« Phosphatière du Cloup d'Aural » : différence entre les versions
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{{Infobox Mine
| ▲ | latitude = 44.3525
| pays =
▲ | longitude = 1.690278
| subdivision = [[Occitanie (région administrative)|Occitanie]]
▲ | commune = [[Bach (Lot)|Bach]]
▲ | exploitant =
▲ | ressources = [[Phosphate]]
▲ | date de fermeture =
▲ | géolocalisation = Lot/Midi-Pyrénées/France
}}
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== Histoire ==
En 1865, au cours d'une visite à son beau-frère, au hameau de Cos, près de [[Caylus (Tarn-et-Garonne)|Caylus]], Jean-André Poumarède, pharmacien, médecin et chimiste à [[Caussade (Tarn-et-Garonne)|Caussade]], remarque la verdeur du blé dans un champ. Il est intrigué par les débris osseux et de curieuses pierres mamelonnées qui parsèment le champ. Il prélève des échantillons. Dans l'année qui suit il fait des analyses et constate qu'ils ont une teneur de 70 à 80 % de [[Phosphorite|phosphate tricalcique]]. Le {{date|4|01|1867}}, il écrit au préfet de [[Tarn-et-Garonne]] : « ''J'ai l'honneur de vous communiquer que je viens de faire une découverte qui peut avoir une certaine importance pour l'agriculture et la paléontologie'' ».
[[File:Nodule P1010188mod.jpg|thumb|left|Nodule provenant des gisements de phosphates du Quercy.]]
La France s'est intéressée assez tardivement au phosphate pour l'agriculture. [[Jean-Baptiste Boussingault]] s'était opposé en 1840 à [[Justus von Liebig]] sur son utilité et défendait que seuls les engrais organiques, les fumiers, le [[guano]] ou le nitrate du [[Chili]] qui contient de l'[[acide nitrique]], avaient de la valeur et avait montré l'importance de l'azote en agriculture. L'exploitation des [[Nodule (géologie)|nodules]] de phosphate avait commencé en [[Grande-Bretagne]] en 1842 dans les ''[[Cambridge Greensand]]'', début d'une ruée sur le phosphate. En France, cette exploitation commence dans les sables verts de l'[[Albien]] dans les Ardennes en 1855. Ces nodules de phosphates étaient appelés par les habitants les « ''crottes du diable'' ». En 1855, [[Adolphe Bobierre]] (1823-1881) a montré l'effet fertilisant des roches sédimentaires phosphatées. Ferdinand Panescorse (1808-1888) a publié en 1872 un « ''Mémoire sur les phosphates de chaux et les [[coprolithe]]s fossiles du Var'' »<ref>Jean Le Loeuff, ''Ferdinand Panescorse and his classification of coprolites'', {{p.|147-151}}, sous la direction de Adrian P. Hunt,Jesper Milàn,Spencer G. Lucas,Justin A. Spielmann, ''Vertebrate coprolites'', New Mexico Museum of Natural History & Science, Bulletin 57, Albuquerque, 2012 {{ISSN|1524-4156}} [https://books.google.fr/books?id=C_MoCgAAQBAJ&pg=PA147#v=onepage&q&f=false (''lire en ligne'')]</ref>. En 1887, [[Stanislas Meunier]] a écrit : « ''On peut dire que l'importance agricole d'un pays est exactement mesurée par la quantité de phosphate de chaux qu'il consomme'' ».
[[Fichier:Phosphatières du Cloup d'Aural - 20140925 - Train Decauville 1.jpg|gauche|vignette|Vestige d'un [[wagon-tombereau]] [[Decauville]] utilisé pour l'exploitation de la phosphatière du Cloup d'Aural.]]
Les « trous à phosphates » sont découverts et mis en exploitation dans les années 1870 quand on trouve d'autres gisements. On va les compter par centaines dans toute la région où il y a des affleurements de [[calcaire]]s [[jurassique]]s, c'est-à-dire, entre [[Cahors]], [[Figeac]], [[Gaillac]] et [[Montauban]]. C’est une véritable fièvre du phosphate qui s’empare alors du Quercy. L'enquête du Service des Mines de 1886 compte 161 centres d'exploitation de la
L'intérêt scientifique de ces mines de phosphate vient de la présence de nombreux fossiles vertébrés qui vivaient à l'[[Tertiaire (géologie)|ère tertiaire]], entre la fin de l'[[Éocène]] et au début du [[Miocène]], il y a environ 20 millions d'années, et qui ont, pour certains de ces fossiles ont servi de référence internationale pour la séquence standard des faunes européennes. Plus de 600 espèces d’animaux ont été identifiés dans les phosphatières.
Les phosphatières abandonnées allaient devenir des décharges publiques. Aussi, depuis 1992, une association, « Les Phosphatières du Quercy » a décidé de valoriser les phosphatières en aménageant celle du Cloup d’Aural, à Bach. Le site a ouvert ses portes au début de l’été 2000. Par ailleurs, pendant des années, il y a eu un pillage des fossiles vieux de plusieurs millions d'années qui se trouvaient dans les anciennes mines. Pour protéger les sites des mines, dont celles du Cloup d'Aural, l'État a créé la ''[[Réserve naturelle nationale d'intérêt géologique du département du Lot]]'' en {{date-|juin 2015}}<ref>[https://www.huffingtonpost.fr/2015/08/03/plus-grande-reserve-geologique-france-ouvert-porte-lot_n_7923480.html Huffington Post : ''La plus grande réserve géologique de France a ouvert ses portes dans le Lot et présente des sites exceptionnels'', août 2015]</ref>
L'ancienne mine de phosphate a été inscrite au titre des [[Monument historique (France)|monuments historiques]] le {{date|10|12|1998}}<ref>{{Mérimée|PA46000038|Site archéologique de la phosphatière du Cloup d'Aural}}</ref>.
== Explication de l'origine des phosphatières ==
Les exploitants de ces phosphatières se sont aperçus que la phosphorite, accompagnée d'argile sidérolithique et parfois d'oxyde de manganèse (pyrolusite), ne remplissait que des cavités dans les calcaires et les dolomies compacts du Jurassique moyen et supérieur, et très rarement du Lias. Les scientifiques ont alors eu des discussions parfois virulentes pour expliquer l'origine de ces phosphorites. Les premiers chercheurs ont expliqué qu'elle avait une origine hydrothermale. Puis la découverte de nombreux ossements fossiles ont conduit à une explication par une origine animale. Finalement, Louis Dieulafait, à partir de 1884, [[Eugène Fournier]], en 1900, Armand Thévenin, en 1903, et [[Bernard Gèze]], en 1937, ont montré que les phosphatières sont dues à des phénomènes karstiques.
Il y a 170 millions d'années, le [[Quercy#Géologie|Quercy]] est recouvert par une mer tropicale qui dépose une boue carbonatée qui va former le calcaire des Causses du Quercy et du phosphate provenant de la décomposition de matières organiques. La mer s'est retirée du Quercy il y a environ 70 millions d'années et la région est recouverte par une forêt tropicale. L'eau de pluie s'infiltrant dans le sol calcaire y crée des grottes et des rivières souterraines. En surface, l'érosion dissous les carbonates et provoque des accumulations d'argile avec des concentrations de phosphate.
Pour Jean Nicod, « les cavités du [[karst]]
Des restes d’animaux ou des débris végétaux y ont été entraînés et ont été fossilisés. En 2018, de minuscules [[guêpes]] [[parasitoïde]]s fossiles (moins de {{unité|1|millimètre}} de long), appartenant au [[genre (biologie)|genre]] [[extinction des espèces|éteint]] ''[[Xenomorphia]]'' y ont été découvertes à l'intérieur de [[nymphe (biologie)|nymphe]]s fossiles de [[Diptera|mouches]]<ref name ="van de Kamp_2018">{{en}} Thomas van de Kamp, Achim H. Schwermann, Tomy dos Santos Rolo, Philipp D. Lösel, Thomas Engler, Walter Etter, Tomáš Faragó, Jörg Göttlicher, Vincent Heuveline, Andreas Kopmann, Bastian Mähler, Thomas Mörs, Janes Odar, Jes Rust, Nicholas Tan Jerome, Matthias Vogelgesang, Tilo Baumbach & Lars Krogmann, 2018. Parasitoid biology preserved in mineralized fossils. Nature Communications 9, article number: 3325; doi: 10.1038/s41467-018-05654-y</ref>.
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=== Bibliographie ===
* Bernard Gèze, ''La ruée vers le phosphate dans les cavernes du Midi de la France'', Comité français d'histoire de la géologie (COFRHIGEO), 1994, {{3e|série}}, tome 8 [http://www.annales.org/archives/cofrhigeo/phosphate-midi.html (''lire en ligne'')]
* Thierry Pélissié, Francis Duranthon, ''L’exploitation des phosphates en Quercy : de la fièvre du phosphate au laboratoire naturel de l’évolution'', {{p.|30-33}}, dans ''Géologues'', {{date-|septembre 2009}}, {{n°|162}} [http://www.geosoc.fr/temoignages/doc_download/217-l-exploitation-des-phosphates-en-quercy-de-la-fievre-du-phosphate-au-laboratoire-naturel-de-l-evolution.html (''lire en ligne'')]
* Thierry Pélissié, ''Les phosphatières du Quercy'', {{p.|23-26}}, dans ''Spelunca'', {{n°|73}}
* Adolphe Bobierre, ''Du Phosphate de chaux et de son emploi en agriculture. Leçons professées à l'École préparatoire des sciences et des lettres de Nantes'', Librairie agricole, Paris, 1858 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9614986d/f5.item.r=.zoom (''lire en ligne'')]
* Adolphe Bobierre, ''Études chimiques sur le phosphate de chaux et son emploi en agriculture comprenant l'examen des coprolithes et nodules pseudo-coprolithiques des phosphorites d'Espagne, des guanos ferreux, etc.'', Librairie agricole, Paris, 1861 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9616548z/f3.item.r=.zoom (''lire en ligne'')]
* Adolphe Bobierre, ''L'atmosphère, le sol, les engrais : leçons professées de 1850 à 1862 à la chaire municipale et à l'École préparatoire des sciences de Nantes'', Librairie agricole, Paris, 1863 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9611086c/f9.item.r=.zoom (''lire en ligne'')]
* Jean-Michel Mazin, Thierry Pélissié, Pierre Hantzpergue et Carine Lézin, ''Livret d'excursion : Le bassin du Quercy'', Congrès de l'Association de paléontologie française, Toulouse, 10-{{date-|12 avril 2013}}, dans ''Strata'', 2013, {{n°|15}} {{ISSN|0296-2055}} [https://strata.fr/pdf/strata2013-1-APFexcursion.pdf (''lire en ligne'')]
* Thierry Pélissié, Jean-Guy Astruc, ''Tectonique Synsédimentaire et dissolution d'évaporites dans les dépôts du Jurassique moyen et supérieur des Causses du Quercy'', {{p.|23-32}}, dans ''Géologie de la France'', 1996, {{n°|4}} [http://geolfrance.brgm.fr/sites/default/files/upload/documents/revues_articles_gf2-4-1996.pdf (''lire en ligne'')]
*Thévenin Armand 1903 - Étude géologique de la bordure sud-ouest du Massif central. ''Bulletin de la Société française de géologie'', t. XIV, n° 95, 203 p.
=== Articles connexes ===
* [[Liste des monuments historiques du Lot]]
* [[Phosphorite]]
* [[Bach (Lot)|Bach]]
=== Liens externes ===
* [http://www.phosphatieres.com/ Phosphatières du Cloup d'Aural : site de l'association]
{{Palette|Site paléontologique français}}
{{Portail|Mine|Lot|Géologie|Paléontologie|MH}}
[[Catégorie:
[[Catégorie:Mine en France|Cloup d'Aural]]
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[[Catégorie:Monument historique inscrit en 1998]]
[[Catégorie:Mine monument historique en France]]
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