« Elinor Smith » : différence entre les versions

{{HomonymeVoir homonymes|Smith}}

Smith est née, Regina Elinor Patricia Ward (son père, acteur, a changé de nom pour Tom Smith, donc elle est devenue Elinor Smith), à [[New York]] et a grandi à {{Lien|langue=en|fr=Freeport, New York|texte=Freeport}}, [[Long Island]], [[État de New York|New York]]<ref name=cradle/>{{,}}<ref name=NYT-Bridges>« ''Says She Flew Under East River Bridges; Elinor Smith, 17, Reports Feat at Curtiss Field--Tells of Dodging Ships'' », ''The New York Times'', 22 octobre 1928. {{p.|3}}.</ref>{{,}}<ref name=wed-quietly>« ''Miss Elinor Smith Wed Quietly in July; Aviatrix Became Wife of P.H. Sullivan, Nephew of Late Tammany Leader'' », ''The New York Times'', 10 novembre 1933, {{p.|8}}.</ref>{{,}}<ref name=Gentry-crash-1929>« ''Girl Flier Crashes at Roosevelt Field; Miss Gentry Smashes Plane in Ditch Where Fonck Craft Fell Three Years Ago. Was Taking Off with Load Preparing for Duration Attempt-- Elinor Smith Rests After Setting Record for Women'' », ''The New York Times'', {{1er}} février 1929. {{p.|2}}.</ref>. Sa mère avait été chanteuse professionnelle, mais a abandonné la scène lorsqu'elle s'est mariée. Son père était comédien, chanteur et danseur. Il effectua de nombreuses tournées (y compris en [[Grande-Bretagne]] et en [[France]]) dans le rôle de {{Lien|langue=en|fr=Scarecrow (Oz)|texte=l'épouvantail}} dans une mise en scène du [[Le Magicien d'Oz|Magicien d'Oz]] et a été une star du {{Lien|langue=en|fr=Orpheum Circuit Inc.|texte=Circuit Orpheum}}. Il a écrit son propre rôle pour son acte de [[vaudeville]], et dans les années 1920 continuait à écrire des comédies pour les spectacles de Broadway<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=22–23, 37, 39, 54}}</ref>.

En 1918, à l'âge de six ans, avec son frère Joe, elle a effectué son [[baptême de l'air]] dans un [[Avions Farman|Farman]] à [[hélice propulsive]] qui a décollé d'un champ de pommes de terre à proximité de {{Lien|langue=en|fr=Hicksville, New York|texte=Hicksville}}, Long Island. Elle a immédiatement été prise de passion pour le vol et a effectué de nombreux vols cet été là avec le même pilote français, Louis Gaubert<ref name=Moses />{{,}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=32}}</ref>{{,}}<ref>[http://aviatechno.free.fr/brevets/images_brevets.php?image=59 Louis Gaubert brevet {{numéro|59}}]</ref>. À l'âge de 10 ans, elle a commencé à prendre des leçons de pilotage auprès de [[Clyde Edward Pangborn]] qui avait attaché des blocs aux palonniers afin que les pieds d'Elinor puisse les atteindre<ref name="Tami Lewis Brown 2010">{{ouvrage|prénom1=Tami Lewis|nom1=Brown|langue=en|titre=Soar, Elinor|éditeur=Farrar Straus Giroux|lieu=New York|année=2010|mois= |jour= |isbn=9780374371159}}.</ref>{{,}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=41}}</ref>.

Elle reçut d'autres leçons de Freddie Lund, le pilote qui emmenait son père à travers le pays sur le circuit des vaudevilles et lui enseignait aussi à piloter, et de [[Bertrand Blanchard Acosta|Bert Acosta]]<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=43–44}}</ref>. Son père a acheté un {{Lien|langue=en|fr=Waco 9}} et engagea « Red » Devereaux comme pilote et comme instructeur de vol pour eux deux<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=47 ''et. seq.''}}</ref>. Pendant toute cette période, cependant, son père avait interdit à ses professeurs, de la laisser décoller ou atterrir, parce qu'il craignait pour sa sécurité<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=43}}</ref>. Cette interdiction fut finalement levée par sa mère tandis que son père était hors de la ville<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=49}}</ref>, et après dix jours d'enseignement intense par Russ Holdermann, elle sortit en solo pour la première fois à 15 ans<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=49–51}}</ref>. Elle a commencé amener le Waco 9 de son père à des altitudes plus élevées qu'on ne l'avait jamais fait avec un tel avion. Elle écrira plus tard dans ses mémoires, « je n'avais rien à faire là-haut, sans oxygène et je le savais. » Le mot fut passé, et tout fut arrangé pour qu'elle obtienne une licence de la [[Fédération aéronautique internationale]] (FAI) et un [[Baromètre#Barographes|barographe]] certifiée FAI<ref name=Moses />{{,}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=60}}</ref>. [[Orville et Wilbur Wright|Orville Wright]] a validé sa licence FAI<ref name=Moses /> , et trois mois après son premier solo, elle établit le [[Record d'altitude|record officiel d'altitude]] à {{Conversion|11889|ft|m|0}} en avion léger dans le Waco 9<ref name=Moses />{{,}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=59–60}}</ref>. En {{date||septembre|1927}}, à 16 ans, elle est devenue la plus jeune pilote licenciée du gouvernement des États-Unis.

Jusqu'à ce jour, elle et sa famille avaient délibérément maintenu la publicité au minimum, afin de lui permettre de parfaire ses compétences de vol sans la distraction de l'attention du public<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=58}}</ref>. Cette situation allait bientôt changer. À la mi-octobre 1928, sur un défi, elle a piloté un {{Lien|langue=en|fr=[[Waco 10}}]]<ref name="Tami Lewis Brown 2010"/> sous les quatre ponts de l'[[East River (New York)|Est River]] à [[New York]] d'après le ''Cradle of Aviation Museum'', elle est la seule personne l'avoir fait<ref name=Moses />{{,}}<ref name=cradle />{{,}}<ref>Phyllis R. Moses (''op. cit.'') dit d'elle qu'elle était la première personne à faire cela. Le 22 octobre 1928 un communiqué du ''New York Times'' la décrit comme étant la seule « femme » à faire cela, mais ne nomme aucun homme qui l'ait fait avant. Sa page sur le site internet du Cradle of Aviation Museum dit qu'elle est la seule personne à l'avoir fait. Dans ses mémoires ({{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=3–19}}) elle s'attribue le fait d'être la seule à l'avoir fait à bord d'un avion terrestre, mais indique qu'il était plutôt courant pour les hydravions de passer sous les ponts.</ref>. De son propre aveu à l'époque, elle a d'abord effectué une reconnaissance du trajet au-dessus du pont ; elle a dû néanmoins esquiver plusieurs navires<ref name=NYT-Bridges />{{,}}<ref name=Smith-bridges>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=3–19}}</ref>. Même si elle ne le savait pas à l'avance, des équipes d'actualités étaient là pour filmer à chaque pont : les habitués de {{Lien|langue=en|fr=Roosevelt Field, New York}} avaient beaucoup parié sur sa réussite ou non, et ceux qui pariaient sur elle avait alerté les médias pour qu'il y ait des preuves claires sur film qu'elle était bien aux commandes de l'avion<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=16}}</ref>. D'après son compte-rendu, la seule sanction qu'elle a reçu pour la cascade non autorisée fut de 10 jours d'interdiction de vol par la ville de New York, dont le maire {{Lien[[Jimmy Walker (homme politique)|langue=en|fr=James J. Walker}}]] intercéda en sa faveur afin d'éviter toute suspension effective sa licence par le [[Département du Commerce des États-Unis]]<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=19}}</ref>. Une demande d'autographe accompagnait la lettre de réprimande du Ministère à Elinor<ref name="Tami Lewis Brown 2010"/>.

De nombreux autres exploits ont suivi de près. Jusqu'à la fin de 1928, il n'y avait pas de record d'endurance de vol établi par des femmes ; Smith a décidé d'en établir un, et s'est battue pour cela. Le 20 décembre, {{Lien|langue=en|fr=Viola Gentry}} vola pendant huit heures et six minutes. En ce qui concerne Smith, il fut établi un objectif réalisable, elle qui d'après Red Devereaux l'aurait fait « debout sur la tête »<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=78}}</ref>. Toutefois, avant que Smith ait terminé ses préparatifs, le {{date|2|janvier|1929}}, [[Bobbi Trout|Evelyn « Bobbi » Trout]], en Californie, a élevé le record à 12 heures. En vertu des règles FAI, les records d'endurance doivent être établis par heure pleine<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=79}}</ref>.

Fin janvier 1929, il devint clair que Gentry était prêt à faire une autre tentative<ref name="nyt-duration-17">« Girl Flier, 17, Sets Woman's Duration Mark; Remains in the Air 13 Hours 17 Minutes », ''The New York Times'', 31 janvier 1929. {{p.|1}}.</ref>. L'hiver était rude à New York cette année-là, Smith jugea que Roosevelt Field n'était pas en état pour un décollage très chargé. Avec quelques difficultés, elle obtint la permission d'utiliser le terrain militaire à proximité {{Lien|langue=en|fr=Mitchel Air Force Base}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=80}}</ref>. Le 30 janvier, pilotant un [[biplan]] {{Lien|langue=en|fr=Brunner-Winkle Bird}} à cockpit ouvert, une journée où la température était de {{Conversion|0|°F|°C|0}}, Smith porta le record d'endurance féminin en solo à 13 h 30 min<ref name=Moses />. Son plan était de voler toute la nuit et d'atterrir en plein jour : à l'insu de ceux qui l'entourent, même si elle avait souvent atterri au crépuscule, elle n'avait jamais fait un atterrissage de nuit avant. Toutefois, l'effet du froid sur elle et son avion la força à se poser. Elle réussit à atterrir avec une lourde charge de carburant restant seulement grâce au fait [[James H. Doolittle|Jimmy Doolittle]] avait vu sa fusée et fut en mesure de la guider jusqu'à l'aérodrome. En effet, personne sur le terrain n'avait vu sa fusée, aussi les feux de piste n'avait pas été allumés. Après l'atterrissage, elle se promit « de ne plus jamais afficher ce mélange d'incompétence et d'arrogance<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=80–86}}; the {{lang|en|texte="incompetence and arrogance"}} quotation is on {{p.|84}}.</ref>. »

C'est également en 1929, décollant de Metropolitan Airport (maintenant [[Aéroport de Van Nuys|Van Nuys Airport]]) à [[Los Angeles]], qu'elle et Bobbi Trout (qui était copilote) ont établi le premier record d'endurance féminin avec ravitaillement en vol. Ils tinrent en l'air durant 42 h 30 min dans un biplan Sunbeam propulsé par un moteur J-6 de {{unité|300|ch}}. Smith pilotait au contact tandis que Trout s'occupait du tuyau de ravitaillement<ref name=Moses />{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Douglas|nom1=Martin|titre=Evelyn Trout, Record-Setting Flier, Dies at 97|périodique=The New York Times|date=2003-02-02|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2003/02/02/us/evelyn-trout-record-setting-flier-dies-at-97.html|consulté le=2017-04-20}}</ref>{{,}}<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=180 ''et. seq.''}}; {{p.|194}} pour ce qui est le premier établissement d'un tel record.</ref>. Leur équipe de ravitaillement, un {{Lien|langue=en|fr=Curtiss Carrier Pigeon|texte=Curtiss Pigeon}} avec un moteur [[Liberty L-12]], piloté par Paul Whittier avec Pete Reinhardt à la manipulation du tuyau<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=181}}</ref>. Smith et Trout espéraient un record d'au moins 100 heures, visant 164 heures (une semaine)<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=190, 194}}</ref>, mais cela ne devait pas se faire. Les deux appareils n'étaient pas très bien adaptés à la tâche à accomplir. Le Pigeon a été choisi pour son importante capacité de transport de carburant, mais que c'était un avion obsolète avec un moteur capricieux pour lequel les pièces de rechange n'étaient pas faciles à obtenir. En position de ravitaillement, le pilote du Pigeon ne pouvait pas du tout voir le Sunbeam, il n'y avait donc aucun moyen de signaler un éventuel dysfonctionnement du moteur qui entraînerait une perte soudaine d'altitude. La Sunbeam n'était pas un avion particulièrement stable : aux dires de Smith, « il devait être piloté chaque instant avec la même concentration que pour un vol d'essai. » En outre, les deux appareils étaient terriblement incompatibles en termes de vitesse : quand ils effectuaient le ravitaillement, le Pigeon devait voler proche de sa vitesse de pointe alors que le Sunbeam ralentissait à la limite de sa vitesse de [[décrochage (aérodynamique)|décrochage]]<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=180 ''et. seq.''}}. The "concentration of a test flight" quotation is on {{p.|182}}.</ref>.

La première tentative de record faillit être un désastre après seulement 12 heures de vol. Pendant le ravitaillement, à proximité de l'[[Île Santa Catalina (Californie)|île Santa Catalina]], une turbulence soudaine a arraché le tuyau de la main de Trout, l'aspergeant de carburant, tandis qu'à l'autre extrémité du tuyau Reinhardt était en sang. Les deux avions sont retournés à Metropolitan Airport, et personne n'a été gravement blessé<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=183}}</ref>. Une série d'autres tentatives ont duré entre 10 et 18 heures ; le maillon faible à chaque fois qu'était le moteur du Pigeon. Enfin, à la fin novembre 1929, la saison des pluies approchant, assez de facteurs favorables se sont mis en place pour leur permettre d'établir un record significatif, même s'il était plus modeste que ce qu'ils avaient initialement prévu. Pour des raisons totalement inexpliquées, le Sunbeam volait mieux que d'habitude ; le moteur Liberty du Pigeon fonctionnait bien après 36 heures, mais lorsqu'il faillit ce fut dramatique, et il força l'appareil de ravitaillement à un atterrissage d'urgence avec son tuyau dehors. Smith et Trout ont emmené le Sunbeam presque à sec, prolongeant leur vol à exactement 42 heures et demie<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981|p=192–194}}</ref>.

En mars 1930, elle a ajouté près de {{Conversion|1|mi|km|2}} au record mondial d'altitude, volant à une hauteur de {{Conversion|27419|ft|m|0}}<ref name=Moses />. Sa performance dans une interview diffusée sur [[National Broadcasting Company|NBC]] peu de temps après que le vol lui a valu une place en tant que radio reporter couvrant le monde de l'aviation, y compris les émissions en direct de spectacles aériens et les entrevues avec d'autres aviateurs de premier plan<ref>{{HarvnbHarvsp|Smith|1981}} ''passim.''</ref>. En mai 1930, toujours avant son {{19e|anniversaire}}, elle devint la plus jeune pilote ayant une [[licence de pilote de ligne|licence de transport]] accordée par le [[département du Commerce des États-Unis]]. En octobre 1930, un sondage auprès des pilotes brevetés l'a élue « meilleure Femme pilote d'Amérique<ref name=Moses /> ».