« Jeanne d'Arc » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes|Jeanne d'Arc (homonymie)|D'Arc|Joan of Arc|La Pucelle (homonymie)}}
{{Redirect|Pucelle d'Orléans|homonymie=La Pucelle d'Orléans}}
{{Redirect|Jeanne la Pucelle|autres=le film|homonymie=Jeanne la Pucelle (film)}}
{{Infobox Personnalité militaire
| nom = Jeanne d'Arc
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| image = Contemporaine afb jeanne d arc.png
| taille image =
| légende = [[#Iconographie|Seule effigie contemporaine connue de Jeanne d'Arc]], représentée à tort avec une robe féminine et des cheveux longs. Ce dessin d'imagination est esquissé en marge d'un registre par Clément de Fauquembergue, [[greffier]] du [[parlement de Paris]], le {{date-|10|mai|1429}}, consécutivement à la levée du [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]] ([[Archives nationales (France)|Archives nationales]]).
| surnom = {{citation|La Pucelle}}<br />(« la Pucelle d'Orléans » est un surnom posthume
| date de naissance = vers 1412
| lieu de naissance = [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]] ([[Duché de Bar|Bar]], [[Royaume de France|France]])
| date de décès = {{date-|30
| lieu de décès = [[Rouen]] ([[Duché de Normandie|Normandie]], [[Royaume de France|France]])
| âge au décès = l'âge approximatif de 19
| origine = [[Duché de Bar]]
| allégeance =
| grade =
| arme =
| début de carrière = [[1428]]
| fin de carrière = [[1430]]
| commandement =
| conflit = [[Guerre de Cent Ans]]
| faits d'armes = [[Siège d'Orléans (1428-1429)|Siège d'Orléans]]<br />[[Bataille de Jargeau]]<br />[[Bataille de Meung-sur-Loire]]<br />[[Bataille de Beaugency]]<br />[[Bataille de Patay]]<br />[[Chevauchée vers Reims]]<br />[[Siège de Troyes]]<br />[[Bataille de Montépilloy]]<br />[[Siège de Paris (1429)|Siège de Paris]]<br />[[Siège de Compiègne]]
| distinctions =
| hommages =
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| signature = Jeanne d'Arc signature 16 mars 1430.svg
| taille signature = 120
| emblème =
| taille emblème =
| liste =
}}
'''Jeanne d'Arc''', [[Surnom|dite]] « '''la Pucelle''' », née vers [[1412]] à [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]], village du [[duché de Bar]]{{ note | groupe="n" | Une partie du [[duché de Bar]], le [[Barrois mouvant]], relevait du [[royaume de France]] pour le temporel et de l'[[Diocèse de Toul|évêché de Toul]] pour le spirituel.}} (actuellement dans le département des [[Vosges (département)|Vosges]] en [[Lorraine]]), et morte sur le [[bûcher]] le {{date|30
Au début du {{s-|XV
Capturée par les [[Bourguignons]] à [[Compiègne]] en [[1430]], elle est vendue aux Anglais par [[Jean II de Luxembourg-Ligny|Jean de Luxembourg, comte de Ligny]], pour la somme de dix mille [[livre (monnaie)|livres]]. Elle
[[Béatification|Béatifiée]] en [[1909]] puis [[canonisation|canonisée]] en [[1920]], Jeanne d'Arc devient une des deux [[Liste de saints patrons#Europe|saintes patronnes secondaires]] de la [[France]] en 1922 par la [[lettre apostolique]] ''{{
Elle est dans de nombreux pays une [[mythes de Jeanne d'Arc|personnalité mythique]] qui a inspiré une multitude
== Contexte politique du royaume de France (
[[Fichier:Loup-Orleans-lion-Bourgogne.jpg|vignette|
L'intervention de Jeanne d'Arc s'inscrit durant la seconde phase de la [[guerre de Cent Ans]], qui voit le conflit séculaire entre les royaumes anglais et français s'enchevêtrer avec une [[Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons|guerre civile]] résultant de l'antagonisme des [[Prince du sang|princes du sang]] de la [[Maison de Valois|dynastie royale des Valois]]<ref>{{Article|prénom1=Olivier|nom1=Bouzy|lien auteur1=Olivier Bouzy|titre=Le siège d'Orléans a bien eu lieu ou le ''Dasein'' de Jeanne d'Arc dans la guerre de Cent Ans|périodique=Connaissance de Jeanne d'Arc|numéro=31|lieu=Chinon|mois=janvier|année=2002|pages=50|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5831612b/f51}}.</ref>.
Depuis
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Fichier:Charles VI bedridden and his physician.jpg|Alitement du roi {{souverain2|Charles VI (roi de France)}} {{citation|le Fol}}.<br> Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], vers 1470-1475.
Fichier:LudvikOrlean Pizan.jpg|{{souverain3|Louis Ier d'Orléans}}, frère cadet du roi {{souverain-|Charles VI (roi de France)}}.<br> Londres, [[British Library]], vers 1410-1414.
Fichier:Jean-sans-Peur-Jean-Hayton.jpg|[[Jean Ier de Bourgogne|Jean sans Peur]], duc de [[Maison de Valois-Bourgogne|Bourgogne]].<br> Paris, BnF, vers 1410-1412.
Fichier:Assassinat louis orleans.jpg|[[Assassinat de Louis Ier d'Orléans|Assassinat du duc Louis d'Orléans]].<br> Paris, BnF, vers 1470-1480.
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Profitant de ce conflit fratricide, le roi {{souverain2|Henri V (roi d'Angleterre)}} d'Angleterre, jeune, déterminé et déjà rompu aux armes, relance les hostilités franco-anglaises en réclamant des pans entiers du [[royaume de France]]. En 1415, l'armée du monarque [[maison de Lancastre|Lancastre]] débarque en [[Duché de Normandie|Normandie]], [[Siège d'Harfleur|assiège Harfleur]] puis taille en pièces la [[chevalerie]] française à [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]]<ref name="Dictionnaire Jeanne d'Arc p.42">[[Olivier Bouzy]], « Entre incertitude et angoisse : le royaume de France à la veille de la venue de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=42}}.</ref>. À compter de 1417, {{souverain-|Henri V (roi d'Angleterre)}} entame la [[Guerre de Cent Ans en Normandie#Normandie lancastrienne (1417-1450)|conquête méthodique de la Normandie]] et la parachève en [[Siège de Rouen (1418-1419)|s'emparant de la capitale ducale]], [[Rouen]], en 1419<ref name="Dictionnaire Jeanne d'Arc p.42"/>.
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Fichier:King Henry V from NPG.jpg|Le roi {{souverain2|Henri V (roi d'Angleterre)}} d'Angleterre,<br> Londres, [[National Portrait Gallery (Royaume-Uni)|National Portrait Gallery]], fin {{s mini-|XVI|e}}-début {{s-|XVII}}.
Fichier:Schlacht von Azincourt.jpg|[[Bataille d'Azincourt]], [[enluminure]] de l’''Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet'', Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des Manuscrits]], [[Manuscrit|ms.]] Français 2680, {{folio}}208, {{s-|XV|e}}.
Fichier:Siège de Rouen, 1418-1419.jpg|Siège de Rouen par {{souverain-|Henri V}}, ''[[British Library]]'', Cotton MS Julius E IV/3, {{folio|19|verso}}, quatrième quart du {{s-|XV|e}}.
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Devant le péril Lancastre, Jean sans Peur et le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Charles VII (roi de France)|Charles]], héritier du trône, se rencontrent le {{date-|10|septembre|1419}} sur le pont de [[Montereau-Fault-Yonne|Montereau]] en vue d'une réconciliation mais le duc de Bourgogne est [[Assassinat de Jean Ier de Bourgogne|assassiné au cours de l'entrevue]], peut-être à l'instigation du dauphin lui-même ou de certains de ses conseillers armagnacs. Fortuit ou prémédité, le meurtre de Montereau entraîne dans l'immédiat {{citation|des conséquences calamiteuses}} pour le parti delphinal<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre={{souverain-|Charles VII}} |sous-titre=une vie, une politique |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2017 |pages totales=560 |passage=52-58 |isbn=978-2-262-03975-2}}.</ref> puisqu'il empêche moralement toute entente entre les princes [[Maison de Valois|Valois]] de France et de [[Maison de Valois-Bourgogne|Bourgogne]]. Fils et successeur de Jean sans Peur, le duc [[Philippe le Bon]] forge conséquemment une alliance {{citation|de raison et de circonstance}} avec les Anglais. Au demeurant, l'entente anglo-bourguignonne est émaillée de nombreuses dissensions car le nouveau duc de Bourgogne se voit réduit au rôle de [[Vassalité|vassal]] et conseiller des Lancastre alors qu'il envisageait de devenir à tout le moins régent ou lieutenant général du royaume. Freiné dans ses ambitions françaises, Philippe le Bon poursuit par ailleurs l'[[Pays-Bas bourguignons|extension septentrionale]] des « [[État bourguignon|États bourguignons]] », vaste ensemble territorial composant ses domaines<ref>{{Chapitre |prénom1=André|nom1=Leguai|lien auteur1=André Leguai|titre chapitre=La « France bourguignonne » dans le conflit entre la « France française » et la « France anglaise » (1420-1435)|titre ouvrage=La « France anglaise » au Moyen Âge| sous-titre ouvrage=actes du {{111e}} Congrès national des sociétés savantes, Poitiers, 1986, Section d'histoire médiévale et de philologie | lieu=Paris | éditeur= Éditions du [[Comité des travaux historiques et scientifiques|CTHS]] | année=1988 | pages totales=586 | isbn=2-7355-0136-1 |passage=41-52}}.</ref>. Le duc de Bourgogne se garde donc d'épuiser toutes ses forces en guerroyant contre son cousin Charles, dauphin et futur roi de France, de telle sorte que ce dernier n'a {{citation|pas à lutter contre deux adversaires également déterminés, mais contre un seul adversaire, lui-même à l'occasion secondé par un autre}}, précise l'historien [[médiéviste]] [[Philippe Contamine]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Philippe Contamine]]|titre=Des pouvoirs en France, 1300-1500|lieu=Paris|éditeur=Presses de l'École normale supérieure|année=1992|pages totales=270|isbn=2-7288-0174-6|chapitre=La « France anglaise » au {{s-|XV|e}}. Mirage ou réalité ? |passage=103|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1994_num_152_1_450731_t1_0311_0000_002}}.</ref>.
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Fichier:Arsenal-Ms-5084-folio1recto-meurtre-de-Montereau.jpg|[[Assassinat de Jean Ier de Bourgogne|Assassinat de Jean sans Peur]] à [[Montereau-Fault-Yonne|Montereau]].<br> Paris, [[bibliothèque de l'Arsenal]], {{s-|XV|e}}.
Fichier:Isabeau of Bavaria and Charles VI at the Treaty of Troyes.jpg|{{souverain2|Charles VI (roi de France)}} et [[Isabeau de Bavière]] durant le [[traité de Troyes]].<br>''Chroniques'' de [[Jean Froissart]], British Library, Harley 4380, {{folio}}40, vers 1470-1472.
</gallery>
Pour l'heure, forts de l'appui bourguignon, les Anglais sont en mesure d'imposer le [[traité de Troyes]], signé le {{date-|1er|décembre|1420}} entre le roi {{souverain2|Henri V (roi d'Angleterre)}} d'Angleterre et [[Isabeau de Bavière]], reine de France et régente. Selon les termes de ce contrat visant une {{citation|paix finale}}, {{souverain-|Henri V}} devient le régent du royaume de France et l'époux de [[Catherine de France (1401-1437)|Catherine de Valois]], fille du roi {{souverain-|Charles VI}} « le Fol »<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre={{souverain-|Charles VII}} |sous-titre=une vie, une politique |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |année=2017 |pages totales=560 |passage=68-72 |isbn=978-2-262-03975-2 |présentation en ligne=http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/TC_VARIA/CR_ouvrages/bardey_fevrier2018.html}}.</ref>. À la mort de celui-ci, la couronne et le royaume de France doivent échoir à son gendre {{souverain-|Henri V}} d'Angleterre, puis perpétuellement aux héritiers successifs du roi anglais. Les historiens dénomment {{citation|[[Double monarchie franco-anglaise|double monarchie]]}} l'entité politique définie par le traité, à savoir l'union des deux royaumes sous la férule d'un souverain unique<ref name="Curry 23">{{Chapitre |langue=en |prénom1=Anne|nom1= Curry|titre chapitre=Two Kingdoms, One King|sous-titre chapitre=The Treaty of Troyes (1420) and the Creation of a Double Monarchy of England and France|auteurs ouvrage= Glenn Richardson (dir.)|titre ouvrage=The Contending Kingdoms'| sous-titre ouvrage=France and England 1420–1700 |lieu=[[Aldershot]]|éditeur=Ashgate Publishing|année= 2008|pages totales={{X}}-191|isbn= 978-0-7546-5789-7|passage=23|présentation en ligne=https://www.jstor.org/stable/40784209}}.</ref>.
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Fichier:L'Adoration des mages, Heures d'Étienne Chevalier - Charles VII.jpg|{{souverain2|Charles VII (roi de France)}},<br> roi de France.
Fichier:Philip the good.jpg|[[Philippe le Bon]],<br> [[Duché de Bourgogne|duc de Bourgogne]].
Fichier:Duke of Bedford.JPG|[[Jean de Lancastre]], duc de Bedford et régent anglais du royaume de France.
Fichier:Sacre Henry6 England-France 02.jpg|Le jeune {{souverain2|Henri VI (roi d'Angleterre)}},<br> « [[Double monarchie franco-anglaise|roi de France et d'Angleterre]] ».
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[[Fichier:La France en 1429.svg|vignette|redresse=1.4|gauche|Les {{citation|Trois France}} en 1429.]]
[[Fichier:Carte du royaume de France pendant la mission de Jeanne d'Arc 1429-1430.jpg|vignette|droite|redresse=1.2|Carte du royaume de France en 1429–1430, par [[Auguste Longnon]], Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], 1875.]]
Or le traité de Troyes spolie de son droit à la succession le dernier fils survivant du roi fou, le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Charles VII (roi de France)|Charles]], stigmatisé en tant qu'assassin du [[Jean Ier de Bourgogne|duc Jean de Bourgogne]]. En 1422, à la suite des décès successifs des souverains {{souverain-|Henri V}} d'Angleterre et {{souverain-|Charles VI}} de France, la [[Maison de Lancastre|dynastie des Lancastre]] revendique {{citation|l'union des deux couronnes}} en la personne d'un enfant âgé de neuf mois : {{souverain2|Henri VI (roi d'Angleterre)}}, roi de France et d'Angleterre<ref name="Curry 23"/>. Dans le cadre de la double monarchie, le duc [[Jean de Lancastre|Jean de Bedford]], frère cadet de {{souverain-|Henri V}}, devient le [[Régence|régent]] du royaume de France durant la minorité de son neveu {{souverain-|Henri VI}}. Pour sa part, le dauphin Charles se proclame également roi de France sous le nom de {{souverain2|Charles VII (roi de France)}}. Résolu à recouvrer l'ensemble du royaume, il poursuit la guerre contre les Anglais.
Cette lutte pour la prépondérance délimite trois grands ensembles territoriaux, {{citation|Trois France}} respectivement gouvernées par les Lancastre, le duc de Bourgogne et le roi {{souverain2|Charles VII (roi de France)}}<ref>{{Chapitre |prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre chapitre=La « France anglaise » au {{s-|XV|e}} |sous-titre chapitre=mythe ou réalité ?|titre ouvrage=La « France anglaise » au Moyen Âge| sous-titre ouvrage=actes du {{111e}} Congrès national des sociétés savantes, Poitiers, 1986, Section d'histoire médiévale et de philologie | lieu=Paris | éditeur= Éditions du [[Comité des travaux historiques et scientifiques|CTHS]] | année=1988 | pages totales=586 | isbn=2-7355-0136-1 |passage=17-29}}.</ref>, que ses ennemis anglais et bourguignons auraient désigné sous le sobriquet dépréciatif de {{citation|[[Royaume de Bourges|roi de Bourges]]}}<ref>[[Xavier Hélary]], « BOURGES (Cher, ch.-l. de dép.) », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=575}}.</ref>, bien que le souverain Valois soit reconnu par la moitié du royaume<ref>{{Chapitre|prénom1=Françoise|nom1=Michaud-Fréjaville|titre chapitre=Le royaume de Bourges et l'épopée de Jeanne d'Arc |auteurs ouvrage=[[Pierre Allorant]], Walter Badier, Alexandre Borrell et [[Jean Garrigues]] (dir.)|titre ouvrage=Lieux de mémoire en Centre-Val de Loire |lieu=Rennes |éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]] |collection=Histoire |année=2021| pages totales=323 |isbn=978-2-7535-8169-2|passage=203-216}}.</ref>.
La double monarchie franco-anglaise englobe diverses [[Territoires du royaume de France|provinces]] : le Sud-Ouest du territoire français demeure traditionnellement soumis à la couronne anglaise, détentrice du [[duché d'Aquitaine]] depuis trois siècles<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre={{souverain-|Charles VII}} |sous-titre=une vie, une politique |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |année=2017 |pages totales=560 |passage=302 |isbn=978-2-262-03975-2}}.</ref>. Dans le Nord, les Anglais contrôlent le [[Guerre de Cent Ans en Normandie|duché de Normandie]], personnellement réclamé et conquis par {{souverain-|Henri V}} en 1419, puis administré par le duc de Bedford<ref>[[Philippe Contamine]], « Normandie », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=880-881}}.</ref>. {{citation|Cœur et chef principal du royaume}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre={{souverain-|Charles VII}} |sous-titre=une vie, une politique |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |année=2017 |pages totales=560 |passage=195 |isbn=978-2-262-03975-2}}.</ref>, Paris a subi les massacres successifs de la guerre civile avant de tomber sous la coupe des [[Bourguignons]] durant la nuit du 28 au {{date-|29|mai|1418}} ; {{citation|dépeuplée et affaiblie}}, la capitale passe sous domination anglaise le {{date-|8|mai|1420}}, deux semaines avant que le traité de Troyes ne soit conclu<ref>[[Olivier Bouzy]], « Paris (Île-de-France) », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=902}}.</ref>. Par la suite, les Anglais se lancent à l'assaut du comté du [[Maine (province)|Maine]] en 1424 et en achèvent la conquête l'année suivante<ref>{{Article |prénom1= André |nom1= Joubert|titre= Documents inédits pour servir à l'histoire de la guerre de Cent-Ans dans le Maine de 1424 à 1444, d'après les Archives du British Museum et du Lambeth Palace de Londres|périodique= Revue historique et archéologique du Maine|lieu= Mamers / Le Mans|éditeur= G. Gleury & A. Dangin / Pellechat |tome= 26|année= 1889|pages= 244|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k415345m/f243.image}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |prénom1= René |nom1= Planchenault|titre= La conquête du Maine par les Anglais. La campagne de 1424-1425|périodique= Revue historique et archéologique du Maine|lieu= Le Mans|éditeur= imprimerie Monnoyer |tome= {{LXXXI}}|année= 1925|pages= 3-31|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56139423/f5.image}}.</ref>, ce qui leur permet de menacer les frontières du duché d'Anjou{{note|groupe=n|Le [[Jean de Lancastre|duc de Bedford]] se fait donner le duché d'Anjou et le comté du Maine par un acte daté du {{date-|21|juin|1424}} et confirmé à Rouen par le jeune {{souverain-|Henri VI}} le {{date-|8|septembre|1430}}{{sfn|Contamine|2012|p=17-18}}.}}.
Par ailleurs, le [[duché de Bretagne]] tente de préserver sa relative indépendance en oscillant entre les couronnes de France et d'Angleterre, suivant {{citation|la voie de la neutralité opportuniste}} choisie par le duc {{souverain3|Jean V de Bretagne}}, dont la politique demeure {{citation|sensible néanmoins aux événements et soumise à des oscillations conjoncturelles}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Leguay|lien auteur1=Jean-Pierre Leguay (historien)|prénom2=Hervé|nom2=Martin|titre=Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532|lieu=Rennes|éditeur=[[Édilarge|Éditions Ouest-France]]|collection=Université|année=1982|pages totales=435|passage=194|isbn=2-85882-309-X|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1983_num_90_3_3139_t1_0501_0000_1}}.</ref>.
{{clr}}
== Biographie ==
===
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[[Fichier:Maison natale de Jeanne d'Arc
La naissance de Jeanne d'Arc se situe vraisemblablement dans la [[Maison natale de Jeanne d'Arc|ferme familiale du père de Jeanne]] attenante à l'église de [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]], village situé aux [[Marche (juridiction)|marches]] de la [[Champagne (province)|Champagne]], du [[Duché de Bar|Barrois]] et de la [[Duché de Lorraine|Lorraine]], pendant la [[guerre de Cent Ans]] qui opposait le [[royaume de France]] au [[royaume d'Angleterre]].
Au début du {{s-|XV|e}}, Domrémy se trouve
L'[[historien]]ne [[médiéviste]] [[Colette Beaune]] précise que Jeanne est née dans la partie sud de [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]], côté [[Barrois mouvant]], dans le bailliage de [[Chaumont (Haute-Marne)|Chaumont-en-Bassigny]] et la prévôté d'[[Andelot-Blancheville|Andelot]]
À la mort d'{{souverain3|Édouard III de Bar}}, de son frère, [[Jean de Bar]], seigneur de [[Puisaye (région naturelle)|Puisaye]], et de son petit-fils le [[Robert de Marle|comte de Marle]], tous les trois tombés à la [[bataille d'Azincourt]], le duché de Bar échoit au frère survivant du duc défunt, [[Louis Ier de Bar|Louis, évêque de Verdun]], qui voit cette succession un temps contestée par le duc de Berg, gendre du feu duc.
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[[Fichier:Enfant au berceau - Vocabularius breviloquus Johannes Reuchlin - BM Troyes inc. 080-f. 000a.jpg|gauche|vignette|
Au début de la vie publique de Jeanne d'Arc, lorsqu'elle rejoint le parti de {{souverain-|Charles VII}} en 1429, son âge exact ne constitue pas un enjeu aux yeux de ses contemporains. Ceux-ci la situent dans la tranche d'âge des ''{{langue|lat|puellae}}'', terme latin désignant à l'époque les « pucelles » ou « jeunes filles », autrement dit les adolescentes pubères âgées de {{unité|13|à=18|ans}}, sorties de l'enfance mais non encore adultes. De là vient notamment son surnom, Jeanne « la Pucelle »<ref name="Beaune 2004 p.30">{{harvsp|Beaune|2004|p=30}}.</ref>.
[[Fichier:Damblans - Naissance de sainte Jeanne d'Arc.jpg|vignette|redresse=1.2|La naissance [[Merveilleux|merveilleuse]] de Jeanne d'Arc selon le récit [[Hagiographie|hagiographique]] de [[Perceval de Boulainvilliers]].<br> Illustration de [[Damblans]] publiée dans le magazine catholique ''[[Le Pèlerin (magazine)|Le Pèlerin]]'' en {{date-|janvier 1921}}, quelques mois après la [[canonisation]] de la Pucelle.]]
Lors d'un interrogatoire mené le {{date-|21|février|1431}} par les juges de son procès de condamnation à Rouen, la Pucelle dit être née à Domrémy et, avoir {{citation|à ce qu'il lui semble, […] environ {{nombre|19|ans}}<ref name="Tisset Lanhers 1960 p.41">{{harvsp|Tisset|Lanhers|1960|p=41}}.</ref>{{,}}{{sfn|Tisset|Lanhers|1970|p=41}}}}, puis ajoute ne rien savoir de plus à ce sujet. Cependant, elle fournit {{citation|un âge précis et non un arrondi}}, constate [[Colette Beaune]]<ref name="Beaune2004 27" />. Exprimée par la formule consacrée (tel âge « ou environ »), cette connaissance approximative reflète l'indifférence de la culture chrétienne médiévale vis-à-vis de l'anniversaire de la date de naissance{{note|groupe=n|Cette indifférence se constate alors dans tous les [[Groupe social|groupes sociaux]]<ref>{{Article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Schmitt|lien auteur1=Jean-Claude Schmitt |titre=L'invention de l'anniversaire|périodique=[[Annales. Histoire, Sciences sociales]] |numéro=4 ({{62e}}) année|mois=octobre-décembre |année=2007|pages=807-813 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-annales-2007-4-page-793.htm}}.</ref>, y compris au sein de la noblesse où seule la venue au monde des rois et princes illustres est correctement répertoriée grâce à l'établissement d'horoscopes<ref name="Bouzy 2013 p.91-93">{{harvsp|Bouzy|2013|p=91-93}}.</ref>.}}. En outre, une enquête préliminaire conduite dans le cadre du procès rouennais voit quatorze témoins s'accorder dans l'ensemble pour prêter à la Pucelle l'apparence d'une jeune femme d'environ 19 ans en 1431{{note|groupe=n|Selon le [[droit romain]] qui fixe la majorité juridique à 25 ans pour les procès civils et criminels, l'âge de Jeanne d'Arc la rend juridiquement incapable de répondre à moins d'être assistée d'un défenseur. Cet argument n'est finalement pas retenu par ses juges rouennais. Par la suite, la question de son âge acquiert progressivement de l'importance jusqu'à la révision du procès en 1455-1456, au moment où Pierre Mauger, avocat de la famille d'Arc, invoque la minorité de la Pucelle pour invalider le jugement de condamnation, entre autres vices de forme{{sfn|Duparc|1988|p=80-90}}. L'argument de la minorité brandi par Mauger s'avère pourtant insuffisant pour entacher de nullité le procès de condamnation{{sfn|Duparc|1988|p=80-81}}, voire contre-productif puisque l'objectif avoué du procès en nullité consiste à affirmer haut et fort l'[[orthodoxie]] des réponses de la Pucelle aux juges de Rouen, abstraction faite de son jeune âge<ref name="Beaune 2004 p.30"/>.}}. Enfin, malgré l'à-peu-près caractérisant tous les témoignages relatifs à l'âge de Jeanne d'Arc, les déclarations recueillies en 1455-1456 auprès de la majorité des témoins du procès en nullité de la condamnation {{incise|à quelques exceptions près{{note|groupe=n|En {{date-|janvier 1456}}, une nommée Hauviette déclare être {{citation|âgée de quarante-cinq ans environ}} avant d'ajouter que son amie d'enfance Jeanne d'Arc {{citation|était, à ce qu'elle disait, plus âgée qu'elle de trois ou quatre ans{{sfn|Duparc|1983|p=262-263}}.}} Ces propos isolés contredisent les autres témoignages<ref name="Duparc 1988 p.133"/>{{,}}{{sfn|Pernoud|Clin|1986|p=248}}{{,}}{{sfn|Beaune|2008|p=64}}. D'autre part, une certaine Mengette, âgée d'environ quarante-six ans{{sfn|Duparc|1983|p=272-273}} et peut-être sœur aînée d'Hauviette, est en mesure d'apporter davantage de précisions sur la Pucelle. En conséquence, Colette Beaune et Olivier Bouzy estiment que cette autre habitante de Domrémy devait vraisemblablement être une amie d'enfance plus proche et sensiblement du même âge que Jeanne d'Arc{{sfn|Beaune|2008|p=64}}{{,}}{{sfn|Bouzy|2008|p=68-70}}.<br> Par contre, [[Jean d'Aulon]], témoin important en tant qu'ancien [[Écuyer (gentilhomme)|écuyer]] de la Pucelle, rajeunit celle-ci en la décrivant âgée {{citation|de seize ans, ou environ}} lors de son arrivée à Chinon en 1429{{sfn|Quicherat|1845|p=209}}{{,}}<ref name="Duparc 1988 p.133"/>{{,}}{{sfn|Bouzy|2008|p=72-73}}.}}}} se recoupent pour donner 18, 19 ou {{nobr|20 ans}} à la Pucelle lors de son procès en 1431. Cela la ferait donc naître vers 1412{{sfn|Bouzy|2008|p=60-75}}, conformément à la {{citation|fourchette chronologique}} (entre 1411 et 1413) établie grâce aux estimations fournies par Jeanne d'Arc elle-même, son écuyer [[Jean d'Aulon]] et les [[Chronique médiévale|chroniqueurs]], en tenant compte du [[Jour de l'an|nouvel an]] alors célébré en avril et non en janvier<ref name="Bouzy 2013 p.91-93"/>.
Tardivement, à compter de la seconde moitié du {{s-|XIX|e}}<ref name="Krumeich 2013 p.25"/>, certains auteurs indiquent parfois le {{date-|6 janvier}} comme jour de naissance de la Pucelle. Pour ce faire, ils s'appuient sur une lettre rédigée le {{date-|21 juin 1429}} par le [[chambellan]] [[Perceval de Boulainvilliers]], un conseiller du roi de France. Adressée au [[Philippe Marie Visconti|duc de Milan]], allié italien de {{souverain2|Charles VII (roi de France)}}, la missive de Boulainvilliers retrace l'activité et les faits d'armes de Jeanne d'Arc, en sus d'alléguer sa naissance durant la nuit de l'[[Épiphanie]], autrement dit le {{date-|6 janvier}}, sans spécifier l'année{{note|groupe=n|{{citation|''{{langue|lat|In nocte Epiphaniarum Domini}}'' […]}} (« Dans la nuit de l'Épiphanie du Seigneur »), selon la lettre de [[Perceval de Boulainvilliers]], datée du {{date-|21 juin 1429}}. Le chambellan adresse ce message à [[Philippe Marie Visconti]], [[Liste des souverains de Milan|duc de Milan]] et allié du roi de France depuis le traité d'[[Abbiategrasso]] (1424)<ref>{{harvsp|Quicherat|1849|p=116}}, {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k131385r/f126.image}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|nom1=Symphorien Bougenot|titre=Notices et extraits de manuscrits intéressant l'Histoire de France conservés à la bibliothèque impériale de Vienne ({{sp-|XIII|-|XVI|s}})|périodique=Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d'histoire et de philologie|année=1892|numéro=1|pages=58|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5725973s/f64.image}}).</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre={{souverain-|Charles VII}} |sous-titre=une vie, une politique |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2017 |pages totales=560 |passage=109 |isbn=978-2-262-03975-2}}.</ref>.<br> Dès l'époque de son expédition, la missive est diffusée au-delà du cercle étroit de son destinataire milanais, citée {{citation|comme source de première main}} sur Jeanne d'Arc, corroborée sur plusieurs points par d'autres sources contemporaines et même versifiée par le poète Antoine Astezan en 1430. Toutefois, en raison du caractère {{citation|strictement et ouvertement [[Hagiographie|hagiographique]]}} de la première partie de la lettre, {{citation|aucun des contemporains, ni aucun des historiens de Jeanne n'[a] repris à son compte l'affirmation de Perceval de Boulainvilliers sur la venue miraculeuse de la Pucelle à l'Épiphanie avant la seconde moitié du {{s-|XIX|e}}}}, remarque l'historien [[Gerd Krumeich]]<ref name="Krumeich 2013 p.25">[[Gerd Krumeich]], « La date de la naissance de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=25}}.</ref>.<br> Par le biais de la naissance merveilleuse de Jeanne d'Arc, le conseiller royal exprime son espérance messianique en une ''{{langue|lat|renovatio mundi}}'', un {{citation|renouvellement du monde}}, autrement dit un [[âge d'or]] précédé par la libération du royaume de France<ref name="Beaune2004 27" />. Destinés à expliquer la Pucelle au duc de Milan, ces éléments mythiques permettent à Perceval de Boulainvilliers de s'en remettre à des {{citation|références culturelles communes<ref>{{Chapitre |auteur1= [[Olivier Bouzy]] |titre chapitre=Naissance et tribulations d'un mythe|titre ouvrage=Historial Jeanne d'Arc|sous-titre ouvrage=de l'histoire au mythe|lieu=Issy-les-Moulineaux|éditeur=Beaux-Arts éditions / TTM éditions|année=2015|pages totales=145|isbn=979-10-204-0152-6 |passage=90}}.</ref>}}.}}. Singulière par sa précision inhabituelle pour l'époque et le milieu social<ref name="Bouzy 2013 p.91-93"/>, la date de cette venue au monde n'est pas authentifiée avec certitude par les historiens [[médiéviste]]s qui tendent plutôt à souligner la valeur symbolique de cette [[Épiphanie|nuit des Rois]]<ref>{{Article|prénom1=Marius |nom1=Sepet|lien auteur1=Marius Sepet|titre=Observations critiques sur l'histoire de Jeanne d'Arc. La lettre de Perceval de Boulainvilliers |périodique=[[Bibliothèque de l'École des chartes]]|éditeur=[[Éditions Picard|Librairie Alphonse Picard et fils]]|lieu= Paris|année=1916|tome=77|pages=439-447|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12454p/f439.image}}.</ref>{{,}}<ref name="Duparc 1988 p.133">{{harvsp|Duparc|1988|p=133}}.</ref>{{,}}{{sfn|Bouzy|2008|p=82}}{{,}}<ref>[[Gerd Krumeich]], « La date de la naissance de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=21-31}}.</ref> analogue à la {{citation|[[Nativité|naissance d'un sauveur pour le royaume]]}}<ref name="Beaune2004 26">{{harvsp|Beaune|2004|p=26}}.</ref> d'après le langage prophétique du temps. Au demeurant, le message de Perceval de Boulainvilliers associe d'autres éléments [[Mythographe|mythographiques]] à cette Épiphanie d'exception, comme l'étrange allégresse ressentie par les villageois de Domrémy ou le long chant nocturne d'un coq<ref name="Beaune 2004 26-30">{{harvsp|Beaune|2004|p=26-30}}.</ref>. Cet oiseau, progressivement assimilé au peuple français dans certains textes d'époque<ref>{{Article|prénom1=Colette|nom1=Beaune|lien auteur1=Colette Beaune|titre=Pour une préhistoire du coq gaulois |périodique=[[Médiévales (revue)|Médiévales]]|année=1986|numéro=10|titre numéro=Moyen Âge et histoire politique|pages=75-76|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1986_num_5_10_1021}}.</ref>, représente aussi l'animal emblématique de {{citation|la vigilance chrétienne qui fait reculer péchés et ténèbres et annonce la lumière}}, précise Colette Beaune<ref name="Beaune 2004 26-30"/>. Différentes sources médiévales accolent également des signes [[merveilleux]] à la venue au monde et l'enfance de la Pucelle{{note|groupe=n|Chargés d'examiner Jeanne d'Arc à Poitiers en mars-avril 1429, des docteurs en théologie concluent que {{citation|de sa naissance et de sa vie, plusieurs choses merveilleuses sont dittes comme vrayes.}} [[Gerd Krumeich]] observe que cette formule {{citation|est reprise, quasiment ''{{langue|lat|[[verbatim]]}}''}}, dans la [[Chronique médiévale|chronique]] d'Eberhard Windecke, la chronique de Tournai et le ''Registre delphinal'' de Mathieu Thomassin.<br> Par ailleurs, le ''[[Journal d'un bourgeois de Paris]]'' {{incise|tenu en réalité par un clerc anonyme de sensibilité [[Bourguignons|bourguignonne]]}} rapporte que les partisans de {{souverain-|Charles VII}} propagent de fausses rumeurs sur l'enfance de Jeanne d'Arc, petite paysanne prétendument capable de charmer {{citation|les oiseaux des bois et des champs [qui] venaient manger son pain en son giron}}<ref>[[Gerd Krumeich]], « La date de la naissance de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=25-26}}.</ref>.<br> Composé vraisemblablement après le [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]], un poème latin énumère d'autre part de nombreux signes extraordinaires liés à la venue au monde de la Pucelle : tonnerre, tremblement de terre, mer frémissante, air qui s'enflamme{{sfn|Quicherat|1849|p=27}}{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Marius |nom1=Sepet|lien auteur1=Marius Sepet|titre=Observations critiques sur l'histoire de Jeanne d'Arc. La lettre de Perceval de Boulainvilliers |périodique=[[Bibliothèque de l'École des chartes]]|éditeur=[[Éditions Picard|Librairie Alphonse Picard et fils]]|lieu= Paris|année=1916|tome=77|pages=446|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12454p/f446.image}}.</ref>{{,}}{{sfn|Contamine|1994|p=67}}…}}, conformément à la tradition [[Antiquité|antique]] relative aux prodiges annonciateurs de la naissance d'un héros<ref name="Beaune2004 27"/>. Néanmoins, que ce soit avant ou durant le procès en nullité de la condamnation, aucune déposition des habitants de Domrémy n'évoque l'Épiphanie ou les phénomènes supposément survenus au cours de cette nuit<ref>{{Article|prénom1=Marius |nom1=Sepet|lien auteur1=Marius Sepet|titre=Observations critiques sur l'histoire de Jeanne d'Arc. La lettre de Perceval de Boulainvilliers |périodique=[[Bibliothèque de l'École des chartes]]|éditeur=[[Éditions Picard|Librairie Alphonse Picard et fils]]|lieu= Paris|année=1916|tome=77|pages=443|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12454p/f443.image}}.</ref>{{,}}<ref>[[Gerd Krumeich]], « La date de la naissance de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=26}}.</ref>.
==== Anthroponymie et surnom ====
[[Fichier:Johanna darc dicta puella.jpg|gauche|vignette|redresse=2|L'appellation {{langue|lat|''Johanna Darc dicta Puella''}} (« Jeanne d'Arc, dite la Pucelle »)<ref>{{harvsp|Quicherat|1845|p=367}}.</ref> dans l'intitulé<ref>{{harvsp|Quicherat|1849|p=440}}.</ref> de la rédaction dite {{citation|épiscopale}} du procès en nullité de la condamnation, compilation de pièces du procès et de {{citation|parties rédigées par les notaires}}<ref>{{harvsp|Duparc|1977|p={{XVI}}}}.</ref>.<br> Manuscrit d'Urfé<ref>{{Article|prénom1=Albert|nom1=D'Haenens|titre=Histoire et codicologie|sous-titre=la réhabilitation de Jeanne d'Arc et le manuscrit d'Urfé|périodique=Scriptorium|tome={{XVI}}|numéro=2|année=1962|pages=355-356|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1962_num_16_2_3140}}.</ref>, Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], {{nobr|[[Manuscrit|ms.]] Latin 8838}}, {{folio|1|recto}}, {{s-|XV|e}}.]]
[[Fichier:Bibliothèque Nationale MS Latin 8838 - folio 1 recto - amaritudine immensos.jpg|vignette|{{citation|{{langue|lat|(…) ''honestæ personæ [[Isabelle Rommée|Ysabellis]] Darc, mater, ac [[Pierre d'Arc|Petrus]] et [[Jean d'Arc|Johannes]] Darc, fratres defunctæ quondam Johannæ Darc, vulgariter dictæ'' la Pucelle (…)}}}}<ref>{{harvsp|Quicherat|1845|p=368}}.</ref>.<br> L'appellation « Jeanne d'Arc » reste peu usitée avant le {{s-|XVIII|e}}{{note|groupe=n|En 1431, les juges suscitent {{citation|une réflexion sur le surnom paternel}} lorsqu'ils tentent de clarifier l'identité de l'accusée de Rouen selon le [[droit romain]]<ref name="Bouzy 2008 p.90"/>{{,}}{{sfn|Bouzy|2013|p=90}} mais la forme ''{{langue|lat|Johanna Darc}}'' n'est jamais transcrite dans le procès-verbal du procès de condamnation<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=146}}.</ref>.}}. Lorsque la proche parentèle de Jeanne intente officiellement le procès en nullité afin de laver l'honneur familial de la condamnation infamante, les actes de la procédure réinsèrent la Pucelle dans sa famille en employant quelquefois le nom ''Johanna Darc'', tout en désignant à l'avenant sa mère [[Isabelle Rommée|Isabelle]] et ses frères [[Jean d'Arc|Jean]] et [[Pierre d'Arc|Pierre]] par le surnom patronymique encore inusuel<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=150 ; 152}}.</ref>.<br> Détail du manuscrit d'Urfé, Paris, BnF, département des manuscrits, {{nobr|ms. Latin 8838}}, {{folio|1|recto}}, {{s-|XV|e}}.]]
Selon la transcription [[Latin médiéval|latine]] de son procès de condamnation, la Pucelle répond à ses juges que son {{citation|nom}} est Jeanne (Jeannette<ref name="Michaud-Fréjaville - Jeannette p. 144">Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=144}}, {{lire en ligne|url=http://crm.revues.org/728}}.</ref>{{,}}{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=61}} « dans son [[Pays#Micro-r.C3.A9gion|pays]] ») et son {{citation|surnom}} (son [[Nom de famille en France|nom de famille]], en l'occurrence) {{citation|d'Arc{{note|groupe=n|Le mercredi {{date-|21|février|1431}} lors du procès tenu à Rouen, les juges procèdent au premier interrogatoire de Jeanne d'Arc après sa prestation de {{citation|serment de dire la vérité sur les points qui toucheraient à sa foi.}} Ils lui demandent {{citation|ses nom et surnom{{sfn|Tisset|Lanhers|1960|p=40}}{{,}}{{sfn|Tisset|Lanhers|1970|p=38-39}}.}}<br>Or, au {{s-|XV|e}}, le terme {{citation|surnom}} (''[[cognomen]]'') peut désigner de manière ambiguë le surnom ou le nom de famille. Le terme {{citation|nom}} lui-même signifie alternativement {{citation|nom de baptême}} (autrement dit le prénom) ou nom de famille<ref name="Bouzy 86">{{harvsp|Bouzy|2013|p=86}}.</ref>.<br>Ces équivoques suscitent probablement l'incompréhension de Jeanne puisqu'elle affirme initialement ignorer son {{citation|surnom}}. Au demeurant, le médiéviste [[Olivier Bouzy]] interprète sa réponse comme une marque de prudence consistant à éluder les questions relatives au surnom de ''Pucelle''. En raison des {{citation|arrière-plans symboliques}} éventuellement établis avec la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge Marie]] dans l'esprit des juges, le sobriquet de la prisonnière risquerait d'entraîner des accusations d'[[orgueil]], voire de [[blasphème]]{{sfn|Bouzy|2013|p=88-89}}.
Quoi qu'il en soit, Jeanne d'Arc mentionne comme surnoms ses [[patronyme]] (d'Arc) et [[matronyme]] (Rommée) lors d'un interrogatoire ultérieur, le samedi {{date-|24|mars|1431}}<ref name="Tisset&Lanhers1960 181">{{harvsp|Tisset|Lanhers|1960|p=181}}.</ref>{{,}}<ref name="Tisset&Lanhers1970 148">{{harvsp|Tisset|Lanhers|1970|p=148}}.</ref>{{,}}<ref name="CBH 61-62">{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=61-62}}.</ref>{{,}}<ref name="Bouzy 86" />.}}.}} En latin médiéval, ''{{langue|lat|de Arco}}'' signifie {{citation|de l'arche}} ou {{citation|du pont}}. Il s'agit initialement d'un surnom médiéval qui caractérise une personne résidant près d'un pont, origine des noms courants {{page h'|Dupont ou Dupond}}. Le [[patronyme]] ''d'Arc'' se rapporte peut-être à un [[wikt:microtoponyme|microtoponyme]] disparu, un [[lieu-dit]], un village ou une ville<ref name="CBH 61">{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=61 ; 517-519}}.</ref>{{,}}{{sfn|Bouzy|2008|p=86}} mais nul document ne mentionne une localité particulière ; aussi, l'hypothèse d'une origine patronymique [[Champagne (province)|champenoise]] se rattachant au village d'[[Arc-en-Barrois]] n'est pas démontrée, entre autres conjectures sur la question<ref name="CBH 61" />.
Le patronyme s'orthographie diversement en [[moyen français]] dans les documents du {{s-|XV|e}} car aucune règle n'est alors fixée à ce sujet. On trouve le plus souvent ''Darc'' mais également les variantes ''Tarc''<ref name="Histoire-dictionnaire-62-511-518">{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=62-63 ; 511 ; 518}}.</ref>, ''Tart''<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=145}}.</ref>, ''Tard'', ''Dart'', ''Dars'', ''Darx'', ''Dare''<ref name="Pernoud-Clin-314">{{harvsp|Pernoud|Clin|1986|p=314}}.</ref>, voire ''Day'' ou ''d'Ailly'' (''Daly'' au {{s-|XVI|e}}) d'après la [[transcription phonétique]] du patronyme de Jeanne, prononcé avec l'accent lorrain local : {{citation|Da-i}}<ref name="Histoire-dictionnaire-62-511-518"/>. Qui plus est, ses frères [[Jean d'Arc|Jean]] et [[Pierre d'Arc]] se font appeler ''Duly'' ou ''du Lys'' à Orléans. De fait, des [[Fleur de lys|fleurs de lys]] figurent dans les [[Héraldique|armoiries]] conférées à leur sœur en {{date-|mai 1429}}, à la suite de la levée du [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]] ; il s'agit probablement là d'un jeu de mots d'ordre héraldique inspiré par la prononciation lorraine du patronyme{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=511}}.
Au reste, l'usage [[Typographie|typographique]] de l'[[apostrophe (typographie)|apostrophe]] débute uniquement à partir du {{s-|XVI|e}}<ref name="Pernoud-Clin-314"/>{{,}}{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=63}}. Une querelle [[Idéologie|idéologique]] dépassée n'en fut pas moins disputée en [[France au XIXe siècle|France au {{s-|XIX|e}}]] autour de l'orthographe du patronyme de Jeanne, rappelle [[Olivier Bouzy]] : il importait alors de privilégier arbitrairement la graphie ''Darc'' afin de souligner la [[roturier|roture]] d'une {{citation|fille du peuple}}{{note|groupe=n|La graphie {{citation|Jeanne Darc}} est employée par [[Jules Michelet]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sylvie|nom1=Aprile|lien auteur1=Sylvie Aprile|titre=La révolution inachevée|sous-titre=1815-1870|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|collection=Histoire de France|numéro dans collection=10|année=2010|pages totales=670|passage=558|isbn=978-2-7011-3615-8}}.</ref>, pour qui la Pucelle est une {{citation|transfiguration de l'esprit populaire{{sfn|Krumeich|1993|p=76}}.}} Autre historien dont les ouvrages sont massivement diffusés au [[France au XIXe siècle|{{s-|XIX|e}}]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Boris|nom1=Bove|lien auteur1=Boris Bove|titre=Le temps de la guerre de Cent ans|sous-titre=1328-1453|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|collection=Histoire de France|année=2009|pages totales=669|passage=553|isbn=978-2-7011-3361-4}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Jean-Charles|nom1=Geslot|titre=Un inestimable succès |sous-titre=l’''Histoire de France'' d'Henri Martin et ses publics |périodique=[[Revue d'histoire du XIXe siècle|Revue d'histoire du {{s-|XIX|e}}]]|numéro=60 |année=2020|pages=239-255 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-du-dix-neuvieme-siecle-2020-1-page-239.htm}}.</ref>, [[Henri Martin (historien)|Henri Martin]] {{citation|s'est efforcé en vain d'imposer cette écriture « modernisée » du nom (la « jeune fille du peuple » ne devait pas porter de nom à particule)}}, relève [[Gerd Krumeich]]<ref>{{harvsp|Krumeich|1993|p=290, {{n.}}157}}.</ref>.}} ou, inversement, de revendiquer à tort la [[Particule (onomastique)|particule]] ''d'Arc'' comme une marque de [[noblesse]]{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=62-63}}.
Par ailleurs, durant l'interrogatoire tenu le samedi {{date-|24|mars|1431}}<ref name="Tisset&Lanhers1960 181"/>{{,}}<ref name="Tisset&Lanhers1970 148"/>, la Pucelle mentionne également son [[matronyme]] {{citation|Rommée}}<ref name="Tisset&Lanhers1960 181" />{{,}}<ref name="Tisset&Lanhers1970 148" />{{,}}<ref name="CBH 61-62" />, peut-être d'{{citation|origine locale{{note|groupe=n|Née au {{s-|XIX|e}}, une tradition [[Hagiographie|hagiographique]] rattache l'origine matronymique à un hypothétique pèlerinage romain accompli par [[Isabelle Rommée]]. Or Aveline, sœur d'Isabelle, semble se nommer aussi Rommée, matronyme probable de leur mère, note Olivier Bouzy<ref>Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du {{s mini-|XIV|e}} au {{s mini-|XVI|e}} siècle », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=38}}.</ref>. De surcroît, le médiéviste souligne que {{citation|les pèlerins à Rome s'appellent alors « roumieux » et non « rommés »<ref name="Bouzy 2013 p.87">{{harvsp|Bouzy|2013|p=87}}.</ref>.}} Il suggère plutôt une {{citation|origine locale}} au matronyme en signalant {{citation|un étang Romé dans la [[forêt de la Reine]], au nord-ouest de [[Toul]]}}<ref name="Bouzy 2013 p.87"/>.}}}}. Elle évoque ensuite l'usage de [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]] où les femmes portent le nom de leur mère{{note|groupe=n|Toutefois, la médiéviste Françoise Michaud-Fréjaville relève que cet usage ne se rencontre pas dans la transcription des déclarations de Jeanne d'Arc au procès de Rouen. De même, lors des enquêtes effectuées dans la région d'origine de la Pucelle pour le procès en nullité, un tel {{citation|système de désignation}} matronymique n'est pas attesté dans les déclarations d'identité des témoins féminins puisque ces femmes sont presque toujours {{citation|mises en rapport avec leur mari vivant ou mort}} en tant qu'« épouse untel », « femme untel » ou « veuve untel »<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=146-148}}.</ref>.}}. Dans son pays {{incise|en d’autres termes, dans le {{citation|[[terroir]] [[Communauté|communautaire]]}} englobant Domrémy jusqu'à [[Vaucouleurs (Meuse)|Vaucouleurs]], c'est-à-dire {{citation|l'espace de l'interconnaissance<ref>Léonard Dauphant, « « Fille de la frontière » ou « vierge des marches de Lorraine », espace vécu et identité régionale de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=126}}.</ref>}}}}, Jeanne est vraisemblablement désignée par son surnom enfantin et son matronyme : « la Jeannette de la Rommée »<ref name="Bouzy 2013 p.87"/>. Dans le cadre de sa vie publique, ses autres contemporains l'appellent par son seul prénom « Jeanne »<ref name="Bouzy 2008 p.90">{{harvsp|Bouzy|2008|p=90}}.</ref>, fort courant en son temps{{note|groupe=n|« Jeanne » est un prénom porté par {{citation|le tiers<ref name="Michaud-Fréjaville - Jeannette p. 144"/>}} ou {{citation|la moitié des petites filles}} de la génération de la Pucelle<ref name="Beaune2004 26"/>. En fonction des régions, les personnes prénommées « Jean » et « Jeanne » composent même les deux tiers de la population{{sfn|Beaune|2004|p=46}}.}}.
Son prénom est parfois accolé à son surnom « la Pucelle » attesté très tôt, dès le {{date-|10 mai 1429}}. Or ce terme {{incise|doté d'une majuscule}} acquiert une telle popularité à l'époque qu'il suffit en lui-même à dénommer Jeanne d'Arc {{citation|en langue vulgaire}}, c'est-à-dire en moyen français{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=941-942}}. Émanant de sa classe d'âge<ref name="Beaune 2004 p.30"/>, le vocable lui devient {{citation|une désignation, unique, personnelle}}, souligne la médiéviste Françoise Michaud-Fréjaville : Jeanne considère avoir reçu de Dieu {{citation|pour sa mission un sobriquet qu'ont repris partisans et adversaires. ''{{langue|lat|Puella}}'', c'est la fillette, la jeune fille et aussi la [[vierge consacrée]] à Dieu}}, selon le sens revendiqué par l'héroïne<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « ''Dans son pays on l'appelait Jeannette…'' Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=148-149}}.</ref>. En outre, elle aurait justifié sa volonté de partir rencontrer {{citation|[[Charles VII (roi de France)|le dauphin]]}} en mentionnant une prophétie véhiculée dans sa région d'origine : le royaume de France, perdu par une femme, sera {{citation|restauré}} par une vierge des [[Marche (juridiction)|marche]]s de Lorraine<ref>D'après les souvenirs de Catherine Le Royer, recueillis en 1456 lors du procès en nullité de la condamnation. Cf. [[Olivier Bouzy]], « De Vaucouleurs à Blois : l'entrée en scène de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|p=104|Hélary|2012}}.</ref>.
En revanche, la « Pucelle d'Orléans » est un surnom posthume{{sfn|Bouzy|2008|p=91}} employé à compter des années 1475-1480{{sfn|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=942}} avant de se répandre aux {{sp-|XVI|-|XVII|s}}<ref>{{Article|prénom1=Édouard|nom1=Bruley|titre=Sur l'expression « Pucelle d'Orléans »|périodique=Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais|tome={{XXIII}}|numéro=237|lieu=Orléans|éditeur=[[Société archéologique et historique de l'Orléanais]]|année=1937|pages=261-266|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6572162d/f277.item}} et tirage à part, Orléans, 1939.</ref>.
==== Famille et milieu social ====
[[Fichier:Jeanne d'Arc filant - Les Vigiles de la mort de Charles VII.jpg|vignette|Jeanne d'Arc file sa [[quenouille]] auprès de son père [[Jacques d'Arc|Jacques]] menant la [[charrue]]. [[Gravure sur bois]] illustrant une édition imprimée du poème de [[Martial d'Auvergne]], ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Les Vigiles de {{souverain-|Charles VII}}]]'', début du {{s-|XVI|e}}.]]
{{double image|left|Domrémy, statue Jacques d'Arc, père de Jeanne d'Arc.jpg|150|Domrémy, statue Isabelle Romée, mère de Jeanne d'Arc.jpg|150|[[Jacques d'Arc]] et [[Isabelle Rommée]], parents de Jeanne ([[vue d'artiste]] par l'Union internationale artistique de [[Vaucouleurs (Meuse)|Vaucouleurs]]). Statues érigées en 1911 sur le parvis de la [[basilique du Bois-Chenu]] à [[Domrémy-la-Pucelle]] ([[Vosges (département)|Vosges]])<ref>Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du {{sp-|XIV|au|XVI|}} », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=36, {{fig.}}1 ; p. 38, {{fig.}}3}}.</ref>{{,}}<ref>
{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Bernard |nom1=Mugnier |titre=La basilique Sainte-Jeanne-d'Arc de Domrémy-la-Pucelle |sous-titre=monument national de la reconnaissance française à Jeanne d'Arc |lieu=Langres |éditeur=Dominique Guéniot éditeur |année=2001 |pages totales=483 |passage=87 |isbn=2-87825-216-0 |présentation en ligne=https://sites.google.com/site/lesitedebernardmugnier/deja-parus/basilique}}.</ref>.}}
Fille de [[Jacques d'Arc]] et d'[[Isabelle Rommée]], Jeanne appartient à une famille de cinq enfants : Jeanne, [[Jacquemin d'Arc|Jacquemin]], Catherine, [[Jean d'Arc|Jean]] et [[Pierre d'Arc|Pierre]].
Le père de Jeanne, Jacques, est désigné comme « pauvre [[laboureur]] » par des témoins du procès de réhabilitation de la Pucelle dans les années 1450. Cependant, Olivier Bouzy note qu'un laboureur n'est pas pauvre puisque ce type de paysan aisé possède des terres et des bêtes. L'état des biens de Jacques d'Arc n'est pas connu avec précision. Bien que construite en pierre, sa maison comporte uniquement trois pièces pour toute sa famille. Bénéficiant vraisemblablement d'une certaine notoriété à [[Domrémy-la-Pucelle|Domrémy]], le père de Jeanne représente à plusieurs reprises la communauté des villageois
Jeanne fut décrite par tous les témoins comme très pieuse ; elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque dimanche, en pèlerinage à la [[chapelle de Bermont]] tenue par des ermites garde-chapelle, près de [[Greux]], pour y prier.
Pour ce qui est de sa vie quotidienne à Domrémy avant son départ, voici ce que répond Jeanne à ses juges, lors de son procès de condamnation : {{citation|Interrogée si, dans sa jeunesse elle avait appris quelque métier, elle dit que oui, à coudre les pièces de lin et à tisser, et elle ne craignait point femme de Rouen pour tisser et coudre}} (deuxième séance publique du procès, {{date-|22 février 1431}}). Et le surlendemain, {{date-|24 février}} : {{citation|Interrogée si elle conduisait les animaux aux champs, elle dit qu'elle avait répondu à un autre moment à ce sujet, et que, après qu'elle fut devenue plus grande et qu'elle eut l'âge de raison, elle ne gardait pas habituellement les animaux, mais aidait bien à les conduire aux prés, et à un château appelé l'Île, par crainte des gens d'armes ; mais qu'elle ne se souvenait pas si dans son enfance, elle les gardait ou non<ref>{{harvsp|Quicherat|1841|p=51 ; 66}}.</ref>.}}
Une plaque apposée en 1930 sur le parvis de la [[Cathédrale Saint-Étienne de Toul|cathédrale de Toul]] indique qu'elle comparut ici lors d'un procès matrimonial intenté par son fiancé en [[1428]]<ref>{{Citation|En l’an de grâce 1428 Jeanne d'Arc, diocésaine de Toul, comparut ici devant l'officialité de l'évêque Henri de Ville présidée par Frédéric de Maldemaire doyen de Saint Genoult dans un procès matrimonial que lui fit un jeune homme de Domremy. Ses juges l'ayant déclarée libre de tout lien, Jeanne d'Arc put entreprendre sa merveilleuse chevauchée et sauver la France}}.</ref>.
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==== « Voix », visions et révélations ====
[[Fichier:Folio 195r - The Mass of Saint Michael.jpg|vignette|gauche|
[[Fichier:JoanOfArcLarge.jpeg|vignette|
Parmi les sources évoquant « la voix » (initialement au singulier) entendue par Jeanne d'Arc, on compte d'abord la lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers, datée du {{date-|21 juin 1429}}, ainsi qu'une lettre d'[[Alain Chartier]] en août de la même année
Ultérieurement, Jeanne identifie les voix célestes des saintes [[Catherine d'Alexandrie|Catherine]] et [[Marguerite d'Antioche|Marguerite]] et de l'[[Michel (archange)|archange saint Michel]] lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Dès lors, elle s'isole et s'éloigne des jeunes du village qui n'hésitent pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse, allant jusqu'à rompre ses fiançailles (probablement devant l'[[Official (ecclésiastique)|official]] de l'évêché de Toul)<ref name="Kervran"/>.
Or le médiéviste [[Olivier Bouzy]] observe que {{citation|les différentes analyses pseudo-psychologiques sur Jeanne nous en apprennent en définitive davantage sur leurs auteurs}} et les conceptions de leur époque que sur la Pucelle. À l'encontre de telles approches médicales qu'ils jugent hasardeuses, discordantes et ignorantes des mentalités du {{s-|XV|e}}, les historiens tentent d'expliquer Jeanne d'Arc {{citation|par des raisons essentiellement [[Histoire culturelle|culturelles]]}}<ref name="Bouzy dossier médical"/>{{,}}<ref>Olivier Bouzy, « Psychiatrie », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=938-939}}.</ref>. Olivier Bouzy précise de la sorte : {{début citation bloc}}Jeanne vit quelque chose, et elle l'interpréta comme une expérience mystique. Ce n'était ni une simulatrice — elle n'aurait certainement certainement pas réussi à convaincre ses contemporains si elle n'avait pas été elle-même convaincue — ni une folle. Elle crut, profondément, qu'il s'agissait là de quelque chose de divin, et comme la société du temps admettait parfaitement la possibilité de ces voix, on ne lui demanda jamais si elle les avait véritablement entendues, mais si elles étaient d'origine divine ou diabolique<ref>{{harvsp|Bouzy|1999|p=51}}.</ref>.{{fin citation bloc}}
=== De Domrémy à Chinon (1428 – février 1429) ===
==== Départ de Domrémy ====
[[Fichier:Jeanne d Arc(1412-1431) Miniaturmalerei 15 Jahrhundert.jpg|vignette|redresse=0.8|Sous un ciel diurne étoilé, vêtue en paysanne, Jeanne d'Arc se mue en guerrière armée d'une [[hallebarde]] et d'une épée. Elle désigne un château représentant le [[royaume de France]]. À droite de l'enluminure, le bois symbolise {{citation|les limites du royaume}} d'où provient la Pucelle{{sfn|Beaune|2004|p=115-116}}.<br> [[Lettrine historiée]], Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], [[Manuscrit|ms.]] Latin 14665, {{folio|349|recto}}, fin du {{s-|XV|e}}.]]
Par suite de l'incendie de Domrémy commis par des bandes armées en 1428, Jeanne se réfugie avec ses proches et tous les habitants de son village à [[Neufchâteau (Vosges)|Neufchâteau]] durant quelques jours. À l'occasion de ce séjour forcé, elle prête main-forte à l'hôtesse de sa famille, une femme nommée La Rousse{{note|groupe=n|Lors du procès de Rouen, le réquisitoire du promoteur [[Jean d'Estivet]] dénature l'aide apportée par Jeanne d'Arc à La Rousse afin d'assimiler cette dernière à une mère maquerelle<ref>[[Xavier Hélary]], « Les enquêtes au « lieu de naissance » de Jeanne », dans {{harvsp|Guyon|Delavenne|2013|p=275}}.</ref> et la Pucelle à une « fille d'auberge » aux mœurs légères<ref>Pierre Duparc, « Deuxième partie. Une Jeanne historique », dans {{harvsp|Duparc|1988|p=176}}.</ref>{{,}}<ref>[[Xavier Hélary]], « Prostituées », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=938}}.</ref>{{,}}<ref>[[Philippe Contamine]], « Le destin croisé de deux légendes, du {{s mini-|XV|e}} au {{s-|XVIII|e}} : Jeanne fille d'auberge, Jeanne une fourberie des capitaines et des politiques », dans {{harvsp|Boudet|Hélary|2014|p=155-169}}.</ref>.}}. La jeune fille et ses parents regagnent ensuite Domrémy, une fois la soldatesque partie<ref>Témoignage au procès en nullité (tenu en [[1456]]) de Jean Morel, parrain de Jeanne d'Arc et laboureur à [[Greux]], village sis près de Domrémy, dans {{harvsp|Duparc|1983|p=241}}.</ref>{{,}}<ref>Témoignage au procès en nullité (tenu en [[1456]]) de Béatrice, veuve d'Estelin et marraine de Jeanne d'Arc, dans {{harvsp|Duparc|1983|p=246-247}}.</ref>{{,}}<ref>Témoignage au procès en nullité (tenu en [[1456]]) de Gérard Guillemette, laboureur à [[Greux]], dans {{harvsp|Duparc|1983|p=262}}.</ref>{{,}}<ref>[[Olivier Bouzy]], « De Jeannette à Jeanne la Pucelle : la vie cachée et les voix », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=60}}.</ref>.
[[Fichier:Vaucouleurs17.jpg|vignette|gauche|redresse=1.1|La « porte de France », vestige du château de [[Vaucouleurs (Meuse)|Vaucouleurs]].]]
Lorsque les nouvelles du [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]] parviennent à Jeanne d'Arc en décembre 1428 ou en janvier 1429, ses « voix » se montrent vraisemblablement plus insistantes. Elle demande alors à son père l'autorisation d'aller à Burey, village sis près de Domrémy, sous prétexte d'aider aux [[wikt:relevailles|relevailles]] d'une cousine germaine également prénommée Jeanne. Jeanne d'Arc parvient à convaincre Durand Laxart, l'époux de sa cousine, de l'emmener {{Incise|sans permission parentale}} rencontrer [[Robert de Baudricourt]], [[capitaine (France)|capitaine]] de [[Vaucouleurs (Meuse)|Vaucouleurs]], forteresse voisine de Domrémy. Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour se conformer à une prophétie locale qui évoquait une pucelle des [[Marche (juridiction)|marches]] de Lorraine salvatrice de la France, elle demande audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui la lettre de crédit qui lui ouvrirait les portes de la Cour. Le seigneur local la prend pour une affabulatrice ou une illuminée et conseille à Laxart de ramener sa cousine chez ses parents après lui avoir administré une bonne gifle{{sfn|Pernoud|Clin|1986|p=30-31}}{{,}}<ref>[[Olivier Bouzy]], « De Vaucouleurs à Blois : l'entrée en scène de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=103-104}}.</ref>.
Jeanne revient s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle loge chez Henri et Catherine Le Royer, à qui elle est peut-être apparentée. La population lui apporte instinctivement son soutien, exprimant ainsi une forme de résistance populaire aux Anglais et partisans bourguignons<ref>{{harvsp|Toureille|2020|p=}}.</ref>.
Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade {{souverain3|Charles II de Lorraine}} lui donne un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy : elle ose promettre au souverain de prier pour sa guérison en échange de l'abandon par le duc de sa maîtresse la belle Alison Du May et d'une escorte menée par [[René d'Anjou]], gendre du duc et beau-frère du Dauphin Charles, pour libérer la France{{sfn|Duparc|1988|p=177}}.
Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt, après qu'elle lui a annoncé par avance la [[journée des Harengs]] et l'arrivée concomitante de [[Bertrand de Poulengy]], jeune seigneur proche de la [[Maison de Valois-Anjou|maison d'Anjou]] et de [[Jean de Novellompont]], dit de Metz. Il lui donne une escorte composée de six hommes: deux écuyers, de Poulengy et de Novellompont qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son parcours, le messager royal Colet de Vienne, chacun accompagné de son serviteur: Richard l'Archer, les frères Jean et Julien de Honnecourt. Ce sont les premiers [[compagnons d'armes de Jeanne d'Arc]]. Avant son départ pour le royaume de France, Jeanne se recueille dans l'ancienne église de [[Saint-Nicolas-de-Port]], dédiée au saint patron du [[duché de Lorraine]]<ref name="Kervran" />.
==== Chinon ====
[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 08.jpg|
[[Fichier:Vue de la chambre du roi Charles VII
Avant de partir pour [[Chinon]], Jeanne d'Arc revêt des habits masculins, vraisemblablement une robe mi-courte de couleur noire procurée par l'un des serviteurs de Jean de Metz{{sfn|Bouzy|2013|p=125-126 ; 129}}. La jeune femme se fait couper les cheveux par Catherine Le Royer{{sfn|Bouzy|2013|p=125}} et arbore dès lors la coupe « en écuelle » ou en « [[sébile]] » à la mode masculine de l'époque, autrement dit la chevelure taillée en rond au-dessus des oreilles, avec la nuque et les tempes rasées{{note|groupe=n|Cette mode s'expliquerait {{citation|par la forme des [[bassinet (casque)|bassinets]] et la façon d'attacher le [[Camail d'armure|camail]]<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « Cinéma, histoire : autour du thème « johannique » », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=287, {{n.}}10}}, {{lire en ligne|url=http://crm.revues.org/740}}.</ref>.}}<br> Selon l'historienne Françoise Michaud-Fréjaville, {{citation|le terme utilisé par le Procès de condamnation est étonnant : [Jeanne d'Arc] avait ''tonsis capellis in rotundum ad modum mangonum'', c'est-à-dire rasés en rond comme un coquet, un jeune à la mode. Le mot ''mangone'' ne désigne pas un page comme on le traduit d'habitude, mais un personnage qui améliore une apparence pour la présenter à son avantage (« relooker », si j'ose dire)<ref>{{Article|prénom1= Françoise|nom1= Michaud-Fréjaville|titre= Un habit « déshonnête »|sous-titre= réflexions sur Jeanne d'Arc et l'habit d'homme à la lumière de l'histoire du genre|périodique= [[Francia (revue)|Francia]]|lieu= [[Ostfildern]]|éditeur= Jan Thorbecke Verlag|volume= 34/1|année= 2007|pages= 179|isbn= 978-3-7995-8123-3 |lire en ligne= https://journals.ub.uni-heidelberg.de/index.php/fr/article/view/45031}}.</ref>.}}<br>La [[médiéviste]] ajoute que les juges ou les greffiers du procès de Rouen emploient à dessein le mot latin ''mango'', usité initialement pour désigner le fardage d'une marchandise, afin d'évoquer l'apparence censément « contre nature » de la Pucelle. Du reste, ''mango'' finira par donner le terme péjoratif « muguet » qui qualifie un jeune élégant.}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Adrien|nom1=Harmand|titre=Jeanne d'Arc. Ses costumes. Son armure. Essai de reconstitution|lieu=Paris|éditeur=imprimerie Aulard, librairie Ernest Leroux|année=1929|pages totales=403|passage=35|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1930_num_16_72_2550_t1_0398_0000_1}}.</ref>. Elle conservera ce genre vestimentaire et cette coiffure jusqu'à sa mort, excepté pour sa dernière fête de Pâques.
Le petit groupe de voyageurs traverse sans encombre les terres bourguignonnes et arrive à Chinon où Jeanne d'Arc est finalement autorisée à voir {{souverain2|Charles VII (roi de France)}}, après réception d'une lettre de Baudricourt.
La légende raconte qu'elle fut capable de reconnaître Charles, vêtu simplement au milieu de ses courtisans<ref>Ce mythe de la reconnaissance est une invention de chroniqueur médiéval, cette anecdote n'étant mentionnée que dans la ''Chronique de la Pucelle'' de [[Guillaume Cousinot de Montreuil]] rédigée en 1467 ({{lire en ligne|url=https://archive.org/details/chroniquedelapuc00cous}}).</ref>. En réalité, arrivée à Chinon le mercredi {{date-|23|février|1429}}
Considérant que seul le [[Sacre des rois de France|sacre]] à [[Reims]] confère la dignité [[roi de France|royale]], la Pucelle s'adresse à {{souverain-|Charles VII}} en usant du [[titre de noblesse|titre]] de {{citation|[[Dauphin (titre)|dauphin]]
À Chinon, les épouses de [[Raoul de Gaucourt]] ([[Jeanne de Preuilly]]) et de [[Robert Le Maçon]] (Jeanne de Mortemer), supervisées par [[Yolande d'Aragon (morte en 1442)|Yolande d'Aragon]], belle-mère du roi, certifient la féminité et la virginité de Jeanne d'Arc<ref name="Hanotaux">{{Article |langue=fr |auteur1=[[Gabriel Hanotaux]] |titre=Jeanne d'Arc |périodique=[[Revue des Deux Mondes]] |lieu=Paris |tome=LVII |date=1 mai 1910 |pages=748 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k431829c/f747 |consulté le=10 janvier 2024 }}.</ref>. Celle-ci est ensuite interrogée par des clercs et docteurs en théologie à [[Poitiers]], qui attestent ses qualités : {{citation|humilité, virginité, dévotion, honnêteté, simplicité.}} Les théologiens conseillent, {{citation|attendu la nécessité du royaume}}, de lui demander un signe démontrant qu'elle parle effectivement au nom de Dieu. La Pucelle rétorque en assimilant ce signe à une action restant à accomplir : la levée du siège d'Orléans<ref>{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=111-112}}.</ref>.
Pour ne pas donner prise à ses ennemis qui la qualifient de « putain des Armagnac »<ref>Alain Bournazel, ''Jeanne d’Arc (1412-1431), une passion française'' PUF, 2009, {{p.|52}}.</ref>{{,}}{{note|groupe=n|Les compagnons d'armes de Jeanne, les capitaines de ses compagnies, [[Jean Poton de Xaintrailles]], [[Étienne de Vignolles|La Hire]], [[Thibault d'Armagnac]], sont en effet choisis parmi les [[gascons]] du parti des [[Armagnacs]] parce que, disait-elle, {{Citation|''ils estaient tous soldats fols et adventureux qui ne voulaient pas rester rasibus des murailles pour esviter les traicts, mais allaient jouer de l'espée en pleins champs''}}, ce qui lui valut d'être surnommée « l'Armagnacaise » et affublée d'un qualificatif injurieux par les [[Royaume d'Angleterre|Anglais]] lors du [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]]<ref name=carsalade>{{Article|auteur=[[Jules de Carsalade du Pont]]|titre=''Gesta Johannæ per Vascones''|périodique=Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne|lieu=Montauban|éditeur=[[Société archéologique et historique de Tarn-et-Garonne]]|année=1892|bnf=34430001|passage=127-133|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5506453k/f143.item.r=}} {{Gallica}}.</ref>.}}{{,}}<ref name="beaune">{{Ouvrage|
{{clr}}
=== Campagnes militaires (avril - décembre 1429) ===
==== Levée du siège d'Orléans ====
{{Article détaillé|Siège d'Orléans (1428-1429)}}
[[Fichier:Siege orleans.jpg|vignette|gauche|redresse=1.2|Le [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]]. Dans cette [[Miniature (enluminure)|miniature]] datant de la fin du {{s-|XV|e}}, l'enlumineur peint une [[Serpentine (artillerie)|serpentine]] [[Anachronisme|anachronique]] ainsi qu'une invraisemblable [[Bastille (forteresse)|bastille]] stylisée {{citation|sous la forme d'une palissade à angles droits.}} Au premier plan, un [[Artillerie|artilleur]] anglais tire sur la ville au moyen d'une grosse [[Bombarde (militaire)|bombarde]]<ref>{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=88}}.</ref>.<br> [[Enluminure]] du manuscrit de [[Martial d'Auvergne]], ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Les Vigiles de {{souverain-|Charles VII}}]]'', Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], vers 1484.]]
[[Fichier:JeandOrleansComtedeDunoisMiniature.jpg|vignette|redresse=0.7|[[Jean de Dunois|Jean, le bâtard d'Orléans]], ''[[Heures de Dunois]]'' ([[détail]]), Londres, [[British Library]], vers 1436.]]
[[Fichier:Plaque-jeanne-darc-loches.jpg|vignette|Plaque apposée à l’entrée de la porte royale du [[château de Loches]], pour commémorer la rencontre entre Jeanne d’Arc et le futur Charles VII en mai 1429, au cours de laquelle elle l'encourage de se rendre à Reims pour y être sacré roi.]]
En {{date-||avril
En partance de [[Blois]] le 27 avril pour [[Orléans]], Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques.
Arrivée à [[Orléans]] le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre [[Jean de Dunois|Jean d'Orléans]], dit « le Bâtard d'Orléans », futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa [[foi]], sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du [[7 mai|7]] au {{date-|8|mai|1429}}.
Elle se rend ensuite au [[château de Loches]] où séjourne le futur Charles VII, pour lui annoncer la délivrance d’Orléans et le presser de poursuivre ses succès pour se faire couronner à Reims. La rencontre a lieu entre le 10 et le 22 mai selon les auteurs{{note|groupe=n|La plaque commémorative apposée à l’entrée du [[Château de Loches]] ne mentionne pas de date précise, tandis que sur la notice de présentation du château figure la date du 22 mai, lire en ligne : [https://www.chateau-loches.fr/decouvrez/personnages/jeanne-darc Jeanne d'Arc.]. Consulté le {{date|29-3-2023}}.}}{{,}}{{sfn|Valérie Toureille|2020|p=184-220|id=Valérie_Toureille_2020_184-220}}{{,}}{{sfn|Bernard Briais|2011|id=Bernard_Briais_2011}}{{,}}<ref>{{article|auteur=Pierre Calmeilles|titre=Vous êtes plutôt Jeanne d’Arc ou Agnès Sorel ?|périodique=[[La Nouvelle République du Centre-Ouest|La Nouvelle République]]|date=26-5-2012|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/loches/vous-etes-plutot-jeanne-d-arc-ou-agnes-sorel |consulté le=29-3-2023}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Chronologie: Jeanne d’Arc Biographie|url=https://www.kronobase.org/chronologie-categorie-Jeanne+d'Arc.html |site=Kronobase.org|consulté le=29-3-2023}}.</ref>{{,}}<ref>Edmond Gautier (greffier à Loches): Histoire du donjon de Loches, Châteauroux, 1881, p.221, lire en ligne sur [[Gallica]] {{lien web|titre= Histoire du donjon de Loches, chapitre VI, p.76|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k378592w/f103.item|site=gallica.bnf|consulté le=29-3-2023}}.</ref>{{,}}<ref>Lire sur Wikisource: {{lien web|auteur=Edmond Gautier|titre=Histoire du donjon de Loches|url=https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_donjon_de_Loches/Chapitre_VI|site=wikisource.org|consulté le=29-3-2023}}.</ref>.
En raison de cette victoire (encore célébrée à Orléans au cours des « [[Fêtes johanniques d'Orléans|Fêtes johanniques]] », chaque année du 29 avril au 8 mai), on la surnomme la « Pucelle d'Orléans », expression apparaissant pour la première fois en 1555 dans l'ouvrage ''Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin'' de [[François de Billon]]<ref>Marie-Véronique Clin, {{opcit}}, {{p.|5}}.</ref>.
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==== Vallée de la Loire et chevauchée vers Reims ====
[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 02.jpg|redresse=1.2|vignette|gauche|alt=Enluminure représentant une femme devant un roi assis sur un trôle. Des soldats sont visibles hors du bâtiment.|Jeanne d'Arc convainc {{souverain2|Charles VII (roi de France)}} et son [[Conseil du roi de France|Conseil]] de poursuivre le [[siège de Troyes]]. Par convention picturale, la composition recourt aux attributs de la fonction royale plutôt qu'au portrait physique réaliste pour individualiser le souverain. L'enlumineur pare symboliquement celui-ci des ''{{langue|lat|[[Regalia du royaume de France|regalia]]}}'', insignes du pouvoir monarchique rituellement arborés lors du [[Sacre des rois de France|sacre]] (couronne, [[sceptre]], manteau [[Fleur de lys|fleurdelisé]] bordé d'hermine), en sus du [[Dais#Dais royal|dais royal]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christiane|nom1=Raynaud|titre=Images et pouvoirs au Moyen Âge|lieu=Paris|éditeur=Le Léopard d'or|année=1993|pages totales=278|isbn=2-86377-117-5|chapitre=La représentation du pouvoir dans le langage iconographique de l'enluminure française au début du {{s-|XV|e}}|passage=216-218|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1995_num_107_209_2462_t1_0092_0000_4}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|prénom1=Emmanuelle|nom1=Santinelli-Foltz|prénom2=Christian-Georges|nom2=Schwentzel|titre chapitre=Introduction. Images et pouvoir monarchique |sous-titre chapitre= représentation de la puissance royale de l'Antiquité au Moyen Âge |auteurs ouvrage=Emmanuelle Santinelli-Foltz et Christian-Georges Schwentzel (dir.)|titre ouvrage=La puissance royale|sous-titre ouvrage=image et pouvoir de l'Antiquité au Moyen Âge|lieu=Rennes|éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]]|collection=Histoire|année=2012|pages totales=258|isbn=978-2-7535-1774-5|passage=16-17|lire en ligne=https://books.openedition.org/pur/126489}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |prénom1=Franck |nom1=Collard |titre chapitre=Des idées politiques aux images du pouvoir |sous-titre chapitre= l'iconographie de la royauté dans le manuscrit des ''Vigiles de la mort de {{souverain-|Charles VII (roi de France)}}'' de Martial d’Auvergne offert à {{souverain-|Charles VIII (roi de France)}} |auteurs ouvrage=Franck Collard, Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia (dir.)|titre ouvrage=Images, pouvoirs et normes |sous-titre ouvrage=exégèse visuelle de la fin du Moyen Âge ({{s mini-|XIII|e}}-{{s-|XV|e}})|lieu=Paris|éditeur=[[Classiques Garnier]]|collection=POLEN – Pouvoirs, lettres, normes |numéro dans collection=8|année= 2018|pages totales=417|isbn=978-2-406-06735-1|passage=97-114}}.</ref>. Enluminure du manuscrit de [[Martial d'Auvergne]], ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Les Vigiles de {{souverain-|Charles VII}}]]'', [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], {{nobr|[[Manuscrit|ms.]] Français 5054}}, {{folio|61|verso}}, vers 1484.]]
[[Fichier:Vigiles misc 03.jpg|
Après la sécurisation de la vallée de la Loire grâce à la [[Bataille de Patay|victoire de Patay]] (où Jeanne d'Arc ne prit pas part aux combats), le {{date-|18|juin|1429}}, remportée face aux Anglais, Jeanne se rend à [[Loches]] et persuade le Dauphin d'aller à [[Reims]] se faire sacrer roi de France.
Pour arriver à Reims, l'équipée doit traverser des villes sous domination bourguignonne, qui n'ont pas de raison d'ouvrir leurs portes, et que personne n'a les moyens de contraindre militairement.
Selon Dunois, {{Lequel|le coup de bluff}} aux portes de Troyes entraîne la soumission de la ville mais aussi de [[Châlons-en-Champagne]] et de [[Reims]]. Dès lors, la traversée est possible.
{{Article détaillé|Campagne de la Loire|Chevauchée vers Reims|Siège de Troyes|Bataille de Patay}}
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==== Reims ====
[[Fichier:Lettre de Jeanne d'Arc - Archives nationales (France) - AB-XIX-3556.jpg|vignette|gauche|
[[
Le {{date-|17|juillet|1429}}, dans la cathédrale de [[Reims]], en présence de Jeanne d'Arc, {{souverain2|Charles VII (roi de France)}} est sacré par l'archevêque [[Regnault de Chartres]]. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, en tant que pair du Royaume, est absent ; Jeanne lui envoie une lettre le jour même du sacre, pour lui demander la paix.
L'effet politique et psychologique de ce sacre est majeur. Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les [[Bourguignons]] et hautement symbolique, il est interprété par beaucoup à l'époque comme le résultat d'une volonté divine. Il légitime
Cette partie de la vie de Jeanne d'Arc constitue communément son "épopée" : ces événements qui fourmillent d'anecdotes où les contemporains voient régulièrement des petits miracles, prouvés par leurs références explicites dans les procès, ont grandement contribué à forger la légende et l'histoire officielle de Jeanne d'Arc. La découverte de l'épée dite de « [[Charles Martel]] » sous l'autel de l'[[Église Sainte-Catherine de Sainte-Catherine-de-Fierbois|église]] de [[Sainte-Catherine-de-Fierbois]] en mars 1429, en est un exemple.
Le mythe de la chef de guerre commandant les armées de {{souverain-|Charles VII}} est un autre exemple de légende. C'est le [[Jean de Lancastre|duc de Bedford]], régent du royaume de France pour les Anglais, qui lui attribue le rôle de chef de guerre de l'[[ost]] du roi envoyé par le diable, pour minimiser la portée de la délivrance d'Orléans et des défaites ultérieures.
Les conseillers du roi se méfiant de son inexpérience et de son prestige, la font tenir à l'écart des décisions militaires essentielles, tandis que le commandement est successivement confié à Dunois, au duc d'Alençon, à [[Charles II d'Albret|Charles d'Albret]] ou au maréchal de Boussac<ref>[[Philippe Contamine]], ''Jeanne D’Arc, femme providentielle'', dans « L'ombre d'un doute », 4 décembre 2011.</ref>.
Les historiens contemporains la considèrent soit comme un [[porte-drapeau|porte-étendard]] qui redonne du cœur aux combattants et aux populations, soit comme un chef de guerre démontrant de réelles compétences [[Tactique militaire|tactiques]]<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « Jeanne d’Arc, ''dux'', chef de guerre. Les points de vue des traités en faveur de la Pucelle », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=189-197}}, {{lire en ligne|url=http://crm.revues.org/732}}.</ref>{{,}}<ref name="Contamine">[[Philippe Contamine]], « Jeanne d’Arc, femme d’armes », ''[[La Fabrique de l'histoire]]'', {{
==== Paris ====
{{Article détaillé|Siège de Paris (1429)}}
Dans la foulée du sacre, Jeanne d'Arc tente de convaincre le roi {{souverain-|Charles VII}} de reprendre [[Paris]] aux [[Bourguignons]] et aux Anglais, mais il hésite. Après s'être arrêtée au [[Château de Monceau (Paris)|château de Monceau]], Jeanne mène une [[Siège de Paris (1429)|attaque sur Paris]] le {{date|8 septembre 1429}}, mais elle est blessée par un [[carreau d'arbalète]] lors de l'attaque de la [[porte Saint-Honoré]]. L'attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au [[La Chapelle (Seine)|village de la Chapelle]].
<gallery mode="packed" heights="
Fichier:Panneau Château de Monceau.jpg|
Fichier:Le siège de Paris en 1429 par Jeanne d'Arc - Martial.jpg|
Fichier:P1260796 Paris Ier rue St-Honore n161-163 rwk.jpg|
Fichier:P1260794 Paris Ier rue St-Honore n161-163 jeanne Arc rwk.jpg|
</gallery>
[[Fichier:Jeanne d'Arc - Les vies des femmes célèbres.jpg|vignette|
Le roi finit par interdire tout nouvel assaut : l'argent et les vivres manquent, et la discorde règne au sein de son conseil. C'est une retraite forcée vers la Loire, l'armée est dissoute. Jeanne repart néanmoins en campagne : désormais elle conduit sa propre troupe et se considère comme une chef de guerre indépendante, elle ne représente plus le roi. Entraîneuse d'hommes, qu'elle sait galvaniser, elle dispose d'une maison militaire avec une écurie de coursiers, un [[écuyer (gentilhomme)|écuyer]] et un [[héraut]]<ref name="Contamine"/>. Ses troupes luttent contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès.
==== Saint-Pierre-le-Moûtier et La Charité-sur-Loire ====
En octobre, Jeanne participe au [[siège de Saint-Pierre-le-Moûtier]] avec l'armée royale. Le {{Date-|4 novembre 1429}}, « la Pucelle » et [[Charles II d'Albret|Charles d'Albret]] s'emparent de [[Saint-Pierre-le-Moûtier]]. Le 23 novembre, ils mettent le siège devant [[La Charité-sur-Loire]] pour en chasser [[Perrinet Gressart]]. Après un mois, le siège est abandonné. Pour Noël, Jeanne
=== Capture par les Bourguignons et vente aux Anglais (1430) ===
{{Article détaillé|Siège de Compiègne}}
{{Article détaillé|Capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons}}
Début 1430, Jeanne est conviée à rester dans le [[Château de Sully-sur-Loire|château]] de [[Georges Ier de La Trémoille|La Trémoille]] à [[Sully-sur-Loire]]. Elle quitte le roi début mai, sans prendre congé, à la tête d'une compagnie de volontaires, et se rend à [[Compiègne]], assiégée par les [[Bourguignons]].
[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 46.jpg|gauche|vignette|redresse=1.2|Les [[Bourguignons]] [[Capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons|capturent Jeanne d'Arc]] lors du [[siège de Compiègne]]. Miniature extraite des ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Vigiles de {{souverain-|Charles VII}}]]'' de [[Martial d'Auvergne]], Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], [[Manuscrit|Ms.]] Français 5054, {{folio|70|recto}}, fin du {{s-|XV|e}}.]]
Le 23 mai 1430, vers 20 heures, Jeanne d'Arc sort de Compiègne à la tête d'un groupe d'hommes et attaque le camp bourguignon. Les Anglais ayant réussi à esquiver l'attaque, les Français voyant le danger et se replient dans Compiègne. Auprès de Jeanne d'Arc, il ne reste plus que quelques hommes dont son frère Pierre d'Arc. La Pucelle tombée de cheval est capturée des capitaines bourguignons, le bâtard de Wandonne et probablement [[Antoine de Bournonville]] lors d'une sortie aux portes de Compiègne le {{date-|23|mai|1430}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Bertrand Schnerb]]|titre=Enguerrand de Bournonville et les siens. Un lignage noble du Boulonnais aux {{s2-|XIV|XV}}|lieu=Paris|éditeur=Presses de l'Université de Paris-Sorbonne|collection=Cultures et civilisations médiévales|numéro dans collection=14|année=1997|pages totales=384|passage=211-212|isbn=2-84050-074-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=F0Guu2QFE1AC&printsec=frontcover}}</ref>.
Prisonnière du seigneur de ces capitaines bourguignons, [[Jean II de Luxembourg-Ligny]], elle est conduite à [[Margny-lès-Compiègne]] où le duc de Bourgogne vint la voir, en personne puis à [[Clairoix]], [[Élincourt-Sainte-Marguerite]] et [[Beaulieu-les-Fontaines]] d'où elle tente de s'échapper, sans succès. Elle est ensuite conduite au château de [[Beaurevoir]], dans le [[Vermandois]] où elle fit une seconde tentative d'évasion. Malgré la hauteur de la muraille, elle sauta et tomba dans les fossés se blessant sérieusement, on la retrouva inanimée. Elle se rétablit.
Conduite à Arras, elle est vendue aux [[Angleterre|Anglais]] le 21 novembre 1430, pour dix mille [[Livre tournois|livres tournois]], payées par les Rouennais<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Lucien-René Delsalle]]|titre=Rouen et les Rouennais au temps de Jeanne d'Arc|éditeur=Éditions des Falaises|année=1982|isbn=}}.</ref>. Détenue au château du [[Le Crotoy|Crotoy]] du 21 novembre au 20 décembre 1430, elle fut remise aux Anglais qui lui firent traverser la [[baie de Somme]] et par [[Saint-Valery-sur-Somme]], elle gagna Rouen, quartier-général des Anglais. Elle est alors mise entre les mains de [[Pierre Cauchon]], évêque de [[Beauvais]] et allié des Anglais qui allait présider son procès.
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[[Fichier:Flickr - Edhral - Rouen 011 Tour-Jeanne-d'Arc.jpg|vignette|
Lors de son procès dans le [[château de Rouen]] (dans la chapelle royale, la salle dite de parement qui faisait partie des appartements royaux et dans la tour-prison lors de séances en comité restreint)<ref>[http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/jeanne/#_Toc514897441 Le procès en condamnation], traduction du R.P. [[Henri Leclercq|Dom H. Leclercq]], 1906.</ref> qui dure du 21 février au {{date-|23|mai|1431}}<ref>Page 176 dans [https://books.google.fr/books?id=TAEbAAAAMAAJ ''Histoire de Normandie''] (1911) d'[[Armand Albert-Petit]].</ref>, Jeanne d'Arc est accusée d'[[hérésie]]. Elle est emprisonnée dans une tour du château de [[Philippe II Auguste|Philippe Auguste]] à [[Rouen]], dite plus tard « tour de la Pucelle » ; seul le donjon de la construction est parvenu jusqu'à nous. Il est appelé à tort « [[tour Jeanne-d'Arc]] », cependant les soubassements de la tour de la Pucelle ont été dégagés au début du {{s-|XX|e}} et sont visibles dans la cour d'une maison sise [[Rue Jeanne-d'Arc (Rouen)|rue Jeanne-d'Arc]]. Jugée par l'Église, Jeanne d'Arc reste néanmoins emprisonnée dans cette prison civile, au mépris du [[droit canonique]].
[[Fichier:Pierre Cauchon-Jeanne Darc manuscript.jpg|vignette|gauche|
L'enquête préliminaire commence en janvier 1431 et Jeanne d'Arc est interrogée sans ménagement à Rouen. Si ses conditions d'emprisonnement sont particulièrement difficiles, Jeanne n'a néanmoins pas été soumise à la [[torture]], bien qu'elle en ait été menacée.
Le procès débute le {{date-|21|février|1431}}. Environ cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris. Leurs membres sont sélectionnés avec soin. Lors du procès de réhabilitation, plusieurs témoignèrent de leur peur. Ainsi, Richard de Grouchet déclare que {{Citation|c'est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès ; nous avions l'intention de déguerpir.}} Pour Jean Massieu, {{Citation|il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur.}}
Une dizaine de personnes sont actives lors du procès, tels [[Jean d'Estivet]], [[Nicolas Midy]] et [[Nicolas Loyseleur]].
Le tribunal lui reproche par défaut de porter [[Travestissement, identité de genre et sexualité de Jeanne d'Arc|des habits d'homme]], d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de « l'Église militante », c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre. Les juges estiment également que ses « voix », auxquelles elle se réfère constamment, sont en fait inspirées par le démon. Soixante-dix chefs d'accusation sont finalement trouvés, le principal étant
Jeanne en appelle au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.
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==== Condamnation et exécution ====
Le tribunal déclare Jeanne d'Arc « [[relaps]]e » (retombée dans ses erreurs passées), la condamne au bûcher et la livre au « bras séculier ». Le {{date-|30|mai|1431}}, après s'être confessée et avoir communié, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite vers neuf heures, sous escorte anglaise, dans la charrette du [[bourreau]] [[Geoffroy Thérage]], [[place du Vieux-Marché]] à [[Rouen]] où l'on a dressé trois estrades : la première, pour le [[Henri Beaufort (cardinal)|cardinal de Winchester]] et ses invités, la seconde pour les membres du tribunal civil représenté par le bailli de Rouen Raoul le Bouteiller ; la troisième, pour Jeanne et le prédicateur Nicolas Midi, docteur en théologie.
[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 10.jpg|upright=1.2|vignette|droite|
Après le prêche et la lecture de sa sentence, les soldats conduisent Jeanne d'Arc au bûcher dressé en hauteur<ref>Le bourreau Thérage invoquera plus tard le prétexte de cette hauteur pour expliquer qu'il ne l'avait pas étranglée, pratique fréquente sur les femmes condamnées consistant pour le bourreau, masqué par la fumée, à asphyxier la victime avec une discrète cordelette nouée préalablement autour de son cou, ce qui abrégeait ses souffrances.</ref> sur une estrade maçonnée<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur=Henri Wallon |titre=Jeanne d'Arc |url=http://www.stejeannedarc.net/histoire_wallon/wallon_X-2.php |site=stejeannedarc.net|consulté le=25 juillet 2020}}.</ref> pour qu'elle soit bien vue{{sfn|Bouzy|2008|p=146}}. Le supplice de Jeanne suscite de nombreux témoignages de mythographes qui prétendent que sur le bûcher, un écriteau décrivant ses péchés masquait Jeanne, ou que Jeanne était coiffée de la [[mitre d'infamie]] qui dissimulait son visage. Ces témoignages donnent naissance quelques années plus tard<ref>Le ''[[Journal d'un bourgeois de Paris]]'' relaye cette rumeur en 1440, époque où se manifeste l'imposteur [[Jeanne des Armoises]].</ref> à la [[Rumeur de survie|légende survivantiste]] selon laquelle Jeanne aurait survécu au bûcher grâce à la substitution d'une autre condamnée{{sfn|Beaune|2008|p=121}}.
Le cardinal de Winchester a insisté pour qu'il ne restât rien de son corps. Il désire éviter tout culte posthume de la « pucelle ». Il a donc ordonné trois crémations successives. La première voit mourir Jeanne d'Arc par intoxication par les gaz toxiques issus de la combustion, dont notamment le [[monoxyde de carbone]]. Le bourreau écarte les [[fagot]]s, à la demande des Anglais qui craignent qu’on ne dise qu’elle s’est évadée, pour que le public puisse voir que le cadavre déshabillé par les flammes est bien celui de Jeanne.
La seconde crémation dure plusieurs heures et fait exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont des morceaux sont projetés sur le public en contrebas
=== Procès en nullité de la condamnation ===
[[Fichier:Isabelle
Peu après avoir repris Rouen, {{souverain-|Charles VII}} publie, le {{date-|15|février|1450}}, une ordonnance disant que {{citation|les ennemis de Jeanne l'ayant fait mourir contre raison et très cruellement}}, il veut savoir la vérité sur cette affaire<ref>{{
Le pape a ordonné à [[Thomas Basin]], évêque de Lisieux et conseiller de {{souverain-|Charles VII}}, d'étudier en profondeur les actes du procès de Jeanne d'Arc. Son mémoire est la condition juridique du procès en réhabilitation. Celui-ci aboutit à casser le premier jugement pour {{Citation|corruption, dol, calomnie, fraude et malice}} grâce au travail de [[Jean Bréhal]], qui enregistre les dépositions de nombreux contemporains de Jeanne, dont les notaires du premier procès et certains juges.
Le jugement, prononcé le {{date-|7|juillet|1456}}, déclare le premier procès et ses conclusions {{Citation|nuls, non avenus, sans valeur ni effet}} et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille<ref name="SourceSentence">Voir sur Wikisource la [[:s:Sentence de réhabilitation de Jehanne la Pucelle|Sentence de réhabilitation de Jehanne la Pucelle]] ({{date|7 juillet 1456}}).</ref>. Il ordonne également l'{{Citation|apposition [d'une] croix honnête pour la perpétuelle mémoire de la défunte}} au lieu même où Jeanne est morte<ref name="SourceSentence" />. La plupart des juges du premier procès, dont l'évêque Cauchon, sont morts entre-temps.
[[famille d'Ourches|Aubert d'Ourches]], ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, comparaît à [[Toul]]<ref name=AO/> comme vingt-huitième témoin, voici sa déposition du {{date-|14 février 1456}} lors de la neuvième séance : {{Citation bloc|La Pucelle me parut être imbue des meilleures mœurs. Je voudrais bien avoir une fille aussi bonne… Elle parlait moult bien<ref name=AO>[http://www.stejeannedarc.net/rehabilitation/dep_albert_d_ourches.php Déposition d'Aubert d'Ourches.]</ref>.}}
== Jeanne d'Arc et son époque : enjeux et problèmes ==
{{section à sourcer|date=décembre 2016}}
=== Problèmes des sources historiques ===
[[Fichier:Jeanne d'Arc - Martin le Franc - le champion des dames.jpg|vignette|gauche|
Les deux sources principales sur l'histoire de Jeanne d'Arc sont le procès de la condamnation de 1431, et le procès en nullité de la condamnation de 1455-1456. Le procès-verbal, l’''instrumentum publicum''<ref>Copié en six exemplaires, deux existent encore à la [[Bibliothèque nationale de France]] et un à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée Nationale]].</ref>, est rédigé quelques années plus tard sous le contrôle du principal greffier Guillaume Manchon par [[Thomas de Courcelles]]<ref>{{Article|prénom1=Pierre|nom1=Marot|lien auteur1=Pierre Marot|titre=La minute française du procès de Jeanne d'Arc|périodique=Revue d'histoire de l'Église de France|date=1953|volume=39|numéro=133|pages=225-237|url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1953_num_39_133_3146}}.</ref>. Étant des actes juridiques, elles ont l'immense avantage d'être les retranscriptions les plus fidèles des dépositions. Mais elles ne sont pas les seules : des notices, des chroniques ont également été rédigées de son vivant, telle que la ''Geste des nobles François'', la ''Chronique de la Pucelle'', la ''Chronique'' de [[Perceval de Cagny]], la Chronique de [[Enguerrand de Monstrelet|Monstrelet]] ou encore le ''Journal du siège d'Orléans et du voyage de Reims'', le ''Ditié de Jeanne d'Arc'' de [[Christine de Pizan]], le traité de [[Jean de Gerson]]. Il faut ajouter également les rapports des diplomates et autres informateurs (écrits de [[Jacques Gélu]] à {{souverain-|Charles VII}}, registres du [[greffier]] du [[Parlement de Paris]] Clément de Fauquembergue).
C'est [[Jules Quicherat]] qui rassemblera de manière quasi exhaustive, en cinq volumes, l'historiographie johannique entre 1841 et 1849. Entre le {{s-|XV|e}} et le {{s-|XIX|e}}, une foule d'écrivains, de politiciens, de religieux se sont approprié Jeanne d'Arc, et leurs écrits sont nombreux. Il faut donc être prudent dans la lecture des sources : peu lui sont contemporaines et elles réinterprètent souvent les sources originelles dans le contexte de leur interprète.
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Aucune source ne permet de déterminer exactement les origines de Jeanne d'Arc, ni ses dates et lieu de naissance : les témoignages d'époque sont imprécis, Domrémy ne possédait pas<ref>Comme nous l'apprend le procès en nullité, cf. [[Colette Beaune]], {{opcit}}, {{p.|27}}.</ref> de [[registre paroissial]], et les discussions restent nombreuses sur ces points, néanmoins sa biographie peut s'établir à partir des réponses de Jeanne d'Arc aux questions des juges à son premier procès de condamnation sur son éducation religieuse et ses occupations ainsi que les souvenirs des habitants de Domrémy qui veulent convaincre les juges du procès en réhabilitation de sa piété et sa bonne renommée<ref name="Kervran">« De Jeannette de Domrémy à Jeanne d’Arc », documentaire de Perrine Kervran et Veronique Samouiloff avec Olivier Bouzy, Magali Delavenne, Jean Luc Demandre, Catherine Guyon, ''[[La Fabrique de l'histoire]]'', 31 janvier 2012.</ref>.
L'anoblissement accordé à Jeanne d'Arc par le roi {{souverain-|Charles VII}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Olivier|nom1=Bouzy|lien auteur1=Olivier Bouzy|titre=À propos de la date de l'anoblissement de Jeanne d'Arc |périodique=Connaissance de Jeanne d'Arc|numéro=27|mois=janvier|année=1998|lieu=Chinon|pages=36-41|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316805/f39.item}}.</ref>{{,}}<ref>Voir sur Wikisource les [[:s:Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille|Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille]].</ref> pose un autre problème. Il ne reste en effet aucune charte originale pour l'attester, mais uniquement des documents attestant de cet anoblissement rédigés postérieurement. Ces documents dont nous ne savons s'ils sont faux ou déforment une partie de la vérité historique font apparaître que Jeanne d'Arc avait été anoblie par {{souverain-|Charles VII}} et avec elle ses parents, comme il était d'usage pour asseoir la filiation nobiliaire sans contestation, et par conséquent la filiation présente et à venir de ses frères et sœur.
En 1614, sous {{Louis XIII}}, la descendance fort nombreuse de la [[famille d'Arc]] montra qu'elle s'établissait uniquement vers la roture, et le roi leur retira leur titre de noblesse.{{Référence nécessaire}} Par ailleurs, le trésor y gagna de nombreuses pensions, car chaque membre de la lignée pouvait prétendre à indemnisation de la part du trésor pour le sacrifice de Jeanne d'Arc.
Une des copies de la charte d'anoblissement qui nous est parvenue dit que le roi {{souverain-|Charles VII}} la fit 'Jeanne, dame du Lys', sans lui concéder un pouce de terre, ni à elle ni à ses frères et sœur, ce qui était contraire à l'usage de l'anoblissement, car le titre visait à asseoir la propriété de façon héréditaire. En d'autres termes, la faisant dame du Lys, le roi {{souverain-|Charles VII}} la liait au royaume et à la nation, mais puisqu'elle s'était vouée à la chasteté et à la pauvreté, il ne lui allouait aucun bénéfice terrestre, injustice qui privait du même coup sa parentèle de la possibilité d'user convenablement de cet anoblissement, puisqu'elle demeurait sans possibilité de s'élever dans la société nobiliaire. Les d'Arc restèrent des roturiers par la force des choses.
* [[:s:Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille|Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille]] (sur Wikisource)
==== Iconographie ====
[[Fichier:Joan parliament of paris.jpg|vignette|Croquis imaginaire de Jeanne d'Arc par Clément de Fauquembergue, 1429.]]
Aucun portrait d'après nature de Jeanne d'Arc n'est parvenu jusqu'à nous<ref name="Dictionnaire 2012 p.767"/>. Cela inspira une formule marquante à [[André Malraux]], [[Liste des ministres français de la Culture et de la Communication|ministre d'État chargé des Affaires culturelles]], lors d'un discours tenu à Orléans le {{date-|8 mai 1961}}, puis repris à Rouen le {{date-|31 mai 1964}} : {{citation|Ô Jeanne, sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants.}} Depuis, cette citation figure gravée sur un « mur du souvenir » inauguré à Rouen le {{date-|27 mai 1979}} à l'occasion de la rénovation de la [[place du Vieux-Marché]] où Jeanne fut brûlée<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Marie|nom1=Geffray|titre chapitre=« Commémoration de la mort de Jeanne d'Arc » (discours du {{date-|31 mai 1964}})|auteurs ouvrage=Charles-Louis Foulon, Janine Mossuz-Lavau et Michaël de Saint-Cheron (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire André Malraux|lieu=Paris|éditeur=[[CNRS Éditions]]|année=2011|pages totales={{XII}}-888|isbn=978-2-271-06902-3}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Chaline|titre=Rouen et Jeanne d'Arc|sous-titre=un siècle d'hommages|lieu=Rouen|éditeur=Société de l'histoire de Normandie|année=2012|pages totales=120|passage=93-94 ; 100|isbn=2-85351-017-4|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_2012_num_61_1_1869_t1_0115_0000_3}}.</ref>.
La seule représentation contemporaine connue de Jeanne d'Arc est esquissée à la plume en marge d'un registre par Clément de Fauquembergue, le {{date-|10|mai|1429}}<ref>{{Ouvrage |titre=Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris, 1417-1435 |sous-titre=texte complet, publié pour la Société de l'histoire de France par Alexandre Tuetey avec la collaboration de Henri Lacaille |tome={{II}} |titre volume=1421-1430 |lieu=Paris |éditeur=Librairie Renouard |année=1909 |pages totales=372 |passage=306-308 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1911_num_72_1_460967_t1_0330_0000_001 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94501h/f314.image}}.</ref>. Chanoine du [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|chapitre cathédral de Paris]], il exerce également les fonctions de [[greffier]] au [[parlement de Paris]], [[cour souveraine]] rendant alors la justice au nom de la [[double monarchie franco-anglaise]]. Chargé notamment de la tenue des registres dits du conseil{{note|groupe=n|Les registres dits du conseil transcrivent les délibérations des jours de conseil du parlement de Paris, à distinguer des registres dits de plaidoirie, consacrés aux audiences publiques des jours de [[plaidoirie]]s<ref name="Hélary p.136-137" />.}}, Fauquembergue y consigne en latin les [[Arrêt (droit)|arrêts]] du parlement ainsi que des détails de procédure et divers événements publics, des naissances princières aux nouvelles militaires, dont la levée du [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]] qu'il relate de manière édulcorée, en esquissant également un croquis de Jeanne d'Arc telle qu'il se l'imagine<ref name="Hélary p.136-137"/>. N'ayant jamais vu la Pucelle, le greffier la dessine par ouï-dire<ref name="Toureille p.221">{{harvsp|Toureille|2020|p=221}}.</ref>, sans prétendre au portrait physique réaliste. Ce croquis [[Allégorie|allégorique]] d'une femme en armes évoque probablement des figures disparates comme [[Livre de Judith|Judith]], [[Débora]], les [[sybille]]s et les [[amazones]]<ref name="Bouzy 2012 p.7">{{Chapitre |prénom1=Olivier|nom1=Bouzy|lien auteur1=Olivier Bouzy |titre chapitre=Introduction|auteurs ouvrage= Olivier Bouzy et Laurent Mazuy (dir.)|titre ouvrage=Jeanne d'Arc |sous-titre ouvrage=une image à l'épreuve du temps |lieu=Orléans|éditeur=Musée des beaux-arts d'Orléans|année= 2012|pages totales=112 |isbn=978-2-910173-40-1 |passage=7}}.</ref>{{,}}<ref name="Dictionnaire 2012 p.767">[[Olivier Bouzy]], « Iconographie contemporaine de Jeanne d'Arc », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=767}}.</ref>. L'image peut également renvoyer à la représentation d'une indécente<ref name="Toureille p.221"/> « fille à soldats » accoutrée d'une robe féminine décolletée et dotée d'une poitrine généreuse, à l'image des rumeurs anglo-[[Bourguignons|bourguignonnes]] relatives à une orgueilleuse ribaude usurpant le rôle d'un chevalier. {{nobr|Nu-tête}} et « décoiffée » sans [[Chaperon (couvre-chef)|chaperon protecteur]]<ref>{{harvsp|Gauvard|2022|p=139-141}}.</ref>, ses cheveux longs dénoués caractérisent la prostituée ou la prophétesse, femmes hors de l'ordre social médiéval. À ces attributs féminins symboliques<ref name="Bouzy 2012 p.7"/>, pourtant délaissés par la Pucelle qui portait l'habit masculin et la [[Coupe au bol|coupe en sébile]]<ref>{{Article|prénom1= Françoise|nom1= Michaud-Fréjaville|titre= Un habit « déshonnête »|sous-titre= réflexions sur Jeanne d'Arc et l'habit d'homme à la lumière de l'histoire du genre|périodique= [[Francia (revue)|Francia]]|lieu= [[Ostfildern]]|éditeur= Jan Thorbecke Verlag|volume= 34/1|année= 2007|pages= 177 ; 179|isbn= 978-3-7995-8123-3 |lire en ligne= https://journals.ub.uni-heidelberg.de/index.php/fr/article/view/45031}}.</ref>, Fauquembergue ajoute une épée et un étendard à deux queues arborant les initiales « [[IHS (religion)|JHS]] » (« [[Jésus-Christ|Jhesu]] »)<ref>[[Olivier Bouzy]], « Étendard », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=694}}.</ref>, détails puisés dans les échos de la levée du siège d'Orléans<ref>{{Chapitre|prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre chapitre=Signe, miracle, merveille. Réactions contemporaines au phénomène Jeanne d'Arc |titre ouvrage= Miracles, prodiges et merveilles au Moyen Âge |sous-titre ouvrage= {{XXVe}} Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, Orléans, 1994 |éditeur=Publications de la Sorbonne |collection=Série Histoire ancienne et médiévale |numéro dans collection=34 |lieu=Paris |année= 1995 |pages totales=330 |isbn=2-85944-270-7 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1995_act_25_1_1660|passage=235}}.</ref> parvenus jusqu'à Paris<ref name="Hélary p.136-137">[[Xavier Hélary]], « La levée du siège d'Orléans ({{date-|8 mai 1429}}) », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=136-137}}.</ref>{{,}}<ref>[[Olivier Bouzy]], « Observations sur les sources de l'histoire de Jeanne d'Arc écrites jusqu'à sa capture ({{date-|23 mai 1430}}) », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=1063}}.</ref>.
Durant l'Ancien Régime, Jeanne d'Arc est fréquemment figurée à l'imitation du [[Jeanne d'Arc, portrait des échevins|portrait dit ''des échevins'']] (1581), conservé au [[musée historique et archéologique de l'Orléanais]]. L'héroïne y arbore une longue chevelure, un large béret à cinq plumes ainsi qu'une robe décolletée avec des [[Manche (vêtement)|manches]] à crevés correspondant à la mode du règne de {{souverain2|François Ier (roi de France)}}. Cette curieuse représentation anachronique d'une {{citation|guerrière en costume de cour}} définit un type abondamment reproduit depuis le {{s-|XVI|e}} jusqu'au premier tiers du {{s-|XIX|e}}<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « Jeanne aux panaches romantiques », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=259-272}}, {{lire en ligne|url=https://journals.openedition.org/crm/738}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|prénom1=François |nom1=Pupil |titre chapitre=Une image envahissante|auteurs ouvrage=Philippe Martin (dir.)|titre ouvrage=Jeanne d'Arc|sous-titre ouvrage=les métamorphoses d'une héroïne|lieu= Nancy|éditeur=Éditions Place Stanislas|année= 2009|pages totales= 177|isbn= 978-2-35578-035-6|passage=46-59}}.</ref>.
Or, en 1837, sous la [[monarchie de Juillet]], la princesse [[Marie d'Orléans (1813-1839)|Marie d'Orléans]] sculpte une Pucelle en armure, la chevelure mi-longue, dans une attitude de prière intériorisée. Cette statue opère une révolution iconographique dont la modernité tranche avec une {{citation|tradition vieille de deux siècles et demi}} perpétuée par toutes les images dérivées du « portrait des échevins »<ref>Françoise Michaud-Fréjaville, « Jeanne aux panaches romantiques », dans {{harvsp|Michaud-Fréjaville|2005|p=271-272}}, {{lire en ligne|url=https://journals.openedition.org/crm/738}}.</ref>.
Par ailleurs, une [[lettrine historiée]], dite de ''Jeanne d'Arc à l'étendard'', est reproduite sur les couvertures de plusieurs ouvrages consacrés à la Pucelle. Prétendument peinte au {{s-|XV}}, l'image constitue vraisemblablement un [[Faux (art)|faux]] commis au [[Tournant du siècle|tournant]] des {{s2-|XIX|XX}} par l'[[Alsace|Alsacien]] Georges Spetz (1844-1914), peintre originaire d'[[Issenheim]]<ref>{{Article |prénom1=Philippe |nom1=Contamine |lien auteur1=Philippe Contamine |titre=Remarques critiques sur les étendards de Jeanne d’Arc |périodique=[[Francia (revue)|Francia]]|lieu=[[Ostfildern]] |éditeur=Jan Thorbecke Verlag |numéro=34/1 |issn=0937-7735 |année= 2007|pages=199-200|doi=10.11588/fr.2007.1.45032|lire en ligne=https://journals.ub.uni-heidelberg.de/index.php/fr/article/view/45032}}.</ref>{{,}}<ref>Olivier Bouzy, « Remarques sur la tapisserie d'Azeglio », Centre Jeanne d'Arc, {{date-|10 avril 2019}}.</ref>.
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Fichier:Jeanne d'Arc, Portrait des échevins.jpg|[[Jeanne d'Arc, portrait des échevins|Portrait dit ''des échevins'']], 1581, [[musée historique et archéologique de l'Orléanais]].
Fichier:Jeanne d'Arc par Marie d'Orléans 1837.jpg|''Jeanne d'Arc en prière'', sculpture de la princesse [[Marie d'Orléans (1813-1839)|Marie d'Orléans]], 1837, [[château de Versailles]].
Fichier:Auguste Vinchon - Louis-Philippe et la statue de Jeanne d'Arc à Versailles.jpg|''Le roi Louis-Philippe et la famille d'Orléans visitent la statue de Jeanne d'Arc dans les galeries de Versailles'', toile d'[[Auguste Vinchon]], 1848.
Fichier:Joan of Arc miniature graded.jpg|[[Lettrine historiée]] dite de ''Jeanne d'Arc à l'étendard'', [[Faux (art)|faux]] commis au [[Tournant du siècle|tournant]] des {{s2-|XIX|XX}}, Paris, [[Archives nationales (France)|Archives nationales]].
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=== Jeanne d'Arc et ses contemporains ===
[[Fichier:Adrien Harmand - armure de Jeanne d'Arc.jpg|vignette|Jeanne d'Arc portant son armure, essai de reconstitution d'Adrien Harmand, 1929.]]
Jeanne d'Arc est très populaire de son vivant, la chevauchée vers Reims la fait connaître également à l'étranger. Son parcours nourrit d'innombrables rumeurs en France, et même au-delà<ref>Olivier Hanne, « Légende et rumeur publique du vivant de Jeanne d'Arc », ''Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans'', vol. 3, 2013, {{p.|68-75}} {{Lire en ligne|url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00995823}}.</ref>. Elle commence à recevoir des courriers sur des questionnements théologiques venant de nombreuses contrées. On lui demandera son avis sur lequel des papes, alors [[Grand schisme d'Occident|en concurrence]], est le vrai. Jeanne se rapproche des [[ordre mendiant|ordres mendiants]]. En tant que [[prédication|prédicatrice]] elle se disait envoyée de Dieu, comme de nombreux autres à l'époque. Même si l'objet principal de la mission qu'elle disait se donner est la restauration du trône de France, Jeanne d'Arc prend parti de fait sur le plan théologique et fait débat. Les conflits d'intérêts autour d'elle dépassent la rivalité politique entre les Anglais et les partisans du dauphin.
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Pour l'éminente autorité religieuse qu'est alors la Sorbonne, le comportement religieux de Jeanne dépasse l'enjeu de reconquête du Royaume, et les docteurs en théologie de cette institution la considèrent comme une menace contre leur autorité, notamment à cause du soutien des rivaux de l'université à Jeanne, et pour ce qu'elle représente dans les luttes d'influence à l'intérieur de l'Église.
Jeanne n'a pas eu non plus que des amis à la Cour du Dauphin. Au Conseil du Dauphin, le parti du favori [[Georges Ier de La Trémoille|La
À la suite de la venue à Périgueux du Frère dominicain Hélie Bodant venu prêcher à tout le peuple les grands miracles accomplis par Jeanne d'Arc, les consuls de la ville ont fait célébrer une messe chantée le 13 décembre 1429 pour remercier Dieu et attirer Ses grâces sur elle<ref>[[Michel Hardy]], La mission de Jeanne d'Arc prêchée à Périgueux en 1429, dans ''Bulletin de la [[Société historique et archéologique du Périgord]]'', 1887, tome 14, {{p.|50-55}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k34219h/f50.image (''lire en ligne'')]</ref>. [[Hélie de Bourdeilles]], [[Liste des évêques de Périgueux|évêque de Périgueux]], a écrit un long mémoire, ''Considération sur la Pucelle de France'', pour obtenir la réhabilitation de Jeanne d'Arc, en 1453/1454.
=== Son rôle dans la guerre de Cent Ans ===
[[Fichier:Charles VII - BNF Clairambault 633.jpg|gauche|vignette|upright|Portrait de {{souverain2|Charles VII (roi de France)}} en prière, d'après une peinture de [[Jean Fouquet]]<br />(collection [[François Roger de Gaignières|Roger de Gaignières]], Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], {{s-|XVI|e}}).]]
[[Fichier:Lenepveu, Jeanne d'Arc au siège d'Orléans.jpg|vignette|''Jeanne au [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]]''<br> [[Jules Lenepveu]], vers 1886-1890. [[Panthéon (Paris)|Panthéon de Paris]].]]
[[Fichier:La guerre de 100 ans (de 1415 à 1453).svg|vignette|redresse=1.4|Batailles et opérations majeures en France entre 1415 et 1453.]]
[[Fichier:Cathédrale de Strasbourg chapelle Ste Catherine statue de Jeanne d’Arc-4.jpg|vignette|upright|Représentation de Jeanne d'Arc portant armure et coupe en [[sébile]] (1937)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Daniel Couty|auteur2=Jean Maurice|titre=Images de Jeanne d'Arc|éditeur=Presses universitaires de France|année=2000|passage=229|isbn=}}.</ref>, [[cathédrale Notre-Dame de Strasbourg]].]]
Jeanne d'Arc, à elle seule, n'a pas
Sur le plan [[géopolitique]], le royaume de France, privé de tout ce qui était situé au nord de la Loire et à l'ouest de l'Anjou-Auvergne, bénéficiait de ressources humaines et matérielles à peu près identiques à celles de l'Angleterre, proprement dite, qui était moins peuplée. Mais l'Angleterre tirait de ses possessions (selon les Anglais), de ses conquêtes (selon les Français), du Nord et de l'Ouest du royaume de France, des ressources (en hommes et en impôts) largement supérieures à celle du roi de Bourges, {{souverain-|Charles VII}}. De plus, l'Angleterre était à l'aise pour mobiliser ses ressources continentales, car les Anglais connaissaient parfaitement tout le Grand Ouest de la France, lequel était leur domaine avant confiscation par Philippe Auguste un siècle plus tôt. Les Anglais n'ont jamais eu de difficulté pour lever des troupes et des fonds. La
Cependant, avant l'intervention de Jeanne d'Arc, les Anglais bénéficiaient d'un avantage psychologique extrêmement important lié à plusieurs raisons :
# la réputation d'invincibilité de leurs troupes ;
# le [[traité de Troyes]] qui déshéritait le dauphin Charles et mettait en doute sa filiation à l'égard du roi {{souverain-|Charles VI}} ;
# un état d'abattement et de résignation de la population ;
# l'alliance avec la Bourgogne.
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L'avantage numérique du royaume de France pesait peu. Cette situation faisait qu'en 1429 la dynamique était anglaise.
Jeanne a eu indéniablement le mérite d'inverser l'ascendant psychologique en faveur de la France, en remontant le moral des armées et des populations, en légitimant et sacrant le roi, et en montrant que la réputation d'invincibilité des Anglais était fausse. {{souverain-|Charles VII}} a eu, lui, l'initiative de se raccommoder avec les Bourguignons, étape indispensable pour la reconquête de Paris. Jeanne d'Arc visiblement ne portait pas les Bourguignons dans son cœur à cause de leur proximité avec son village de Domrémy et des heurts qu'il avait pu y avoir.
Le pape
{{Citation bloc|… Ainsi mourut Jeanne, l'admirable, la stupéfiante Vierge. C'est elle qui releva le royaume des Français abattu et presque désespéré, elle qui infligea aux Anglais tant et de si grandes défaites. À la tête des guerriers, elle garda au milieu des armées une pureté sans tache, sans que le moindre soupçon ait jamais effleuré sa vertu. Était-ce œuvre divine ? était-ce stratagème humain ? Il me serait difficile de l'affirmer. Quelques-uns pensent, que durant les prospérités des Anglais, les grands de France étant divisés entre eux, sans vouloir accepter la conduite de l'un des leurs, l'un d'eux mieux avisé aura imaginé cet artifice, de produire une Vierge divinement envoyée, et à ce titre réclamant la conduite des affaires ; il n'est pas un homme qui n'accepte d'avoir Dieu pour chef ; c'est ainsi que la direction de la guerre et le commandement militaire ont été remis à la Pucelle. Ce qui est de toute notoriété, c'est que, sous le commandement de la Pucelle, le siège d'Orléans a été levé ; c'est que par ses armes a été soumis tout le pays entre Bourges et Paris ; c'est que, par son conseil, les habitants de Reims sont revenus à l'obéissance et le couronnement s'est effectué parmi eux ; c'est que, par l'impétuosité de son attaque, Talbot a été mis en fuite et son armée taillée en pièces ; par son audace le feu a été mis à une porte de Paris ; par sa pénétration et son habileté les affaires des Français ont été solidement reconstituées. Événements dignes de mémoire, encore que, dans la postérité, ils doivent exciter plus d'admiration qu'ils ne trouveront de créance.}}(''Mémoires du pape {{souverain2|Pie II}}'', citées en latin par Quicherat en 1847, traduites en français par le [[Jean-Baptiste-Joseph Ayroles|père Ayroles]] en 1898).
=== L'enjeu de sa virginité ===
L'opinion de cette époque était en effet formée à ces miracles où la Vierge et les saints venaient délivrer les prisonniers ou sauver des royaumes, comme le prophétisaient [[Merlin]]<ref>Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, [http://web.archive.org/web/20140117033856/http://bibliotheque-numerique.bibliotheque-agglo-stomer.fr/jeanne-darc/ Jeanne d’Arc et les Prophéties de Merlin].</ref>{{,}}<ref>{{Article |prénom1=Catherine |nom1=Daniel |titre=L'audience des prophéties de Merlin |sous-titre= entre rumeurs populaires et textes savants |périodique=[[Médiévales (revue)|Médiévales]] |numéro=57 |titre numéro=Langages politiques, {{sp-|XII|e|-|XV|e}} |date=automne 2009 |pages=42-46 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/medievales/5800}}.</ref>, [[Brigitte de Suède]] ou la [[Marie Robine|recluse d'Avignon]]
Il est en revanche difficile de savoir ce qui s'est passé entre le jugement et le constat de « relapse », période où Jeanne a été durement maltraitée
=== Les autres pucelles ===
==== Jeanne des Armoises et Jeanne de Sermaises ====
[[Fichier:Stilke Hermann Anton - Joan of Arc's Death at the Stake.jpg|vignette|Jeanne au bûcher de [[Hermann Anton Stilke]]. Représentation erronée : elle était enfermée à l'intérieur du bûcher (seuls son buste et sa tête émergeant), sur un échafaud de plâtre surélevé<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Ragon]]|titre=L'Espace de la mort|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=1981|passage=157|isbn=}}.</ref>. D'après les rares renseignements parvenus dans la capitale, le [[greffier]] du [[parlement de Paris]] Clément de Fauquembergue « pense que la Pucelle avait sur la tête une mitre où était écrit : « hérétique, relapse, apostate, idolâtre », parce que c'était l'usage. Aucun des témoins de l'exécution à Rouen ne l'a vue, ni n'en parle{{sfn|Beaune|2008|p=86}} ».]]
Plusieurs femmes se présentèrent comme étant Jeanne d'Arc affirmant avoir échappé aux flammes. Pour la plupart, leur [[imposture]] fut rapidement décelée, mais deux d'entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu'elles étaient réellement Jeanne d'Arc : il s'agit de [[Jeanne des Armoises]] et de [[Jeanne de Sermaises]].
D'après une source tardive (trouvée en 1645 à [[Metz]] par un prêtre de l'oratoire, le père Jérôme Viguier, et publiée en 1683 par son frère Benjamin Viguier), ''La Chronique du doyen de Saint-Thiébaud'', Claude, dite Jeanne des Armoises, apparut pour la première fois le {{Date-|20 mai 1436}} à Metz où elle rencontra les deux frères de Jeanne d'Arc, qui la reconnurent pour leur sœur.
Il semble impossible d'affirmer s'ils crurent vraiment qu'elle fut leur sœur ou non. La belle-sœur de son mari Alarde de Chamblay devenue veuve, s'était remariée en 1425 avec Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Claude-Jeanne guerroya avec les frères d'Arc et Dunois dans le Sud-Ouest de la France et en Espagne. En juillet 1439, elle passa par Orléans, les comptes de la ville mentionnent pour le {{1er}} août : {{Citation|À Jehanne d'Armoise pour don à elle fait, par délibération faite avec le conseil de ville et pour le bien qu'elle a fait à ladite ville pendant le siège IICX lp}}, soit {{nombre|210|livres parisis}}. Elle mourut vers 1446 sans descendance.
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==== Les « consœurs » ====
Jeanne d'Arc n'est pas un cas unique, bien qu'on fasse à l'époque plus confiance à des enfants ayant des visions qu'à des hommes ou à des femmes prophètes (les prophétesses sont des ''mulierculae'', « petites bonnes femmes », dans le traité ''De probatione spirituum'' de 1415 de [[Jean de Gerson]], théologien qui déconsidère notamment [[Brigitte de Suède]] et [[Catherine de Sienne]] et qui met au point des procédures d'authentification des vraies prophétesses, car désormais seule l'Église a le jugement d'autorité en matière de visions, d'apparitions et de prophéties)<ref name="Vauchez">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[André Vauchez (historien)|André Vauchez]]|titre=Prophètes et prophétisme|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2012|pages totales=496|isbn=978-2-02-102820-1}}.</ref>.
En 1391, le [[collège de Sorbonne]] et en 1413 l'[[Ancienne université de Paris|université de Paris]] publient une affiche appelant tous ceux qui ont des visions et se croyant appelés à sauver la France à leur communiquer leurs prophéties, les vrais prophètes selon les critères de l'époque devant être humbles, discrets, patients, charitables et avoir l'amour de Dieu<ref>[[Gerd Krumeich]], ''Histoire de Jeanne d'Arc'', ''[[La Fabrique de l'histoire]]'', 30 janvier 2012.</ref>. Le ''[[Journal d'un bourgeois de Paris]]'' rapporte un sermon entendu le {{date|4 juillet 1431}} faisant référence à trois autres femmes :
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{{Citation bloc|Encore dist il en son sermon qu'ilz estoient IIII, dont les III avoit esté prinses, c'est assavoir ceste Pucelle, et [[Piéronne la Bretonne|Perronne]] et sa compaigne, et une qui est avec les Arminalx ([[Armagnacs]]), nommée [[Katherine de La Rochelle]] ; … et disoit que toutes ces quatre pouvres femme frère Richart le cordelier […] les avoit toute ainsi gouvernées ; […] et que le jour de Noel, en la ville de Jarguiau ([[Jargeau]]), il bailla à ceste dame Jehanne la Pucelle trois foys le corps de Nostre Seigneur […] ; et l'avoit baillé à Peronne, celui jour, deux fois […]}}
De ces trois autres femmes, le même Bourgeois de Paris relate l'exécution de [[Piéronne la Bretonne|Piéronne]], qui « estoit de Bretaigne bretonnant » et fut brûlée sur le parvis de Notre-Dame le 3 septembre 1430. Et s'il ne la nomme pas, le ''[[
Interrogée au sujet de [[Katherine de La Rochelle]] lors de son procès, Jeanne d'Arc déclara l'avoir rencontrée et lui avoir répondu {{Citation|qu'elle retournât à son mari, faire son ménage et nourrir ses enfants}}. Elle ajouta : {{Citation|Et pour en savoir la certitude, j'en parlai à sainte Marguerite ou sainte Catherine, qui me dirent que du fait de cette Catherine n'était que folie, et que c'était tout néant. J'écrivis à mon Roi que je lui dirais ce qu'il en devait faire ; et quand je vins à lui, je lui dis que c'était folie et tout néant du fait de Catherine. Toutefois frère Richard voulait qu'on la mît en œuvre. Et ont été très mal contents de moi frère Richard et ladite Catherine.}}
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== Sa reconnaissance ==
=== Reconnaissance littéraire et politique ===
{{article détaillé|Mythes de Jeanne d'Arc}}
[[Fichier:Paris 75001 Place des Pyramides Jeanne d'Arc equestre by Frémiet S1.jpg|vignette|[[Statue équestre de Jeanne d'Arc (place des Pyramides)|Statue de Jeanne d'Arc]] à Paris. Le modèle de la « femme guerrière » s'inspire du ''[[De mulieribus claris]]'' de [[Boccace]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Danièle Bohler|titre=Écritures de l'Histoire|sous-titre={{s-|XIV}}-{{s-|XVI}}|éditeur=[[Librairie Droz]]|année=2005|passage=403-404}}.</ref>.]]
Dès le {{s-|XV}}, les historiens tendent à occulter Jeanne et il n'est pas question de « miracles ». Ils sont au service du roi et le triomphe de celui-ci ne saurait s’accompagner de l'aide d'une sorcière ou d'une sainte<ref name=":0">{{Article |auteur1=[[Marc Ferro]] |titre=Tentation et peur de l’histoire |périodique=Le Monde diplomatique |date=1981 |lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/1981/02/FERRO/36003}}</ref>.
Le culte de son vivant ayant rapidement décliné, les siècles suivants ne lui portent qu'un intérêt inconstant. C'est principalement à partir du {{s|XIX}} que la figure historique de Jeanne d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages religieux, philosophiques ou politiques.
[[Christine de Pizan]] est un des rares auteurs contemporains à avoir fait l'éloge de Jeanne d'Arc, la ''nouvelle [[Livre de Judith|Judith]]''. [[François Villon|Villon]] mentionne en deux vers, parmi les ''Dames du temps jadis'', « Jeanne la bonne Lorraine / Qu'Anglois brûlèrent à Rouen ».
Avant le {{s-|XIX}}, l'image de Jeanne d'Arc est défigurée par la littérature. Seule la notice d'[[Edmond Richer]], surtout prolifique sur le plan théologique, apporte un volet historique cependant entaché d'inexactitudes. [[Jean Chapelain|Chapelain]], poète officiel de {{Louis XIV}}, lui consacre une épopée malheureusement très médiocre sur le plan littéraire. [[Voltaire]] ne consacre qu'un vers et demi à la gloire de Jeanne d'Arc dans son ''Henriade'', {{nobr romains|chant VII}} «… Et vous, brave amazone, La honte des Anglais, et le soutien du trône », et en consacra plus de vingt mille à la déshonorer<ref>[http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?pucelle1 ''La Pucelle d'Orléans''] de Voltaire (1762).</ref>. La figure de Jeanne d'Arc connaît son âge d'or sous la [[Restauration (histoire de France)|restauration des Bourbon]]<ref>[[Pierre Marot]], « De la réhabilitation à la glorification de Jeanne d’Arc. Essai sur l'historiographie et le culte de l'héroïne en France pendant cinq siècles », dans ''Mémorial du {{Ve}} centenaire de Jeanne d’Arc'', 1436-1956, Paris, 1958.</ref>.
Depuis le {{s-|XIX}}, les exploits de Jeanne d'Arc sont usurpés pour servir certains desseins politiques au mépris de l'histoire. Les arcanes de cette exploitation d'une héroïne qui symbolise la France de façon mythique, voire mystique, sont innombrables. On retint surtout les thèses évoquées lors de son procès<ref name="littérature en France"/> : la [[mandragore]]<ref>{{Lien web|url=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_Jeanne_d_Arc/2rIPAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=la+mandragore+Jeanne+d%27Arc&pg=PA357&printsec=frontcover |titre=''Histoire de Jeanne d'Arc''}}, tome 3, {{p.|357}}.</ref> suggérée par Cauchon, l’instrument politique destiné à jeter la terreur dans les troupes anglaises, et la si romanesque main de Dieu (qu’on y voit de l’hérésie ou des desseins monarchiques).
Jeanne d'Arc a été réhabilitée en [[1817]], dans le livre de [[Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes]] : ''Histoire de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du roi de la tour de Londres''<ref>''Histoire de Jeanne d'Arc'', surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du roi de la tour de Londres, en quatre volumes, édition Arthus Bertrand, Paris (en ligne, [https://books.google.fr/books?id=pt2RyT2gFJcC&lpg=PP11&ots=PNVHMDF21A&dq=Histoire%20de%20Jeanne%20d'Arc%2C%20surnomm%C3%A9e%20la%20Pucelle%20d'Orl%C3%A9ans%2C%20tir%C3%A9e%20de%20ses%20propres%20d%C3%A9clarations%2C%20de%20cent%20quarante-quatre%20d%C3%A9positions%20de%20t%C3%A9moins%20oculaires%2C%20et%20des%20manuscrits%20de%20la%20biblioth%C3%A8que%20du%20roi%20de%20la%20tour%20de%20Londres&hl=fr&pg=PP10#v=onepage&q=Histoire%20de%20Jeanne%20d'Arc,%20surnomm%C3%A9e%20la%20Pucelle%20d'Orl%C3%A9ans,%20tir%C3%A9e%20de%20ses%20propres%20d%C3%A9clarations,%20de%20cent%20quarante-quatre%20d%C3%A9positions%20de%20t%C3%A9moins%20oculaires,%20et%20des%20manuscrits%20de%20la%20biblioth%C3%A8que%20du%20roi%20de%20la%20tour%20de%20Londres&f=true Tome1], {{Lien brisé|url=http://openlibrary.org/details/histoiredejeanne02lebr |titre=Tome2}}, [https://books.google.fr/books?id=ryBSAAAAcAAJ&dq=editions%3AJy6eCLRfQIQC&hl=fr&pg=PP8#v=onepage&q&f=false Tome3], [https://books.google.fr/books?id=FLNgCb2JRNgC&dq=editions%3AJy6eCLRfQIQC&hl=fr&pg=PP10#v=onepage&q&f=false Tome4]).</ref>. Le travail scrupuleux de cet historien, fondé sur des enquêtes rigoureuses, et l'étude de documents originaux, a souvent été réutilisé comme base de travail par des écrivains français et étrangers, tels [[Jules Quicherat]] ou [[Joseph Fabre (homme politique, 1842-1916)|Joseph Fabre]], qui ont contribué à redonner ses titres de noblesse à la Pucelle d'Orléans<ref name="littérature en France">On trouve sur le site de la Bibliothèque nationale de France en ligne les critiques littéraires de 1818 sur la sortie de cet ouvrage charnière : ''[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k92623m Journal général de la littérature de France ou Répertoire méthodique 1818]'', pages 13, 49 et 79.</ref>.
Les enjeux politiques et religieux du {{s-|XIX}} expliquent l'émergence de [[Révisionnisme|thèses révisionnistes]] : la théorie « [[Rumeur de survie|surviviste]] » ou « survivaliste » se développe avec l'ouvrage en 1889 ''La Fin d'une légende, vie de Jeanne d'Arc (de 1409 à 1440)'' d'{{Lien|Ernest Lesigne}} alléguant que Jeanne fut sauvée du bûcher (par substitution avec une autre femme) et devenue [[Jeanne des Armoises]]. Cette théorie est reprise par des auteurs laïcs comme [[Gaston Save]] qui cherchent à minimiser le rôle de Jeanne d'Arc et enrayer son processus de canonisation. La théorie « bâtardisante » apparaît sur le plan littéraire pour la première fois en 1805 naît avec [[Pierre Caze]] qui écrit la pièce de théâtre ''La Mort de Jeanne d'Arc'' : la Pucelle y serait une bâtarde royale mise en scène à dessein, et dont la mère aurait été [[Isabeau de Bavière]] et le père [[Louis Ier d'Orléans|Louis d'Orléans]]. Dans son livre ''La vérité sur Jeanne d'Arc'' en 1819, Caze développe cette théorie, qui est généralement relayée par des monarchistes comme [[Jean Jacoby]] (''Le secret de Jeanne, pucelle d'Orléans'' en 1932) pour qui le peuple ne serait pas en mesure de donner naissance à des héros. La théorie « survivo-bâtardisante » fusionne les deux précédentes en faisant de Jeanne une princesse royale qui a échappé au bûcher et survécu sous le nom de Jeanne des Armoises. Lancée par Jean Grimod (''Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée ?'', 1952), elle est reprise par des auteurs comme [[Maurice David-Darnac]], [[Étienne Weill-Raynal]], [[Robert Ambelain]], [[André Cherpillod]] (''Les deux mystères de Jeanne "d'Arc": sa naissance, sa mort'', 1992) ou Marcel Gay et Roger Senzig (''L'affaire Jeanne d'Arc'', 2007){{sfn|Beaune|2004|p=4-5}}{{,}}{{sfn|Bouzy|2008|p=19}}.
Parallèlement à ces thèses, se développe la figure symbolique d'une Jeanne d'Arc incarnation de la résistance à l'étranger, faisait l'unanimité au sein des différents [[Liste des partis et mouvements politiques français|partis politiques français]]. [[Emblèmes de la France|Symbole républicain]] et figure unificatrice utile dans le cadre de la construction de la nation après la [[guerre franco-allemande de 1870]], elle fait l'objet depuis la fin du {{s-|XIX}} de récupération par différents partis politiques tant de la [[Gauche (politique)|gauche]] (voyant en elle une fille du peuple brûlée par l'Église et abandonnée par le roi) que de la [[Droite (politique)|droite]] (voyant en elle une héroïne nationale, sainte), avant d'être accaparée par la droite nationaliste et catholique. Les partis opèrent ainsi depuis le {{s-|XIX}} une captation d'héritage illégitime plus basée sur son mythe composé d'images déformées par son histoire façonnée par les calculs politiques et les jeux de [[propagande]]. Ce qui explique que cette figure fortement politisée a longtemps suscité la méfiance des universitaires contemporains, la première biographie johannique rédigée par une historienne universitaire étant celle de [[Colette Beaune]] en 2004{{sfn|Bouzy|2008|p=219}}.
Selon l'historien Yann Rigolet, la {{citation|savante confiscation}} à la fin du {{s-|XX}} de sa figure par les [[mythologue]]s du [[Front national (parti français)|Front national]], ne rencontrant visiblement que peu d’oppositions, a engendré une certaine [[wikt:déréliction|déréliction]] du mythe Jeanne d’Arc. Si elle connaît une {{citation|certaine désaffection du public}}, elle reste cependant une figure de proue de la [[mémoire collective]], pouvant être {{citation|perpétuellement revisitée et réinvestie}} grâce à son {{citation|formidable pouvoir de régénération<ref>{{Chapitre|prénom1=Yann|nom1=Rigolet|titre chapitre=Entre procès d’intention et générations successives|sous-titre chapitre=historiographie du mythe Jeanne d’Arc de la Libération à nos jours|titre ouvrage= De l'hérétique à la sainte. Les procès de Jeanne d'Arc revisités|sous-titre ouvrage=actes du colloque international de Cerisy, {{1er}}-4 octobre 2009|auteurs ouvrage=[[François Neveux]] (dir.)|lieu= Caen|éditeur= [[Presses universitaires de Caen]]|collection= Symposia|année= 2012|pages totales= 343|passage=249-272 |isbn= 978-2-84133-421-6|présentation en ligne=https://www.unicaen.fr/puc/html/spip9d09.html?article899 |lire en ligne=http://books.openedition.org/puc/7818}}.</ref>.}}
=== Reconnaissance institutionnelle ===
Jeanne d'Arc est le septième personnage le plus célébré au fronton des {{Unité|67000|établissements}} scolaires français (recensement en 2015) : pas moins de 423 écoles, collèges et lycées (dont 397 dans le secteur privé) lui ont donné son nom, derrière [[Joseph (Nouveau Testament)|saint Joseph]] (880), [[Jules Ferry]] (642), [[Jacques Prévert]] (472), [[Jean Moulin]] (434), [[Jean Jaurès]] (429), mais devant [[Antoine de Saint-Exupéry]] (418), [[Victor Hugo]] (365), [[Louis Pasteur]] (361), [[Marie Curie]] (360), [[Pierre Curie]] (357), [[Jean de la Fontaine]] (335)<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/18/de-jules-ferry-a-pierre-perret-l-etonnant-palmares-des-noms-d-ecoles-de-colleges-et-de-lycees-en-france_4613091_4355770.html#partie1|titre=De Jules Ferry à Pierre Perret, l'étonnant palmarès des noms d'écoles, de collèges et de lycées en France|date=18 mai 2015|site=[[lemonde.fr]]|consulté le=octobre 2017}}.</ref>.
Une loi française du 10 juillet 1920 institue « la [[Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme|Fête Jeanne d’Arc]], fête du patriotisme », le deuxième dimanche de mai, « jour anniversaire de la délivrance d’Orléans »<ref>{{Lien web|langue=Français|titre=JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE. Loi instituant une fête nationale de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme|url=http://www.calvados.gouv.fr/IMG/pdf/loi_Jeanne_d_Arc.pdf|site=
=== Reconnaissance par l'Église catholique ===
{{Infobox Saint
| image =
| taille image = 200 px
| légende = Détail d'une statue polychrome de Jeanne d'Arc sculptée par [[Prosper d'Épinay]] en 1901 et installée dans le chœur de la [[cathédrale de Reims]] en 1909, année de [[béatification]] de la Pucelle<ref>{{Article|prénom1= Christine |nom1= Abelé|titre= Jehanne au sacre|sous-titre= histoire de la statue déposée en la cathédrale de Reims|périodique= Travaux de l'Académie nationale de Reims|lieu=Reims |éditeur=[[Académie nationale de Reims]] |volume= 177 |titre volume= Art et histoire en pays rémois|année= 2006|pages= 15-32 |issn= 0290-3083}}.</ref>.
| féminin = oui
| nom = Sainte Jeanne d'Arc
| ordre =
| lieu de vénération =
| date de béatification = {{date-|18|avril|1909}}<ref name="Waché p.669"/>
| lieu de l'annonce béatification = [[Saint-Pierre de Rome]]
| béatifié par = le pape
| date de canonisation = {{date-|16|mai|1920}}<ref name="Duparc 1978 p.41"/>
| lieu de l'annonce canonisation =
| canonisé par = le pape
| date docteur église =
| lieu de l'annonce docteur =
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| docteur mention =
| vénéré par = l'[[Église catholique]]
| fête =
| attributs = l'Agneau, l'armure, l'épée, l'étendard, les flammes, l'oriflamme<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=France Poulain|titre=Les Saints et leurs attributs|éditeur=|date=8 septembre 2014|passage=3|isbn=|lire en ligne=http://www.eure.gouv.fr/content/download/11719/72644/file/123%20les%20saints%20et%20leurs%20attributs.pdf
| titre saint patron =
| saint patron = [[France]]
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| date de suppression =
}}
Au {{s-|XIX}}, quand ressurgit la vision chrétienne de l'histoire, les catholiques sont embarrassés par l'action que les évêques jouèrent au procès. L'historien [[Christian Amalvi]] note que dans les illustrations, on escamote l’[[évêque Cauchon]]. On réduit le rôle de l’Église et attribue l’exécution de Jeanne à la seule Angleterre<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Christian |nom1=Amalvi |lien auteur1=Christian Amalvi |titre=Le goût du Moyen Âge |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |collection=Civilisations et mentalités |année=1996 |pages totales=315 |isbn=2-259-18049-3}}.</ref>.
==== Canonisation ====
{{Article détaillé|Liste des saints de Lorraine}}
[[image:Delegation pour la canonisation de jeanne d'arc.JPG|vignette|gauche|La délégation française au Vatican pour la canonisation de Jeanne d'Arc.]]
Jeanne d'Arc est [[béatification|béatifiée]] par un [[Bref apostolique|bref]] daté du {{date-|11|avril|1909}} puis une cérémonie tenue le {{date-|18|avril|1909}}<ref name="Waché p.669">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
Renonçant aux imprécations de
{{clr|left}}
== Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc ==
{{Article détaillé|Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc}}
Les œuvres inspirées par la Pucelle sont innombrables dans tous les domaines des arts et de la culture<ref>{{Ouvrage|prénom1=Albert-Léon-Marie|nom1=Le Nordez|lien auteur1=Albert Le Nordez|titre=Jeanne d'Arc racontée par l'image, d'après les sculpteurs, les graveurs et les peintres|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1898|pages totales=395|lire en ligne=https://archive.org/details/jeannedarcracont00leno}}.</ref> : architecture, bande dessinée, chansons, cinéma<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Hervé|nom1=Dumont|lien auteur1=Hervé Dumont|titre=Jeanne d'Arc, de l'histoire à l'écran|sous-titre=cinéma & télévision|lieu=Paris / Lausanne|éditeur=Favre / Cinémathèque suisse|année=2012|pages totales=173|isbn=978-2-8289-1270-3|présentation en ligne=http://www.hervedumont.ch/page.php?id=fr14&idp=6}}.</ref>, radio et télévision, jeux vidéo, littérature (poésie, roman, théâtre<ref>{{Article|prénom1=Venita|nom1=Datta|titre= Sur les Boulevards|sous-titre=les représentations de Jeanne d'Arc dans le théâtre populaire|périodique= Clio. Histoire‚ femmes et sociétés|lieu=Toulouse|éditeur=Presses universitaires du Mirail|numéro= 24|titre numéro= Variations|année= 2006|pages= 125-147|isbn= 2-85816-867-9|lire en ligne=https://clio.revues.org/4172}}.</ref>), musique<ref>{{Chapitre|prénom1=Julie |nom1=Deramond|titre chapitre=Jeanne d’Arc en procès, au théâtre et en musiques|titre ouvrage= De l'hérétique à la sainte. Les procès de Jeanne d'Arc revisités|sous-titre ouvrage=actes du colloque international de Cerisy, {{1er}}-4 octobre 2009|auteurs ouvrage=[[François Neveux]] (dir.)|lieu= Caen|éditeur= Presses universitaires de Caen|collection= Symposia|année= 2012|pages totales= 343|passage=285-296 |isbn= 978-2-84133-421-6|présentation en ligne=https://www.unicaen.fr/puc/html/spip9d09.html?article899 |lire en ligne=http://books.openedition.org/puc/7822}}.</ref> (notamment opéras et oratorios), peinture, sculpture, tapisserie, vitrail, etc.
Parmi les statues les plus célèbres, comptons [[Statue équestre de Jeanne d'Arc (Frémiet)|celle de Frémiet]], dont on compte des exemplaires à [[Statue équestre de Jeanne d'Arc (place des Pyramides)|Paris]], en bronze doré, et à [[Benjamin_Franklin_Parkway|Philadelphie aux États-Unis]].
{{clr}}
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{ références nombreuses | groupe="n"}}
=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=20}}
== Voir aussi ==
=== Sources primaires ===
{{div col||30em}}
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle|sous-titre=publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements|tome=1|titre volume=Procès de condamnation|lieu=Paris|éditeur=[[Jules Renouard|Jules Renouard et Cie]]|année=1841|pages totales=506|format livre={{in-8o}}|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k851075d.r}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle|sous-titre=publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements|tome=2|titre volume=Procès de réhabilitation. Préliminaires de la réhabilitation non insérés au procès|lieu=Paris|éditeur=[[Jules Renouard|Jules Renouard et Cie]]|année=1844|pages totales=472|format livre={{in-8o}}|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k851079x.r}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle|sous-titre=publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements|tome=3|titre volume=Procès de réhabilitation. Rédaction primitive du procès de réhabilitation d'après le manuscrit de d'Urfé. Opinions et mémoires extrajudiciaires publiés du vivant de Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Jules Renouard|Jules Renouard et Cie]]|année=1845|pages totales=473|format livre={{in-8o}}|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8510728.r}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle|sous-titre=publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements|tome=4|titre volume=Témoignages des chroniqueurs et historiens du {{s-|XV|e}}|lieu=Paris|éditeur=[[Jules Renouard|Jules Renouard et Cie]]|année=1847|pages totales=540|format livre={{in-8o}}|lire en ligne=https://archive.org/details/procsdecondamna03frangoog}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle|sous-titre=publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements|tome=5|titre volume=Témoignages des poètes du {{s-|XV|e}}. Lettres, actes et autres pièces détachées. Témoignages extraits des livres de comptes. Documents relatifs à l'Institution et aux premières célébrations de la fête du 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans. Documents sur la fausse Jeanne d'Arc qui parut de 1436 à 1440. Supplément aux pièces et extraits concernant la Pucelle. Itinéraire de la Pucelle. Notice littéraire du procès du condamnation. Notice des pièces de la réhabilitation. Table analytique|lieu=Paris|éditeur=[[Jules Renouard|Jules Renouard et Cie]]|année=1849|pages totales=575|format livre={{in-8o}}|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k131385r}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Georges|nom1=Duby|lien auteur1=Georges Duby|prénom2=Andrée|nom2=Duby|titre=Les Procès de Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=Archives|numéro dans collection=50|année=1974|pages totales=250|isbn=2-07-028894-3|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1978_num_46_2_2168_t1_0244_0000_2}}{{Commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Georges|nom1=Duby|lien auteur1=Georges Duby|prénom2=Andrée|nom2=Duby|titre=Les Procès de Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Folio]]|collection=Folio. Histoire|année=1995|pages totales=313|isbn=2-07-032894-5}}.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Tisset|postnom1=({{éd.}})|prénom2=Yvonne|nom2=Lanhers|postnom2=({{éd.}})|titre=Procès de condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{I}}|titre volume=Texte|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1960|pages totales={{XXXII}}-446|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/annor_0003-4134_1962_num_12_2_4510_t1_0113_0000_1}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1961_num_119_1_461392_t1_0284_0000_000|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1962_num_40_2_2418_t1_0489_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Tisset|postnom1=({{éd.}})|prénom2=Yvonne|nom2=Lanhers|postnom2=({{éd.}})|titre=Procès de condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{II}}|titre volume=Traduction et notes|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1970|pages totales={{XXIV}}-435|isbn=}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Tisset|postnom1=({{éd.}})|prénom2=Yvonne|nom2=Lanhers|postnom2=({{éd.}})|titre=Procès de condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{III}}|titre volume=Introduction. Index des matières, des noms de personne et de lieu|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1971|pages totales={{IV}}-349|isbn=}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Pierre Duparc|titre=Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{I}}|titre volume=Texte|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1977|pages totales={{XXIII}}-525|isbn=2-252-02014-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9VKJJdCffq4C&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=la|langue originale=la|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Pierre Duparc|titre=Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{II}}|titre volume=Texte|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1979|pages totales=612|isbn=2-252-02152-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=la|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Pierre Duparc|titre=Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{III}}|titre volume=Traduction|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1983|pages totales={{X}}-302|isbn=2-252-02418-6}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Pierre Duparc|titre=Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{IV}}|titre volume=Traduction|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1986|pages totales=238|isbn=2-252-02508-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=woskHxJx9-8C&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Duparc|postnom1=({{éd.}})|lien auteur1=Pierre Duparc|titre=Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc|tome={{V}}|titre volume=Étude juridique des procès, contribution à la biographie de Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck|C. Klincksieck]] ([[Société de l'histoire de France]])|année=1988|pages totales={{XX}}-310|isbn=2-252-02508-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=woskHxJx9-8C&printsec=frontcover}}.
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===
Bibliographie partielle des articles, biographies, études et essais.
{{article_détaillé|Bibliographie relative à Jeanne d'Arc}}
==== Monographies du {{s-|XIX|e}} ====
* {{Ouvrage|prénom1=Philippe-Alexandre|nom1=Le Brun de Charmettes|lien auteur1=Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes|titre=Histoire de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du Roi et de la Tour de Londres|lieu=Paris|éditeur=Arthus Bertrand|année=1817|pages totales={{VI}}-492|lire en ligne=https://archive.org/stream/histoiredejeanne01lebr#page/n9/mode/2up}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Siméon|nom1=Luce|lien auteur1=Siméon Luce|titre=Jeanne d'Arc à Domremy|sous-titre=recherches critiques sur les origines de la mission de la Pucelle, accompagnées de pièces justificatives|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions
* {{Ouvrage|prénom1=Jules|nom1=Quicherat|lien auteur1=Jules Quicherat|titre=Aperçus nouveaux sur l'histoire de Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=Jules Renouard|année=1850|pages totales={{II}}-168|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5484446s/f1.image}}.
==== Synthèses et réflexions ====
{{div col||30em}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Ouvrage|
*
* {{Ouvrage|langue=
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kelly|nom1=DeVries|lien auteur1=Kelly DeVries|titre=Joan of Arc|sous-titre=A Military Leader|lieu=Stroud|éditeur=Sutton Publishing|année=1999|pages totales={{XIV}}-242|isbn=0-7509-1805-5|présentation en ligne=http://www.h-net.org/reviews/showrev.php?id=7591}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Deborah
* {{Ouvrage|langue=
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Gerd|nom1=Krumeich|lien auteur1=Gerd Krumeich|traducteur=Josie Mély, Marie-Hélène Pateau et Lisette Rosenfeld|préface=[[Régine Pernoud]]|titre=Jeanne d'Arc à travers l'histoire|titre original=Jeanne d'Arc in der Geschichte : Historiographie, Politik, Kultur|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|collection=Bibliothèque Albin Michel. Histoire|année=1993|pages totales=348|isbn=2-226-06651-9}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Gerd|nom1=Krumeich|lien auteur1=Gerd Krumeich|traducteur=Josie Mély, Marie-Hélène Pateau et Lisette Rosenfeld|préface=[[Pierre Nora]]|titre=Jeanne d'Arc à travers l'histoire|titre original=Jeanne d'Arc in der Geschichte : Historiographie, Politik, Kultur|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2017|pages totales=416|isbn=978-2-410-00096-2}}.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Régine|nom1=Pernoud|lien auteur1=Régine Pernoud|titre=La libération d'Orléans|sous-titre=8 mai 1429|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=[[Trente journées qui ont fait la France]]|numéro dans collection=9|année=1969|pages totales=345|présentation en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Trente-journees-qui-ont-fait-la-France/La-liberation-d-Orleans}}. {{commentaire biblio |Réédition : {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Régine |nom1=Pernoud |lien auteur1=Régine Pernoud |postface=[[Jacques Le Goff]] |titre=La libération d'Orléans |sous-titre=8 mai 1429 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Les journées qui ont fait la France |année=2006 |pages totales=304 |isbn=2-07-078184-4 |présentation en ligne=https://www.lefigaro.fr/livres/2006/12/07/03005-20061207ARTFIG90162-comment_gouverner_sans_l_histoire_.php}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Régine|nom1=Pernoud|lien auteur1=Régine Pernoud|prénom2=Marie-Véronique|nom2=Clin|titre=Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1986|pages totales=447|isbn=2-213-01768-9|présentation en ligne=http://www.fayard.fr/jeanne-darc-9782213017686}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Toureille|lien auteur1=Valérie Toureille|titre=Jeanne d'Arc|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2020|pages totales=432|isbn=978-2-26206-394-8|présentation en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/09/13/jeanne-d-arc-de-valerie-toureille-jeanne-du-nouveau_6052002_3260.html}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Marina|nom1=Warner|lien auteur1=Marina Warner|titre=Joan of Arc|sous-titre=The Image of Female Heroism|lieu=Londres|éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson]]|année=1981|pages totales={{XXVI}}-349|isbn=0-297-77638-X|présentation en ligne=http://www.marinawarner.com/publications/bookdetailsnonfiction/joanofarc.html}}.
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===== Réflexions relatives aux biographies de Jeanne d'Arc =====
{{div col||30em}}
* {{Chapitre|prénom1= Philippe|nom1= Contamine|lien auteur1= Philippe Contamine|titre chapitre=Une biographie de Jeanne d'Arc est-elle encore possible ? |auteurs ouvrage= Jean Maurice et Daniel Couty (dir.)|titre ouvrage= Images de Jeanne d'Arc|sous-titre ouvrage=actes du colloque de Rouen, 25-26-27 mai 1999|lieu= Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Études médiévales|numéro dans collection=1|année= 2000|pages totales= {{VIII}}-281|isbn= 2-13-049952-X |passage=1-15}}.
* {{Article|prénom1=Pierre|nom1= Duparc| lien auteur1=Pierre Duparc |titre= Jeanne d'Arc controversée|périodique= Bulletin de la société historique de Compiègne|lieu= Compiègne|éditeur= Société historique de Compiègne|tome= 28|titre numéro= Actes du colloque Jeanne d'Arc et le cinq cent cinquantième anniversaire du siège de Compiègne, 20 mai - 25 octobre 1430|année= 1982|pages= 217-229|lire en ligne=
* {{Article|prénom1=Gerd|nom1= Krumeich| lien auteur1= Gerd Krumeich |titre= Problèmes d'une biographie de Jeanne d'Arc|périodique= [[Francia (revue)|Francia]]|lieu= Sigmaringen|éditeur= Jan Thorbecke|numéro= 34/1|année= 2007|pages= 215-222|isbn=978-3-7995-8123-3|lire en ligne= http://www.perspectivia.net/content/publikationen/francia/francia-retro/34-1-2007/0215-0222}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Article |langue=de|prénom1=Heinz|nom1=Thomas
{{div col end}}
==== Colloques et recueils d'articles ====
{{div col||30em}}
* {{Ouvrage|
* {{Ouvrage|
* {{Ouvrage|titre=Mémorial du {{Ve}} centenaire de la réhabilitation de Jeanne d'Arc, 1456-1956|lieu=Paris|éditeur=J. Foret|année=1952|pages totales={{XXII}}-317|id=Mémorial du Ve centenaire de la réhabilitation de Jeanne d'Arc}}
* {{Ouvrage|
* Collectif, « Actes du colloque Jeanne d'Arc et le cinq cent cinquantième anniversaire du siège de Compiègne, {{date-|20 mai}} - {{date-|25 octobre 1430}} », ''Bulletin de la société historique de Compiègne'', {{t.|28}}, 1982, {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9627746d/f1.item}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre=De Jeanne d'Arc aux guerres d'Italie|sous-titre=figures, images et problèmes du {{s-|XV|e}}|lieu=Orléans|éditeur=Paradigme|collection=Varia|numéro dans collection=16|année=1994|pages totales=288|isbn=2-86878-109-8|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1997_num_16_32_1386_t1_0135_0000_2}}. {{commentaire biblio|Réédition augmentée : {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|titre=Jeanne d'Arc et son époque|sous-titre=essais sur le XVe siècle français|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Cerf]]|année=2020|pages totales=380|isbn=978-2-20413-754-6}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Goy-Blanquet|directeur1=Dominique Goy-Blanquet|titre=Jeanne d'Arc en garde à vue|sous-titre=essais rassemblés et présentés par Dominique Goy-Blanquet|lieu=Bruxelles|éditeur=Le Cri|année=1999|pages totales=177|isbn=2-87106-240-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=
* {{Ouvrage|langue=
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Françoise|nom1=Michaud-Fréjaville|titre=[[Cahiers de recherches médiévales et humanistes|Cahiers de recherches médiévales]]|volume=12|titre volume=Une ville, une destinée : Orléans et Jeanne d'Arc. En hommage à Françoise Michaud-Fréjaville|lieu=Orléans / Paris|éditeur=CEMO / [[Éditions Honoré Champion|Honoré Champion]]|année=2005|pages totales=299|isbn=978-2-7453-5475-4|lire en ligne=http://crm.revues.org/5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=François|nom1=Neveux|lien auteur1=François Neveux|directeur1=François Neveux|titre=De l'hérétique à la sainte. Les procès de Jeanne d'Arc revisités|sous-titre=actes du colloque international de Cerisy, {{1er}}-4 octobre 2009|lieu=Caen|éditeur=Presses universitaires de Caen|collection=Symposia|année=2012|pages totales=343|isbn=978-2-84133-421-6|présentation en ligne=https://www.unicaen.fr/puc/html/spip9d09.html?article899|lire en ligne=http://books.openedition.org/puc/7787}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bonnie|nom1=Wheeler|directeur1=Bonnie Wheeler|prénom2=Charles T.|nom2=Wood|directeur2=Charles T. Wood|titre=Fresh Verdicts on Joan of Arc|lieu=New York|éditeur=Garland|collection=The New Middle Ages / Garland Reference Library of the Humanities|numéro dans collection=2 / 1976|année=1996|pages totales={{XVI}}-317|isbn=0-8153-2337-9|présentation en ligne=https://muse.jhu.edu/article/473874/summary}}.
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==== Articles, contributions, communications ====
{{div col||30em}}
* {{Chapitre|prénom1=Olivier|nom1=Bouzy|lien auteur1= Olivier Bouzy|titre chapitre=Jeanne d'Arc, les signes au roi et les entrevues de Chinon|auteurs ouvrage=Jacques Paviot et [[Jacques Verger]] (dir.)|titre ouvrage=Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge|sous-titre ouvrage=mélanges en l'honneur de Philippe Contamine|lieu=Paris|éditeur=Presses de l'Université de Paris-Sorbonne|collection=Cultures et civilisations médiévales|numéro dans collection={{XII}}|année= 2000|pages totales=691|isbn=2-84050-179-1|passage=131-138}}.
* {{Article|prénom1=
* {{Chapitre|prénom1= Olivier|nom1= Bouzy|lien auteur1= Olivier Bouzy|titre chapitre=La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du {{s mini-|XIV|e}} au {{s-|XVI|e}}|auteurs ouvrage= Catherine Guyon et Magali Delavenne (dir.)|titre ouvrage= De Domrémy… à Tokyo. Jeanne d'Arc et la Lorraine|sous-titre ouvrage=actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs, 24-26 mai 2012 |lieu= Nancy|éditeur= Presses Universitaires de Nancy - Éditions universitaires de Lorraine|collection=Archéologie, espaces, patrimoines|année= 2013|pages totales= 408|isbn= 978-2-8143-0154-2 |présentation en ligne=http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100561970|passage=33-44}}.
* {{Chapitre|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1= Philippe Contamine|titre chapitre=Observations sur le siège d'Orléans (1428-1429)|auteurs ouvrage=Gilles Blieck, [[Philippe Contamine]], Nicolas Faucherre et Jean Mesqui (dir.)|titre ouvrage=Les enceintes urbaines ({{s mini-|XIII|e}}-{{s-|XVI|e}})|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS)|année= 1999|lire en ligne=http://cths.fr/ed/edition.php?id=1214|passage=331-343.|commentaire=Article repris dans : Philippe Contamine, ''Pages d'histoire militaire médiévale ({{s mini-|XIV|e}}-{{s-|XV|e}})'', Paris, Institut de France, « Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres », {{n°|32}}, 2005, {{p.|197-212}}.}}
* {{Chapitre|prénom1= Philippe|nom1= Contamine|lien auteur1= Philippe Contamine|titre chapitre=Yolande d'Aragon et Jeanne d'Arc|sous-titre chapitre=l'improbable rencontre de deux parcours politiques|auteurs ouvrage=Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et [[Bertrand Schnerb]] (dir.)|titre ouvrage= Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance|lieu= Bruxelles|éditeur= De Boeck|collection= Bibliothèque du Moyen Âge|année= 2012|pages totales= 656|isbn= 978-2-8041-6553-6|passage=11-30 |lire en ligne=https://www.academia.edu/1564571/}}.
* {{Chapitre|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1= Philippe Contamine|titre chapitre=Jeanne d'Arc à cheval|sous-titre chapitre=légendes, faits, images|titre ouvrage=Le cheval dans la culture médiévale|sous-titre ouvrage=textes réunis par Bernard Andenmatten, Agostino Paravicini Bagliani et Eva Pibiri|lieu= Florence|éditeur= SISMEL - Edizioni del Galluzzo|collection= Micrologus' Library |numéro dans collection= 69|année= 2015|pages totales= {{XII}}-386 |isbn=978-88-8450-655-9 |passage=221-242|présentation en ligne=http://www.sismel.it/tidetails.asp?hdntiid=1441}}.
* {{Article|prénom1= Claude|nom1= Desama|titre= Jeanne d'Arc et {{souverain-|Charles VII}}|périodique= [[Revue de l'histoire des religions]]|lieu= Paris|éditeur= [[Presses universitaires de France]]|tome= 170|numéro= 1|mois=juillet-septembre|année= 1966|pages= 29-46|lire en ligne= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1966_num_170_1_8379}}.
* {{Article|prénom1= Claude|nom1= Desama
* {{Article |prénom1= Claude|nom1= Desama
* {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Catherine|nom1=Guyon|titre chapitre=La spiritualité de Jeanne d'Arc|auteurs ouvrage=Arnaud Baudin, [[Valérie Toureille]] et Jean-Marie Yante (dir.)|titre ouvrage=Guerre et paix en Champagne à la fin du Moyen Âge. Autour du traité de Troyes|sous-titre ouvrage=actes des journées d'étude de Dijon, Chaumont, Épinal et Troyes (2020-2021) |lieu=Gand |éditeur=Snoeck |année=2024 |pages totales=484 |isbn=978-9-46161-868-9 |passage=306-319}}.
* {{Chapitre|prénom1=Xavier|nom1=Hélary|lien auteur1=Xavier Hélary|titre chapitre=Avant le procès de Jeanne d'Arc (1431)|sous-titre chapitre=le « dossier de l'instruction » |auteurs ouvrage=Patrick Gilli et Jacques Paviot (dir.)|titre ouvrage=Hommes, cultures et sociétés à la fin du Moyen Âge|sous-titre ouvrage=''Liber discipulorum'' en l'honneur de Philippe Contamine|lieu=Paris|éditeur=Presses de l'Université de Paris-Sorbonne|collection=Cultures et civilisations médiévales|numéro dans collection=57|année= 2012|pages totales=413|isbn=978-2-84050-845-8|passage=123-142|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_2013_num_91_2_8438_t19_0523_0000_1}}.
* {{Article|prénom1=Françoise|nom1=Michaud-Fréjaville|titre=Sainte Catherine, Jeanne d'Arc et le « saut de Beaurevoir »|périodique=[[Cahiers de recherches médiévales et humanistes]]|numéro=8|titre numéro=La protection spirituelle au Moyen Âge|année=2001|pages=73-86 |issn=2115-6360|doi=10.4000/crm.386|lire en ligne=http://journals.openedition.org/crm/386}}.
* {{Chapitre|prénom1=Françoise|nom1=Michaud-Fréjaville|titre chapitre=Le royaume de Bourges et l'épopée de Jeanne d'Arc |auteurs ouvrage=[[Pierre Allorant]], Walter Badier, Alexandre Borrell et [[Jean Garrigues]] (dir.)|titre ouvrage=Lieux de mémoire en Centre-Val de Loire |lieu=Rennes |éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]] |collection=Histoire |année=2021| pages totales=323 |isbn=978-2-7535-8169-2|passage=203-216}}.
* {{Article|prénom1=
* {{Article|prénom1=
* {{Article|prénom1= Vladimir |nom1= Raytes|titre=La première entrevue de Jeanne d'Arc et de {{souverain-|Charles VII}} à Chinon|sous-titre= essai de reconstitution d'un fait historique|périodique= Bulletin de l'association des amis du Centre Jeanne d'Arc|numéro= 13|année= 1989 |pages= 7-18}}.
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=== Articles connexes ===
{{Autres projets|commons=Category:Jeanne d'Arc|wikisource=Jeanne d'Arc|wikiquote=Jeanne d'Arc}}
[[Fichier:Scherrer jeanne departure.jpg|vignette|''Le Départ de Vaucouleurs'', toile de [[Jean-Jacques Scherrer]], hôtel de Ville de [[Vaucouleurs (Meuse)|Vaucouleurs]], 1886-1887.]]
[[Fichier:Scherrer jeanne enters orlean.jpg|vignette|''Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans'', toile de [[Jean-Jacques Scherrer]], [[musée des Beaux-Arts d'Orléans]], 1887.]]
[[Fichier:Adrien Harmand - Jeanne d'Arc portant son étendard.jpg|vignette|Jeanne d'Arc portant son étendard, essai de reconstitution d'Adrien Harmand, 1929.]]
* [[Capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons]]
* [[Mythes de Jeanne d'Arc]]
* [[Fêtes johanniques d'Orléans]] et de [[Fêtes johanniques de Reims|Reims]]
* [[Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc]]
* [[
* [[Compagnons de Jeanne d'Arc]]
* [[Historial Jeanne d'Arc]]
* [[Affaire Thalamas]]
* [[Travestissement, identité de genre et sexualité de Jeanne d'Arc]]
* [[Liste des saintes travesties]]
==== Personnalités liées à Jeanne d'Arc ====
{|border="0" cellpadding="8"
|- valign="top"
| width="33%" style="border-right: 1px solid #999" |
'''Famille :'''
* [[Jacques d'Arc]], son père
*
* ses frères et sœur :
** Catherine d'Arc
Ligne 726 ⟶ 642 :
* Chefs militaires :
** [[John Talbot (1er comte de Shrewsbury)|John Talbot]]
** [[John
** [[Thomas de Scales]]
** [[William de la Pole (1er duc de Suffolk)|
| width=33% style="border-right: 1px solid #999" |
'''[[Compagnons d'armes de Jeanne d'Arc|Compagnons d'armes]] :'''
* [[Jean II d'Alençon (Valois)|Jean, duc d'Alençon]]
* [[Jean de Dunois
* [[Étienne de Vignolles]] dit « La Hire »
* [[Raoul de Gaucourt]]
* [[Gilles de Rais]]
* [[Jean Poton de Xaintrailles]]
* [[Arnault Guilhem
* [[Antoine de Chabannes]], seigneur de Dammartin
*
* [[Arthur III de Bretagne|Arthur
* [[Jean de Brosse]], dit le « [[Maréchal de France|maréchal]] de [[Boussac (Creuse)|Boussac]] »
* [[Jean d'Aulon]]
* [[Ambroise de Loré]]
*
*
* [[Robert Le Maçon]]
* [[Louis de Coutes]] dit « Minguet »
* [[Raymond de Coutes]]
* [[Jean Pasquerel]]
* [[Thibault d'Armagnac]]
* [[Thomas de Monclars]]
* Aubert d'Ourches (voir [[Famille d'Ourches]])
* [[John Wishart]], avec un contingent d'écossais
* [[Jean de Metz]], compagnon depuis Vaucouleurs
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=== Liens externes ===
* [http://www.jeannedarc.com.fr/centre/centre.htm Le Centre Jeanne-d'Arc] : service culturel de la mairie d'Orléans.
* {{en}} [http://www.joan-of-arc-studies.org/ Association des études Jeanne d'Arc].
* [http://www.stejeannedarc.net Stejeannedarc.net].
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[[Catégorie:Saint canonisé par Benoît XV|Jeanne Arc]]
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