« Rudyard Kipling » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
bot : révocation de 176.170.18.219 (modification suspecte : -26), retour à la version 165494935 de Vincent Lextrait
Aucun résumé des modifications
Balises : Suppression de contenu Éditeur visuel
Ligne 30 :
En [[1907]], il est le premier auteur de langue anglaise à recevoir le [[prix Nobel de littérature]], et le plus jeune à l'avoir reçu (à 42 ans). Par la suite, il a refusé d'être anobli.
 
Cependant, Kipling a été souvent considéré comme un {{citation|prophète de l'impérialisme britannique}}, selon l'expression de [[George Orwell]]. La controverse au sujet des préjugés et du militarisme qui seraient présents dans son œuvre a traversé tout le {{s-|XX|e}}.
== it retournée. Florence servira de modèle à ''Maisie'', l'héroïne du premier roman de Kipling, ''La Lumière qui s'éteint'' (1891)<ref name="oxfordchildren">Carpenter, Henry and Mari Prichard, 1984,''Oxford Companion to Children's Literature'', {{p.|296-297}}</ref>. ==
 
Selon le critique littéraire Douglas Kerr : {{citation bloc|Il reste un auteur qui inspire des réactions de rejet passionnées, et sa place dans l'histoire littéraire et culturelle est loin d'être solidement établie. Cependant, à l'heure où les empires européens sont en repli, il est reconnu comme un interprète incomparable, sinon controversé, de la manière dont l'empire était vécu. Cela, ajouté à son extraordinaire génie narratif, lui donne une force qu'on ne peut que reconnaître<ref name=kerr>Douglas Kerr, University of Hong Kong, « Rudyard Kipling », ''The Literary Encyclopedia'', 30 mai 2002, The Literary Dictionary Company.</ref>.}}
 
== Biographie ==
=== L'enfance ===
Joseph Rudyard Kipling est le fils d'{{Lien|langue=en|trad=MacDonald sisters|fr=Sœurs MacDonald|texte=Alice MacDonald}} et de [[John Lockwood Kipling]], sculpteur et professeur à la ''Jejeebhoy School of Art and Industry'' de Bombay ; ses parents viennent à peine d'arriver en Inde, et se sont rencontrés en Angleterre, dans le [[Staffordshire]], près du {{Lien|langue=en|trad=Rudyard Lake|fr=lac Rudyard}} — dont ils donnèrent le nom à leur fils. D'après Bernice M. Murphy<ref name=murphy>Murphy, Bernice. M. (1999-06-21), ''Rudyard Kipling - A Brief Biography'' (« Rudyard Kipling, petite biographie »), School of English, The Queen's University of Belfast.</ref>, {{citation|les parents de Kipling se considéraient comme des “[[Anglo-Indiens]]”<ref>Ils ne relevaient pas au sens strict de cette catégorie, dans la mesure où ils n'étaient pas nés et installés définitivement en Inde comme le veut la définition classique d'« Anglo-Indien ». Isabelle Surun (dir), ''Les Sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, p. 292.</ref> et leur fils devait faire de même, bien qu'il ait passé la plus grande partie de sa vie hors d'Inde. Cela explique pourquoi des problèmes complexes d'identité et d'allégeance nationale marquent ses œuvres de fiction.}}
 
[[Image:James Tissot - The Gallery of HMS Calcutta (Portsmouth).jpg|vignette|gauche|300px|[[James Tissot]], le ''Calcutta'' (Portsmouth), 1876.]]
 
Ces journées de « ténèbres et de lumière crue » passées à Bombay et décrites avec nostalgie dans ''Baa Baa Black Sleep'' (1888) et ''Something of Myself'' (1935)<ref>Isabelle Surun (dir), ''Les sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|292}}.</ref> prirent fin lorsque Kipling eut six ans<ref name="autobio">Rudyard Kipling, ''Something of Myself'', 1935 (Deux trois choses sur moi-même, autobiographie), Cambridge University Press {{ISBN|0-521-40584-X}}.</ref> et fut envoyé en Angleterre comme le voulait la tradition chez les Britanniques employés aux colonies. En effet, ces derniers craignaient généralement qu'un contact prolongé avec les domestiques indiens ne modifient durablement la personnalité de leur progéniture, ne les « indigénisent » (« ''go native'' »)<ref>Isabelle Surun (dir), ''Les sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|464}}.</ref>. Rudyard et sa jeune sœur Alice (dite Trix) de trois ans prirent le bateau pour l'Angleterre, en l'occurrence pour se rendre à [[Southsea]], [[Portsmouth]], dans une famille d'accueil qui prenait en pension des enfants britanniques dont les parents résidaient en Inde. Les deux enfants grandirent sous la tutelle du capitaine Holloway et de son épouse, à ''Lorne Lodge'', pendant les six années qui suivirent. Dans son autobiographie, publiée plus de soixante ans plus tard, Kipling évoque cette période avec horreur en se demandant non sans ironie si le mélange de cruauté et d'abandon qu'il subit auprès de {{Mme}} Holloway n'aurait pas précipité l'éclosion de ses talents littéraires<ref name=autobio/>.
 
{{citation_bloc|Si vous faites subir un interrogatoire à un enfant de sept ou huit ans sur ses activités de la journée (surtout lorsqu'il tombe de sommeil), il se contredira d'une façon tout à fait satisfaisante. Si chaque contradiction est épinglée comme mensonge et rapportée au petit déjeuner, la vie n'est pas facile. J'ai dû subir pas mal de brimades, mais il s'agissait là de torture délibérée, appliquée religieusement et scientifiquement. Par contre cela m'obligea à faire très attention aux mensonges que je dus bientôt concocter et je suppose qu'il s'agit d'une bonne base pour une carrière littéraire.}}
 
Trix fut mieux traitée que Rudyard, car {{Mme}} Holloway voyait en elle un beau parti pour son fils<ref name=oxfordchildren>Carpenter, Henry and Mari Prichard, 1984,''Oxford Companion to Children's Literature'', {{p.|296-297}}</ref>. Cependant les deux enfants avaient de la famille en Angleterre dans laquelle ils pouvaient séjourner. À Noël, ils passaient un mois chez leur tante Georgiana (''Georgy'') et son mari, le peintre [[Edward Burne-Jones]], dans leur maison de [[Fulham]] à Londres, « un paradis auquel je dois en vérité d'avoir été sauvé » selon Kipling<ref name=autobio/>. Au printemps 1877, Alice Kipling revint d'Inde et retira les enfants de Lorne Lodge.
 
{{citation_bloc|Maintes et maintes fois par la suite, ma tante bien-aimée me demanda pourquoi je n'avais jamais raconté comment j'étais traité. Mais les enfants ne parlent pas plus que les animaux car ils acceptent ce qui leur arrive comme étant décidé de toute éternité. De plus, les enfants maltraités savent très exactement ce qui les attend s'ils révèlent les secrets d'une prison avant d'en être bel et bien sortis<ref name=autobio/>.}}
 
En janvier [[1878]], Kipling entra au ''United Services College'', à [[Westward Ho!]] dans le [[Devon (comté)|Devon]], école fondée quelques années plus tôt afin de préparer les garçons à la carrière militaire. Ses débuts à l'école s'avérèrent difficiles, mais il finit par se faire des amitiés durables et ces années lui fournirent la matière du recueil d'histoires de potaches, ''[[Stalky & Co.]]'', publié des années plus tard<ref name=oxfordchildren/>. Au cours de cette période, Kipling tomba amoureux de Florence Garrard, copensionnaire de Trix à Southend où sa sœur était retournée. Florence servira de modèle à ''Maisie'', l'héroïne du premier roman de Kipling, ''La Lumière qui s'éteint'' (1891)<ref name=oxfordchildren/>.
 
Vers la fin de son séjour à l'école, il fut décidé qu'il n'avait pas les aptitudes nécessaires pour obtenir une bourse d'études qui lui aurait permis d'aller à l'[[université d'Oxford]]<ref name=oxfordchildren/>. Or, ses parents n'avaient pas les moyens de financer ses études supérieures<ref name=gilmour>Gilmour, David. 2002. ''The Long Recessional: The Imperial Life of Rudyard Kipling'', Farrar, Straus, and Giroux, New York.</ref>. Kipling père procura donc un emploi à son fils à [[Lahore]]<ref>Aujourd'hui au [[Pakistan]].</ref>, où il était directeur de l'école d'art ''Mayo College of Art''<ref>[http://www.nca.edu.pk/ National College of Arts Lahore]</ref> et curateur du musée de Lahore. Kipling devait travailler comme assistant dans un petit journal local, la ''Civil & Military Gazette''. Il prit la mer pour l'Inde le 2 septembre et débarqua à [[Mumbai|Bombay]] le 20 octobre 1882.
 
== Voyages de jeunesse ==
La gazette civile et militaire (''Civil and Military Gazette'') de Lahore, que Kipling appellera plus tard « ma première maîtresse, mon premier amour »<ref name="autobio">Rudyard Kipling, ''Something of Myself'', 1935 (Deux trois choses sur moi-même, autobiographie), Cambridge University Press {{ISBN|0-521-40584-X}}.</ref> paraissait six jours par semaine de janvier à décembre, avec une interruption d'une journée à [[Noël]] et une autre à [[Pâques]]. Kipling était rudement mis à contribution par le rédacteur en chef, Stephen Wheeler, mais rien ne pouvait étancher sa soif d'écrire. En 1886, il publia son premier recueil de poésies, ''Departmental Ditties''. Cette même année vit arriver un nouveau rédacteur en chef, Kay Robinson, qui lui laissa une plus grande liberté artistique et proposa à Kipling de composer de nouvelles pour le journal<ref name="plainsintro"/>.
Entre-temps, pendant l'été 1883, Kipling s'était rendu pour la première fois à [[Shimla]], station de montagne célèbre qui servait de capitale d'été officielle du ''Raj'' britannique depuis 1864<ref>Isabelle Surun (dir), ''Les sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|515}}.</ref> : six mois par an, le vice-roi et le gouvernement s'y installaient, faisant de la ville « à la fois un centre de pouvoir et de plaisir »<ref name=plainsintro/>. Le père de Kipling y reçut la commande d'une fresque qui devait orner l'église du Christ. Rudyard et sa famille revinrent y passer leurs vacances tous les ans de 1885 à 1888, et la ville figura régulièrement dans les récits qu'il publiait dans la ''Gazette''<ref name="plainsintro"/>. Les sociabilités mondaines de la station d'altitude coloniale y sont décrites avec un regard souvent critique et ironique, notamment à l'égard du jeu amoureux perpétuel qui s'y déployait, selon lui, entre Britanniques désœuvrés<ref>Isabelle Surun (dir), ''Les Sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960)'', Atlande, 2012, {{p.|517}}.</ref>.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Rudyard_Kipling ».