« Bat Ye'or » : différence entre les versions

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Elle s'est spécialisée dans des études sur la notion de [[dhimmi]]<ref name="Ternon"/>, introduisant notamment dans ses ouvrages le néologisme controversé de « [[dhimmitude]] », associé par elle à un sens politico-historique très particulier<ref name="Jablonka" />, inventé spécialement pour exprimer le concept de [[dhimma]].
 
Sa thèse sur « [[Eurabia]] » a été accueillie favorablement dans certains milieux de droite et d'extrême droite, dont néo-conservateurs ou pro-israéliens, mais est généralementégalement considérée comme alarmiste et inexacte, voire conspirationniste et raciste par ses critiques. Dans le monde académique, ses travaux sur la « dhimmitude » sont considérés comme partisans et manquant de rigueur scientifique, incarnant de manière extrême le mythe d'une oppression systématique des dhimmis en terre d'Islam.
 
== Biographie ==
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''Bat Ye'or'', qui signifie « fille du [[Nil]] » en hébreu<ref name="Ternon"/>, est le nom de plume de Gisèle Littman-Orebi.
 
Gisèle Orebi nait en 1933 en Égypte, dans une famille juive. En 1956, dans le contexte de l'expulsion des Juifs d'Egypte lors de la [[Crise du canal de Suez]], elle et sa famille sont déchues de leur nationalité [[Égypte|égyptienne]]. Ils émigrent au [[Royaume-Uni]] en [[1957]]. De [[1958]] à [[1960]], elle étudie à l'Institut d'archéologie de l'[[université de Londres]]. C'est là qu'elle rencontre [[David Littman]] qu'elle épouse en septembre 1959<ref>Raphael Israeli, ''[http://www.jpost.com/Magazine/Opinion/In-memory-of-David Remembering David G. Littman, historian, activist, and a great friend]'', 21 mai 2012</ref>. En [[1960]], elle part s'installer avec son mari en [[Suisse]]. En [[1961]] et [[1962]], elle étudie les [[sciences sociales]] à l'[[université de Genève]]. Ils ont trois enfants et plusieurs petits-enfants, dont certains sont aujourd'hui installés en [[Israël]].
 
En 1961, Bat Ye'or et son mari David Littman prennent au [[Maroc]] une part active à l'[[Opération Mural]], montée par l'[[Agence Juive]] avec le concours du [[Mossad]], pour exfiltrer clandestinement vers [[Israël]] via la [[Suisse]] plus de 500 enfants juifs, auxquels le gouvernement marocain refusait de délivrer des passeports<ref>Yigal Bin Nun, ''La quête d'un compromis pour l'évacuation des juifs du Maroc'', Pardès 2003/1 n° 34,
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Bat Ye'or a publié plusieurs ouvrages traitant de la vie des Juifs en Égypte, des dhimmis, des relations entre juifs et chrétiens et des relations entre l'Europe et le monde arabe. Elle a élaboré dans ceux-ci deux thèses principales au travers des néologismes ''« dhimmitude »'' et ''« Eurabia »''.
 
La « ''dhimmitude'' » stigmatise les « ''[[dhimmi]]s'' » qui adoptent une position de « [[servitude]] »<ref>Esther Benbassa « Réponse à une idéologue militante », in ''Le Point'', 17/03/2005.</ref>. Dans ''« Les Chrétientés d'Orient : Entre jihad et dhimmitude {{s mini-|VII|e}}-{{s mini-|XX|e}} siècle »'', Bat Ye'or chronique les persécutions dont les minorités juives et chrétiennes (anciennement majoritaires) ont été victimes à différentes échelles et leur soumission à la ''« [[Charia]] »'' et elle décrit l'adoption du ''« [[djihad]] »'' et plus tard du terrorisme par l'Islam militant<ref>[https://www.jstor.org/discover/10.2307/4284272?uid=3737592&uid=2&uid=4&sid=21105961300051 Revue de ''Islam and dhimmitude'', Middle Eastern Studies, Vol. 38, octobre 2002.]</ref>. Elle y défend la thèse que les « Églises dhimmis palestiniennes » puis de manière plus large les « Églises chrétiennes orientales » sont devenues antisionistesantisémites etpuis antisémitesantisionistes par soumission et par peur, préférant nier la légitimité d'Israël plutôt que de dénoncer l'oppresseur islamique. Elle dénonce l'influence qu'elles ont exercéexercée sur le monde chrétien en ce sens<ref name="shenk">{{article|auteur=Calvin E. Shenk |date=avril 2003 |titre=Islam and Dhimmitude (Book Review) |journal=Missiology|volume= |numéro= |pages=|éditeur=|doi= |pmid= |pmc= |url=http://inside.fdu.edu/fdupress/03071704.html|consulté le=11 avril 2015}}</ref>. Elle y dénonce l'arabisation de Jésus et la dé-judaisation de la Bible et appelle juifs et chrétiens à résoudre leurs différends<ref name="shenk"/>. Elle s'inquiète du risque d'auto-destruction du monde occidental entretenueentretenu par l'influence de la haine provenant du monde de la dhimmitude<ref name="shenk"/>. Selon [[Ivan Jablonka]], Bat Ye'or tirea saété penséesoutenue dedans celleles deannées quatre-vingt par l'historien, sociologue et théologien protestant<ref>Frédéric Rognon, ''Jacques Ellul : une pensée en dialogue'', éd. Labor et Fidès, 2007, {{p.|139}}, [https://books.google.be/books?id=yADfuLHvsTcC&pg=PA139 extrait en ligne]</ref> [[Jacques Ellul]]<ref name="Jablonka"/> qui dénonce en termes hostiles une incompatibilité entre le judéo-christianisme et l'[[islam]] et le danger que constituerait ce dernier pour l'Occident<ref>« Non à l’intronisation de l’Islam en France », ''Réforme'', 15 juillet 1989.</ref>. Elle se spécialise dès lors dans l’histoire desde la réduction à l'état de minorités des cultures originaires en terre d’islam : les [[dhimmis]]. Jacques Ellul préfacera son livre ''Les chrétientés d'Orient entre jihâd et dhimmitude'', paru en 1991 et avant cela l'édition en anglais de son livre sur ''Le Dhimmi''<ref>{{Ouvrage|nom1=Bat̲ Ye'ôr, 1933-....|nom2=Ellul, Jacques, 1912-1994.|nom3=Impr. Laballery)|titre=Le dhimmi : profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe|éditeur="Les Provinciales|date=DL 2017|isbn=9782912833501|isbn2=2912833507|oclc=1030610830|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1030610830|consulté le=2019-05-16}}</ref>.
 
Dans sa thèse ''« [[Eurabia]] »'', développée dans son ouvrage ''« Eurabia: l'axe euro-arabe »''<ref name="Yeor2">{{ouvrage|langue=en|nom=Ye'or|prénom=Bat|lien auteur=Bat Ye'or|titre= Eurabia: The Euro-Arab Axis|année=2005|éditeur=[[Fairleigh Dickinson University]] Press|lieu=New Jersey, USA|isbn=978-0838640777}}</ref>, elle dénonce un accord passé entre certaines instances dirigeantes européennes après la [[crise pétrolière de 1973]] sous l'instigation de la France et sous couvert du « [[dialogue euro-arabe]] »<ref name="Jablonka"/>. Selon Bat Ye'or, « le dialogue entre Européens et musulmans n’est pas mené selon les critères rationnels propres à l’Occident, mais selon les règles de la Da-wa, qui prévoient la conversion des infidèles à l’islam »<ref name="Briel"/>. L'objectif serait de créer un ensemble méditerranéen euro-arabe visant à contrebalancer les États-Unis<ref name="Briel"/>. Dans cette perspective, les dirigeants européens auraient négocié une « reddition politique et culturelle » en vue d'obtenir des garanties dans leur approvisionnement en pétrole et dans la lutte contre le terrorisme tout en favorisant l'immigration musulmane et en adoptant une politique anti-israélienne et pro-palestinienne<ref name="Briel"/>{{,}}<ref name="Jablonka"/>{{,}}<ref name="schwartz">[[Adi Schwartz]], ''[http://www.haaretz.com/print-edition/features/the-protocols-of-the-elders-of-brussels-1.190865 The protocols of the elders of Brussels]'', Ha'aretz, 20 juin 2006.</ref>{{,}}<ref name="Sapir">{{lien|fr=André Sapir|trad=André Sapir}}, ''[https://books.google.be/books?ei=4r8oVaz_NJDPaK3qgpgC&hl=fr&id=rMoeAQAAMAAJ&dq=Marj%C3%A1n%2C+Attila+europe+destiny&focus=searchwithinvolume&q=Eurabia Europe's destiny : the old lady and the bull]'', Johns Hopkins University Press, {{p.|161}} écrit : ''« The very idea of Eurabia was based on an extremist conspiray theory, according to which Europe and the Arab states would join forces to make life impossible to Israel and islamize the old continent (...) »''</ref>.
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== Réception et critiques ==
 
=== Extrême-droite et milieuxMilieux néo-conservateurs ===
 
{{Lien|trad=Robert S. Wistrich|lang=en|fr=Robert Wistrich}} estime que jusque dans les années 1980, les travaux de Bat Ye'or n'étaient pas du tout acceptés et qu'elle n'est sortie de l'anonymat que quand [[Bernard Lewis]] a cité sesles ouvrages dansde uneBat noteYe'or dedans son livre ''Jews of Islam''<ref name="schwartz"/>. SesSelon thèses ont d'abord été relayés par les sites d'extrême-droite comme [[Riposte laïque]]<ref>[http://www.google.com/search?q=Bat+Yeor+site%3Aripostelaique.com cf. cette recherche]</ref>{{,}}<ref name="Lioger"/> mais selonRobert Wistrich, ellesils suscitent aujourd'hui plus d'intérêt en particulier depuis la prise de « conscience de l'aspect fanatique de l'Islam »<ref name="schwartz"/>.
 
Les idées de Bat Ye'or sont reprises par [[Pierre André Taguieff]] dans « Judéophobie des Modernes : Des Lumières au Jihad mondial » où il fait référence à son ouvrage sur ''« Eurabia »'' comme étant une « critique sévère et argumentée de la démission des Européens face aux offensives convergentes des islams politiques, ainsi que de leur glissement politique opportuniste vers les positions « antisionistes » radicales »<ref>[[Pierre André Taguieff]], ''Judéophobie des Modernes : Des Lumières au Jihad mondial'', Odile Jacob, 2008, {{p.|674}}.</ref>.
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* Murtaza Hussain, ''[http://www.salon.com/2011/08/08/terrorism_38/ The moral supporters of terrorism]'', [[Salon.com]], 2011-08-08;
* Jelle van Buuren, ''[http://www.degruyter.com/view/j/njmr.2013.3.issue-4/njmr-2013-0013/njmr-2013-0013.xml Spur to violence? Anders Behring Breivik and the Eurabia conspiracy]'', Nordic Journal of Migration Research, {{vol.}}3-4, décembre 2013, {{pp.}}205–215, [https://dx.doi.org/10.2478/njmr-2013-0013 DOI:10.2478/njmr-2013-0013] ;
* Olivier Truc, ''[https://www.lemonde.fr/europe/article/2012/04/16/anders-breivik-tueur-sous-influences_1684653_3214.html Anders Breivik, tueur sous influences]'', Le Monde, 2012-04-16.</ref> soulignentont avantpréféré souligner tout le caractère « [[conspirationniste]] » de sa thèse ''« Eurabia »''. Par exemple, {{Lien|lang=en|fr=André Sapir}} écrit que « l'idée même d'Eurabia [est] basée sur une théorie du complot extrémiste, selon laquelle l'Europe et les États arabes joindraient leurs forces pour rendre la vie impossible à Israël et islamiser le vieux continent (...) »<ref name="Sapir"/>.
 
Certains vont jusqu'à la comparer aux [[Protocoles des Sages de Sion]]<ref name="Briel"/> comme [[Mohamed Sifaoui]] qui écrit qu'elle reproduit « un schéma de pensée dont elle a elle-même été victime ainsi que des millions de ses coreligionnaires » et qu'elle « marche sur les pas de ces écrivains racistes dont l'objectif n'était pas autre chose que de stigmatiser, de manière très négative, un groupe ethnique ou religieux »<ref name="Sifaoui">[https://books.google.fr/books?id=7a74VzsF2psC&printsec=frontcover&dq=mohamed+sifaoui&hl=fr&sa=X&ei=BA4mVZfBIovxapn-gcgC&ved=0CCUQ6AEwAQ#v=snippet&q=protocoles%20sion%20ye%27or&f=false]</ref>. Robert Wistrich répond à cette comparaison en soulignant qu'au contraire des ''Protocoles'', qui sont un faux, les écrits de Bat Ye'or sont documentsdocumentés et argumentés même s'ils peuvent être discutés<ref name="schwartz"/>. ''L'Europe et le spectre du califat''<ref>{{Ouvrage|nom1=Bat Yeʼor.|titre=L'Europe et le spectre du califat|éditeur=Provinciales|date=2010|isbn=9782912833228|isbn2=2912833221|oclc=671691400|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/671691400|consulté le=2019-05-16}}</ref> notamment, est principalement constitué de reproduction de documents internationaux officiels.
 
Robert Brenton Betts voit dans ces thèses une tentative de diaboliser la prétendue menace islamique envers la civilisation occidentale avec un résultat généralement peu édifiant et souvent irritant<ref>« {{lang|en|The first thing that strikes the reader of Bat Ye'or's study is that it is not only about Eastern Christianity under Islam but also about Judaism in equal if not greater measure. Thus the title is misleading, and the basic premise of her text is flawed since the two communities had virtually no contact with each other in traditional Islamic society (both dealt directly with their Muslim rulers) and, while both were regarded as dhimmis or protected citizens, they tended to be treated quite differently. [...] The general tone of the book is strident and anti-Muslim. This is coupled with selective scholarship designed to pick out the worst examples of anti-Christian behavior by Muslim governments, usually in time of war and threats to their own destruction (as in the case of the deplorable Armenian genocide of 1915). Add to this the attempt to demonize the so-called Islamic threat to Western civilization and the end-product is generally unedifying and frequently irritating.}} » dans {{Article|langue=en|auteur1=Robert Brenton Betts|année=1997|mois=septembre|titre=The Decline of Eastern Christianity Under Islam: From Jihad to Dhimmitude (review)|périodique={{lien|Middle East Policy|langue=en}}|volume=5|numéro=3|pages=200–203|éditeur=[[Wiley-Blackwell]]|url=http://www.highbeam.com/doc/1G1-19995282.html|consulté le=4 août 2012|doi=10.1111/j.1475-4967.1997.tb00274.x|date=|archiveurl=https://web.archive.org/web/20131106074935/http://www.highbeam.com/doc/1G1-19995282.html|archivedate=6 novembre 2013|brisé le=19 février 2019}} {{inscription nécessaire}}</ref>. Pour [[Alain Gresh]], Bat Ye'or fait partie des purs idéologues dont les travaux relèvent uniquement d’une volonté d’engager le monde dans une guerre de civilisation<ref>Alain Gresh, [http://blog.mondediplo.net/2006-09-26-Bat-Ye-or-Eurabia-et-l-axe-euro-arabe « Bat Ye’or, Eurabia et l’axe euro-arabe »], blog du ''Monde Diplomatique'', 26 septembre 2006</ref>, ce qui est un point de vue peu compatible avec les propres écrits de Bat Ye'or : « Si la connaissance de ce passé de souffrances pouvait amener des peuples qui s’entretuent à construire ensemble un avenir de paix dans le respect des droits de chacun, alors le destin dhimmi, émergeant du néant silencieux des génocides et porté devant la conscience du monde, trouverait sa dure justification<ref>{{Ouvrage|nom1=Bat̲ Ye'ôr, 1933-....|nom2=Ellul, Jacques, 1912-1994.|nom3=Impr. Laballery)|titre=Le dhimmi : profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe|éditeur="Les Provinciales|date=DL 2017|isbn=9782912833501|isbn2=2912833507|oclc=1030610830|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1030610830|consulté le=2019-05-16}}</ref>. »
 
=== Monde académique ===
 
Bat Ye'or a présenté ses travaux lors de conférences universitaires à [[Université de Georgetown|Georgetown]], [[Université Brown|Brown]], [[Yale]], [[Université de Brandeis|Brandeis]] et [[Université Columbia|Columbia]]<ref name="WashingtonPost1">{{article|titre=State of 'dhimmitude' seen as threat to Christians, Jews|auteur=Julia Duin|url=https://web.archive.org/web/20021101213724/www.washingtontimes.com/world/20021030-10490720.htm|journal=[[The Washington Times]]|date=30 octobre 2002|consulté le=3 août 2012}}</ref>{{,}}<ref>{{article|titre=The Brave New World of Eurabia|auteur=[[Nidra Poller]]|url=http://www.nysun.com/foreign/brave-new-world-of-eurabia/8812/|journal=[[The New York Sun]]|date=7 février 2005|consulté le=3 août 2012}}</ref>. Les spécialistes du sujet, tels que [http://ceifr.ehess.fr/index.php?635 Hames Constant]<ref name="constant">Hames Constant. Bat Ye'or Le dhimmi. Profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe, Archives des sciences sociales des religions, 1980, vol. 50, {{n°|2}}, {{p.|240}}.[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1980_num_50_2_2215_t1_0240_0000_4]</ref>, [https://uio.academia.edu/SindreBangstad Sindre Bangstad]<ref>« {{lang|en|It would be an understatement to assert that the work of Gisèle Littman/Bat Ye’or is regarded among most qualified historians of Islam and the Middle East as failing to meet basic standards of academic research, yet the pseudo-scientific appearance of her work, replete with academic paraphernalia such as extensive footnotes and references, is central to its ability to convince readers.}} » dans Sindre Bangstad, ''[http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09596410.2013.783969 Eurabia Comes to Norway]'', Islam and Christian-Muslim Relations, {{vol.|24-3}}, {{pp.|369-391}}, 2013-06-03, [https://dx.doi.org/10.1080/09596410.2013.783969 DOI:10.1080/09596410.2013.783969].</ref>, [[Ivan Jablonka]]<ref name="Jablonka"/>, [http://www.law.utoronto.ca/faculty-staff/full-time-faculty/anver-m-emon Anver Emon]<ref name="Emon"/> jugent cependant qu'ils ne répondent pas aux standards scientifiques ou universitaires ; à l'exception notable de [[Martin Gilbert]] qui la loue<ref name="Gilbert">Martin Gilbert, ''A History of the Twentieth Century, Volume III: 1952–1999'', p. 127: "Most of those who went elsewhere did so as 'stateless refugees, among them Gisele Orebi (later Gisele Litrman), who was to become the acknowledged expert on the plight of Jews and Christians in Muslim lands, and their vigorous champion: her book ''The Dhimmi''. Jews and Christians under Islam, written under the pen name Bat Ye'or, brought the issue of continuing discrimination to a wide public."</ref> et fait référence à ses travaux<ref name="Irwin">Robert Irwin, ''[https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/books/reviews/in-the-house-of-ishmael-a-history-of-the-jews-in-muslim-land-by-martin-gilbert-2149550.html In The House Of Ishmael: A history Of The Jews In Muslim Land, By Martin Gilbert]'', The Independant, 3 décembre 2010</ref>, allant jusqu'à la qualifier d'« experte reconnue sur le sort des juifs et chrétiens en terres islamiques »<ref name="Gilbert"/>. Cette prise de position avec d'autres ont cependant porté le discrédit sur lui<ref name="Irwin"/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue = en|prénom1 = Joel|nom1 = Beinin|titre = The Dispersion of Egyptian Jewry: Culture, Politics, and the Formation of a Modern Diaspora|éditeur = American Univ in Cairo Press|date = 2005-01-01|isbn = 9789774248900|lire en ligne = https://books.google.be/books?id=ENfjCk1IZBcC|consulté le = 2015-07-23|passage=277|extrait=Gilbert lists random acts of discrimination and persecution against Jews with no reference to historical context or sources. His text contains errors, inflated numbers, and tendentious “facts.” It is, in fact, a propaganda tract rather than a piece of scholarship, but it is remarkable that a widely acclaimed historian was not embarrassed to put his name on such a work.}}</ref>.
 
Pour Hames Constant, le « [travail de Bat Ye'or sur les ''dhimmis'' doit] être pris avec des pincettes non pas parce qu'il est partisan (...) mais parce que les assises historiques générales et locales, les analyses sociologiques spécifiques sont quasiment absentes et que le plaidoyer court à travers les siècles, les lieux, les textes, de façon tout à fait cavalière et sans situer le contexte »<ref name="constant"/>. Il estime cependant, qu'on soit d'accord ou non avec la thèse et malgré son mauvais traitement, que le sujet, rarement abordé, mérite réflexion<ref name="constant"/>. Pour [[Bernard Lewis]], la ''« dhimmitude »'' est un « mythe » qui « contient des éléments significatifs de vérités » ; la « vérité historique » se situant « à sa place habituelle quelque part au milieu des extrêmes »<ref name="bernard_lewis">Bernard Lewis, [http://hnn.us/blogs/entries/21832.html 'The New Anti-Semitism'], ''The American Scholar Journal'' – Volume 75 No. 1 Winter 2006 {{p.|25–36}}.</ref>. {{Lien|lang=en|fr=Michael Sells}} a également critiqué les travaux de Bat Ye'or notamment pour ses constructions de comparaisons inexactes entre les minorités non chrétiennes en Europe et les minorités non musulmanes dans le monde islamiques<ref>« {{lang|en|The essentialism of Ellul and Bat Yeo'r has been discredited by scholars of minorities in Islam.}} » dans Michael Sells, Kosovo Mythology and the Bosnian Genocide, {{pp.|180-206}}, dans Omer Bartov, Phyllis Mack (dir.), ''In God's Name: Genocide and Religion in the Twentieth Century'', Berghahn Books, 2001-01-01, {{ISBN|978-1-57181-302-2}}, {{p.|194}}.</ref>{{,}}<ref>« {{lang|en|by obscuring the existence of pre-Christian and other old, non-Christian communities in Europe as well as the reason for their disappearance in other areas of Europe, Bat Ye'or constructs an invidious comparison between the allegedly humane Europe of Christian and Enlightenment values and the ever present persecution within Islam. Whenever the possibility is raised of actually comparing circumstances of non-Christians in Europe to non-Muslims under Islamic governance in a careful, thoughtful manner, Bat Ye'or forecloses such comparison.}} » dans Emran Qureshi et Michael Sells, ''The New Crusades: Constructing the Muslim Enemy'', Columbia University Press, New York, 2003, {{ISBN|978-0-231-12666-3}}, {{p.|364}}</ref>. [[Esther Benbassa]] estimecritique que Bat Ye'or, {{citation|qui n'a jamais été une historienne de métier, a en revanche une solide réputation d'idéologue militante [...]. Ses écrits rassemblent une masse de sources hétérogènes qu'elle manipule à sa guise pour appuyer une thèse univoque}} en particulier à propos de« l'emploi de son néologisme « dhimmitude », utilisé par elle à la place de « dhimmité » : « dhimmitude » évoque une proximité phonétique voulue avec le mot « servitude » (qui existe en français et en anglais, et que l'on retrouve dans ses ouvrages dans ces deux langues)<ref>Esther Benbassa « Réponse à une idéologue militante », in ''Le Point'', 17/03/2005. Sur l'étude de la notion de ''dhimmi'' (en dehors de l'exégèse islamique sur cette question), les travaux des historiens sont nombreux. Pour d'autres approches occidentales du sujet, différentes de celle de Bat Ye'Or, voir par exemple, Esther Benbassa, « [http://www.histoire.presse.fr/content/2_recherche-index/article?id=6246 Comment être non-musulman en terre d'Islam] », ''L'Histoire'', 134, juin 1990, {{p.|86-91}}.</ref>.
 
== Analyse des origines idéologiques ==
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Au travers de leur soutien dans les milieux néo-conservateurs, les travaux de Bat Ye'or ont servi de support à des débats publics aux États-Unis sur le droit à critiquer l'Islam ainsi que ses dérives et son intolérance supposées ; ou encore à l'incapacité supposée des musulmans à être des commerçants honnêtes. En 2010, ils ont été utilisés dans le cadre d'une campagne nationale visant à faire interdire la [[Charia]]<ref name="Emon">Anver M. Emon, ''Religious Pluralism and Islamic Law: Dhimmis and Others in the Empire of Law'', Oxford University Press, 2012, {{p.|39-40}}.</ref>.
 
Les thèses de Bat Ye'or ontsemblent avoir influencé [[Anders Behring Breivik]], l'auteur des [[attentats de 2011 en Norvège]], qui se réfère plusieurs dizaines de fois à ses théories dans le « manifeste » qu'il a rédigé<ref>Toby Archer, ''{{lien brisé|consulté le=2015-01-26|url=http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/07/25/breivik_s_swamp?page=0,1|titre=Breivik's Swamp}}'', Foreing Policy, 25 juillet 2011.</ref>. Breivik affirme également dans son manifeste que Bat Ye'or lui aurait écrit, ce que Bat Ye'or dément formellement<ref name="Briel"/>. Elle dit être choquée par la récupération politique de ses idées et que Breivik est un fou qui a agi comme un [[djihadiste]]<ref name="Briel"/>. Selon elle, « on essaie de m’imputer la responsabilité des massacres d’Oslo parce que je suis citée dans le manifeste, mais il s’agit d’une campagne d’incitation à la haine contre ma personne. On cherche à discréditer, voire à supprimer mes travaux »<ref name="Briel">Patricia Briel, ''[http://www.letemps.ch/Page/Uuid/854392bc-be10-11e0-8ddd-0c1ffdcedefa/A_Gland_une_%C3%A9g%C3%A9rie_dAnders_Breivik A Gland, une égérie d'Anders Breivik]'', Le Temps, 4 août 2011.</ref>. Elle estime être « victime d'une chasse aux sorcières bien organisée par des plumitifs ignares recourant uniquement à la diffamation d’une œuvre qu’ils n’ont pas même lue »<ref>Bat Ye'or, ''[http://www.dhimmitude.org/eurabia/les-vrais-conspirateurs-d-eurabia.pdf Les vrais conspirateurs d'Eurabia]'', dhimmitude.org, 17 février 2012.</ref>.
 
Bat Ye'or est également reconnue par Michel Houellebecq comme une de ses sources dans son best-seller international ''Soumission''<ref>{{Ouvrage|nom1=Houellebecq, Michel,|titre=Soumission|isbn=9782081354807|isbn2=2081354802|oclc=900410783|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/900410783|consulté le=2019-05-16}}</ref>, paru en France le jour même de l'attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015 : « Dans un sens la vieille Bat Ye’or n’a pas tort, avec son fantasme de complot Eurabia », observe un personnage.
 
== Autres idées ==
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Bat_Ye%27or ».