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'''''Le Dialecte de la tribu''''' est une [[nouvelle]] humoristique de neuf pages de [[Harry Mathews]] (1930 - 2017), un écrivain américain francophone, proche de [[Georges Perec]] et entré à l'[[Oulipo]] en 1973. Elle porte sur le pagolak, dialecte d'une tribu montagnarde du centre de la [[Nouvelle-Guinée]] censément étudié dans les années 1920 par le linguiste australien Ernest Botherby ([[Perth (Australie-Occidentale)|Perth]], 1869 - [[Adélaïde (Australie)|Adélaïde]], 1944). Cette langue a la caractéristique d'être intelligible des tribus voisines sans qu'elles comprennent le sens des termes employés. LeDe narrateurfait, désirantles expliquerdictionnaires se révèlent inappropriés à la compréhension de ce phénomène, àde sonmême lecteurque les tentatives d'explication, de telle sorte que le narrateur se trouve réduit, à sl'expliquerinstar du {{Dr|Botherby}}, à effectuer lui-même ce processus, en pagolak. L'envahissement progressif d'un discours prétendument scientifique par un autre, incompréhensible, en pagolak, produit un effet comique tout en questionnant le processus de la [[traduction]], tant au plan du caractère [[performativité|performatif]] du résultat que de l'[[intraduisibilité]] de l'original.
 
La publication originale en anglais, en 1980, a été précédée par celle de la traduction française d'un premier état plus long de la nouvelle, comportant plusieurs détails qui renvoent explicitement à la relation de l'auteur avec Perec, ensuite supprimés dans la version définitive. Mathews reprend par ailleurs seize ans plus tard, dans ''Oulipo et traduction : Le cas du Maltais persévérant'', le personnage du {{Dr|Botherby}} pour le compte-rendu d'une autre découverte [[ethnolinguistique]] de ce dernier, celle des Ohos, dont la langue se réduit aux trois mots « Rouge égale mal » et des Ouhas, qui ne peuvent dire eux aussi qu'une seule phrase, « Ici pas là ». La tentative de rendre compte aux Ohos de la langue des Ouhas conduit Botherby à se rendre compte qu'une langue ne dit que ce qu'elle peut dire. Cette variante fait référence à un chapitre de ''[[La Vie mode d'emploi]]'' de Perec, l'histoire de l'anthropologue autrichien Appenzzell et plus particulièrement ses considérations sur la pauvreté de vocabulaire alléguée des [[Kubu]]s de [[Sumatra]].
La publication originale en anglais, en 1980, a été précédée de la publication de la traduction française d'un premier état. Ces deux versions forment, avec le récit d'une autre découverte linguistique de Botherby et un chapitre de ''[[La Vie mode d'emploi]]'' de [[Georges Perec]] un réseau de fictions unies par des relations d'[[intertextualité]]. La nouvelle, qui a attiré l'attention de spécialistes de la [[traduction]], a été mise en rapport avec diverses analyses de la [[philosophie analytique]] sur les enjeux de la traduction. Elle résonne également avec les travaux précurseurs de l'anthropologue [[Bronislaw Malinowski]], issus de son travail sur le terrain en Nouvelle-Guinée. Elle illustre enfin la conception élargie de la traduction au sein de l'[[Oulipo]], qui en fait un cas particulier d'écriture sous [[Contrainte artistique volontaire|contrainte]].
 
Les deux versions du ''Dialecte de la tribu'' et ''Oulipo et traduction : Le cas du Maltais persévérant'' forment un réseau [[intertextualité|intertextuel]] de fictions unies par le thème commun de la question de la traduction et par le personnage de Botherby, renvoyant au texte sous-jacent de Perec sur Appenzzell, à la relation entre Mathews et Perec et à leur pratique commune de l'écriture et de la traduction.
 
La publication originale en anglais, en 1980, a été précédée de la publication de la traduction française d'un premier état. Ces deux versions forment, avec le récit d'une autre découverte linguistique de Botherby et un chapitre de ''[[La Vie mode d'emploi]]'' de [[Georges Perec]] un réseau de fictions unies par des relations d'[[intertextualité]]. LaCette nouvelle, qui a attiré l'attention de plusieurs spécialistes de la [[traduction]], a été mise en rapport avec diverses analyses de la [[philosophie analytique]] sur les enjeux de la traduction. Elle résonne également avec les travaux précurseurs de l'anthropologue [[Bronislaw Malinowski]], issus de son travail sur le terrain en Nouvelle-Guinée. Elle illustre enfin la conception élargie de la traduction au sein de l'[[Oulipo]], qui en fait un cas particulier d'écriture sous [[Contrainte artistique volontaire|contrainte]].
 
==Intertextualité==