Selon le philosophe allemand [[Emmanuel Kant]], la dignité est le fait que la personne ne doit jamais être traitée comme un moyen, mais comme une fin en soi.
PriseUne enautre cedéfinition sens,est celautilisée signifie que touteen personneparticulier méritedans unle respectchamp inconditionnel,de quelsla que[[bioéthique|bio]]<nowiki/>ue soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question. ▼
Une autre définition est utilisée en particulier dans le champ de la [[bioéthique]], elle fait référence à une qualité qui serait liée à l’[[essence (philosophie)|essence]] même de tout être humain ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe [[Paul Ricœur]], cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain »<ref> Paul Ricœur, ''in'' J.-F. de Raymond, ''Les Enjeux des droits de l’homme'', Paris, Larousse, 1988, {{p.|236-237}} </ref>.
▲Prise en ce sens, cela signifie que toute personne mérite un respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.
L'équivocité de la notion de dignité conduit toutefois à d'importants débats philosophiques et juridiques<ref>{{Lien web |auteur= |titre=Que faire de la dignité ? |jour= |mois= |année= |url=http://www.philonomie.com/que-faire-de-la-dignite/ |site=www.philonomie.com (Illustration) |en ligne le=06 mars 2014 |consulté le=12 mars 2014}}</ref> concernant sa valeur opératoire en tant que concept heuristique ou juridique.
[[File:Charles Montesquieu.jpg|vignette|80px|<small>Charles Montesquieu</small>]]
[[File:Sophocles.jpg|vignette|80px|<small>Sophocle</small>]]
Enfin,[[File:Kant ellegemaelde fait3.jpg|vignette|80px|<small>Emmanuel l'objet de la troisièmeKant</small>]]roisième partie la vie dans le Christ / Première section la vocation de l'homme : La vie dans l'esprit / Chapitre Ier (8 articles, n° 1700 à 1876) du [[Catéchisme de l'Église catholique]] (1992)<ref>[[Catéchisme de l'Église catholique]], n° 1700 à 1876, [http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P59.HTM lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 2020]</ref>. ▼
[[File:Kant gemaelde 3.jpg|vignette|80px|<small>Emmanuel Kant</small>]]
=== Sens classique du terme ===
La dignité au sens classique (''[[dignitas (homonymie)|dignitas]]'') n'avait rien à voir avec la notion contemporaine<ref>Horst Bredekamp, ''Stratégies visuelles de Thomas Hobbes : Le Léviathan, archétype de l'État moderne ; illustrations des œuvres et portraits'', Les Éditions de la MSH, 2003, p. 100.</ref> : elle était liée à l'exercice d'une charge ou d'un office public, un sens que l'on retrouve dans « dignitaire ». Ce sens classique, aristocratique et inégalitaire, s'oppose aux valeurs [[démocratique]]s qui font aujourd'hui consensus<ref name=Schulman/>. Ainsi, pour [[Thomas Hobbes|Hobbes]], la dignité n'est pas une valeur intrinsèque de l'homme, mais seulement la « valeur publique » qui lui est conférée par la République (ou ''Commonwealth'')<ref> [[Thomas Hobbes|Hobbes]], ''[[Léviathan (Hobbes)|Léviathan]]'', chapitre X, cité par A. Schulman, {{opcit}}.</ref>. De même, pour [[Montesquieu]], la dignité dénote la distinction, propre à l'aristocratie, et s'oppose en ce sens à l'[[Égalité sociale|égalité]]. Le ''[[Littré|dictionnaire Littré]]'' donne ainsi comme premier sens au mot « dignité » celui de « fonction éminente dans l'État ou l'Église », citant l'exemple de la dignité épiscopale ; il admet toutefois, comme quatrième sens, celui de « respect qu'on se doit à soi-même »<ref> [http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?requete=dignit%E9 Définition de la dignité] dans le ''[[Littré]]''</ref>, peut-être plus proche du sens contemporain.
À l'inverse de la conception classique, les [[stoïcisme|stoïciens]] accordaient à toute vie humaine, selon A. Schulman<ref name=Schulman/>, le caractère de dignité : chacun, esclave ou maître, était libre de s'engager dans la recherche de la sagesse. Mais si la dignité stoïcienne, entendue en ce sens, était universelle, elle n'était pas pour autant d'accès facile, puisque seul le sage stoïcien était véritablement digne<ref name=Schulman/>. Or, l'idéal stoïcien du sage est excessivement difficile à atteindre. En outre, la sagesse stoïcienne implique une indifférence vis-à-vis du corps et de ses douleurs, qui la rend de peu d'aide dans les débats contemporains relatifs à la bioéthique<ref name=Schulman/>.
Selon le grand dramaturge grec [[Sophocle]] qui écrit dans [[Ajax (Sophocle)|Ajax furieux]], {{citation|Ce n'est ni la stature, ni la force qui fait le pouvoir et la dignité de l'homme, c'est la sagesse. Le bœuf, quelque énorme qu'il soit, obéit au fouet léger qui lui fait tracer son sillon.}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=qPFMAAAAcAAJ&pg=PA454&lpg=PA454&dq=Ce+n%27 Livre Google "Ajax furieux dans Théâtre des grecs"], consulté le 20 octobre 2018</ref>.
=== Philosophie kantienne ===
{{loupe|Philosophie pratique de Kant}}
La dignité, telle que [[Philosophie pratique de Kant|conceptualisée par Kant]] dans la ''[[Critique de la raison pratique]]'', est accordée à tout Homme « en tant qu'être raisonnable ». On cite souvent à cet égard la maxime kantienne de traiter toujours autrui comme fin et non simplement comme moyen<ref> La maxime kantienne est ainsi formulée: « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. » (in ''[[Fondements de la métaphysique des mœurs]]'' in ''[[Métaphysique des mœurs]]'', I, ''Fondation, Introduction'', trad. Alain Renaut, {{p.}} 108)</ref> qui, selon Schulman, influence par exemple la notion de « [[consentement éclairé]] ». Toutefois, la dignité kantienne se rapproche du stoïcisme en ce qu'elle est exclusivement la capacité d'agir moralement en dehors de déterminations empiriques, et sensibles, de la volonté. C'est pour Kant le devoir moral (l'[[impératif catégorique]]) d'agir librement, y compris et surtout contre les inclinations du désir et de la chair. La dignité kantienne se distingue donc fortement du respect de la vie en tant que vie sensible et souffrante : elle est au contraire respect de la liberté humaine, c'est-à-dire de l'Homme en tant qu'être suprasensible.
En outre, l'insistance kantienne sur l'autonomie de la volonté conduit, en bioéthique, à des problèmes sérieux : {{citation|quel usage faire de la dignité kantienne dans des cas de [[coma]]s<ref name=Schulman/> ?}}. Enfin, l'héritage de la distinction entre [[morale déontologique]] et [[conséquentialiste]], attribuée à Kant ([[Elizabeth Anscombe]] est toutefois la première à avoir formulé cette opposition), empêche selon Schulman d'expliciter les débats bioéthiques, qui feraient plus appel à la notion [[éthique]] de [[Prudence (poète)|prudence]]<ref name=Schulman/>.
=== Équivocité de la notion de « dignité » ===
Beaucoup d'auteurs – dont A. Schulman<ref name=Schulman/>, ou la juriste [[Anne-Marie Le Pourhiet]], qui parle de « notion fourre-tout »<ref>[[Anne-Marie Le Pourhiet]], professeur de droit public à l'université Rennes-1, [http://www.lefigaro.fr/debats/2008/05/24/01005-20080524ARTFIG00053-touche-pas-a-mon-preambule-.php « Touche pas à mon Préambule ! »], ''[[Le Figaro]]'', 24 mai 2008 : « La dignité constitue aujourd'hui la menace la plus directe contre la philosophie des Lumières et l'idée républicaine, l'arme fatale contre nos libertés. Ériger cette notion philosophique et morale, éminemment subjective et relative, en norme juridique est une folie. On voit déjà depuis plusieurs années que c'est au nom de la dignité des individus et des groupes que des militants narcissiques et hystériques ont obtenu la multiplication des incriminations pénales de harcèlement moral et sexuel, de discriminations et propos sexistes, homophobes, handiphobes, etc., aboutissant à un arsenal répressif menaçant notamment les libertés d'expression et de la presse. C'est encore au nom de la dignité humaine qu'est revendiquée une euthanasie « très active », et ce n'est pas non plus un hasard si les décisions juridictionnelles récentes les plus intellectuellement indigentes et tirées par les cheveux ont été rendues sur le fondement de cette notion fourre-tout et galvaudée. »</ref> – soulignent l'équivocité de la notion de « dignité » et son contenu formel, qui permet de lui donner autant de définitions concrètes que l'on veut. [[John Rawls]] considérait ainsi qu'on ne pouvait fonder une théorie de la [[justice]] sur la notion abstraite de dignité, qui requiert d'être définie par des principes déterminés<ref>{{en}}{{pdf}} [[John Rawls]], ''A Theory of Justice'', Cambridge, 1971, {{p.}}586, cité par [[Martha Nussbaum]] in ''Human Dignity and Political Entitlements'', {{p.|351-381}} du rapport [http://www.bioethics.gov/reports/human_dignity/human_dignity_and_bioethics.pdf Human Dignity and Bioethics], du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998.</ref>.
Selon Schulman, la dignité peut être invoquée à la fois comme argument permettant à un malade atteint d'[[maladie d'Alzheimer|Alzheimer]] d'arrêter de prendre ses médicaments afin de « mourir dignement » ou, au contraire, invoquer cette même dignité pour lui refuser cette liberté de choix et lui enjoindre de se soigner, la vie possédant, en tant que telle, un caractère digne<ref name=Schulman/>. La notion de dignité en tant que caractère essentiel de la vie – « l'égale dignité de toute vie humaine », telle que formulée par exemple dans la [[Déclaration universelle des droits de l'homme|Déclaration des droits de l'Homme de 1948]] – en tant que telle s'opposerait ainsi à la notion de « dignité » conçue comme « [[autonomie]] de l'être humain individuel »<ref name=Schulman/>. Le philosophe [[Simon Blackburn]] note la même équivocité, en rapportant ainsi qu'[[Elizabeth Anscombe|Anscombe]], philosophe catholique, considérait que la « dignité et la valeur de l'[[humanité]] » impliquait la condamnation de l'[[avortement]], de l'[[euthanasie]] et des méthodes de [[procréation médicalement assistée]] ([[fécondation in vitro]], etc.), tout en légitimant par ailleurs la [[peine de mort]]<ref name=Blackburn> [[Simon Blackburn]], [http://www.phil.cam.ac.uk/~swb24/reviews/Anscombe.htm Review from] ''[[Times Literary Supplement]]'', 30 septembre 2005. </ref>.
De même, la dignité conçue dans son acception biblique peut tout autant, selon lui, justifier bien des [[recherche scientifique|recherches]] (par exemple sur les [[embryon]]s) en ce que l'Homme, fait à l'image de Dieu, détiendrait un privilège à l'égard de la nature et devrait l'organiser<ref name=Schulman/> ; mais cette même dignité judéo-chrétienne peut au contraire être invoquée comme argument contre la recherche sur les embryons, au nom de la « dignité de toute vie », y compris de celle de l'embryon<ref name=Schulman/>. Certains, comme la philosophe {{lien|Ruth Macklin}}, qui conseille de substituer, dans le champ de la bioéthique, la notion de « [[respect]] pour l'autonomie » à celle de dignité<ref> {{lien|Ruth Macklin}}, [http://www.bmj.com/cgi/content/full/327/7429/1419?etoc Dignity is a useless concept], ''[[British Medical Journal]]'', 2003; 327: 1419-1420. Cité par A. Schulman, {{opcit}}. </ref>, soupçonnent que ce sont en majorité des sources [[religion|religieuses]], en particulier les écrits de l'[[Église catholique romaine]] au sujet de la dignité humaine, qui expliquent que la dignité soit si souvent invoquée « comme si cela signifiait quelque chose au-delà et supérieur au respect pour les personnes ou leur autonomie »<ref name=Schulman/>. De même, le philosophe allemand {{lien|Dieter Birnbacher|lang=de}} considère que l'argument de la dignité, tel qu'utilisé dans le débat sur le [[clonage]], ne sert qu'à masquer une tradition religieuse considérant « l'ordre naturel comme sanctionné divinement »<ref name=Schulman/>.
Concernant sa valeur opératoire, la notion de dignité humaine prête également à réflexion. Le sociologue Jean-Pierre Tabin, à travers une analyse des principes de l’aide sociale en Suisse et des minimums vitaux qui leur sont associés, questionne sa portée. Bien qu’un revenu permettant de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine soit garanti de manière générale par la Constitution fédérale de 1999 (art. 12 : Quiconque est dans une situation de détresse et n'est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d'être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine), en pratique ces revenus sont très différents en fonction notamment de la nationalité et du statut des résidents, ce qui fait que la dignité est à géométrie variable, un principe incompatible avec la notion kantienne de dignité<ref>JP Tabin, « Les échelles du minimum vital » ''Caritas.mag'' 2014;10:12-13.</ref>{{,}}<ref>Jean-Pierre Tabin, « L’article 12 de la Constitution fédérale : une “dignité” à géométrie variable » {{Lang|en|in}} W. Schmid & U. Tecklenburg (dir.), ''Vivre dignement ? L’aide sociale suisse en question. Une publication pour le {{100e|anniversaire}} de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS)'', Luzern, Caritas-Verlag, 2005, {{p.|133-142}}</ref>.
== Dignité de la personne humaine ==
{{...}}
La reconnaissance et le respect de la dignité de la personne humaine sont au centre de la [[doctrine sociale de l'Église]]. Le [[Concile Vatican II]], en particulier ''[[Gaudium et spes]]'', insiste sur le caractère inaliénable de cette dignité, sur l'union spirituelle et corporelle de la personne en relation avec l'[[environnement]], sur sa dimension essentiellement sociale et communautaire<ref>Alain Thomasset, jésuite, Centre Sèvres, « Dignité de la personne humaine », [https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/les-principes/52-dignite-de-la-personne-humaine lire en ligne, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.
La dignité de la personne humaine fait l'objet de la Première partie / Chapitre I de la constitution pastorale ''[[Gaudium et Spes]]'' « sur l'Église dans le monde de ce temps », l'un des principaux documents de l'Église catholique issus du [[IIe concile œcuménique du Vatican]], promulguée par [[saint]] [[Paul VI]] le {{date|8|décembre|1965}}<ref>''Gaudium et Spes'', La dignité de la personne humaine, [http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 200], n° 12 à 22</ref>.
▲Enfin, elle fait l'objet de la troisième partie la vie dans le Christ / Première section la vocation de l'homme : La vie dans l'esprit / Chapitre Ier (8 articles, n° 1700 à 1876) du [[Catéchisme de l'Église catholique]] (1992)<ref>[[Catéchisme de l'Église catholique]], n° 1700 à 1876, [http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P59.HTM lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.
== Aspect légal ==
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