« Royaume des Burgondes » : différence entre les versions

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{{Infobox Ancienne entité territoriale
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}}
Le '''royaume des Burgondes''', ou '''Burgondie''' (en [[allemand]] ''Burgund''), est un [[royaume barbare]] créé par le peuple [[Burgondes|burgonde]] après son installation sur les bords du [[lac Léman]], en [[Sapaudie]], au {{Ve siècle}}. Son souverain le plus glorieux, [[Gondebaud]], gouverna alors un territoire qui s'étend de [[Langres]] à [[MarseilleCavaillon]] et du [[Rhin]] à la [[Loire (fleuve)|Loire]].
 
Pendant les six siècles qui suivent l'installation de ce peuple, les remous de l’histoire font naître successivement différentes entités géopolitiques aux limites territoriales toujours changeantes qui prennent le nom de [[Royaume de Bourgogne. (534-843)|Bourgogne]].
 
== Limites géographiques ==
La Burgondie incluait:
 
* L'ancienne région [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]] sans les 2/3 ouest du [[Yonne (département)|département de l'Yonne]].
* La moitié sud de la [[Haute-Marne]] avec [[Langres]].
* L'actuelle [[Franche-Comté]].
* La [[Suisse]] actuelle de [[Genève]] au [[lac de Constance]] approximativement sans le secteur de [[Bâle]] et la partie sud-est ([[Canton des Grisons|Grisons]], [[Canton de Glaris|Glaris]], [[Canton de Saint-Gall|Saint-Gal]] et [[Canton du Tessin|Tessin]])
* La [[Vallée d'Aoste]]
* Le nord-est de l[[Allier (département)|'Allier]] avec [[Moulins (Allier)|Moulins]]
* Le [[Forez]], le [[Lyonnais (province)|Lyonnais]], les [[Dombes]], et le [[Bugey]]
* La [[Savoie]] (sans la [[Maurienne]])
* Le [[Vivarais]]
* Le [[Dauphiné]]
* L'actuel [[Vaucluse (département)|Vaucluse]]
 
== Historique ==
{{Article détaillé|Burgondes{{!}}Les Burgondes|Histoire de la Bourgogne#Naissance de la Bourgogne : les Burgondes{{!}}Histoire de la Bourgogne, Naissance de la Bourgogne : les Burgondes}}
Profitant de la faiblesse de l'[[Empire romain d'Occident]], les Burgondes, à la suite des [[Vandales]], franchissent le Rhin à [[Mogontiacum]] ([[Mayence]]) en 406 et s'introduisent en Gaule. Gondicaire est généralement considéré comme le fondateur, en 411 ou 413, du premier royaume burgonde avec le statut de fédéré, établi sur la rive gauche du Rhin, avec [[Worms (Allemagne)|Worms]]/[[Alzey]] comme capitale. Il lutte tour à tour contre les Romains, les [[Suèves]], les [[Alamans]] et les [[Huns]].
 
=== Le royaume de Worms ===
Après vingt ans d'établissement autour de Worms, les Burgondes rompent le traité qui les lient avec Rome et s'étendent en Germanie Première vers [[Strasbourg]] et [[Spire (ville)|Spire]]. Ils sont attaqués sur la rive droite du Rhin. Gondicaire est tué lors d'une bataille livrée contre des mercenaires [[huns]] à la solde du général en chef romain [[Aetius]] en 437<ref>Gundicarium Burgundionum regem Aêtius bello subegit pacemque ei reddidit supplicanti, quem non multo post Hunni deleverunt. (Cassiodore, Chron., ad. a. 435.)</ref>.
Profitant de la faiblesse de l'[[Empire romain d'Occident]], les [[Burgondes]], à la suite des [[Vandales]], franchissent le Rhin à [[Mogontiacum]] ([[Mayence]]) en 406 et s'introduisent en [[Gaule]]. [[Gondicaire]] est généralement considéré comme le fondateur, en 411 ou 413, du premier royaume burgonde avec le statut de [[peuple fédéré|fédéré]], établi sur la rive gauche du Rhin, avec [[Worms (Allemagne)|Worms]]/[[Alzey]] comme capitale. Il lutte tour à tour contre les [[Rome antique|Romains]], les [[Suèves]], les [[Alamans]] et les [[Huns]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Cunin|prénom2=Isabelle|nom2=Rosselin|nom3=Normandie roto impr.)|titre=Les téméraires : quand la Bourgogne défiait l'Europe|éditeur=Flammarion|date=2020|isbn=978-2-08-150982-5|isbn2=2-08-150982-2|oclc=1202698818|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1202698818|consulté le=2022-01-03}}</ref>.
 
CetteAprès sévèrevingt défaiteans sonned'établissement laautour finde duWorms, royaumeles burgondeBurgondes derompent le traité qui les lie à Rome et s'étendent en [[WormsGermanie supérieure]] vers [[Strasbourg]] et [[Spire (Allemagneville)|WormsSpire]],. leIls peuplesont burgondeattaqués obtenantsur l'autorisationla desrive autoritésdroite dedu lRhin. Gondicaire est tué lors d'empireune pourbataille migrerlivrée encontre des mercenaires [[Sapaudiehuns]] (régionà dela Genève)solde etdu devenirgénéral en chef romain [[FœdusAetius (Flavius Aetius)|fédérésAetius]] deen l'armée437<ref>{{Latin|Gundicarium romaineBurgundionum enregem 443Aêtius bello subegit pacemque ei reddidit supplicanti, quem non multo post Hunni deleverunt.}} (Cassiodore, Chron., ad. a. 435.)</ref>. La bataille de Worms/Alzey est évoquée dans la légende des [[Nibelungen]], où Gondicaire est l'époux de Brunehilde sous le nom de Gunther (ou Gunnar).
Le royaume des [[Burgondes]] (''regnum Burgondionum''), que l’on peut considérer comme le premier royaume de Bourgogne, doit son nom au peuple burgonde, venu s’installer en [[443]] sur les bords du [[lac Léman]].
 
Cette sévère défaite sonne la fin du royaume burgonde de [[Worms (Allemagne)|Worms]].
Après la destruction du royaume des [[Burgondes]] du Rhin 436 par Aetius et le transfert des Burgondes en [[Sapaudie]], ceux-ci y édifient donc leur propre royaume fédéré sur les bords du [[Léman|lac Léman]]<ref>Kaiser (2004), {{p.|38}} et sq.</ref>. La position des Burgondes face au pouvoir romain est alors ambivalente, les souverains veillant constamment sur leur légitimité. Contrairement à de nombreux autres confédérés germaniques, les Burgondes respectent scrupuleusement les obligations imposées par leur statut de fédérés et luttent à de nombreuses reprises contre les envahisseurs. Des troupes burgondes aux ordres d’Aetius combattent les Huns puis prennent part, par exemple, à l’offensive contre les Suèves au milieu de {{s-|V}}. En 457 après la mort d’Aetius, les Burgondes exploitent la situation trouble en Gaule pour envahir la région autour de [[Lyon]]. L’année suivante, ils assiègent cette ville qui tombe en leur pouvoir en 469 et sert de résidence à partir de cette date aux rois des Burgondes. En Auvergne, ils combattent à nouveau aux côtés des Romains, contre les Wisigoths. Dans les années 470 et 480, ils partent en guerre contre les Alamans<ref>Kaiser (2004), {{p.|49}} et sq.</ref>. Éduqué à la cour impériale de Ravenne et ''magister militum'' de la Gaule, [[Gondebaud]] est élevé au rang de ''patrice'' des Romains en 456 et exerce véritablement le pouvoir dans les régions qu'il contrôle, de la Méditerranée au sud au [[lac de Constance]] au nord.
 
=== La naissance de la Burgondie ===
Avec la création du royaume fédéré en Sapaudie, le processus de romanisation des Burgondes s’accélère. Le roi autorise le ''conubium'', c’est-à-dire les mariages entre Burgondes et Romains des provinces. L’étonnante faculté d’adaptation des Burgondes entraîne la perte de tout sentiment d’identité et l'assimilation rapide aux peuples parmi lesquels ils vivaient. L’aristocratie gallo-romaine qui coexistait sans peine avec les Burgondes y vit une garantie de maintien de l’ordre établi lui permettant peut-être de reprendre possession de ses terres<ref>Kaiser (2004), {{p.|29}} et sq. ; Postel (2004), {{p.|116-118}}.</ref>. À la suite de la déposition de l’empereur [[Romulus Augustule]] en 476, le roi des Burgondes exerce directement sur son territoire les pouvoirs de l’empereur d’Occident<ref>Postel (2004), {{p.|116}} et sq. Sur le processus d’établissement, voir Kaiser (2004), {{p.|82}} et sq.</ref>. Toutefois, afin de légitimer sa bonne foi romaine, il demande à l’empereur d’Orient de le confirmer dans son rang de ''magister militum''. Un trait marquant de la royauté burgonde est la dévolution d'apanages à des membres de la famille royale sans que la souveraineté soit pour autant divisée ; aux côtés de Lyon, [[Genève]] et [[Vienne (Isère)|Vienne]] deviennent ainsi des résidences royales<ref>Kaiser (2004), {{p.|115}} et sq.</ref>. Cette cohabitation des éléments romains et germaniques se concrétise dans la « [[loi gombette]] » ou « Loi des Burgondes ». Promulguée au début du {{s-|VI|e}} par le roi Gondebaud, puis complétée par ses successeurs, elle fixe les usages à respecter par les sujets burgondes du royaume. Une seconde loi ou « Loi romaine des Burgondes » fixe le droit des sujets gallo-romains du royaume. Prises dans leur ensemble ces deux lois démontrent le degré de cohabitation entre les libres romains et germaniques.
Les Burgondes obtiennent l'autorisation des autorités de l'Empire pour migrer en [[Sapaudie]] (région de Genève), sur les bords du [[lac Léman]] et devenir fédérés de l'armée romaine en 443. Ils y édifient leur propre royaume sur les bords du [[Léman|lac Léman]]<ref>Kaiser (2004), {{p.|38}} et sq.</ref>, le royaume des [[Burgondes]] (''regnum Burgondionum''), que l’on peut considérer comme le premier [[royaume de Bourgogne]], dont le nom est issu du peuple burgonde.
 
La position des Burgondes face au pouvoir romain est alors ambivalente, les souverains veillant constamment sur leur légitimité. Contrairement à de nombreux autres confédérés germaniques, les Burgondes respectent scrupuleusement les obligations imposées par leur statut de fédérés et luttent à de nombreuses reprises contre les envahisseurs. Des troupes burgondes aux ordres d’Aetius combattent les Huns puis prennent part à l’offensive contre les Suèves au milieu du {{s-|V}}. En 457, après la mort d’Aetius, les Burgondes exploitent la situation trouble en Gaule pour envahir la région autour de [[Lyon]]. L’année suivante, ils assiègent cette ville qui tombe en leur pouvoir à une date incertaine, vers 461 ou 469, et sert de résidence à partir de cette date aux rois des Burgondes. En Auvergne, ils combattent à nouveau aux côtés des Romains, contre les [[Wisigoths]]. Dans les années 470 et 480, ils partent en guerre contre les Alamans<ref>Kaiser (2004), {{p.|49}} et sq.</ref>. Éduqué à la cour impériale de [[Ravenne]] et {{latin|[[magister militum]]}} de la Gaule, [[Gondebaud]] est élevé au rang de ''patrice'' des Romains en 472 et exerce véritablement le pouvoir dans les régions qu'il contrôle, de la Méditerranée au sud au [[lac de Constance]] au nord.
Dans le domaine religieux, qui dans d’autres royaumes revêt un aspect hautement politique, on n’observe aucune controverse entre ariens et catholiques même si les Burgondes sont ariens. La maison royale semble s’être orientée très tôt vers le catholicisme. De plus, il n’est pas certain que tous les rois burgondes aient été ariens, même si les hauts postes de l’Église étaient occupés dans le royaume par des Ariens<ref>Kaiser (2004), {{p.|152-157}}.</ref>.
 
=== L'apogée ===
Après la mort du roi [[Godomar III]], son frère [[Sigismond (saint)|Sigismond]] est proclamé roi. Les Francs mérovingiens exploitent l’occasion pour tenter de s’emparer du royaume. Après avoir perdu la [[bataille de Vézeronce]] en 524, les Francs doivent attendre dix ans pour s’emparer du royaume qu’ils divisèrent entre eux. Malgré l'effondrement de la dynastie burgonde et la victoire définitive des successeurs de Clovis, la cohésion entre les deux ethnies burgonde et gallo-romaine, née des actions pacificatrices et unificatrices des rois burgondes fait naître un particularisme qui perdure. Les [[Mérovingiens]] intègrent le Royaume burgonde aux différents royaumes mérovingiens mais lui conservent son individualité. La Burgondie apparaît toujours comme une entité géopolitique, au même titre que la [[Neustrie]] et l'[[Austrasie]].
{{Article détaillé|Liste des rois de Bourgogne}}
Le processus de romanisation des Burgondes s’accélère. Le roi autorise le ''conubium'', c’est-à-dire les mariages entre Burgondes et Romains des provinces. L’étonnante faculté d’adaptation des Burgondes entraîne la perte de tout sentiment d’identité et l'assimilation rapide aux peuples parmi lesquels ils vivaient. L’aristocratie gallo-romaine qui coexistait sans peine avec les Burgondes y voit une garantie de maintien de l’ordre établi lui permettant peut-être de reprendre possession de ses terres<ref>Kaiser (2004), {{p.|29}} et sq. ; Postel (2004), {{p.|116-118}}.</ref>. À la suite de la déposition de l’empereur [[Romulus Augustule]] en 476, le roi des Burgondes exerce directement sur son territoire les pouvoirs de l’[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur d’Occident]]<ref>Postel (2004), {{p.|116}} et sq. Sur le processus d’établissement, voir Kaiser (2004), {{p.|82}} et sq.</ref>. Toutefois, afin de légitimer sa bonne foi romaine, il demande à l’empereur d’Orient de le confirmer dans son rang de ''magister militum''. Un trait marquant de la royauté burgonde est la dévolution d'apanages à des membres de la famille royale sans que la souveraineté soit pour autant divisée ; aux côtés de Lyon, [[Genève]] et [[Vienne (Isère)|Vienne]] deviennent ainsi des résidences royales<ref>Kaiser (2004), {{p.|115}} et sq.</ref>. Cette cohabitation des éléments romains et germaniques se concrétise dans la « [[loi Gombette]] » (de Gondebaud) ou « Loi des Burgondes ». Promulguée au début du {{s-|VI}} par le roi Gondebaud, puis complétée par ses successeurs, elle fixe les usages à respecter par les sujets burgondes du royaume. Une seconde loi ou « Loi romaine des Burgondes » fixe le droit des sujets gallo-romains du royaume. Prises dans leur ensemble ces deux lois démontrent le degré de cohabitation entre les libres romains et germaniques.
 
Dans le domaine religieux, qui dans d’autres royaumes revêt un aspect hautement politique, on n’observe aucune controverse entre [[Arianisme|ariens]] et catholiques même si les Burgondes sont ariens. La maison royale semble s’être orientée très tôt vers le catholicisme. De plus, il n’est pas certain que tous les rois burgondes aient été ariens, même si les hauts postes de l’Église étaient occupés dans le royaume par des ariens<ref>Kaiser (2004), {{p.|152-157}}.</ref>.
À son apogée, ce royaume occupa un espace considérable : il trouvait ses limites, au nord à [[Langres]], au midi jusqu'à [[Cavaillon]], voire [[Marseille]]<ref group=Note>Marseille a été occupée par les Burgondes de Gondebaud contre Alaric II, roi des Wisigoths. {{Ouvrage|titre=Les grands ducs de Bourgogne|auteur=Joseph Calmette|année=2001| passage=15 et r. p. 349}}.</ref>. À l’ouest il s'étendait jusqu’à [[Nevers]], et au nord-est jusque sur les bords du [[lac de Constance]]. Son existence fut éphémère : de [[444]] à [[534]]. Les visées franques de [[Clovis Ier|Clovis {{Ier}}]], en [[500]] ou [[501]], furent poursuivies par ses fils, [[Clodomir]], roi d'[[Orléans]], lors de plusieurs campagnes militaires qui se sont déroulées entre [[532]] et [[534]], [[Childebert Ier|Childebert]], roi de [[Paris]], et [[Clotaire Ier|Clotaire]], roi de [[Soissons]], finissent par mettre un terme au Royaume burgonde.
 
À son apogée, ce royaume occupe un espace considérable : il trouve ses limites, au nord à [[Langres]], au midi jusqu'à [[Cavaillon]], voire [[Marseille]]<ref group="Note">Marseille a été occupée par les Burgondes de Gondebaud contre Alaric II, roi des Wisigoths. {{Ouvrage|auteur1=Joseph Calmette|titre=Les grands ducs de Bourgogne|éditeur=|année=2001|passage=15 et r. p. 349|isbn=}}.</ref>. À l’ouest il s'étend jusqu’à [[Nevers]], et au nord-est jusque sur les bords du [[lac de Constance]].
 
=== Déclin et disparition ===
Après la mort du roi [[Gondebaud]], son fils [[Sigismond (saint)|Sigismond]] est proclamé roi. Battu par les [[Mérovingiens|Francs mérovingiens]], il est livré et mis à mort par [[Clodomir]]. Son frère [[Godomar III]], proclamé roi par l'aristocratie burgonde, réussit néanmoins à repousser les Francs à la [[bataille de Vézeronce]] en 524, dans laquelle Clodomir trouve la mort. Les Francs doivent attendre dix ans pour s’emparer du royaume qu’ils divisent entre eux. Malgré l'effondrement de la dynastie burgonde et la victoire définitive des successeurs de [[Clovis Ier|Clovis]], la cohésion entre les deux ethnies burgonde et gallo-romaine, née des actions pacificatrices et unificatrices des rois burgondes fait naître un particularisme qui perdure. Les [[Mérovingiens]] intègrent le Royaume burgonde aux différents royaumes mérovingiens mais lui conservent son individualité. Le nouveau [[Royaume de Bourgogne (534-843)|royaume de Bourgogne]] apparaît toujours comme une entité géopolitique, au même titre que la [[Neustrie]] et l'[[Austrasie]].
 
Son existence est éphémère : de 444 à 534. Les visées franques de {{noble|Clovis Ier}}, en [[500]] ou [[501]], sont poursuivies par ses fils, [[Clodomir]], roi d'[[Orléans]], lors de plusieurs campagnes militaires qui se déroulent entre 532 et 534 ; [[Childebert Ier|Childebert]], roi de [[Paris]], et [[Clotaire Ier|Clotaire]], roi de [[Soissons]], finissent par mettre un terme au Royaume burgonde.
 
== Notes et références ==
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=== Références ===
{{Références|colonnestaille=230}}
 
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Histoire de la Bourgogne]]
* [[Grandes invasions]]
* [[Burgondes]]
* [[Généalogie des Mérovingiens]]
 
=== Bibliographie ===
* [[René Poupardin]] :
** ''Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855 – 933855–933)'', É. Bouillon, 1901.
** ''Le royaume de Bourgogne (888 – 1038888–1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles'', Librairie Honoré Champion, Paris, 1907 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5530689v/f8.item.r=.zoom (lire en ligne)].
* Honoré Bouche, ''Histoire de Provence.''
* [[Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz]], ''Mémoires pour servir à l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne jurane'', Lausanne, 1851.
* E.-F. Grasset, ''« Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône'' », parue dans : ''Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille''.
* François Demotz :
** {{ouvrageOuvrage|langue=Fr|auteur=fr|titre=L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman |éditeurlieu= Presses polytechniques et universitaires romandes Lausanne|lien éditeur= [[Presses polytechniques et universitaires romandes |lieu=Lausanne |année=2012 ]]|collection=Le savoir suisse |numéroannée=83 2012|pages totales=142 |isbn=|lirenuméro en lignechapitre=83|id=Demotz 2012}}.
** ''La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens'', Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, 2008.
* [[Bertrand Schnerb]], ''L'État bourguignon 1363 – 14771363–1477'', Éditions Perrin, 1999.
* [[Paul Bonenfant]] :
** ''Philippe le Bon : sa politique, son action'', De Boeck Université, 1996, 476{{nb p.,|476}} {{ISBN|2804121151}}.
** « La persistance des souvenirs lotharingiens », dans ''Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome'', fascicule XXVII, 1952, {{ppp.|5353–64}} – 64.
** « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du {{XVe}} sp-|XV|au {{XVIIIe|XVIII}} siècle », dans ''Revue de l'Université de Bruxelles'', tome XLI, 1935-1936, {{ppp.|151151–169}} – 169.
* Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », 1922,''in'' dans: ''Mémoires de l'Académie de Dijon'', 1922, {{ppp.|195195–308}} – 308.
* Yves Cazaux, ''L'idée de Bourgogne, fondement de la politique du duc Charles'', « {{10e|rencontre}} rencontre du Centre Européen d'Études Burgondo-médianes », Fribourg, 1967, Actes publiés en 1968, {{ppp.|8585–91}} – 91.
* Académie royale de Belgique, « État bourguignon et Lotharingie », Académie''in'' royale de Belgique, dans: ''Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques'', {{5e|série}}, tome XLI, 1955, {{ppp.|266266–282}} – 282.
* Katalin Escher, ''Les Burgondes {{sp-|I|-|VI}} après J.-C.'', Paris, Errance, 2021.
 
=== Articles connexes ===
* [[Histoire de la Bourgogne]]
* [[Grandes invasions]]
* [[Burgondes]]
* [[Généalogie des Mérovingiens]]
 
=== Liens externes ===
{{liens}}
* [http://www.sabaudia.org/v2/dossiers/savoieburgonde/public4.php Le retour des rois de Bourgogne (fin {{IXe}} – fin {{Xe}} siècle)].
* {{DHS|6620|Second royaume de Bourgogne|auteur=Hans-Dietrich Kahl|date=14 octobre 2004}}.
* [http://gilles.maillet.free.fr/histoire/recit_bourgogne/recit_bourgogne_transjurane.htm Histoire du royaume de Bourgogne du {{IXe}} au {{XIe}} siècle].
* [http://www.sabaudia.org/v2/dossiers/savoieburgonde/public4.php Le retour des rois de Bourgogne (fin {{sp-|IX| – fin|X}})].
* {{DHS|6620|Second royaume de Bourgogne|auteur=Hans-Dietrich Kahl|date=14 octobre 2004}}
* Dossiers{{Lien web |url=http://www.sabaudia.org/3151-la-savoie-burgonde-443-a-1032.htm |titre= Du royaume burgonde au royaume de Bourgogne : les terres savoyardes de 443 à 1032 |auteur= Laurent Ripart |page= 7 |consulté le=15 mai 2016}}, dossiers sur le site des [[Archivesarchives départementales de la Savoie]] et de la [[Archives départementales de la Haute-Savoie|Haute-Savoie]] -sur ''Sabaudia.org''.
* [http://gilles.maillet.free.fr/histoire/recit_bourgogne/recit_bourgogne_transjurane.htm « Histoire du royaume de Bourgogne du {{sp-|IX|au|XI}} »] sur ''gilles.maillet.free.fr''.
** {{Lien web |url=http://www.sabaudia.org/3151-la-savoie-burgonde-443-a-1032.htm |titre= Du royaume burgonde au royaume de Bourgogne : les terres savoyardes de 443 à 1032 |auteur= Laurent Ripart |page= 7 |consulté le=15 mai 2016}}.
 
{{Portail|Haut Moyen Âge|Bourgogne|Saint-Empire romain germanique|Provence|Bugey|Histoire de Savoie|Suisse|Franche-Comté}}
{{Portail|Haut Moyen Âge|Bourgogne|4=Vaucluse|5=Bugey|6=Histoire de Savoie|7=Suisse|8=Franche-Comté|9=Vallée d'Aoste|10=Allier|11=Haute-Marne|12=Dauphiné|13=département de la Loire|14=Lyon}}
 
[[Catégorie:Pays ou peuple au Moyen Âge]]
[[Catégorie:Fondation au IVe siècle]]
[[Catégorie:Histoire de la Bourgogne]]
[[Catégorie:Histoire de la Provence]]
[[Catégorie:Provence médiévale]]
[[Catégorie:Bourgogne médiévale]]
[[Catégorie:Ancien royaume d'Europe|Burgondes]]
[[Catégorie:Royaume du haut Moyen Âge]]
[[Catégorie:Histoire de la Franche-Comté]]
[[Catégorie:Histoire du Bugey]]
[[Catégorie:Histoire de la Savoie]]
[[Catégorie:Histoire de la Suisse]]
[[Catégorie:Provence médiévale]]
[[Catégorie:Bourgogne médiévale]]
[[Catégorie:Ancien royaume en Europe|Burgondes]]
[[Catégorie:Royaume du haut Moyen Âge]]
[[Catégorie:Antiquité tardive]]
[[Catégorie:État fondé au Ve siècle]]
[[Catégorie:État disparu au VIe siècle]]
[[Catégorie:Royaume barbare]]