« Jésus de Nazareth » : différence entre les versions

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Jésus s'entoure de [[disciple]]s dont la tradition veut qu'ils aient été douze<ref group="n">Les évangiles s'accordent sur le nombre ({{BFR|Mt|10|1-4}}, {{BFR|Mc|3|13-19}} {{BFR|Lc|6|12-16}} et {{BFR|Jn|6|67-71}}) mais ne rapportent pas les mêmes listes de noms, qui diffèrent sur des détails.</ref>, dont les premiers sont peut-être recrutés dans les milieux baptistes<ref>Simon Legasse, ''Jean-Baptiste et Jésus dans les évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}183.</ref>. On utilise également le nom d’« [[apôtre]]s »<ref group="n">On trouve le mot « apôtres » dans selon Luc ({{BFR|Lc|6|13}}) mais le seul passage des évangiles où on parle explicitement des « Douze apôtres » est dans selon Matthieu {{BFR|Mt|10|2}}</ref> pour les désigner. Ce groupe de « douze » disciples choisis par Jésus est sans doute une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres extérieurs à ce noyau<ref name="Baslez p21">[[Marie-Françoise Baslez]], ''Les premiers temps de l'Église, identités chrétiennes'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}21.</ref>. On parle généralement à leur sujet de « Groupe des Douze » ; le nombre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique : il figure la reconstitution de l'Israël biblique<ref>cf.{{BFR|Mc||7-13}} et parallèles ; Albert I. Baumgarten, « Jésus de Nazareth », in Jean-Robert Armogathe (dir.) ''Histoire générale du christianisme'', vol I, éd. Quadrige/P.u.f., 2010, {{p.|28}}</ref>. Si leurs noms varient de livre en livre<ref name="Baslez p21"/>, les disciples montrent pourtant une triple référence hébraïque<ref group="n">''Jacques et Jean, fils de Zédédée'', ''Matthieu'', ''Judas''… sont des patronymes sémitiques classiques</ref>, araméenne<ref>''Barthélemy'' (''Bar Tholomaios'') est un patronyme araméen (du moins dans son préfixe de filiation ''Bar''), cité par Pierre Debergé</ref> et grecque<ref>''[[André (apôtre)|André]]'', ''[[Philippe (apôtre)|Philippe]]'', ''[[Thomas (apôtre)|Didyme]]'' attestent de l'ouverture de la Galilée sur l'hellénisme, cités par Marie-Françoise Baslez</ref>, au cœur de la vie des Galiléens<ref>Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre grecque païenne ? '', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}292.</ref>. L'un de ces disciples, [[Pierre (apôtre)|Simon]] dit Pierre ou Kepha, reçoit une importance plus particulière au sein du groupe tandis que [[Judas Iscariote|Judas]], auquel est attribuée la « trahison » de Jésus auprès des autorités, a une responsabilité attestée de « trésorier » de ce groupe.
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==== Disciples ====
 
{{Article détaillé|Disciples du Christ}}
{{Article détaillé|Apôtre}}
 
Jésus s'entoure de [[disciple]]s dont la tradition veut qu'ils aient été douze<ref group="n">Les évangiles s'accordent sur le nombre ({{BFR|Mt|10|1-4}}, {{BFR|Mc|3|13-19}} {{BFR|Lc|6|12-16}} et {{BFR|Jn|6|67-71}}) mais ne rapportent pas les mêmes listes de noms, qui diffèrent sur des détails.</ref>, dont les premiers sont peut-être recrutés dans les milieux baptistes<ref>Simon Legasse, ''Jean-Baptiste et Jésus dans les évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}183.</ref>. On utilise également le nom d’« [[apôtre]]s »<ref group="n">On trouve le mot « apôtres » dans selon Luc ({{BFR|Lc|6|13}}) mais le seul passage des évangiles où on parle explicitement des « Douze apôtres » est dans selon Matthieu {{BFR|Mt|10|2}}</ref> pour les désigner. Ce groupe de « douze » disciples choisis par Jésus est sans doute une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres extérieurs à ce noyau<ref name="Baslez p21">[[Marie-Françoise Baslez]], ''Les premiers temps de l'Église, identités chrétiennes'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}21.</ref>. On parle généralement à leur sujet de « Groupe des Douze » ; le nombre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique : il figure la reconstitution de l'Israël biblique<ref>cf.{{BFR|Mc||7-13}} et parallèles ; Albert I. Baumgarten, « Jésus de Nazareth », in Jean-Robert Armogathe (dir.) ''Histoire générale du christianisme'', vol I, éd. Quadrige/P.u.f., 2010, {{p.|28}}</ref>. Si leurs noms varient de livre en livre<ref name="Baslez p21"/>, les disciples montrent pourtant une triple référence hébraïque<ref group="n">''[[Jacques de Zébédée|Jacques]] et [[Jean de Zébédée|Jean]], fils de Zédédée'', ''Matthieu'', ''Judas'', … sont des patronymes sémitiques classiques</ref>, araméenne<ref>''Barthélemy'' (''Bar Tholomaios'') est un patronyme araméen (du moins dans son préfixe de filiation ''Bar''), cité par Pierre Debergé</ref> et grecque<ref>''[[André (apôtre)|André]]'', ''[[Philippe (apôtre)|Philippe]]'', ''[[Thomas (apôtre)|Didyme]]'' attestent de l'ouverture de la Galilée sur l'hellénisme, cités par Marie-Françoise Baslez</ref>, au cœur de la vie des Galiléens<ref>Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre grecque païenne ? '', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}292.</ref>. L'un de ces disciples, [[Pierre (apôtre)|Simon]] dit ''Pierre'' ou ''Kepha'', reçoit une importance plus particulière au sein du groupe tandis que [[Judas Iscariote|Judas]], auquel est attribuée la « trahison » de Jésus auprès des autorités, a une responsabilité attestée de « trésorier » de ce groupe.
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Une caractéristique de ce groupe est la relation toute particulière avec Jésus. Celui-ci exerce sur lui une [[autorité charismatique|autorité de type charismatique]]<ref group="n">Le sociologue [[Max Weber]] ([[1864]]-[[1920]]) établissait une distinction entre trois types d'autorité, selon leur origine: charismatique, traditionnelle et légale. Ne relevant ni de la tradition coutumière ni d'une quelquonque institution légale, le pouvoir de Jésus était typiquement « charismatique »</ref><ref name="Petitfils">[[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Le Livre de Poche 2013, {{p.|227-228}}</ref>. Il attend de ces disciples non une servile et aveugle soumission, mais une dépendance spirituelle, une union intime, librement consentie<ref name="Petitfils">[[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Le Livre de Poche 2013, {{p.|227-228}}</ref>.
 
Les évangiles nous montrent un certain nombre des femmes accompagnant Jésus dans ces déplacements dont on en connaît quelques-unes: [[Marie-Madeleine|Marie de Magdala]], [[Jeanne, femme de Chouza]], intendant de Hérode Antipas, [[Salomé (Nouveau Testament)|Salomé]] la mère de Jacques et Jean, Suzanne dont on sait rien « et beaucoup d'autres<ref group="v">{{BFR|Lc|10|38-42}}</ref> ». Le fait de vivre à côté d'un prédicateur célibataire, au milieu des disciples masculins, était un autre défi lancé à la société juive et aux valeurs familiales du temps<ref name="Petitfils">[[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Le Livre de Poche 2013, {{p.|227-228}}</ref>.
 
La fréquente interpretation de Jésus et de ses disciples comme des « charismatiques itinérants »<ref>Gerd Theissen, ''Le Mouvement de Jésus. Histoire sociale d'une révolution des valeurs'', Cerf 2006.</ref>, sans domicile fixe, allant de village en village, comme les [[philosophes]] [[Cynisme|cyniques]] paraît exagéré si l'on sait que les villages et bourgs de Galilée étaient très proches<ref name="Petitfils">[[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Le Livre de Poche 2013, {{p.|227-228}}</ref>. Certains sympathisants étaient sedentaires, fort utiles pour assurer nourriture, logement et aide financière<ref name="Petitfils">[[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Le Livre de Poche 2013, {{p.|227-228}}</ref>.
 
==== Le thaumaturge et les miracles ====
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Les ''[[Vies des douze Césars]]'' de [[Suétone]], écrites vers [[120]], comptent quelques mentions des activités des chrétiens<ref>[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/suetone/table.htm ''Vie de [[Néron]]''], XVI, 3.</ref> et mentionnent, dans la ''Vie de [[Claude (empereur romain)|Claude]]''<ref>[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/suetone/table.htm XXV, 11]</ref> un ''Chrestos'' {{incise|dont il est généralement admis qu'il désigne Jésus-Christ<ref>Paul Matteï, {{op. cit.}}, {{p.}}51</ref>}} qui, selon Suétone, incomplètement informé, aurait été présent à Rome lors des troubles de 49-50 au sein de la communauté juive de Rome, à l'encontre de laquelle Claude promulgue un édit d'expulsion<ref name="Quesnel_196"/>.
 
Une lettre d'un [[stoïcien]] nommé Mara bar Sérapion, adressée en [[syriaque]] à son fils<ref>On trouvera [http://en.wikisource.org/wiki/Ante-Nicene_Fathers/Volume_VIII/Memoirs_of_Edessa_And_Other_Ancient_Syriac_Documents/A_Letter_of_Mara,_Son_of_Serapion ici] l'intégralité de la lettre traduite en anglais.</ref>, parle d'un « sage roi » exécuté par les siens — les Juifs — à l'instar de Socrate et Pythagore, dans ce qui est accepté comme une allusion à Jésus de Nazareth<ref name="Van Voorst 2000, p.57">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Robert E.|nom1=Van Voorst|titre=Jesus Outside the New Testament|sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence|éditeur=Eerdmans Publishing|année=2000|isbn=0-8028-4368-9|passage=57}}</ref>. Si la recherche s'accorde pour le dater d'après [[73]], la datation du document est fort débattue, pouvant aller jusqu'à l'aube du {{s-|V|e}}, avec une majorité de chercheurs inclinant pour une rédaction au cours du {{s-|II|e}}<ref name="Van Voorst 2000, p.56">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Robert E.|nom1=Van Voorst|titre=Jesus Outside the New Testament|sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence|éditeur=Eerdmans Publishing|année=2000|isbn=0-8028-4368-9|passage=56}}</ref>. Le document renseigne, en tout état de cause, davantage sur le christianisme que sur Jésus tandis que son implication des Juifs est, au mieux, douteuse<ref name="Van Voorst 2000, p.57"/> et elle s'inscrit dans une démonstration plus générale<ref>voir à ce sujet {{ouvrage|langue=en|prénom1=Robert E.|nom1=Van Voorst|titre=Jesus Outside the New Testament|sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence|éditeur=Eerdmans Publishing|année=2000|isbn=0-8028-4368-9|passage=51-58}}</ref>.
Une lettre, découverte en [[1855]] et conservée au [[British Museum]]<ref>On trouvera [http://en.wikisource.org/wiki/Ante-Nicene_Fathers/Volume_VIII/Memoirs_of_Edessa_And_Other_Ancient_Syriac_Documents/A_Letter_of_Mara,_Son_of_Serapion ici] l'intégralité de la lettre traduite en anglais.</ref>, faisait un lien entre Jésus et le [[Siège de Jérusalem (70)|chute de Jérusalem en 70]]. Sa date est malheureusement difficile à déterminer (entre le {{Ier siècle}} et le {{IIe siècle}}). Émanant d'un stoïcien syrien, un certain Mara Bar Sérapion, elle était adressée à son fils, étudiant à Édesse:
<blockquote>« Quel avantage les [[Athéniens]] avaient-ils à tuer [[Socrate]], puisque ils eurent leur compte par la famine et la peste ? ou les [[Samiens]] à brûler [[Pythagore]], puisque leur pays fut en un instant entièrement enseveli sous le sable ? ou les Juifs à crucifier leur sage roi, puisque à partir de ce temps-là, le royaume leur fut enlevé ? C'est avec équité que Dieu vengea ces trois sages. Les Athéniens moururent de faim ; les Samiens furent recouverts par la mer; et les Juifs, déportés et chassés de leur royaume, ruinés et arrachés de leur pays, vivent dans la complète dispersion. Socrate n'est pas mort à cause de Platon, ni Pythagore à cause de la Statue d'Héra, ni le sage roi à cause de la nouvelle loi qu'il a donnée<ref name="Petitfils 2">Jean-Christian Petitfils, op. cit., {{p.|580}}</ref>. »</blockquote>
À l'encontre de Flavius Josèphe et de Tacite, Mara Bar Sérapion attribuait donc aux juifs la responsabilité de l'exécution de Jésus<ref name="Petitfils 2">Jean-Christian Petitfils, op. cit., {{p.|580}}</ref>.
 
L'écrivain satirique [[Lucien de Samosate]], dans la deuxième partie du {{IIe siècle}}, fait une allusion au supplice de Jésus, sans le nommer, dans ''La Mort de Pérégrinos''<ref>Lucien de Samosate, [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LUCIEN/Mort.html ''La Mort de Pérégrinos''], 11 et 13.</ref>.
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* [[Manuel de Diéguez]], ''Jésus'', éd. Fayard, 1985
* [[Gérard Mordillat]] et [[Jérôme Prieur]], ''Corpus christi'', ''Enquête sur l'écriture des évangiles'', Mille et une nuits, 1998 ; ''Jésus contre Jésus'', Seuil, 2000 ; ''Jésus illustre et inconnu'', Desclée de Brouwer, 2001 ; ''Jésus après Jésus'', Seuil, 2004
* [[Jean-Christian Petitfils]], ''Jésus'', Fayard, 2011 ;
* [[Christiane Rancé]], ''Jésus'', Gallimard, 2008
* {{ouvrage|prénom1=James D.|nom1=Tabor|titre=La véritable histoire de Jésus|sous-titre=Une enquête scientifique et historique sur l'homme et sa lignée|traduction=Bernard Cohen|éditeur=Robert Laffont|année=2007|isbn=978-2221106143}}
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