« Abbaye Notre-Dame de Déols » : différence entre les versions

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L’'''abbaye Notre-Dame de Déols''' ou '''abbaye Notre-Dame de Bourg-Dieu''' est une ancienne [[abbaye]] bénédictine, maintenant très largement en ruines<ref>[http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Chateauroux/Deols-Abbaye-Notre-Dame.htm L'abbaye Notre-Dame de Déols], sur le site ''patrimoine-histoire.fr''.</ref>, située à [[Déols]] en Bas-Berry, dans le département de l'[[Indre (département)|Indre]], près de [[Châteauroux]]. Elle est fondée le {{date-|2 septembre 917}} par [[Ebbes_de_DéolsEbbes de Déols|Ebbes le Noble]], seigneur de Déols. Il imite en cela son seigneur [[Guillaume Ier d'Aquitaine|Guillaume {{Ier}} d'Aquitaine]], comte d'Auvergne de Berry, de Limousin, de Lyon et de Mâcon, qui peu d'années auparavant avait fondé l'[[abbaye de Cluny]] en [[Saône-et-Loire]]<ref>{{Harvsp|Dubant|Carrillon|Mardelle|Rollin|1998|p=7 et 15-22}}.</ref>{{,}}<ref name="Dubant7-8"/>{{,}}<ref name=cata19>{{Harvsp|Berry médiéval 2009, {{p.|19}}|id=cata}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD17-18">{{harvsp|Hubert|1927|p=5-7}}.</ref>. Tout comme son puissant modèle bourguignon, l'abbaye est placée sous l'autorité directe du pape, et non sous celle de l'archevêque de Bourges.
 
L'abbaye devient rapidement un établissement prospère. Elle est la plus puissante du Berry avec celle de [[Massay]] et une des plus importantes de France au Moyen Âge<ref name="PRD37-46">{{chapitre|prénom1=Cécile|nom1 = Perrochon|titre chapitre = Notre-Dame de Déols et Saint-Martin de Massay : deux “abbayes sœurs” dans le monde bénédictin du Berry|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=37-46}}.</ref>. Les moines de Déols reçoivent de nombreux dons de paroisses, de terres, de chapelles, gèrent des prieurés, et bénéficient ainsi de revenus réguliers. Cet enrichissement considérable se reflète dans l'édification de la grande église abbatiale, aujourd'hui presque entièrement disparue. L'apothéose de l'abbaye se situe aux {{s mini-|XII}}, {{s2-|XIII|e|XIV|e}}.
 
Le [[régime de la commende]] instauré au début du {{s-|XVI}} est le reflet d'une perte d'influence. La période des [[Guerres de religion (France)|guerres de religion]] ([[1562]]-[[1594]]) se révèle calamiteuse pour l'abbaye Notre-Dame de Déols. Elle est en partie détruite par les protestants<ref name="PRD54-57"/>. Elle ne s'en relève pas et, en 1622, le prince [[Henri II de Bourbon-Condé]], après accord du roi de France [[Louis XIII]], obtient du pape [[Grégoire XV]] une bulle prononçant la [[sécularisation]] de l'abbaye. Celle-ci devient effective en 1629. Les bâtiments de l'abbaye deviennent alors une carrière où le prince Henri II de Condé, et à sa suite les autres administrations, puisent des matériaux de construction.
 
Les vestiges subsistants sont le clocher, la quatrième travée du collatéral nord, la crypte, le mur sud de la nef et la porte de jonction avec le cloître, la prison des moines, la salle capitulaire, la salle carrée avec ses têtes murales, le réfectoire, la cuisine et les autres bâtiments conventuels. Ils permettent de se faire une idée de la puissance et de la richesse de l'ancienne abbaye Notre-Dame de Déols, et constituent de précieux témoignages du style roman. Les projets de restauration débutent en 1843, quand [[Prosper Mérimée]] s'intéresse à l'abbaye et « veut sauver de la ruine l'unique tour subsistante ». Après une longue procédure, <!-- En 1850, M. de Mérindol effectue une étude sur le clocher de Déols. En 1851, [[Alfred Dauvergne]] en fait un relevé détaillé. --> le clocher, le mur sud de la nef et la partie encore visible du mur nord sont classés au titre des monuments historiques en 1862<ref name="Mérimée">{{Base Mérimée|PA00097335}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD303-308">{{chapitre|prénom1=Pierre|nom1 = Remérand|titre chapitre = Les restaurations des vestiges de l'abbaye de Déols|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=303-308}}.</ref>.
 
Enfin, les fouilles archéologiques effectuées de 1924 à 1926 sous la direction de l'archéologue [[Jean Hubert (archéologue)|Jean Hubert]] ont permis pour la première fois de restituer le plan de la grande église abbatiale de Déols.
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== Construction de l'abbaye ==
[[FileFichier:HubertReconstitutionAbbatialeDeols.jpg|thumbvignette|leftgauche|Plan reconstitué de l'abbatiale. Les parties en noir sont visibles. À gauche sur le plan, la chapelle Notre-Dame des Miracles.]]
[[FileFichier:HubertDeols CoupeNef.jpg|thumbvignette|Abbaye de Déols, coupe transversale sur la nef reconstituée.]]
La ''Chronique de Déols''<ref name="Chronique"/> signale que le monastère est complètement rénové en 991. Toujours d'après la Chronique de Déols, une seconde dédicace du monastère de Déols aurait eu lieu en 1021<ref name="Dubant8">{{Harvsp|Dubant|2000|p=8}}.</ref>.
L'abbaye Notre-Dame de Déols fut le lieu d'inhumation des seigneurs de Déols, puis de Châteauroux, depuis sa fondation jusqu'à Guillaume {{Ier}} de Chauvigny mort en 1233. Les relations avec l'archevêché de Bourges furent souvent tendues sauf, comme le rapporte le poète et historien [[Baudri de Bourgueil]] (1046-1130), sous l'abbatiat d'[[Audebert de Montmorillon]] qui était déjà abbé de Déols (1087-1097) lorsqu'il devient également Archevêque de Bourges (1092-1097) et qui est présent en {{date-|novembre 1095}} lors du [[concile de Clermont (1095)|concile de Clermont]] où le pape [[Urbain II]] appelle à la [[première croisade]].
 
Les nombreux dons d'églises, de chapelles, de prieurés et de terres qu'obtient rapidement l'abbaye déoloise attestent de son rayonnement<ref name="PRD32-36">La liste des possessions de l'abbaye de Déols a fait l'objet d'une bulle de confirmation par le pape [[Pascal II]], traduite et commentée par {{chapitre|prénom1=Marc|nom1 = du Pouget|titre chapitre = La bulle de Pascal II en faveur de l’abbaye de Déols (1115) |titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=32-36}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD37-46"/>. Le livre IV de la ''Chronique universelle'', écrite vers 1175, parle de la riche abbaye de Déols comme de la « mamelle de saint Pierre ». Cet enrichissement considérable se manifeste dans la construction de la grande église abbatiale du {{s-|XII}}. En réalité cet édifice est un chantier de construction permanent s'étalant sur plus d'un siècle. Finalement sa longueur, restituée grâce aux investigations menées de 1924 à 1926, atteint {{unité|113|mètres}}, pour {{unité|29|mètres}} de large et une hauteur sous le vaisseau central de {{unité|22|mètres}}. Par comparaison l'église abbatiale de Saint-Denis a {{unité|103|mètres}} de long, Saint-Martin-de-Tours {{unité|106|mètres}}, la cathédrale de Bourges {{unité|120|mètres}}, et {{unité|130|mètres}} pour Cluny III dont la construction n'est pas encore achevée en 1130<ref name="Dubant13">{{Harvsp|Dubant|2000|p=13}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD92">{{harvsp|Hubert|1927|p=17}}.</ref>. Entre 250 et 300 personnes vivent dans l'abbaye dont une centaine de moines.
 
En 1107 lors de son voyage en France pour rechercher des appuis dans sa lutte face à l'empereur Henri V, le pape Pascal II visite les monastères relevant directement de son autorité et effectue de nombreuses consécrations. Présent à l'Abbaye Notre-Dame de Déols au mois de {{date-|mars 1107}}, Pascal II consacre l'autel de saint Pierre et de saint Paul, l'évêque de Plaisance consacrant l'autel de Notre-Dame et Léger (Léodegarius), l'archevêque de Bourges, consacrant l'autel du bienheureux apôtre saint André<ref name="PRD330-335">{{chapitre|prénom1=Noël|nom1 = Heard|titre chapitre = La consécration de l’abbatiale Notre-Dame de Déols par le pape Pascal II en 1107 |titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=330-335}}.</ref>.
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Dans la première moitié du {{s-|XII}} l'abbaye Notre-Dame de Déols est également un lieu de rayonnement intellectuel. Elle abrite le célèbre moine [[Hervé de Déols]] (ou Hervé de Bourg-Dieu)<ref>{{chapitre
|auteur=Hervé Benoît|titre chapitre=Hervé de Déols (v. 1075 - v. 1150), moine et commentateur de l'Écriture|année= 2005|titre ouvrage = Revue de l'Académie du Centre|pages = 7-22}}.</ref>{{,}}<ref>Son œuvre écrite, celle d'un représentant de la théologie monastique traditionnelle, est considérable; on la trouve éditée dans le tome 181 de la [[Patrologie latine]] publiée par [[Jacques Paul Migne]].</ref>. Le rouleau évoquant sa mort vers 1149 ou 1150 lui attribue l'élaboration d'une explication du livre de la Hiérarchie Céleste attribué à saint Denis, des commentaires sur la dernière partie du prophète [[Ézéchiel]], d'autres commentaires sur le [[Deutéronome]], sur l'[[Ecclésiaste]], sur les Livres des [[Livre des Juges|Juges]], de [[Livre de Ruth|Ruth]] et [[Livre de Tobie|Tobie]], une exposition des [[Épîtres de Paul]] qui fut considérée comme son chef-d'œuvre, plusieurs explications des leçons des Évangiles et des cantiques<ref name="Dubant16">{{Harvsp|Dubant|2000|p=16}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD221-223">{{chapitre|prénom1=Didier|nom1 = Dubant|titre chapitre = Le vénérable Hervé de Déols, moine commentateur des saintes écritures, et le portail septentrional de l'église abbatiale|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=221-223}}.</ref>.
 
Après le mariage le {{date-|18 mai 1152}} d'[[Aliénor d'Aquitaine]] avec [[Henri II Plantagenêt]], comte d'Anjou et duc de Normandie, le Bas-Berry passe sous l'influence du nouveau suzerain et des relations se mettent en place avec l'Anjou. Cinquante ans plus tard, à la suite du [[traité du Goulet]], le {{date-|22 mai 1200}}, tous les fiefs du Bas-Berry reviennent sous la domination du roi de France [[Philippe-Auguste]] et le Bas-Berry s'ouvre pour longtemps à la France du nord.
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== Le miracle de 1187 ==
[[FileFichier:MiracleDeols2.jpg|thumbvignette|Le miracle de Déols. On voit que la statue est sur la façade nord.]]
Au printemps 1187 le Berry est le cadre de l'affrontement des Maisons de France et d'Angleterre<ref name="JHD"/>. Le Bas-Berry est alors aux mains d'[[Henri II Plantagenêt]]. Celui-ci refuse de restituer [[Gisors]] et le [[Vexin normand]], dote de [[Marguerite de France (1158-1197)|Marguerite de France]], veuve de [[Henri le Jeune]].
 
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Ayant rassemblé son armée à [[Bourges]], Philippe-Auguste s'empare rapidement d'[[Issoudun]] et de [[Graçay]], puis marche sur Châteauroux. Henri II Plantagenêt, dès le {{date-|17 mai 1187}}, avait pris le soin de diviser ses troupes en quatre corps d'armée. Celui de [[Richard Cœur de Lion]] s'était immédiatement dirigé sur Châteauroux pour mettre la place en état de défense. Aussi, lorsqu'il apprend que le roi de France s'est emparé d'[[Issoudun]], il donne l'ordre à ses troupes, habituées à se payer sur le pays, de s'approprier l'ensemble des vivres qu'elles pourraient trouver, puis de brûler l'agglomération déoloise et de détruire le monastère.
 
Le samedi {{date-|30 mai 1187}}, à la tombée de la nuit, la situation devient critique. Des hommes et des femmes, habitant Déols, se regroupent devant le portail ouest de l'église abbatiale, dont les portes sont closes. Leurs prières adressées à la Bienheureuse Vierge Marie, dont une sculpture peinte se trouve au-dessus du portail, provoquent les railleries de quelques cotereaux<ref>D'après le CNRTL : « bandes d'aventuriers et de pillards qui ravagèrent la France dans la seconde moitié du {{s-|XII|e}} ».</ref> appartenant au corps d'armée de Richard. Une pierre, jetée par l'un des soldats sur la statue de la Vierge brise le bras de l'enfant Jésus. Le bras tombe à terre et un flot de sang jaillit de la pierre mutilée ! Quant à l'auteur du sacrilège, il s'effondre sans vie sur le sol.
 
La nouvelle se répand pendant la nuit parmi les soldats de Richard, créant une véritable psychose. Le lendemain, des chevaliers viennent constater le prodige. On se dispute les pierres tachées de sang comme de précieuses reliques, et on retrouve le bras de pierre, encore humide et rouge de sang. Un « illustre personnage » prend alors furtivement ce bras et l'enveloppe dans un voile ; en se mêlant à la foule, il parvient à dissimuler son larcin. D'après l'historien [[Jean Hubert (archéologue)|Jean Hubert]]<ref name="JHD">{{Harvsp|Hubert|1935}}.</ref>, cet illustre personnage pourrait être Jean sans Terre. Le soir même, le compte Richard est sur les lieux. Il publie un édit punissant de mort qui conque oserait porter la main sur les biens de l'abbaye. Le roi d'Angleterre en personne, accompagné de ses fils, vient visiter le monastère.
 
Quoi que l'on puisse penser du miracle, il frappe très profondément les esprits. Richard Cœur de Lion non seulement n'incendie pas le bourg de Déols, mais en retire ses troupes, mesure risquée qui peut laisser à l'adversaire un sérieux avantage. Mais l'émotion est aussi grande dans le camp français qu'elle l'est chez les Anglais, et on commence à douter de l'heureux issue des combats. Henri II, alors vieilli, malade, incertain de l'avenir et redoutant d'être trahi par son fils Richard, ne peut que souhaiter de conclure promptement la paix. Au contraire, Philippe-Auguste a un intérêt évident à poursuivre la guerre. Le fait est que la trêve officielle ou tacite observée par les deux armées immédiatement après le miracle détermine le roi de France à entrer en pourparlers avec Richard Cœur de Lion et peut-être avec Henri II lui-même. Ces longs pourparlers aboutissent le {{date-|23 juin}} à la conclusion de la paix.
 
Par la suite, d'autres « miracles » se produisirent. Une chapelle dédiée à ''Notre-Dame des Miracles'' est ajoutée contre le côté nord de la grande église abbatiale<ref name="Dubant17-19">{{Harvsp|Dubant|2000|p=17-19}}.</ref>{{,}}<ref name="PRD215-218">{{chapitre|prénom1=Marie-Clothilde|nom1 = Hubert|titre chapitre = La tradition du miracle de 1187|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=215-218}}.</ref>. Cette chapelle est restée à peu près intacte jusqu'au milieu du {{s-|XIX}}.
 
== Poursuite des travaux ==
[[FileFichier:Chapiteau.eglise.Deols.png|thumbvignette|Un des chapiteaux subsistant, dessiné par [[Eugène Viollet-le-Duc]] et incorporé dans son [[s:Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle|''Dictionnaire'']].]]
En 1205, il est reproché à l'archevêque de Bourges [[Guillaume de Corbeil]], dit Guillaume de Donjon, d'avoir empêché l'accès des églises du diocèse aux envoyés de l'abbaye de Déols chargés de recueillir des aumônes pour la reconstruction de l'église abbatiale<ref name="Dubant8"/>. Il est vrai que celui-ci collectait aussi des dons pour la cathédrale de Bourges.
 
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== L'abbaye de Déols pendant les guerres de religion ==
La période des [[guerres de religion (France)|guerres de religion]] (1562-1598) est désastreuse pour l'abbaye Notre-Dame de Déols qui est en partie détruite par les protestants. C'est en {{date-|novembre 1567}} que l’abbatiale est incendiée. Les auteurs en sont les troupes protestantes dite de l'« armée des vicomtes »<ref>On l'appelait l'''armée des vicomtes'', parce qu'elle avait pour chefs les vicomtes de {{page h'|Montclar}}, de {{page h'|Bruniquel (homonymie)|Bruniquel}}, de [[Famille de Caumont|Caumont]], de {{page h'|Rapin}} et autres gentilshommes. (Félice Guillaume, [http://www.mediterranee-antique.info/Auteurs/Fichiers/DEF/Felice_Guillaume/Protestants/HP_209.htm ''Histoire des protestants de France'']).</ref> qui remontaient de la Gascogne vers Paris. L'abbaye est de nouveau au cœur de combats en 1569. Mais malgré ses bâtiments endommagés et ses propriétés en partie ravagées par les combats, le capital foncier de l’abbaye et peu entamé.
 
L'abbaye Notre-Dame de Déols continue à très bien fonctionner sur le plan institutionnel et financier. Rentes, droits fonciers ou féodaux, dîmes, produits des métairies affluent toujours au Bourg-Dieu. D'ailleurs, l'abbaye est lourdement taxée à plusieurs reprises. Il est remarquable que, parmi est bâtiments de l’abbaye, la chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Miracles ait traversé sans dommage les guerres<ref name="PRD54-57">{{chapitre|prénom1=Jean-Pierre|nom1 = Surrault|titre chapitre = L'abbaye de Déols pendant les guerres civiles et religieuses (1562-1615)|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=54-57}}.</ref>.
 
== Le régime de la commende et la sécularisation ==
[[FileFichier:HuberDeols EtatVers1920.jpg|thumbvignette|Abbaye de Déols, état de la tour vers 1920.]]
[[FileFichier:HubertDeols PlanCoupeCrypte.jpg|thumbvignette|Abbaye de Déols, plan et coupe de la crypte.]]
À partir de la fin du {{s-|XV}}, le [[régime de la commende]] est progressivement mis en place. C'est le roi de France qui nomme les abbés à la tête des abbayes, et l'abbé n'est donc plus élu par les moines. À Déols, le premier abbé commendataire est de 1501 à 1516, [[René de Prie]]. Il est grand-archidiacre de [[Bourges]], [[archidiacre]] de [[Blois]], doyen de Saint-[[Hilaire de Poitiers]], [[protonotaire apostolique]]. Il est [[abbé commendataire]] de l'abbaye du [[Landais]]{{Lequel|date=novembre 2017}}, de l'[[abbaye de Louroux]], de l'abbaye de Miseray, de Notre-Dame de [[abbaye de La Prée|de La Prée]], de l'[[abbaye Notre-Dame de Lyre]], de l'[[abbaye Saint-Mesmin de Micy]], de l'abbaye d'[[Issoudun]] et aumônier royal. En 1498 il est élu [[évêque de Bayeux]]<ref name="PRD22">{{chapitre|prénom1=Pierre|nom1 = Remérand|titre chapitre = Le régime de la commende et ses conséquences|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=22}}.</ref>.
 
Le [[concile de Trente]] édicte des règles raffermissant l'autorité des évêques, et aussi prend acte de la réorganisation en cours des abbayes existantes. Les monastères notamment avaient commencé à se grouper en ''congrégations''. Parmi celles-ci, la ''congrégation des Exempts'' groupe 55 monastères dont Marmoutier, Vendôme, Fleury-sur-Loire et Déols. La [[congrégation de Saint-Maur]], une congrégation de moines bénédictins français, créée officiellement en 1621, est autrement plus importante. Elle réunit jusqu'à 190 abbayes. En Berry, les abbayes Saint-Sulpice de Bourges, Vierzon, [[Chezal-Benoît]] et le prieuré de [[Saint-Benoît-du-Sault]] en font partie. Déols est déjà à l'abandon à cette époque.
 
À la fin du {{s-|XVI}}, les religieux à Déols ne sont plus que seize, plus un religieux sacristain et des novices. Le prince [[Henri II de Bourbon-Condé]] devient propriétaire du duché de Châteauroux en 1616, acheté à Jean d'Aumont et Jean II de la Tour-Landry, qui se le partageaient. Henri II entame l'incorporation de l'abbaye et de ses biens au duché.
 
En {{date-|décembre 1622}}, après avoir obtenu l'accord du roi de France [[Louis XIII]], le prince se rend à Rome et obtient du pape [[Grégoire XV]] des bulles prononçant la [[sécularisation]] des abbayes du Bourg-Dieu (Notre-Dame de Déols) et abbaye de Saint-Gildas, à Châteauroux. Les douze moines de Déols et les sept moines de Saint-Gildas acceptent de rejoindre une autre communauté religieuse, de devenir chanoines d'une collégiale à fonder (mais qui n'a pas été construite), ou d'obtenir une rente viagère. La décision pontificale est approuvée par le roi en 1623.
 
Mais le [[Parlement de Paris]] refuse en 1624 d'enregistrer les bulles de sécularisation. Louis XIII porte l'affaire devant le [[Conseil d’État (France)|Conseil d’État]] qui juge qu'il faut ignorer le refus du parlement. Celui-ci entérine en 1627 l'arrêt, les lettres et bulles de sécularisation.
Le {{date-|11 septembre 1629}}, des lettres patentes enregistrent les avoirs des abbayes de Déols, Saint-Gildas et du [[prieuré de Grammont]] qui sont rattachés au domaine du duché-pairie de Châteauroux. Si une nouvelle collégiale pour le chapitre n'a pas été construite, la chapelle Notre-Dame des Miracles devient une vicairie, liée au nouveau chapitre créé à Saint-Martin de Châteauroux. La chapelle des Miracles devient elle-même un chapitre, en 1666.
 
En 1643, Dom Anselme Le Michel, religieux de la congrégation de Saint-Maur, visite les anciennes abbayes de Déols. Il décrit un cloître dont les accès ont été murés, une église abbatiale ayant perdu son dôme à la croisée du transept et ses voûtes, ainsi que des clochers en cours de démolition. En revanche, la chapelle Notre-Dame des Miracles est intacte. [[Louis IV Henri de Bourbon-Condé]] vend le duché de Châteauroux à [[Louis XV]] en 1737. Le site, à l'exception de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles, continue à être une carrière où l'on puise des matériaux pour différents chantiers publics et privés<ref name="PRD58-63">{{chapitre|prénom1=Pierre|nom1 = Remérand|titre chapitre = La sécularisation de l'abbaye de Déols|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=58-63}}.</ref>.
 
La construction d'une route de Bourges à Déols passant par Issoudun, entamée en 1768, contourne la chapelle Notre-Dame-des-Miracles et les anciens vestiges de l'abbaye; le clocher actuellement subsistant est considéré comme un point d'alignement utile pour établir l'axe de la future route au-delà de Déols, ce qui justifie sa conservation.
 
En 1770, le chapitre canonial de Notre-Dame-des-Miracles est supprimé. L'ancienne collégiale redevenue simple chapelle est rattachée à la cure de Saint-Étienne de Déols. Son tracé définitif est figé en 1812 et il empiète désormais sur l'emprise de l'ancienne abbaye et passe sur le chœur même de la grande église abbatiale.
 
La chapelle Notre-Dame-des-Miracles doit sa survivance à la création de la vicairie, puis du chapitre.
En 1787, le [[comte d'Artois]], futur [[Charles X de France]] vend, par ''arrentement à titre perpétuel'', les bâtiments et terrains qui se situaient à l'intérieur de la clôture de l'ancienne abbaye, à condition de ne pas y édifier de bâtiments. Par cette vente, ces terrains devenu privatifs, ne se retrouvent pas, au moment de la Révolution française, sur la liste des biens nationaux. La chapelle Notre-Dame-des-Miracles, rattachée à la cure de Déols reste ouverte au culte jusqu'en 1792. Le bâtiment disparaîtra définitivement en 1833, malgré les efforts de l'abbé Dubouchat pour la sauver<ref name="PRD29etc">{{chapitre|prénom1=Didier|nom1 = Dubant|titre chapitre = De la clôture de l’abbaye à l'enceinte urbaine|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=27-31}}.</ref>{{,}}<ref>{{chapitre|prénom1=Pierre|nom1 = Remérand|titre chapitre = Heurs et malheurs de la chapelle Notre-Dame des Miracles|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=72-83}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Hubert|1927|p=63-65}}.</ref>.
 
De 1846 à 1976, une partie des vestiges de l'ancienne abbaye de Déols héberge un orphelinat à vocation départementale. Il est tenu par les sœurs de la Charité de la Congrégation de Montoire<ref name="PRD84-89">{{chapitre|prénom1=Didier|nom1 = Dubant|titre chapitre = L'orphelinat de Déols|titre ouvrage = {{harvsp|Pécherat|Remérand|Dubant|2009}}|passage=84-89}}.</ref>.
 
== Architecture ==
[[FileFichier:Hubert-Abbaye-de-Deols-Plan.jpg|thumbvignette|Plan de l'abbaye de Déols. ]]
Les vestiges subsistants sont le clocher, la quatrième travée du collatéral nord, la crypte, le mur sud de la nef et la porte de jonction avec le cloître, la prison des moines, la salle capitulaire, la salle carrée avec ses têtes murales, le réfectoire, la cuisine et les autres bâtiments conventuels. Ils permettent de se rendre compte de la puissance et de la richesse de l'ancienne abbaye Notre-Dame de Déols.
 
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|[[Chaillac]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|84||''ecclesiam de Vigo''
|[[Vigoux]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|85||''ecclesiam de Celon''
|[[Celon]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|86||''ecclesiam de Luzerec''
|[[Luzeret]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|87||''ecclesiam de Mulnai''
|[[Mosnay]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|88||''cum Ivernali''
|{{tri|Mosnay|Yvernault, com. de [[Mosnay]]}}||Indre
|--------------------------------
|align=center|89||''ecclesiam de Niarnia''
|[[Niherne]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|90||''cum Sutrinio''
|Surin, com. de [[Niherne]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|91||''ecclesiam de Cambono, cum parochio sua''
|{{tri|Villedieu-sur-Indre|Chambon, com. de [[Villedieu-sur-Indre]]}}||Indre
|--------------------------------
|align=center|92||''ecclesiam de Claudiomaro''
|[[Clion-sur-Indre]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|93||''ecclesiam de Tausiliaco, cum parochia sua''
|{{tri|Chatillon-sur-Indre|Toizelay, com. de [[Chatillon-sur-Indre]]}}||Indre
|--------------------------------
|align=center|94||''ecclesiam Sancti Sigeranni Chambot''
|[[Saint-Cyran-du-Jambot]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|95||''ecclesiam Sancti Laurentii de Guarjalesia''
|[[Gargilesse-Dampierre|Gargilesse]]||Indre
|--------------------------------
|align=center|96||''ecclesiam de Cuziun''
|[[Cuzion]]||Indre
|--------------------------------
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=== Passage du pape Alexandre III en 1162 et 1163 ===
En conflit avec l'empereur [[Frédéric Barberousse]], le pape [[Alexandre III]], se réfugie en France. Il séjourne à Déols à deux reprises :
* une première fois de 1162 de la mi-août à la fin septembre ; {{commentaireRetrait|La ''Chronique de Déols'' précise : {{citation|cette année-là, le pape Alexandre vint à Déols et il y demeura tout le mois de septembre. Le {{5e}} jour des ides dudit mois [9 septembre], il consacra l'autel du Crucifix en l'honneur de saint Côme. Le même jour, l'évêque d'Ostie consacra l'autel de sainte Marie-Madeleine en l'honneur de saint Jacques, saint Étienne et sainte Cécile.}}}}
* une seconde fois en 1163 au mois de juillet<ref name="Dubant8"/>{{,}}<ref name="PRD19"/>.
 
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L'article de 1927 est reproduit, agrémenté de nombreux encarts, de développements, de notes, et d'articles complémentaires, et augmenté d'un ensemble important de photographies, dans le livre :
* {{ouvrage|prénom1=René|nom1=Pécherat|prénom2=Pierre|nom2=Remérand|prénom3=Didier|nom3=Dubant|titre=L'abbaye Notre-Dame de Déols (Indre)|éditeur=Éditions Lancosme et l'Académie du Centre|année=2009|pages totales=360|isbn=978-2-912184-53-5}}
 
==== Ouvrages complémentaires sur Déols ====
* {{ouvrage|auteur = Francesca Picou-Lacour, Françoise Michaud-Fréjaville, Armelle Querrien ''et al.''|titre= Berry médiéval : à la découverte de l’Indre au Moyen Âge|lieu= Catalogue d’exposition. Châteauroux|éditeur= Archives départementales de l’Indre|année= 2009|id=cata}}
*{{ouvrage|prénom1=Didier|nom1=Dubant|prénom2=Monique|nom2=Carrillon|prénom3=Simon|nom3=Mardelle||prénom4=Nicole|nom4=Rollin|titre=Promenade dans Déols. Histoire des rues et lieux-dits d'une commune de l'Indre|éditeur=Office de Tourisme de Déols|année=1998|pages totales=8 plans, 256|isbn=2-9512859-0-6}}
*{{ouvrage|prénom1=Didier|nom1=Dubant|titre=Le Berry. 100 églises, légendes et sites|collection=Passé Simple|éditeur=Alan Sutton|année=2000|pages totales=96|isbn=978-2842534479}}
 
=== Articles connexes ===
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[[Catégorie:Abbaye dédiée à Notre-Dame|Deols]]
[[Catégorie:Abbaye détruite|Deols]]
[[Catégorie:Abbaye audu haut Moyen Âge]]