« Clavecin » : différence entre les versions

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La caisse (ou coffre) constitue la structure principale du clavecin et définit sa forme extérieure et son volume. Elle est indépendante du piètement sur lequel elle repose<ref group="note">les anciens clavecins ne possédaient pas de piètement : on posait simplement l'instrument sur une table ou des tréteaux pour en jouer</ref>.
 
C'est un volume presque entièrement clos, en bois<ref group="note">différentes essences sont utilisées, selon les écoles de facture : tilleul, peuplier, cyprès, pin, sapin, chêne</ref>, qui joue le rôle de [[caisse de résonance]]. Elle est construite autour d'une pièce de bois massive (généralement en chêne), disposée parallèlement au(x) clavier(s) : le ''sommier''. À gauche (notes graves), la paroi (l’''échine'') est rectiligne. À droite (notes aiguës) elle est concave, c'est l'''éclisse courbe'' qui rejoint l’échine par une ''queue'' (ou ''pointe'') rectiligne ou convexe. Une paroi rectangulaire (la ''joue'') la prolonge à droite des claviers. Des éléments internes en bois (barres de fond, arcs-boutants, équerres, renforts divers) rigidifient la caisse pour contrer la tension importante exercée par les cordes et éviter toute déformation ; leur agencement varie selon les différentes traditions de facture. La caisse est fermée vers le bas par le «&nbsp; ''fond''&nbsp; ».
 
À la partie supérieure, sous les cordes, se trouve la [[table d'harmonie]], qui couvre presque en totalité la surface de l'instrument.
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|-
|A : Sommier<br />B : Barre de nom<br />C : Echine<br />D : Pointe<br />E : Eclisse courbe<br />F : Joue<br />G : Contre-sommier<br />H : Masse <br />I : Barres de fond<br />J : Arcs-boutants<br />K : Contre-éclisses<br />L : Table d'harmonie<br />M : Boudin<br />N : Grande barre<br />O : Petites barres<br />P : Rosace
|[[Fichier:StructureCaisse.JPG|500px|alt=structure en bois brut de la caisse d'une copie de clavecin de Pascal Taskin, en cours de construction, vue de dessous]]
|-
| colspan=2 align="center" | ''L'instrument est en position normale. Le fond manque''
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''fixant la joue au sommier''<br />
''et au contre-sommier''
|[[Fichier:ClavecinCaisseNue.JPG|500px|alt=structure en bois brut de la caisse d'une copie de clavecin de Pascal Taskin, en cours de construction, vue de dessous]]
|}
 
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Du fait de ces corrections, plus importantes vers les graves, le chevalet à une forme en S ou en équerre, voire en plusieurs sections. et non celle d'une courbe exponentielle.
 
On appelle « module » (anglais : ''scale'', allemand : ''Mensur'') la longueur utile (entre sillet et chevalet) de la corde correspondant au Do au-dessus du milieu du clavier. Le module est considéré comme court autour de 25–28&nbsp;25–{{unité|28|cm}} et comme long autour de 32–36&nbsp;32–{{unité|36|cm}}<ref>E. Ripin, ''op.cit.'' page 5</ref> ; le module détermine généralement la matière des cordes : cuivre ou bronze pour un module court, fer pour un module long<ref group="note">pour rendre un son donné, une corde doit être d'autant plus tendue qu'elle est longue, d'où nécessité d'un matériau plus résistant</ref>.
 
=== La table d'harmonie ===
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=== Le(s) clavier(s) ===
[[Fichier:EtendueClavecin.JPG|thumb|center|upright=4|Clavier à étendue de 5 octaves Fa0 à Fa5 : correspondance des touches et des notes]]
Le clavecin possède un ou deux [[clavier (musique)|claviers]], voire trois, de manière très exceptionnelle<ref>[[Hieronymus Albrecht Hass]] en a construit un en 1740 cf Mercier-Ythier, ''op.cit.'' pages 103, 110 ; un instrument de [[Bartolomeo Cristofori]] possède aussi 3 claviers après transformation cf Mercier-Ythier, ''op.cit.'' page 38</ref>. Leur étendue n'est pas normalisée, elle est inférieure à celle du piano et varie généralement entre 4,5 et 5 octaves, soit de 56<ref group="note">dans ce cas, souvent de Sol0 à Ré5</ref> à 61 notes<ref group="note">cette étendue réduite correspond aux exigences effectives du répertoire, jusqu'à [[Johann Sebastian Bach|Bach]] et [[Domenico Scarlatti|Scarlatti]]</ref> : souvent de Fa0 à Fa5 (anglais/allemand : FF à f<nowiki>'''</nowiki>, américain : F1 à F6). ''N.B. le la3 correspond au diapason, {{unité|440 |Hz}} (classique) ou {{unité|415 |Hz}} voire {{unité|392 |Hz}} (baroque) ; le do4 définit le module des cordes''.
 
Le clavier supérieur, s'il existe, est en retrait par rapport au clavier principal et peut, selon la disposition, s'accoupler comme dans l'orgue, au clavier inférieur (ou clavier principal).
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=== Disposition et sonorité ===
[[File:041 Museu de la Música.jpg|thumb|Détail des cordes d'un Clavecin]]
Le son émis par une corde du clavecin ne dépend pratiquement pas de la force appliquée par le claveciniste sur la touche<ref group="note">cependant il existe une influence très minime, signalée dès 1752 par [[Johann Joachim Quantz]] et en 1802 par [[Daniel Gottlob Türk]], cf H. Neupert ''op.cit.'' page 19</ref>. Néanmoins, l'instrument possède une variété de sonorités obtenue grâce à ses différents jeux (ou rangs de cordes) sélectionnés à l'aide des registres, et par la possibilité de les combiner. La sonorité du clavecin est marquée par une grande richesse en harmoniques<ref group="note">selon une étude ancienne citée par Hanns Neupert (''op.cit.'' page 19), l'émission d'un Do à {{unité|128 hz|Hz}} par un clavecin comportait 33 sons partiels décelables à comparer à 23 pour un piano-forte du début du {{s|XIX}} et à 14 pour un piano moderne</ref>.
 
Aujourd'hui on désigne le plus souvent les jeux de cordes par un nombre de pieds, par analogie avec les registres d'orgue émettant des sons de même hauteur, soit {{unité|16|pieds}} (très rare), {{unité|8|pieds}} (le plus usuel), {{unité|4|pieds}} voire {{unité|2|pieds}} (très rare), en abrégé 16', 8', 4' et 2'. Ce nombre n'indique pas la longueur effective des cordes. Cependant, dans le principe, la partie active d'une corde d'un jeu de 8' est à peu près deux fois plus longue que la corde du jeu de 4' actionnée par la même touche.
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[[Image:Clavecin accouplement.svg|center|thumb|600px|Accouplement des claviers à la française ou « à tiroir ».<br /> {{souligner|Schéma de principe}} 1) pointes de balancement, 2&5) Registre fixe (inférieur), 3) sautereaux, 4) ergot, S) touche supérieure, I) touche inférieure. À gauche : clavier non couplé, la touche supérieure actionne le sautereau A, la touche inférieure les sautereaux B et C. À droite : clavier couplé, la touche supérieure actionne le sautereau A, la touche inférieure les sautereaux A, B et C. ''NB Dans une variante plus rare, c'est le clavier inférieur qui est mobile.'']]
 
[[Image:Dogleg jack.svg|center|thumb|600px|Système à l'anglaise (''dogleg'').<br /> {{souligner|Schéma de principe}} 1) pointes de balancement, 2) Registre fixe (inférieur), 3) sautereaux 4) sautereau B dit « dogleg », S) touche supérieure, I) touche inférieure. La touche supérieure actionne le sautereau A et, optionnellement le sautereau B, la touche inférieure les sautereaux B et C. ''NB Schéma de gauche : disposition usuelle - Schéma de droite : sur quelques rares instruments''<ref>F. Hubbard, ''op.cit.'' page 157</ref>]]''
 
=== Accord et tempérament ===
Très généralement aujourd'hui, le clavecin est accordé au diapason dit baroque avec un « la » à {{unité|415|Hz}}<ref group="note">avant 1800, date à laquelle le La3 a été fixé à {{unité|440 |Hz}}, il n'y avait pas de diapason unifié ; le « la » variait d'une ville à l'autre, voire d'un orgue à l'autre dans la même ville</ref>. Le diapason moderne à {{unité|440|Hz}} n'est adopté que lorsque l'instrument doit s'intégrer à un ensemble moderne, notamment pour l'exécution des œuvres composées au {{s-|XX|e}}.
 
L'écart entre ces deux diapasons correspond approximativement à un demi-ton : c'est pourquoi beaucoup d'instruments disposent d'un dispositif transpositeur rudimentaire qui consiste simplement à pouvoir décaler les claviers de la largeur d'une touche : décalée vers la droite, la touche donnant « la » vient se placer sous les sautereaux produisant auparavant « si bémol » ce qui demande d'effectuer un nouvel accord.
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* claviers plus robustes, analogues à celui du piano ;
* etc.
Ces instruments étaient beaucoup plus lourds<ref group="note">plus de {{unité|180 |kg}}({{unité|409 |lb}}) pour le modèle « Bach » de Wittmayer, cf W. Zuckermann, ''op. cit.'' page 198</ref> et produisaient un son plus métallique et plus grêle, qu'on leur reproche actuellement. Ils se prêtaient mieux à une production industrielle et furent d'ailleurs construits en grand nombre, notamment par quelques firmes allemandes telles que [[Neupert]], [[Wittmayer]], [[Sperrhake]], [[Ammer (facteurs de clavecin)|Ammer]], [[Sassmann]].
 
Les seules innovations du {{s|XX}} qui aient été communément conservées aujourd'hui sont les sautereaux en plastique et les plectres en [[Polyoxyméthylène|Delrin]].
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=== Les origines - {{s2-|XIV|e|XV|e}} ===
L'origine du clavecin remonte au [[Moyen Âge]] : il est une évolution du [[psaltérion]], auquel a été adapté un clavier. C'est au {{s-|XIV|e}} que l'on en trouve les plus anciens documents. Un manuscrit en latin d'[[Henri Arnault de Zwolle|Arnaut de Zwolle]], datant d'environ [[1440]], inclut des schémas détaillés du ''clavicymbalum'' (ancien nom du clavecin) ainsi que de quatre dispositifs d'excitation des cordes, soit [[Instrument à cordes pincées|pincées]], soit [[Instrument à cordes frappées|frappées]]. Arnault précise que la première mécanique est la meilleure : les premiers [[sautereau (clavecin)|sautereaux]]<ref name = "kottick1">[[#kottick|Edward L. Kottick (2003)]], chap. 1 - ''From psaltery and monochord to harpsichord and virginal'', pp{{p. |9-26}}</ref>.
 
L'instrument est peut-être originaire d'[[Italie]] ou de [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]], que ces deux centres de facture aient été en communication ou se soient développés de façon indépendante. L’Italie sera toujours, et de loin, le siège de la plus importante production, avec une facture très typée qui demeure la même pendant trois siècles.
 
=== Le {{s-|XVI|e}} ===
En 2009, le plus ancien clavecin conservé est de facture italienne ; il est daté de [[1521]], a été construit par le facteur Jérôme de Bologne (''Hieronymus Bononiensis'') et est conservé à [[Londres]] au ''[[Victoria and Albert Museum]]''<ref>Mercier-Ythier, ''op. cit.'' page 27</ref>. La ''[[Royal Academy of Music (école de musique)|Royal Academy of Music]]'' possède un [[clavicytherium|clavicythérium]], qui doit être antérieur, mais le mécanisme est manquant. Notons qu'ils sont précédés par une [[Épinette (instrument de musique)|épinette]] datant de [[1493]], exposée au musée de Pérouse<ref>N. Dufourcq, ''op. cit.'' {{p .|16}}</ref>. Les autres instruments remontant à cette haute époque, la première moitié du {{s-|XVI|e}}, sont également de facture italienne. Cependant, ils ne nous fournissent aucun renseignement sur la genèse de l'instrument : de manière surprenante, la facture en est quasi accomplie, et l'on ne peut donc qu'émettre des hypothèses quant à son évolution antérieure, d’autant que les documents écrits manquent presque complètement jusqu'à l'[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie de Diderot]]<ref>Mercier-Ythier, ''op. cit.'' page 13</ref>.
 
Les facteurs italiens construisaient des instruments très légers, dont la structure évoque la [[lutherie]], munis d'un seul clavier et des cordes de tension modérée. Cette structure perdura pendant plusieurs siècles sans modification notoire. Les instruments italiens ont un son plaisant, mais qui manque de puissance : ils devinrent l'instrument d'accompagnement par excellence.
 
Un changement décisif dans la facture eut lieu à [[Anvers]] vers les années [[1580]], surtout sur l'impulsion du facteur Hans [[Famille Ruckers|Ruckers]] et de ses héritiers, parmi lesquels Ioannes Couchet. Les facteurs flamands construisaient des instruments beaucoup plus solides que les Italiens. Leurs instruments avaient des cordes plus longues, sous plus forte tension, de diamètre progressivement augmenté vers les basses – d'où une forme plus trapue, avec deux jeux de 8 et {{unité|4|pieds}} (ou de deux fois {{unité|8|pieds}}) –, une caisse plus épaisse et une table d'harmonie très mince qui rendait un son puissant et noble. Il y avait parfois deux claviers, généralement [[transposition (musique)|transpositeurs]] (à intervalle de quarte) et qui ne pouvaient être accouplés. Plus tard, le second clavier fut aussi utilisé pour produire des modifications de sonorité. Le modèle flamand servit de base au développement de la facture dans les autres pays d'Europe occidentale (essentiellement la France, l'Angleterre, l'Allemagne), même si une tradition antérieure a pu y exister<ref name = "kottick3">[[#kottick|Edward L. Kottick (2003)]], chap. 3 - ''Antwerp harpsichord building beetween Karest and Ruckers'', pp{{p. |53-65}}</ref>.
 
=== L’âge d’or ({{s2-|XVII|e|XVIII|e}}) ===
C'est la grande [[:wikt:époque|époque]] du clavecin : facteurs et musiciens portent l'instrument et son répertoire à leur apogée. Le clavecin devient un instrument de prestige et un meuble d'apparat qui orne hôtels particuliers, châteaux et palais, chez les bourgeois aisés, les membres de la noblesse et des familles royales. Il participe à la riche vie musicale qui les anime, et les enfants des classes privilégiées apprennent à en jouer auprès des meilleurs professeurs. {{Référence nécessaire}}
 
=== Le {{s-|XIX|e}} ===
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Il faut attendre [[1889]] ([[Exposition universelle]] de Paris) pour voir réapparaître en public le clavecin, via des instruments fabriqués par [[Pleyel]] et [[Érard]] et présentant des caractéristiques très différentes du clavecin ancien.
 
Au début du {{XXe siècle}}, la pianiste [[virtuose]] [[Wanda Landowska]] découvre le clavecin et va œuvrer pour le renouveau de l’instrument en s’y consacrant de façon exclusive : elle interprète sur un instrument spécialement conçu et construit pour elle par [[Ignace Joseph Pleyel|Pleyel]] les œuvres de [[Jean-Sébastien Bach|Bach]], [[François Couperin|Couperin]], [[Jean-Philippe Rameau|Rameau]], [[Domenico Scarlatti|Scarlatti]], … et forme de nombreux disciples. Parmi ceux-ci, [[Ralph Kirkpatrick]], [[Rafael Puyana]], [[Ruggero Gerlin]] entre autres, deviendront à leur tour des professeurs renommés.
 
La [[tradition]] de la facture [[Classicisme|classique]] s'est perdue depuis le {{XVIIIe siècle}} : les facteurs de pianos sollicités par les artistes désireux de ressusciter l’instrument croient bon de faire « bénéficier » celui-ci des améliorations qui avaient transformé le [[piano-forte]] en piano moderne. Ils le munissent donc d’une caisse massive en contreplaqué, d’un cadre métallique avec des cordes sous forte tension, de becs en cuir durci, de dispositifs de réglage fin sous la forme de multiples vis d’ajustement, de [[clef (musique)|clefs]] d'[[Accord (musique)|accord]] doublées, de pédales permettant les changements rapides de registre, sans soupçonner que ces nouveautés en font un instrument différent et moins convaincant sur le plan musical : le [[son musical|son]] en est différent, beaucoup plus métallique, et, chose plus inattendue, d’une faiblesse qui surprend et qui pouvait justifier ''a posteriori'' l’abandon de l’instrument à la fin de l’époque baroque. Le clavecin ainsi « falsifié » ne supporte guère la comparaison avec le piano ni la confrontation avec l'[[orchestre]].
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Le clavecin a retrouvé depuis le dernier quart du {{XXe siècle}} sa place privilégiée dans l’interprétation de la [[musique baroque]], comme instrument soliste, concertant ou assurant le [[continuo]]. Il a pratiquement repris sa place jusqu'alors usurpée par le piano dans ce domaine, car ses caractéristiques sont beaucoup plus appropriées à l’interprétation d’une musique qui a été conçue pour lui. Ainsi, seul le double clavier permet d’exécuter exactement certaines œuvres contrapuntiques, mais surtout, les ornements ne peuvent être exécutés correctement que grâce au mécanisme du clavecin. D'une manière générale, la couleur, le jeu spatial et la répartition des voix sont uniques au clavecin.
 
Des compositeurs contemporains tels que [[Francis Poulenc]], [[Bohuslav Martinů]], [[Manuel de Falla]], [[Frank Martin]], [[Peter Mieg]], [[Maurice Ohana]], [[Jean Françaix]], [[György Ligeti]], [[Iannis Xenakis]] ou [[Henryk Górecki]] vont composer pour l'instrument. Il sera également employé dans le domaine de la chanson française ([[Léo Ferré]], [[Jacques Brel]], [[Jean Ferrat]], ...) et dans le [[jazz]] ([[Erroll Garner]]), mais aussi par des compositeurs de [[musiques de film]] ([[Vangelis]] dans ''[[1492&nbsp;: Christophe Colomb]]'' ([[Ridley Scott]], 1992).
 
== Musique de clavecin ==
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Pendant la période baroque, le clavecin trouve son utilisation dans trois domaines :
# il joue un rôle essentiel, avec quelques autres (orgue, basson, basse de viole, violoncelle, …violoncelle…) dans la réalisation de la [[basse continue]], notamment à l'[[opéra]] ;
# c'est un instrument de soliste incomparable, par ses possibilités contrapuntiques et ses différents coloris sonores ;
# il est aussi, de façon plus tardive, apprécié comme instrument concertant ([[sonate]]s, [[concerto]]s).
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=== La facture française ===
[[Image:Clavecin français.jpg|thumb|left|250px|Clavecin français]]
Il existe une tradition française de la facture antérieure à la période d’extraordinaire engouement pour les clavecins flamands qui la fit évoluer de façon décisive. Cette manière ancienne est d’ailleurs beaucoup plus proche des Flamands que des Italiens. La production française est presque entièrement concentrée à [[Paris]], qui comptait plus de cent facteurs au {{s-|XVIII|e}} <ref>Ed Kottick, {{p .|272}}</ref> - on peut citer les familles [[Denis (facteurs de clavecin)|Denis]], Bellot, Jean-Antoine Vaudry. Quelques autres travaillent à [[Lyon]] (Gilbert Desruisseaux, plus tard [[Donzelague|Pierre Donzelague]]), Toulouse ([[Vincent Tibaut]]) — Les instruments datant de cette période sont excessivement rares et aucun ne remonte avant [[1648]]<ref>Clavecin de [[Jean II Denis]] au Musée de l'Hospice Saint-Roch à [[Issoudun]], Ed Kottick {{p. |163}}</ref>.
 
Le clavecin français typique du {{s-|XVIII|e}} est un grand instrument à deux claviers dont la structure rappelle beaucoup celle des Flamands. Bien souvent, ces instruments sont issus de l’opération de ravalement<ref>[[Claude Mercier-Ythier]], ''Les Clavecins'', {{p .|64}}</ref> qui consiste à transformer un ancien instrument pour le mettre au goût du jour. Il s’agit soit d’adjoindre un second clavier ou d’ajouter un accouplement, soit d’augmenter l’étendue du clavier, soit d’augmenter le nombre des registres, et éventuellement d’ajouter des dispositifs de changement rapide.
[[Image:Clavecin Thoiry.jpg|thumb|right|150px|Clavecin [[Blanchet (facteurs de clavecin)|Blanchet]], 1733]]
 
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:Le ravalement pouvait prendre plusieurs formes :
* petit ravalement : extension du nombre de touches du clavier, transformation d’un [[Transposition (musique)|clavier transpositeur]] en [[clavier harmonique]], sans modifier la [[Caisse de résonance|caisse]] ;
* grand ravalement : élargissement de la [[Caisse de résonance|caisse]] et de la [[table d'harmonie]], ajout d'un second clavier, etc. Le grand ravalement était un travail d’expert<ref>Ed Kottick {{p .|242}}</ref>.
 
La décoration, qui s'harmonise au reste du mobilier, est somptueuse, avec dorures, sculptures, peintures ; la table d’harmonie possède une décoration florale raffinée. L’intérieur du couvercle est souvent un tableau pour lequel on fait appel aux meilleurs peintres.
 
La recherche d’expressivité a donné lieu, au {{s-|XVIII|e}}, à des innovations telles que les genouillères pour changement rapide des registres, le [[plectre]] en peau de [[buffle]], … .
 
Malgré la production importante, il subsiste relativement peu d’instruments français de la grande époque, à cause des destructions consécutives à la [[Révolution française|Révolution]]. Il n'existe plus, pour certains facteurs, qu'un seul instrument, et nombreux sont ceux dont toute la production a disparu<ref>Les 61 clavecins et 7 épinettes confisqués aux [[émigrés]] et dévolus au Conservatoire de Paris, dont certains avaient servi à la célébration de l'Empire, furent brûlés pour chauffer les salles de classe (rapporté en 1890 par JB Weckerlin, bibliothécaire du Conservatoire) cf Hubbard {{p .|116}}</ref>.
 
Les grands noms de la facture française :
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Les pays allemands n’ont pas été des centres de production importants. Il subsiste peu d’instruments anciens, et ceux-ci présentent une grande diversité. Les influences flamande et française sont très fortes.
 
Les instruments fabriqués en Allemagne méridionale sont d’aspect moins élaboré que ceux d’Allemagne du nord, parmi lesquels se distinguent particulièrement ceux du facteur hambourgeois [[Hieronymus Albrecht Hass|Hieronymus Hass]]. Celui-ci a réalisé des instruments avec les jeux, rares, de deux pieds et de seize pieds. Son œuvre la plus exceptionnelle de complexité (cf. [[clavecin Hass de 1740]]) est un clavecin vraiment unique à trois claviers, cinq jeux de cordes et deux tables d’harmonie. Autres facteurs hambourgeois de renom : les Fleischer, [[Christian Zell]]. La Saxe possède aussi des facteurs célèbres : les [[Gräbner]], [[Michael Mietke]]<ref group=note>Ce nom est relié à celui de [[Johann Sebastian Bach|J.S. Bach]]</ref>, [[Famille Silbermann|Gottfried Silbermann]] (également fameux facteur d'orgues), ... .
 
Les clavecins hambourgeois présentent souvent une éclisse doublement courbée dont la queue fait partie intégrante : cette forme est celle des instruments du début du {{s-|XX|e}} ; elle ne se retrouve pas en Saxe ou en Allemagne méridionale, dont les instruments apparaissent moins massifs.
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« Le clavecin a dans son espèce un brillant et une netteté qu'on ne trouve guère dans les autres instruments. Il est parfait quant à son étendue par lui-même… . Cet instrument a ses propriétés comme le violon a les siennes. Si le clavecin n'enfle point les sons, si les battements redoublés sur une même note ne lui conviennent pas extrêmement, il a d'autres avantages qui sont : la "précision", la "netteté", le "brillant" et l'"étendue" » (''Art de toucher le clavecin'', [[François Couperin]], 1717).
 
« Ces couplets sont assez bons… pour un [[piano-forte]] qui n'est qu'un instrument de chaudronnier en comparaison du clavecin. » (''Correspondance avec la marquise {{Mme |du Deffand}}'', [[Voltaire]], {{date-|8 décembre 1774}}).
 
Le grand chef d'orchestre britannique Sir [[Thomas Beecham]] n'aimait pas le clavecin. Il en comparait le son à celui de « squelettes copulant sur un toit en tôle ondulée » (« ''skeletons copulating on a corrugated iron roof'' ») ou à celui d'une « cage à oiseaux jouée à l'aide de fourchettes à rôtir » (« ''a birdcage played with toasting forks'' ») !
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*{{Ouvrage| langue=fr| auteur1=Jean-Patrice Brosse| lien auteur1=Jean-Patrice Brosse| titre=Le clavecin du Roi Soleil| éditeur=Bleu Nuit| collection=Horizons| lieu=Paris| année=2011| pages totales=176| isbn=978-2-35884-013-2}}.
*{{Ouvrage| langue=fr| auteur1=[[Claude Mercier-Ythier]]| prénom2=Marina| nom2=Di Piazzi-Cohen| préface=Jean Favier| titre=Les clavecins| éditeur=| année=2011| mois=décembre| pages totales=130| isbn=978-2-87788-007-7}}.
*{{en}} <span id="hubbard"></span>[[Frank Hubbard]], ''Three Centuries of Harpsichord Making'', MA : Harvard University Press, Cambridge, 1967, {{ISBN|0674888456}}.{{Ancre|hubbard}}
*{{en}} {{Ancre|kottick}}Edward L. Kottick, ''The Harpsichord Owner's Guide'' (''HOG''), The University of North Carolina Press, 1987/1992, {{ISBN|0807843881}}.
*{{en}} {{Ancre|kottick}}Edward L. Kottick, ''A History of the Harpsichord'' (''HH''), Indiana University Press, 2003, {{ISBN|0253341663}}.
*{{en}} Ann Bond, ''A Guide to the Harpsichord'', AmadeusPress, 1997, {{ISBN|1574670638}}.
*{{en}} David Rowland, ''Early Keyboard Instruments : A Practical Guide'', Cambridge University Press (2001), {{ISBN|0521643856}}.
*{{en}} Donald H. Boalch, ''Makers of the harpsichord and clavichord 1440-1840'', Oxford University Press, Oxford, 1974, {{2e|éd.}} éd. (1<sup>re</sup> {{1re|éd.}} 1956), 225 p. {{ISBN|0 19 816123 9}}.
*{{en}} Sheridan Germann (préface de Howard Schott), ''Harpsichord Decoration : A conspectus'', Pendragon Press, coll. « The historical harpsichord » (no 4), Hillsdale, NY, 2002, 241 p. {{ISBN|0-945193-75-0}}.
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Mark Kroll | et al.=et autres | titre=The Cambridge companion to the harpsichord | éditeur=Cambridge University Press | collection=Cambridge Companions to Music | lieu=Cambridge | année=2019 | pages totales=388 | isbn=978-1-316-60970-5}}.
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