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| charte = archéologue
}}{{Sources à lier|date=juillet 2024}}
}}
 
'''Émile Gilliéron''' (1851-1924) (prénom complet: Louis Émile Emmanuel) est un artiste et dessinateur [[suisse]] reconnu pour ses restitutions d'artéfacts [[Civilisation mycénienne|mycéniens]] et [[Civilisation minoenne|minoéens]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Peltre|titre=Retour en Arcadie|sous-titre=Le voyage des artistes français en Grèce au {{s-|XIX}}|passage=267|éditeur=Klincksieck|date=1997|pages totales=374|isbn=978-2-252-03118-6}}</ref>.
 
Si cet article porte avant tout sur Louis Émile (dit « Émile ''père'' »), il ne faut pas négliger la collaboration de son fils Édouard Émile Gilliéron (dit « Émile ''fils'' »'','' 1875-1939), puis, à la troisième génération, Alfred Gilliéron (1920-2010)<ref name=":0">{{Lien web |titre=Projet Gilliéron |url=https://www.efa.gr/projet-gillieron/ |site=efa.gr |date=30 juin 2023 |consulté le=10 juillet 2024}}</ref>.
 
== Formation ==
Émile Gilliéron étudie à [[Bâle]] de 1872 à 1874 puis à l'[[Académie des beaux-arts de Munich|Académie des Beaux-Arts de Munich]] entre 1875 et 1876. Il parachève sa formation à l'[[Beaux-Arts de Paris|École Nationale Supérieure des Beaux-Arts]] de [[Paris]]<ref name=":0" />, dans l'atelier d'[[Isidore Pils]] de 1875 à 1877. Son travail s'inscrira dans la tradition académique de cet établissement<ref name=":0" />.
 
== Carrière et production artistique ==
EnVers 18771876<ref name=":0" />, Émile Gilliéron s'installe à [[Athènes]] et commence à travailler comme dessinateur spécialisé pour les archéologues grecs et étrangers. Il exerce également comme tuteur pour la famille royale grecque à laquelle il dispense des cours d'art.
 
Grâce la création de dessins pour l'archéologue allemand [[Heinrich Schliemann]], il est reconnu de son temps comme le meilleur illustrateur archéologique de Grèce. Cette reconnaissance lui permet d'obtenir un poste lors de la reconstitution des fresques découvertes à [[Tirynthe|Tyrinthe]] de 1910 à 1912.
[[Fichier:Knossos frise2.JPG|alt=Fresque du "Prince aux lys"|vignette|Fresque dite du « Prince aux lis », restitutionà Cnossos. Restitution par EmileÉmile Gilliéron fils.]]
Il devient également le restaurateur en chef d'[[Arthur John Evans|Arthur Evans]] (1851-1941) pour la restitution de palais de [[Cnossos]] en [[Crète]].
Il devient également le restaurateur en chef d'[[Arthur John Evans|Arthur Evans]] pour la restitution de palais de [[Cnossos]] en [[Crète]]. Pendant près de trente ans, il travailla avec son fils, également prénommé Émile, à la production de copies de fresques et d'autres artéfacts archéologiques pour Evans. Les Gilliéron sont ainsi de larges contributeurs à la publication en quatre volumes des fouilles du site archéologique<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Arthur Evans|titre=The Palace of Minos at Knossos|lieu=Londres|éditeur=Macmillan}}</ref>. Certaines des plus célèbres restitutions des Gilliéron comprennent la fresque dite du « Prince au lys », celle des « Dames en bleu » ou la fresque de la salle du trône du palais de Cnossos.
 
Il est bientôt rejoint dans son travail par son fils Édouard Émile — connu comme Émile fils — qui a également étudié à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts<ref name=":0" />. Leur collaboration durera une trentaine d'années. Ensemble, père et fils travaillent à la production de copies de [[Fresque|fresques]] et d'autres [[Artéfact (archéologie)|artéfacts archéologiques]] pour Evans. Les Gilliéron contribueront ainsi largement à la publication, étagée de 1921 à 1935, des quatre volumes de ''The palace of Minos'', somme qui présente les résultats des fouilles du site archéologique de Cnossos<ref>{{Lien web |auteur=Alain Mahuzier |titre=EVANS sir ARTHUR JOHN (1851-1941) |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/evans-sir-arthur-john/ |site=universalis.fr |consulté le=10 juillet 2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Arthur Evans|titre=The palace of Minos. A comparative account of the successive stages of the early Cretan civilization as illustrated by the discoveries at Knossos|volume=I|lieu=Londres|éditeur=Macmillan|année=1921|pages totales=840|lire en ligne=https://archive.org/details/palaceofminoscom01evanuoft/page/n13/mode/2up}}</ref>. Parmi les plus célèbres restitutions des Gilliéron, on relève la fresque dite du « Prince au lys », celle des « Dames en bleu » ou encore celle de la salle du trône du palais de Cnossos.
Cette notoriété les poussent à fonder un atelier de reproduction rue Skoufá à [[Athènes]], E. Gilliéron & fils, où il répondent à la demande de reproductions en fournissant des aquarelles ou d'autres copies faites directement sur les originaux antiques.
 
Cette notoriété lespousse poussentGilliéron à fonder un atelier de reproduction rue Skoufá à [[Athènes]], ''E. Gilliéron & fils'', où il répondent à la demande de reproductions en fournissant des aquarelles ou d'autres copies faites directement sur les originaux antiques.Pr
Parmi les reproductions proposées, on trouve des [[Galvanoplastie|galvanoplasties]] réalisées par le biais de moules réalisés sur des armes, de la vaisselle ou des masques appartenant aux civilisations égéennes mais ils créent également des copies à échelle réelle, sur du papier aquarelle, des fresques minoennes ou coulent des [[Moulage|tirages en plâtre]]. En 1911, ils pouvaient ainsi offrir à leurs riches clients un catalogue de plus de 144 pièces dont les galvanoplasties étaient fabriquées en [[Allemagne]] à [[Wurtemberg]] par la [[WMF Group|Württembergische Metallwarenfabrik]]<ref>{{Lien web |langue=anglais |auteur=Mapping the Practice and Profession of Sculpture in Britain and Ireland 1851-1951 |titre=The Wurtemberg Electro Plate Co. |url=https://sculpture.gla.ac.uk/view/organization.php?id=ann_1292078075 |site=https://sculpture.gla.ac.uk/}}</ref>.
 
Parmi les reproductions proposées, on trouve des [[Galvanoplastie|galvanoplasties]] réalisées par le biais de moules réalisés sur des armes, de la vaisselle ou des masques appartenant aux civilisations égéennes mais ils créent également des copies à échelle réelle, sur du papier [[aquarelle]], des fresques minoennes ou coulent des [[Moulage|tirages en plâtre]]. En 1911, ils pouvaient ainsi offrir à leurs riches clients un catalogue de plus de 144 pièces dont les galvanoplasties étaient fabriquées en [[Allemagne]] à [[Wurtemberg]] par la [[WMF Group|Württembergische Metallwarenfabrik]]<ref>{{Lien web |langue=anglais |auteur=Mapping the Practice and Profession of Sculpture in Britain and Ireland 1851-1951 |titre=The Wurtemberg Electro Plate Co. |url=https://sculpture.gla.ac.uk/view/organization.php?id=ann_1292078075 |site=https://sculpture.gla.ac.uk/|brisé le = 2024-02-16}}.</ref>.
 
Selon le goût de l'époque, les moules créés sur les originaux sont retravaillés pour reconstituer les parties manquantes et restituer les œuvres dans leurs forme originelle. On peut ainsi trouver deux reproductions différentes du « [[Masque d'Agamemnon]] » provenant de leur atelier : l'une fidèle à l'originale, l'autre restituant l'apparence supposée de l'objet.
 
== CritiquesBilan ==
Le travail des Gilliéron a fortement contribué à la diffusion des œuvres des civilisations égéennes mais a aussi propagé une image "rêvée" des [[Civilisation minoenne|Minoens]] et des [[Mycéniens]] dont la véracité historique et archéologique est à parfois à remettre en doute. Ainsi, la fiabilité de leurs restitutions a été longtemps débattue. Par exemple, la fresque du « Prince au lys » est un assemblage des fragments originaux mais Gilliéron fils mais il semble après examen que s'y trouvent des influences modernes dues à la main de l'artiste. D'autres fresques font l'objet de critiques similaire comme celle du « Saut au-dessus du taureau ''»'' à laquelle aurait été ajoutée une bordure moderne. Idem pour la restitution de la fresque du « cueilleur de safran ». On sait aujourd'hui que ce n'était pas un jeune homme qui était figuré mais un singe.
 
=== Critiques ===
En plus des remises en cause, il semble qu'ils aient pu participer au marché grec de production de [[Faux (art)|faux]]. L'authenticité de certains artéfacts comme le [[disque de Phaistos]] ou les bagues de [[Minos]] et [[Nestor]] a été remise en doute et leur fabrication imputée à l'atelier des Gilliéron<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Kenneth D.S. Lapatin |titre=Snake Goddesses, Fake Goddesses |périodique=Archaeology, 54 |lieu=Archaeological Institute of America |date=2001 |lire en ligne=https://archive.archaeology.org/0101/abstracts/goddess.html }}</ref>.
Le travail des Gilliéron a fortement contribué à la diffusion des œuvres des civilisations égéennes mais a aussi propagé une image "« rêvée" » des [[Civilisation minoenne|Minoens]] et des [[Mycéniens]] dont la véracité historique et archéologique est à parfois à remettre en doute. Ainsi, la fiabilité de leurs restitutions a été longtemps débattue. Par exemple, la fresque du « Prince au lys » est un assemblage des fragments originaux maisréalisé par Gilliéron fils mais il semble après examen que s'y trouvent des influences modernes dues à la main de l'artiste. D'autres fresques font l'objet de critiques similairesimilaires comme celle du « Saut au-dessus du taureau ''»'' à laquelle aurait été ajoutée une bordure moderne. Idem pour la restitution de la fresque du « cueilleur de safran ». On sait aujourd'hui que ce n'était pas un jeune homme qui était figuré mais un singe.
 
En plus des remises en cause, il semble qu'ilsque Gilliéron père et fils aient pu participeralimenter aule marché grec de production de [[Faux (art)|faux]]. L'authenticité de certains artéfacts comme le [[disque de Phaistos]] ou les bagues de [[Minos]] et [[Nestor]] a été remise en doute et leur fabrication imputée à l'atelier des Gilliéron<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Kenneth D.S. Lapatin |titre=Snake Goddesses, Fake Goddesses |périodique=Archaeology, |volume=54 |numéro=1|lieu=Ed. Archaeological Institute of America |date=2001 |lire en ligne=https://archive.archaeology.org/0101/abstracts/goddess.html }}</ref>.
== Reconnaissance ==
 
[[Fichier:Gobelets de Vaphio, Galvanoplasties de l'atelier Gilliéron, Musée des Moulages - UPVM 3.jpg|alt=Gobelets de Vaphio, Galvanoplasties de l'atelier Gilliéron, Musée des Moulages - UPVM 3, Montpellier|vignette|Gobelets de [[Vaphio]], [[Galvanoplastie|Galvanoplasties]] de l'atelier Gilliéron, [[Musée des Moulages (Montpellier)|Musée des Moulages - UPVM 3]], [[Montpellier]]]]
=== Reconnaissance ===
Émile Gilliéron a produit et vendu des copies d’œuvres d'art dans le monde entier jusqu'à sa mort en 1924. Ces reproductions furent acquises tant par des collectionneurs privés que par des musées. Le [[Musée national archéologique d'Athènes]] consacré même une galerie aux productions de cet atelier. Ainsi, malgré les erreurs et les remises en cause de la fiabilité des restitutions, les productions de Gilléron donnent une image de ce que pouvait être l'art grec de ces anciennes périodes mais sont aussi un témoin précieux de l'histoire du marché de l'art et de l'engouement pour les copies à son époque.
[[Fichier:Gobelets de Vaphio, Galvanoplasties de l'atelier Gilliéron, Musée des Moulages - UPVM 3.jpg|alt=Gobelets de Vaphio, Galvanoplasties de l'atelier Gilliéron, Musée des Moulages - UPVM 3, Montpellier|vignette|Gobelets de [[Vaphio]], [[Galvanoplastie|Galvanoplasties]] de l'atelier Gilliéron, [[Musée des Moulages (Montpellier)|Musée des Moulages - UPVM 3]], [[Montpellier]].]]
Émile Gilliéron a produit et vendu des copies d’œuvres d'art dans le monde entier jusqu'à sa mort en 1924. Ces reproductions furent acquises tant par des collectionneurs privés que par des musées. Le [[Musée national archéologique d'Athènes]] consacréa même consacré une galerie aux productions de cet atelier. Ainsi, malgré les erreurs et les remises en cause de la fiabilité des restitutions, les productions de GilléronGilliéron donnent une image de ce que pouvait être l'art grec de ces anciennes périodes mais sont aussi un témoin précieux de l'histoire du [[marché de l'art]] et de l'engouement pour les copies à son époque.
 
==== Impact mondial ====
En fait, selon les responsables du Projet Gilliéron (v. ci-après), le rôle de Gilliéron père et de ses deux fils est fondamental en ce qui concerne la représentation (images) de l'archéologie grecque et la construction de son savoir, et ce depuis 1875 jusqu'à la Deuxième guerre mondiale, et même jusqu'aux années 1980. Presque toute les institutions travaillant sur l'archéologie en Grèce ont tiré profit de leurs services, si bien que, toujours selon les responsables du projet, {{Citation|l'impact de leur œuvre fut mondial}}<ref>{{Lien web |auteur=Archives Gilliéron |titre=En savoir plus sur le projet |url=https://www.collexpersee.eu/projet/archives-gillieron/ |site=collexpersee.eu |consulté le=10 juillet 2024}}</ref>
 
== Projet Gilliéron ==
Depuis 2015, l’[[École française d'Athènes|École française d’Athènes]] abrite le fonds d’archives et le legs matériel de l’atelier des trois génération de Gilliéron. L'année suivante, l'École française d'Athènes a lancé un « Projet Gilliéron », dont le travail va durer jusqu'en 2026, et qui a objectif {{Citation|une mise en valeur pluridisciplinaire d’un legs artistique et artisanal, qui couvre l’antiquité égyptienne, grecque, romaine et byzantine, mais aussi l’art populaire, l’histoire et « l’artisanat archéologique » des {{s2-|XIX|XX}}}}<ref name=":0" />.
 
== Dans la littérature. ==
La collaboration et le travail d'Émile Gilliéron avec Schliemann et Evans, ainsi que l'œuvre de son fils — qui portait le même prénom— sont mis en scène dans ''Le faussaire, l'espionne et le faiseur de bombes'' de l'écrivain franco-suisse [[Alex Capus]], paru en 2013, puis traduit de l'allemand par Emanuel Güntzburger et publié chez [[Actes Sud]] en 2015. Le « faussaire » annoncé dans le titre est plus spécifiquement Gilliéron fils.
 
== Références ==
{{Références}}
 
== LiensVoir externesaussi ==
 
=== Bibliographie ===
 
* {{Article|auteur1=Adeline Grand-Clément|titre=Les marbres antiques retrouvent des couleurs : apport des recherches récentes et débats en cours|périodique=Anabases. Traditions et réceptions de l'Antiquité|numéro=10|pages=243-250 (v. en particulier le § 3)|date=2009|lire en ligne=https://journals.openedition.org/anabases/721}}
 
* {{Article|auteur1=Marie Stahl, Christina Mitsopoulou. Ecole française d’Athènes. 2022|titre=Archives Gilliéron. Infrastructures numériques pour le fonds d’archives et la collection des artistes Gilliéron: bilan scientifique|périodique=Ecole française d’Athènes.|pages=1-10|date=2022|lire en ligne=https://hal.science/hal-03909527/document}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Christina Mitsopoulou, Olga Polychronopoulou|titre chapitre=The Archive and Atelier of the Gilliéron Artists: Three Generations, a Century (1870s-1980)|auteurs ouvrage=Elisabetta Borgna, Ilaria Caloi, Filippo Carinci (Eds.)|titre ouvrage=MHMH / MNEME. Past and Memory in the Aegean Bronze Age|éditeur=Peeters Publishers|année=2019|pages totales=1044|passage=725-729|isbn=978-9-042-93903-5|lire en ligne=https://hal.science/hal-03059425/document}}
* {{Lien web |langue=en |auteur=Christina Mitsopoulou |titre=Creation, diffusion, perception and reevaluation of archaeological knowledge: the case of the Gilliéron artists |url=https://cidoc.mini.icom.museum/wp-content/uploads/sites/6/2021/10/CIDOC2018_paper_154.pdf |accès url= |site=cidoc.mini.icom.museum |périodique=International Comittee for Documentation / CIDOC |date=2018, Heraklion |consulté le=10 juillet 2024}}
 
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Bases}}
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{{Portail|archéologie|musée|Suisse|}}
 
{{CLEDETRI:Gilliéron}}
[[Catégorie:Archéologue suisse]]
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