« Léon V l'Arménien » : différence entre les versions

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{{Titre mis en forme|{{nobr|Léon {{V}}}} l'Arménien}}
{{Voir homonymes|Léon V{{!}}{{nobr|Léon {{V}}}}|Léon d'Arménie}}
{{En-tête label|AdQ}}
{{Infobox Empereur romain
| titre = Empereur byzantin
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| image = Leo V solidus.jpg
| taille image =
| légende = ''[[Solidus (monnaie)|Solidus]]'' de {{nobr|Léon {{V}}}} l'Arménien et son fils ainé, [[Constantin (fils de Léon V l'Arménien)|Constantin]].
| dynastie = [[Liste des empereurs byzantins|Arménien]]
| règne = {{date|10|juillet|813}}-{{date|25|décembre|820}} <br />{{Durée|10|7|813|25|12|820}}
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| père = Bardas
| mère =
| femme = [[Théodosia (femme de Léon V l'Arménien)|Théodosia]]
| enfant = [[Constantin (fils de Léon V l'Arménien)|Symbatios-Constantin]] <br /> Grégoire <br /> Basile <br /> Théodose <br /> Une fille
}}
 
'''{{nobr|Léon {{V}}}} l'Arménien''' (en [[Grec médiéval|grec]] : {{grec ancien|Λέων Ε΄Εʹ ὁ Ἀρμένιος}}), né vers [[775]] et assassiné le {{date|25|décembre|820}}, est un [[Liste des empereurs byzantins|empereur]] [[Empire byzantin|byzantin]] de [[813]] à [[820]]. D'origine arménienne, il vient d'[[Asie Mineure]] et s'élève par la voie des armes. Il participe à différentesla révoltesrévolte toutavortée ende [[Bardanès Tourkos]] parvenantmais régulièrementparvient à jouirrester desproche du faveursmilieu impérialesimpérial. Finalement, il s'empareprofite dude trônela en[[Bataille 813,de au détrimentVersinikia|défaite]] de [[Michel Ier Rhangabé|{{nobr|Michel {{Ier}}}} Rhangabé]] contre les [[Premier Empire bulgare|Bulgares]] en 813 pour le renverser et s'emparer du trône.
 
Son règne est presque exclusivement consacré à deux missions. Tout d'abord, il doit lutter contre les [[Premier Empire bulgare|Bulgares]] qui ont infligé deux graves défaites de suite aux Byzantins. Presque assiégé par [[KrumKroum]] à son arrivée sur le trône, il ne peut guère l'affronter directement mais bénéficie de sa mort brutale qui écarte le danger. Par la suite, il remporte une victoire contre le khan [[Omourtag]] et peut signer une paix honorable qui, si elle consacre l'existence d'un État bulgare indépendant, préserve Constantinople d'une menace potentiellement mortelle.
 
Sur le front de la politique intérieure, sa grande oeuvre est le retour de l'[[iconoclasme]], soit la condamnation du culte des [[icône (religion)|icônes]]s. Après le rétablissement de ce culte par [[Irène l'Athénienne]] en 787, il estime que les difficultés rencontrées par l'Empire sont dues à cette forme d'idolâtrie. Néanmoins, ce sont plus des raisons politiques que religieuses qui expliquent ce choix. Il lui permet d'asseoir son pouvoir en l'appuyant sur des victoires militaires qui légitiment son revirement théologique. S'il essaie d'abord de persuader les principales autorités ecclésiastiques, dont le patriarche [[Nicéphore Ier de Constantinople|Nicéphore {{Ier}} de Constantinople]], de professer l'iconoclasme, il n'hésite pas ensuite à user de la répression pour imposer ses vues. Pour autant, une part notable de la population de l'Empire, principalement parmi le clergé, reste hostile à cette doctrine.
 
Finalement, il est renversé et assassiné en 820 par un de ses anciens compagnons d'armes, [[Michel II (empereur byzantin)|Michel II l'Amorien]], qui poursuit sa politique iconoclaste.
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== Sources ==
 
L'époque [[iconoclasme|iconoclaste]] a pour particularité de recouvrir la période des siècles obscurs en matière de production littéraire byzantine. Les sources sont plus éparses et les chroniques sont souvent composées ultérieurement et par des auteurs favorables au [[iconodulie|culte des images]], ce qui introduit un biais dans leurs analyses{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=176-178}}. Le principal chroniqueur de l'époque, [[Théophane le Confesseur]], ne va pas au-delà de 813. maisToutefois, une chronique dont l'auteur est anonyme, mais composée à l'instigation de [[Constantin VII]], celle de [[Théophane continué]], entend prendre sa suite. La première partie couvre la période 813-867. La source qui se focalise le plus sur le règne de Léon est le ''[[Scriptor incertus de Leone Armenio]]'', un texte dont l'auteur est inconnu lui aussi et dont la nature a fait l'objet de débats assez nourris dans la communauté scientifique sur sa proximité avec d'autres chroniques. Aujourd'hui, elle est généralement appréhendée comme un travail indépendant et, quoi qu'il en soit, hostile à l'iconoclasme<ref>Sur le problèmes soulevés par cette chronique, voir, entre autres, :
* {{Article |auteur=A. Markopoulos |titre=La chronique de 811 et le ''Scriptor incertus de Leone Armenio'' : problèmes des relations entre l'hagiographie et l'histoire|périodique=[[Revue des études byzantines]] |volume=57 |année=1999 |pages=255-262 |url=https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1999_num_57_1_1975}} ou
* {{Article |auteurlangue=en |auteur1=A. Kazhdan et |auteur2=L. Sherry |titre=Some notes on the ''Scriptor incertus de Leone Armenio'' |périodique=Byzantinoslavica |volume=58 |année=1997 |pages=110-112}}.</ref>. Elle a pour particularité d'être composée bien après la mort de Léon, de même que la chronique de [[Génésios]] qui court de l'avènement de Léon jusqu'à la mort de [[Basile Ier|Basile {{Ier}}]] ou celle de [[Syméon le Logothète]]. Enfin, le ''Synopsis Historion'', ouvrage majeur de l'historiographie byzantine écrit par [[Jean Skylitzès]] au {{s-|XI|e}}, couvre aussi le règne de Léon. Il a notamment donné lieu à une reproduction, la ''[[chroniqueChronique de Skylitzès de Madrid]]'', connue pour ses miniatures<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Helen C.|nom1=Evans|prénom2=William D.|nom2=Wixom|titre=The Glory of Byzantium|sous-titre=art and culture of the Middle Byzantine era, A.D. 843-1261|année=1997|éditeur=The Metropolitan Museum of Art|lieu=New York|pages=574|isbn=9780810965072|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Caqa12aj55wC&lpg=PA7&dq=Madrid%20Skylitzes&hl=fr&pg=PA501#v=onepage&q&f=false|passage=501-502 (notice 338)}}</ref>.
 
Concernant l'iconoclasme en tant que tel, différents écrits de personnalités ecclésiastiques ont survécu et éclairent sur le contexte et les arguments des uns et des autres, même si ce sont principalement les textes iconophiles[[iconodulie|iconodules]] qui ont survécu. En effet, les manuscrits iconoclastes ont généralement été détruits au moment de la restauration du culte des images au milieu du {{s-|IX|e}}. Pour le règne de Léon V, les écrits de [[Théodore Studite]] et du patriarche [[Nicéphore Ier de Constantinople|Nicéphore {{Ier}} de Constantinople]] sont particulièrement importants. Au-delà, les [[hagiographie]]s sont une source de documentation de plus en plus utilisées{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=179}}.
 
== Origines ==
 
Les origines de Léon l'Arménien sont partiellement connues. Il semble être né en-dehors des frontières de l'Empire, dans l'[[Arménie]] occupée par le [[califat abbasside]]. Son père, Bardas, est apparemment d'ascendance princière, souvent rattaché aux familles arméniennes [[Arçrouni]] et [[Gnouni]]. Le patriarche [[Nicéphore Ier de Constantinople|Nicéphore {{Ier}} de Constantinople]] a écrit, à propos de Léon, qu'il est le descendant d'« {{citation|un mauvais rejeton parricide de [[Sennachérib]], roi des [[Assyrie]]ns »}}. Or, les deux familles précitées revendiquent cette ascendance assyrienne. La documentation de l'époque ne permet pas de trancher entre les deux familles, mais les prénoms de « Bardas » et « Gregorios » sont les traductions des [[Liste des prénoms arméniens masculins|prénoms arméniens]] « Vardan » et « Grigor », portés par des princes Arçrouni{{sfn|Settipani|1991|p=185-189}}{{,}}{{sfn|Settipani|2006|p=324-327}}. Quoi qu'il en soit, Léon reçoit sûrement l'éducation de base qui lui permet d'acquérir la culture nécessaire à une ascension sociale au sein de l'Empire byzantin{{sfn|Treadgold|1988|p=196}}. Il est décrit comme de petite taille, barbu, aux cheveux bouclés et doté d'une voix forte{{sfn|Bury|1912|p=44}}. Les chroniqueurs lui reprochent parfois sa sévérité ou son mauvais caractère, mais c'est plus un trait que les Byzantins prêtent aux Arméniens qu'une réalité certaine, d'autant que les auteurs sont souvent hostiles à Léon en raison de son iconoclasme<ref name="ARM" group="N"/>.
 
Sa famille pourrait avoir fui les terres musulmanes lors d'un exode massif de {{formatnum:50000}}unité|50 000 Arméniens}} à la fin du {{s-|VIII|e}}. Son père s'installe dans les [[Anatoliques]] où il reçoit des terres militaires{{sfn|Treadgold|1988|p=196}}. Léon a également deux cousins connus, Bardas (mort en 821), duc de 813 à 820, et Grégorios (mort en 823), [[stratège]]{{#tag:ref|À propos de l'ascension des Arméniens dans l'élite de l'Empire au {{s-|IX|e}}, voir Isabelle Brousselle<ref>{{Chapitre|auteur=Isabelle Brousselle|titre chapitre=L’intégration des Arméniens dans l’aristocratie byzantine au {{IXe}} siècle |titre ouvrage=L'Arménie et Byzance|éditeur=Publications de la Sorbonne|collection=Byzantina Sorbonensia| année=1996| url=https://books.openedition.org/psorbonne/1790 |passage=43-54}}.</ref>.|name=ARM|group=N}}.
 
== Accession au trône d'un général byzantin ==
[[File:MadridSkylitzesFol12vDetail.jpg|thumb|Miniature de la [[chroniqueChronique de Skylitzès de Madrid|''Chronique de Skylitzès'' de Madrid]] représentant la proclamation de Léon comme empereur.]]
Léon V se distingue comme militaire au sein du thème des [[Anatoliques]], l'un des plus exposés aux assauts arabes. Il semble être devenu proche de [[Bardanès Tourkos]] qui, après la prise du pouvoir de [[Nicéphore Ier|Nicéphore {{Ier}}]] en 802, devient commandant des cinq principaux thèmes d'Asie Mineure. Il devient un de ses [[spathaire]]s, son garde du corps et reçoit sa fille en mariage. Avec [[Michel II (empereur byzantin)|Michel l'Amorien]] et [[Thomas le Slave]], il fait partie de ses plus proches lieutenants mais tous les trois, après l'avoir soutenu dans sa rébellion en 803, finissent par se détourner de lui et contribuent à l'échec de son soulèvement<{{#tag:ref group="N">|Selon une légende sûrement inventée ultérieurement, Bardanès Tourkos aurait consulté un oracle au début de sa rébellion. Il lui aurait indiqué que ses trois compagnons d'armes se soulèveraient contre le pouvoir en place, que les deux premiers réussiraient (Léon et Michel) mais pas le troisième (Thomas) (<ref>{{Chapitre|prénom1=Paul|nom1=Lemerle|titre chapitre=Thomas le Slave|titre ouvrage=Travaux et Mémoires 1|lieu=Paris|éditeur=Centre de recherche d'histoire et civilisation de Byzance|année=1965}}, {{p.}}264, 270, 284.).</ref>.|group=N}}. Léon est récompensé en devenant [[Turme|tourmarque]] des Fédérés, le deuxième officier le plus important des [[Arméniaques]]. Peu à peu, il se rapproche de [[Michel Ier Rhangabé|Michel Rhangabé]], le beau-fils de Nicéphore, etqui peutdevient s'intégrerle auxparrain de son premier fils [[Symbatios]], et intègre les cercles du pouvoir impérial{{sfn|Treadgold|1988|p=196-197}}.
 
Léon progresse dans la hiérarchie et devient stratège des Arméniaques mais, en 811, il se rend coupable de négligences lors d'un raid des Arabes et est exilé sur ordre de l'empereur<{{#tag:ref group="N">|Selon l'historien David Turner, il ne s'agirait pas de Léon l'Arménien mais d'un homonyme (<ref>{{Article |langue=en |auteur=David Turner|titre=The Origins and Accession of Leo V (813-820)|périodique=Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik|volume=40|année=1990}}, {{p.}}179.</ref>.|group=N}}. Néanmoins, Nicéphore décèdemeurt tragiquement lors de la [[bataille de Pliska]] à l'été de la même année, ce qui permet à Léon de revenir sur le devant de la scène. Il est rappelé par Michel {{Ier}} qui devient empereur après le règne éphémère de [[Staurakios (empereur byzantin)|Staurakios]] et lui confie le poste de stratège des [[Anatoliques]], le plus puissant thème de l'Empire. C'est à ce poste qu'il obtient son succès militaire le plus significatif contre les Arabes en 812. Il repousse une attaque du gouverneur de [[Tarse (ville)|Tarse]], tuant {{formatnum:2000unité|2 000 Arabes}} Arabes dans la bataille avant de raser un fort ennemi situé à la frontière<ref>{{ouvrage|langue=de|auteur=Ralph Johannes Lilie, Claudia Ludwig, Thomas Pratsch|Beate Zielke|titre=Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit Online|éditeur=Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften. Nach Vorarbeiten F. Winkelmanns erstellt. Berlin and Boston: De Gruyter|année=2013|url=https://www.degruyter.com/view/db/pmbz}}, Ṯābit ibn Naṣr al-Ḳuzā'ī (#7224).</ref>. S'il semble être son homme-lige, il a déserté lors de la [[bataille de Versinikia]] en 813, où Michel est écrasé par les forces bulgares de [[KrumKroum]], en grande partie du fait de cette défection. [[Constantinople]] est alors sous la menace directe des envahisseurs. etMichel fuit vers la capitale tandis que l'armée se tourne vers Léon. VCelui-ci profitesemble duavoir désastrerépugné pourà écarterse soulever mais ce pourrait être une posture plus qu'une réelle hésitation. Quoi qu'il en soit, son compagnon d'armes, Michel l'Amorien, profondémentle presse d'accepter et Léon fragiliséfinit par lacéder défaiteet conduire ses troupes sous les murailles où Michel finit par abdiquer{{sfn|Treadgold|1988|p=188}}. Il est couronné le 11 juillet 813{{sfn|Treadgold|1988|p=197-198}}. Les historiens voient parfois dans la réussite de ce soulèvement la meilleure illustration de la souplesse du système impérial byzantin à cette époque. Face à une situation militaire proche de la catastrophe, l'armée parvient à porter sur le trône un personnage compétent et énergique à la place d'un empereur, en l'occurrence Michel {{Ier}}, incapable de s'opposer aux Bulgares<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Jean-Claude Cheynet]] (dir.)|titre=Le Monde byzantin II, l'Empire byzantin (641-1204)|éditeur=Puf|collection=Nouvelle Clio|année=2006|isbn=9782130520078}}, {{p.}}194-195.</ref>.
 
IlLéon prend le soin d'écarter les principaux personnages du règne précédent. Il est relativement clément avec Michel qu'il exile dans un monastère où il décèdemeurt tardivement, en 844. Il fait castrer ses fils pour éviter qu'ils ne deviennent des prétendants au trône au nom de leur père<ref>{{Article|auteur=[[Raymond Janin]]|titre=Les Îles des Princes. Etude historique et topographique|périodique=[[Revue des études byzantines|Échos d'Orient]]|année=1924|volume=134|url=https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1924_num_23_134_4448?q=Michel+Rhangab%C3%A9}}, {{p.}}185-186.</ref>. Il écarte aussi [[Théoctiste le Magistre]], l'un des principaux ministres de Michel, qui devient lui aussi moine<ref>{{de}} Friedhelm Winkelmann, Ralph-Johannes Lilie, Claudia Ludwig, Thomas Pratsch, Ilse Rochow et Beate Zielke, ''Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit: I. Abteilung (641–867)'', walter de Gruyter, 2000, {{p.}}576.</ref>, ainsi que le [[domestique des Scholes]], Étienne. Dans le même temps, il confie les postes les plus importants à des hommes de confiance. LeIl nomme stratège des Anatoliques est occupé par un Arménien du nom de Manuel, précédemment ''[[protostrator]]'' tandis que Thomas le Slave devient [[turme|tourmarque]] des Fédérés et Michel l'Amorien commandant des [[Excubites]], l'un des principaux régiments impériaux après les [[Schole palatine|Scholes]]{{sfn|Treadgold|1988|p=198}}{{,}}{{sfn|Bury|1912|p=44-46}}{{,}}<ref>{{Chapitre|prénom1=Paul|nom1=Lemerle|lien auteur=Paul Lemerle|titre chapitre=Thomas le Slave|titre ouvrage=Travaux et Mémoires 1|lieu=Paris|éditeur=Centre de recherche d'histoire et civilisation de Byzance|année=1965}}, {{p.}}285.</ref>.
 
== La lutteLutte contre les Bulgares ==
 
=== Léon V face à l'offensive de KrumKroum ===
[[Fichier:Emperor_Nicephorus_enters_Bulgaria.jpg|thumb|left|Illustration de la campagne[[bataille de Pliska]] dans la [[Chronique de Skylitzès de Madrid|''Chronique de Skylitzès'' de Madrid]].]]
[[Fichier:Territorial_expansion_during_the_reign_of_Khan_Krum_(803-814)_with_scale.png|thumb|Carte de l'expansion bulgare sous Kroum.]]
Dès son arrivée au pouvoir, Léon est confronté au péril bulgare. Après la défaite de [[Bataille de Pliska|défaite de Pliska]] en 811 lors de laquelle Nicéphore périt, KrumKroum est devenu le principal ennemi de l'Empire. Michel {{Ier}} n'a pas été en mesure de l'arrêter et après la défaite de Versinikia, il est désormais en mesure de menacer directement Constantinople. A l'été 813, une partie de l'armée bulgare assiège [[Andrinople]] mais KrumKroum se dirige directement vers la capitale byzantine. Léon passe ses premiers jours d'empereur à préparer la ville à un siège. Le 17 juillet, les Bulgares sont devant les murailles. En face, l'armée byzantine, meurtrie par deux défaites, est désorganisée et démoralisée. Cependant, la ville peut compter sur ses [[Murailles de Constantinople|puissantes murailles]]. En outre, les Byzantins ont encore le contrôle des mers. Sans armes de siège, ni marine pour encercler totalement Constantinople, les Bulgares ne peuvent espérer s'emparer de la cité{{sfn|Treadgold|1988|p=199-200}}.
 
KrumKroum, conscient de la difficulté de prendre la ville d'assaut, se décide à négocier avec les Byzantins. Léon V accepte de le rencontrer à l'extérieur des murailles, accompagné de trois hommes non armés, tout comme le khan bulgare. En réalité, il s'agit d'un piège pour tenter d'éliminer KrumKroum, mais il échoue. Krum parvient à s'enfuirKroum, peut-être blessé d'une flèche et il, parvient à s'échapper et pille la [[Thrace orientale]] en représailles. Tous les alentours directs de la capitale sont dévastés, notamment les places de [[Silivri|Selymbria]], [[Büyükçekmece|Athyras]] ou [[Tekirdağ|Rhaedestus]]{{sfn|Treadgold|1988|p=202}}. Il réussit aussi à vaincre la résistance d'Andrinople et déporte sa population (autour de {{formatnum:40000}}unité|40 000 hommes}}{{sfn|Treadgold|1988|p=202-203}}) dans le territoire bulgare{{sfn|Ostrogorsky|19831996|p=230}}. Au cours de l'hiver, il s'attaque à la Thrace du nord, s'empare de [[Sozopol (ville)|Sozopolis]] et d'[[Arcadiopolis]] et capture près de {{formatnum:50000}}unité|50 000 prisonniers}}{{sfn|Harris|Venning|2006|p=237}}. Un temps arrêtés par la pluie, les Bulgares continuent leur oeuvre de destruction, mais commencent aussi à s'emparer de territoires entiers, en particulier autour de Serdica, d'[[Anchialos]] et de Philippopolis, jusque-là tenus par les Byzantins. En déportant la plupart de la population byzantine de ces régions, KrumKroum s'assure de mieux les contrôler. Néanmoins, pour espérer mettre à bas toute résistance des Byzantins, il doit s'emparer de Constantinople. Pour cela, il profite des services d'un transfuge qui a les connaissances suffisantes pour élaborer des armes de siège{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=366}}.
 
Dans le même temps, Léon V reste à l'abri des murailles et ne peut que constater les dégâts immenses infligés par les Bulgares. Il est difficile de savoir s'il dispose de moyens militaires suffisants pour leur livrer bataille aux Bulgares. Les deux déroutes subies par Nicéphore et Michel incitent sûrement le nouvel empereur à la prudence. Peut-être même expliquent-elles le peu de critiques envers sa politique quelque peu pusillanime{{sfn|Treadgold|1988|p=203}}. Pour autant, il dispose bien de troupes non négligeables venant des thèmes d'Anatolie et qui pourraient être opposées à Krum. Malgré tout, il s'assure de la défense de Constantinople et renforce le mur des [[Blachernes]], plus fragile. Il va jusqu'à envoyer une ambassade à [[Charlemagne]] pour lui proposer une alliance. Néanmoins, le temps d'arriver, deux événements d'importance changent la donne. D'une part, Charlemagne décède en 815 et c'est un nouvel interlocuteur, [[Louis le Pieux]], qui reçoit les Byzantins et se contente de confirmer les accords existantsKroum{{sfn|BrubakerTreadgold|Haldon|20151988|p=366203}}. Surtout, dès le 13 avril 814, Krum décède, ce qui met un brutal coup d'arrêt à la menace bulgare. Deux khans lui succèdent dans un intervalle de quelques semaines avant qu'[[Omourtag]] ne s'impose à la tête des Bulgares. Cette accalmie coïncide avec la période de troubles qui secoue le [[califat abbasside]] et permet à {{nobr|Léon {{V}}}} d'être débarrassé de toute menace extérieure{{sfn|Ostrogorsky|1983|p=231}}{{,}}<ref>A propos des visées de Krum contre Constantinople, voir {{Chapitre|langue=en|auteur chapitre=John Haldon|titre chapitre=The Blockade of Constantinople in 813|titre ouvrage=Byzantion’dan Constantinopolis’eİstanbul Kuşatmaları|éditeur=Murat Arslan ve Turhan Kaçar|année=2017}}</ref>.
 
Quoi qu'il en soit, il préfère s'assurer de la défense de Constantinople et renforce le mur des [[Quartier des Blachernes|Blachernes]], plus fragile. Il va jusqu'à envoyer une ambassade à [[Charlemagne]] pour lui proposer une alliance. Néanmoins, le temps d'arriver, deux événements d'importance changent les circonstances. D'une part, Charlemagne meurt en 814 et c'est un nouvel interlocuteur, [[Louis le Pieux]], qui reçoit les Byzantins et se contente de confirmer les accords existants{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=366}}. Surtout, dès le 13 avril 814, Kroum meurt, mettant un coup d'arrêt à la menace bulgare{{sfn|Curta|2019|p=91}}. Deux khans lui succèdent dans un intervalle de quelques semaines avant qu'[[Omourtag]] ne s'impose à la tête des Bulgares{{sfn|Curta|2019|p=92}}. Cette accalmie coïncide avec la période de troubles qui secoue le [[califat abbasside]] et permet à {{nobr|Léon {{V}}}} d'être débarrassé de toute menace extérieure{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=231}}{{,}}<ref>À propos des visées de Kroum contre Constantinople, voir {{Chapitre|langue=en|auteur=John Haldon|titre chapitre=The Blockade of Constantinople in 813|titre ouvrage=Byzantion’dan Constantinopolis’e İstanbul Kuşatmaları|éditeur=Murat Arslan ve Turhan Kaçar|année=2017}}</ref>.
=== Victoire contre les Bulgares et conclusion de la paix ===
[[Fichier:Omurtag1.jpg|thumb|Représentation d'[[Omourtag]] dans la chronique Skylitzès de Madrid.]]
Le nouveau dirigeant bulgare se replie sur ses terres et abandonne le projet de conquête de Constantinople. Il souhaite consolider ses frontières même s'il n'est pas encore ouvert à une relation pacifique avec les Byzantins. Dès l'automne 815, il lance un raid contre les terres byzantines qui commencent tout juste à se remettre des destructions de Krum. Omourtag capture de nombreux prisonniers ainsi qu'un butin non négligeable sans rencontrer la moindre résistance. Cette fois, Léon ne peut rester inactif, d'autant que l'offensive bulgare coïncide à peu de choses près avec le moment où il a rétabli l'iconoclasme. En cas de succès, il pourrait prouver qu'il a les faveurs divines et donc que la doctrine qu'il professe n'est pas hérétique{{sfn|Treadgold|1988|p=215}}.
 
=== Victoire contre les Bulgares et conclusion de la paix ===
Avant de quitter Constantinople, il prend soin de restaurer les murailles en cas d'échec. Dès le mois de mars 816<ref group="N">La date du traité entre les Byzantins et les Bulgares a fait l'objet de débats, de même que celle de la bataille victorieuse menée par Léon V. Longtemps fixée à 815, les recherches récentes la fixent plutôt à 816. Voir à ce sujet {{Article|auteur=Pananos Sophoulis|titre=When did the battle of Leo's Hill take place ?|périodique=Vyzantinos Domos|volume=16|année=2007-2008|pages=201-212}}.</ref>, il progresse rapidement le long de la mer Noire jusqu'à [[Nessebar (ville)|Mesembria]] où il établit un camp fortifié. Là, il peut bénéficier du soutien logistique de la [[Marine byzantine|marine]]. Une armée bulgare se présente à proximité et se retranche à son tour mais les deux ennemis ne passent pas à l'acte. Il semble que la position byzantine ait suffisamment fortifié pour dissuader toute offensive et les Bulgares commencent à manquer de vivres. Au début du mois d'avril, Léon V utilise la ruse. Il quitte son camp avec quelques hommes pour s'établir un peu plus loin et laisse délibérément croire aux Bulgares qu'il a déserté. Le résultat est immédiat. En effet, ils commencent à croire en une victoire aisée et la discipline se relâche. La nuit qui suit, les Byzantins attaquent par surprise alors que les Bulgares sont encore endormis. Ceux qui essaient de s'enfuir sont pris à revers par le contingent de Léon. Les Byzantins parachèvent leur succès par un raid destructeur contre les terres bulgares{{sfn|Treadgold|1988|p=216}}.
[[Fichier:Bulgarian_king_Omurtag_sends_delegation_to_Byzantine_emperor_Michael_II_from_the_Chronicle_of_John_SkylitzesOmurtag1.jpg|thumb|left|Représentation d'[[Omourtag]] envoie des ambassadeursdans àla Constantinople,''Chronique chroniquede Skylitzès'' de Madrid.]]
Le nouveau dirigeant bulgare se replie sur ses terres et abandonne le projet de conquête de Constantinople. Il souhaite consolider ses frontières même s'il n'est pas encore ouvert à une relation pacifique avec les Byzantins. Dès l'automne 815, ilIl lance un raid contre les terres byzantines qui commencent tout juste à se remettrerelever des destructions de KrumKroum. Omourtag capture de nombreux prisonniers ainsi qu'un butin non négligeable sans rencontrer la moindre résistance. Cette fois, Léon ne peut rester inactif, d'autant que l'offensive bulgare coïncide à peu de choses près avec le moment où il a rétabli l'[[iconoclasme]]. En cas de succès, il pourrait prouver qu'il a les faveurs divines et donc que la doctrine qu'il professe n'est pas hérétique{{sfn|Treadgold|1988|p=215}}.
Cette victoire renforce la position de Léon de deux manières. Tout d'abord, il rétablit l'équilibre face aux Bulgares et peut négocier avec eux une paix acceptable. En outre, il vient de prouver la légitimité de la doctrine iconoclaste. Dès lors que sa justification à son rétablissement est de mettre fin à une époque de troubles et d'invasions étrangères, ce succès va dans son sens. L'iconoclasme a les faveurs divines et assure à l'Empire de retrouver la victoire{{sfn|Treadgold|1988|p=216-217}}.
 
Avant de quitter Constantinople, il prend soin de restaurer les murailles en cas d'échec. La chronologie exacte des événements demeure méconnue, même si la [[Bataille de Mesembria|contre-offensive de Léon]] semble se dérouler entre la fin 814 et le début 815{{#tag:ref|La date de la bataille victorieuse de Léon a fait l'objet de débats : elle est située entre 813 et 816<ref>
Tant Omourtag que Léon ont désormais intérêt a les paix. Le khan bulgare envoie une ambassade à Constantinople et, une fois un [[Traité byzantino-bulgare (815)|accord trouvé]], un serment vient le conclure lors duquel l'empereur se soumet à un rite païen tandis que les émissaires bulgares jurent selon la tradition chrétienne. Par-là, les deux parties s'assurent de leur sincérité mutuelle, ce qui n'est pas sans susciter la stupéfaction voire le scandale parmi une partie de l'élite byzantine qui voit d'un mauvais œil que l'empereur sacrifie aux coutumes de barbares{{sfn|Fine|1994|p=106}}{{,}}<ref group="N">Selon [[Louis Bréhier]], les deux dirigeants auraient juré selon leurs propres rites. Il estime que le [[Ignace le Diacre|diacre Ignace]] qui rapporte ce fait n'est pas fiable, étant donné son hostilité envers Léon et essaierait de le discréditer en l'accusant de s'abaisser à des pratiques païennes ({{Ouvrage|auteur=Louis Bréhier|titre=Institutions de l'Empire byzantin|éditeur=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité|année=1970}}, {{p.}}256.</ref>.
* {{Article |langue=en |auteur=Pananos Sophoulis|titre=When did the battle of Leo's Hill take place ?|périodique=Vyzantinos Domos |volume=16 |année=2007-2008 |pages=201-212}}
Avant* de quitter Constantinople, il prend soin de restaurer les murailles{{Article |langue=en cas|auteur=Warren d'échec. Dès le mois de mars 816<ref groupTreadgold|titre="N">LaThe date du traité entre les Byzantins et les Bulgares a fait lBulgar'objets deTreaty débats,with dethe mêmeByzantines que celle de la bataille victorieuse menée par Léon V. Longtemps fixée à 815, les recherches récentes la fixent plutôt àin 816. Voir à ce sujet {{Article|auteurpériodique=PananosRivista Sophoulis|titre=Whendi didStudi theBizantini battlei ofSlavi Leo's Hill take place ?|périodiqueannée=Vyzantinos1984 Domos|volume=16|annéepages=2007213-2008220 |pagesurl=201-212https://www.academia.edu/34543486/The_Bulgars_Treaty_with_the_Byzantines_in_816}}.</ref>.|group=N}}. Quoi qu'il en soit, il progresse rapidement le long de la [[mer Noire]] jusqu'à [[Nessebar (ville)|Mesembria]] où il établit un camp fortifié. Là, il peut bénéficier du soutien logistique de la [[Marine byzantine|marine]]. Une armée bulgare se présente à proximité et se retranche à son tour, mais les deux ennemis ne passent pas à l'acte. Il semble que laLa position byzantine aitsemble suffisamment fortifiéfortifiée pour dissuader toute offensive et les Bulgares commencent à manquer de vivres. Au début du mois d'avril, Léon V utilise la ruse. Il quitte son camp avec quelques hommes pour s'établir un peu plus loin et laisse délibérément croire aux Bulgares qu'il a déserté. Le résultat est immédiat. En effet, ils commencent à croire en une victoire aisée et la discipline se relâche. La nuit qui suit, les Byzantins attaquent par surprise alors que les Bulgares sont encore endormis. Ceux qui essaient de s'enfuir sont pris à revers par le contingent de Léon. Les Byzantins parachèvent leur succès par un raid destructeur contre les terres bulgares{{sfn|Treadgold|1988|p=216}}.
[[Fichier:Bulgarian_king_Omurtag_sends_delegation_to_Byzantine_emperor_Michael_II_from_the_Chronicle_of_John_Skylitzes.jpg|thumb|left|Omourtag envoie des ambassadeurs à Constantinople, [[Chronique de Skylitzès de Madrid|''Chronique de Skylitzès'' de Madrid]].]]
CetteMême si Omourtag fait exécuter des chrétiens en représailles{{sfn|Curta|2019|p=92}}, cette victoire renforce la position de Léon de deux manières. Tout d'abord, il rétablit l'équilibre face aux Bulgares et peut négocier avec eux une paix acceptable. En outre, il vient de prouver la légitimité de la doctrine iconoclaste. Dès lors que sa justification à son rétablissement est de mettre fin à une époque de troubles et d'invasions étrangères, ce succès vaconforte dans sonses sensvues. L'iconoclasme a les faveurs divines et assure à l'Empire de retrouver la victoire{{sfn|Treadgold|1988|p=216-217}}.
 
=== La paix retrouvée ===
L'accord fixe la frontière au [[Grand Balkan]] tandis que les Byzantins doivent progressivement céder la région de Philippopolis (Plovdiv en bulgare). Par conséquent, les Bulgares gagnent des territoires vers le sud mais ils doivent céder certaines de leurs conquêtes dont la ville d'Andrinople, rendue aux Byzantins{{sfn|Andreev|1996|p=58}}. En revanche, les Byzantins regagnent leurs cités sur la mer Noire. En outre, un échange de prisonniers de grande envergure est accepté{{sfn|Fine|1994|p=106}}. Les Byzantins capturés depuis la victoire de Krum en 811 sont libérés en échange des prisonniers slaves que Léon V vient de faire lors de sa campagne victorieuse. Au final, ce traité est plutôt à l'avantage des Bulgares qui s'assurent des gains territoriaux substantiels et confirment leur indépendance face aux Byzantins{{sfn|Andreev|1996|p=58}}. Néanmoins, Léon V peut se targuer d'avoir gagné la paix et d'avoir globalement préservé des territoires stratégiques comme Andrinople ou le littoral de la mer Noire. En outre, si les Bulgares gagnent du terrain, ils sont aussi confrontés à une hausse progressive des populations chrétiennes sous leur contrôle, ce qui n'est pas sans susciter des difficultés pour eux{{sfn|Treadgold|1997|p=132}}.
[[Fichier:Balkangebirge_Balkan_topo_de.jpg|thumb|alt=Photo satellite faisant figurer la chaîne du Grand Balkan|La chaîne du [[Grand Balkan]], frontière approximative entre l'Empire byzantin et l'Empire bulgare sur sa partie orientale.]]
{{Article détaillé|Traité byzantino-bulgare (816)}}
Tant Omourtag que Léon ont désormais intérêt aà lesce que règne la paix. Le khan bulgare envoie une ambassade à Constantinople et, une fois un [[Traité byzantino-bulgare (815816)|accord trouvé]], un serment vient le conclure lors duquel l'empereur se soumet à un rite païen, tandis que les émissaires bulgares jurent selon la tradition chrétienne. Par-là, les deux parties s'assurent de leur sincérité mutuelle, ce qui n'est pas sans susciter la stupéfaction, voire le scandale parmi une partie de l'élite byzantine qui voit d'un mauvais œil que l'empereur sacrifie aux coutumes de barbares{{sfn|Fine|19941991|p=106}}{{,}}<{{#tag:ref group="N">|Selon [[Louis Bréhier]], les deux dirigeants auraient juré selon leurs propres rites. Il estime que le qu'[[Ignace le Diacre|diacre Ignace]], qui rapporte ce fait, n'est pas fiable, étant donné son hostilité envers Léon et essaierait de le discréditer en l'accusant de s'abaisser à des pratiques païennes (<ref>{{Ouvrageharvsp|auteur=Louis Bréhier|titre=Institutions de l'Empire byzantin1970|éditeurp=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité|année=1970256}}, {{p.}}256.</ref>.|group=N}}.
[[Fichier:Tomb_of_Zaccaria_and_Saint_Athanasius.jpg|thumb|alt=Photo de la tombe de Saint-Zacharie à Venise|La tombe présumée de [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]] dans l'[[église San Zaccaria]], une relique envoyée à la cité vénitienne par Léon V.]]
L'accord fixe la frontière au [[Grand Balkan]] tandis que les Byzantins doivent progressivement céder la région de Philippopolis (''Plovdiv'' en bulgare). ParLa frontière se matérialise progressivement par des fortifications élevées par les Bulgares le long de son tracé, en particulier des levées de terre. En conséquentdéfinitive, les Bulgares gagnent des territoires vers le sud mais ils doivent céder certaines de leurs conquêtes dont lales villevilles d'[[Edirne|Andrinople]] et Sozopolis, renduerendues aux Byzantins{{sfn|Andreev|1996|p=58}}. En revancheNéanmoins, lesces Byzantinsderniers regagnentdoivent leursrenoncer à des cités surcomme la[[Serdica]] merou NoireMesembria. En outre, un échange de prisonniers de grande envergure est accepté{{sfn|Fine|19941991|p=106}}. Les Byzantins capturés depuis la victoire de KrumKroum en 811 sont libérés en échange des prisonniers slaves que Léon V vient de faireconstituer lors de sa campagne victorieuse. AuEn finaldéfinitive, ce traité est plutôt conclu à l'avantage des Bulgares qui s'assurent des gains territoriaux substantiels et confirmentconfirme leur indépendance face aux Byzantins{{sfn|Andreev|1996|p=58}}. Néanmoins, Léon V peut se targuer d'avoir gagné la paix et d'avoir globalement préservé des territoires stratégiques comme Andrinople ou le littoral de la mer Noire. En outre, si les Bulgares gagnent du terrain, ils sont aussi confrontés à une hausse progressive des populations chrétiennes sous leur contrôle, ce qui n'est pas sans susciterengendre des difficultés pour eux{{sfn|Treadgold|1997|p=132}}.
 
En définitive, la conclusion de la paix demeure une réussite à l'actif de Léon V. Elle ouvre une période de stabilité extérieure pour l'Empire puisqu'en Orient, le [[califat abbasside]] n'est plus en mesure de mener les raids dévastateurs qu'il a coutume de lancer sur l'Anatolie byzantine{{sfn|OstrogorkyOstrogorsky|1996|p=231}}. Léon V en profite même pour mener des actions offensives avec un raid maritime contre [[Damiette]] en [[Égypte]] en [[816]] et une campagne terrestre qu'il dirige en personne en [[817]] quiau cours de laquelle il reprend la cité frontalière de [[Kemah (Erzincan)|Kamachon]]{{sfn|Sophoulis|2012|p=249}}{{,}}{{sfn|Treadgold|1997|p=433}}. En Occident, lela décèsmort de Charlemagne change aussi quelque peu la donnesituation. L'[[Empire carolingien]] n'est plus en expansion et Léon Vles peutrivalités s'assurerestompent. deSi maintenirl'ambassade unebyzantine présenceenvoyée significativeauprès dansde l'Adriatique.[[Louis Ille entretientPieux]] notammentne deparvient bonnespas relationsà avecrégler le [[doge]]sort de [[Venise]],la [[Angelo Participazio]]Dalmatie{{sfn#tag:ref|Sophoulis|2012|p=286}}.En Soucieux812, deles préserverdeux leempires protectoratse byzantinsont entendus sur cettela citédélimitation quedes frontières en Dalmatie. Les cités toujours détenues par les [[Francs]]Byzantins restent ontaux tentémains de conquérirces quelquesderniers annéesmais plusles tôt,régions ilalentours participeenvahies àpar l'installationles progressiveSlaves desont placées sous la villesuzeraineté surdes leFrancs. [[RialtoNéanmoins, (Venise)|Rialto]]la etfrontière yentre envoieles desphères nombreusesd'influence reliquesdes endeux 819<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Donaldempires MacGillivraydemeure Nicol]]|titre=Byzantiumfloue andet Venice:Cadolah, A[[Liste Studydes inducs Diplomaticet andmarquis Culturalde RelationsFrioul|éditeur=Cambridgeduc Universityde Press|année=1988}}Frioul]], {{p.}}23.empiète sur les terres normalement byzantines</ref>.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[John Van Antwerp Fine Jr.|John A. Fine]]|titre=When Ethnicity Did Not Matter in the Balkans: A Study of Identity in Pre-Nationalist Croatia, Dalmatia, and Slavonia in the Medieval and Early-Modern Periods|éditeur=University of Michigan Press|année=2010|isbn=9780472025602}}, {{p.}}34-35).
* Voir plus largement sur ce sujet : {{Ouvrage|langue=en|auteur=Mladen Ančić, Jonathan Shepard, Trpimir Vedriš|titre=Imperial Spheres and the Adriatic: Byzantium, the Carolingians and the Treaty of Aachen (812)|éditeur=Routledge|année=2017|isbn=9781351614290}}.</ref>.|group=N}}, Léon s'assure de maintenir l'influence de l'Empire dans l'[[Adriatique]]. Il entretient notamment de bonnes relations avec le doge de Venise, [[Angelo Participazio]]{{sfn|Sophoulis|2012|p=286}}. Soucieux de préserver le protectorat byzantin sur cette cité que les [[Francs]] ont tenté de conquérir quelques années plus tôt, il participe à l'installation progressive de la ville sur le [[Rialto (Venise)|Rialto]] et y envoie des reliques dont le corps supposé de [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Donald MacGillivray Nicol]] |titre=Byzantium and Venice: A Study in Diplomatic and Cultural Relations |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=1988 |passage=23}}.</ref>{{,}}{{sfn|Treadgold|1988|p=219}}. En revanche, il impose l'arrêt des relations commerciales entre la cité et le monde arabo-musulman, peut-être en représailles de la profanation des Lieux Saints de [[Jérusalem]] quelques années plus tôt<ref>{{Ouvrage |langue=en|auteur=Stefan Goodwin |titre=Africa in Europe: Antiquity into the Age of Global Exploration |éditeur=Lexington Books |lieu=Plymouth|année=2009 |passage=79}}.</ref>.
 
== Restauration de l'iconoclasme ==
[[Fichier:Clasm Chludov.jpg|thumb|alt=scène iconoclaste|Miniature du [[Psautier Chludov]] ({{s-|IX|e}}) montrant [[Jean VII le Grammairien|Jean le Grammairien]] détruisant une image du Christ ([[Muséemusée historique d'État|musée historique d'État,de Moscou]]).]]
Depuis près d'un siècle, l'Empire byzantin voit sa stabilité intérieure fragilisée par l'[[iconoclasme]]<ref name=Larousse/>. Cette doctrine condamne le culte des images comme idolâtre et est mis en place par [[Léon III (empereur byzantin)|Léon III]]<ref name=Larousse>{{chapitre |url=https://www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/page/2312 |titre chapitre=byzantin (Empire) |titre ouvrage=Grande Encyclopédie Larousse |année=1971-1976}}</ref>, peu après son éclatant succès lors du [[Siège de Constantinople (717-718)|siège de Constantinople]] en 717-718. Le débat clive fortement la société byzantine, en particulier le clergé. Ce mouvement, qui mêle dispute théologique et considérations politiques, renaît sous Léon V alors que le culte des images a été rétabli par [[Irène l'Athénienne]] en 787.
 
=== Un contexte religieux troublé ===
 
L'une des premières mesures intérieures de Léon V est de rétablir l'iconoclasme. Jusqu'à la mort de KrumKroum, il se garde d'exprimer ses intentions en matière religieuse. Au moment de son coup d'étatÉtat, il envoie une lettre au patriarche pour le garantir de sa foi orthodoxe mais quand celui-ci lui propose de signer une profession de foi dans laquelle il promet de ne pas remettre en cause le dogme, Léon feint d'accepter puis, une fois couronné, n'appose finalement pas sa signature{{sfn|Treadgold|1988|p=199}}. Une fois libéré de la pression bulgare, il est plus libre d'imposer ses vues. Les raisons qui entourent ce rétablissement sont relativement bien appréhendées{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=366}}. Léon V est originaire d'AnatolieAsie Mineure, une région qui constitue le cœur du mouvement iconoclaste. Plus encore, en tant que militaire, il connaît l'attachement de l'armée aux succès des anciens empereurs iconoclastes que sont Léon III et Constantin V{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=383}}. Il estime que les déboires rencontrés par les Byzantins depuis quelques décennies sont largement duesdus au retour du culte des icônes imposé par [[Irène l'Athénienne]] lors du [[Concile de Nicée II|concile de Nicée (787)]]. L'enchaînement d'échecs militaires, d'abord face aux Arabes et surtout face aux Bulgares est, selon lui, un signe évident de faillite des iconodoulesiconodules. Alors que Léon III et Constantin V sont décédésrestés desur le trône jusqu'à leur mort naturelle, Irène, Nicéphore {{Ier}} ou Michel {{Ier}} ne peuvent en dire autant{{sfn|Treadgold|1988|p=207-208}}. En outre, à plusieurs reprises, des manifestations de sympathie à l'égard de l'iconoclasme prennent des proportions importantes. Au moment même de la campagne de Versinikia, des soldats rentrent de force dans le mausolée où repose Constantin V pour célébrer sa mémoire. L'iconoclasme devient le gage de paix et de prospérité et constitue une opportunité de consolider sa légitimité{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=366-367}}. C'est aussi l'avis de [[Georg Ostrogorsky]] qui rappelle les points communs entre Léon V et [[Léon III l'Isaurien]], le premier empereur à instaurer l'iconoclasme. Tous les deux sont des soldats issus d'Asie Mineure et qui appuient leur légitimité sur leurs succès militaires{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=230-231}}.
 
Sur la sincérité et l'ancienneté des idéaux iconoclastes de Léon V, le débat reste ouvert<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Juan Signes Cordoner|titre=The Emperor Theophilos and the East, 829-842|éditeur=Ashgate Publishing|année=2014|isbn=9780754664895}}, {{p.}}14-15.</ref>. La chronique de Théophane le Confesseur s'arrête en 813 et il décrit Léon V en des termes positifs, alors même qu'il est férocement hostile aux iconoclastes, tandis que le patriarche [[Nicéphore Ier de Constantinople|Nicéphore]], iconodoule, lui est favorable<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Michel Kaplan]]|titre=Pourquoi Byzance ? Un Empire de onze siècles|éditeur=Gallimard|collection=Folio Histoire|année=2016}}, {{p.}}174.</ref>. Dans l'ensemble, les sources de l'époque ne permettent guère de connaître les convictions profondes de l'empereur. Son refus de signer la lettre du patriarche au moment de son arrivée sur le trône pourrait indiquer qu'il a, dès le début, l'intention de rétablir l'iconoclasme{{sfn|Treadgold|1988|p=199}}{{,}}<ref group="N">Il fait aussi renommer son fils Symbatios qui, lors de son couronnement, est appelé Constantin. Cela ne doit rien au hasard puisqu'en régnant aux côtés de son père, Léon, c'est le souvenir des deux empereurs iconoclastes Léon III et Constantin V qui réapparaît.</ref>. Selon [[Leslie Brubaker]] et [[John Haldon]], il est envisageable que le choix de Léon V soit dicté par un mélange de convictions personnelles et de considérations politiques. [[Michel Kaplan]] estime que c'est la conception du pouvoir impérial qui conduit Léon vers l'iconoclasme : {{citation|si l'Empire est vaincu, c'est que Dieu le punit de son retour à l’idolâtrie}}. Il appartient donc à son nouveau dirigeant, élu de Dieu, de suivre les orientations divines<ref name="MK2"/>. Enfin, la décision de Léon V s'inscrit dans le contexte plus global des rapports ambivalents entre le pouvoir temporel de l'empereur et le pouvoir spirituel incarné par le patriarche. Cette compétition voit régulièrement l'empereur essayer d'imposer ses vues en matière de dogme et l'Église y résister. Nicéphore {{Ier}}, pourtant iconophile, s'oppose ainsi quelques années plus tôt à [[Théodore StudditeStudite]] sur différentes questions. À son tour, Léon V essaie d'imposer son autorité à la sphère spirituelle{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=368}}{{,}}<ref name="MK2">{{Ouvrage|auteur=[[Michel Kaplan]]|titre=Pourquoi Byzance ? Un Empire de onze siècles|éditeur=Gallimard|collection=Folio Histoire|année=2016}}, {{p.}}174-175.</ref>. En effet, l'iconoclasme reste rejeté par une large partie de l'élite byzantine, en particulier parmi le clergé. Toute tentative de rétablissement trop brutale pourrait donc être risquée{{sfn|Treadgold|1988|p=208}}{{,}}{{sfn|Bréhier|2006|p=96}}.
 
=== Un rétablissement progressif ===
[[File:Consecration_of_Patriarch_Theodotos_Melissenos.jpg|thumb|left|Consécration du patriarche Théodote, chronique''Chronique de Skylitzès'' de Madrid.]]
Léon procède prudemment. Il s'appuie sur [[Jean VII le Grammairien|Jean le Grammairien]], un moine réputé qui présente la particularité d'être favorable à l'iconoclasme. Il lui demande de présider une commission chargée d'examiner les [[Saintes Écritures]] afin d'y trouver des textes favorables à cette doctrine. Accompagné de deux dignitaires byzantins, il présente assez rapidement ses travaux à l'empereur qui les envoie pour commentaires au patriarche [[Nicéphore Ier de Constantinople|Nicéphore {{Ier}} de Constantinople]]{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=368-369}}. Celui-ci rappelle que les Écritures condamnent certes l'idolâtrie païenne, mais non les icônes chrétiennes. Léon demande donc à Jean de poursuivre ses travaux avec l'aide de nouveaux membres, dont [[Antoine Ier de SyllaeumConstantinople|Antoine Cassimatès]], plus expérimenté et plus versé en théologie que Jean et, qui est alors évêque de [[Syllaeum]]{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=369}}.
 
Une fois leurs travaux terminés en décembre 814, Léon les présente à nouveau devant le patriarche qui persiste à rejeter l'iconoclasme{{sfn|Bury|1912|p=59}}. Il est soutenu par une partie notable du clergé, qu'ils soient évêques ou moines comme [[Théodore Studite]], l'une des principales figures religieuses de son temps. Lors d'une discussion théologique, l'évêque [[Euthyme de Sardes]] va jusqu'à dénier tout droit à l'empereur de s'immiscer dans les affaires religieuses, ce qui confirme l'attachement du clergé à l'autonomie de la sphère spirituelle<ref name="MK"/>. L'empereur, qui reste précautionneux, n'en estime pas moins que le culte des icônes a contribué aux défaites récentes de l'Empire. Il demande à ce que les icônes positionnées à hauteur d'hommeshomme, qui peuvent être touchées et embrassées soient retirées pour limiter ce qu'il estime être de l'idolâtrie. Selon [[Michel Kaplan]], l'Église byzantine se rapprocherait alors de la position du [[synode de Francfort]] tenu dans l'[[Empire carolingien]] en 794 et qui entend limiter le culte des images en les cantonnant à leur rôle d'aide matérielle à la foi<ref name="MK">{{Ouvrage|auteur=[[Michel Kaplan]]|titre=Pourquoi Byzance ? Un Empire de onze siècles|éditeur=Gallimard|collection=Folio Histoire|année=2016}}, {{p.}}175.</ref>. Cette position consensuelle ne recueille pas l'assentiment patriarcal et les tensions commencent à émerger{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=369}}. Tant Léon que Nicéphore ne s'accordent pas sur les conditions de la discussion théologique. Le patriarche rappelle que le [[concile de Nicée (787)II|concile de Nicée]] de 787]] a tranché la question. Léon réagit en retirant plusieurs icônes du [[Grand Palais (Constantinople)|Grand Palais]] et de la [[Chalkè]], prétendument pour les protéger d'agissements iconoclastes qui pourraient conduire à leur destruction{{sfn|TreadgoldBrubaker|1988Haldon|2015|p=209-210}}{{,370}}. Le geste a en réalité une portée symbolique très forte puisque c'est au même endroit que Léon III a fait retirer des icônes au moment du premier iconoclasme{{sfn|BrubakerTreadgold|Haldon|20151988|p=370209-210}}.
 
Immanquablement, la situation finit par se tendre. Peu avant la Noël 814, les principales figures iconophiles se réunissent à l'instigation de Nicéphore pour rejeter, un à un, les arguments adverses. Le matin de Noël, l'empereur et le patriarche ont une discussion au cours de laquelle leur opposition ne fait que s'accroître. Nicéphore rappelle les engagements de Léon à défendre l'orthodoxie et refuse, encore une fois, de discuter avec les partisans de l'iconoclasme. Lui et ses soutiens estiment que l'empereur a déjà fait son choix, ce que Léon dément, apparemment en embrassant le crucifix autour de son cou pour rappeler sa foi ; il va même jusqu'à vénérer un tissu brodé d'une scène de la [[Nativité]] pour les célébrations de Noël, ce geste ne suffisant cependant pas à calmer l'opposition. Le patriarche sollicite l'aide de l'impératrice Théodosia ou du [[logothète général]], Démocharis, apparemment sensibles à la cause iconophile, sans réussir à infléchir la volonté impériale{{sfn|Treadgold|1988|p=210}}.
Après de nouvelles tentatives avortées de négociation, Léon V finit par mettre au pas les opposants, qu'il arrête quand ils ne s'exilent pas d'eux-mêmes{{sfn|Treadgold|1997|p=432}}. Nicéphore est déposé et Léon envisage un temps de le remplacer par Jean le Grammairien mais ses ministres estiment qu'il faut un homme plus âgé et mieux estimé par les milieux aristocratiques. L'empereur cède et nomme [[Théodote Ier Cassitéras|Théodote I<sup>er</sup> Cassitéras]], le fils du beau-frère de [[Constantin V]], comme patriarche{{sfn|Jenkins|1966|p=135}}{{,}}{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=371-372}}. Quelques jours après les fêtes de Pâques 815, {{nobr|Léon {{V}}}} réunit un synode à [[Sainte-Sophie (Constantinople)|Sainte-Sophie]]. Les conclusions du [[concile de Hiéreia]] de 754 sont approuvées, au détriment de celles du concile de 787 qui a rétabli le culte des images ; les évêques qui y sont opposés sont déposés et remplacés par des sympathisants de l'iconoclasme tandis qu'un décret interdit formellement le culte des images, sans appeler à leur destruction{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=372}}.
 
Après de nouvelles tentatives avortées de négociation, Léon V finit par mettre au pas les opposants, qu'il arrête quand ils ne s'exilent pas d'eux-mêmes. Les évêques iconophiles sont particulièrement touchés par cette vague de répression{{sfn|Treadgold|1997|p=432}}. Nicéphore est déposé et Léon envisage un temps de le remplacer par Jean le Grammairien mais ses ministres estiment qu'il faut un homme plus âgé et mieux estimé par les milieux aristocratiques. L'empereur cède et nomme [[Théodote Ier Cassitéras|Théodote I<sup>er</sup> Cassitéras]], le fils du beau-frère de [[Constantin V]], comme patriarche{{sfn|Jenkins|1966|p=135}}{{,}}{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=371-372}}{{,}}{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=231-232}}. Quelques jours après les fêtes de Pâques 815, {{nobr|Léon {{V}}}} réunit un synode à [[Sainte-Sophie (Constantinople)|Sainte-Sophie]]. Les conclusions du [[concile de Hiéreia]] de 754 sont approuvées, au détriment de celles du concile de 787 qui a rétabli le culte des images ; les évêques qui y sont opposés sont déposés et remplacés par des sympathisants de l'iconoclasme, tandis qu'un décret interdit formellement le culte des images, sans toutefois appeler à leur destruction{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=372}}.
En apparence, c'est un retour à la situation d'avant 787. En réalité, ce deuxième iconoclaste est plus modéré, comme en atteste la volonté répétée de Léon de parvenir à une solution médiane ou de négocier avec les iconodoules. La vénération des images, condamnée dans son principe, n'est pas autant rejetée qu'au siècle précédent. Le synode de 815 ne la qualifie pas d'hérésie ou bien d'idolâtrie mais il rappelle que les signes de dévotion doivent être présentées à Dieu et non à de simples images ou objets qui détournent la foi de son but véritable{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=373-374}}.
 
En apparence, c'est un retour à la situation d'avant 787. En réalité, ce deuxième iconoclaste est plus modéré, comme en atteste la volonté répétée de Léon de parvenir à une solution médiane ou de négocier avec les iconodoulesiconodules. La vénération des images, condamnée dans son principe, n'est pas autant rejetée qu'au siècle précédent. Le synode de 815 ne la qualifie pas d'hérésie ou bien d'idolâtrie, mais il rappelle que les signes de dévotion doivent être présentéesprésentés à Dieu et non à de simples images ou objets qui détournent la foi de son but véritable{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=373-374}}.
Cette modération se retrouve dans l'application de l'iconoclasme. Certes, les principaux opposants sont châtiés, surtout quand ils s'expriment publiquement mais Léon V n'applique pas une politique de répression féroce. En 816, il permet aux religieux exilés de revenir à Constantinople, probablement pour les associer aux prières en vue de son expédition contre les Bulgares{{sfn|Treadgold|1988|p=215}}. Son succès lors de cette campagne lui permet d'asseoir son autorité et plusieurs autorités ecclésiastiques se rallient à ses vues iconoclastes. Ceux qui résistent encore, dont Théodore Studite, sont exilés ou emprisonnés à nouveau{{sfn|Treadgold|1988|p=216-217}}.
 
Cette modération se retrouve dans l'application de l'iconoclasme. Certes, les principaux opposants sont châtiés, surtout quand ils s'expriment publiquement, mais Léon V n'applique pas une politique de répression féroce. EnDe 816toute manière, il permetlui auxest religieuxcompliqué, exiléssauf deà revenirprocéder à Constantinople,une probablementpurge pourde lesgrande associerampleur, auxde prièresmettre enfin vueau deculte sondes expéditionicônes. contreEn lesoutre, Bulgares{{sfn|Treadgold|1988|p=215}}.toute Soncondamnation succèsà lorsmort ded'un cettedes campagnechefs luide permetfile, d'asseoircomme son[[Théodore autoritéStudite]], etrisquerait plusieursde autoritéscréer ecclésiastiquesun semartyr. rallientLes àprincipales sespeines vuessont iconoclastes.l'exil Ceuxpour quiisoler résistentles encore,meneurs dontet Théodorele Studite,fouet sontpour exilésles ouopposants emprisonnésles àplus nouveaurécalcitrants{{sfn|Treadgold|1988|p=216-217221}}.
Enfin, son succès contre les Bulgares<ref group="N">Les problèmes chronologiques énoncés plus haut et liés à la difficulté de dater précisément la victoire de Léon compliquent aussi l'appréhension de l'iconoclasme. Si la victoire date d'avant le concile de 815, alors celui-ci découle pour partie du succès de Léon qui prouve qu'il a les faveurs divines. En revanche, si la victoire date de 816, alors elle est la condition de la réussite de ce synode.</ref> lui permet d'asseoir son autorité et plusieurs autorités ecclésiastiques se rallient à ses vues iconoclastes. Ceux qui résistent encore, dont Théodore Studite, sont maintenus en exil ou emprisonnés{{sfn|Treadgold|1988|p=216-217}}.
 
=== Un iconoclasme rétabli mais fragile ===
 
En procédant par étapes, Léon V a finifinit par rétablir l'[[iconoclasme]] mais l'opposition demeure, comme en témoigne son recours à l'exil pour une partie du clergé, dont le patriarche ouen encoreparticulier Théodoreles Studiteévêques{{sfn|Treadgold|1988|p=212-213}}. En s'appuyant sur l'appareil coercitif propre au pouvoir impérial, il donne l'illusion d'une acceptation de ce revirement théologique. Une part notable de la population et du clergé ne résiste guère, même si cette passivité n'est pas synonyme d'adhésion. La modération de l'application de l'iconoclasme joue certainement un rôle dans cette résistance limitée{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=376}}{{,}}{{sfn|Pratsch|1998|p=235-243}}. Ainsi, le milieu monastique qui peut constituer un sérieux opposant aux prétentions de l'empereur de régir le domaine spirituel et qui a vivement contesté le premier iconoclasme est, dans l'ensemble, plutôt neutre. C'est plutôt le milieu épiscopal qui constitue l'enjeu principal de ce deuxième iconoclasme, d'où la nomination d'évêques favorables à l'empereur. En effet, ils occupent une place à la confluence entre le temporel et le spirituel qui leur confère une capacité d'influence indéniable<ref>Sur l'importance du milieu épiscopal dans le deuxième iconoclasme, voir {{Chapitre |auteur=[[Michel Kaplan]] |titre chapitre=L'évêque à l'époque du second iconoclasme |titre ouvrage=Monastères, images, pouvoirs et société à Byzance |éditeur=Publications de la Sorbonne|année=2006 |pages=183-205 |url=https://books.openedition.org/psorbonne/2102 }}</ref>.
 
En dépit de son exil, [[Théodore Studite]] parvient à maintenir un réseau d'opposition par une correspondance soutenue avec diverses autorités ecclésiastiques de l'Empire. maisIl est aussi avecen lecontact [[pape]] ouavec les patriarches orientaux, hostiles à l'iconoclasme<ref>''Vie de Saint{{sfn|Bréhier|2006|p=101-Georges102}}, évêqueainsi dqu'avec le pape [[AmastrisPascal Ier|Pascal {{Ier}}]] qui héberge à Rome plusieurs figures iconophiles. Il reçoit une ambassade de l'empereur et du patriarche pour recueillir son assentiment au retour de l'iconoclasme dans l'Empire, éditionsainsi Vasiljevskyqu'une lettre de Théodore et de ses partisans prônant le contraire. Le souverain pontife, [[Saint-Pétersbourg]]en demeurant fidèle au culte des images, 1896confirme l'isolement de l'Empire dans son virage iconoclaste<ref>Sur les relations byzantino-papales sous Léon V, voir {{pArticle|auteur=[[Venance Grumel]]|titre=Les relations politico-religieuses entre Byzance et Rome sous le règne de Léon l'Arménien|périodique=Revue des études byzantines|volume=18|année=1960|pages=19-44|url=https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1960_num_18_1_1218}}110-136.</ref>. Néanmoins, ilThéodore n'est guère en mesure de devenir un opposant sérieux à Léon V en dépit de l'étroitesse de la surveillance dont il fait l'objet. En outre, personnage aux idées radicales, il ne faitn'est pas toujourshomme de consensus{{sfn|Brubaker|Haldon|2015|p=379}}.
 
En définitive, si Léon est parvenu à réimposer progressivement l'iconoclasme au sein de l'Empire, cette doctrine est loin de susciter une adhésion massive, à l'exception de l'armée{{sfn|Treadgold|1988|p=221-222}}. Alors que le premier iconoclasme a pu s'appuyer sur un appareil intellectuel dynamique Selon Georg Ostrogorsky, alors que {{citation|l'iconoclasme de Léon et de Constantin V avait été un mouvement d'une grande force de déflagration, celui du {{s-|IX|e}} est une tentative de réaction attardée}}{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=232}}.
De toute manière, il lui est compliqué, sauf à procéder à une purge de grande ampleur, de mettre fin au culte des icônes. En outre, toute condamnation à mort d'un des chefs de file, comme Théodore Studite, risquerait de créer un martyr. Les principales peines sont l'exil pour isoler les meneurs et le fouet pour les opposants les plus récalcitrants{{sfn|Treadgold|1988|p=221}}.
 
En définitive, si Léon est parvenu à réimposer progressivement l'iconoclasme au sein de l'Empire, cette doctrine est loin de susciter une adhésion massive, à l'exception de l'armée{{sfn|Treadgold|1988|p=221-222}}. Alors que le premier iconoclasme a pu s'appuyer sur un appareil intellectuel dynamique Selon Georg Ostrogorsky, alors que {{citation|l'iconoclasme de Léon et de Constantin V avait été un mouvement d'une grande force de déflagration, celui du {{s|IX|e}} est une tentative de réaction attardée}}{{sfn|Ostrogorsky|1996|p=232}}.
 
== Réformes intérieures ==
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A partir de 816, Léon V est libéré des deux enjeux fondamentaux de son début de règne : la lutte contre les Bulgares et le rétablissement de l'iconoclasme. Les dernières années de son règne sont consacrées à une consolidation des structures de l'Empire.
 
=== Les réformesRéformes provinciales ===
[[Fichier:Asia_Minor_ca_842_AD.svg|thumb|L'Asie Mineure byzantine vers 842.]]
Il semble avoir apporté un soin particulier à la bonne administration des provinces. Il est attentif à la reconstruction de la Thrace et de la Macédoine, meurtries par les dévastations de Kroum : les cités d'Andrinople et d'Arcadiopolis se développent de nouveau{{sfn|Treadgold|1997|p=433}}. Peu à peu, il nomme des fonctionnaires reconnus pour leur probité et leurs compétences, alors que depuis la mort de Nicéphore, un certain désordre s'est emparé de la gouvernance des territoires de l'Empire, du fait à la foisconjoint des troubles causés par les Bulgares et, du laxisme de Michel {{Ier}} et du laxisme de Léon V au début de son règne{{sfn|Treadgold|1988|p=220}}. Il n'hésite pas à punir les dignitaires rendus coupables de corruption ou d'autres délits de ce genreanalogues, y compris s'ils ont des sympathies iconoclastes. Ainsi, il fait trancher le nez de Zosimas, un moine membre de la commission qui a rétabli l'iconoclasme car il s'est rendu coupable d'[[adultère]]. En cela, il prend la suite de Nicéphore {{Ier}} connu pour sa sévérité. IlLéon V rend parfois lui-même la justice au sein du [[Grand Palais (Constantinople)|Grand Palais]]<ref>{{Ouvrageharvsp|auteur=[[Louis Bréhier]]|titre=Les Institutions de l'Empire byzantin1970|éditeurp=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité|année=1970184}}, {{p.}}184.</ref>.
 
Au-delà du bon gouvernement des provinces, l'empereur est attentif à limiter le risque de rébellions. En Asie Mineure, il aurait réuni au début de l'année 819 l'ensemble des thèmes sous la direction d'un monostratège (stratège de plusieurs thèmes), [[Manuel l'Arménien]]. Cette décision n'a pas pour objet de mener une lutte accrue contre les Arabes, bien que Manuel reçoive une lettre de rebelles [[Syrie|syriens]] lui proposant une alliance dans le cadre de la guerre civile qui agite le [[califat abbasside]]. Prudemment, les Byzantins se tiennent à l'écart de ce conflit. Il se pourrait que Léon ait voulu qu'un de cesses plus proches généraux dirige les thèmes asiatiques, lieux habituels de rébellions. Manuel reçoit aussi l'ordre de déporter [[Théodore Studite]] de Boneta (dans les [[Arméniaques]]) à [[Smyrne]] (dans les [[Thracésiens]]) car le moine commence à prendre de l'influence dans son lieu d'exil. Seulement un an plus tard, le commandement extraordinaire de Manuel disparaît. AÀ cet égard, il convient de préciser que des historiens ont contestécontestent l'existence de ce gouvernorat unique qui reposerait sur une mauvaise interprétation des sources<ref>{{ouvrage |langue=de |auteur1=Friedhelm Winkelmann, |auteur2=Ralph-Johannes Lilie, |auteur3=Claudia Ludwig, |auteur4=Thomas Pratsch, |auteur5=Ilse Rochow et |auteur6=Beate Zielke, ''|titre=Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit: I. Abteilung (641–867), |volume=3. Band:||titre volume=Leon (#4271) – Placentius (#6265)'', walter|éditeur=Walter de Gruyter, |année=2000, {{p.|passage=140}}140.</ref>. Quoi qu'il en soit, il nomme des proches à des postes clés en AnatolieAsie Mineure. Un de ses parents, du nom de Bardas, devient stratège des Thracésiens mais tombe rapidement malade et meurt. Son nomoncle Grégoire Pérotas pourrait avoir été nommé comte de l'[[Opsikion]], un poste important car il s'agit du thème qui contrôle la rive asiatique du [[Bosphore]], en face de la capitale{{sfn|Treadgold|1988|p=222}}. Enfin, l'empereur entend réduire l'influence du puissant thème des Arméniaques. Cette décision pourrait être en partie liée au mauvais souvenir qu'a laissé Léon dans cette région lors de son gouvernorat puisqu'il y a souffert d'une défaite notable en 811. Il en détache la partie nord-ouest qui devient le thème de [[Paphlagonie (thème)|Paphlagonie]] et, peut-être, la partie nord-est qui devient le thème de [[Chaldée (thème)|Chaldée]]<{{#tag:ref group="N">|La date de création du thème de Chaldée est incertaine. Plusieurs historiens estiment qu'il est fondé plus tard, soit dès 824, soit même en 840, même s'il est admis que la région devient d'abord un [[Archon|archontat]], soit un territoire semi-autonome (<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur=Eric McGeer, John Nesbitt, [[Nicolas Oikonomidès]]|titre=Catalogue of Byzantine Seals at Dumbarton Oaks and in the Fogg Museum of Art, Volume |volume=4: |titre volume=The East |éditeur= Dumbarton Oaks Research Library and Collection|année=2001}}, {{p.}}85).</ref>.|group=N}}. La force militaire de la province des Arméniaques en est automatiquement réduite du fait des transferts de troupes afférents{{sfn|Treadgold|1988|p=222}}.
 
Une autre raison est avancée par [[Warren Treadgold]] pour expliquer cette décision. En créant deux thèmes directement sur la côte septentrionale de l'AnatolieAsie Mineure, il aurait eu pour objectif d'en améliorer la défense<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Warren T. Treadgold, ''|titre=Byzantium and Its Army, 284–1081'', |éditeur=Stanford University Press, |année=1995}}, {{p.}}31-69.</ref>. En effet, la [[mer Noire]] commence à connaître les incursions des [[Vikings]], aussi appelés [[Ruthénie|Rus']], et qui vont bientôt constituer une sérieuse menace pour Constantinople. Ainsi, le thème de Chaldée voit sa capitale établie à [[Trébizonde]], directement sur la côte. Quant à la Paphlagonie, elle semble créeravoir été créée sous la forme d'un [[Catépan|catépanat]] comprenant une escadre navale{{sfn|Kazhdan|1991|p=1579}}. De son côté, le thème des Arméniaques n'a plus qu'une seule vocation, la lutte contre les Arabes{{sfn|Treadgold|1988|p=222}}.
 
=== La révolteRévolte de Michel l'Amorien et la chute de Léon ===
[[File:Michael_II_and_Theophilos_solidus.jpg|thumb|''Solidus'' représentant [[Michel II (empereur byzantin)|Michel II]] et son fils [[Théophile (empereur byzantin)|Théophile]] qui prend sa succession.]]
Si la menace d'un soulèvement peut venir des provinces, c'est bien [[Constantinople]] qui demeure le cœur du pouvoir impérial. Or, en 820, Léon démasque une première conspiration qui atteste de l'existence d'une opposition à son gouvernement. Sa politique iconoclaste est nécessairement vectrice de résistance, mais ce n'est pas cet l'élément qui va coûterprovoquer sonla règnechute et sa vie àde Léon. Un de ses anciens compagnons de route, Michel l'Amorien, avec qui il a notamment participé à la révolte avortée de [[Bardanès Tourkos]] en 803, est animé d'ambitions fortes<ref group="N">Selon Warren Treadgold, qui défend l'idée d'un mariage entre Barca, fille de Bardanès Tourkos et Léon V, leur divorce a engendré une rancune tenace de Michel car Barca est la sœur de sa propre femme, Thekla.</ref>. Si l'empereur en a conscience, il maintient Michel à son poste de domestique des [[Excubites]], peut-être car il reste peut-être persuadé de la loyauté de Michel qui, en plus, partage ses vues iconoclastes. Néanmoins, Michel a pu accumulers'assurer progressivement des soutiens de poids qui l'autorisent à envisager un coup d'état à la fin de l'année 820{{sfn|Treadgold|1988|p=223}}.
 
LéonLes estcirconstances misexactes aude courantla chute de laLéon conspirationV parsont lemal [[logothèteconnues ducar Drome]],les Jeansources se contredisent parfois ou présentent des versions Hexabouliosdifférentes, peuen avantfonction lagénéralement [[Noël]]des 820opinions des auteurs. FurieuxCe qui est certain, c’est que l'empereur fait emprisonner Michel, etqu’il lesoupçonne condamnede complot à êtreson brûléégard. vifIl suren leaurait champapparemment été informé par son [[logothète du Drome]], Jean Hexaboulos. SaFurieux, femmeLéon décide de le dissuadefaire etexécuter luiimmédiatement mais sa femme conseillepréconise de retarderrepousser la sentence après Noël, lece qui tempspermettrait aussi de découvrirdémasquer les éventuelsd’éventuels complices. OrDans l’intervalle, cesdes derniersconspirateurs sontparviennent déjàà entréspénétrer endans action.le Certainspalais occupentimpérial, desdisposant postessûrement clés,de notammentla lecomplicité du ''[[pappiasPappias (Empire byzantin)|pappias]]'', qui est l'hommele chargéresponsable de la sécurité du Grand Palaispalais{{sfn|Kazhdan|1991|p=1580}}. IlDéguisés faiten parvenirprêtre, unils messager auprès de Michel qui presse ses alliés d'intervenir au plus vite sous peine de les dénoncer. Les conspirateurs décident de tendre un piège àsurprennent Léon. Ce dernier descend dans une chapelle palatine vers quatre heures, le matin de Noël. Sans gardes avec lui, ill'empereur s'est surprisrendu paravant des hommes en armes habillés en prêtresl'aube. IlLéon tente désespérément de se défendreriposter avec un [[candélabre]] mais péritfinit par périr sous le poidsnombre dude nombreses assaillants. Son corps est démembré et décapité avant d'être emmené dans l'Hippodrome pour être écorché. Ce qu'il en reste est mis dans un navire avec sa femme et ses enfants en direction des [[îles des Princes]], lieu de relégation traditionnel des membres d'une famille impériale déchue. Sa femme est contrainte de devenir nonne et ses enfants, tout comme ceux de Michel {{Ier}}, sont [[Castration|castrés]] pour les rendre inaptes à la fonction impériale{{sfn|Treadgold|1988|p=224}}. Le jour venu, Michel est libéré et couronné, sans que ce renversement ne suscite d’émotions particulières dans la capitale, ce qui indiquerait une popularité contestable pour Léon{{sfn|Treadgold|1988|p=225}}. Malgré tout, il laisse le souvenir d'un dirigeant compétent, une vertu que certains des opposants les plus sérieux lui reconnaissent. L'ancien patriarche Nicéphore écrit à propos de sa mort que l'Empire perd un impie mais aussi un chef de qualité{{sfn|Bury|1912|p=47}}.
 
Il est difficile de savoir si Michel a effectivement commandité un coup d’État et, dans tous les cas, les sources ne permettent guère d’en connaître les raisons. Michel est aussi un partisan de l’iconoclasme et le prétexte religieux n’est donc pas à relever. Selon Afinogemov, qui a consacré un article à cette question, il n’est pas possible de trancher et il se pourrait que Léon a fait emprisonner sous un mauvais prétexte Michel. Qu’il ait été ou non mêlé à un complot, la crainte qu’il ne divulgue des informations sur d’éventuels complices ou conspirateurs a pu pousser des ennemis de Léon à intervenir au plus vite. Peut-être même la duplicité du ''pappias'' a permis à Michel de faire passer des messages depuis sa cellule pour inciter à l’action. Néanmoins, Michel condamne, sur le principe, les tueurs de Léon qui pourraient être intervenus par hostilité pour le désormais défunt empereur plus que par fidélité à Michel<ref>{{Article|langue=en|auteur=Dmitry Afinogenov|titre=The Conspiracy of Michael Traulos and the Assassination of Leo V: History and Fiction|périodique=Dumbarton Oaks Papers|volume=55|année=2001|pages=329-338}}.</ref>.
Dès 821, [[Thomas le Slave]], ancien compagnon d'armes de Léon l'Arménien au moment de la révolte de Bardanès Tourkos, se rebelle en prenant comme prétexte l'assassinat de Léon par Michel l'Amorien mais échoue dans sa tentative de prise du pouvoir{{sfn|Treadgold|1988|p=228}}{{,}}{{sfn|Kazhdan|1991|p=2079}}. En 829, peu après la mort de Michel et l'arrivée sur le trône de son fils [[Théophile (empereur byzantin)|Théophile]], les acteurs présumés de l'assassinat de Léon sont jugés et exécutés. Selon [[Louis Bréhier]], c'est la première fois que le [[régicide]] est puni comme sacrilège, ce qui favoriserait l'émergence du principe dynastique dans le système impérial byzantin<ref>{{Ouvrage|auteur=Louis Bréhier|titre=Les Institutions de l'Empire byzantin|éditeur=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité|année=1970}}, {{p.}}25.</ref>.
DèsQuoi qu'il en soit, dès 821, [[Thomas le Slave]], ancien compagnon d'armes de Léon l'Arménien au moment de la révolte de Bardanès Tourkos, se rebelle en prenant comme prétexte l'assassinat de Léon par Michel l'Amorien, mais échoue dans sa tentative de prise du pouvoir{{sfn|Treadgold|1988|p=228}}{{,}}{{sfn|Kazhdan|1991|p=2079}}, même si d'autres sources indiqueraient que Thomas s'est plutôt soulevé contre Léon juste avant son assassinat{{sfn|Bury|1912|p=48, 85}}. En 829, peu après la mort de Michel et l'arrivée sur le trône de son fils [[Théophile (empereur byzantin)|Théophile]], les acteurs présumés de l'assassinat de Léon sont jugés et exécutés. Selon [[Louis Bréhier]], c'est la première fois que le [[régicide]] est puni comme sacrilège, ce qui favoriserait l'émergence du principe dynastique dans le système impérial byzantin<ref>{{Ouvrageharvsp|auteur=Louis Bréhier|titre=Les Institutions de l'Empire byzantin1970|éditeurp=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité|année=197025}}, {{p.}}25.</ref>.
 
== Mariage et enfants ==
 
Léon V seest mariemarié avecà [[Théodosia (femme de Léon V l'Arménien)|Théodosia]] au début de son règne. Elle est la fille d’un [[Patrice (titre)|patrice]], [[Arsaber]], qui s’est révolté sans succès contre Nicéphore et est réputé proche de certains milieux ecclésiastiques dont le patriarche Nicéphore. Ce mariage lui permetaurait doncpermis de se concilier une partie de l’élite byzantine{{sfn|Treadgold|1988|p=203}}. Il est aussi l'illustration des liens forts qui existent entre les membres de la communauté arménienne de l'Empire puisqu'Arsaber est aussi arménien. Selon Warren Treadgold, il aurait d’abord été marié avec Barca, une fille de Bardanès Tourkos, et aurait divorcé d’avec elle au moment de son accession au trône, apparemment pour un meilleur parti{{sfn|Treadgold|1988|p=196}}. Néanmoins, cette hypothèse demeure incertaine et n’est généralement pas retenue par les autres historiens.
 
Léon et Théodosia ont cinq enfants{{sfn|Settipani|1991|p=187}} :
* [[Constantin (fils de Léon V l'Arménien)|Symbatios-Constantin]], châtrécastré en 820 ;
* Grégoire, châtrécastré en 820, vivant en 847 ;
* Basile, châtrécastré en 820, vivant en 847 ;
* Théodose, châtrécastré en 820, et mort des suites de cette mutilation ;
* une fille, mariée à un Maiktès vivant à Andrinople.
 
L’historien [[Nicolas Adontz]] émet l’hypothèse que Léon V et Théodosia sont des ancêtres de [[Basile Ier]], le fondateur de la dynastie macédonienne qui règne sur l’Empire byzantin de 863 au milieu du {{s|XI|e}}. Il se base notamment sur les écrits de [[Constantin VII]] et de Théophane Continué. La grand-mère maternelle de Basile serait alors identifiée à une fille de Léon, un habitant de Constantinople que Nicolas Adontz estime être Léon V, qui serait alors l’arrière-grand-père de Basile, voire son arrière-arrière-grand père si une génération n’a pas été mentionnée dans les récits. Certains historiens valident cette hypothèse, comme [[Christian Settipani]], mais elle demeure difficile à étayer et les origines ethniques et familiales de Basile sont encore largement mystérieuses.
 
== Notes et références ==
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=== Sources primaires ===
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Jean|nom1=Skylitzès,|lien auteur1=Jean Skylitzès|titre=Empereurs de Constantinople|traducteur=Bernard Flusin et annoté pat [[Jean-Claude Cheynet]]|éditeur=éditions P. Lethilleux|lieu=Paris|année=2003,|date=|pages totales=|isbn=2283604591|lire en ligne=|titre chapitre=Léon l'Arménien|passage=15-23}}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Génésios]]|traducteur=Anthony Kaldellis|titre=On the Reigns of the Emperors|éditeur=Australian Associations of Byzantine Studies|lieu=Canberra|année=1998|isbn=0-9593626-9-X}}
* {{Ouvrage|langue=de|auteur=Staffan Wahlgren (dir.)|titre=Symeonis Magistri et Logothetae chronicon'|éditeur=Wahlgren, Bengt Martin Staffan|collection=Corpus Fontium Historiae Byzantinae – Series Berolinensis 44|année=2008|isbn=978-3-11-020282-3}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Nicéphore Ier de Constantinople]]|traducteur=[[Cyril Mango]]|titre=Nikephoros Patriarch of Constantinople. Short History|éditeur=Corpus Fontium Historiæ Byzantinæ 10, Dumbarton Oaks, Washington D. C.|année=1990}}
 
=== Sources secondaires ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=J.|nom1=Andreev|titre=The Bulgarian Khans and Tsars|lieu=Veliko Tarnovo|année=1996|isbn=954-427-216-X}}
* {{Autorité}}
* {{Ouvrage|auteur=Marie-France Auzépy|titre=L'Iconoclasme|éditeur=Presses Universitaires de France|collection=Que sais-je ?|année=2006}}
* {{ouvrage |auteur1=Louis Bréhier |titre=Institutions de l'Empire byzantin |éditeur=Albin Michel |collection=Bibliothèque de l'évolution de l'humanité |année=1970}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John B|nom1=Bury|lieu auteur1=John Bagnell Bury|titre=A History of the Eastern Roman Empire from the Fall of Irene to the Accession of Basil I|lieu=Londres|éditeur=Macmillan and Co|année=1912}}
* {{Ouvrage|auteur=[[Louis Bréhier]]|titre=Vie et mort de Byzance|éditeur=Albin Michel|collection=Bibliothèque de l'Humanité|année=2006}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Leslie|nom1=Brubaker|prénom2=John|nom2=Haldon|titre=Byzantium in the Iconoclast Era, C.680-850: A History|éditeur=Cambridge University Press|année=2015|isbn=978-1107626294}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John B.|nom1=Bury|lieu auteur1=John Bagnell Bury|titre=A History of the Eastern Roman Empire from the Fall of Irene to the Accession of Basil I|lieu=Londres|éditeur=Macmillan and Co|année=1912}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Florin Curta]]|titre=Eastern Europe in the Middle Ages|éditeur=Brill|année=2019|isbn=978-9004342576}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John A.|nom1=Fine|lien auteur=John Van Antwerp Fine Jr.|titre=The Early Medieval Balkans, A Critical Survey from the Sixth to the Late Twelfth Century|éditeur=The Early Medieval Balkans|éditeur=University of Michigan Press|année=1991|isbn=0-472-08149-7}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan|nom1=Harris|prénom2=Timothy|nom2=Venning|titre=A Chronology of the Byzantine Empire|éditeur=Palgrave MacMillan|année=2006|isbn=978-1403917744}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Dennis Hupchick|lien auteur=Dennis P. Hupchick|titre=The Bulgarian-Byzantine Wars For Early Medieval Balkan Hegemony: Silver-Lined Skulls and Blinded Armies|éditeur=Palgrave MacMillan|année=2017|isbn=978-3-319-56205-6}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Romilly Jenkins|titre=Byzantium: The Imperial Centuries, AD 610-1071|éditeur=Weidenfeld and Nicolson|lieu=Londres|année=1966}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Walter Emil|nom1=Kaegi|lien auteur=Walter Emil Kaegi|titre=Byzantine Military Unrest, 471-843 : An interpretation|lieu=Amsterdam|éditeur=Adolf M. Hakkert|année=1981}}
* {{OxDByz}}
* {{Ouvrage|nom1=Ostrogorsky|prénom1=Georges|lien auteur1=Georg Ostrogorsky|titre=Histoire de l’État byzantin|lieu=Paris|éditeur=Payot|année=1996|isbn=2-228-07061-0}}.
* {{Ouvrage|langue=de|auteur=Thomas Pratsch|titre=Theodoros Studites (759-826) zwischen Dogma und Pragma|lieu=Francfort-sur-le-Main|année=1998}}
* {{Ref-Settipani-Antiquité}}.
* {{Ref-Settipani-Byzance}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John A.|nom1=Fine|titre=The Early Medieval Balkans, A Critical Survey from the Sixth to the Late Twelfth Century|éditeur=The Early Medieval Balkans|éditeur=University of Michigan Press|année=1991|isbn=0-472-08149-7}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Dennis Hupchick|titre=The Bulgarian-Byzantine Wars For Early Medieval Balkan Hegemony: Silver-Lined Skulls and Blinded Armies|éditeur=Palgrave MacMillan|année=2017|isbn=978-3-319-56205-6}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Romilly Jenkins|titre=Byzantium: The Imperial Centuries, AD 610-1071|éditeur=Weidenfeld and Nicolson|lieu=Londres|année=1966}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Panos Sophoulis|titre=Byzantium and Bulgaria, 775-831|éditeur=Brill|année=2012|isbn=978-90-04-20695-3|url=https://books.google.de/books?id=Y8Y-3zVnvbEC&printsec=frontcover&hl=de#v=onepage&q&f=false}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Warren Treadgold]]|titre=The Byzantine Revival, 780-842|éditeur=Stanford University Press|année=1988|isbn=0-8047-1462-2}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=Warren Treadgold|titre=A History of Byzantine State and Society|éditeur=Stanford University Press|année=1997}} {{plume}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Walter Emil|nom1=Kaegi|lien auteur=Walter Emil Kaegi|titre=Byzantine Military Unrest, 471-843 : An interpretation|lieu=Amsterdam|éditeur=Adolf M. Hakkert|année=1981}}
* {{OxDByz}}
 
== Articles connexes ==
* [[Liste des empereurs byzantins]].
*[[Théodosia (femme de Léon V l'Arménien)]].
 
== Liens externes ==
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
 
{{Palette|Empereurs romains}}
{{Portail|monarchie|Byzance|Arménie}}
{{Article de qualité|oldid=167555483|date=18 février 2020}}
 
{{DEFAULTSORT:Leon 05 Armenien l}}