« Robert Smithson » : différence entre les versions

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=== Œuvre ===
==== Premiers temps ====
Il s'oriente, ensuite, vers la peinture abstraite. Il se voit principalement comme peintre à cette époque et ses premières œuvres exposées ont un large éventail d'influences, notamment la science-fiction, l'art catholique et le Pop art <ref>Tsai, Eugenie (1991). ''Robert Smithson Unearthed: Drawings, Collages, Writings''. New York: Columbia University Press. {{ISBN |0-231-07259-7}}.</ref>. En 1961, passe trois mois à Rome, pour une exposition personnelle, et lit beaucoup ([[Carl Gustav Jung|Jung]], [[Sigmund Freud|Freud]], le [[Vorticisme|vorticiste]] [[Wyndham Lewis]], [[T. E. Hulme]], ainsi que [[T.S. Eliot]], ''{{Lien|langue=en|fr=Nightwood}}'' de [[Djuna Barnes]], et ''[[Le Festin nu|Nacked lunch]]'' de [[William Burroughs]]. En 62 il procède à « une sorte d'écriture par collage », selon ses propres mots. Il réalise alors des dessins et des œuvres de collage incorporant des images d'histoire naturelle, des films de science-fiction, de l'art classique, de l'iconographie religieuse et de la pornographie, notamment des « coupures homo-érotiques de ''{{Lien|langue=en|fr=beefcake magazines}}'' » <ref>[https://www.nytimes.com/2005/06/24/arts/design/24kimm.html?ex=1180929600&en=97cea2a283bb6762&ei=5070Sculpture From the Earth, but Never Limited by It], ''NY Times'', 2005, retrieved October 21, 2009</ref>. Les peintures de 1959 à 1962 explorent les "archétypes religieux mythiques" et sont également inspirées de la [[Divine Comédie]] de [[Dante]], telles que les peintures de 1959 du ''Wall of Dis'' et de ''The Inferno, Purgatory and Paradise'', qui correspondent à la structure en trois parties de la Divine Comédie<ref>Roberts, Jennifer L. (2004). ''Mirror Travels: Robert Smithson and History''. New Haven: Yale University Press. {{ISBN|0-300-09497-3}}.</ref>.
 
Alors qu'elle travaille dans une assurance (Lederle Labs in Pearl River), tout en ayant un intérêt pour les arts et les sciences, [[Nancy Holt]] se marie avec lui en 1963. Tous deux multiplient les excursions dans leur pays natal, le New Jersey. Il se consacre alors à la sculpture, « une sorte de travail cristallin du plastique », en partie influencé par la [[cristallographie]], à la recherche de « structures provenant d'une réflexion sur les qualités inhérentes aux matériaux »<ref>{{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=233}}. Dans ce catalogue : ''Untitled'', 1963-64, p. 171. Sculpture semblable p. 83, sans titre : H. 205 x L. 89 x P. 25 cm. Cadre en acier, néons roses, plaques de plastique, miroirs. Deux pyramides, l'une au dessus de l'autre, formant unité.</ref>.
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:Si l'intérêt de Smithson pour la littérature de science-fiction a été souvent évoquée, c'est plus précisément l'œuvre de [[J.G. Ballard]] qui semble souvent très proche de celle de Smithson<ref>{{harvsp|Adeline Wessang , 2014}}</ref>. J.G. Ballard est devenu célèbre au début des années 1960 avec la publication de quatre romans-catastrophe dans lesquels la Terre, telle que nous la connaissons, est détruite par le vent, les inondations, la sécheresse et la cristallisation, respectivement. Parmi lesquels : ''{{Lien|langue=en|fr=The Burning World (novel)}}''<ref>Présentation sur [http://www.ballardian.com/biblio-the-burning-world Ballardian].</ref>, 1964, renommé en 1965: ''[[Sécheresse (roman)|Sécheresse]]'' (''The Drought''), et en 1966: ''[[La Forêt de cristal]]'' (''The Crystal World'') (Smithson publiera un article, ''The Crystal Land'', en 1966, exploration d'une carrière avec [[Donald Judd]]<ref>''Le pays du cristal'', traduction : {{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=169}}</ref>). Quant à [[Brian Aldiss]], il a publié en 1965 ''Terrassement'' (''{{Lien|langue=en|fr=Earthworks (novel)}}'', en 1966 chez [[Doubleday]]) auquel Smithson fait allusion au tout début de « The Monuments of Passaic »<ref>{{harvsp|Robert Smithson, 1967}} : « les « earthworks » paraissaient désigner la construction de terrains artificiels »...</ref>. Dans ''L'entropie et les nouveaux monuments'' (1966), Smithson cite [[Keith Laumer]], un extrait de ''The Other Side of Time'' (1965). Il évoque, dès les premiers mots, après un extrait de [[John Taine]] significatif, le fait que la science-fiction suggère, dans ses idées architecturales, une nouvelle forme de monumentalité qui est comparable aux œuvres de [[Donald Judd]], [[Robert Morris]], [[Sol LeWitt]], [[Dan Flavin]] et à certains artistes du « {{Lien|langue=en|trad=Park Place Gallery|fr=Park Place Group|texte=Park Place Group}} » ... jusqu'à [[Larry Bell]].
 
Après une rupture avec le monde de l'art, Smithson réapparait en 1964 en tant que promoteur du [[Minimalisme (art)|mouvement minimaliste]]<ref>{{Ouvrage |nom=Hobbs |prénom=Robert |titre=Robert Smithson: Sculpture |lire en ligne=https://archive.org/details/robertsmithsonsc00hobb |date=1981 |éditeur=Cornell University Press |lieu=Ithaca, NY |id=Hobbs, 1981|isbn=0-8014-1324-9}}</ref>. Son nouveau travail a abandonné la préoccupation du corps qui était courante dans son travail précédent et il commence à utiliser des plaques de verre et des tubes d'éclairage au néon pour explorer la réfraction visuelle et les miroirs. Sa sculpture murale ''Enantiomorphic Chambers'', 1965<ref>Dessin: [https://www.moma.org/collection/works/37525 ''Enantiomorphic Chambers''] (1965) sur le site du MoMA. La sculpture : [http://pillanatgepek.c3.hu/en/kiallitas/muveszek/robert-smithson/ ''Enantiomorphic Chambers''], sur le site de Pillanatgépek, blickmaschinen.</ref> était faite d'acier et de miroirs et créait l'effet optique d'un « point de fuite inutile » ; il a pris, de lui même, une photo regardant cette sculpture dans laquelle il apparait, sur un miroir, de profil et sur l'autre de face<ref>{{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=233}}</ref>. Les structures cristallines et le concept d'entropie l'intéressèrent et induiront un grand nombre de sculptures réalisées au cours de cette période, dont ''Alogon 2'' (1966) composé de dix unités, dont le titre fait référence au mot grec pour un nombre irrationnel et innommable.
 
Smithson s'engage alors dans une exploration plus méthodique des richesses minérales du New Jersey et des sites de mines abandonnées. C'est en 1965, parfois avec Donal Judd et Nancy Holt (''The Crystal Land'', dans ''Harper's Bazaar'', mai 1966), parfois avec toute la bande de ses amis artistes. Il y évoque la géologie très riche de cette région <ref>Voir : {{lien|Geology of New Jersey}}</ref> dont un grand bloc de lave contenant de petits cristaux de quartz, et passe ensuite à la vue que procure la carrière au dessus des banlieues de New York, qui lui apparait comme une paysage géologique de béton, avec un « je-ne-sais-quoi » de cristallin : les vitrines des magasins, et ainsi de suite<ref>{{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=169}}</ref>. L'intérêt de Smithson pour l'entropie l'a amené à écrire sur un avenir dans lequel « l'univers s'épuisera en une similitude totale »<ref>« ''The universe will burn out into an all-encompassing samenes'' ». {{harvsp|Hobbs, 1981}}</ref>. Ses idées sur l'entropie ont également abordé la culture, « l'étalement urbain et le nombre infini de logements construits pendant le boom de l'après-guerre ont contribué à l'architecture de l'entropie ». À Passaic il évoque le centre-ville comme « une chaîne d'adjonctions déguisées en magasins<ref>{{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=182}}</ref> ». Il qualifie cet étalement urbain / suburbain et tout ce qu'il contient de ''slurbs'': « quantité de choses visibles qui sont insipides et vides », jugement qu'il partage avec Judd. Cette prolifération incontrôlée a contribué à l'[[entropie]], entropie entendue au sens spécifique du [[deuxième principe de la thermodynamique]], vu ici comme une forme de transformation de la société et de la culture, et un désordre qui ne peut que croître avec ces transformations constantes. Devant le bac à sable de sa ville natale il constate : « ce qui avait existé n'était plus que des millions de grains de sable, un immense amas d'os et de pierre pulvérisés ». Puis il prend l'image du bac à sable pour « prouver l'entropie » : si l'on a du sable blanc d'un côté, du sable noir de l'autre, et un enfant qui cours, ...: sable gris<ref>{{harvsp|Robert Smithson et MAC Marseille, 1994|p=182}}</ref>. De nombreuses photographies témoignent de son regard : noir et blanc, format carré 7,6 cm à Passaic, en 67 ; idemm, format carré 8,2 cm sur des traces d'engins de travaux publics, à Oberhausen en 68.
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