« Marie (mère de Jésus) » : différence entre les versions

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=== Dans les écrits apocryphes ===
[[Fichier:Hieronymus Bosch - Triptych of the Adoration of the Magi - WGA2606.jpg|vignette|[[L'Épiphanie (Bosch)|''L'Épiphanie'']], [[Jérôme Bosch]], vers 1495]]
==== Les apocryphes dans les traditions populaires ====
Marie est l'objet de diverses traditions que l'on trouve dans des textes déclarés [[Apocryphes bibliques|apocryphes]] à partir du {{s|VI}}. C'est de là que viennent la plupart des traditions qui la concernent.
 
Les apocryphes mentionnent notamment le nom de ses parents, [[Anne (mère de Marie)|Anne]] et [[Joachim (père de Marie)|Joachim]], sa nativité, son adolescence, sa vie à [[Éphèse]], sa [[Dormition]] et son [[Assomption de Marie|Assomption]]. Bien que ces textes ne fassent pas partie du [[canon biblique]], certaines fêtes liturgiques des calendriers catholique et orthodoxe se rapportent directement à ces traditions. Les églises sont pleines d'œuvres représentant des épisodes de la vie de Marie tirés des apocryphes, notamment du ''[[Protévangile de Jacques]]'', de ''La [[Nativité de Marie]]'' et de ''La [[Assomption de Marie|Dormition de Marie]]''.
 
[[Fichier:Hieronymus Bosch - Triptych of the Adoration of the Magi - WGA2606.jpg|vignette|[[L'Épiphanie (Bosch)|''L'Épiphanie'']], [[Jérôme Bosch]], vers 1495]]
Si les écrits apocryphes furent rédigés plus tardivement que ceux retenus pour former le Nouveau Testament, il semble que ce ne fut pas le cas de la totalité de ces textes en ce qui concerne Marie. Selon [[Enrico Norelli]], {{citation|certains apocryphes contiennent des traditions plus anciennes que la composition des récits de naissance de Jésus chez Matthieu et Luc}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=it|prénom1=Enrico|nom1=Norelli|lien auteur1=Enrico Norelli|titre=Marie des apocryphes|sous-titre=Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique|lieu=Genève|éditeur=[[Labor et Fides]]|année=2009|mois=février|jour=26|pages totales=177|passage=9|isbn=978-2-8309-1340-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=2hsqveJHxVoC&printsec=frontcover}}</ref>. [[Enrico Norelli|Norelli]] estime que si l'étude de ces traditions anciennes ne fournit aucune indication d'ordre historique, ni sur la naissance de Jésus, ni sur la vie de Marie, elle renseigne sur la place de Marie dans le christianisme ancien et permet de comprendre pourquoi les traditions sur Marie n'ont pas été intégrées dans les écrits canoniques, alors même que Marie continuait d'occuper une place importante dans les prédications et la tradition chrétiennes.
 
==== Différents récits apocryphes ====
L'âge de Marie fait l'objet de mention dans les écrits apocryphes : « Or elle avait seize ans quand ces mystères s'accomplirent pour elle »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=François Bovon|auteur2=Pierre Geoltrain|titre=Écrits apocryphes chrétiens|tome=1|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1997|pages totales=1856|passage=93 : Protévangile de Jacques|isbn=978-2-07-011387-3}}</ref> et « Dans la quatorzième année de sa vie, je vins par ma propre volonté, je demeurai en elle, moi Jésus, votre vie »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Pierre Geoltrain|auteur2=Jean-Daniel Kaestli|titre=Écrits apocryphes chrétiens|sous-titre=v. 2|tome=2|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2005|pages totales=2208|passage=37 : Histoire de Joseph le charpentier|isbn=978-2-07-011388-0}}</ref>.
 
On a prêté à la Marie du {{s-|I}} des pratiques qui correspondaient en réalité aux [[Monachisme chrétien|traditions monastiques]] en vigueur au Moyen Âge, dans une réécriture latine du [[Protévangile de Jacques]] (évangile [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] du {{s-|II}}), réécriture qui date du {{s-|VII}} (selon E. Norelli), connue sous le nom de [[Évangile du Pseudo-Matthieu|l’Évangile du Pseudo-Matthieu]]. Dans ce texte tardif, Marie confiée aux prêtres dès son enfance, comme le veut le [[Protévangile de Jacques]], n'est plus seule dans le Temple, « elle préside une véritable communauté monastique de jeunes filles, idée absurde pour le judaïsme, mais qui convenait parfaitement à l'esprit de l'époque [[Mérovingiens|mérovingienne]] »<ref>Enrico Norelli, ''Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique'', Labor et Fides, 2009, {{p.|97}}.</ref>. Elle y prononce également un vœu de virginité perpétuelle, autre règle étrangère à l'esprit du judaïsme.
 
Marie aurait connu une grossesse de deux mois selon un apocryphe chrétien du début du {{s-|II}}, [[Ascension d'Isaïe|l'Ascension d'Isaïe]] ; cependant, s'il y a eu gestation, il n'y aurait pas eu accouchement : Joseph et Marie étant seuls à la maison, « Marie regarda soudain de ses yeux et vit un petit enfant, et elle fut effrayée. Et après qu'elle fut effrayée, son sein se trouva comme auparavant, avant qu'elle eût conçu. Et lorsque son mari Joseph lui dit : {{citation|Qu'est-ce qui t'a effrayée ?}}, ses yeux s'ouvrirent et il vit l'enfant, il glorifia le Seigneur » (cité dans ''Marie des Apocryphes'' d'E. Norelli<ref>Enrico Norelli, ''Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique'', Labor et Fides, 2009, {{p.|38-39}}</ref>).
 
Marie aurait accouché de Jésus au terme de sa grossesse selon le [[Protévangile de Jacques]] (milieu du {{s-|II}}), mais sans que l'accouchement ait affecté sa virginité : Jésus naît dans une grotte alors que Joseph était allé chercher une sage-femme ; une amie de la sage-femme, Salomé, arrivée peu de temps après l'événement, refuse de croire qu'une vierge ait pu mettre au monde un enfant. Elle veut s'en assurer par elle-même ; ayant « touché » Marie, elle est punie de son incrédulité ; elle dit : « ma main brûlée d'un feu dévorant tombe et se sépare de mon bras ». Comme elle se repent néanmoins, un ange lui apparaît et lui recommande de porter Jésus dans ses bras. Aussitôt, un miracle a lieu : Salomé est guérie de sa paralysie<ref>[[Protévangile de Jacques|Protévangile de Jacques le Mineur]], chapitre XX. Ce texte est accessible en ligne gratuitement.</ref>.
 
Marie aurait eu une grossesse de sept mois, selon une [[homélie]] attribuée à Cyrille de Jérusalem, composée peut-être à la fin du {{s-|IV}}, mais dans ce texte que cite E. Norelli, Marie n'est plus une femme, elle est [[Michel (archange)|l'archange Michel]]. « Marie n'est que l'apparence humaine prise par l'ange Michel {{incise|représenté dans la tradition juive comme l'ange protecteur d'Israël}} afin de faire « entrer » dans le monde humain ce personnage céleste qu'est le Christ »<ref>Enrico Norelli, ''Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique'', Labor et Fides, 2009, {{p.|68}}.</ref>.
 
Marie aurait eu une grossesse au terme de laquelle elle aurait accouché, mais elle ne serait pas devenue enceinte par l'action du [[Saint-Esprit]], selon l{{'}}''Épître des apôtres'' (apocryphe du milieu du {{s-|II}}). [[Gabriel (archange)|L'ange Gabriel]] qui, dans les évangiles canoniques, annonce à Marie son nouveau statut de mère du Fils de Dieu, n'était autre en réalité que Jésus lui-même, qui entra alors dans Marie. Jésus dit à ses disciples : « Sous l'apparence de l'ange Gabriel, j'apparus à la vierge Marie, et lui ai parlé. [...] J'entrai en elle et suis devenu chair » (texte cité par E. Norelli dans ''Marie des apocryphes''<ref>[[Enrico Norelli]], ''Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique'', Labor et Fides, 2009, {{p.|85}}.</ref>). L'accouchement aurait eu lieu ensuite normalement.
 
== La mort ou la destinée finale de Marie ==