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En parallèle du développement des Studia Linguarum, se développent en Europe les premières universités, dont un des centres fut l'école de traduction de Tolède, [[Bologne]], [[Salerne]]. En France, l'université de Paris se développe avec une activité de philosophie et de théologie en relation avec les cultures arabes et juives et sert de modèle aux autres universités européennes. Le théologue [[Thomas d'Aquin|Saint Thomas d'Aquin]] enseigne à Paris. Il assume et commente très tôt dans ses œuvres les idées provenant des deux autres religions{{sfn|id=tresCulturas|Niclós y Albarracin 2001|p=260}}. Il se base entre autres sur les œuvres d'[[Averroès]], [[Moïse Maïmonide|Maïmonide]] et [[Avicebron]]. Il se rapproche également des philosophes musulmans qui partagent les mêmes idées néoplatoniciennes, qui vaut à sa doctrine le titre de {{citation|secte mahométique}}{{sfn|id=tresCulturas|Niclós y Albarracin 2001|p=264}}.
 
La vie quotidienne en Aragon était marquée par la volonté de renforcer les barrières et prérogatives de chacune des communautés. Une des sources de tension quotidiennes était liée aux conversions ; seule la conversion d'une minorité vers le christianisme étant possible, la conversion du judaïsme vers l'islam ou vice-versa pouvait susciter des violences entre ces groupes. La seconde source de tension quotidienne, et la plus importante, était liée à la sexualité. Chacune des communautés interdisait à ses membres d'avoir des rapports avec des individus d'une autre confession. Les condamnations étaient particulièrement lourdes et la peine de mort souvent requise<ref>{{Ouvrage|titre=Communities of violence|sous-titre=Persecution of minorities in the Middle Age|éditeur=Princeton University Press|lieu=Princetown|année=|passage=488|isbn=|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1999_num_216_4_1086?q=convivencia|auteur=David Nirenberg <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->}}</ref>. Cette situation générait de nombreux chantages, au point que l'accusation de métissage, d'adultère ou de prostitution avec une autre communauté devint le stéréotype du discours accusatoire à des fins personnelles, qui se finalisait en amende afin de payer le fonctionnement des communautés, et ce même en cas d'acquittement<ref>{{Ouvrage|auteur1=David Nirenberg|titre=Violence et minorités au Moyen Âge|éditeur=|année=|passage=1695|isbn=|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2002_num_57_6_280129_t1_1695_0000_1?q=convivencia}}</ref>.
 
=== Valence et l'imprimerie ===
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La conquête des territoires d'Al Andalus par les [[Almohades]] renversant les Almoravides, appliquant la religion avec un rare [[intégrisme]] et associée à une grande violence, des destructions, des [[déportations]] et des [[Conversion religieuse|conversions]] forcées, marque un point de non retour : {{citation|On tua des dizaines de milliers de juifs, on les persécuta, les obligeant à prendre le chemin de l'exil en direction de la Castille et de l'Aragon où les chrétiens les accueillirent à bras ouverts{{sfn|id=Castillo|del Castillo 2005|p=46, El Andalus}}.}}. De nombreux juifs s'exilent, parmi eux le célèbre philosophe [[Moïse Maïmonide|Maïmonide]], qui après un long périple, termine sa vie en [[Égypte]] à la cour de [[Saladin]]. Certains juifs migrent vers l'{{référence nécessaire|Afrique du nord (où existent des communautés juives importantes)}}, d'autres au nord de la péninsule ibérique<ref>{{Article|langue=es-ES|titre=Desmontando mitos: la tolerancia de la Ál-Andalus multicultural|périodique=Profeaventuras|date=2013-12-13|lire en ligne=https://profeaventuras.wordpress.com/2013/12/13/desmontando-mitos-la-tolerancia-de-la-al-andalus-multicultural/|consulté le=2018-01-03}}</ref>. La très rigoriste et puritaine doctrine almohade est inspirée par son fondateur, [[Ibn Toumert]]. Le Calife [[Abd al-Mumin (calife)|Al-Mu‘min]] et son successeur [[Abu Yaqub Yusuf|Abû Yûsuf Ya‘qûb]] (1184-1199) la mettent en œuvre sous forme de politique intégriste et de persécutions envers ceux qui sont perçus comme hérétiques : les juifs, les fuqahâ‘ [[Malikisme|malikites]]{{sfn|Lewis|2001|p=67}} et les philosophes. Lorsque [[Muhammad_an-Nasir|Muhammad al-Nâsir]] (1199-1214) succède à Yûsuf, la doctrine Almohade régresse rapidement.
 
Un schisme s'opère alors entre la doctrine puritaine appliquée par les ''mahdî'' d'une part, et d'autre part, la haute société - la famille royale - friande d'art et de luxe qui se sécularise rapidement. Le nouveau souverain favorise les chrétiens. Le régime allège la fiscalité et concentre ses efforts sur le commerce et l'industrie<ref name=Conrad/>, même si ses pratiques n'effacent pas tout scrupule religieux envers ceux dont l'orthodoxie est douteuse. Ainsi, Averroès et [[Moïse Maïmonide|Maïmonide]], dans un premier temps encouragés voient leurs œuvres brûlées (1189) et sont contraints de s'exiler (Maïmonide 1165, Averroès, 1197). L'abandon de l’orthodoxie religieuse et la fin de ce puritanisme dans la seconde partie du {{s|XII}} donne néanmoins lieu à des réalisations brillantes, dans un siècle qualifié « d'opulent » par Philippe Conrad. Les arts plastiques et la musique sont largement encouragés<ref name=Conrad>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Conrad|titre=L'Espagne sous la domination almoravide et almohade|éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_espagne_sous_la_domination_almoravide_et_almohade.asp|siteurl=Cliohttp://www.clio.fr <!--PARAMETRE 'site' N'EXISTE PAS -->}}</ref>. Ils réalisent une synthèse des influences maghrébines et andalouses, notamment avec la construction de la [[Giralda]] dans leur capitale, Séville. Les distensions internes affaiblissent, vis-à-vis des royaumes chrétiens, ce pouvoir qui est emporté par la Reconquista.
 
Serafín Fanjul définit la société du royaume de Grenade (1238-1492) comme {{citation|une société monoculturelle, avec une seule langue, une seule religion. Une société terriblement intolérante, par instinct de survie, puisqu'elle était acculée à la mer<ref>[[Serafín Fanjul]], entretien, « Le « mythe d'Al-Ándalus », ''[[La Nouvelle Revue d'histoire]]'', {{n°|62}}, septembre-octobre 2012, {{p.|31-34}}.</ref>}}.
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D'autre part, le dernier quart du {{s-|XX|e}} voit la montée en puissance du monde arabe et l'émergence de l'Islam politique. Ces phénomènes vont généralement de pair avec des tensions croissantes dans diverses régions du monde, donnant lieu à des publications très marquantes telles que ''The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order'' publié par Samuel Huntington en 1996, et qui, par ricochet a attiré l'attention du grand public sur l’Andalousie médiévale{{sfn|id=Reflexion|Manzano Moreno 2013|p=119}}. Prenant part à ce débat, plusieurs auteurs aux États-Unis, tels que María Rosa Menocal, ont mis en avant la tolérance dans l'Andalousie omeyyade. Cette dernière explique {{citation |l'impossibilité de comprendre ce qui à une autre époque n'était qu'un ornement dans le monde sans voir le reflet de cette histoire sur le seuil de notre porte{{sfn|id=Reflexion|Manzano Moreno 2013|p=119}}}}. Le concept est employé dans un cadre éminemment politique{{sfn|id=Reflexion|Manzano Moreno 2013|p=118}}. Il est notamment cité plusieurs fois par Barack Obama<ref group=Note>Barack Obama se réfère explicitement à la ''convivencia pacifica'' en Al Andalus, notamment dans son discours du Caire.</ref>{{,}}<ref>{{article|url=http://www.elmundo.es/elmundo/2009/06/04/andalucia/1244134732.html|périodique=El Mundo|titre=La ensoñación de la convivencia de las Tres Culturas en Al Andalus|auteur=Javier Rubio |lieu= Séville|date=05/06/2009}}</ref>.
 
Par contraste avec les États-Unis, la célébration du millénaire de la chute du Califat d'Al Andalus en Espagne a été bien plus discrète et l'essentiel des auteurs espagnols qui ont pris la parole l'ont fait pour mettre en garde contre une idéalisation d'Al Andalus{{sfn|id=Reflexion|Manzano Moreno 2013|p=121}}. Eduardo Manzano Moreno met en avant les perspectives très différentes entre les auteurs Américains et Européens sur ce concept{{sfn|id=Reflexion|Manzano Moreno 2013|p=121}} ; perspectives qui sont notamment étudiées et comparées par Ryan Szpiech<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ryan Szpiech|titre=A Sea of Languages : Rethinking Arabic Role in Medieval Literary History|éditeur=University of Toronto Press|lieu=Toronto|année=2013|passage=254-295|isbn=|titre chapitre=The Convivencia Wars. Decoding Historiography's Polemic with Philology|auteur1=Suzanne Conklin Akbari <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->|auteur2=Karla Mallette. <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->}}.</ref>.
 
=== Dépassement du mythe ===
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* {{article |langue=fr| auteur=Christophe Cailleaux|titre=Chrétiens, juifs et musulmans dans l’Espagne médiévale. La convivencia et autres mythes historiographiques|périodique=Cahiers de la Méditerranée|numéro=86 |passage=257-271|date=15 décembre 2013|consulté le= 24 mai 2018|url=http://journals.openedition.org/cdlm/6878 }}
* {{article|langue=fr|id=Amour|périodique=Atalaya|année=1991|titre volume=Amours et symboles|titre=Le collier de la colombe|titre paragraphe=l'art|auteur = Gabriel Martinez|url=https://books.google.fr/books?id=6lKnQ_ZqFkIC&pg=PA10&lpg=PA10&dq=poeta+al-Ramadi&source=bl&ots=fFDIw0BkoA&sig=5XuRY4qpY-WRCvvkhGt9ZqaCWR0&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj22oDW5qPdAhXjyYUKHWyZD9sQ6AEwAnoECAYQAQ#v=onepage&q=poeta%20al-Ramadi&f=false}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Christine Mazzoli-Guintard|titre=Vivre à Cordoue au Moyen Âge|éditeur=|année=2003|pages=310|isbn=|ean=9782868477781|doi=10.4000/books.pur.17013|lire en ligne=https://books.openedition.org/pur/17017#cite|id=Vivre|éditeur := Presses universitaires de Rennes <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->|Collection := Histoire <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->|lieu d’édition=Rennes <!--PARAMETRE 'lieu d’édition' N'EXISTE PAS -->}}
* {{article|id=Calvo1|périodique=Muqarnas|passage=1-25|url=https://www.academia.edu/9884897/The_Reuse_of_Classical_Antiquity_in_the_Palace_of_Madinat_al-Zahra%CA%BE_and_Its_Role_in_the_Construction_of_Caliphal_Legitimacy|langue=en|titre=The reuse of classical antiquity in the palace of Madinat Al Zahra|auteur= Susana Calvo Capilla|année=2014|lieu = Leiden et Boston}}
* {{article|id=Marquez|auteur1=Francisco Márquez Villanueva|auteur2=Yannick Llored|titre=Histoire intellectuelle et interculturalité en Espagne|url=https://www.persee.fr/doc/horma_0984-2616_2004_num_50_1_2193|année=2004|périodique=Horizons maghrébins|numéro=50}}
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