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Le {{arabe|'''Coran'''|القُرْآن|al-Qor’ân|signifiant « la récitation »}} est le [[texte sacré]] de l'[[islam]]. Pour les [[musulman]]s, il reprend ''verbatim'' la parole du Dieu unique. Ce Livrelivre reste le premier etest le plus ancien document littéraire, complet<ref group=Note>{{Citation|Auparavant, il existait quelques textes rimés, chansons et poésies en arabe, et ceci explique que le Koran soit rythmé}}. D'après Guy Franco, «  L'Islam aujourd'hui  », dans  [httphttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97869384 Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse], vol. 157, 1995, {{p. |198}}</ref> et authentique connu en arabe jusqu'connu à ce jour<ref>{{Chapitre|prénom1=Jacques|nom1=Langhade|titre chapitre=Chapitre I. La langue du coran et du Ḥadīṯ|titre ouvrage=Du Coran à la philosophie  : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi|éditeur=Presses Jacquesde Langhadel’Ifpo|collection=Études [arabes, médiévales et modernes|date=2014-03-10|isbn=9782351595008|lire en ligne=http://books.openedition.org/ifpo/5268?lang=fr|consulté En ligne] sur l'[[ifpo]]le=2018-07-23|passage=17–82}}, paragraphe 6.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |auteur=[[François Déroche]] |titre chapitre=La calligraphie dans le monde musulman |titre ouvrage=Contemporary Philosophy: A New Survey|éditeur=Springer Science & Business Media|année=2007 |passage=142}}</ref>. alors que laLa tradition musulmane le présente comme le premierun ouvrage en arabe « clair » ou « pur », avec le caractère spécifique d'[[Dogme de l'inimitabilité du Coran|inimitabilité]] dans la beauté et dans les idées.
 
Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d'[[Allah]], [[Aya (islam)|révélations]] (''āyāt'') faites au dernier [[prophète]] et messager de Dieu [[Mahomet]] ({{lang|ar|محمد}}, ''Muḥammad'', « le loué ») à partir de 610–612 jusqu'à sa mort en 632<ref>{{ouvrage|prénom1=Alain|nom1=Ducellier|prénom2=Françoise|nom2=Micheau|titre=Les Pays d'Islam {{sp-|VII|e|-|XV|e}}|éditeur=Hachette|année=2007|passage=16-17}}.</ref> par l'[[Gabriel (archange)|archange Gabriel]] ({{lang|ar|جبريل}}, ''Jibrîl'').
 
Le Coran est parfois appelé simplement ''al-kitâb'' (« le Livre »), ''adh-dhikr'' (« le Rappel ») ou encore ''al-furqân'' (« le Discernement »). En ce sens, il est, pour les musulmans, l'expression d'un attribut incréé de Dieu adressée à l'intention de toute l'[[humanité]]. Les conditions de la mise par écrit puis de la fixation canonique du texte, plus complexes que lales traditions tardives qui traditiones faitfont remonter au troisième [[calife]], [[Othmân ibn Affân|Uthmân]], font toujours l'objet de recherches et de débats parmi les exégètes et historiens du {{s-|XXI|e}}.
 
== Étymologie ==
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[[Fichier:OpeningKoran.jpg|thumb|right|Coran datant de [[1867]] à [[Istanbul]] en [[Turquie]]. Il s'agit de la première sourate nommée traditionnellement [[Fatiha|Al-Fatiha]] (l'ouverture).]]
 
Selon la tradition musulmane, à la suite de la mort de Mahomet, la fixation d'un texte tenu pour seul recevable, la recension officielle, aurait été défini sous le troisième calife, [[Othmân ibn Affân|Othman]], entre 644 et 656 de l'ère chrétienne. Othman a ressenti le besoin de fixer le texte après la mort de beaucoup de compagnons du prophète experts en récitation (les ''qurrâ’'' ou récitateurs du Coran). Selon la tradition, tous les exemplaires connus de recensions divergentes (quant aux sourates ou à l'ordre de celles-ci) furent alors détruits pour ne garder que la « vulgate d'Othman »<ref name="A">Régis Blachère, Claude Gilliot, « Coran (al-Quran) », ''Encyclopædia Universalis.''</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Mohammad Ali Amir-Moezzi]]|titre=Le Coran silencieux et le Coran parlant: Sources scripturaires de l'islam entre histoire et ferveur|éditeur=CNRS Éditions|date=|passage=77}}</ref>. Elles sont assemblées dans un ordre de longueur assez sensiblement décroissant, et non dans l'ordre chronologique des révélations. Cet ordre tel que nous le connaissons aurait été établi, selon les savants musulmans qui divergent à ce sujet, soit par les compagnons après la mort de Mahomet, soit par le prophète lui-même, soit en partie par le prophète et en partie par ses compagnons<ref name=Shehâtah>Abd Allah Shehâtah, ''Introduction aux sciences du Coran'' en pdf, {{p.|16-17}}</ref>.
 
DesLes manuscrits anciens montrent des ordonnancements de sourates différents dedes l'officielsourates. Selon Moezzi, {{Citation|22 % des {{nombre|926|groupes}} de fragments étudiés présentent un ordre de succession de sourates complement différent de l'ordre connu.}} À propos des manuscrits de San'â, ilAmir Moezzi précise que l'ordre des sourates rappelle les recensions d'Ubay et d'Ibn Mas'ûd<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Cuypers|prénom2=Geneviève|nom2=Gobillot|titre=Le Coran: idées reçues sur le Coran|éditeur=Le Cavalier Bleu Editions|date=2015-07-01|isbn=9782846706674|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=dAwNCgAAQBAJ&pg=PT14&lpg=PT14&dq=manuscrit+ordre+sourate&source=bl&ots=VOTZA-71G2&sig=ULTeOOa41QUWdTPilQpVvvBYdd4&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiys9v2xbTcAhUHDOwKHT2vDgwQ6AEIjAEwBw#v=onepage&q=manuscrit%20ordre%20sourate&f=false|consulté le=2018-07-23}}</ref>. Elles sont assemblées alors dans un ordre de longueur assez sensiblement décroissant, et non dans l'ordre chronologique des révélations. Cet ordre tel que nous le connaissons aurait été établi, selon les savants musulmans qui divergent à ce sujet, soit par les compagnons après la mort de Mahomet, soit par le prophète lui-même, soit en partie par le prophète et en partie par ses compagnons<ref name="Shehâtah">Abd Allah Shehâtah, ''Introduction aux sciences du Coran'' en pdf, {{p.|16-17}}</ref>. Diverses tentatives ont été faites pour reconstituer l'ordre chronologique des sourates, y compris par des [[Orientalisme scientifique|orientalistes]] européens tels que [[Régis Blachère|Blachère]]. Des critiques font remarquer toutefois que cet ordre chronologique est trop dépendant de la biographie de Mahomet<ref>Gabriel Said Reynolds, ''Le problème de la chronologie du Coran'', University of Notre Dame.</ref>.
 
Diverses tentatives ont été faites pour reconstituer l'ordre chronologique des sourates, y compris par des [[Orientalisme scientifique|orientalistes]] européens tels que [[Régis Blachère|Blachère]]. Des critiques font remarquer toutefois que cet ordre chronologique est trop dépendant de la biographie de Mahomet<ref>Gabriel Said Reynolds, ''Le problème de la chronologie du Coran'', University of Notre Dame.</ref>.
 
Des études récentes comme celles de {{Lien|fr=Amin Ahsan Islahi|lang=en}} ou [[Michel Cuypers]] montrent que les sourates fonctionnent par paires thématiques ; par similitude, antithèse ou complémentarité. Pour Islahi, tout le Coran serait organisé en sept grands groupes<ref>{{Lien|Amin Ahsan Islahi}}, ''Tadabbur-i Qur’an'', Lahore: Faran Foundation, 1986</ref>. Michel Cuypers, lui, vérifie par un autre procédé que les sourates fonctionnent par paires dans certaines parties du Coran qu'il a pu étudier, et que ces paires fonctionnent souvent par groupe de 2, 3 ou 4 paires<ref>Michel Cuypers, ''La composition rhétorique des sourates 81 à 84,'' Annales islamologiques 37, 2003</ref>.
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==== Personnages ====
Dans le Coran ne se trouvent que {{nombre|35|noms}} de personnages humains en majorité bibliques : {{nombre|6|personnages}} ([[Abu Lahab]], Ahmed (identifié à Mahomet), [[Dhû-l-Qarnayn]], Muhammad ([[Mahomet]]), [[Tubbaʿ]] et [[Zayd ibn Harithah|Zayd]]), {{nombre|5|prophètes}} arabes ([[Hûd]], [[Idris (prophète)|Idris]], [[Luqman]], [[Ṣaliḥ]] et [[Shuʿayb]]) et {{nombre|24|personnages}} bibliques<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Christian Julien|nom1=ROBIN|titre=L'Arabie dans le Coran. Réexamen de quelques termes à la lumière des inscriptions préislamiques|périodique=Les origines du Coran, le Coran des origines|date=2015|issn=|lire en ligne=https://www.academia.edu/26831582/2015_LArabie_dans_le_Coran._R%C3%A9examen_de_quelques_termes_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re_des_inscriptions_pr%C3%A9islamiques|consulté le=2018-07-23|pages=}}</ref>.
 
Bien que [[Mahomet]] ne soit nommé que quatre fois, il y est omniprésent, notamment lorsque le Coran l'interpelle {{nombre|332|fois}} avec le terme « dis » (« qul »). Pour ce qui est des sourates 1 à 70 qui représentent plus du 9/{{10e}} de la totalité du Coran, seule la {{nobr|sourate 55}} (''Le Miséricordieux'') ne contient aucun verset renvoyant explicitement ou implicitement au Prophète<ref>Langhade J., Chapitre I. ''La langue du coran et du Ḥadīṯ'', in : ''Du Coran à la philosophie : La langue arabe et la formation du vocabulaire philosophique de Farabi'', Damas : Presses de l’Ifpo, 1994 (généré le 10 novembre 2017). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ifpo/5268>, paragraphe 112 et 116. {{ISBN|9782351595008}}. DOI : 10.4000/books.ifpo.5268.</ref>. Ces mentions « Dis ! », qui pour certains chercheurs seraient parfois des ajouts des éditeurs ou scribes<ref>Azaiez, M. (Ed.), Reynolds, G. (Ed.), Tesei, T. (Ed.), et al. (2016). ''The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. À Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques''. Berlin, Boston: De Gruyter. <abbr>partie. ''QS 41 Q 72'' et ''QS 50 Q 112''</abbr></ref>, sont un procédé rhétorique de construction du Coran en contre-discours<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Emmanuel|nom1=Pisani|titre=Azaiez, Mehdi, Le contre-discours coranique|périodique=MIDÉO. Mélanges de l'Institut dominicain d'études orientales|numéro=32|date=2017-05-15|issn=0575-1330|lire en ligne=https://mideo.revues.org/1728|consulté le=2017-11-11|pages=315–318}}</ref> et permettent d'accentuer l'origine divine de la phrase ainsi précédée, d'« asseoir l’autorité prophétique de l’allocutaire coranique » et de créer une performativité<ref>Azaiez, M. (Ed.), Reynolds, G. (Ed.), Tesei, T. (Ed.), et al. (2016). ''The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. À Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques''. Berlin, Boston: De Gruyter. <abbr>partie. ''QS 41 Q 72''</abbr></ref>.
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Le Coran se veut être, pour l'islam actuel, la parole verbatim de Dieu, « Kalâm »<ref name=":32">''Encyclopaedia of Islam'', Brill, 1986, article ''al-Kur'an''.</ref> qui parle avec des « nous » de majesté. Pour A.-L. de Prémare, ce procédé rhétorique {{Citation|vise à abolir chez l’auditeur ou le lecteur toute distanciation par rapport à ce qui est dit}}<ref name=":72">de Prémare, Alfred-Louis. « Le Coran ou la fabrication de l'incréé », ''Médium'', vol. 3, no. 2, 2005, {{p.|3-30}}.</ref>. Dans le cadre d'une organisation du corpus, au {{s-|IX|e}}, les traditionnistes {{incise|ceux qui étaient chargés d'interpréter les « opacités » du texte coranique}} cherchèrent à instaurer une « doctrine orthodoxe ». C'est à ce moment qu'éclate la controverse philosophico-théologique de la création du Coran<ref name=":72" />.
 
Selon la foi sunnite actuellement majoritaire, le Coran est considéré comme incréé. Pour le courant de l'ibadisme, le Coran est considéré comme créé<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Ian|nom1=Hamel|titre=Oman : l'islam tranquille des ibadites|périodique=Le Point|date=2016-07-17|lire en ligne=http://www.lepoint.fr/monde/oman-l-islam-tranquille-des-ibadites-17-07-2016-2055080_24.php|consulté le=2018-06-03}}</ref>. De même, pour les alévi chiites, le Coran n'est pas la Parole de Dieu mais celuicelle dude Prophète,Mahomet ilet est donc créé<ref group="Note">« Si le Coran était incréé, les prophètes, les saints, les croyants et les mécréants qui sont évoqués dans le texte sacré devraient l'être aussi », affirme-t-on dans Hiisniye, un des livres de références doctrinales, toujours en usage, des Alevî.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Altan|nom1=Gokalp|titre=Une minorité chîite en Anatolie : les Alevî|périodique=Annales. Histoire, Sciences Sociales|volume=35|numéro=3|date=1980|issn=0395-2649|doi=10.3406/ahess.1980.282666|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1980_num_35_3_282666#ahess_0395-2649_1980_num_35_3_T1_0749_0000|consulté le=2018-06-03|pages=748–763}}</ref>.
 
==== Mise en place de la doctrine ====
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<div style="float:right; border:1px solid gray; padding:10px; margin:0 0 1em 1em; text-align:left; background:grey">
'''TexteTextes d’Ephremd'Ephrem présentprésents dans la sourate al-Qadr <br> selon G. Dye''' :<poem>
« Ne comptons pas notre vigile comme une vigile ordinaire.
C’est une fête dont le salaire dépasse cent pour un »,
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