« Emil Cioran » : différence entre les versions

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==== Enfance ====
[[Fichier:Casa Cioran Răşinari06.jpg|vignette|La maison natale d'Emil Cioran à [[Rășinari]], en Roumanie.|gauche]]
Cioran naît d'un père [[Pope|prêtre]] [[Église orthodoxe roumaine|orthodoxe]], Emilian Cioran, pope de [[Rășinari]] (les popes peuvent se marier), et d'une mère [[athéisme|athée]], Elvira, issue d'un milieu social aisé (son père, notaire, a été élevé à la dignité de baron par l'autorité hongroise)<ref name="Piednoir223">{{harvsp|Piednoir|2013|p=223}}.</ref>. Il a une sœur aînée, Virginia, et un frère cadet, Aurel. Sa mère, son frère et sa sœur semblent tous trois avoir été, comme Cioran, sujets à des états mélancoliques et neurasthéniques. Durant son enfance, et après de nombreuses tractations entre les pays de l'Entente, la Transylvanie jusque là rattachée à l'Autriche-Hongrie rejoint la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]]. Après quelques années de vie heureuse à [[Rășinari]]<ref name="Entretiens134135">{{Ouvrage |auteur1=Emil Cioran |titre=Entretiens |passageéditeur=134-135Gallimard |lieu=Paris |éditeurannée=Gallimard1995 |datepassage=134-135 |isbn=1995}}.</ref>, petit village de [[Transylvanie (région)|Transylvanie]], Cioran s'adapte mal à la vie en ville lorsqu'il doit intégrer le lycée à [[Sibiu]], la cité à majorité [[Saxons de Transylvanie|saxonne]] en contrebas de son village natal. Cioran est placé en pension chez deux vieilles filles saxonnes auprès desquelles il apprend l'allemand.
 
Son compatriote [[Lucian Blaga]], philosophe de la culture, a aussi décrit le rôle matriciel que pouvait avoir un village roumain, et le mépris que les écoliers citadins germanophones pouvaient manifester pour un petit « cul-terreux [[Valaques|valaque]] ». Ce choc, ainsi que les relations difficiles avec sa mère et les nombreuses [[insomnie]]s dont il souffre durant sa jeunesse, contribueront au développement de sa vision pessimiste du monde et lui feront penser au [[suicide]]. Cioran se réfugie alors dans la lecture d'auteurs allemands et français notamment (il semblerait que Cioran sût le français à l'époque).
 
==== Premiers écrits ====
En 1928, à l'âge de {{nombre|17|ans}}, il fait des études de [[philosophie]] à l’[[université de Bucarest]], et ses premiers travaux portent sur [[Emmanuel Kant|Kant]], [[Arthur Schopenhauer|Schopenhauer]] et, tout particulièrement, sur [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]]. Il est également très influencé par la lecture de Spengler. Il obtient sa licence le 23 juin 1932 avec la mention ''magna cum laude''<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=fr|nom1=Bollon, Patrice.|titre=Cioran, l'hérétique|passageéditeur=p. 76Gallimard|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|dateannée=1997|pages totales=307|passage=p. 76|isbn=2-07-074382-9|isbn2=978-2-07-074382-7|oclc=38091095|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/38091095|consulté le=2020-01-25}}</ref> et entame une thèse sur [[Henri Bergson]], qu'il ne mènera jamais à terme. Cioran a ensuite rejeté les préceptes philosophiques de ce dernier, jugeant qu'il n'a pas compris la tragédie de la vie. Durant cette période et jusqu'à ce qu'il quitte définitivement la Roumanie, il collabore à plusieurs revues : ''Gîndirea'', ''Discobolul'', ''Floarea de foc'' (Fleur de feu), ''Azi'' (Aujourd'hui) ou encore ''Calendarul'' (Le Calendrier, de tendance [[Garde de fer|gardiste]]). En 1933, il bénéficie d'une bourse et s'inscrit à l'[[Université Humboldt de Berlin|université de Berlin]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Laurence Tâcu |directeur1=oui |nom2=Vincent Piednoir |directeur2=oui |préface=Yves-Jean Harder |titre=Emil Cioran |passage=11 |éditeur=Flammarion |collection=Champs |datelieu=Paris |année=2015 |pages totales=384 |passage=11 |isbn=9782081333536978-2-08-133353-6 |isbn2=2081333538 |oclc=912598998 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/912598998 |consulté le=2019-01-19}}.</ref>.
 
À {{nobr|22 ans}}, il publie ''Sur les cimes du désespoir'', son premier ouvrage, avec lequel il s'inscrit, malgré son jeune âge, au panthéon des grands écrivains roumains. Après deux années de formation à [[Berlin]], il rentre en [[Roumanie]], où il devient professeur de [[philosophie]] au lycée Andrei-Șaguna de [[Brașov]] pendant l'année scolaire {{date-|1936}}-{{date-|1937}}. Professeur atypique, ses cours consistaient principalement à provoquer ses élèves, qui l'avaient surnommé {{Citation|le fou dément}}<ref name="Entretiens134135" />. Cioran se vantait qu'aucun de ses élèves n'ait réussi le baccalauréat de philosophie<ref>{{Article |auteur1=Stefan Baciu |titre=Un professeur de l'enseignement secondaire nommé Emil Cioran |périodique=Cahier de l'Herne Cioran |date=mars 1989/2009}}.</ref>.
 
Comme la plupart des intellectuels de sa génération, il assiste, en compagnie de [[Mircea Eliade]], à l'ascension du mouvement [[Fascisme|fascisant]] et [[Antisémitisme|antisémite]] de la [[Garde de fer]], combattu par la police du régime parlementaire. Une ambiance de [[guerre civile]] s'installe alors dans le pays, [[nationalisme]] [[Xénophobie|xénophobe]] ultra-chrétien d'un côté (la Garde de fer elle-même s'affichant comme chrétienne), [[laïcité]] démocrate de l'autre. La Garde de fer fait appel aux anciennes traditions roumaines, aux valeurs de la paysannerie longtemps opprimée par les Empires étrangers voisins ; la monarchie s'inspire plutôt des valeurs de l'Occident. En {{date-|1936}}, Cioran publie ''La Transfiguration de la Roumanie'' (''{{Langue|ro|Schimbarea la față a României}}'') où il développe une pensée passablement influencée par les thèses de la [[Garde de fer]] (qui cultive une aura de martyre patriotique car la police tire sans sommation sur ses rassemblements<ref>{{Ouvrage |prénom1=Catherine |nom1=Durandin |titre=Histoire des roumains |passageéditeur=272 à 280 et 309 à 311Fayard |lieu=Paris |éditeur=Fayard |année=1995 |pages totales=573 |passage=272 à 280 et 309 à 311 |isbn=978-2-213-59425-5 |oclc=299463909}}.</ref>). La même année, il publie ''Le Livre des leurres'' (''Cartea amagirilor''), pendant spirituel de ''Transfiguration'' selon certains<ref name="Piednoir223" />, et qui reçoit une recension négative de Mihail Sebastian<ref name="Piednoir223" />.
 
Il écrit en {{date-|1937}}, dans son troisième ouvrage, ''Des larmes et des saints'', qui fait scandale dans son pays : {{Citation|Les Hongrois nous haïssent de loin tandis que les Juifs nous haïssent au cœur même de notre société}}<ref>{{harvsp|Laignel-Lavastine|2002|p=161|id=Laignel}}.</ref> et {{Citation|Le Juif n’est pas notre semblable, notre prochain, et, quelle que soit l’intimité entretenue avec lui, un gouffre nous sépare<ref>Michaël Finkelsthal, ''Cahiers Benjamin Fondane'', {{numéro|6}}, 2003.</ref>.}} Bien plus tard, il biffera ces passages pour l’édition française<ref>{{harvsp|Laignel-Lavastine|2002|p=502|id=Laignel}}.</ref>. Le livre est refusé par son éditeur Vremea et est finalement publié à compte d'auteur. Les critiques qu'il reçoit sont mauvaises, à l'exception d'une lettre de Jenny Acterian<ref>{{harvsp|Liiceanu|1995|p=1995}}.</ref>.
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[[Image:Cioran à Paris7.jpg|vignette|De la ''Coasta Boacii'' à la rue de l'Odéon.]]
==== Avant-guerre (1937-1939) ====
Arrivé en [[France]] à la fin de l'automne 1937 comme boursier de l’[[Institut français]] de [[Bucarest]], Emil Cioran s'installe à l'hôtel Marignan, 13 [[rue Du Sommerard]]. Son installation en France est définitive. Cependant, Cioran effectue encore deux séjours en Roumanie, un premier durant l'automne 1939<ref>{{Ouvrage |auteur1=Cioran |titre=Œuvres |passageéditeur=39Gallimard |collection=Pléiade |lieu=Paris |éditeurannée=Gallimard2011 |collectionpassage=Pléiade39 |dateisbn=2011 |titre chapitre=Chronologie}}.</ref>, et un second entre novembre 1940 et fin février 1941.
 
Durant les premières années qu'il passe à Paris, Cioran continue à s'intéresser à la politique, notamment aux mouvements d'extrême droite comme le [[Parti populaire français|PPF]] de [[Jacques Doriot|Doriot]], {{cita|le meilleur d'entre les nationalistes, avec des aptitudes de chef}}<ref>{{Ouvrage |langue=roumainro |auteur1=Cioran |titre=Lettres à ceux qui sont restés au pays |éditeur=Humanitas |année=1995 |passage=289-290 |éditeurisbn=Humanitas |date=1995}}.</ref>.
 
Pour lutter plus fermement contre la Garde de fer, le roi {{souverain2|Carol II}} instaure un [[Carlisme (Roumanie)|régime autoritaire]], faisant arrêter et exécuter [[Corneliu Codreanu]] (le fondateur de la Garde de fer) en novembre 1938. Les « légionnaires » (comme se font appeler ses membres) poursuivent les attentats, en assassinant des ministres, des professeurs, des banquiers, des juifs.
 
==== Occupation (1940-1944) ====
Après l’effondrement de la [[France]] qui avait offert sa protection à la Roumanie par le traité du {{Date-|13|avril|1939}}, un [[coup d'État]] largement favorisé par l’[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] renverse Carol {{II}} en {{date-|octobre 1940}} et met au pouvoir la Garde de fer et le [[Ion Antonescu|maréchal Antonescu]] qui s'auto-proclame « [[Philippe Pétain|Pétain roumain]] ». La [[France]] du [[Régime de Vichy|régime Pétain]] et la [[Roumanie]] du régime Antonescu restent alliées… mais cette fois dans le camp de l’[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] : la bourse de Cioran est donc maintenue, il peut rester à [[Paris]] pour y terminer sa thèse. Le sujet de celle-ci varie : portant d'abord sur l'extase et l'intuition, et la filiation [[Plotin]]-[[Maître Eckhart]]-[[Henri Bergson]], le sujet se tourne ensuite vers [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]] et [[Søren Kierkegaard|Kirkegaard]], pour enfin porter sur l'antagonisme entre conscience et vie chez Nietzsche<ref>{{Article |auteur1=Cioran |titre=Rapport sur mon activité universitaire pendant l'année 1938-1939 |périodique=Cahier de l'Herne Cioran |date=2009 |pages=143}}.</ref>. Cioran obtient chaque année les recommandations nécessaires pour le renouvellement de sa bourse<ref name="Piednoir223" />, notamment grâce à l'appui d'Alphonse Dupront, directeur de l'Institut français de Bucarest<ref>{{Ouvrage |auteur1=Cioran |titre=Entretiens |passageéditeur=145Gallimard |lieu=Paris |éditeurannée=Gallimard1995 |datepassage=145 |isbn=1995}}.</ref>. En réalité, il ne travaille pas à sa thèse, et consacre son temps à sillonner la France à bicyclette, et à améliorer son français. En 1940, il publie son dernier livre dans sa langue maternelle, ''Le Crépuscule des pensées'' (''{{lang|ro|texte=Amurgul gandurilor}}'').
 
À l'automne 1940, la bourse s’arrête, ce qui motive sans doute le retour de Cioran en Roumanie pour quelques mois. Il en profite également pour rééditer la Transfiguration de la Roumanie, et écrit un éloge de Codreanu (« Le Profil intérieur du capitaine » publié le 25 décembre 1940 dans ''Glasul stramosesc'')''.'' Celui-ci obtient un poste d'attaché culturel à Vichy, accordé le 3 janvier par [[Horia Sima]]. À partir du 21 janvier 1941, la situation devient dangereuse pour Cioran, Antonescu ayant éliminé la Garde de Fer (dont Cioran était de notoriété publique un partisan) avec l'appui de Hitler. Pour autant, son poste est maintenu, de son retour en France fin février jusqu'en juin 1941, date à laquelle Cioran est destitué<ref>{{harvsp|Piednoir|2013|p=153-156}}.</ref>. À partir de cette date, ses sources de revenus sont mal connues, en dehors de l'aide que lui apporte sa famille. Il semble se désintéresser peu à peu de la politique. C'est durant cette période qu'il rédige le ''Bréviaire des vaincus'' (''Indreptar Patimas'', qui paraît pour la première fois en français, dans la traduction d'Alain Paruit, en 1993), et ''De la France'', qui est édité après sa mort.
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==== Après-guerre (1945-1995) ====
Les [[Parti communiste roumain|communistes]] prennent le pouvoir en [[République socialiste de Roumanie|Roumanie]] à l’issue de la [[Seconde Guerre mondiale]]. Les livres de Cioran sont alors interdits. Lui-même, compromis par ses activités légionnaires, reste à [[Paris]] jusqu’à la fin de son existence, vivant assez pauvrement. Lors de l'été 1947, qu'il passe à Dieppe, Cioran essaye de traduire les poèmes de [[Stéphane Mallarmé]] en roumain. Considérant finalement l'entreprise comme vaine, il décide d'écrire ses œuvres suivantes en français<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Emil |nom1=Cioran |titre=Entretiens avec François Bondy ... [et al.] |éditeur=Gallimard |datelieu=Paris |année=1995 |pages totales=319 |isbn=20707339472-07-073394-7 |isbn2=9782070733941 |oclc=33080289 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/33080289 |consulté le=2019-03-15}}.</ref>. En réalité, cet épisode auquel il a donné tant d'importance dans ses entretiens fut précédé de plusieurs signes qui annonçaient l'abandon du roumain : l'écriture de deux articles dans ''[[Comœdia (journal)|Comœdia]]'' en 1943, et la rédaction des ''Exercices négatifs'' (première version du ''Précis de décomposition'') en 1946.
 
Avec l'adoption du français, qui sera comme une « seconde naissance », les obsessions majeures de Cioran restent les mêmes, mais son style change, comme il l'écrit lui-même : « Il n’y a pas de progression dans ce que j’écris. Mon premier livre contient déjà virtuellement tout ce que j’ai dit par la suite. Seul le style diffère<ref>Cioran, ''Entretiens avec Sylvie Jaudeau'', José Corti, coll. « En lisant en écrivant », 1990, {{p.|34}}.</ref>. » Désormais, son écriture apparaît autant classique, surtout dans la syntaxe, dans la grande tradition rhétorique des moralistes français des {{s2-|XVII|XVIII}}, que viscérale ou organique, entre raison et passion, clarté et paradoxe, l'adoption du français étant pour lui comme une « thérapeutique » : « La langue française m’a apaisé comme une camisole de force calme un fou<ref>Cioran, ''Entretiens avec Sylvie Jaudeau'', José Corti, coll. « En lisant en écrivant », 1990, {{p.|28}}.</ref>. »
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Cioran s'attelle dès lors à la rédaction du ''Précis de décomposition''. Avant sa publication en 1949 aux éditions Gallimard, le ''Précis'' lui demande plusieurs réécritures. Cioran demande les conseils de plusieurs français à ce sujet. À sa sortie, le livre fait l'objet d'une recension élogieuse par [[Maurice Nadeau]] dans ''[[Combat (journal)|Combat]]'', et reçoit le prix Rivarol (dont le jury est composé d'[[André Gide]], [[Jules Romains]], [[Jules Supervielle]] et [[Jean Paulhan]]).
 
À Paris, il a l'occasion de fréquenter par des penseurs et des écrivains tels que [[Eugène Ionesco]], [[Mircea Eliade]], [[Paul Celan]], [[Stéphane Lupasco]], [[Samuel Beckett]], [[Henri Michaux]], [[Constantin Tacou]], [[Fernando Savater]], [[Gabriel Matzneff]]<ref>À qui il écrit plusieurs lettres, dont une fait l'éloge de l'essai ''Les moins de seize ans'' (lettre du 17 octobre 1974, publiée dans Yun Sun Limet et Pierre-Emmanuel Dauzat (dir.), ''Cioran et ses contemporains'', Pierre-Guillaume de Roux, 2011, {{p.|307}}.</ref>, [[Frédérick Tristan]], [[Roland Jaccard]], [[Vincent La Soudière]] ou [[Gabriel Marcel]]. Il fréquente également l'écrivain collaborationniste [[Lucien Rebatet]], dont l'épouse Véronica est roumaine<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Robert Belot |titre=Lucien Rebatet : le fascisme français comme contre-culture |éditeur=Presses universitaires de Rennes |lieu=Rennes |année= |pages totales=439 |passage=p. 425 |isbn=9782753542969978-2-7535-4296-9 |isbn2=2753542961 |oclc=929826558 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/929826558 |consulté le=2019-03-15}}.</ref>, ou [[Armel Guerne]], avec qui il entretint une longue correspondance, partiellement éditée par la suite.
 
Refusant les honneurs, il décline entre autres le [[Grand prix de littérature Paul-Morand]] décerné par l’[[Académie française]]<ref>[http://www.academie-francaise.fr/grand-prix-de-litterature-paul-morand Grand prix de littérature Paul-Morand], [[Académie française]], consulté le 26 décembre 2019.</ref>. Son œuvre, essentiellement composée de recueils d’[[aphorisme]]s, marquée par l’[[ascèse|ascétisme]] et l’[[humour]], connaît un succès grandissant : « J’ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès. »
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L'œuvre de Cioran comporte des recueils d'[[aphorisme]]s [[Ironie|ironiques]], tels que ''[[De l'inconvénient d'être né]]'' ou ''Syllogismes de l'amertume'', pour ses œuvres les plus connues, mais on peut aussi y trouver des textes plus longs et plus détaillés.
 
D'une façon générale, l'œuvre de Cioran est surtout marquée par son refus de tout système [[Philosophie|philosophique]]. Bien plus qu'un simple [[pessimisme]], son scepticisme philosophique demeure probablement son caractère le plus marquant. Cioran, dont les écrits sont assez sombres, fut d'ordinaire un homme plutôt gai et de très bonne compagnie. Il déclare avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, mais à le déconseiller en paroles<ref>{{Ouvrage |auteur1=Emil_Cioran |titre=Ecartelement. |éditeur=Gallimard |dateannée=1979 |isbn= |oclc=299714199 |lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/299714199 |consulté le=2019-10-14}}.</ref> car, dans le second cas, il faisait face à des interlocuteurs de chair et de sang. Tout en conseillant et déconseillant paradoxalement la solution du suicide, il affirme qu'il existe une supériorité de la vie face à la mort : celle de l'inconnu qui n'est fondée sur rien de logique ou de cohérent et ne fournit pas l'ombre d'un argument justifiant que l'on s'y accroche ou s'y maintienne. Au contraire, la finalité de la mort, elle, demeure toujours claire et certaine. Selon Cioran, seul le mystère de la vie et la curiosité qu'elle suscite constituent une raison de continuer à vivre<ref name="décomposition">{{Ouvrage |auteur1=Emil_Cioran |titre=Précis de décomposition. |passage=p.30 |éditeur=Gallimard |dateannée=[1949] |pages totales=255 |passage=p.30 |isbn=20702976832-07-029768-3 |isbn2=9782070297689 |oclc=12364789 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/12364789 |consulté le=2019-10-14}}.</ref>.
 
On peut accuser Cioran d'avoir pris dans ses écrits une « pose » de désespoir, mais il sembla profondément attristé voire sincèrement déçu de n'avoir pu clairement établir un système de pensée qui donnât véritablement un sens à sa vie alors que dans sa jeunesse il fut extrêmement passionné… mais, alors et selon toute évidence, manifestement empêtré dans l'erreur<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Emil_Cioran |titre=Sur les cimes du désespoir : Texte traduit par André Vornic. Revu par Christiane Frémont |éditeur=L'Herne |datelieu=Paris |année=1990 |pages totales=228 |isbn=28519720732-85197-207-3 |isbn2=9782851972071 |oclc=475834076 |lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/475834076 |consulté le=2019-10-14}}.</ref>.
 
Le cheminement littéraire de Cioran et son trajet spirituel ont, semble-t-il, trois points de repère majeurs (selon Liliana Nicorescu) : « la tentation d'exister » en tant que Roumain ou juif. Dès lors, ni sa roumanité réfutée ni sa judéité manquée ne pouvaient lui offrir la moindre consolation pour l'humiliation ou « l'inconvénient d'être né ».
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Condamné à la lucidité et au reniement permanent, Cioran trouvera un sursis existentiel dans la voie de l'esthétisme et l'écriture, soit romanesque soit poétique. Ainsi reprendra-t-il clairement alors le thème de l{{'}}''illusion vitale'' ([[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]]). L'attention soutenue au style de son écriture, le goût prononcé pour la prose et les aphorismes deviennent alors des moteurs assurant sa vitalité. Aussi s'éloignera-t-il des idées pures, perdant parfois son lecteur, ou l'obligeant plutôt à ne pas tout comprendre. La poésie devient autant un moyen de traduire sa pensée qu'un sursis ou remède temporaire face à sa lucidité. « Elle a {{incise|comme la vie}} l'excuse de ne rien prouver. »<ref name="décomposition" />
 
Tentative qu'il jugera honteuse, trop vivifiante, détestable parfois, mais Cioran s'y laissera pourtant conduire. Comme tant d'autres auteurs, il acceptera ce paradoxe de sa pensée. Lucide, il perçoit aussi l'imposture du [[Nihilisme|nihiliste]] qui est ''encore'' vivant : {{citation bloc|Exister équivaut à un acte de foi, à une protestation contre la vérité<ref>{{Ouvrage |auteur1=Emil_Cioran |titre=La tentation d'exister. |éditeur=Gallimard |date=[©1956] |isbn= |oclc=84616390 |lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/84616390 |consulté le=2019-10-14}}.</ref>.}}
 
Si Cioran doit survivre aux ''vérités irrespirables'', s'il est donc obligé de croire en quelque chose, il choisit délibérément l'art ou ce qu'il qualifiera d'illusion souveraine. Pour échapper à la [[mort]] et au vide existentiel qu'il appréhende quotidiennement autour de lui, il choisit l'écriture comme une porte de secours. Semblable à la figure moderne de l'artiste maudit, auteur peu lu et presque méconnu de son vivant {{incise|malgré l'estime du milieu littéraire}}, Cioran continuera incessamment d'écrire. Sa philosophie est une « philosophie du voyeur » qu'il souhaite esthétiquement salvatrice selon la définition de [[Rossano Pecoraro]] dans ''La filosofia del voyeur. Estasi e Scrittura in Emile Cioran''<ref>{{Ouvrage |langue=it |auteur1=Rossano Pecoraro |titre=La filosofia del voyeur. Estasi e Scrittura in Emil Cioran |lieu=Salerno-Napoli |éditeur=Ed. Sapere |lieu=Salerno-Napoli |année=1998 |isbn=}}.</ref>.
 
Cioran s'était imposé une maîtrise rigoureuse de sa langue d'adoption : {{cita|Cioran maniait la langue française avec l’habilité d’un horloger de l’âme et la précision d’un chirurgien qui extrait un morceau de chair à vif<ref>{{Chapitre |titre chapitre=Pour saluer Cioran |auteurs ouvrage=[[Linda Lê]] |titre ouvrage=Le complexe de [[Caliban (Shakespeare)|Caliban]] |éditeur=[[Christian Bourgois éditeur]] |année=2005 |passage=49}}.</ref>.}}
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Engagé comme professeur de philosophie en Roumanie, il obtient presque 100 % d'échec pour ses étudiants ce dont il est, paraît-il, assez fier. Inscrit en thèse de doctorat dans le seul but d'obtenir une bourse pour s'installer à Paris, il passe le plus clair de son temps à parcourir la France à bicyclette. C'est d'ailleurs ce qu'il écrit chaque année dans le compte rendu de ses recherches, obligatoire pour maintenir sa bourse d'études.
 
Cioran refusa tous les prix littéraires (Sainte-Beuve, Combat, Nimier, Morand, etc.) à l’exception du [[prix Rivarol]] en 1949, acceptation qu'il justifia ainsi : {{Citation bloc|je n'avais même plus de quoi manger et payer le loyer : sans [[prix Rivarol|Rivarol]] je serais devenu un vagabond, or mendier est un métier dont j'ignore les ficelles<ref>{{Ouvrage |auteur1=Marius Dobre |titre=Les certitudes d'un sceptique |lieuéditeur=BucarestTrei |éditeurlieu=TreiBucarest |année=2008 |isbn=}}.</ref>.}}
 
== Œuvres ==
{{colonnes|taille=24|
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=Sur les cimes du désespoir |éditeur= |année=1934 }}
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=Le Livre des leurres |éditeur= |année=1936 }}
* {{Ouvrage |langue originale=ro |traducteur=Alain Paruit |langue originale=roumain |titre=Transfiguration de la Roumanie |éditeur=L’Herne |année=2009 |pages totales=343 |éditionsisbn=L’Herne}}
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=Des larmes et des saints |éditeur= |année=1937 }}
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=Le Crépuscule des pensées |éditeur= |année=1940 }}
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=De la France |éditeur= |année=1941 }}
* {{Ouvrage |langue originale=roumainro |titre=Bréviaire des vaincus |éditeur= |année=1944 }}
* {{Ouvrage |titre=[[Précis de décomposition]] |éditeur= |année=1949 }}
* {{Ouvrage |titre=Syllogismes de l'amertume |éditeur= |année=1952 }}
* {{Ouvrage |titre=La Tentation d'exister |éditeur= |année=1956 }}
* {{Ouvrage |titre=[[Histoire et Utopie]] |éditeur= |année=1960 }}
* {{Ouvrage |titre=La Chute dans le temps |éditeur= |année=1964 }}
* {{Ouvrage |titre=Le Mauvais [[Démiurge]] |éditeur= |année=1969 }}
* {{Ouvrage |titre=Valéry face à ses idoles |éditeur= |année=1970 |pages totales=78 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=[[De l'inconvénient d'être né]] |éditeur= |année=1973 |pages totales=243 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Essai sur la pensée réactionnaire. À propos de Joseph de Maistre |éditeur= |année=1977 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Écartèlement |éditeur= |année=1979 |pages totales=178 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Ébauches de vertige |éditeur= |année=1979 |pages totales=126 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue=fr |illustrateur=[[Pierre Alechinsky]] |titre=Vacillations |éditeur=Fata Morgana |lieu=Fontfroide-le-Haut |année=1979 |pages totales=40 |isbn=2-85194-453-3 |illusteur=[[Pierre Alechinsky]]}}
* {{Ouvrage |titre=Face aux instants |éditeur=L'Ire des vents, |année=1985 |pages totales=28 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Exercices d'admiration |éditeur=Gallimard-Arcades |année=1986 |pages totales=224 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Aveux et Anathèmes |éditeur=Gallimard-Arcades |année=1987 |pages totales=154 |isbn=}}
* {{Ouvrage |illustrateur=[[Ion Nicodim]] |titre=Poursuivis par nos origines |éditeur=Grand Rue |année=1990 |pages totales=40 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titreco-auteur=EntretiensSylvie Jaudeau |lieutitre=ParisEntretiens |éditeur=José Corti |collection=En lisant en écrivant |lieu=Paris |année=1990 |pages totales=92 |co-auteurisbn=Sylvie Jaudeau}}
* {{Ouvrage |titre=L'Ami lointain : |sous-titre=Paris, Bucarest |éditeur=Criterion, |année=1991 |pages totales=76 |isbn=}}
* {{Ouvrage |co-auteur=François Bondy, [[Fernando Savater]], Helga Perz |titre=Entretiens |éditeur=Gallimard |collection=Arcades |année=1995 |pages totales=319 |co-auteurisbn=François Bondy, [[Fernando Savater]], Helga Perz}}
* {{Ouvrage |titre=Œuvres |éditeur=Gallimard |collection=Quarto |année=1995 |pages totales=1818 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Cahiers, 1957-1972 |éditeur=Gallimard |année=1997 |pages totales=998 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Cahier de Talamanca |éditeur=Mercure de France |année=2000 |pages totales=57 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Um nichts in der Welt. Eine Liebe von Cioran |éditeur=Weidle Verlag |année=2001 |pages totales=139 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Solitude et destin |éditeur=Gallimard-Arcades |année=2004 |pages totales=434 |isbn=}}
* {{Ouvrage |titre=Exercices négatifs : |sous-titre=En marge du précis de décomposition |éditeur=Gallimard |année=2005 |pages totales=227 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue originale=ro |traducteur=Alain Paruit |langue originale=roumain |titre=De la France |éditeur=L’Herne |année=2009 |pages totales=94 |isbn=}}
* {{Ouvrage |langue originale=ro |traducteur=Gina Puicǎ et Vincent Piednoir |langue originale=roumain |titre=Bréviaire des vaincus II |éditeur=L’Herne |année=2011 |pages totales=116 |isbn=}}
* {{Ouvrage |préface=Vincent Piednoir |titre=Lettres à [[Armel Guerne]],1961-1978 |éditeur=L’Herne |année=2011 |pages totales=386 |éditionsisbn=L’Herne}}
* {{Ouvrage |titre=Œuvres |éditeur=Gallimard |collection=Bibliothèque de la Pléiade |année=2011 |pages totales=1658 |annéeisbn=2011}}
* {{Ouvrage |titre=Cioran, un'altra verità |éditeur=Mimesis |année=2016 |lieu=Sesto San Giovanni |année=2016 |pages totales=82 |isbn=}}
* {{Ouvrage |traducteur=Nicolas Cavaillès |titre=Divagations |éditeur=Gallimard |collection=Arcades |année=2019 |isbn=}}
* {{Ouvrage |traducteur=Nicolas Cavaillès |titre=Fenêtres sur le rien |éditeur=Gallimard |collection=Arcades |année=2019 |isbn=}}
}}
 
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==== Études ====
* {{Article |auteur1=[[Jean-Pierre Chopin]] |titre=Urgence valéryenne ou Cioran face à ses idoles |périodique=[[Les Temps modernes (revue)|Les Temps modernes]] |numéro=489 |date=avril 1987}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Mariana |nom1=Sora |auteur2=Cioran |titre=Cioran jadis et naguère |sous-titre=Entretien à Tübingen |lieu=Paris |éditeur=Éditions de l'Herne |collection=Méandres |lieu=Paris |année=1988 |pages totales=104 |isbn=978-2-85185197-97203203-3 |oclc=20078467}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Sylvie |nom1=Jaudeau |titre=Cioran ou le dernier homme |lieu=Paris |éditeur=José Corti |lieu=Paris |année=1990 |réimpression=2001 |pages totales=173 |isbn=978-2-7147143-303940394-3 |oclc=24378218}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Emil Cioran |auteur2=Sylvie Jaudeau |titre=Entretiens avec Sylvie Jaudeau |lieu=Paris |année=1990 |éditionéditeur=José Corti |collection=En lisant en écrivant |lieu=Paris |année=1990 |isbn=}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Philippe Tiffreau |titre=Cioran ou la dissection du gouffre |éditeur=Henri Veyrier |lieu=Paris |année=1991 |éditionisbn=Henri Veyrier}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Gabriel Liiceanu]] |traducteur=[[Alexandra Laignel-Lavastine]] |titre=Itinéraires d'une vie : E.M. Cioran ; suivi de, Les continents de l'insomnie : entretien avec E.M. Cioran |lieuéditeur=ParisMichalon |éditeurlieu=MichalonParis |année=1995 |pages totales=143 |isbn=978-2-84184186-86006006-7 |oclc=33391678}}.
* [[Mario Kopić]], ''Emil M. Cioran - fanatik brez prepričanja. Emile Cioran: Zgodovina in utopija'', Ljubljana, Cankarjeva založba, 1996.
* {{Ouvrage |prénom1=Norbert |nom1=Dodille |auteur2=Gabriel Liiceanu |titre=Lectures de Cioran |lieu=Paris, France |éditeur=L'Harmattan |collection=Culture et diplomatie françaises |lieu=Paris, France |année=1997 |pages totales=107 |isbn=978-2-7387384-452775277-1 |oclc=37144044 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=YKi2IKhed0YC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Patrice |nom1=Bollon |titre=Cioran, l'hérétique |lieuéditeur=ParisGallimard |éditeurlieu=GallimardParis |année=1997 |pages totales=307 |isbn=978-2-07007-74382074382-7 |oclc=38091095}}.
* Rossano Pecoraro, ''La Filosofia del voyeur. Estasi e scritura in Emile Cioran'', Il Sapere, 1998, {{ISBN|978-8881190751}}.
* Jean-Philippe Robert, ''Cioran : Pyrrhon des temps modernes'', mémoire de DEA Philosophie-Histoire des Idées, université de Nice Sophia-Antipolis, ss la dir. de C. Rosset, 1998
* {{Ouvrage |langue=ca |auteur1=Joan M. Marín |titre=E.M. Cioran, l'escriptura de la llum i el desencant |lieu=València |éditeur=7 i Mig |collection=Xènius, |lieu=Valence |numéro dans collection=1 |année=1999 |pages totales=126 |isbn=978-884-49595043-0435656-6 |oclc=433108605}}.
* Michel Jarrety, ''La Morale dans l'écriture. [[Albert Camus|Camus]], [[René Char|Char]], Cioran'', Paris, Presses universitaires de France, 1999.
* Joan M. Marín, ''Cioran o el laberinto de la fatalidad'', València, Ed. Alfons el Magnànim, 2001
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* [[Armel Guerne]], ''Lettres de Guerne à Cioran, 1955-1978'', Paris, Éditions Le Capucin, 2001
* [[George Bălan]] (avant-propos et chronologie de [[Alain Cophignon]]), ''Emil Cioran. La lucidité libératrice ?'', Éditions Josette Lyon, 2002 [avec trois lettres inédites de Cioran à l'auteur], 234 p.
* {{Ouvrage |titre=Cioran, Eliade, Ionesco. L'oubli du fascisme |lieu=Paris |éditeur=Presses universitaires de France |lieu=Paris |année=2002 |isbn= |id=Laignel}}
* {{Ouvrage |auteurlangue=ro |auteur1=[[Ion Vartic]] |titre=Cioran naiv și sentimental|lieu= Cluj|éditionéditeur= Biblioteca Apostrof |annéelieu=Cluj |année=2002 |langisbn=ro}}
* Simona Modreanu, ''Le Dieu paradoxal de Cioran'', Paris, Éditions du Rocher, 2003
* Rossano Pecoraro, ''A filosofia negativa de Cioran'', « O que nos faz pensar », 2003
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* Abad Alfredo, Herrera Liliana, ''Cioran en Perspectivas'', Universidad Tecnológica de Pereira. Colombia, 2009.[https://www.scribd.com/doc/25538167/Cioran-en-Perspectivas-Alfredo-Abad-Liliana-Herrera]
* Dossier Cioran [http://www.revue-alkemie.com/pdf/Revue_de_litterature_et_philosophie_Alkemie_n6_(Cioran).pdf] dans la revue ''Alkemie'', {{n°|6}}, décembre 2010
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Stéphane Barsacq]] |titre=Cioran : |sous-titre=éjaculations mystiques |lieuéditeur=ParisSeuil |éditeurlieu=SeuilParis |année=2011 |pages totales=149 |isbn=978-2-02002-99297099297-8 |oclc=717337791}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Pierre-Emmanuel Dauzat]] et [[Yun-Sun Limet]] |directeur1=oui |titre=Cioran et ses contemporains |éditeur=Pierre-Guillaume de Roux |année=2011 |isbn=}}.
* ''[[Le Nouveau Magazine littéraire|Le Magazine littéraire]]'' consacre un [http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/508/cioran-cent-ans-finitude-01-05-2011-23719 dossier spécial Cioran] dans le numéro 508 ({{date-|mai 2011}})
* Magda Jeanrenaud, ''Les Réticences de la traduction. Comment on (n)'a (pas) traduit en français les œuvres roumaines de Cioran'', in ''La Traduction là où tout est pareil et rien n’est semblable'', avec une préface de [[Claude Hagège]], {{p.|297-329}}, 2012
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Vincent |nom1=Piednoir |préface=Jacques Le Rider |titre=Cioran avant Cioran : |sous-titre=histoire d'une transfiguration |lieu=Marseille |éditeur=Éditions Gaussen |lieu=Marseille |année=2013 |pages totales=223 |isbn=978-2-35635698-98036036-6}}
* {{Ouvrage |auteur1=Mara Magda Maftei |titre=Cioran et le rêve d'une génération perdue |lieu=Paris |éditeur=L'Harmattan |collection=Ouverture Philosophique |lieu=Paris |année=2013 |isbn=}}
* {{Ouvrage |auteur1=Aurélien Demars |directeur1=oui |auteur2=Nicolas Cavaillès |directeur2=oui |auteur3=Caroline Laurent |directeur3=oui |auteur4=Mihaela-Gențiana Stănișor |directeur4=oui |titre=Cioran, archives paradoxales |sous- titre=Nouvelles approches critiques |tome={{I}} |lieu=Paris |éditeur=Classiques Garnier |lieu=Paris |année=2015 |isbn=}}
* {{Ouvrage |auteur1=Aurélien Demars |directeur1=oui |auteur2=Mihaela-Gențiana Stănișor |directeur2=oui |titre=Cioran, archives paradoxales |sous- titre=Nouvelles approches critiques |tome={{II}} |lieu=Paris |éditeur=Classiques Garnier |lieu=Paris |année=2015 |isbn=}}
* {{Ouvrage |auteur1=Mara Magda Maftei |titre=Un Cioran Inédit, Pourquoi intrigue-t-il ? |éditeur=Fauves Édition, Yves Michalon Éditeur |année=2016 |isbn=}}
* {{Ouvrage |auteur1=Aurélien Demars |directeur1=oui |auteur2=Mihaela-Gențiana Stănișor |directeur2=oui |titre=Cioran, archives paradoxales |sous- titre=Nouvelles approches critiques |tome={{III}} |lieu=Paris |éditeur=Classiques Garnier |lieu=Paris |année=2017 |isbn=}}
* Alain Lesimple, ''Cioran et la rupture poétique'', Bookelis, 2017
* {{Ouvrage |auteur1=Aurélien Demars |directeur1=oui |auteur2=Mihaela-Gențiana Stănișor |directeur2=oui |titre=Cioran, archives paradoxales |sous- titre=Nouvelles approches critiques |tome={{IV}} |lieu=Paris |éditeur=Classiques Garnier |lieu=Paris |année=2018 |isbn=}}
* {{Ouvrage |auteur1=Mihaela-Gențiana Stănișor |titre=La moïeutique de Cioran. L'expansion et la dissolution du moi dans l'écriture |lieu=Paris |éditeur=Classiques Garnier |collection=Études de littérature des XXe et XXIe siècles |lieu=Paris |année=2018 |isbn=}}
 
==== Autres ====
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