« Eau pluviale » : différence entre les versions

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Quand la pluie se forme, sa qualité reflète beaucoup celle de l'[[air]]. Or l'air lui-même est souvent enrichi de [[contaminant]]s venant des [[sol (pédologie)|sols]]. La qualité de l'eau pluviale évolue donc au gré des saisons, selon la direction et la force des vents et en fonction des contextes (urbains, agricoles, industriels...). Ainsi des ''[[brumes de sable]]'' directement venues du Sahara (suite à une [[tempête de sable]]) peuvent ''salir'' la pluie jusque dans les Caraïbes à l'Ouest, ou jusqu'en [[Finlande]] au Nord. Une fois au sol, la pluie (ou neige...) se charge ensuite de nombreux contaminants au contacts des matières et substrats sur lesquels elle ruisselle ou qui la collectent<ref name=Petrucci2017/>.
 
Depuis les années 1950, les [[réseau séparatif|réseaux séparatifs]] d'égouttage se sont développés; ils drainent séparément les eaux pluviales, quiet sontles [[eaux usuées]]. Les eaux pluviales ensuiteetant généralement rejetées dans le milieu naturel sans traitement, ou après un simple désablagedessablage et déshuilage. Dans les [[années 1980]] des eaux pluviales ont commencé à être analysées dans des villes et zones industrielle, ou près de grands axes de transport (mesures de débits, de turbidité, et de quelques de paramètres physicochimiques et/ou biologiques).
On a ainsi montré que la pluie après avoir lessivé l'air et certaines surfaces contaminées (ex : [[toiture]]s ou [[gouttière]]s en [[plomb]], [[zinc]] ou [[cuivre]]...), contribue souvent à dégrader les eaux du milieu récepteur<ref name=Brombach2005>Brombach H, Weiss G, Fuchs S (2005) ''A new database on urban runoff pollution: comparison of separate and combined sewer systems''. Water Science and Technology 51, 119-128.</ref>{{,}}<ref name=BurtonPit2002>Burton GA & Pitt R (2002) ''Stormwater Effects Handbook: A Toolbox for Watershed Managers''. Lewis Publisher, 911 pp.</ref>{{,}}<ref>Clark SE, Burian S, Pitt R & Field R (2007) ''Urban wet-weather flows''. Water Environment Research 79, 1166-1227</ref>. En outre des infiltrations d'eaux parasites se produisent parfois dans les réseaux séparatifs<ref>Dupasquier B (1999) ''Modélisation hydrologique et hydraulique des infiltrations d'eaux parasites dans les réseaux séparatifs d'eaux usées'' (Doctoral dissertation, Paris, ENGREF)</ref>.Les eaux pluviales se polluent en ruisselant puis parfois dans le réseau séparatif lui-même (par solubilisation et/ou remise en suspension de dépôts antérieurement sédimentés, de même dans le réseau unitaire <ref name=Gromaire2000>Gromaire, M. C. (2000)[https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/2000/02/lhb2000018.pdf ''La pollution des eaux pluviales urbaines en réseau d'assainissement unitaire-Caractéristiques et origines'']. La Houille Blanche, (2), 66-70</ref>). En ville, la pluie peut déjà contenir des contaminants, mais elle se pollue surtout sur les toitures et dans les gouttières et sur les chaussées, et moindrement dans les cours intérieures <ref name=Gromaire2000/>. Une étude faite en région parisienne a montré que si les eaux de ruissellement de toiture sont peu « assez peu chargées en particules et en matière organique » les métaux et aussi des hydrocarbures y sont très présents<ref name=Gromaire2000/>. Ainsi dans le bassin versant du quartier du Marais, de petite taille, où les eaux pluviales et d’égout sont mélangées ; 63% du volume ruisselé provient aujourd’hui de toitures mais ce volume apporte moins de 30% de la masse de MES, MVS, DCO et DB05. Par contre il apporte 85% du plomb et du cadmium (contaminant naturel du zinc), du plomb et 66% du cuivre. Dans ce cas les premiers 30% du volume de pluie collectée contiennent 20 à 60% de la masse de MES<ref name=Gromaire2000/>. Pour intercepter 80% de la masse de MES, il faudrait intercepter entre 54 et 83% du volume d'effluent<ref name=Gromaire2000/>.
Les fines particules emportées par la pluie (dont nanoparticules métalliques et métaux toxiques dissous qui ne sont pas biodégradables) ne sédimentent que lentement <ref>ex : vitesse médiane de sédimentation de 0,003 à 0,52 cm/s pour 80% des événements étudiés à Paris xxxxx</ref>. Selon les auteurs utiliser du zinc, plomb ou cuivre en toitures est « hautement préjudiciable pour la qualité des eaux de ruissellement », et contrairement à une idée reçue les chaussées polluent fortement la pluie qui y ruisselle durant tout l’épisode pluvieux, et pas seulement avec un pic de pollution en début d’épisode de pluie. Ne traiter que le début du flux ne suffit donc pas, ce qui complique le traitement du ruissellement à la parcelle.
La pluie qui a ruisselé est une source de contamination supplémentaire des eaux transportées par les réseaux unitaires, principalement à cause des particules en suspension. Ainsi à l'exutoire du réseau unitaire du Marais (Paris), « 60 à 95% de la matière organique, 65 à 99% du zinc et des hydrocarbures, 90 à 99% du cadmium, du cuivre et du plomb véhiculés par temps de pluie sont liés aux particules »; Ces particules sédimentent plus vite que dans les eaux de ruissellement que dans les eaux usées (si elles proviennent de période plus sèche)<ref name=Gromaire2000/>. En moyenne annuelle, la décantation des rejets unitaires par de temps de pluie n’améliore que modérément la qualité de l’eau, car la vitesse de sédimentation varie beaucoup d’une pluie à l’autre. Le sédiment est à éliminer comme déchets potentiellement toxiques<ref name=Gromaire2000/>.
 
On a ainsi montré que la pluie après avoir lessivé l'air et certaines surfaces contaminées (ex : [[toiture]]s ou [[gouttière]]s en [[plomb]], [[zinc]] ou [[cuivre]]...), contribue souvent à dégrader les eaux du milieu récepteur<ref name=Brombach2005>{{en}} Brombach H, Weiss G, Fuchs S (2005) ''A new database on urban runoff pollution: comparison of separate and combined sewer systems''. Water Science and Technology 51, 119-128.</ref>{{,}}<ref name=BurtonPit2002>{{en}} Burton GA & Pitt R (2002) ''Stormwater Effects Handbook: A Toolbox for Watershed Managers''. Lewis Publisher, 911 pp.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Clark SE, Burian S, Pitt R & Field R (2007) ''Urban wet-weather flows''. Water Environment Research 79, 1166-1227</ref>. En outre des infiltrations d'eaux parasites se produisent parfois dans les réseaux séparatifs<ref>Dupasquier B (1999) ''Modélisation hydrologique et hydraulique des infiltrations d'eaux parasites dans les réseaux séparatifs d'eaux usées'' (Doctoral dissertation, Paris, ENGREF)</ref>. Les eaux pluviales se polluent en ruisselant puis parfois dans le réseau séparatif lui-même (par solubilisation et/ou remise en suspension de dépôts antérieurement sédimentés, de même dans le réseau unitaire <ref name=Gromaire2000>Gromaire, M. C. (2000)[https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/2000/02/lhb2000018.pdf ''La pollution des eaux pluviales urbaines en réseau d'assainissement unitaire-Caractéristiques et origines'']., La Houille Blanche, (2), 66-70</ref>). En ville, la pluie peut déjà contenir des contaminants, mais elle se pollue surtout sur les toitures et dans les gouttières et sur les chaussées, et moindrement dans les cours intérieures <ref name=Gromaire2000/>. Une étude faite en région parisienne a montré que si les eaux de ruissellement de toiture sont peu « assez peu chargées en particules et en matière organique » les métaux et aussi des hydrocarbures y sont très présents<ref name=Gromaire2000/>. Ainsi dans le bassin versant du quartier du Marais, de petite taille, où les eaux pluviales et d’égout sont mélangées ; 63% du volume ruisselé provient aujourd’hui de toitures mais ce volume apporte moins de 30% de la masse de MES, MVS, DCO et DB05. Par contre il apporte 85% du plomb et du cadmium (contaminant naturel du zinc), du plomb et 66% du cuivre. Dans ce cas les premiers 30% du volume de pluie collectée contiennent {{nobr|20 à 60 %}} de la masse de MES<ref name=Gromaire2000/>. Pour intercepter 80% de la masse de MES, il faudrait intercepter entre {{nobr|54 et 83%}} du volume d'effluent<ref name=Gromaire2000/>.
Le phénomène des [[pluies acides]] parce que médiatisé a été le premier à préoccuper le grand public et les décideurs. Les paramètres recherchés ont donc d'abord été le pH et la présence de minéraux et/ou nutriments dissous (acidifiants et/ou [[eutrophisant]]s, azotés notamment). A la même époque, alors que l'[[essence]] était encore [[essence plombée|plombée]], quelques métaux<ref name=MetoxHAP2006/>, [[métalloïde]]s et les polluants les plus courants (ex : [[hydrocarbures aromatiques]]<ref name=MetoxHAP2006/>)<ref name=MetoxHAP2006/> ont aussi été recherchés. Puis les [[pesticide]]s (détectés jusqu'en arctique dans les écosystèmes) ont fait l'objet de quelques études dans les pluies, à partir des [[années 1990]]<ref>Quaghebeur D, De Smet B, De Wulf E, Steurbaut W (2004) ''Pesticides in rainwater in Flanders, Belgium: results from the monitoring program 1997-2001''. Journal of Environmental Monitoring 6, 182-190.</ref>{{,}}<ref name=Muller2002>Muller K, Bach M, Hartmann H, Spiteller M & Frede HG (2002) ''Point- and nonpoint-source pesticide contamination in the Zwester Ohm catchment, Germany''. J. Environ. Qual. 31, 309-318.</ref>). La [[radioactivité]] des eaux pluviales a été suivie près d'installations nucléaires à risque, et après les accidents nucléaires ([[catastrophe de Tchernobyl|Tchernobyl]], [[Accident de Fukushima|Fukushima]]). Et enfin divers [[perturbateurs endocriniens]] ont aussi été recherchés et retrouvés dans les exutoires d'eaux pluviales (et de station d'épuration d'ailleurs également)<ref name=MetoxHAP2006>{{Article |langue=en |auteur1=JN Brown|auteur2=BM Peake |titre=Sources of heavy metals and polycyclic aromatic hydrocarbons in urban stormwater runoff |périodique=Science of the Total Environment |volume= |numéro=359 |date=2006 |pages=p.145-155 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>.
 
Les fines particules emportées par la pluie (dont nanoparticules métalliques et métaux toxiques dissous qui ne sont pas biodégradables) ne sédimentent que lentement <ref>ex : vitesse médiane de sédimentation de {{unité|0,003 à 0,52 cm/s}} pour 80% des événements étudiés à Paris xxxxx</ref>. Selon les auteurs utiliser du zinc, plomb ou cuivre en toitures est « hautement préjudiciable pour la qualité des eaux de ruissellement », et contrairement à une idée reçue les chaussées polluent fortement la pluie qui y ruisselle durant tout l’épisode pluvieux, et pas seulement avec un pic de pollution en début d’épisode de pluie. Ne traiter que le début du flux ne suffit donc pas, ce qui complique le traitement du ruissellement à la parcelle.
Quelques protocoles d'évaluation des flux annuels de contaminants primaires ou secondaires des eaux pluviales ont été mis au point dits « SFA » <ref>ou AFS pour les francophones, pour ''Analyse de flux de substances''</ref>. Ils doivent aider à mieux comprendre la part relative des émissions dues à la pollution de l'air, à la [[pollution automobile]] ([[pneu]]s, [[plaquette de frein]]s, [[carburant]]s, traces de [[pot catalytique|catalyseurs]]…), ou encore au lessivage des matériaux sur lesquels l'eau s'écoule (toitures, canalisations et surfaces imperméables)<ref name=Petrucci2017/>. En combinant des analyses ponctuelle de micropolluants, des données de mesure en continu (ex : [[pluviométrie]], [[débit]], [[turbidité]]), les flux peuvent être comparés en divers points du bassin-versant à ceux évalués à l’exutoire final du [[réseau pluvial]] pour par exemple comprendre les lieux et temps de contamination des eaux pluviales, souvent très diffuses<ref name=Petrucci2017>Petrucci, G., Gromaire, M. C., Hannouche, A., & Chebbo, G. (2017) ''Évaluations des sources primaires et des flux annuels de métaux et de HAP à l’échelle de bassins versants urbains''. Techniques Sciences Méthodes, (7-8), 91-104.</ref>.
 
<br>Presque tous les polluants de notre environnement ont finalement aussi été retrouvés dans les pluies et les eaux pluviales déversées dans les milieux récepteur. Certains de ces contaminants sont classés ''polluants prioritaires'' par la [[directive cadre sur l'eau]](européenne)<ref>Eriksson E, Baun A, Scholes L, Ledin A, Ahlman S, Revitt M, Noutsopoulos C, Mikkelsen PS (2007) ''Selected stormwater priority pollutants - a European perspective''. Science of the Total Environment 383, 41-51</ref>{{,}}<ref>Lamprea K, Ruban V (2011) ''Pollutant concentrations and fluxes in both stormwater and wastewater at the outlet of two urban watersheds in Nantes (France)''. Urban Water Journal 8, 219- 231.</ref>{{,}}<ref>Lamprea K, Ruban V (2011) ''Characterization of atmospheric deposition and runoff water in a small suburban catchment''. Environmental Technology 32, 1141-1149</ref>{{,}}<ref>Gheib S, Moilleron R, Chebbo G (2012) ''Priority pollutants in urban stormwater: Part 1-Case of separate storm sewers''. Water Research 46, 6683-6692</ref>.
La pluie qui a ruisselé est une source de contamination supplémentaire des eaux transportées par les réseaux unitaires, principalement à cause des particules en suspension. Ainsi à l'exutoire du réseau unitaire du Marais (Paris), « {{nobr|60 à 95 %}} de la matière organique, {{nobr|65 à 99 %}} du zinc et des hydrocarbures, {{nobr|90 à 99 %}} du cadmium, du cuivre et du plomb véhiculés par temps de pluie sont liés aux particules »; Ces particules sédimentent plus vite que dans les eaux de ruissellement que dans les eaux usées (si elles proviennent de période plus sèche)<ref name=Gromaire2000/>. En moyenne annuelle, la décantation des rejets unitaires par de temps de pluie n’améliore que modérément la qualité de l’eau, car la vitesse de sédimentation varie beaucoup d’une pluie à l’autre. Le sédiment est à éliminer comme déchets potentiellement toxiques<ref name=Gromaire2000/>.
 
Le phénomène des [[pluies acides]] parce que médiatisé a été le premier à préoccuper le grand public et les décideurs. Les paramètres recherchés ont donc d'abord été le pH et la présence de minéraux et/ou nutriments dissous (acidifiants et/ou [[eutrophisant]]s, azotés notamment). A la même époque, alors que l'[[essence]] était encore [[essence plombée|plombée]], quelques métaux<ref name=MetoxHAP2006/>, [[métalloïde]]s et les polluants les plus courants (ex : [[hydrocarbures aromatiques]]<ref name=MetoxHAP2006/>)<ref name=MetoxHAP2006/> ont aussi été recherchés. Puis les [[pesticide]]s (détectés jusqu'en arctique dans les écosystèmes) ont fait l'objet de quelques études dans les pluies, à partir des [[années 1990]]<ref>Quaghebeur D, De Smet B, De Wulf E, Steurbaut W (2004) ''Pesticides in rainwater in Flanders, Belgium: results from the monitoring program 1997-2001''. Journal of Environmental Monitoring 6, 182-190.</ref>{{,}}<ref name=Muller2002>{{en}} Muller K, Bach M, Hartmann H, Spiteller M & Frede HG (2002) ''Point- and nonpoint-source pesticide contamination in the Zwester Ohm catchment, Germany''. J. Environ. Qual. 31, 309-318.</ref>). La [[radioactivité]] des eaux pluviales a été suivie près d'installations nucléaires à risque, et après les accidents nucléaires ([[catastrophe de Tchernobyl|Tchernobyl]], [[Accident de Fukushima|Fukushima]]). Et enfin divers [[perturbateurs endocriniens]] ont aussi été recherchés et retrouvés dans les exutoires d'eaux pluviales (et de station d'épuration d'ailleurs également)<ref name=MetoxHAP2006>{{Article |langue=en |auteur1=JN Brown|auteur2=BM Peake |titre=Sources of heavy metals and polycyclic aromatic hydrocarbons in urban stormwater runoff |périodique=Science of the Total Environment |volume= |numéro=359 |date=2006 |pages=p.145-155 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>.
 
Quelques protocoles d'évaluation des flux annuels de contaminants primaires ou secondaires des eaux pluviales ont été mis au point dits « SFA » <ref>ou AFS pour les francophones, pour ''Analyse de flux de substances''</ref>. Ils doivent aider à mieux comprendre la part relative des émissions dues à la pollution de l'air, à la [[pollution automobile]] ([[pneu]]s, [[plaquette de frein]]s, [[carburant]]s, traces de [[pot catalytique|catalyseurs]]…), ou encore au lessivage des matériaux sur lesquels l'eau s'écoule (toitures, canalisations et surfaces imperméables)<ref name=Petrucci2017/>. En combinant des analyses ponctuelle de micropolluants, des données de mesure en continu (ex : [[pluviométrie]], [[débit]], [[turbidité]]), les flux peuvent être comparés en divers points du bassin-versant à ceux évalués à l’exutoire final du [[réseau pluvial]] pour par exemple comprendre les lieux et temps de contamination des eaux pluviales, souvent très diffuses<ref name=Petrucci2017>Petrucci, G., Gromaire, M. C., Hannouche, A., & Chebbo, G. (2017) ''Évaluations des sources primaires et des flux annuels de métaux et de HAP à l’échelle de bassins versants urbains''. Techniques Sciences Méthodes, (7-8), 91-104.</ref>.<br>Presque tous les polluants de notre environnement ont finalement aussi été retrouvés dans les pluies et les eaux pluviales déversées dans les milieux récepteur. Certains de ces contaminants sont classés ''polluants prioritaires'' par la [[directive cadre sur l'eau]](européenne)<ref>Eriksson E, Baun A, Scholes L, Ledin A, Ahlman S, Revitt M, Noutsopoulos C, Mikkelsen PS (2007) ''Selected stormwater priority pollutants - a European perspective''. Science of the Total Environment 383, 41-51</ref>{{,}}<ref>Lamprea K, Ruban V (2011) ''Pollutant concentrations and fluxes in both stormwater and wastewater at the outlet of two urban watersheds in Nantes (France)''. Urban Water Journal 8, 219- 231.</ref>{{,}}<ref>Lamprea K, Ruban V (2011) ''Characterization of atmospheric deposition and runoff water in a small suburban catchment''. Environmental Technology 32, 1141-1149</ref>{{,}}<ref>Gheib S, Moilleron R, Chebbo G (2012) ''Priority pollutants in urban stormwater: Part 1-Case of separate storm sewers''. Water Research 46, 6683-6692</ref>.
 
Les moyens d'analyses se sont améliorés. Les coûts d'analyses ont diminué. Des cocktails de métaux, minéraux et de nombreux polluants organiques ont alors pu être recherchés. Ils ont aussi été retrouvés dans les eaux pluviales (plus de 650 molécules selon Barbosa et al. (2012)<ref>Barbosa AE, Fernandes JN, David LM (2012) ''Key issues for sustainable urban stormwater management''. Water Research 46, 6787-6798.</ref>.
 
Les moyens d'analyses se sont améliorés. Les coûts d'analyses ont diminué. Des cocktails de métaux, minéraux et de nombreux polluants organiques ont alors pu être recherchés. Ils ont aussi été retrouvés dans les eaux pluviales (plus de 650 molécules selon Barbosa et al. (2012)<ref>Barbosa AE, Fernandes JN, David LM (2012) ''Key issues for sustainable urban stormwater management''. Water Research 46, 6787-6798.</ref>.
Ces cocktails contiennent par exemple de nombreux [[pesticide]]s<ref name=Muller2002/>, des [[perturbateurs endocriniens]] (dont [[phtalate]]s, [[nonylphénol]], [[alkylphénol]]s, [[bisphénol]]<ref>Björklund K, Cousins AP, Strömvall A-M, Malmqvist P-A (2009) ''Phthalates and nonylphenols in urban runoff : Occurrence, distribution and area emission factors''. Science of the Total Environment 407, 4665-4672.</ref>.
 
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=== En France ===
En France, les premières analyses d'eaux pluviales auraient été faites à [[Paris]], vers [[1850]]<ref name=Senat>[http://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-21.pdf La qualité de l'eau et assainissement en France : Rapport de l'OPECST {{n°|2152}} (2002-2003) de {{nobr|M. Gérard MIQUEL}}, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques] ({{PDF}}), déposé le 18 mars 2003, Voir [http://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-261.html Annexe 69 - Les membranes et l'eau potable], consulté 2011/02/27</ref>. À cette époque, la pluie de Paris était chargée d'[[arsenic]], issu de l'[[industrie]] et de la combustion du [[charbon]] et [[charbon de bois]]<ref name=Senat/>. Elle contenait aussi beaucoup d'[[ammoniac]] (retombée évaluée à {{unité|16|kg}} d'ammoniac par [[hectare]] et par an<ref name=Senat/>) provenant sans doute de la dégradation de l'[[urine]] des chevaux et des parisiens (avant le « tout à l'égout »). Entre les deux guerres, les quantités de [[soufre]] (libéré par l'industrie, les carburants liquides et le chauffage au charbon) ont fortement acidifié les pluies (environ {{nobr|{{unité|96|kg}} de soufre}} retombant {{nobr|par hectare et par an}} dans la pluie).
 
Avec la médiatisation du phénomène de « [[pluies acides]] », un réseau d'observation et d'analyse s'est peu à peu mis en place, s'ouvrant localement à l'étude des retombées radioactives et des pesticides. En [[France]], ce réseau s'appuie sur trois piliers<ref name=Senat/> :
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Par exemple<ref name="senat">Audition de M. Patrice Codeville, enseignant-chercheur à l'école des Mines de Douai - 20 février 2002. La qualité de l'eau et assainissement en France (annexes). sur [https://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-23.html senat.fr]</ref> :
* le pH moyen mensuel de la pluie était de {{Unité|3.8}} en [[Ardèche (département)|Ardèche]] en 1996, à comparer à {{Unité|7.8}} dans les [[Alpes-Maritimes]] en 2000 <ref name="senat"/>;
* la teneur en sulfates était en moyenne annuelle de {{unité|70|mg/m²/an}} en [[Haute-Vienne]] en 1991 alors qu'elle atteignait {{Unité|1050}} dans les [[Pyrénées-Atlantiques]] en 1993 <ref name="senat"/>;
* les retombées moyennes annuelles de nitrates dans la pluie étaient de {{unité|33|mg/m²/an}} en Haute-Vienne en 1991, mais de {{unité|640|mg/m²/an}} dans le [[Bas-Rhin]] en 1995 <ref name="senat"/>;
* les retombées moyennes annuelles d'ions ammonium étaient de {{unité|94|mg/m²/an}} en Haute-Vienne en 1991, mais de {{unité|1362|mg/m²/an}} dans la [[Nièvre (département)|Nièvre]] en 1994 <ref name="senat"/>.
 
Dans les [[années 2010]], plusieurs travaux ont porté sur les micropolluants des eaux pluviales, notamment via les trois observatoires d’hydrologie urbaine nationaux : OTHU à Lyon (Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine), OPUR à Paris (Observatoire des Polluants Urbains), et ONEVU à Nantes (Observatoire Nantais des Environnements Urbains) représentant chacun un type de bassin versant plus ou moins imperméabilisé. Les polluants prioritaires et certains métaux (Becouze-Lareure 2010, Bressy et al. 2011, Bressy et al. 2012, Gasperi et al. 2012, Lamprea et Ruban 2011a, Zgheib et al. 2012) y ont notamment été suivis, mais avec des choix méthodologiques et de polluants qui ne permettent pas l'intercomparaison.
<br>Puis un projet INOGEV <ref>INOGEV (2010-2013), ''Innovations pour une Gestion Durable de l’Eau en Ville- Connaissance et maîtrise de la contamination des eaux pluviales urbaines''</ref> a visé à affiner ce sujet dans une dynamique plus multidisciplinaire, en harmonisant les méthodes, questions et approches scientifiques et de suivis (quels contaminants suivre en priorité, comment, où et quand les échantillonner et comment les analyser...)<ref>ohnny Gasperi, Christel Sebastian, Véronique Ruban, Mélissa Delamain, Stéphane Percot, et al.. (2017) ''Contamination des eaux pluviales par les micropolluants: avancées du projet INOGEV''. Techniques Sciences Méthodes , ASTEE/EDP Sciences, pp.51-66. 10.1051/tsm/201778051 . hal-01581007</ref>.
</ref>.
 
=== Relations Eau-air-sol et transferts de contaminants ===
Le suivi de la [[pollution des pluies]] est complémentaire de celui de la [[pollution de l'air]] et des [[sol (pédologie)|sols]] car certains polluants passent facilement d'un compartiment à l'autre ; Les eaux pluviales étant généralement infiltrées dans le sol quand elles ne sont pas déversées dans le milieu naturel, il est utile d'en connaitre la composition et les taux de polluants et le taux de rétention de ces polluants par l'ouvrage d'infiltration<ref name=tedoldi2015>Tedoldi, D., Pierlot, D., Branchu, P., Kovacs, Y., Chebbo, G., Fouché, O., ... & Gromaire, M. C. (2015, November). Rétention et transfert de polluants dans le sol d'un ouvrage d'infiltration des eaux pluviales urbaines., In 40èmes40{{ème}} Journées Scientifiques du GFHN.</ref>.
* certains gaz, particules ou composés sont très solubles dans l'eau ; ils seront alors plutôt trouvés dans les pluies et dépôts humides (rosée par exemple ou autres hydrométéores (neige, givre, condensation de brume..). Les pluies peuvent être captés pour analyse par un collecteur disposant d'un étranglement limitant l'évaporation, et garni d'un couvercle mobile ne s'ouvrant (automatiquement) que quand il pleut) ;
* d'autres polluants sont au contraire solubles dans les graisses (HAP par exemple et certaines pesticides tels que le lindane), on le trouvera plutôt adsorbés ou absorbés sur des particules emportées par les pluies ;
* d'autres seront simplement trouvés dans les « ''dépôts secs'' » (pouvant être captés sur une plaquette enduite d'un corps gras fixant les poussières ou dans des cartouches adsorbantes) ; Les pluies peuvent lessiver ces dépôts sur les toitures et toute surface/substrat de ruissellement.
* dans un bassin ou fossé d'infiltration les teneurs en métaux varient dans l'espace, avec une contamination souvent maximale au point le plus bas<ref name=Dechene2002>Dechesne M (2002) ''Connaissance et modélisation du fonctionnement des bassins d'infiltration d'eaux de ruissellement urbain pour l'évaluation des performances technique et environnementale sur le long terme''. Thèse de doctorat. INSA Lyon</ref>{{,}}<ref>Dechesne M, Barraud S & Bardin J.-P (2004) ''Spatial distribution of pollution in an urban stormwater infiltration basin''. Journal of Contaminant Hydrology, 72(1-4), 189-205.</ref> et/ou près du point d’arrivée d'eau<ref>Napier F, Jefferies C, Heal K.V, Fogg P, d'Arcy B.J & Clarke R (2009) ''Evidence of traffic-related pollutant control in soil-based Sustainable Urban Drainage Systems (SUDS)''. Water Science and Technology, 60(1), 221-230.</ref>{{,}}<ref>jones P.S & Davis A.P 52013) ''Spatial Accumulation and Strength of Affiliation of Heavy Metals in Bioretention Media''. Journal of Environmental Engineering, 139(4), 479-487</ref>.
* Des fossés d’infiltration parallèles à un grand axe routier ont été étudiés ; ils se montrent très irrégulièrement contaminés par des métaux traces<ref>Kluge B & Wessolek G. (2012) ''Heavy metal pattern and solute concentration in soils along the oldest highway of the world - the AVUS Autobahn''. Environmental Monitoring and Assessment, 184(11), 6469-6481</ref> ; En raison des envols de particules et d'embruns, les concentrations maximales sont situées à ''{{Citation|des distances variables de la chaussée, pouvant aller jusqu’à 5 m malgré un accotement perméable}}''<ref>Kluge B, Werkenthin M & Wessolek G (2014) ''Metal leaching in a highway embankment on field and laboratory scale''. Science of the Total Environment, 493, 495-504.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Boivin P, Saadé M, Pfeiffer H.R, Hammecker C & Degoumois Y (2008) ''Depuration of highway runoff water into grass-covered embankments''. Environmental Technology, 29(6), 709-720.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Werkenthin M, Kluge B & Wessolek G (2014) ''Metals in European roadside soils and soil solution - A review''. Environmental Pollution, 189, 98-110.</ref>.
 
Une bonne gestion du risque inondation et de l'hydrologie et de l'écologie du ruissellement à l'échelle du bassin-versant devrait théoriquement permettre de mieux maîtriser "à la source" la qualité des eaux pluviales urbaines rejetées dans le milieu récepteur ou infiltrées vers la nappe <ref>Sage J (2016) ''Concevoir et optimiser la gestion hydrologique du ruissellement pour une maîtrise à la source de la contamination des eaux pluviales urbaines'' (Doctoral dissertation, Paris Est).</ref>, mais les analyses montrent que des [[éléments traces métalliques|métaux toxiques, écologiques ou préoccupants]] (plomb, cuivre et zinc notamment) s'accumulent dans les zones d'infiltrations d'eaux pluviales si ces dernières proviennent de milieux construits. Or depuis deux siècles l'étalement urbain, routier et des zones d'activités imperméabilisées augmente constamment et rapidement, ainsi donc que les volumes et débits d'eaux pluviales à évacuer. Les règlements d'assainissement et d'urbanisme tendent à limiter les débits autorisés dans les réseaux collectifs au profit de [[techniques alternatives pour la gestion des eaux de ruissellement urbain]] telles que [[noue]], [[jardin de pluie]], trottoir et aire urbaine semi-perméable et divers types de bassins d’infiltration <ref>Ferguson B.K (1994) ''Stormwater infiltration''. Boca Raton: CRC Press.</ref>{{,}}<ref>Davis A.P, Hunt W.F, Traver R.G & Clar M (2009) ''Bioretention technology: Overview of current practice and future needs''. Journal of Environmental Engineering, 135(3), 109-117.</ref>. Ces techniques permettent souvent de limiter les flux verticaux de polluants biodégradables ou solubles comme les sels de déneigement<ref>Norrström A.C & Jacks G (1998) ''Concentration and fractionation of heavy metals in roadside soils receiving de-icing salts''. Science of the Total Environment, 218(2-3), 161-174</ref>{{,}}<ref name=Dechene2002/>{{,}}<ref>Winiarski T, Bedell J-P, Delolme C & Perrodin Y (2006) ''The impact of stormwater on a soil profile in an infiltration basin''. Hydrogeology Journal, 14, 1244-1251.</ref>, mais gèrent moins le risque de pollution diffuse et d'accumulations ou de transferts futurs vers la nappe de polluants non dégradables<ref name=tedoldi2015/>.
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