vosges]]
* [[Flottage du bois (massif vosgien)|Flottage du bois dans le massif vosgien]]
{{fin de colonnes}}
 
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=== Notes ===
{{Références|groupe=notes|taille=30}}
 
=== Références ===
{{Références|taille=30}}
 
{{Palette|Cours d'eau principaux des bassins versants Rhin-Meuse|Affluents du Rhin}}
 
{{Portail|lacs et cours d'eau|Meurthe-et-Moselle|Vosges}}
 
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