« Bien-pensance » : différence entre les versions

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'''Bien-pensance''' désigne l’opinion et le comportement des personnes bien-pensantes, « dont les idées sont [[conformisme|conformistes]] »<ref name="Le Grand Robert">Le Grand Robert de la langue française, version numérique 3.0, 2013, entrée « bien-pensant »</ref> et soumises au [[politiquement correct]]<ref name="Polony">[http://www.causeur.fr/natacha-polony-zemmour-caron-28000.html# Le bien-pensant, c’est toujours l’autre]. Entretien avec [[Natacha Polony]], sur [[Causeur|Causeur.fr]], Publié le 11 juin 2014 </ref>{{,}}<ref>« courant de pensée conformiste, moraliste qui est un peu le "politiquement correct" », [http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/bien-pensance dictionnaire reverso.net]</ref>. Le terme « bien-pensance » a une connotation péjorative, [[polémique]] et [[ironie|ironique]], car il est surtout employé par les détracteurs du politiquement correct<ref>« L’anti-politiquement correct est devenu la norme », Nicolas Truong ; [https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/09/26/a-droite-comme-a-gauche-la-bien-pensance-n-est-plus-le-discours-dominant_4772878_823448.html A droite comme à gauche, la bien-pensance n’est plus le discours dominant] , dans : [[Le Monde]] 26 septembre 2015 </ref>. La bien-pensance serait l'expression d'un « bien-penser » revendiqué et d'une [[bonne conscience]] sûre d'elle-même, ne se remettant pas en question elle, préferrant plutôt pointer du doigt ceux qui ne se conformentremettrait pas à ses idéaux, plaçant par conséquent l'opposant en mode défensif, si défense il a droitquestion.
 
La bien-pensance consiste à prôner la [[repentance]], la culpabilité historique<ref>[[Daniel Lefeuvre]], ''Pour en finir avec la repentance coloniale''. Éditions Flammarion 2008 {{ISBN|978-2081213067}}</ref>, la culture de l'excuse, les [[loi mémorielle#France|lois mémorielles]] et l'[[discrimination|anti-discrimination]]. Se voulant moralisatrice notamment au nom des [[droits de l'homme]]<ref>[[Jean-Louis Harouel]]: {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les Droits de l'homme contre le peuple|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer|Desclée de Brouwer]]|année=2016|pages totales=146|isbn=978-2-220-08144-1|bnf=45040155}}</ref> ou des bons sentiments, la bien-pensance préconise des lois qui interdisent et pénalisent les propos racistes, homophobes, antisémites, [[négationnistes]] et autres, provoquant ainsi « des procès en [[blasphème]] [[théologie politique|théologico-politique]] »<ref>Anastasia Colosimo , [http://larchemag.fr/2016/02/08/2224/anastasia-colosimo-le-blaspheme-est-un-instrument-plus-politique-que-religieux/ Le blasphème est un instrument plus politique que religieux], sur ‘’l’Arche’’. Le site d'information et de débat du judaïsme français, Par Noémie Halioua, 8 février 2016.</ref>, « [[Diabolisation|en sorcellerie]] »<ref name="dictature">Caroline Castets, [http://www.lenouveleconomiste.fr/la-dictature-de-la-bien-pensance-10610/ ''La dictature de la bien-pensance'']. Ses totems, ses tabous, ses indignations sélectives. Et son incapacité à voir traiter les vrais sujets, dans [[Le Nouvel Économiste]], le 15/06/2011.</ref>{{,}}<ref>Anastasia Colosimo, Les bûchers de la liberté. Paris, Stock, 2016 {{ISBN|978-2234080508}}, {{p.|133}}</ref>. Le bien-pensant utilise un langage spécifique « pour éviter de nommer les choses parce que cette dénomination pourrait choquer »<ref name="Polony" />.
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== Historique ==
Selon ''[[Le Point]]'', le terme est « apparu sous la forme de trace dans les années 1970 » puis « a conquis le langage quotidien depuis 2005 »<ref>[http://www.lepoint.fr/dictionnaire/bien-pensance-12-05-2011-1330030_353.php Bien-pensance], ''[[Le Point]], Vincent Merle, sur lepoint.fr, 12 mai 2011</ref>. Il est dérivé de ''bien-pensant'', mot apparu en 1798<ref name="Le Grand Robert" />.
 
Au {{s-|XIX}}, le bien-pensant désigne celui qui pense en conformité avec un système traditionnel : religieux, social, politique. On trouve en 1893 dans le Journal des [[Frères Goncourt]] la citation suivante : « la lettre portait le timbre de la rue Bonaparte. Ne seraient-ce pas des élèves de l'école des Beaux-Arts, ''bien-pensants'' ? »<ref> E. et J. de Goncourt, Journal, 1893, {{p.|417}}. </ref>.
 
En 1896, [[Marcel Proust]] utilise le mot dans le sens de la personne qui cale ses opinions sur la morale courante : « Elle était cousine des Buivres. (…) Elle avait reporté sur tous les Buivres ce qu'elle pouvait éprouver de sentiments de famille. Elle ressentait une honte personnelle des vilenies de celui qui avait un conseil judiciaire, et, autour de son front ''bien-pensant'', sur ses bandeaux orléanistes, portait naturellement les lauriers de celui qui était général. » — Proust, ''[[Les Plaisirs et les Jours|Les plaisirs et les jours]]'', 1896.
 
En 1899, on retrouve le terme chez Maupassant : « Employé au ministère de l’intérieur, correct, bien noté, ''bien-pensant'', mais marié à une femme fort jolie, dont les dépenses semblaient un peu exagérées pour sa position modeste. » — [[s:Le Père Milon (recueil)/Rouerie|Maupassant, Rouerie]].
 
Durant la majeure partie du {{s-|XX}}, le terme de bien-pensant désigne donc un conformiste qui fait siennes les idées dominantes, en définitive le bourgeois conservateur, défenseur de l'ordre établi : « À l’époque de mon récit, c’est-à-dire au sommet de mes souvenirs, la maison de mes parents était redevenue catholique, plus catholique et ''bien-pensante'' qu’elle n’avait jamais été » — [[André Gide]], ''[[Si le grain ne meurt]]'', 1926.
 
Dans ''[[Le Temps retrouvé]]'' (publié à titre posthume en 1927) [[Marcel Proust|Proust]] reprend l’expression en rassemblant derrière elle les [[dreyfusards]], les [[Communard|communards]] et les antirévisionistes : « Les choses étaient tellement les mêmes qu'on retrouvait tout naturellement les mots d’autrefois : « bien pensants, mal pensants ». Et comme elles paraissaient différentes, comme les anciens communards avaient été antirévisionistes, les plus grands dreyfusards voulaient faire fusiller tout le monde et avaient l’appui des généraux, comme ceux-ci au temps de l’Affaire avaient été contre Galliffet »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marcel Proust|titre=Le Temps retrouvé|éditeur=Folio Gallimard|année=|passage=p.37|isbn=}}</ref>.
 
[[Bernanos]], en 1931, publie ''La Grande peur des bien-pensants'', un pamphlet<ref>[[Philippe Lançon]], [http://www.liberation.fr/tribune/2008/09/02/bernanos-et-les-bien-pensants_79217 Bernanos et les bien-pensants], dans: [[Libération (journal)|Libération]], 2 septembre 2008</ref> dans lequel il fustige la bourgeoisie conservatrice et le clergé catholique pour leurs renoncements successifs devant la république (crise du Seize-Mai), l'anticléricalisme (dissolution des congrégations, séparation de l’Église et de l'État), la corruption de la vie politique (scandale de Panama) et les puissances de l'argent (auxquelles il [[Antisémitisme|associe notamment les banquiers juifs]])<ref>Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants</ref>.
 
== Polémique ==
Dans son roman [[1984]] paru en [[1948]], [[Georges Orwell]] intègre de façon explicite le terme ''bienpensant'' au dictionnaire de la [[novlangue]] pour décrire la dévotion des intellectuels envers le Parti.<ref>Georges Orwell, 1984, Deuxième Partie - Chapitre III, https://www.librairal.org/wiki/George_Orwell:1984_-_Deuxième_Partie_-_Chapitre_III</ref>{{,}}<ref>version audio à 04h46m https://www.youtube.com/watch?v=WXRN0xojBJQ</ref>:
DansLe sonterme livrerevient ''Laau tyranniedébut des Bien-Pensants''années paru2000, en 2001,chez le journaliste de [[France Culture]] [[Jean-Marc Chardon]] invite 34 auteurs de sensibilités diverses<ref>[http://www.quebecoislibre.org/030315-12.htm FRANCE: TRENTE-QUATRE AUTEURS DÉNONCENT LA BIEN-PENSANCE] ''Le Quebécois Libre'', Montréal, 15 mars 2003</ref> pour évoquer les débats interdits, biaisés voire escamotés dans une France qui prétend donner au monde des leçons de morale. Le but est de critiquer les notions de [[politiquement correct]] qui exerceraient de facto une censure des idées.
{{citation bloc|
– Comment était-elle, ta femme ? demanda Julia.
– Elle était... Connais-tu le mot novlangue « bienpensant » qui veut dire naturellement orthodoxe, incapable d’une pensée mauvaise ?
– Non. Je ne connais pas le mot, mais je connais assez bien ce genre de personnes.}}
Le terme comporte de fait une dimension éminemment politique, la ''novlangue'' étant elle-même une construction politique totalitaire destinée à contrôler les esprits en réécrivant la langue. Pour le philosophe [[Jean-Jacques Rosat]], Orwell nous invite à travers son roman à sortir du relativisme et du constructivisme généralisés véhiculé par les bienpensants pour renouer avec la démocratie et la liberté<ref>https://www.etudier.com/dissertations/1984-George-Orwell-Trucage/376599.html</ref>.
 
== De nos jours ==
Selon ''[[Le Point]]'', le terme est « apparu sous la forme de trace dans les années 1970 » puis « a conquis le langage quotidien depuis 2005 »<ref>[http://www.lepoint.fr/dictionnaire/bien-pensance-12-05-2011-1330030_353.php Bien-pensance], ''[[Le Point]], Vincent Merle, sur lepoint.fr, 12 mai 2011</ref>.
 
Dans son livre ''La tyrannie des Bien-Pensants'' paru en 2001, le journaliste de [[France Culture]] [[Jean-Marc Chardon]] invite 34 auteurs de sensibilités diverses<ref>[http://www.quebecoislibre.org/030315-12.htm FRANCE: TRENTE-QUATRE AUTEURS DÉNONCENT LA BIEN-PENSANCE] ''Le Quebécois Libre'', Montréal, 15 mars 2003</ref> pour évoquer les débats interdits, biaisés voire escamotés dans une France qui prétend donner au monde des leçons de morale. Le but est de critiquer les notions de [[politiquement correct]] qui exerceraient de facto une censure des idées.
 
Le terme est repris dans le vocabulaire politique par différents intervenants de droite et de gauche, pour dénoncer par exemple l'échec du modèle d'intégration à la française, modèle qui est selon eux trop conciliant<ref name="point 1330030">{{Lien web|url=http://www.lepoint.fr/dictionnaire/bien-pensance-12-05-2011-1330030_353.php |titre= Débattre : le mot « bien-pensance » |site= lepoint.fr |auteur= Vincent Merle |année= 12 mai 2011 |consulté le= 15 sept. 2012}}</ref>.
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Par contre, en 2016, le journaliste [[Laurent Joffrin]], dans un article paru dans la ''[[Revue des deux Mondes]]'', prend la défense de la bien-pensance: {{Citation bloc|Parlons net : si être « bien-pensant », c’est se fonder sur des valeurs universelles d’égalité et de justice pour juger des situations contemporaines, alors nous en sommes<ref name="Deux Mondes" > ''« Vive la bien-pensance ! »'', dans : La [[Revue des deux Mondes]] , février-mars 2016. Titre : ''Les bien-pensants de Rousseau à la gauche « morale » - l’histoire du camp du bien.''</ref> ! }}
 
== « Gutmensch » désigné « pire mot de l'année 2015 » en Allemagne ==
== Critique du terme ==
En Allemagne, depuis 1991, un jury composé de quatre linguistes et de deux autres personnalités, en coopération avec l'[[Gesellschaft für deutsche Sprache|Association pour la langue allemande]], élit annuellement le « ''Unwort des Jahres'' »<ref>{{de}} [[w:de:Unwort des Jahres (Deutschland)|Unwort des Jahres]]</ref>, littéralement « le non-mot de l'année », « l'anti-vocable »<ref>[http://www.dna.fr/actualite/2016/01/15/gutmensch-l-anti-vocable-2015-gjzn Gutmensch, anti-vocable 2015], [[Dernières Nouvelles d'Alsace|DNA]] 15 janvier 2016</ref>, c'est-à-dire « le pire mot de l'année », ''vilain mot''{{pas clair}} à éviter, donc à bannir des débats publics politiquement corrects, expression ainsi stigmatisée en mot indésirable, en « mot tabou »<ref>Marilyn Epée, [http://www.lagazettedeberlin.com/4694/doner-morde-le-non-mot-de-lannee-2011/ Döner Morde : le « Non mot » de l’année 2011], Dans: La Gazette de Berlin, 20.01.2012</ref>.
 
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