« Cinéphilie » : différence entre les versions

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À cette époque où le {{citation|metteur en scène n’avait que bien peu de droits et beaucoup de devoirs<ref name="Skorecki" />}}, était souvent considéré comme l'ouvrier parmi tant d'autre d'un film (en particulier les réalisateurs Hollywoodiens), les cinéphiles conviennent que plus encore que les acteurs ou les producteurs, le résultat d'un film, sa réussite, dépend de ce personnage-clé. Dans tout le paysage cinématographique, seul ce dernier peut imaginer et créer une œuvre, donc donner au cinéma son caractère artistique.
 
Ce désir de réévaluer à leur juste mesure les réalisateurs « maudits » mena parfois à des extrêmes ou des confusi
Ce désir de réévaluer à leur juste mesure les réalisateurs « maudits » mena parfois à des extrêmes ou des confusions. [[Louis Skorecki|Skorecki]] dira ainsi : {{citation|Il y eut des erreurs et des injustices ; il y en a toujours quand on joue sur l’avenir : quand on mise sur des cinéastes qu’on sort de l’ombre pour en faire des champions, les enchères montent vite. Ainsi avait-on tort de préférer la rigueur mathématique et hautaine de Keaton — comique froid, glacé — à l’irréductible mélange de méchanceté et de tendresse de Chaplin ; tort, aussi, de ne retenir du cinéma japonais que Mizoguchi — certes un immense cinéaste —, alors que Kurosawa, ne serait-ce que pour avoir fait ce qui est peut-être le plus beau film du monde — Dodeskaden —, est certainement à réévaluer ; c’était imbécile de mépriser Buñuel ou Wyler au profit de faux auteurs types comme Preminger ou Minelli<ref name="Skorecki" />.}}
 
===== L'affaire Hitchcock =====
[[Image:Alfred Hitchcock NYWTS.jpg|thumb|left|150px|[[Alfred Hitchcock]], icône des « jeunes turcs »]]
 
Aujourd'hui considéré comme un cinéaste majeur, [[Alfred Hitchcock|Hitchcock]] resta longtemps pour les [[Critique de cinéma|critiques]] un « bon faiseur », un « parfait technicien olivoudien » peut-être « maître du suspense » mais non un vrai auteur<ref name="Baecque" />. Hitchock divisa aussi les cinéphiles, [[André Bazin]] par exemple n'étant pas convaincu<ref name="Baecque" />. Il fallut attendre l'affirmation de la seconde génération de cinéphiles, celle des « jeunes turcs », pour que l'entreprise de reconnaissance puisse avoir lieu.
 
Dans les années 1950, [[les Cahiers du cinéma]] prirent position et défendirent opiniâtrement le cinéaste, l'établissant comme l'exemple du génie incompris et de l'auteur écrivant son œuvre dans les marges du système. Vers 1960, la plupart des cinéphiles et des [[Critique de cinéma|critiques]] avaient revu leur jugement mais la reconnaissance demeurait incomplète : en [[France]], les rédacteurs de [[Positif (revue)|Positif]] restaient sceptiques et dénonçaient ce génie qui pour eux n'était qu'une invention des cahiers; aux [[États-Unis]] et surtout à [[New York]] de nombreux critiques partageaient cette opinion<ref name="Baecque" />.
 
C'est pourquoi [[François Truffaut]], ardent défenseur d'[[Alfred Hitchcock|Hitchcock]] et étonné des réserves émises à l'égard de ce réalisateur, décida d'écrire un livre destiné à lever toute ambiguïté et consacrer mondialement le cinéaste<ref name="Baecque" />. Fruit d'un entretien de 500 questions avec le maître, préparé minutieusement durant quatre années, le « [[Hitchcock/Truffaut|Hitchbook]] » sortira enfin en 1966 et réussit son pari, devenant en même temps l'ouvrage de cinéma le plus célèbre du monde.
 
===== La [[politique des auteurs]] =====
{{...}}
 
==== La [[Nouvelle Vague]] ====
 
Désireux d'un cinéma en dehors des limites imposées par la [[Histoire du cinéma français#«.C2.A0Qualité française.C2.A0»|qualité française]], les « jeunes turcs » se lancent peu avant 1960 dans la réalisation. Ce cinéma rêvé se concrétisera par les films-phares [[Les Quatre Cents Coups]] (sorti en [[1959]]) et [[À bout de souffle]] (sorti en [[1960]]).
 
==== Le cinéma comme art ====
 
Les cinéphiles revendiquèrent la qualité artistique du cinéma à une époque où celle-ci ne faisait pas l'unanimité. Leur engagement fut déterminant. En 1959, Godard dira, au nom des cinéphiles : {{Citation bloc|Nous avons gagné en faisant admettre le principe qu'un film de Hitchcock, par exemple, est aussi important qu'un livre d'Aragon. Les auteurs de films, grâce à nous, sont entrés définitivement dans l'histoire de l'art.|[[Jean-Luc Godard]], Arts, 22 avril 1959<ref>[[Jean-Luc Godard]], Arts, 22 avril 1959</ref>}}
 
==== La Shoah ====
 
La cinéphilie lutta contre la [[censure]] des états mis face à leurs responsabilités dans l'immédiat [[après-guerre]] et le début de la [[guerre froide]]. Bien avant l'instauration des [[Devoir de mémoire|devoirs de mémoire]], les cinéphiles découvrirent et transmirent les rares œuvres cinématographiques existant sur la [[Shoah]], parfois au sein même de l'éducation nationale.
 
{{Citation bloc|Être cinéphile, c'était simplement ingurgiter, parallèlement à celui du lycée, un autre programme scolaire, calqué sur le premier, avec les Cahiers jaunes comme fil rouge et quelques passeurs "adultes" qui, avec la discrétion des conspirateurs, nous signifiaient qu'il y avait bien là un monde à découvrir et peut-être rien moins que le monde à habiter. Henri Agel — professeur de lettres au lycée Voltaire — fut un de ces passeurs singuliers. Pour s'éviter autant qu'à nous la corvée des cours de latin, il mettait aux voix le choix suivant : ou passer une heure sur un texte de Tite-Live ou voir des films. La classe, qui votait pour le cinéma, sortait régulièrement pensive et piégée du vétuste ciné-club. Par sadisme et sans doute parce qu'il en possédait les copies, Agel projetait des petits films propres à sérieusement déniaiser les adolescents. C'était [[Le Sang des bêtes]] de [[Franju]] et surtout, [[Nuit et brouillard (film)|Nuit et brouillard]] de [[Alain Resnais|Resnais]]. C'était donc par le cinéma que je sus que la condition humaine et la boucherie industrielle n'étaient pas incompatibles et que le pire venait juste d'avoir lieu.|[[Serge Daney]], n° 4 de ''[[Trafic (revue)|Trafic]]'', 1992<ref name="Daney">[[Serge Daney]], n° 4 de ''[[Trafic (revue)|Trafic]]'', 1992.</ref>}}
 
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