« Gilles de Rais » : différence entre les versions

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Dans le duché d'Anjou, il hérite de l'importante seigneurie de [[Champtocé-sur-Loire|Champtocé]] et d'[[Ingrandes (Maine-et-Loire)|Ingrandes]] ainsi que des seigneuries de Blaison et de Chemellier, de la baronnie de Briolay, des seigneuries de Fontaine-Milon, Grez et Grattecuisse. Dans le Poitou, il détient les seigneuries de [[Cheneché]], de la Voûte, de Sigon, de Cloué, de Chabanais et la terre du Breuil-Mingot, en sus d'acquérir par mariage et extorsion la baronnie de [[Pouzauges]] et la seigneurie de [[Tiffauges]]{{note|groupe=n|Le [[douaire]] de Catherine de Thouars comportera, après le supplice de son époux, les seigneuries de [[La Mothe-Achard]], de La Maurière, des Chênes, de Fief-Macqueau et de Falleron<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=96-98}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Merlet|1891|p=99}}.</ref>.}}. Dans le Maine, Gilles de Rais possède les seigneuries de [[La Suze-sur-Sarthe|La Suze]], d'Ambrières et de Saint-Aubin-Fosse-Louvain ainsi que la terre de Précigné<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=96}}.</ref>. En Angoumois, les seigneuries de Confolens, de Loubert et de Château Morant<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=98}}.</ref>{{,}}{{note|groupe=n|À l'époque, Gilles de Rais se proclamait également [[Maison de Brienne#Liste des comtes|comte de Brienne]].<br>{{citation|Au {{s-|XV}}, Brienne ne fait pas partie des domaines des seigneurs de Rais. […] le nouveau [[maréchal de France]], en route pour [[Reims]], espérait certainement profiter de cette marche victorieuse pour récupérer des rançons, des terres prises aux « collaborateurs » […]. Ne se proclamait-il pas comte de Brienne en {{date-|juillet 1430}} ? Mais ces rêves furent rapidement brisés<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=99}}.</ref>.}}}}.
 
Toutefois, ce recensement n'envisage schématiquement Gilles de Rais qu'au sommet de sa prospérité domaniale. Outre les [[Aliénation juridique|aliénations]] plus ou moins importantes qui amenuisent graduellement son patrimoine, certaines terres appartiennent à son épouse, d'autres ne lui sont léguées qu'au décès de son grand-père Jean de Craon en 1432, sans compter celles qu'il cède à son frère René de Rais en lui assignant sa part d'héritage en 1434. De surcroît, ses domaines ne se révèlent pas toujours d'un bon rapport puisque le revenu qui s'y rattache peut être grevé par différents modes de gestion<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=}}.</ref>. En tout état de cause, il n'est guère aisé d'estimer exactement ses biens<ref name="Macé 1988 p.138"/> et ses ressources, sujet de désaccord entre les historiens [[Jacques Heers]] et [[Matei Cazacu]] : le premier dénie au maréchal le qualificatif de {{citation|grand seigneur}}<ref>{{harvsp|Heers|1994|p=27}}.</ref> en soulignant que le présenter {{citation|comme l'« un des plus riches seigneurs de France » n'est que figure de style, facilité de plume qui ne correspond à rien<ref>{{harvsp|Heers|1994|p=124}}.</ref>.}} Or le second conteste cette interprétation<ref name="Cazacu184">{{harvsp|Cazacu|2005|p=184}}.</ref> en réaffirmant le statut de Gilles de Rais en tant que grand seigneur, puissant et fortuné. Matei Cazacu fait valoir ainsi que les revenus annuels du baron atteignent {{nobr|{{num|50000}} [[Livre tournois|livres tournois]]}}, dont environ {{num|30000}} tirés de ses domaines (chiffre avancé dans un [[Mémoire (écrit)|mémoire]] rédigé par ses héritiers) et près de {{num|20000}} provenant de son [[office]] de [[maréchal de France]], source de {{citation|grands gages et pensions du Roy.}} Si ce montant reste en deçà des revenus des grands princes contemporains (tels les ducs d'[[Louis Ier d'Orléans|Orléans]], de [[Philippe le Bon|Bourgogne]] et de [[Jean de Berry|Berry]]), il situe néanmoins Gilles de Rais dans une tranche haute, inaccessible à l'immense majorité des seigneurs bretons du {{s-|XV|e}}<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=9 ; 11-15}}.</ref>.
 
=== Carrière militaire ===
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Le [[médiéviste]] [[Jacques Chiffoleau]] rappelle que {{citation|(…) les accusations lancées contre le maréchal forment en réalité un triptyque obligé dont l'origine est très ancienne et qui unit très étroitement :<br>1º) la rébellion, c'est-à-dire le refus intériorisé de l'ordre légitime ;<br>2º) le pacte avec le diable, qui donne des pouvoirs magiques ;<br>3º) les actes contre nature, [telle] la sodomie<ref>{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=13}}.</ref>}}.
 
Cependant, Chiffoleau précise qu'en {{citation|insistant sur le poids de la procédure et sur les modèles très forts qui gouvernent alors les juges}}, il ne prétend pas {{incise|en tant qu'historien}} délivrer une vérité judiciaire sur les procès<ref>{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=14}}.</ref>. ''A contrario'', [[Matei Cazacu]] se dit convaincu de la culpabilité du baron de Rais<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p name=184}}.<"Cazacu184" /ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=|nom1=Jacques Le Goff, "Les lundi de l'histoire", France Culture|titre=Gilles de Rais avec Jacques Berlioz & Matei Cazacu|url=https://www.youtube.com/watch?v=EQ0mu5MAVGk|site=|consulté le=2017-01-01}}</ref> : selon l'archiviste paléographe, la pratique de l'alchimie et du satanisme est avérée chez le maréchal, outre le fait que soient connus les noms exacts de huit enfants violés et assassinés, leurs parents apportant des témoignages impliquant précisément l'entourage du seigneur de Tiffauges<ref name="Cazacu">{{harvsp|Cazacu|2005|p=?????}}.</ref>. De même, pour la médiéviste [[Valérie Toureille]], malgré les intérêts matériels du duc {{souverain-|Jean V de Bretagne}} et de l'évêque Jean de Malestroit, les nombreux témoignages des parents interdisent de {{citation|tabler sur l'innocence de Gilles de Rais<ref>{{Lien web|langue=français|auteur1=Valérie Toureille|titre=“Barbe Bleue” : la face cachée de Gilles de Rais (Entrez dans l'histoire-Lorànt Deutsch)|url=https://www.rtl.fr/culture/culture-generale/barbe-bleue-pourquoi-on-ne-peut-pas-tabler-sur-l-innocence-de-gilles-de-rais-7900066098|site=www.rtl.fr|périodique=|date=1er septembre 2021|consulté le=19 octobre 2021}}.</ref>.}} La médiéviste [[Claude Gauvard]] souligne également que {{citation|l'historien (...) n'est pas un juge. Il peut seulement relever certaines contradictions dans le procès, des transformations entre les dépositions initiales des témoins et les chefs d'accusation développés par les juges, mais il doit aussi affirmer que les faits son têtus. Étant donné les premiers récits des témoins qui ont servi de base à l'enquête, les enlèvements d'enfants mâles ne sont pas une simple rumeur. En revanche, leur nombre relève sans doute du fantasme<ref name="Gauvard 2020 p.34">{{harvsp|Gauvard|2020|p=34}}.</ref>.}}
 
Face aux accusations, le sire de Rais souhaite récuser ses juges. Jean de Malestroit et le frère Blouyn rejettent aussitôt son appel, considéré comme {{citation|frivole}}, au motif qu'il n'est pas présenté par écrit. Le baron nie {{citation|la vérité desdits articles}} et conteste qu'il y ait matière à procès, tout en s'affirmant comme {{citation|vrai chrétien}}. Le promoteur jure alors de dire la vérité puis il prie Gilles de prêter le même serment, en vain. Malestroit et Blouyn somment Gilles de jurer, le menaçant d'[[excommunication]], mais l'accusé persiste dans son refus et ses dénégations. En réaction, l'évêque de Nantes et le vicaire de l'inquisiteur assignent le promoteur Guillaume Chapeillon et le maréchal de Rais à comparaître le mardi {{date-|11 octobre}}<ref>{{harvsp|Bataille|Klossowski|1959|p=160-161 ; 199-201}}.</ref>. Le jour dit, Malestroit et Blouyn ajournent la comparution de Gilles de Rais au surlendemain. Ils entendent de nouveau, en la salle basse du château de la Tour Neuve, les plaintes et les lamentations des parents des victimes, qui supplient l'évêque et le vice-inquisiteur {{citation|de pourvoir à la justice nécessaire et opportune<ref>{{harvsp|Bataille|Klossowski|1959|p=161 ; 201}}.</ref>.}}
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=== Revendications de la succession et extinction de la lignée ===
Peu de temps après la pendaison de son époux, Catherine [[Liste des vicomtes et ducs de Thouars|de Thouars]] se remarie le {{date-|14|janvier|1441}} avec {{souverain-|Jean II}} de Vendôme, vidame de Chartres. Celui-ci adopte dès lors le titre de seigneur de [[Pouzauges]]. Le {{date-|19 avril 1441}}, il prête serment de fidélité au duc {{souverain3|Jean V de Bretagne}}, qui le nomme chambellan. Catherine de Thouars meurt le {{date-|2 décembre 1462}}<ref>{{harvsp|Bourdeaut|1924|p=114}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp| name="Cazacu| 2005| p=175}}.<175" /ref>.
 
Gilles de Rais ne laisse qu'une fille comme unique héritière : [[Liste des seigneurs, barons et ducs de Retz|Marie de Montmorency-Laval dite « Marie de Rais »]], qui lui succède à la tête de la [[Pays de Retz|baronnie de Retz]]. Marie de Rais se marie deux fois : le {{date-|5|juillet|1444}} avec {{souverain3|Prigent VII de Coëtivy}} (1399 – {{date-|20 juillet 1450}}), [[amiral de France]], gouverneur de [[La Rochelle]], puis en [[1451]] avec [[André de Lohéac|André de Montfort-Laval dit « André de Lohéac »]] (1408 – {{date-|29 décembre 1486}}), seigneur de [[Lohéac]] et de [[Château de Montjean|Montjean]], amiral de France, puis [[maréchal de France]] (et cousin de Gilles de Rais). De ses deux unions, Marie de Rais n'aura aucun enfant.
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[[Fichier:Portrait de Charles Perrault (1628-1703) par Charles Le Brun.jpg|gauche|vignette|redresse=0.8|[[Charles Perrault]] s'est peut-être inspiré de Gilles de Rais pour rédiger son célèbre conte mais cette interprétation reste controversée.]]
Le [[Grand Siècle (histoire de France)|Grand Siècle]] voit la publication des ''[[Les Contes de ma mère l'Oye|Contes de ma mère l'Oye]]'' (1697) chez le libraire et imprimeur [[Claude Barbin (libraire)|Claude Barbin]]. Ce recueil inclut le texte ''[[La Barbe bleue]]'', {{citation|histoire [qui] n'est pas une invention de [[Charles Perrault]], mais un conte populaire et une ballade qui ont circulé dans toute l'Europe bien avant 1697 sous des noms différents et dans de nombreuses variantes}}, indique Matei Cazacu<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=204}}.</ref>. Or, à en croire certains chercheurs (dont l'abbé [[Eugène Bossard (abbé)|Eugène Bossard]]), la vie du seigneur de Tiffauges aurait inspiré, directement ou par ricochet, la rédaction du conte perraultien{{note|groupe=n|En 1845, [[Charles Mourain de Sourdeval]] affirme que Perrault aurait {{citation|modelé}} son personnage d'après Gilles de Rais, tout en s'inspirant de la vie conjugale d'{{souverain2|Henri VIII}} pour atténuer l'horreur des crimes et rendre l'histoire plus {{citation|convenable<ref>{{Article |prénom1=Charles|nom1=Mourain de Sourdeval|lien auteur1=Charles Mourain de Sourdeval|titre=Les sires de Retz et le château de Machecoul |périodique=Mémoires de la Société archéologique de Touraine|lieu=Tours|éditeur=Imprimerie de Mame|tome={{II}}|année= 1843-1844|pages=50|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5487239w/f80.image}}.</ref>{{,}}<ref name="Cazacu208">{{harvsp|Cazacu|2005|p=208}}.</ref>.}} En 1885, l'abbé [[Eugène Bossard (abbé)|Eugène Bossard]] soutient que l'[[Académie française|académicien]] aurait recueilli la matière première de son conte dans des traditions orales bretonnes qui transfigurent le baron sanglant en Barbe-Bleue<ref>{{harvsp|Bossard|1885|p=382-387}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=80-84}}.</ref>.}}. Cazacu conjecture ainsi que Perrault aurait semé dans son texte plusieurs indices permettant de remonter jusqu'à Gilles de Rais<ref name="Petitjean p.98">{{harvsp|Petitjean|2016|p=98}}.</ref>, à commencer par l'absence de l'habituel sous-titre « conte » dans la première édition, entre autres allusions sibyllines. Grâce à ses études de droit, l'auteur des ''Contes de ma mère l'Oye'' aurait pu avoir accès à l'une des nombreuses transcriptions manuscrites des procès ecclésiastique et séculier du maréchal<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=241}}.</ref>, écrits circulant dans les milieux juridiques sous l'[[Ancien Régime]]<ref name="Chiffoleau">{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Chiffoleau|lien auteur1=Jacques Chiffoleau|auteurs ouvrage=[[Yves-Marie Bercé]] (dir.)|titre ouvrage=Les procès politiques ({{s mini-|XIV}}-{{s-|XVII}})|sous-titre ouvrage=|lieu=Rome|éditeur=École française de Rome|collection=Collection de l'École française de Rome|numéro dans collection=375|année=2007|pages totales=709|isbn=978-2-7283-0772-2|titre chapitre=Le crime de majesté, la politique et l'extraordinaire|sous-titre chapitre=note sur les collections érudites de procès de lèse-majesté du {{s-|XVII}} français et sur leurs exemples médiévaux|passage=577-662}}.</ref>{{,}}<ref name="Chiffoleau 15">{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=15}}.</ref>{{,}}<ref name="Bouzy1997p44">{{harvsp|Bouzy|1997|p=44}}, {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5831681k/f44.image}}.</ref>. Cazacu décèle notamment des similitudes entre des thèmes du conte perraultien (chambre interdite et curiosité féminine) et les aveux des complices de Gilles de Rais, dépositions qui mentionnent non seulement une pièce verrouillée renfermant des corps ou des membres humains mais également une certaine dame de Jarville lorgnant, à travers une fente, les serviteurs du baron retirer du [[château de Machecoul]] les ossements des victimes de leur maître<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=225-226}}.</ref>.
 
Toutefois, l'hypothèse d'un Gilles de Rais ayant servi de modèle à Charles Perrault est réfutée comme trop incertaine par Vincent Petitjean<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Antoine|nom1=Calvet|titre=Petitjean, Vincent. ''Vies de Gilles de Rais''. Paris : Classiques Garnier, 2015 (« Perspectives comparatives, 35 »). 562 pp. (compte rendu) |périodique=Kritikon Litterarum |éditeur=[[Walter de Gruyter|De Gruyter]] |volume=43 |numéro=3-4 |année=2016 |pages=206 |doi=10.1515/kl-2016-0033}}.</ref>. Le docteur en littérature comparée ne discerne aucun référence, même voilée, à l'histoire du baron dans la version couchée sur le papier par l'académicien du Grand Siècle<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=96-97}}.</ref> : {{citation|malgré toute la science et l'habilité intellectuelle de Bossard et Cazacu<ref name="Petitjean p.107"/>}}, il n'est pas établi que le chef de file des [[Querelle des Anciens et des Modernes|Modernes]] connaissait la vie du maréchal ou que cette connaissance ait été {{citation|déterminante dans l'écriture du conte<ref name="Petitjean p.98"/>}}. Petijean distingue nettement cette question relative à Perrault et ses sources d'un autre phénomène : {{citation|la confusion faite dans l'esprit populaire entre Gilles de Rais et Barbe-Bleue<ref name="Petitjean p.107">{{harvsp|Petitjean|2016|p=107}}.</ref>.}}
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Dans sa ''Description de la rivière d'Erdre depuis Nantes jusqu'à Nort'' (Nantes, 1820), l'écrivain [[Édouard Richer]] est le premier auteur à mentionner une assimilation populaire entre Gilles de Rais et Barbe-Bleue, enracinée dans les vestiges du château de la Verrière sur les bords de l'[[Erdre]], pourtant hors des domaines historiques du baron ; sept grands arbres s'y dresseraient, monuments expiatoires supposés des épouses du cruel seigneur, d'après les récits locaux<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p=92}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Prosper|nom1=Levot|lien auteur1=Prosper Levot|titre=La légende de Sainte Tryphine et le conte de Barbe-Bleue|périodique=Bulletin de la [[Société académique de Brest]]|tome={{VIII}}, deuxième livraison, 1872-1873|lieu=Brest|éditeur=|année=1874|pages=185-186|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207541m/f218.item}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=85-86}}.</ref>. En 1836, cet amalgame est popularisé grâce aux ''Notes d'un voyage dans l'ouest de la France''<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Prosper Mérimée]]|titre=Notes d'un voyage dans l'ouest de la France|sous-titre=extrait d'un rapport adressé à M. le ministre de l'Intérieur|lieu=Paris|éditeur=Librairie de Fournier|année=1836|pages totales=430|passage=301|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8623239k/f305.item}}.</ref>{{,}}<ref name="Arrous">{{Article|auteur1=Michel Arrous|titre=Michel Meurger, ''Gilles de Rais et la littérature''|périodique=[[Studi Francesi]]|numéro=153|année=2007|pages=668|lire en ligne=https://journals.openedition.org/studifrancesi/9571}}.</ref>, rapport dans lequel [[Prosper Mérimée]] {{incise|[[écrivain]] tout autant qu'[[Inspection générale des monuments historiques|inspecteur général des monuments historiques]]}} interprète également les traditions régionales relatives à Barbe Bleue {{citation|comme un souvenir mythifié de Gilles de Rais<ref name="Meurger p131"/>.}} L'idée est ensuite reprise par [[Stendhal]] dans ses ''[[Mémoires d'un touriste]]'', autre récit de voyage publié en 1838<ref name="Arrous"/>{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=it|prénom1=Anna Maria|nom1=Scaiola|titre chapitre=« Ce qu'il y a de plus terrible et de plus doux »|sous-titre chapitre=Beatrice Cenci|auteurs ouvrage=Massimo Colesanti, Anna Jeronimidis, Letizia Norci Cagiano et Anna Maria Scaiola (dir.)|titre ouvrage=Stendhal, Roma, l'Italia|sous-titre ouvrage=atti del congresso internazionale, Roma, 7-{{date-|10 novembre 1983}}|lieu=Rome|éditeur=Edizioni di storia e letteratura|collection=Quaderni di cultura francese|numéro dans collection=23|année=1985|pages totales=607|passage=467}}.</ref>. Prêtant au maréchal {{citation|un amour effréné pour les femmes}} moyennant une anecdote fictive<ref>{{harvsp|Meurger|2001|p=35}}.</ref>, [[Stendhal|Henri Beyle]] prolonge le rapprochement avec Barbe-Bleue en assimilant Gilles de Rais à [[Don Juan]], ''[[Topos (littérature)|topos]]'' du {{citation|grand seigneur séducteur<ref name="Petitjean 156-161"/>}} ainsi que du {{citation|rebelle social, pionnier de l'individualisme radical.}} Peu conforme aux sources historiques<ref>{{harvsp|Meurger|2001|p=36}}.</ref>, cette interprétation surprenante marque peut-être {{citation|la véritable entrée de Gilles de Rais en littérature}}, selon Vincent Petitjean<ref name="Petitjean 156-161">{{harvsp|Petitjean|2016|p=156-161}}.</ref>.
 
En 1858, dans ses récits romancés intitulés ''Curiosités de l'histoire de France'', le [[polygraphe (auteur)|polygraphe]] [[Paul Lacroix (écrivain)|Paul Lacroix]] affuble fictivement Gilles de Rais d'une chevelure blonde détonnant avec une barbe noire aux {{citation|reflets presque bleuâtres, qui avaient fait donner au sire de Rays le surnom de Barbe Bleue, surnom populaire en Bretagne, où son histoire s'est métamorphosée en conte fantastique<ref name="Lacroix 1858 p53">{{Ouvrage|prénom1= Paul|nom1= Lacroix| postnom1=(alias le bibliophile Jacob)|lien auteur1= Paul Lacroix (écrivain)|titre= Curiosités de l'histoire de France|sous-titre={{2e}}série : procès célèbres|lieu= Paris|éditeur= Adolphe Delahays|année= 1858|pages totales= 363|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2029484/f56.image|titre chapitre= Le maréchal de Rays|passage=53}}.</ref>{{,}}<ref name="Meurger p131"/>.}} Entre autres détails inventés par le {{citation|[[Paul Lacroix (écrivain)|bibliophile Jacob]]}} et promis à une belle fortune littéraire, cette singulière pilosité faciale et ce sobriquet soi-disant prêté au maréchal de son vivant assimilent ostensiblement ce dernier au cruel mari du conte populaire<ref name="Meurger p131">{{harvsp|Meurger|2003|p=131}}.</ref>, sans que l'auteur précise à quelle version du conte il se réfère<ref name="Petitjean p.87">{{harvsp|Petitjean|2016|p=87}}.</ref>. Paul Lacroix trace ainsi la physionomie conventionnelle de Gilles de Rais dans les lettres, reprise à qui mieux mieux par d'autres romanciers tels Émilie Carpentier dans ''Mémoires de Barbe-Bleue'' (1865) et [[Alexandre de Lamothe|Alexandre Bessot de Lamothe]] dans ''Les Mystères de Machecoul'' (1871)<ref>{{harvsp|Meurger|2001|p=37-45}}.</ref>. Sur le plan historique, [[Jules Michelet]] ne mentionne initialement aucun rapprochement entre Gilles de Rais et Barbe-Bleue dans son ''Histoire de France'' (1841) mais à compter d'une réédition publiée en 1876, il affirme que {{citation|l'histoire du Breton Retz, fort adoucie, a fourni la matière d'un conte ; de plus (pour l'honneur de la famille ou du pays ?), on a substitué à son nom celui du partisan anglais ''Blue barb''<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jules Michelet]]|titre=Histoire de France|sous-titre=nouvelle édition, revue et augmentée|éditeur=A. Lacroix & Cie|lieu=Paris|année=1876|pages totales=352|passage=344, {{n.}}1|lire en ligne=https://archive.org/details/histoiredefrance06pari_0/page/n377/mode/2up}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p name=208}}.<"Cazacu208" /ref>.}} L'écrivain [[Ernest d'Hervilly]] admet avoir {{citation|vainement cherché la trace}} de cet énigmatique Anglais<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Ernest d'Hervilly]]|illustrateur=[[Henri Pille]]|titre=Héros légendaires|sous-titre=leur véritable histoire|éditeur= Alphonse Lemerre|lieu=Paris|année=1889|pages totales=378|passage=63-64|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6567207t/f75.item}}.</ref>.
 
[[Fichier:Eugene-Bossard.jpg|vignette|gauche|redresse=0.8|L'abbé [[Eugène Bossard (abbé)|Bossard]] a glané plusieurs traditions populaires relatives à Barbe-Bleue.]]
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Par la suite, le rapprochement entre le cas de Gilles de Rais et la catégorie criminelle des tueurs en série sert occasionnellement à réfuter la thèse de l'innocence du maréchal{{note|groupe=n|Dans une biographie publiée en 1926, l'historien [[Émile Gabory]] rappelle la réalité des {{citation|meurtres sadiques ou rituels}} afin de réfuter un argument en faveur de l'innocence du baron de Rais. Pour ce faire, il mentionne à titre d'exemple {{citation|l'histoire du boucher [[Hanovre|hanovrien]] [[Fritz Haarmann|Haarmann]] qui, l'année dernière, tua vingt-huit jeunes gens (...)<ref>{{harvsp|Gabory|1926|p=236}}.</ref>.}} Ce tueur en série allemand est également cité par l'écrivain [[Georges Bataille]] lors d'une conférence tenue le {{date-|24 février 1958}} à Fontenay-le-Comte : {{citation|Gilles de Rais fut une sorte de boucher de Haarman (''sic'') mais en grand<ref>« "Gilles de Rais", notes inédites », dans {{harvsp|texte=Cahiers Gilles de Rais, mai 1993|id=''Cahiers Gilles de Rais'' III|p=23}}.</ref>.}} De manière analogue, l'[[historien]] [[médiéviste]] [[Olivier Bouzy]] évoque [[Andreï Tchikatilo]] comme {{citation|un Gilles de Rais au petit pied<ref>{{harvsp|Bouzy|1993|p=22, note 23}}, {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316056/f22.image}}.</ref>.}}}}. De plus, le [[Archiviste paléographe|chartiste]] [[Matei Cazacu]] reconnaît certaines caractéristiques des tueurs en série contemporains chez le seigneur de Tiffauges : âge moyen du criminel au commencement des meurtres (vers 27-{{nobr|31 ans}}), prédilection pour un même type de victimes (principalement des jeunes garçons), {{citation|actes illicites}} perpétrés durant son enfance et son adolescence, agressivité et propension à la violence à l'encontre des adultes, ritualisation du crime par des mises en scène et des tortures récurrentes {{incise|commises personnellement ou par ses serviteurs}} sur des personnes réduites à l'état d'objet (brève [[pendaison]] de sa victime avant de la décrocher en adoptant une attitude faussement rassurante ; cou rompu à coup de bâton ; incision de la gorge ou d'autres parties du corps ; démembrement ou décapitation avec un glaive {{citation|vulgairement appelé “braquemart”}} ; viols ''{{lang|lat|post-mortem}}'' ou ''{{lang|lat|ante-mortem}}'' sur des enfants agonisants ; jouissance à la vue des organes internes après éventration ; contemplation de tête coupée...). Pour tenter de dresser un profil détaillé du maréchal comme tueur [[Psychopathie|psychopathe]], Matei Cazacu applique également la {{citation|grille de lecture utilisée par les [[Profilage criminel|profileurs]] du [[Federal Bureau of Investigation|FBI]]}} dans un rapport de 1990 ainsi que la classification proposée par le docteur Michel Bénézech, psychiatre et professeur de [[médecine légale]] à l'université de Bordeaux<ref name="Cazacu 2005 p.181-202">{{harvsp|Cazacu|2005|p=10 ; 181-202}}.</ref>, en assumant l'anachronisme de la sorte : {{citation|Les techniques modernes, quand elles existent et permettent d'apporter quelque chose, ne doivent pas être négligées<ref>{{Lien web|langue=fr| url= https://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/04/29/sire-de-rais-serial-killer| titre=Sire de Rais, serial killer| auteur= Hervé Boggio |site= republicain-lorrain.fr | date=29 avril 2012| consulté le = 21 juin 2018}}.</ref>.}} Le chartiste reconnaît que son approche a été contestée mais il se défend toutefois de confondre les mentalités médiévales et contemporaines<ref>Débat avec [[Jacques Chiffoleau]] autour de ''Gilles de Rais'', livre de [[Matei Cazacu]], dans le cadre du cycle « Les Mardis de l'École des chartes », {{date-|9|avril|2013}}.</ref>. Au demeurant, Cazacu admet que {{citation|les abîmes de la [[Psyché (psychologie)|psyché]] humaine restent toujours insondables et (...) Gilles de Rais a définitivement emporté son secret dans la tombe<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=202}}.</ref>.}} D'autre part, [[Claude Gauvard]] énonce que {{citation|l'historien n'est pas (...) un psychanalyste, même si les enseignements de la psychanalyse peuvent l'aider à comprendre le contenu des aveux et leur part de délire psychotique<ref name="Gauvard 2020 p.34"/>.}}
 
En revanche, [[Jacques Chiffoleau]] estime qu'{{citation|à tout jamais [...], la psychologie de Gilles de Rais nous est fermée. À partir des maigres traces dont on dispose, on ne saura jamais, s'il fut en position d'être ou de ne pas être un ''{{lang|en|serial killer}}''<ref>{{harvsp|Chiffoleau|1993|p=20|id= Chiffoleau : Gilles, la vérité, l'histoire}}.</ref>}} malgré le caractère réaliste et détaillé de ses aveux paraissant {{citation|témoigner de ce mélange entre [[psychose]] et [[perversion narcissique]] qui est le propre de nos tueurs en série contemporains.}} Les similitudes manifestes ({{citation|l'assouvissement sexuel sur les corps mutilés, leur manipulation, l'indifférence souveraine du meurtrier à l'égard de ses victimes et la manifestation d'une sorte de toute-puissance meurtrière}}) ne doivent pas faire oublier pour autant le contexte particulier de la procédure inquisitoire présidant à l'élaboration des comptes rendus d'interrogatoires<ref name="Chiffoleau 2008 p.12-13"/>. De surcroît, Chiffoleau précise que {{citation|la description d'une “[[Perversion|structure perverse]]” quasi intemporelle}} n'entretient qu'un {{citation|lointain rapport avec la triple accusation médiévale de rébellion, de [[pacte avec le diable]] et de rapports contre-nature.}} Le baron de Rais en vient parfois à être perçu comme l'[[Archétype (philosophie)|archétype]]<ref name="Chiffoleau p16">{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=16}}.</ref> d'une figure médiatique contemporaine de la dangerosité, celle du {{citation|[[Pédophilie|pédophile]] confondu avec l'assassin violeur, un Gilles de Rais réactualisé sous la double forme du prédateur et du déséquilibré}}, selon les termes de l'historienne [[Anne-Claude Ambroise-Rendu]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne-Claude|nom1=Ambroise-Rendu|lien auteur1=Anne-Claude Ambroise-Rendu|titre=Histoire de la pédophilie, {{s mini-|XIX}}-{{s-|XXI}}|éditeur=Fayard|lieu=Paris|année=2014|pages totales=352|passage=245-246|isbn=978-2-213-67232-8|présentation en ligne=https://journals.openedition.org/clio/12840}}, {{lire en ligne|lien=https://journals.openedition.org/rhei/3744|texte=présentation en ligne}}.</ref>. Or une telle interprétation néglige les données historiques nécessaires pour décrypter les actes du procès du seigneur de Tiffauges ; l'histoire de celui-ci, riche d'enseignements sur {{citation|la justice politique et [les] constructions institutionnelles du {{s-|XV|e}}}}, ne nous informe guère {{citation|sur la pédophilie médiévale ni sans doute sur les meurtres en série au temps de Jeanne d'Arc et de {{souverain-|Charles VII}}}}, conclut Chiffoleau<ref>{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=11-14 ; 16}}.</ref>. L'essayiste [[Michel Meurger]] suit cette analyse en remettant en question {{citation|les démarches de légitimation}} conduisant certains auteurs {{citation|à user de rétrospection pour assurer que les forfaits de criminels modernes éclaireraient cette cause pré-[[Époque moderne|moderne]]<ref name="Meurger14">{{harvsp|Meurger|2003|p=14}}.</ref>.}}
 
=== Rapports avec Jeanne d'Arc et le grand chambellan Georges de La Trémoille ===
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Dès lors, la littérature a brodé sur les sentiments du seigneur de Tiffauges vis-à-vis de Jeanne, en couvrant une palette allant de l'amitié à la dévotion religieuse, en passant par une fascination plus trouble. Dans le roman ''[[Là-bas (roman)|Là-bas]]'' de [[Joris-Karl Huysmans]], le personnage de Durtal présume que {{citation|le mysticisme de Gilles de Rais s'est exalté}} aux côtés de la Pucelle<ref>{{harvsp|Huysmans|1896|p=64}}, {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k66333f/f70.image}}.</ref>, point de vue repris par l'historien [[Matei Cazacu]]{{note|groupe=n|[[Matei Cazacu]] conjecture que {{citation|Gilles de Rais a sans doute été ébranlé}} par les accusations portées par le tribunal de Rouen contre la Pucelle, censément hérétique et invocatrice de démons. De surcroît, le chartiste considère que {{citation|nul n'a mieux décrit [l]a crise de conscience [de Gilles] que [[Joris-Karl Huysmans|Huysmans]] dans son roman, ''[[Là-bas (roman)|Là-bas]]''<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=107-108}}.</ref>.}}}}. Autre récit fictif dont les interprétations ont fait florès, le roman ''[[Gilles et Jeanne]]'' de [[Michel Tournier]] est à l'origine d' {{citation|une bonne partie de la littérature pseudo-historique répandant l'idée des relations amoureuses de Jeanne d'Arc avec Gilles de Rais}}, observe le [[médiéviste]] [[Olivier Bouzy]]<ref name="Bouzy, Littérature romanesque">Olivier Bouzy, entrée « Littérature romanesque », dans {{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=825-826}}.</ref>. Tournier emprunte à l'essayiste [[Roland Villeneuve]] le principe d'une déchéance du baron déclenchée par la mort de la Pucelle. Toutefois, en intensifiant les sentiments de son [[Personnage de fiction|personnage]] jusqu'à {{citation|l'amour ''déclaré''}}, voire charnel, le romancier se démarque de sa source d'inspiration qui évoquait simplement un {{citation|amour platonique}} éprouvé par Gilles de Rais, du reste sans que Villeneuve explicite le terme {{citation|platonique}} ou justifie une telle interprétation<ref name="Toorn p.130-131">{{Ouvrage |prénom1=Nicolaas |nom1=van der Toorn |titre=Le Jeu de l'ambiguïté et du mot |sous-titre=ambiguïté intentionnelle et Jeu de mots chez Apollinaire, Prévert, Tournier et Beckett |éditeur=[[Éditions Brill|Brill]] / Rodopi |collection=Faux titre |lieu=Amsterdam |numéro dans collection=435 |année=2019 |pages totales=210 |passage=130-131 |isbn=978-90-04-41416-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=JESxDwAAQBAJ&printsec=frontcover |numéro chapitre=5 |titre chapitre=Réécriture et «  Bricolage  »  : ''Gilles & Jeanne'' de Michel Tournier}}.</ref>. Quant à l'écrivain et dramaturge [[Allen S. Weiss]], il interprète comme un fait établi la vision romanesque de Tournier, selon laquelle {{citation|Gilles de Rais s'est voulu l'inversion démoniaque de la sainteté de Jeanne d'Arc dans un scénario [[Antinomie|antinomique]] de mal absolu et d'autosacrifice final<ref>{{Article |auteur1=[[Allen S. Weiss]]|titre=La glossolalie et la glossographie dans les délires théologiques|périodique=Langages|numéro=91|année=1988|pages=109|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726x_1988_num_23_91_2119}}.</ref>}}, lecture inopérante pour tenter de discerner la psychologie du maréchal, pointe Matei Cazacu<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=184-185}}.</ref>.
 
Or les textes du {{s-|XV}} ne permettent pas d'établir une relation privilégiée entre les deux compagnons d'armes, suivant plusieurs chercheurs<ref>{{harvsp|Bataille|Klossowski|1959|p=106-107}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Jost|1995|p=178}}.</ref>{{,}}<ref name="harvsp|Chiffoleau| 2008| p=.12">{{harvsp|Chiffoleau|2008|p=12}}.< /ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Contamine|Bouzy|Hélary|2012|p=948}}.</ref>{{,}}<ref name="Bouzy 212 p.33">{{harvsp|Bouzy|2012|p=33}}.</ref>. Les sentiments de la Pucelle vis-à-vis du baron nous échappent totalement<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p=331-332, {{n.|57}}}}.</ref>. De surcroît, aucune source ne corrobore la conjecture d'un Gilles de Rais désespéré par le [[bûcher]] de [[Rouen]] au point de se retirer dans ses terres de l'[[Grand Ouest français|Ouest]] et d'y cultiver le souvenir de Jeanne tout en sombrant parallèlement dans la dépression et la folie meurtrière<ref>{{harvsp|Boutin|Chalumeau|Macé|Peyronnet|1988|p=78-79}}.</ref>. De telles extrapolations prennent appui sur quelques faits malaisés à déchiffrer.
[[Fichier:Lenepveu, Jeanne d'Arc au siège d'Orléans.jpg|vignette|gauche|<center>''Jeanne d'Arc au siège d'Orléans'', fresque de [[Jules-Eugène Lenepveu]], [[Panthéon (Paris)|Panthéon]], fin du {{s-|XIX}}.</center>]]
Les divergences d'interprétations relatives aux rapports entre la Pucelle et le seigneur de Tiffauges reflètent partiellement celles qui portent sur la relation entre le [[grand chambellan de France|grand chambellan]] {{souverain3|Georges Ier de La Trémoille}} et Jeanne d'Arc<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p=154, {{n.}}6}}.</ref>. Ainsi, au cours du {{s-|XIX}}, le {{citation|renouveau historiographique}} de la Pucelle s'accompagne de la dépréciation de ses ennemis et rivaux, réels ou supposés. La conception républicaine et anticléricale de {{citation|la fille du peuple, trahie par son roi et brûlée par l'Église<ref>{{Chapitre|prénom1=Gerd |nom1=Krumeich |lien auteur1= Gerd Krumeich |titre chapitre=Pour une étude comparée de l'iconographie de Jeanne d'Arc|auteurs ouvrage=[[Maurice Agulhon]], [[Annette Becker]] et Évelyne Cohen (dir.)|titre ouvrage= La République en représentations|sous-titre ouvrage= autour de l'œuvre de Maurice Agulhon|lieu=Paris|éditeur=Publications de la Sorbonne|collection=Histoire de la France aux {{s mini-|XIX}} et {{s-|XX}}|numéro dans collection=64|année= 2006|pages totales=431|isbn= 2-85944-546-3 |passage=256 |présentation en ligne=https://rh19.revues.org/1722}}.</ref>}}, trouve notamment un écho chez l'historien populaire [[Henri Martin (historien)|Henri Martin]]. Dans un volume de son ''Histoire de France...'' publié en 1855, Martin englobe Gilles de Rais dans son réquisitoire contre le roi {{souverain-|Charles VII}} et ses conseillers censément déloyaux envers Jeanne d'Arc et sa mission. L'historien conclut que {{citation|l'on n'a point à craindre à calomnier le maréchal de Retz}} en lui attribuant le fiasco du [[Siège de Paris (1429)|siège de Paris]]<ref name="Martin 212-213" />. En 1863, le chartiste [[Auguste Vallet de Viriville]] jauge défavorablement Gilles comme {{citation|l'homme de La Trémoille}}, placé sur ordre auprès de la Pucelle avant de délaisser celle-ci consécutivement à l'échec du [[Siège (militaire)|siège]]<ref name="Vallet 412" />. En 1955, Roland Villeneuve propose dans son essai la même lecture des événements<ref name="Toorn p.130-131"/>. ''A contrario'', l'abbé [[Eugène Bossard (abbé)|Eugène Bossard]] tente de dissocier le sire de Rais de Georges de La Trémoille, félon présumé de l'épopée johannique, pour magnifier Gilles en compagnon d'armes dévoué de l'héroïne, selon le schéma binaire d'une glorieuse tranche de vie contrastant avec une seconde partie biographique bien plus sombre<ref>{{harvsp|Bossard|1886|p=36-37}}, {{lire en ligne|url=https://archive.org/stream/gillesderaismar00bossgoog#page/n65/mode/2up}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Heers|1994|p=70}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p=164}}.</ref>. Quant à l'abbé Arthur Bourdeaut, il dépeint également le seigneur de Tiffauges comme l'homme du grand chambellan mais sans imputer à l'un et à l'autre cousin de mauvaises intentions contre Jeanne d'Arc<ref name="Bourdeaut 69-70" />.
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[[Fichier:Jean Kerhervé.jpg|vignette|gauche|upright=0.7|L'historien [[médiéviste]] [[Jean Kerhervé]], juillet 2005.]]
La Société des historiens [[médiéviste]]s de l'enseignement supérieur public (dont son vice-président [[Jean Kerhervé]]) réagit à l'événement médiatique organisé par la {{citation|cour arbitrale}} en faisant part de ses objections [[Méthodologie historique|méthodologiques]] devant cette {{citation|histoire-spectacle<ref>{{harvsp|Heers|1994|p=10}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p name=14}}.<"Meurger14" /ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Cazacu|2005|p name=184}}.<"Cazacu184" /ref>.}} Jean Kerhervé et son confrère [[médiéviste]] [[Olivier Bouzy]] publient des comptes rendus critiques, respectivement dans le journal ''[[Le Peuple breton]]'' en {{date-|novembre 1992}}<ref>{{harvsp|Kerhervé|1992|p=6-8}}, {{lire en ligne|url=http://myreader.toile-libre.org/KerherveHistoireouroman.pdf}}.</ref> et dans le bulletin ''Connaissance de Jeanne d'Arc'' en {{date-|janvier 1993}}<ref name="Bouzy p17..."/> ; préalablement, le conseiller culturel Philippe Reliquet<ref>[http://data.bnf.fr/12634389/philippe_reliquet/ Fiche de la BnF].</ref>, auteur d'un ouvrage dédié au baron de Rais<ref>{{harvsp|Reliquet|1982|p=}}.</ref>, avait effectué une mise au point dans un courrier publié par ''[[Le Monde]]'' le {{date-|5 septembre 1992}}<ref>{{Lien web|langue= fr| url= https://www.lemonde.fr/archives/article/1992/09/05/courrier_3896462_1819218.html| titre=L'affaire Gilles de Rais| auteur= Philippe Reliquet|site= lemonde.fr | date=5 septembre 1992| consulté le = 19 novembre 2020}}.</ref>. Malgré les accusations de Prouteau visant les précédents chercheurs, coupables selon lui d'avoir manipulé ou mal interprété les sources, Jean Kerhervé remarque que l'écrivain lui-même ne paraît ni avoir étudié les [[source (information)|sources primaires]] originales (rédigées en [[moyen français]] et essentiellement en latin) ni maîtriser les compétences [[paléographie|paléographiques]] nécessaires au déchiffrement de la [[cursive]] [[Écriture gothique|gothique]] du {{s-|XV}}{{note|groupe=n|Outre la confusion commise par Gilbert Prouteau entre les archives de la Loire-Atlantique et la médiathèque de Nantes, [[Jean Kerhervé]] souligne que le poète qualifie les archives en moyen français de {{citation|galimatias<ref>{{harvsp|Prouteau|1992|p=162}}.</ref>}} en sus de {{citation|déforme[r] allègrement les genres et les cas}} lorsqu'il recopie des formules latines<ref>{{harvsp|Prouteau|1992|p=32 ; 185 ; 225}}.</ref>{{,}}<ref name="Kerhervé 7" />.}}. En outre, Prouteau est régulièrement pris en défaut sur ses connaissances en histoire de la religion, du droit et des institutions médiévales, notamment dans le cadre du duché de Bretagne<ref name="MS8ZXW"/>. [[Olivier Bouzy]] relève plusieurs autres erreurs et approximations, voire des inventions forgées délibérément pour les besoins de la réhabilitation<ref name="Bouzy p17...">{{harvsp|Bouzy|1993|p=17-25}}, {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316056/f17.image.r}}.</ref>. Le biographe Alain Jost<ref>[http://data.bnf.fr/12366153/alain_jost/ Fiche de la BnF].</ref> reproche à ''Gilles de Rais ou la Gueule du loup'' de {{citation|créer la confusion la plus totale entre les éléments historiques et l'imaginaire de l'auteur<ref>{{harvsp|Jost|1995|p=154}}.</ref>.}}
 
Par ailleurs, la couverture médiatique du {{citation|procès de révision}} est blâmée pour son manque de recul critique. Bien que des périodiques qualifient ce {{citation|procès}} de {{citation|parodie}}, {{citation|supercherie}} et {{citation|pseudo-procès<ref name="Fleury 5" />}}, d'autres journalistes reproduisent parfois, sans vérification préalable, certains propos entendus à la séance publique du {{date-|9 novembre 1992}} ou imprimés dans ''Gilles de Rais ou la Gueule du loup'', {{citation|erreurs et manipulations comprises<ref>{{harvsp|Jost|1995|p=160}}.</ref>{{,}}{{note|groupe=n|Préalablement à sa parution, ''Gilles de Rais ou la Gueule du loup'' (annoncé sous le titre ''L'Ombre d'un doute'') a bénéficié d'une couverture médiatique grâce à un article du ''[[L'Obs|Nouvel Observateur]]'', où le journaliste [[François Caviglioli]] reprend la trame et les inventions du roman de Prouteau tout en qualifiant ce dernier d'{{citation|historien<ref>François Caviglioli, « Victime en 1440 du premier procès stalinien de l'histoire ? Justice pour Barbe-Bleue ! », ''Le Nouvel Observateur'', 12-18 décembre 1991, {{p.}}[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1414_19911212/OBS1414_19911212_088.pdf 88]-[http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1414_19911212/OBS1414_19911212_089.pdf 89].</ref>.}}<br>En outre, le journaliste Jacques Cordy reprend à son compte les erreurs factuelles de Prouteau et Goëau-Brissonnière, notamment le chiffre des 800 victimes prétendument revendiquées par Gilles de Rais<ref>Jacques Cordy, « Cinq siècles après la condamnation de Gilles de Rais lors d'une parodie de procès, Barbe Bleue en appel devant un jury d'honneur », ''Le Soir'', lundi 9 novembre 1992, {{p.|12}}, {{lire en ligne|url=http://archives.lesoir.be/cinq-siecles-apres-la-condamnation-de-gilles-de-rais_t-19921109-Z0613L.html}}.</ref>.}}.}} Le jeudi {{date-|18 juin 1992}}, une dépêche de l'[[Agence France-Presse|AFP]] évoque ainsi un seigneur de Rais {{citation|plus grande fortune du royaume de France}}, en sus de faire état de ses prétendus aveux concernant 800 meurtres, chiffre inventé par Fernand Fleuret puis repris par Gilbert Prouteau et Goëau-Brissonnière<ref>« Barbe-Bleue rejugé », dépêche de l'AFP, jeudi 18 juin 1992, {{lire en ligne|url=http://archives.lesoir.be/barbe-bleue-rejug%C9_t-19920618-Z05GJW.html}}).</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Bouzy|1993|p=19}}, {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316056/f19.image.r}}.</ref>.
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{{article_détaillé|Représentations de Gilles de Rais dans l'art et la culture}}
[[Fichier:Brevannes-messes-noires-expiation.jpg|vignette|gauche|[[Roland Brévannes]], ''L'expiation'' (série ''Les Messes noires''), Paris, Librairie des publications populaires, {{s.d.}} ([[1906 en littérature|1906]] ?). Couverture illustrée de Bluck, représentant le supplice de Gilles de Rais.]]
Le cas de Gilles de Rais n'est guère commenté avant le {{s-|XIX}}<ref>{{harvsp|Stahuljak|2018|p=180}}.</ref>. Au cours de la seconde moitié du {{s-|XV}}, le personnage se manifeste comme un cadavre pendu, consumé par un bûcher infernal et tourmenté par ses jeunes victimes dans le poème ''Le Temple de Boccace'' (vers 1465) de l'historiographe [[Georges Chastelain]]<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p=36-37}}.</ref>. Il apparaît subséquemment en tant que compagnon d'armes de Jeanne d'Arc dans le ''Mystère du siège d'Orléans'', œuvre théâtrale composée vers 1450-1500<ref name="Gros 2002 p.708"/>. Le seigneur de Tiffauges subit ensuite une longue éclipse dans les représentations culturelles<ref name="Meurger47">{{harvsp|Meurger|2003|p=47}}.</ref>.
[[Fichier:La Merveilleuse vie de Jeanne d'Arc - Gilles de Rais - Philippe Hériat.jpg|vignette|Gilles de Rais ([[Philippe Hériat]]) à genoux devant Jeanne d'Arc ([[Simone Genevois]]).<br>Photographie du film ''[[La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc, fille de Lorraine]]'', [[1929 au cinéma|1929]].]]
Les [[Chronique médiévale|chroniques médiévales]] ne s'attardent généralement pas sur son existence, de même que les historiens régionaux de l'[[époque moderne]]. Le [[classicisme]] n'est pas porté sur ce type de personnage<ref name="=Antoine Calvet 2016 p.207"/> tandis que la [[littérature de colportage]], pourtant friande de faits-divers et récits criminels édifiants, délaisse le supplicié de Nantes. Au [[Siècle des Lumières]], puis sous la [[Révolution française]], il est mentionné succinctement par des auteurs notoires comme [[Voltaire]] {{incise|qui présente le maréchal en victime de la superstition et du fanatisme religieux<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=112}}.</ref>}} ou le [[Donatien Alphonse François de Sade|marquis de Sade]] qui le cite en exemple dans ''[[La Philosophie dans le boudoir]]'' ([[1795 en littérature|1795]]), sans ériger pour autant le grand seigneur pervers du [[pays de Retz]] en figure importante de son système philosophique<ref name="=Antoine Calvet 2016 p.207">{{Article|langue=fr|prénom1=Antoine|nom1=Calvet|titre=Petitjean, Vincent. ''Vies de Gilles de Rais''. Paris : Classiques Garnier, 2015 (« Perspectives comparatives, 35 »). 562 pp. (compte rendu) |périodique=Kritikon Litterarum |éditeur=[[Walter de Gruyter|De Gruyter]] |volume=43 |numéro=3-4 |année=2016 |pages=207 |doi=10.1515/kl-2016-0033}}.</ref>. Du reste, les pamphlets [[Révolution française|révolutionnaires]] vilipendent bien plus fréquemment le {{citation|[[Donatien Alphonse François de Sade|divin marquis]]}} que le sanglant baron médiéval comme incarnation licencieuse d'une [[Noblesse française|noblesse]] despotique abusant de ses [[Privilège (droit médiéval)|privilèges]].
 
À compter du {{s-|XIX}}, le [[folklore]] le transfigure en [[La Barbe bleue|Barbe bleue]] tandis que la littérature offre désormais un genre propice à son usage comme protagoniste, malgré le caractère indicible de ses crimes. [[Michel Meurger]] souligne ainsi que {{citation|le Gilles de Rais fictionnel est un produit du [[romantisme]]}}, notamment d'une sinistre lignée de seigneurs-brigands libertins imaginés par le [[roman gothique]] anglais, puis réécrits à l'aune du climat politique français exprimant les polémiques anti-féodales du temps<ref>{{harvsp|Meurger|2003|p name=47}}.<"Meurger47" /ref>. Les Lettres raniment donc le pendu de [[Île de Grande Biesse|la Biesse]] pour en proposer successivement diverses facettes, depuis le maréchal à la barbe bleuâtre portraituré dans des ouvrages mineurs d'auteurs provinciaux sacrifiant au [[romantisme noir]], en passant par l'être double {{incise|{{citation|fauve}} et {{citation|esthète [[Décadentisme|décadent]]}}}} dépeint dans le roman « [[fin de siècle]] » ''[[Là-bas (roman)|Là-bas]]'' de [[Joris-Karl Huysmans]], jusqu'au {{citation|monstre sacré}} exposé dans l'essai de [[Georges Bataille]]<ref>{{harvsp|Meurger|2001|p=50-55}}.</ref> et l'[[ogre]] ambivalent de l'œuvre romanesque de [[Michel Tournier]]<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=347-400}}.</ref>. Gilles de Rais n'accède pas pour autant au rang de mythe littéraire car il demeure {{citation|un peu comme les victimes de Barbe-bleue : caché dans une chambre interdite, morbide et sombre, et visité de temps en temps par un auteur téméraire et curieux}}, selon Vincent Petitjean<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=477}}.</ref>.
 
Le [[Cinéma|septième art]] privilégie la figure du chevalier combattant aux côtés de Jeanne d'Arc dans les films consacrés à [[Jeanne d'Arc|la Pucelle]]. Les assassinats de Gilles de Rais sont donc rarement représentés à l'écran, bien que son caractère sinistre soit diversement suggéré<ref>{{harvsp|Petitjean|2016|p=449}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Hervé|nom1=Dumont|lien auteur1=Hervé Dumont|titre=Jeanne d'Arc, de l'histoire à l'écran|sous-titre=cinéma & télévision|lieu=Paris / Lausanne|éditeur=Favre / Cinémathèque suisse|année=2012|pages totales=173|isbn=978-2-8289-1270-3|passage=55}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Bill |nom1=Cassara |prénom2=Richard S. |nom2=Greene |préface=Stan Taffel |titre=Henry Brandon |sous-titre=King of the Bogeymen|éditeur=BearManor Media|lieu=Albany (Géorgie)|année=2018|pages totales=536|isbn=978-1-62933-335-9|passage=198-199}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Luc|nom1=Besson|lien auteur1=Luc Besson|titre=L'histoire de ''Jeanne d'Arc''|lieu=Neuilly|éditeur=Intervista|collection=Aventure et découverte d'un film|année=1999|pages totales=225|isbn=2-910753-08-5|passage=143 ; 174}}.</ref>. Par ailleurs, le cinéma de genre espagnol « fantaterror » produit des films fantastico-horrifiques vaguement basés sur la vie criminelle du seigneur de Tiffauges<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Xavier Aldana Reyes|titre=Spanish Gothic|sous-titre=National Identity, Collaboration and Cultural Adaptation|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|collection=Palgrave Gothic|année=2017|pages totales=241|passage=28|isbn=978-1-137-30600-5}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |langue=fr |auteur1=Sergi Ramos Alquezar|titre chapitre=Le fantastique espagnol, une approche historique du genre|auteurs ouvrage=Marie-Solelad Rodriguez (dir.)|titre ouvrage=Le fantastique dans le cinéma espagnol contemporain|lieu=Paris |éditeur=Presses Sorbonne Nouvelle |collection=Monde hispanophone |année=2011 |pages totales=184 |isbn=978-2-87854-501-2 |passage=33-50 |lire en ligne=https://books.openedition.org/psn/1928}}.</ref>.
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