« Race humaine » : différence entre les versions
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J'ai rendu plus neutre l'article qui souffrait d'un parti pris incompatible avec l'esprit de l'encyclopédie. La citation de la revue Nature aurait du rendre plus modeste les contradicteurs de la notion de Race humaine, qui se prévalent de Lewontin dont il a été démontré par l'ensemble du monde scientifique qu'il avait falsifié ses recherches par idéologie.Mes modification sont légères, avec enlèvement des guillemets, et ajouts de quelques sources à propos de Lewontin.. |
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{{Voir homonymes|Race (homonymie)}}
{{à scinder|date=30 novembre 2019}}
La [[notion]] de '''
La notion de race a été utilisée à partir du {{s|XVIII|e}} pour distinguer des groupes humains possédant des critères physiques transmissibles
== Étymologie et signification ==
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La notion de race, entendue en termes biologiques, est tardive et se rattache à une période précoce de la science moderne tentant une classification en [[espèce]]s et en sous-espèces, qui ne concernait d’abord que les végétaux et les autres animaux ([[Carl von Linné|Linné]], {{XVIIe siècle}}). Au {{s-|XIX|e}}, on commence à parler de « races » au sein de l’espèce humaine avec le même sens que les races animales classiques<ref>''Nouvelle Division de la Terre par les différentes Espèces ou races d’homme qui l’habitent, envoyé par un fameux Voyageur à M. l’abbé de la *** à peu près en ces termes'' de [[François Bernier (philosophe)|François Bernier]], paru sans nom d’auteur dans le ''Journal des sçavans'' du 24 avril 1684 est cependant considéré comme la première tentative théorique de diviser l’humanité en races distinguées selon leurs origines géographiques, leurs caractères somatiques et leurs mœurs {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56535g/f135.item}}.</ref>.
[[Arthur de Gobineau]] popularise au milieu du {{s-|XIX|e}} une nouvelle acception, dans son essai [[racisme|raciste]], ''[[Essai sur l'inégalité des races humaines]]'' (1853-1855), dans lequel il prenait parti en faveur de la thèse [[polygénisme|polygéniste]] selon laquelle l'espèce humaine serait divisée en plusieurs races distinctes, que l'on pourrait selon lui hiérarchiser. Le [[racialisme]] (
Afin d'éviter l'usage impropre du terme « race », l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] recommanda, au milieu des [[années 1950]] d'instaurer la notion d'[[ethnie]], laquelle insiste fortement sur les dimensions culturelles au sein d'une [[population]] humaine (langue, religion, us et coutumes, etc.). Pour autant, quelques tentatives racialistes perdurent, comme l'a montré la publication de ''[[The Bell Curve]]'' ([[1994]]), par [[Richard Herrnstein]] et [[Charles Murray (politologue)|Charles Murray]], estimant que le [[quotient intellectuel]] inférieur des [[Afro-Américains|Noirs américains]] était d'origine génétique et ne pouvait pas être corrigé par des mesures sociales. Le même reproche est fait à certaines lectures de la [[sociobiologie]], qui cherchent l'éventuelle origine [[génétique]] des comportements sociaux y compris altruistes<ref>cf. [[Richard Dawkins]], ''[[Le Gène égoïste]]''.</ref>.
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Selon l{{'}}''[[Encyclopædia Universalis]]'' (2006) : {{citation bloc|Utilisé pour signifier la différence entre les groupes humains, le mot « race » s'attache à des caractères apparents, le plus souvent immédiatement visibles. Les plus frappantes de ces différences sont chez l'homme la couleur de la peau, la forme générale du visage avec ses traits distinctifs, le type de chevelure [cf. ANTHROPOLOGIE PHYSIQUE]. Ces variations sensibles, sitôt reconnues, sont interprétées par le système de valeurs propre à chaque culture. Un tout jeune enfant blanc qui rencontre pour la première fois un enfant noir, et s'il n'a pas encore reçu de ses parents le schéma culturel raciste, se demandera pourquoi l'autre s'est mis de la couleur et, en lui serrant la main, il regardera la sienne pour voir si cette couleur déteint. Ce comportement marque la découverte d'une différence qu'il demandera à l'adulte d'expliquer ; ici commence le discours sur les « variétés dans l'espèce humaine ».}}
Cela rejoignait la proposition faite par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale]] de substituer l'expression « [[Ethnie|groupe ethnique]] », plus scientifique et incluant les composantes culturelles, au terme vague et confus de « race », lequel n'a pas de signification rigoureuse<ref>[http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001282/128291eo.pdf '''La Question des races''], [[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]], 1950.</ref>. ▼
▲Cela rejoignait la proposition faite par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale]] de substituer l'expression « [[Ethnie|groupe ethnique]] », plus scientifique et incluant les composantes culturelles, au terme vague et confus de « race », lequel n'a pas de signification rigoureuse<ref>[http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001282/128291eo.pdf '''La Question des races''], [[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]], 1950.</ref>.
Toutefois, la notion de groupe ethnique ne reflète pas de composante biologique comme le fait la notion de race et constitue ainsi un substitut imparfait pour cette notion. Ainsi, dans une approche différenciée que l'on retrouve au sein de la vaste majorité de la communauté internationale dans le cadre de la ''Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale''<ref name="autogenerated1">[http://www.admin.ch/ch/f/rs/0_104/index.html RS 0.104 Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale].</ref>, la notion de race humaine est parfaitement admise comme une réalité non seulement linguistique mais relevant également du fait social et distincte de l'ethnie. Par exemple, le législateur suisse, dans le contexte du phénomène raciste, fournit explicitement l'explication suivante sur les notions de race et ethnie contenues dans cette convention :
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Les partisans du classement de l’espèce humaine en races cherchèrent un instrument de mesure susceptible de donner des critères de différenciation. Ils recensèrent ainsi des [[phénotype|caractères phénotypiques]] visibles, soit le premier moyen de catégoriser l’espèce humaine en différentes races. La méthode consiste à cette époque à étudier ces caractères physiques de manière systématique : c’est la naissance de l'[[anthropométrie]] comme moyen de quantifier les différences au sein de l’espèce humaine.
Grâce à cet outil furent définies des
L'anthropométrie a largement nourri les discours et politiques [[racisme|racistes]]. La période du [[nazisme]] vit ainsi se multiplier des expositions détaillants des caractères physiques, pour « apprendre » à reconnaître les races humaines.
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Aux États-Unis, les principales classifications, pour des usages scientifiques, furent établies par [[William Ripley]] et [[Carleton Coon]]. Le débat à l'intérieur de la communauté savante concernant le découpage des différentes races est toutefois à distinguer de l'usage évolutif et varié de [[Race (recensement des États-Unis)|catégories raciales dans les différents recensements]]<ref name=GibsonJung>Campbell Gibson et Kay Jung, [https://www.census.gov\/population/www/documentation/twps0056/twps0056.html Historical Census Statistics on Population Totals By Race, 1790 to 1990, and By Hispanic Origin, 1970 to 1990, For The United States, Regions, Divisions, and States] {{Lien archive|url=https://www.census.gov\/population/www/documentation/twps0056/twps0056.html |horodatage archive=20080725044857 |titre=Copie archivée }}, Population Division, US Census Bureau, septembre 2000, Working Paper Series No. 5.</ref>. On observe, des variations très significatives dans les instructions données aux agents chargés de ces « découpages »<ref name="ReferenceA"/>. Dans ces recensements, opérés à partir de 1790, la race désigne tantôt une [[Couleur de la peau humaine|couleur de peau]] (ainsi « Blanc » et « Noir », seules catégories utilisées de 1790 à 1850<ref name=GibsonJung/>), tantôt une appartenance ethnique (ainsi « [[Esquimaux|Eskimo]] » et « [[Aléoute]] », catégories qui apparaissent dans les années 1960 et sont généralisées, au niveau national, en 1980<ref name=GibsonJung/>), tantôt une religion (ainsi la catégorie « [[hindouisme|Hindou]] », introduite en 1910<ref name=GibsonJung/>), tantôt une [[nationalité]] ou une origine nationale (ainsi les catégories « [[Chinois (nation)|Chinois]] » ou « [[Japonais (peuple)|Japonais]] », introduites respectivement en 1860 et 1870). À côté du champ scientifique et du champ du recensement, la catégorie de race fait l'objet d'une {{Lien|Construction juridique du concept de race aux États-Unis|trad=Judicial aspects of race in the United States|texte=construction juridique spécifique}}.
== Précision,
La grande variabilité des traits physiques empêche de les attribuer uniquement à une race. En effet, la grande majorité des caractères physiques sont quantitatifs. Une même couleur de peau peut être retrouvée dans des groupes très éloignés et inversement on constate des différences importantes à l'intérieur de groupes donnés (de là la discussion, en Amérique latine et aux États-Unis, à propos des différents teints de noirs, ou la classification élaborée, dès la [[colonisation européenne des Amériques]], afin de hiérarchiser les individus issus du [[métis]]sage de groupes ethniques distincts en fonction de la couleur de leur peau). Tout ce panel possible de variété découle du métissage. Ce métissage, s'il est suffisant pour créer des formes intermédiaires, n'invalide pas véritablement l'existence de races humaines en tant que telles. La [[Craniométrie|craniometrie]] est ainsi largement utilisée pour déterminer l'appartenance raciale. Pour certains auteurs, l'existence d'une variation graduelle vient au contraire valider la pertinence de formes non métissées.
▲D’autre part, la période de la politique d’extermination raciste du nazisme a forcé, après guerre, à réfléchir de manière critique à cette notion de race humaine, et soit à l’abandonner, soit à ne la conserver que dans un sens métaphorique, c’est-à-dire de groupement culturel mais non plus de classe biologique. Les exactions que le nazisme justifiait au nom de la sauvegarde d'une pseudo-« race aryenne », entraînèrent une rectification dans le sens de l'antiraciologie. Dans son édition de juillet-août [[1950]], sous le titre « Les Savants du monde entier dénoncent un mythe absurde… le racisme », le ''Courrier de l’[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]'' publie la « déclaration sur la race ». Il s’agit d’un document rédigé en décembre [[1949]] par un groupe international de chercheurs qui précisent la notion de race<ref name="unesco"/> et affirment l’unité fondamentale de l’humanité<ref>« 1. Les savants s'accordent en général à reconnaître que l'Humanité est une et que tous les hommes appartiennent à la même espèce, ''Homo Sapiens''. », [http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001269/126969FB.pdf ''Déclaration d'experts sur les notions de race''], [[Paris]], le {{date|20|juillet|1950}}.</ref>.
[[Claude Lévi-Strauss]] analyse les mécanismes de la constitution de l’idéologie raciste, en termes de différenciations de races : {{citation bloc|Le péché originel de l’anthropologie consiste dans la confusion entre la notion purement biologique de race (à supposer que […] cette notion puisse prétendre à l’objectivité), et les productions sociologiques et psychologiques des cultures humaines<ref>Claude Lévi-Strauss, ''Race et histoire'', 1952, éd. Folio, coll. « Essais », 1989 {{ISBN|2-07-032413-3}}, p. 10.</ref>.}}
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En [[2008]], la revue ''Science'' a publié l'étude génomique la plus complète jamais effectuée qui compare {{formatnum:650000}} [[nucléotide]]s chez 1064 individus appartenant à 51 populations déclarées. Le travail réalisé par les 11 auteurs a permis d'établir un arbre de parenté probable de 938 individus, cet arbre de probabilités prédit avec une bonne précision l'origine géographique des individus. L'étude confirme les résultats des travaux antérieurs, basés sur les [[Microsatellite (biologie)|microsatellites]] (non-codants) concernant l'origine par continents des individus. Par ailleurs elle confirme l'hypothèse selon laquelle l'espèce ''homo sapiens'' a une origine africaine et que la majorité de la variation génétique dans l'espèce se retrouve entre individus dans les branches d'apparentements plutôt qu'entre elles ; il n'y a donc pas de populations isolées génétiquement au sein de l'espèce humaine<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Li, Jun|et al.=oui|titre=Worldwide Human Relationships Inferred from Genome-Wide Patterns of Variation|périodique=Science (319)|date=Février 2008|issn=|doi=10.1126/science.1152586|lire en ligne=http://science.sciencemag.org/content/319/5866/1100.long|pages=1100-1104}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Corbara B|titre=Populations, races, espèces : y a-t-il des limites objectives ?|périodique=Espèce (16)|date=Juin-Août 2015|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>.
Plusieurs études génétiques récentes
Distances génétiques (Fst) autosomales calculées par [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2730349/table/t1-09_94_tian/ Chao Tian {{et al.}} 2009]:
* Grec-Druze : 0.0052, Grec-Bédouin : 0.0064, Grec-Palestinien : 0.0057, Grec-Russe : 0.0108, Grec-Suédois : 0.0084,
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* Italiens du Sud - Lettoniens : 0.0150, Italiens du Sud - Finlandais (Helsinki) : 0.0160
* Espagnols - Lettoniens : 0.0100, Espagnols - Finlandais (Helsinki) : 0.0110
* Européens – Chinois 0.1100, Européens – Africains (Yoruba) 0.1530.</ref> mais une telle distance avec les Finlandais n'est pas représentative des distances entre les Européens ; elle s'explique parce que les Finlandais sont pour partie mélangés avec des asiatiques sibériens
=== Génotype et phénotype ===
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Les analyses ADN montrent ainsi que l’espèce humaine possède déjà un peu plus de 98,6 % de son [[génome]] en commun avec les ''chimpanzés'', et qu'elle partage le même patrimoine génétique à 99,8 %. Les différences entre hommes et singes sont dues à seulement quelques dizaines de gènes. Les apparentes différences anatomiques et physiologiques à l’intérieur de l’espèce humaine sont dues à un nombre encore plus restreint de gènes. Difficile, dès lors, d’arriver à isoler des gènes « types », différenciant diverses populations.
La compatibilité des tissus pour les dons d'organe ou de [https://www.mutualite.fr/actualites/Moelle-osseuse-recherche-donneurs-de-toutes-origines/ moelle osseuse] dépendent de la proximité génétique du donneur et du receveur. On peut donc en déduire qu'elles ont une implications dans le domaine médical.
=== Variabilité génétique : un outil de classification ===
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[[Fichier:ADMIXTURE analysis of Horn of Africa populations in a broad context.png|vignette|300x300px|Analyse des ADMIXTURE pour 81 populations à partir de 16 420 SNPs. (Hodgson JA, Mulligan CJ, Al-Meeri A, Raaum RL., 2014).]]
[[Fichier:9 Cluster Tree.png|thumb|[[Arbre phylogénétique]] pour 9 groupes de populations (Cavalli-Sforza, L.L., Menozzi, P. & Piazza, A., 1994)<ref>Cavalli-Sforza, L.L., Menozzi, P. & Piazza, A., ''The History and Geography of Human Genes'', 1994.</ref>.]]
=== Une définition génétique ===
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Depuis 2003, le [[Projet génome humain|projet de séquençage du génome humain]] est achevé<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Le génome humain, clé de la médecine du futur, est intégralement séquencé.|url=https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/genetique-genome-humain-cle-medecine-futur-integralement-sequence-1967/|site=futura-science.com/sante|périodique=Futura science|date=17 avril 2003|consulté le=}}</ref>. L’analyse statistique des variations du génome au sein de l’espèce humaine est facilitée, et les généticiens disposent d'un nouvel outil pour étudier les variations génétiques.
Entre 2001 et 2003, des études (notamment celles de Rosenberg, Stephens et Bamshad) ont permis de démontrer qu’il était possible de déterminer la région d’origine des ancêtres d’un individu en étudiant des « marqueurs génétiques ». Ces travaux ont provoqué un regain d’attention pour le concept de race
Certains commentaires tendent à remettre en cause l’idée selon laquelle la plus grande part de variabilité serait présente au sein même des populations. Or, c’est cette observation qui avait conduit à la perte d’intérêt pour le classement en races des êtres humains. Cependant, pour Feldman, Lewontin et King, cette constatation n’a pas à être remise en cause, mais doit être mise en perspective avec d’autres découvertes.
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=== Le problème de la pertinence ===
{{section à sourcer|date=mars 2013}}
Ainsi, les scientifiques ont-ils pu démontrer qu’il était possible de définir de façon scientifique des groupes au sein de l’espèce humaine. Ces groupes (correspondant à des populations différentes) diffèrent, non pas sur la base de génotypes différents, mais sur un ensemble de petites différences entre fréquences alléliques d’un grand nombre de marqueurs génétiques. Il est également possible de connaître
Cet état de fait permet d’une certaine manière de définir des
Cependant, le fait de pouvoir définir plus ou moins arbitrairement des races au sein de l’espèce humaine ne renseigne pas sur la réalité biologique que de tels concepts recouvrent. Il se pose ainsi le problème de la pertinence d’une telle classification raciale. Certains ont ainsi pu soulever l’idée selon laquelle un classement racial pourrait être avantageusement intégré aux pratiques médicales. Mais cette dernière idée est contrecarrée par deux constatations :
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{{Citation bloc|Contrairement à l'idée défendue depuis le milieu du {{s-|XX|e}}, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine. La connaissance du génome humain permet en effet de regrouper les personnes selon les zones géographiques d’où elles sont issues. En revanche, les usages que l’on prétend faire en médecine d’une classification raciale sont sujets à caution.}}
Il est ainsi beaucoup plus pertinent, du point de vue biologique, de connaître l’ascendance d’un individu, ''via'' une étude de son génotype, que de le classer dans une race. Feldman et ses collègues font ainsi remarquer qu’une classification raciale dans un but médical est « au mieux sans grande valeur, au pire dangereuse », et qu’elle « masque l’information biologique nécessaire à des décisions diagnostiques et thérapeutiques intelligentes », il ne faut donc pas « confondre race et ascendance ». Dit autrement : « Si l’on veut utiliser efficacement le génotype pour des décisions diagnostiques et thérapeutiques, ce n’est pas la race qui importe, mais les informations sur l’ascendant du patient ».
=== Médecine de précision ===
Le développement de la [[Médecine personnalisée|médecine de précision]], c'est-à-dire une médecine individualisée basée sur l'étude génomique des patients<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Médecine de précision - Valorisation des données et des échantillons biologiques - CHUV|url=http://www.chuv.ch/vde/vde_home/vde-medecine-precision.htm|site=www.chuv.ch|consulté le=2017-08-29}}</ref> a fait apparaître l’utilité de prendre en compte l'existence de groupes continentaux notamment vis-à-vis de la réponse aux traitements médicamenteux<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Population genetic structure of variable drug response - ProQuest|url=https://search.proquest.com/openview/41abb73f934d7fc2ae7828d266a47a2d/1?pq-origsite=gscholar&cbl=33429|site=search.proquest.com|consulté le=2017-08-29}}</ref>. Pour certains chercheurs l'identification des différences génétiques entre les races et les sous-groupes ethniques, qu'ils soient pour les marqueurs génétiques aléatoires, les gènes qui conduisent à une susceptibilité à la maladie ou à une variation de la réponse aux médicaments, est scientifiquement approprié. Ce qui n'est pas scientifique, c'est les systèmes de valeurs rattachés à ces notions<ref name=":1">{{Article|prénom1=Neil|nom1=Risch|prénom2=Esteban|nom2=Burchard|prénom3=Elad|nom3=Ziv|prénom4=Hua|nom4=Tang|titre=Categorization of humans in biomedical research: genes, race and disease|périodique=Genome Biology|volume=3|numéro=7|date=2002|issn=1465-6906|pmid=12184798|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC139378/|consulté le=2017-08-29|pages=comment2007.1–comment2007.12}}</ref>.
Dans le monde médical, la race est parfois prise en compte dans le diagnostic et le traitement des pathologies. Certaines affections sont plus fréquentes chez certains groupes raciaux ou ethniques que dans d'autres
D'autres chercheurs soulignent que trouver une différence dans la prévalence de la maladie entre deux groupes socialement définis n'implique pas nécessairement une causalité génétique de la différence<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Graves, Joseph L.|titre=Evolutionary versus racial medicine: why it matters|périodique=Race and the genetic revolution: Science, myth and culture|date=2011|issn=|lire en ligne=|pages=142-170}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Fullwiley, D.|titre=Can DNA witness race? Forensic uses of an imperfect ancestry testing technology|périodique=Race and the genetic revolution: Science, myth and culture|date=2011|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Ils suggèrent que les pratiques médicales devraient se concentrer sur l'individu plutôt que sur l'appartenance d'un individu à n'importe quel groupe. Ils font valoir que la mise en avant excessive des contributions génétiques au détriment des disparités en matière de santé comporte différents risques tels que le renforcement des stéréotypes, la promotion du racisme ou l'absence de prise en compte de la contribution des facteurs non génétiques aux disparités en matière de santé. Des études plus récentes notent notamment que ces marqueurs génétiques ne sont pas les facteurs les plus importants à prendre en compte<ref>{{Article|prénom1=Koffi N.|nom1=Maglo|prénom2=Tesfaye B.|nom2=Mersha|prénom3=Lisa J.|nom3=Martin|titre=Population Genomics and the Statistical Values of Race: An Interdisciplinary Perspective on the Biological Classification of Human Populations and Implications for Clinical Genetic Epidemiological Research|périodique=Frontiers in Genetics|volume=7|date=2016-02-17|issn=1664-8021|pmid=26925096|pmcid=PMC4756148|doi=10.3389/fgene.2016.00022|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4756148/|consulté le=2017-08-29}}</ref>. Les données épidémiologiques internationales montrent que les conditions de vie plutôt que la race constituent la plus grande différence dans les résultats de santé même pour les maladies qui ont des traitements spécifiques à la race<ref>{{Article|langue=En|prénom1=Richard S.|nom1=Cooper|prénom2=Katharina|nom2=Wolf-Maier|prénom3=Amy|nom3=Luke|prénom4=Adebowale|nom4=Adeyemo|titre=An international comparative study of blood pressure in populations of European vs. African descent|périodique=BMC Medicine|volume=3|numéro=1|date=2005-01-05|issn=1741-7015|doi=10.1186/1741-7015-3-2|lire en ligne=https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/1741-7015-3-2|consulté le=2017-08-29|pages=2}}</ref>. Certaines études ont révélé que les patients sont réticents à accepter la catégorisation raciale dans la pratique médicale<ref name=":2" />.
== La notion de race comme construction sociale ==
Dans les années 1950, l'Unesco recommandait de remplacer « race » par « [[Ethnie|groupe ethnique]] », mais ce terme est également
En Suisse, le [[Tribunal fédéral (Suisse)|Tribunal fédéral]] a affirmé dans une décision de 1998 relative à la confiscation de matériel à contenu raciste : {{Citation bloc|La race, au sens de l'art. 261bis CP [Code pénal], se caractérise notamment par la couleur de la peau […] ; il n'est donc pas douteux que les noirs constituent une race au sens de cette disposition<ref>[http://relevancy.bger.ch/cgi-bin/JumpCGI?id=BGE-124-IV-121&lang=fr 124 IV 121 Arrêt de la Cour de cassation pénale du 30 avril 1998 dans la cause P. contre Ministère public du canton de Neuchâtel, ATF 124 IV 121, 124].</ref>).}}
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