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== Le 9 Av dans les sources juives ==
[[Image:NinthAvStonesWesternWall.JPG|thumbvignette|Pierres du [[Mur occidental]], jetées dans les rues par les soldats romains le 9 ''av'', lors de la destruction du second Temple]]
=== Les cinq calamités du 9 av ===
La source biblique du jeûne est une prophétie de [[Zacharie (prophète)|Zacharie]] pour les [[temps messianiques]], où il annonce que « le jeûne du quatrième mois, le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième se changeront pour la maison de Juda en jours d’allégresse et de joie<ref>Zacharie 8:19</ref>. »
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# L'interdiction pour la génération de l'Exode de rentrer en terre d'Israël, à la suite de la faute des explorateurs dépêchés par [[Moïse]]<ref>Cf. ''[[Parasha de la semaine|parashat]] [[Shla'h lekha]]'' ([[Livre des Nombres|Nombres]] ch 13-14)</ref> (selon le Talmud, il s'agit de la « faute-mère » : comme les Israélites ont pleuré en vain un 9 ''av'', Dieu leur promet de leur donner une raison valable de pleurer désormais à chaque année<ref name="T29">[[Talmud de Babylone|T.B.]] ''Ta'anit'' 29a</ref>)
# [[Siège de Jérusalem (-586)|La destruction du Temple de Salomon, en l'an -586]], prélude à l'[[exil de Babylone]]
# [[Siège de Jérusalem (70)|La destruction du second Temple, en l'an 70]], suivie par le second exil
# La destruction de la [[forteresse de Betar]] en l'an 135, marquant la fin de la [[révolte de Bar Kokhba]] (et, selon le [[Talmud de Jérusalem]], [[Bar-Kokhba|sa mort]]<ref name="TJT46">T.J. ''Ta'anit'' 4:6</ref>)
# Le labour de [[Jérusalem]] par [[Quintus Tinneius Rufus|Turnus Rufus]], un an plus tard, pour y bâtir [[Ælia Capitolina]], en effacer les traces du culte de YHWH et interdire son accès aux Juifs.
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Pour la seconde, elle est déduite de la résolution d'une apparente contradiction sur les dates dans les Livres contemporains : le Livre des Rois indique que la ville et le Temple ont brûlé le 7 ''av''<ref>2 Rois 25:8-10</ref> tandis que Jérémie indique le 10 ''av'' pour les mêmes évènements<ref>Jérémie 52:12-14</ref> ; selon les Sages, le 7 (et le 8) ''av'', des étrangers sont entrés dans le sanctuaire et l'ont profané ; ils y ont mis le feu le 9 ''av'' et le 10 ''av''<ref>2 Rois 25:8 & Jérémie 52:12-13</ref>, le Temple a fini de brûler. Selon [[Rabbi Yohanan]], c'est cette date du 10 ''av'' qui aurait dû être choisie pour le jeûne mais les Sages lui ont préféré le 9 parce que l'affliction est plus importante au moment où elle se déclenche qu'à celui où elle se termine<ref>T.B. ''Ta'anit'' 29b</ref>. Plusieurs [[Amoraïm|docteurs du Talmud]] jeûnaient d'ailleurs le 9 et le 10 ''av'' ou, au moins, la nuit du 10 ''av''<ref name="TJT46"/>.<br />Selon une autre opinion, consignée dans le ''scholion'' à la ''[[Meguilat Taanit]]'', le jour joyeux du ''korban etzim'', fixé à l'époque de la Mishna au [[15 av]]<ref>Mishna ''Ta'anit'' 4:7</ref>, l'avait été originellement au 9 ''av'' par la génération du [[retour à Sion]] ; d'aucuns en déduisent que cette date avait été choisie pour exaucer la prophétie de Zacharie (« les jeûnes ... se changeront en jours d'allégresse et de joie ») et qu'en conséquence, le jeûne du cinquième mois avait bien lieu le 9 ''av''<ref>{{he}} [http://lexicon.cet.ac.il/wf/wfTerm.aspx?id=560 ''Tisha bèav''] in ''Lexicon lètarbout Israël''</ref>.
 
En ce qui concerne la destruction du second Temple, [[Flavius Josèphe]], contemporain des évènements, écrit que « Dieu avait, depuis longtemps, condamné le Temple au feu. La succession des temps amenait le jour fatal, qui fut le dixième du mois de Loos. À cette même date le Temple avait autrefois été brûlé par le roi de Babylone<ref>''Guerre des Juifs'' vi. 4, § 5</ref> ». Qu'il s'agisse du 9 ou du 10 ''av'', l'idée qu'il puisse s'agir d'un jour fatal se retrouve également dans l'enseignement des Sages qui y commémorent aussi les autres calamités mentionnées dans la Mishna (chacune signant une perte de repères nationaux de plus en plus définitive). Ils rappellent par ailleurs que cette datation se fonde sur la tradition ; en d'autres termes, ces catastrophes ont « dû » avoir lieu le 9 ''av'', car ce jour, assombri par des évènements funestes, est propice à d'autres calamités similaires<ref name="T29"/>.
 
=== Un jour de pleurs pour les générations ===
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La [[Shoah]] et la création de l'[[État d'Israël]] en 1948 entraînent des changements profonds dans cet état de choses :
* D'une part, on assiste au retour du 9 ''av'' dans la liturgie réformée bien que beaucoup de ceux-ci y voient avant tout le jour mémorial par excellence pour les victimes de la Shoah<ref>Allôn Gal, ''Envisioning Israel: the changing ideals and images of North American Jews'', Magnes Press, Jérusalem 1996, {{p.|141}}</ref> (de fait, les déportations en masse des Juifs parqués dans le [[ghetto de Varsovie]] vers le camp d'extermination de [[Treblinka]] ont commencé le 9 ''av''<ref>{{lien web |url = http://judaism.about.com/od/daysofmourning/a/tav_events.htm |titre = Tisha B'Av Calamities - 9th day of the Hebrew month of Av - Ninth of Av - Jewish Days of Mourning - Fast Day |brisé le = }}</ref> et, en France, la [[rafle du Vélodrome d'Hiver]], ainsi que celles de [[Rafle manquée de Nancy|Nancy]] et de la Marne, ont eu lieu au cours [[les trois semaines|des trois semaines]] qui séparent le [[17 tammouz]] du 9 ''av'').<br />[[Menahem Begin]], devenu premier ministre, avait lui aussi eu l'intention de regrouper toutes les journées du souvenir, y compris [[Yom Hazikaron|celle pour les victimes du terrorisme antisémite et antisioniste et pour les soldats israéliens morts en service]], au 9 ''av''<ref>{{en}} [http://www.haaretz.com/print-edition/features/dreaming-of-the-third-temple-in-a-conflicted-land-of-israel-1.302924 ''Dreaming of the Third Temple in a conflicted Land of Israel''], ''Haaretz'', 20 juillet 2010</ref>.<br />Le souvenir des victimes de la Shoah s'insinue aussi dans la liturgie orthodoxe, des nouvelles ''kinot'' étant composées par Yehouda Leib Bialer, [[Simon Schwab]] en 1959 et par [[Shlomo Halberstam]], troisième ''[[Rebbe]]'' de la [[dynastie hassidique de Bobov]], en 1984.
* D'autre part, la résurrection d'un foyer juif sur la terre ancestrale et les victoires militaires de la [[guerre des Six Jours]] suscitent en beaucoup la certitude de l'imminence de la rédemption d'Israël. Interrogé au lendemain de la guerre des Six Jours, le rabbin [[judaïsme conservative|''conservative'']] Theodore Friedman plaide pour une abolition au moins partielle du jour ; toutefois, son confrère [[David Golinkin]] infirme cette opinion en 1997, en rappelant que le jeûne du 9 ''av'' avait continué à être observé après le [[retour à Sion]] alors que les autres jeûnes avaient été abolis<ref>''Proceedings of the Committee on Jewish Law and Standards of the Conservative Movement 1927-1970 - Volume III'' Ed. David Golinkin, The Rabbinical Assembly, Jerusalem, 1997</ref>.<br />Selon les représentants des mondes orthodoxe et ''haredi'', tout importants que soient ces évènements, seule la [[troisième Temple|reconstruction du Temple]] permettra de changer le 9 ''av'' en jour de joie<ref>{{lien web |url=http://www.inss.org.il/publications.php?cat=21&incat=&read=72 |auteur= Yehuda Ben Meir|titre=The Disengagement: An Ideological Crisis|série= Strategic Assesment, March 2005, vol. 7, n°4|site=The Institute for National Security Studies|consulté le=2010-07-20 }}</ref>. Tout changement, y compris celui proposé par le Rav {{lienLien|langue=en|fr=Hayim David HaLevi}} de réciter la prière ''[[Nahem]]'' au passé et non plus au présent, a été refusé. ''A contrario'', une ''kina'' est rédigée en 2005 par le rabbin [[sioniste religieux]] Yehoshoua Buch sur le [[Plan de désengagement des territoires occupés|retrait unilatéral du ''Goush Katif'']], dont le début avait été fixé au lendemain du 9 ''av''<ref>{{pdf}} {{lien web|url=http://machonshilo.org/en/images/stories/files/Kina%20for%20Gush%20Katif.pdf|titre=Kina for Gush Katif|auteur=Yehoushoua Buch}}</ref>.
Le 9 ''av'' continue donc à être considéré comme la date la plus noire du calendrier hébreu, d'autant que certains malheurs continuent à s'y produire (notamment l'[[attentat de l'AMIA|attentat contre le bâtiment de l’''Asociación Mutua Israelita Argentina'']], le 18 juillet 1994, qui fit 84 morts et 230 blessés).
 
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==== Le soir du 9 av ====
[[Image:TishaBeav.jpg|thumbvignette|Lecture de ''knnot'' au pied du Mur occidental, 2004]]
Les règles concernant le 9 ''av'' s'appliquent dès le crépuscule du 8<ref>''K.C.A.'' 123:5</ref>.<br />La [[synagogue]] est dépouillée de ses ornements ([[parokhet|rideau de l'arche]], nappe de la table de [[lecture de la Torah]], etc.), et plongée dans une quasi-obscurité. Les orants prient comme des endeuillés, déchaussés et assis sur des chaises basses. Le Livre des Lamentations est lu par l'officiant d'une voix éteinte, s'élevant progressivement à mesure qu'on complète la lecture du Livre. L'avant-dernier verset, « Ramène-nous vers toi, YHWH, et nous reviendrons ; renouvelle nos jours d'autrefois » est repris à haute voix par l'assemblée avant d'être répété par tous après que l'officiant a achevé sa lecture. Dès lors, le ''[[kaddish]]'' doit être amputé de son ''titkabal'' (« reçois [nos prières] ») jusqu'à la prière du lendemain après-midi<ref>''K.C.A.'' 124:1</ref>. Certains ont coutume de veiller en lisant des ''kinot'' ; ceux qui dorment le font sur des couches inconfortables au possible avec, parfois, une pierre sous la tête, en souvenir de Jacob qui en fit de même avant de s’endormir (Genèse 28:11) car il aurait, selon la tradition, vu la chute du Temple au cours de son rêve<ref>''K.C.A.'' 124:2</ref>.
 
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==== Le matin du 9 av ====
[[Fichier:Tish'a B'av 1887.jpg|thumbvignette|280px|''Tisha B'av'', tableau de [[Leopold Horowitz]], [[1887]]]]
Au matin, on prie sans ''[[tefillin]]'' et sans [[tallit|châle de prière]] car il s'agit d'ornements et cela ne convient pas à un deuil (cette coutume n'est pas suivie par les communautés séfarades arrivées à Jérusalem après l’expulsion des Juifs d’Espagne<ref>''Yossef Daat'' sur ''K.C.A.'' 124:3</ref>). <br />Comme lors de tout jeûne public, la bénédiction ''[[Anenou]]'' (« réponds-nous ») est intercalée dans la [[Amida (judaïsme)|prière]] des offices du matin et de l'après-midi (dans la prière individuelle, les orants l'incluent dans la bénédiction ''shome'a tefila'', sans ''[[hatima]]'' ; au cours de la répétition de la prière par l'officiant, celui-ci la récite après la bénédiction ''goël Israël'', avec ''hatima''). On ne dit pas davantage le ''Tahanoun'' que la veille. <br />Trois fidèles (même ceux qui viennent de perdre un proche peuvent lire car le 9 ''av'', tous sont en deuil<ref>''K.C.A.'' 121:4</ref>) lisent ensuite la [[Parasha de la semaine|section]] ''ki tolid banim'' (« Lorsque tu enfanteras des fils » - [[Deutéronome]] 4:25-40) et on complète avec la section ''assaf assifam'' (« je les rassemblerai » - [[Livre de Jérémie]] 8:13).<br /> On se rassoit ensuite sur des chaises basses et on lit des ''kinot'' comme la veille. Plusieurs passages de la liturgie, dont le psaume quotidien, sont omis. Certains ont coutume de lire ensuite, à titre individuel, le Livre des Lamentations<ref>''K.C.A.'' 124:3</ref>.
 
==== L'après-midi du 9 av ====
[[Fichier:PikiWiki Israel 3432 9 av kotel.JPG|thumbvignette|280 px|L'après-midi du 9 av, les orants se relèvent]]
L'atmosphère de deuil s'allège dans les premiers moments de l'après-midi, après [[Midi (zénith)|que le soleil a atteint son point le plus haut dans le ciel]] : il devient permis de fumer (discrètement chez soi), de travailler, y compris pour son commerce (bien que les pieux l'évitent), de ne plus s'asseoir par terre et de commencer à préparer le repas<ref>''K.C.A.'' 124:14-17</ref>.
 
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