« Paul Ier (roi des Hellènes) » : différence entre les versions

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== Famille ==
 
[[Fichier:Konstantyn I z rodziną.JPG|thumbvignette|leftgauche|alt=Photos de la famille royale de Grèce en 1914|La famille royale hellène vers 1914. Au centre, on peut voir la reine [[Sophie de Prusse|Sophie]] et le roi [[Constantin Ier (roi des Hellènes)|{{nobr|Constantin {{Ier}}}}]] avec, autour d'eux, de gauche à droite, les futurs rois {{nobr|Paul {{Ier}}}}, [[Alexandre Ier (roi des Hellènes)|{{nobr|Alexandre {{Ier}}}}]] et [[Georges II (roi des Hellènes)|{{nobr|Georges {{II}}}}]] ainsi que les futures reines [[Hélène de Grèce|Hélène de Roumanie]] et [[Irène de Grèce (1904-1974)|Irène de Croatie]].]]
{{article connexe|Famille royale de Grèce}}
 
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==== Petite enfance ====
 
[[Fichier:Children of King Constantine.jpg|thumbvignette|alt=Photo des enfants du roi Constantin {{Ier}}|Les enfants du roi {{nobr|Constantin {{Ier}}}} en 1905. De gauche à droite, on peut voir la princesse [[Hélène de Grèce|Hélène]], la princesse [[Irène de Grèce (1904-1974)|Irène]] (bébé), le prince [[Georges II (roi des Hellènes)|Georges]], le prince [[Alexandre Ier (roi des Hellènes)|Alexandre]] et le prince Paul. Seule manque ici la princesse [[Catherine de Grèce|Catherine]].]]
 
{{Article connexe|Constantin Ier (roi des Hellènes){{!}}{{nobr|Constantin {{Ier}}}} de Grèce|Sophie de Prusse}}
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{{Article connexe|Coup de Goudi|Grèce dans les guerres balkaniques}}
 
[[Fichier:Schlosshotel-kronberg002.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo du château de ''Friedrichshof''|''Friedrichshof'', résidence de la princesse Marguerite de Prusse et refuge des princes de Grèce en exil.]]
 
En 1909, Paul a sept ans quand un groupe d'officiers grecs, réunis dans la {{Citation|Ligue militaire}}, organise un [[coup d'État]] contre le gouvernement de son grand-père, le roi [[Georges Ier (roi des Hellènes)|{{nobr|Georges {{Ier}}}}]] : c'est le {{Citation|[[coup de Goudi]]}}. Bien que se déclarant monarchistes, les membres de la Ligue, dirigée par [[Nikólaos Zorbás]], demandent au souverain de démettre ses fils de l'armée. Officiellement, il s'agit de protéger la famille royale des jalousies que pourraient faire naître ses amitiés avec certains militaires. Officieusement, la réalité est toute autre : les insurgés rendent en effet le [[Constantin Ier (roi des Hellènes)|diadoque]] responsable de la cuisante [[Guerre gréco-turque (1897)|défaite subie par la Grèce face à l'Empire ottoman]] en 1897<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=68-69}}</ref> et considèrent que la famille royale monopolise indûment les plus hauts postes de l'armée<ref name="Vickers84">{{harvsp|Vickers|2000|p=84}}</ref>.
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{{Article connexe|Elefthérios Venizélos|Schisme national}}
 
[[Fichier:Ελευθέριος Βενιζέλος.jpg|thumbvignette|alt=Photo d'Elefthérios Venizélos.|Elefthérios Venizélos, chef de l'opposition à la famille royale (1919).]]
 
Devenu roi après l'assassinat de {{nobr|Georges {{Ier}}}} en 1913<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=74-75}}</ref>, le père de Paul cherche à maintenir la [[Royaume de Grèce|Grèce]] dans une position de [[Neutralité (relations internationales)|neutralité]] durant la [[Grèce dans la Première Guerre mondiale|Première Guerre mondiale]]. Le nouveau monarque considère en effet que son pays n'est pas prêt à participer à un nouveau conflit un an tout juste après la fin de la [[Grèce dans les guerres balkaniques|Deuxième Guerre balkanique]]. Mais, formé en [[Empire allemand|Allemagne]] et lié au Kaiser [[Guillaume II (empereur allemand)|{{nobr|Guillaume {{II}}}}]] dont il est le beau-frère, {{nobr|Constantin {{Ier}}}} est rapidement accusé de soutenir les [[Triplice|puissances centrales]] et de souhaiter la défaite des [[Alliés de la Première Guerre mondiale|Alliés]]. Bientôt, le souverain rompt avec son Premier ministre, [[Elefthérios Venizélos]], qui est quant à lui convaincu de la nécessité de soutenir les pays de la [[Triple-Entente]] pour rattacher les minorités grecques de l'[[Empire ottoman]] et des [[Balkans]] au royaume hellène. Protégé par les pays de l'Entente, et par la [[France|République française]] en particulier, l'homme politique crétois forme, en octobre 1916, un [[Gouvernement de défense nationale (Grèce)|gouvernement parallèle]] à celui du monarque à [[Thessalonique]]. Le centre de la Grèce est alors occupé par les forces alliées et le pays est en passe de sombrer dans la guerre civile : c'est le {{Citation|[[Schisme national]]}}. En dépit de ces difficultés, aggravées par les ennuis de santé du souverain, {{nobr|Constantin {{Ier}}}} refuse de modifier sa politique et doit faire face à l'opposition toujours plus nette de l'Entente et des [[Vénizélisme|vénizélistes]]<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=89-101}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=88}}</ref>.
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Malgré ces difficultés, les anciens souverains grecs continuent à se préoccuper de l'éducation de leur plus jeune fils. Après avoir essuyé un nouveau refus du gouvernement britannique d'intégrer Paul dans la ''[[Royal Navy]]'', Constantin et Sophie acceptent la proposition du Kaiser [[Guillaume II (empereur allemand)|{{nobr|Guillaume {{II}}}}]] de le faire entrer dans la ''[[Kaiserliche Marine]]''. Quelques semaines après son arrivée en Suisse, le prince part donc pour l'[[Empire allemand|Allemagne]], où il doit devenir [[Cadet (grade militaire)|cadet]]<ref name="Hourmouzios33"/>{{,}}<ref name="JVD117"/>.
 
[[Fichier:Map Greece expansion 1832-1947-fr.svg|thumbvignette|alt=Carte représentant l'extension progressive du territoire grec entre 1830 et 1947|L'expansion territoriale de la Grèce entre 1832 et 1947. Les territoires annexés après la Première Guerre mondiale apparaissent en orange et en jaune. Ceux en jaune sont toutefois reperdus après la guerre gréco-turque.]]
 
Après plusieurs semaines de remise à niveau dans une école préparatoire allemande, Paul intègre donc l'[[Académie de marine de Kiel|Académie de Kiel]], où sa formation doit être supervisée par son oncle, le prince [[Henri de Prusse (1862-1929)|Henri de Prusse]]. Cependant, les [[Mutineries de Kiel|mutineries]] qui éclatent dans la ''Kaiserliche Marine'' en novembre 1918 amènent la fermeture de l'école navale, désertée par professeurs et élèves. Tandis que la [[Révolution allemande de 1918-1919|révolution se propage]] et que les trônes germaniques sont renversés les uns après les autres, Paul doit se résoudre à reprendre le chemin de la Suisse. Or, le prince vient de contracter la grippe espagnole, et c'est avec beaucoup de difficultés qu'il parvient à retrouver sa famille, après plusieurs jours de périples à travers l'Allemagne<ref name="Mateos94-95"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=33-35}}</ref>.
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{{Article connexe|Guerre gréco-turque (1919-1922){{!}}Guerre gréco-turque}}
 
[[Fichier:Great Fire of Smyrna.jpg|thumbvignette|alt=Photo montrant la ville de Smyrne en feu|Photo de l'incendie de Smyrne, le 14 septembre 1922.]]
 
Le retour de la famille royale en Grèce, le 19 décembre 1920, est accueilli par d'importantes manifestations de liesse populaire<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=128-129}}</ref>. Pourtant, la restauration de {{nobr|Constantin {{Ier}}}} ne ramène pas la paix escomptée par la population. Bien plus encore, elle empêche le pays de recevoir l'appui des grandes puissances dans la [[Guerre gréco-turque (1919-1922)|guerre]] qui l'oppose à la [[Turquie]] de [[Mustafa Kemal Atatürk|Mustafa Kemal]] depuis 1919. De fait, les anciens Alliés n'ont pas pardonné à Constantin son attitude durant la [[Grèce dans la Première Guerre mondiale|Première Guerre mondiale]] et ils ne sont pas prêts à lui fournir leur soutien<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=129-130}}</ref>. Quant au souverain, il a beau se rendre en [[Anatolie]], en 1921, pour y soutenir le moral des troupes hellènes, il n'est plus le commandant en chef dynamique qui a mené son pays à la victoire pendant les [[Grèce dans les guerres balkaniques|guerres balkaniques]] de 1912-1913. Gravement diminué par la [[pleurésie]] qui le ronge depuis la Grande guerre, il doit retourner en Grèce continentale dès septembre 1921<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=132-135}}</ref>.
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==== Diadoque de Grèce ====
[[Fichier:Georges II et Elisabeth.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo du prince Georges et de la princesse Élisabeth de Roumanie.|Le roi {{nobr|Georges {{II}}}} et son épouse [[Élisabeth de Roumanie (1894-1956)|Élisabeth de Roumanie]] (1921).]]
{{Article connexe|Grande Catastrophe|Coup d'État du 11 septembre 1922}}
 
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==== La chute de la monarchie et l'exil ====
[[Fichier:King Carol II and Queen Helen of Romania.jpg|thumbvignette|alt=Photo du prince Carol de Roumanie et de la princesse Hélène de Grèce.|La princesse Hélène de Grèce et le prince royal Carol de Roumanie en 1921.]]
{{Article connexe|Deuxième République (Grèce){{!}}Deuxième République hellénique}}
 
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=== Une longue période d'errance ===
[[Image:King paul of greece.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo du prince Paul en uniforme de la marine|Le diadoque Paul vers 1920.]]
 
==== Entre Coventry et Londres ====
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==== Une vie sentimentale mouvementée ====
 
[[Fichier:Nyina Georgijevna of Russia.jpg|thumbvignette|alt=Tableau de Philip Alexius de László représentant la princesse Nina de Russie|La princesse Nina Georgievna de Russie, premier amour de Paul. Portrait par [[Philip Alexius de László]], v. 1920.]]
 
Au milieu de ces mondanités, Paul fait bientôt la connaissance d'une jeune femme, dont il ne tarde pas à tomber amoureux. Sa liaison devenant de plus en plus sérieuse, il projette de l'officialiser en se mariant. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le prince envisage de fonder une famille. Quelque temps avant la chute de la monarchie hellène, il a ainsi demandé la main de sa cousine la princesse [[Nina Georgievna de Russie|Nina de Russie]], fille du grand-duc [[Georges Mikhaïlovitch de Russie (1863-1919)|Georges Mikhaïlovitch]] et de la princesse [[Marie de Grèce]]. Cependant, la jeune femme a poliment rejeté sa proposition pour épouser un [[Paul Chavchavadze|prince géorgien]] en 1922<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=96 et 337}}</ref>.
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Au printemps 1930, Paul fait la connaissance du capitaine Frederick Wessel, un riche rentier d'origine danoise qui lui fait part de son projet de croisière en [[mer Égée]] à bord de son yacht personnel. Nostalgique, le prince profite de l'occasion pour demander à Wessel l'autorisation de l'accompagner. Surpris par la requête de Paul, qui est toujours interdit de séjour en [[Grèce]], Wessel finit par accepter à la condition que son invité garde son identité secrète et s'abstienne de toute activité politique durant leur voyage. Le 10 juillet 1930, le prince arrive donc à [[Villefranche-sur-Mer]], où il embarque à bord du ''Frefrada''. Après trois semaines de voyage le long des côtes françaises et italiennes, le prince arrive finalement à [[Corfou]] avec Wessel, son épouse et quelques amis du couple (2 août 1930)<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=61-63}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=148-149}}</ref>.
 
[[Fichier:TATOI PALACE.JPG|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo du palais de Tatoï|Le palais de Tatoï, résidence préférée du diadoque (2002).]]
Commence alors un périple d'environ un mois et demi qui amène successivement l'équipage dans le [[golfe de Patras]] (5 août), à [[Corinthe]] (7 août), dans la baie de [[Phalère (port)|Phalère]], à [[Athènes]], à [[Vouliagméni]], au [[cap Sounion]] (19 août), à [[Chalcis]], en [[Eubée]], à [[Skiathos]] et [[Skyros]] (25 août), à [[Kymi]] (26 août), à [[Andros (Grèce)|Andros]], à [[Syros (île)|Syros]], à [[Santorin]], en [[Crète]] (29 août), à [[Pylos|Navarin]] et finalement à [[Argostóli]] (12 septembre), d'où le ''Frefrada'' regagne l'Italie<ref name="Hourmouzios63-67">{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=63-67}}</ref>.
 
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Entre 1924 (année où la [[Deuxième République hellénique]] est proclamée) et 1935 (date à laquelle cette dernière est abolie), la [[Grèce]] connaît une forte instabilité politique et financière. En un peu plus de dix ans, vingt-trois gouvernements, une [[dictature]] et treize [[coup d'État|coups d'État]] se succèdent. En moyenne, chaque cabinet reste en place durant six mois tandis qu'une tentative de putsch est organisée toutes les quarante-deux semaines. Incapables de rétablir l'ordre dans le pays et discrédités par leur implication dans les différents coups d'État, les républicains perdent progressivement du terrain face aux monarchistes et des voix de plus en plus nombreuses réclament le retour sur le trône de [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]] ou d'un autre membre de sa famille (comme le [[George de Kent|duc de Kent]])<ref>{{harvsp|Vickers|2000|p=263}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=152-153}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Palmer|Greece|1990|p=71}}</ref>.
 
[[Fichier:Alexandros Zaimis 01.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo d'Aléxandros Zaïmis.|Aléxandros Zaïmis, président de la République hellénique avant la restauration de {{nobr|Georges {{II}}}}.]]
Finalement, le 10 octobre 1935, les [[forces armées grecques]] destituent le Premier ministre [[Panagis Tsaldaris]] et le président de la République [[Aléxandros Zaïmis]], avant de les remplacer par le ministre de la guerre [[Geórgios Kondýlis]]<ref name="Vaca256">{{harvsp|Vacalopoulos|1975|p=256}}</ref>. Ancien [[vénizélisme|vénizéliste]], Kondylis est un militaire déçu de la république, qu'il juge coupable d'avoir amené l'[[anarchie]] en Grèce. Sous son impulsion, l'Assemblée hellénique proclame la [[Restauration (politique)|restauration]] de la [[monarchie]] et nomme l'homme politique [[Liste des régents de Grèce|régent]] en attendant le retour de {{nobr|Georges {{II}}}} au pouvoir. Or, en [[Angleterre]], le roi des Hellènes fait savoir au nouveau gouvernement que seule la tenue d'un [[référendum]] peut le conduire à remonter sur le trône<ref name="JVD153">{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=153}}</ref>.
 
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==== Un diadoque écarté des affaires ====
{{Article connexe|Ioannis Metaxas|Régime du 4-Août}}
[[Fichier:Metaxas-regime-greek-fascism.png|thumbvignette|alt=Photo d'un rassemblement de l'Organisation nationale de la jeunesse.|Le dictateur Metaxas au milieu de membres de l'EON (1938).]]
De retour en [[Royaume de Grèce|Grèce]], Paul découvre rapidement que son frère n'a nullement l'intention de l'associer aux affaires du royaume. En presque vingt ans d'exil et de vicissitudes politico-familiales, [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]] est en effet devenu un homme méfiant et taciturne. Aîné du diadoque de onze ans, il a peu d'affinités avec lui et ne se montre guère soucieux de nouer de nouveaux liens avec son cadet. Installé au [[palais présidentiel d'Athènes|palais royal]] avec le roi, Paul se retrouve donc dans l'inconfortable position de devoir côtoyer le souverain et la classe politique au quotidien sans avoir de véritable fonction officielle<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=156-157}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=104-105}}</ref>.
 
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{{Article connexe|Frederika de Hanovre}}
==== Des fiançailles compliquées ====
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-2003-1103-501, Berlin, Olympiade, Spyridon Louis, Kronprinz Paul.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Paul et Spyridon Louis aux Olympiades de Berlin.|Le diadoque aux côtés de [[Spyridon Louis]] aux Olympiades de Berlin, en 1936.]]
Le roi [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]] n'ayant pas d'enfant et la [[famille royale de Grèce|maison d'Oldenbourg]] ne comptant plus guère de princes susceptibles d'assurer la pérennité de la monarchie hellénique, il devient rapidement capital que Paul contracte une union dynastique pour donner à son pays un héritier<ref group=N>La Grèce appliquant une [[Lois de succession au trône de Grèce|succession]] semi-[[loi salique|salique]], ce serait à l'un des oncles de Paul ([[Nicolas de Grèce (1872-1938)|Nicolas]], [[Georges de Grèce|Georges]], [[André de Grèce|André]] ou [[Christophe de Grèce|Christophe]]) ou à l'un de ses rares cousins ([[Pierre de Grèce|Pierre]] ou [[Philip Mountbatten|Philippe]]) de monter sur le trône s'il décédait sans descendance. Or, les oncles du diadoque sont déjà âgés et ils ne jouissent pas d'une très bonne réputation dans leur pays. Quant à ses cousins, ils connaissent très mal la Grèce, dont ils ont longtemps été éloignés par l'exil.</ref>{{,}}<ref name="JVD158"/>. Mais, âgé de {{unité|34|ans}} au moment de la [[restauration (politique)|restauration]], le diadoque passe pour un original, plus intéressé par le [[tennis]] et l'[[archéologie]] (qu'il pratique en amateur depuis quelques années) que par les jeunes filles<ref name="Mateos100">{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=100}}</ref>.
 
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Dans le [[royaume de Grèce|royaume hellène]] comme à l'étranger, les fiançailles du diadoque avec une princesse allemande divisent. Malgré le respect que lui vouent les Grecs pour ses qualités personnelles et son caractère affable, Paul ne suscite guère l'engouement des foules. De fait, depuis l'instauration de la [[Régime du 4-Août|dictature de Metaxas]] avec le consentement de [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]], la famille royale subit le mécontentement croissant des citoyens<ref name="Mateos109">{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=109}}</ref>. Surtout, les difficultés économiques que connaît le pays depuis le déclenchement de la [[Grande Dépression]] font craindre à la population le coût d'un mariage princier. Dans ces conditions, de nombreuses voix s'élèvent à l'idée que le contribuable grec doive financer des festivités fastueuses, d'autant que Paul ne possède pas encore de résidence personnelle et que ses épousailles ouvrent donc la perspective de nouvelles dépenses publiques<ref name="Mateos102-107">{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=102-103 et 107}}</ref>.
 
[[Fichier:Paul and Frederica of Greece.jpg|thumbvignette|alt=Photo du prince Paul et de la princesse Frederika|Paul et Frederika en 1939.]]
Outre ces préoccupations financières, c'est le choix d'une fiancée allemande qui inquiète le plus les Grecs et les chancelleries. Les [[Maison d'Oldenbourg|Oldenbourg]] étant d'origine germano-danoise, ils sont toujours perçus comme une dynastie étrangère par une partie de la population hellène. Dans le pays, nombreux sont donc ceux qui auraient préféré voir l'héritier du trône épouser une de leurs compatriotes. Cependant, la nationalité de Frederika et ses liens de parenté avec le Kaiser [[Guillaume II d'Allemagne|{{nobr|Guillaume {{II}}}}]] rappellent surtout aux Hellènes et aux gouvernements [[Alliés de la Première Guerre mondiale|alliés]] la période de la [[Grèce dans la Première Guerre mondiale|Première Guerre mondiale]]. Ils ravivent par ailleurs la légende noire entourant la figure de la reine [[Sophie de Prusse|Sophie]], accusée d'avoir poussé [[Constantin Ier de Grèce|{{nobr|Constantin {{Ier}}}}]] dans les bras des [[puissances centrales]] pendant la Grande Guerre. Or, Paul est considéré par les chancelleries étrangères comme une personnalité influençable, qui pourrait facilement être manipulée par sa femme<ref name="Mateos102-107"/>.
 
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==== Une cérémonie mal perçue ====
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-S33882, Adolf Hitler retouched.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo d'Hitler|L'ombre d'Adolf Hitler plane sur le mariage de Paul et Frederika.]]
La princesse [[Frederika de Hanovre|Frederika]] n'est pas encore arrivée en [[Royaume de Grèce|Grèce]] que de nouvelles polémiques éclatent à son propos. Aucune sainte [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]] n'ayant jamais porté son prénom, l'[[Église orthodoxe de Grèce|Église nationale]] lui demande d'adopter un nom plus conforme à la [[Culture de la Grèce|culture]] et à la religion de son nouveau pays. Cependant, la jeune femme refuse catégoriquement de se plier à la requête du [[Saint-Synode#Dans l'Église grecque|Saint-Synode]] parce qu'elle considère que son prénom fait partie intégrante de son identité. Face à la détermination de Frederika, l'Église doit finalement renoncer à sa demande<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=104}}</ref>.
 
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==== La Guerre italo-grecque ====
{{Article connexe|Guerre italo-grecque}}
[[Fichier:Italo-Grecian War 1940-1941 - political map of operations.gif|thumbvignette|alt=Carte des combats de la guerre italo-grecque|L'Épire, théâtre des opérations de la guerre italo-grecque.]]
Tandis que la famille royale s'agrandit, les [[Wehrmacht|troupes allemandes]] s'emparent progressivement de l'[[Europe sous domination nazie|Europe]] et [[Bataille de France|la France s'effondre]] sous les coups de la [[Blitzkrieg]]. Devant les succès hitlériens, l'[[Italie fasciste]] entre à son tour dans le conflit, le 10 juin 1940. Immédiatement, [[Benito Mussolini|Mussolini]] lance une violente campagne de propagande contre la Grèce, accusant le gouvernement de [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]] d'abriter des [[Royal Navy|navires britanniques]] dans ses eaux territoriales et de violer ainsi sa propre neutralité<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=160}}</ref>. Quelques semaines plus tard, le 15 août, un sous-marin italien coule le croiseur grec ''[[Elli (croiseur)|Elli]]'' alors qu'il escorte un navire rempli de pèlerins, au large de [[Tinos]], dans la [[mer Égée]]<ref name="Palmer78">{{harvsp|Palmer|Greece|1990|p=78}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Dimitrakis|2009|p=20}}</ref>.
 
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==== L'invasion de la Grèce ====
{{Article connexe|Bataille de Grèce|Bataille de Crète|Occupation de la Grèce par les puissances de l'Axe}}
[[Fichier:Battle of Greece WWII 1941 map-fr.svg|thumbvignette|leftgauche|alt=Carte des opérations militaires en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale.|L'invasion de la Grèce continentale par les forces de l'Axe, en avril 1941.]]
Alors que la [[Guerre italo-grecque|guerre avec l'Italie]] fait rage en [[Épire du Nord|Épire]], le général [[Ioannis Metaxas]] s'éteint le 29 janvier 1941. Pourtant, {{nobr|Georges {{II}}}} refuse de mettre en place un [[gouvernement d'unité nationale]] et nomme comme nouveau Premier ministre le gouverneur de la [[Banque de Grèce|Banque nationale]], [[Alexandros Korizis]]. L'attitude équivoque du souverain, qui maintient ainsi la [[régime du 4-Août|dictature]] mise en place en 1936, contribue à ternir davantage son image et lui vaut de nombreuses critiques, tant en Grèce que du côté des Alliés<ref name="JVD162">{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=162}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Dimitrakis|2009|p=23}}</ref>.
 
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Dans ces conditions, les forces helléniques et alliées n'ont d'autre choix que de se retirer plus au sud. Durant sa retraite, la {{Ire}} armée grecque est prise à revers et doit offrir sa reddition aux Allemands le 20 avril. En fait, dès la mi-avril, la situation est devenue si alarmante que le Premier ministre Korizis a demandé à {{nobr|Georges {{II}}}} d'accepter la [[capitulation]]. Mais le souverain a alors éclaté dans une terrible colère et s'est opposé catégoriquement à toute forme de compromission avec l'ennemi. Ne pouvant supporter la situation, Korizis s'est suicidé à son domicile athénien le 18 avril, laissant le cabinet vacant jusqu'à la nomination d'[[Emmanouil Tsouderos]] comme chef du gouvernement, le 21 avril<ref name="Palmer80"/>{{,}}<ref name="ref-8"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=291}}</ref>.
 
[[Fichier:German assault on Crete.jpg|thumbvignette|alt=Carte des attaques allemandes sur la Crète pendant la Seconde Guerre mondiale.|Carte représentant l'assaut aéroporté allemand sur la Crète.]]
Conscient que l'arrestation de la famille royale constitue un objectif majeur pour la Wehrmacht, le souverain et son gouvernement envisagent, dès le 9 avril, de quitter la Grèce continentale pour trouver refuge en [[Crète]]. Mais l'île étant également vulnérable aux attaques allemandes, {{nobr|Georges {{II}}}} demande officiellement au gouvernement britannique l'autorisation de s'installer à [[Colonie britannique de Chypre|Chypre]]<ref group=N>L'île est sous [[colonie britannique de Chypre|domination anglaise]] depuis 1878 et le reste jusqu'en 1960.</ref> avec son cabinet et {{unité|50000|recrues}} grecques. De là, une contre-offensive pourrait en effet être facilement organisée en direction du [[Dodécanèse italien]]<ref group=N>Conquis en 1912 après la [[guerre italo-turque]], le [[Dodécanèse]] fait partie de l'[[empire colonial italien]] jusqu'en 1945.</ref>. Dans un premier temps, la [[Royaume-Uni|Grande-Bretagne]] semble acquiescer. Cependant, le ''Colonial Office'' ne tarde pas à s'opposer à ce qui lui apparaît comme une tentative déguisée de réaliser l'[[énosis]] (autrement dit l'annexion de l'île par la Grèce) et c'est donc la Crète qui est choisie comme situation de repli par le gouvernement<ref name="Palmer80"/>.
 
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==== Entre Égypte et Royaume-Uni ====
{{Article connexe|Gouvernement grec en exil}}
[[Fichier:JanSmutsFM.png|leftgauche|thumbvignette|alt=Photo de Jan Smuts|Le Premier ministre sud-africain Jan Smuts, ami et protecteur de Frederika (en 1943).]]
À [[Alexandrie]], la famille royale est accueillie par la [[Diaspora grecque en Égypte|diaspora grecque]], qui procure aux exilés vêtements, argent et logement<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=113}}</ref>. Mais tandis qu'à [[Athènes]], un [[État grec (1941-1944)|gouvernement collaborateur]] est mis en place par les [[Occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale|occupants]], en [[Royaume d'Égypte|Égypte]], la présence des [[Maison d'Oldenbourg|Oldenbourg]] inquiète fortement le roi [[Farouk Ier d'Égypte|{{nobr|Farouk {{Ier}}}}]] et ses ministres pro-Italiens. Paul et sa famille doivent donc chercher un autre refuge pour passer la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]] et poursuivre leur lutte contre les forces de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]]. Le [[George VI du Royaume-Uni|souverain britannique]] s'opposant à la présence de la princesse [[Frederika de Hanovre|Frederika]] et de ses enfants au [[Royaume-Uni]]<ref group=N>Officiellement, {{nobr|Georges {{VI}}}} refuse de mettre ainsi en danger des enfants dynastes au Royaume-Uni. En réalité, il craint que la présence d'une petite-fille du Kaiser [[Guillaume II d'Allemagne|{{nobr|Guillaume {{II}}}}]] en Angleterre ne rappelle aux Britanniques les origines allemandes de sa propre famille ({{harvsp|Vickers|2000|p=292}} et {{harvsp|Dimitrakis|2009|p=25}}).</ref>, il est finalement décidé que [[Georges II de Grèce|{{nobr|Georges {{II}}}}]] et le diadoque pourraient s'installer à [[Londres]] mais que le reste de la dynastie devrait s'établir en [[Union d'Afrique du Sud|Afrique du Sud]] jusqu'à la fin du conflit<ref>{{harvsp|Vickers|2000|p=292}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=164}}</ref>.
 
Ligne 303 :
=== De l'exil au trône ===
==== Un difficile retour en Grèce ====
[[Fichier:Archbishop Damaskinos of Greece.jpg|thumbvignette|alt=Photo de l'archevêque-primat d'Athènes, Damaskinos.|L'archevêque-primat Damaskinos d'Athènes.]]
{{article connexe|Dekemvrianá}}
Alors que le royaume hellène est progressivement libéré durant l'année 1944 et que la majorité des exilés grecs peuvent regagner leur foyer, Paul et sa famille doivent rester en Égypte du fait de la montée de l'opposition républicaine dans leur pays. Sous la pression de [[Winston Churchill|Churchill]] et d'[[Anthony Eden|Eden]], le roi {{nobr|Georges {{II}}}}, toujours en exil à Londres, doit en effet nommer [[Régence|régent]] l'archevêque [[Damaskinos d'Athènes]] le 29 décembre 1944. Or, le primat de l'[[Église orthodoxe de Grèce|Église orthodoxe]] forme immédiatement un gouvernement à majorité républicaine et place le général [[Nikolaos Plastiras]] à la tête du cabinet. Humilié, malade et sans plus aucun pouvoir, {{nobr|Georges {{II}}}} envisage un moment d'abdiquer en faveur de son frère mais décide finalement de n'en rien faire<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=170-171}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=164-169 et 171}}</ref>.
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==== Vie familiale ====
Une fois Paul monté sur le trône, les Oldenbourg quittent leur [[Palais de Psychiko|villa]] de [[Filothei-Psychiko|Psychico]] pour s'installer au [[palais présidentiel d'Athènes|palais royal d'Athènes]]. L'intention du nouveau souverain et de son épouse n'est cependant pas de rester vivre dans la capitale hellénique mais de déménager à [[Tatoï]], une fois cette résidence restaurée. D'importants travaux sont donc engagés dans la résidence bâtie au {{s-|XIX|e}} par [[Georges Ier de Grèce|{{nobr|Georges {{Ier}}}}]], et la famille royale y emménage définitivement en 1949, réservant le palais d'Athènes à la tenue de cérémonies officielles<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=119-120}}</ref>.
[[Fichier:Constantine II of Greece (1959).jpg|thumbvignette|leftgauche|Le diadoque Constantin en 1959.|alt=Photo du diadoque Constantin]]
 
Dans leur foyer et avec leurs enfants, le roi et la reine utilisent l'anglais comme langue de communication<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=120}}</ref>. Les petits princes sont élevés dans une relative simplicité et {{nobr|Paul {{Ier}}}} s'occupe d'eux personnellement à chaque fois qu'il en a l'occasion. Avec sa progéniture, le souverain lit, écoute de la [[musique classique]] et discute beaucoup<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=131-132}}</ref>. Cependant, à l'adolescence, [[Sophie de Grèce (1938)|Sophie]] et [[Irène de Grèce (1942)|Irène]] sont envoyées en [[Schule Schloss Salem|internat]] à [[Salem (Bade-Wurtemberg)|Salem]], en [[Allemagne de l'Ouest|Allemagne]], afin d'y compléter leur éducation. Les deux jeunes filles y reçoivent alors une formation conforme aux préceptes de [[Kurt Hahn]], un pédagogue juif allemand dont les idées ont profondément inspiré plusieurs familles royales d'origine germanique. De son côté, le diadoque [[Constantin II (roi des Hellènes)|Constantin]] est scolarisé au [[lycée Anávryta|lycée Anavryta]] de [[Maroússi|Maroussi]], qui suit les mêmes préceptes éducatifs<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=123-124}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=216 et 300}}</ref>.
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==== La famille royale face à la guerre civile ====
{{Article connexe|Guerre civile grecque}}
[[Fichier:DSE badge.svg|thumbvignette|uprightredresse|alt=Dessin de l'emblème des forces communistes grecques.|L'emblème des forces communistes grecques.]]
Ce ne sont cependant pas ces considérations familiales qui occupent le plus {{nobr|Paul {{Ier}}}} durant ses premières années de règne. En octobre 1947, le monarque contracte la [[fièvre typhoïde]], qui l'immobilise pendant de longues semaines et fait craindre pour sa vie. Or, la Grèce est toujours secouée par la [[guerre civile grecque|guerre civile]]. La [[Armée démocratique de Grèce|guérilla communiste]], qui opère principalement dans le nord du pays, cherche à s'emparer d'une ville où elle pourrait proclamer la [[Démocratie populaire|république populaire]]. Le 25 décembre, les [[Parti communiste de Grèce|communistes]] lancent ainsi une attaque contre la cité de [[Konitsa]], située à proximité de la [[Frontière entre l'Albanie et la Grèce|frontière avec l'Albanie]]. La santé du roi ne lui permettant pas de se rendre sur le front, son épouse prend la décision de gagner le terrain des opérations afin de soutenir l'[[forces armées grecques|armée régulière]]. En dépit des origines allemandes de la souveraine, son voyage en [[Épire (périphérie)|Épire]] est un succès, qui lui permet d'apparaître comme une femme forte et courageuse<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=121}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=189 et 192-193}}</ref>.
 
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La Grèce sort dévastée de la guerre civile. Entre {{formatnum:50000}} et {{unité|200000|personnes}} sont mortes à cause des combats et {{formatnum:100000}} à {{unité|200000|autres}} [[réfugiés grecs de la guerre civile|ont fui le royaume ou été déportées]] par les communistes dans les pays du [[bloc de l'Est]]<ref group=N>Les chiffres concernant les victimes de la guerre civile varient fortement en fonction des auteurs. [[Georges Contogeorgis]] (''Histoire de la Grèce'', Hatier, 1992, {{p.|415}}) parle de {{unité|150000|morts}}, {{unité|1200000|sans-abris}} et 80 à {{unité|150000|réfugiés}}. Constantin Tsoucalas (''La Grèce de l'indépendance aux colonels'', F. Maspero, 1970, {{p.|103}}) évoque 40 à {{unité|158000|morts}} selon les calculs, des centaines de milliers de sans-abris et 80 à {{unité|100000|réfugiés}}. Nikolaos G. Svoronos (''Histoire de la Grèce moderne'', Que sais-je ?, 1980, {{p.|120}}) donne les morts pour la période complète des guerres 1940-1949 et fournit le chiffre d'un demi million. Le ''Guide bleu'', dans son résumé de l'histoire de la Grèce (Hachette, 2006, {{p.|113}}), évoque {{unité|200000|morts}}. Constantin Prévélakis (''La Grèce de A à Z'', article « Guerre civile », A. Versaille, 2011, {{p.|75}}) parle de {{unité|50000|morts}}.</ref>. Le réseau de communication est fortement endommagé et quantité d'églises, d'écoles, d'usines et de logements sont complètement hors d'usage<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=213}}</ref>. Afin de répondre au dénuement de leurs sujets, Paul et [[Frederika de Hanovre|Frederika]] créent, dès 1947, une [[Fondation royale pour les Œuvres sociales|fondation]] chargée de récolter de l'argent en faveur des victimes de la guerre civile. Avec les dons, la reine met ainsi en place un réseau de « ''[[paidoupolis]]'' » destiné à héberger les enfants et adolescents issus des zones de combat<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=181 et 197}}</ref>.
 
[[Fichier:Ordenspatron König Paul I.png|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo de Paul et Frederika avec Theodor Heuss|Paul et Frederika en compagnie du président [[Allemagne de l'Ouest|ouest-allemand]] [[Theodor Heuss]] (1954).]]
 
==== Voyages à l'étranger et en province ====
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Une fois la [[guerre civile grecque]] terminée, la question chypriote devient l'une des priorités du roi et de son gouvernement. En 1952, le souverain profite des funérailles du roi [[George VI du Royaume-Uni|{{nobr|Georges {{VI}}}} du Royaume-Uni]] pour aborder directement le problème de Chypre avec le gouvernement anglais, sans succès<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=247}}</ref>. Par la suite, il profite de chaque occasion officielle ou privée pour rappeler aux autorités britanniques la nécessité de laisser les Chypriotes décider de leur propre sort<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=250}}</ref>. Durant ses voyages à l'étranger, et particulièrement lors de son séjour en [[Turquie]], le monarque cherche également à convaincre ses interlocuteurs de soutenir l'énosis<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=251}}</ref>.
 
[[Image:Makarios III and Robert F. Wagner NYWTS cropped.jpg|thumbvignette|alt=L'archevêque-primat Makarios III|{{nobr|Makarios {{III}}}}, archevêque de Nicosie, en 1962.]]
Déjà en froid avec [[Londres]], la [[famille royale de Grèce]] soulève la colère du gouvernement britannique en recevant à plusieurs reprises (en 1953 et 1954) monseigneur Makarios à [[Athènes]]<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=260-261 et 265}}</ref>. Offensées, les autorités anglaises déclarent publiquement, en 1954, que l'énosis est inenvisageable et proposent aux Chypriotes un nouveau projet de constitution, celui de 1948 ayant dû être abandonné<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=268}}</ref>. Sur ces entrefaites, le Premier ministre grec [[Aléxandros Papágos]] soumet la question chypriote à l'ONU<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=268-269}}</ref> tandis qu'un [[Ethniki Organosis Kyprion Agoniston|mouvement indépendantiste]] dirigé par le général [[Georges Grivas]] se développe sur l'île<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=270}}</ref>.
 
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Le 10 septembre 1958, {{nobr|Paul {{Ier}}}} fait un nouveau discours en faveur de l'énosis durant un voyage officiel en [[Suisse]]. Ce faisant, il déclenche les foudres de la presse britannique, qui l'accuse de soutenir le terrorisme des nationalistes chypriotes grecs<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=302-303}}</ref>. Malgré tout, les négociations concernant Chypre reprennent au bout de quelques mois. Le 5 février 1959, un [[Accords de Zurich et de Londres|sommet gréco-turc réuni à Zurich débouche sur l'ouverture de véritables pourparlers à Londres]], en présence de tous les partis engagés dans le conflit. Épineuses, les négociations aboutissent à un compromis qui confère à Chypre sa pleine indépendance sous l'égide du Royaume-Uni, de la Grèce et de la Turquie. C'est la fin (temporaire) d'une crise qui a marqué les cinq premières années du règne de Paul<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=308-311}}</ref>.
 
[[Image:Marshall Plan poster.JPG|thumbvignette|leftgauche|alt=Affiche en faveur du plan Marshall|Affiche de propagande en faveur du Plan Marshall (1950).]]
 
=== Entre « miracle économique » et autoritarisme royal ===
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==== Une monarchie semi-autoritaire ====
[[Image:KaramanlisNatsinasAgora crop.jpg|thumbvignette|alt=Photo de Konstantinos Karamanlis|Le Premier ministre [[Constantin Caramanlis (1907-1998)|Constantin Caramanlis]].]]
{{Article connexe|Constitution grecque de 1952}}
{{Citation|[[Monarchie parlementaire|Démocratie couronnée]]}} depuis l'[[Élection au trône de Grèce (1862-1863)|élection au trône de {{nobr|Georges {{Ier}}}}]] en 1863, la Grèce n'en garde pas moins certains traits d'une [[monarchie absolue|monarchie autoritaire]]<ref>{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=20}}</ref>. En dépit de la mise en place d'une [[constitution grecque de 1952|nouvelle constitution]] en 1952, la couronne conserve des pouvoirs plus étendus que dans la plupart des autres monarchies européennes et {{nobr|Paul {{Ier}}}} est régulièrement accusé par les médias et une partie de la classe politique hellènes de se montrer peu respectueux du jeu parlementaire. De fait, le souverain n'hésite pas à faire connaître publiquement son opinion sans en référer auparavant au gouvernement (comme lorsqu'il soutient publiquement l'[[énosis]] dans le ''New York Times'', en 1948). Il ne craint pas non plus d'aller contre les recommandations de son Premier ministre (comme lors de son voyage au Royaume-Uni en 1963) ou de mettre en avant les liens privilégiés qu'il entretient avec l'[[Forces armées grecques|Armée]] (faisant ainsi craindre aux opposants de la monarchie des velléités de coup d'État)<ref name="JVD180-182">{{harvsp|Van der Kiste|1994|p=180-181 et 182}}</ref>{{,}}<ref name="Hourmouzios323-325">{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=323-325}}</ref>.
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==== Un roi fier de ses enfants ====
{{Article connexe|Voile aux Jeux olympiques d'été de 1960}}
[[Image:Zeilwedstrijden op het IJsselmeer om Drakencup 1960 Zijne Koninklijke Hoogheid P, Bestanddeelnr 911-3969.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo du diadoque Constantin sur son bateau.|Le diadoque sur son bateau en juillet 1960.]]
Le 2 juin 1958, le diadoque [[Constantin II de Grèce|Constantin]] atteint sa majorité, ce qui marque le début de ses obligations officielles. Très proche de {{nobr|Paul {{Ier}}}}, le prince a reçu une éducation soignée et il participe aux audiences que le roi donne à ses ministres depuis l'âge de onze ans. Le souverain a en effet beaucoup souffert d'avoir lui-même été écarté des affaires par son frère et il fait son possible pour que son successeur ne connaisse pas les mêmes obstacles<ref>{{harvsp|Hourmouzios|1972|p=299-300}}</ref>.
 
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==== Une opposition de plus en plus vive ====
[[Image:Γεώργιος Α. Παπανδρέου 1.jpg|thumbvignette|alt=Photo de Georgios Papandréou|Le Premier ministre [[Geórgios Papandréou (1888-1968)|Geórgios Papandréou]] en 1964.]]
{{Article connexe|Geórgios Papandréou (1888-1968){{!}}Geórgios Papandréou|Grigóris Lambrákis}}
Au début de l'année 1963, la reine Frederika est invitée à se rendre au [[Royaume-Uni]] en visite privée à l'occasion des noces de la princesse [[Alexandra de Kent]], organisées en février. En Grèce, le projet de voyage soulève les critiques du fait des vives tensions qui ont opposé, peu de temps auparavant, Londres et Athènes à propos de [[Chypre (île)|Chypre]]. Mais, en dépit des conseils du Premier ministre [[Konstantínos Karamanlís (1907-1998)|Konstantínos Karamanlís]], la souveraine s'entête et part en Grande-Bretagne avec sa fille [[Irène de Grèce (1942)|Irène]]. Or, le séjour de la souveraine est une catastrophe, qui contribue à ternir davantage l'image de la famille royale à l'étranger. Dès l'arrivée de Frederika en Angleterre, des [[tabloïd]]s publient en effet une photographie datant des années 1930 où la reine, alors adolescente, pose, en compagnie de ses frères, en uniforme des [[Jeunesses hitlériennes]]. Ces mêmes journaux présentent par ailleurs la souveraine comme une femme aux idées d'[[extrême droite]] qui gouverne la Grèce d'une main de fer<ref name="Mateos134">{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=134}}</ref>.
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==== Maladie et décès ====
[[Fichier:GrabPaul Friederike.jpg|thumbvignette|leftgauche|alt=Photo de la tombe de Paul et Frederika.|La tombe de Paul et de Frederika, à Tatoï.]]
En vieillissant, {{nobr|Paul {{Ier}}}} est atteint de problèmes de vue, qui l'obligent à se faire opérer de la [[Cataracte (maladie)|cataracte]] en 1959. Cependant, ces difficultés ne sont rien au regard du [[cancer de l'estomac]] que les médecins lui diagnostiquent en janvier 1964. De plus en plus faible depuis son dernier voyage au [[Royaume-Uni]], le roi s'évanouit juste après la cérémonie d'investiture du Premier ministre [[Geórgios Papandréou (1888-1968)|Geórgios Papandréou]] qui se déroule en février. Peu après, ses médecins l'opèrent d'un [[Ulcère gastro-duodénal|ulcère de l'estomac]], mais l'intervention révèle surtout la [[cancer généralisé|généralisation du cancer]] et les chirurgiens abandonnent tout espoir de guérison. Veillé par son épouse à [[Tatoï]], Paul voit sa santé se dégrader rapidement et le diadoque [[Constantin II de Grèce|Constantin]] est envoyé en urgence sur l'île de [[Tinos]] pour y chercher une icône considérée comme miraculeuse. Cependant, l'image sainte ne suffit pas à guérir le souverain, qui meurt le 6 mars 1964, des suites d'une nouvelle intervention chirurgicale, à l'âge de {{unité|62|ans}}<ref>{{harvsp|Mateos Sainz de Medrano|2004|p=135-136}}</ref>.