« Jean Prouvé » : différence entre les versions

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Ayant commencé sa carrière comme ferronnier d’art en suivant le mouvement artistique de l’[[École de Nancy (art)|École de Nancy]], il délaisse progressivement le style [[Art nouveau]] pour s’engager, dans les années 1930, dans une voie plus expérimentale, avant-gardiste et moderne, qui utilise des matériaux nouveaux tel que l’[[acier inoxydable]]. Il est l’un des précurseurs des constructions en [[Mur-rideau|murs-rideaux]] avec la [[Maison du Peuple de Clichy]]. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], en lien avec le [[Reconstruction en France après la Seconde Guerre mondiale|programme de reconstruction en France]], il développe plusieurs concepts d’[[Préfabrication|habitat préfabriqué]], parmi lesquels on trouve les [[maisons industrialisées à Meudon]]. À la suite de l’[[Hiver 54, l'abbé Pierre|appel lancé par l'abbé Pierre]], il conçoit également un prototype de maison à bas coût pour les démunis.
 
Relativement mal aimé de son vivant, Jean Prouvé bénéficie d’un regain d’interêtd’intérêt post-mortem et devient l’un des designers français les plus cotés.
 
== Biographie ==
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=== De la ferronnerie traditionnelle au modernisme ===
[[Fichier:Union des artistes modernes 1930 0.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|Sigle de l'[[Union des artistes modernes|UAM]] de 1930.|alt=Affiche représentant un logo avec les lettres UAM ecritesécrites verticalement et horizontalement. un cercle se trouve au milieu.]]
En 1929, Jean Prouvé fait partie des membres fondateurs de l’[[Union des artistes modernes]] (UAM){{sfn|Jean-François Archieri | Jean-Pierre Levasseur |1990|p=162}}. Ce mouvement veut s'émanciper de la [[Salon des artistes décorateurs|Société des artistes décorateurs]], et organiser des événements indépendants qui défendent l’alliance entre l’art et la production industrielle{{sfn|Nils Peters|2017|p=9}}. Présidé par Robert Mallet-Stevens l’UAM est composé de pionniers des arts modernes tels [[René Herbst]], [[Francis Jourdain]], [[Gustave Miklos]] ou encore [[Charlotte Perriand]]<ref name="Perriand-p36">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Charlotte Perriand |titre=Une vie de création |éditeur=Odile Jacob |année=1990 |pages totales=430| page=36 |isbn=2-87009-434-5}}.</ref>. Le nombre des commandes augmente, ce qui oblige Jean Prouvé à engager du personnel et à investir dans de nouvelles machines. Il se voit alors contraint de déménager ses ateliers à la rue des Jardiniers, et il finit par renommer sa société en « SA des Ateliers Jean Prouvé » en 1931{{sfn|Nils Peters|2017|p=9}}. Il abandonne alors définitivement la ferronnerie traditionnelle.
 
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À partir de 1935, Jean Prouvé apporte une contribution significative des projets architecturaux. [[Eugène Beaudouin]] et [[Marcel Lods]] le chargent de concevoir le bâtiment de l’aéroclub Roland-Garros à [[Buc (Yvelines)|Buc]]{{sfn|Nils Peters|2017|p=25}}. Il conçoit une structure préfabriquée avec une structure porteuse faite de tôle d’acier pliée assemblée par boulonnage{{sfn|Jean-François Archieri | Jean-Pierre Levasseur |1990|p=100}}. Après un rapide prototypage, le procédé est validé par Marcel Lods. Dans la continuité du projet de l’aéroclub, Jean Prouvé collabore à nouveau avec les deux architectes dans la [[Maison du Peuple de Clichy]], édifice devant intégrer un [[Halle (construction)|marché couvert]], une salle des fêtes, une salle de conférence et de cinéma, ainsi que des bureaux{{sfn|Nils Peters|2017|p=27}}. La solution qu'il propose est encore plus innovante puisque sur un projet de structure relativement traditionnelle, il dissocie la façade: c’est là une des premières réalisations comportant un [[mur-rideau]]{{sfn|Nils Peters|2017|p=27}}. Il imagine également les éléments secondaires (sanitaires, escaliers, portes et cloisons) en construction préfabriquée{{sfn|Nils Peters|2017|p=29}}. Le bâtiment est salué comme une grande réussite tant par ses pairs que par le public{{sfn|Nils Peters|2017|p=29}}.
 
À l’automne 1939, alors que la [[Seconde Guerre mondiale]] vient de débuter, le Général Dumontier le charge de présenter un prototype de pavillon démontable pour abriter quatre à douze soldats, ce qu’il parvient à réaliser en une semaine. Convaincu, l’état-major du [[Génie militaire (France)|génie militaire]] lui commande 300 pavillons, et les Ateliers Prouvé produisent en quelques mois plusieurs centaines de cellules juxtaposables de {{unité|4 |m}} x {{unité|4 |m}}, qui peuvent être montées et démontées rapidement par deux hommes<ref>{{Lien web |auteur=Patrick Seguin |titre=Jean Prouvé, Baraque militaire 4x4, 1939 |url=https://www.patrickseguin.com/fr/publications/jean-prouve-baraque-militaire-4x4-1939/#:~:text=En%201939%2C%20la%20pr%C3%A9paration%20de%20l%E2%80%99effort%20de%20guerre,le%20montage%20se%20fait%20en%20un%20temps%20record. |site=patrickseguin.com |consulté le=3 décembre 2021}}</ref>. Cependant, l’[[Bataille de France|invasion de la France en mai 1940]] marque la fin de la production de ces unités de logement{{sfn|Nils Peters|2017|p=34}}{{,}}<ref name="site-seguin"/>.
 
Pendant l’[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande]]. les matériaux se font rares, et il n’y a plus d’acier disponible, ce qui pousse Jean Prouvé à développer, dans le prolongement des essais sur les baraques militaires, le concept de bâtiment provisoire. Par ailleurs, ses Ateliers se diversifient en produisant notamment des carburateurs de camion, des poêles de chauffage et des cadres de bicyclettes{{sfn|Nils Peters|2017|p=11}}. Mais pendant cette période troublée, Jean Prouvé s'engage: il rejoint la [[Résistance intérieure française|Résistance]], et plus tard il sera nommé maire de [[Nancy]], de la [[Libération de la France|Libération]] jusqu’aux élections municipales de 1945<ref name="site-seguin"/>. Il est aussi délégué l’[[Assemblée consultative provisoire]]{{sfn|Jean-François Archieri | Jean-Pierre Levasseur |1990|p=307}}.
 
=== L’expérience de l'habitat industriel ===
En 1947, il installe ses Ateliers sur un terrain plus grand à [[Maxéville]], en banlieue de Nancy{{sfn|Nils Peters|2017|p=94}}. Mais dès la fin de la guerre déjà, [[Raoul Dautry]], [[Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme|ministre de la Reconstruction]], lui commande des maisons en série pouvant être produites rapidement, afin de faire face aux grands besoins de logement dans les régions bombardées<ref>{{lien web | url=https://www.sothebys.com/content/sothebys/fr/auctions/ecatalogue/2018/design-pf1804/lot.113.html | titre=Jean Prouvé - MAISON DÉMONTABLE 6X6, VERS 1944-1945 | site=sothebys.com | langue=fr | consulté le=10 novembre 2021}}.</ref>. Jean Prouvé lance un programme de fabrication de maisons légères qu’il a conçues au début de la seconde guerre mondiale avec [[Pierre Jeanneret]] et [[Charlotte Perriand]]. Il a auparavant breveté ce système de construction dit « à portique ». Des version 6x6 mètres et 6x9 mètres sont réalisées<ref name="Seguin">{{Ouvrage |langue=fr,en |auteur1=Catherine Coley |titre=Patrick Seguin |sous-titre= Maison Démontable 6x6 Demountable House |éditeur=Galerie Patrick Seguin | lieu= Paris |année=2014 |pages totales=166|isbn=978-2-909187-08-2}}.</ref>. Seule la moitié des {{nombre|800 |logements}} prévus est réalisée{{sfn|Nils Peters|2017|p=35}}.
 
[[Fichier:Prouvé La Maison Tropicale.jpg|vignette|Maison dite « tropicale ». [[Tate Modern]], Londres.|alt=Photographie couleur d’une maison sur pilotis.]]
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En 2007, un des exemplaires de la série des « maisons tropicales » (celle construite en aluminium et acier en 1951 à [[Brazzaville]], [[République du Congo|Congo]]) est démontée, restaurée et remontée{{Où|date=5 décembre 2021}} par Éric Touchaleaume : elle a été adjugée aux enchères chez [[Christie's]] pour {{unité|4.97|millions}} de dollars à l'homme d'affaires [[New York|new yorkais]] {{Lien|trad=André Balazs|fr=André Balazs}}<ref name="nyt-Chen">{{lien web |auteur=Aric Chen | url=https://archive.nytimes.com/query.nytimes.com/gst/fullpage-9802E2DE163AF932A05752C0A96E9C8B63.html | titre=A Tropical House on Stilts Touches Down in London | site=nytimes.com | date=31 01 2008 | langue=en-US | consulté le=21 novembre 2021}}.</ref>. Une autre est acquise par [[Robert Rubin]]; il va d’abord l'exposer avant de la léguer au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]] qui l’installe au cinquième étage du musée. [[Miuccia Prada]], femme d'affaires italienne dans la haute couture, et l'artiste [[Richard Prince]] possèdent également un modèle de maison préfabriquée conçue par Jean Prouvé<ref name="ft-Heathcote">{{lien web |langue=en-US |auteur=Edwin Heathcote |titre=Meet the people who collect modernist houses |url=https://www.ft.com/content/0900efe8-606f-4482-848a-952fbb94fc48 |site=Financial Times |date=21 06 2021 |consulté le=21 novembre 2021}}.</ref>.
 
Plusieurs pavillons de station-service conçus pour [[Total (entreprise)|Total]] en 1970 ont trouvé preneur lors de ventes aux enchères. Un exemplaire est acquis pour {{unité|90000 |euros}} en octobre 2008 lors d'une vente aux enchères publiques à [[Niort]], un autre en 2014 à Nancy pour la somme de {{unité|36000|euros}}<ref name="estrepublicain30-11-2014">{{lien web |auteur=Guillaume Mazeaud | url=https://www.estrepublicain.fr/meurthe-et-moselle/2014/11/30/la-station-prouve-vendue | titre=Nancy : la station Prouvé vendue | site=estrepublicain.fr | date=30 novembre 2014 | langue=fr | consulté le=4 12 2021}}.</ref>.
 
Lors d’une vente à Nancy en 2018, un exemplaire de la chaise « Cité » est acquis pour la somme de {{unité|50 00050000|euros}}, un lit d’étudiant est enlevé au prix de {{unité|35000|euros}}, et deux chaises de type « Standard » sont adjugées pour {{unité|15000|euros}}<ref name="estrepublicain18-02-2018">{{lien web |auteur=Ghislain Utard | url=https://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2018/02/18/la-petite-chaise-prouve-adjugee-50-000| titre=La petite chaise Prouvé adjugée 50.000 € | site=estrepublicain.fr | date=18 02 2018 | langue=fr | consulté le=4 12 2021}}.</ref>. En 2014, la table dite « Aile d’avion » est vendue aux enchères à un collectionneur privé pour 1,24 million d'euros<ref name="libé-Poiret">{{lien web |auteur=Dominique Poiret | url=https://www.liberation.fr/design/2014/05/20/jean-prouve-un-million-sur-la-table_1022364/ | titre=Jean Prouvé, un million sur la table | site=liberation.fr | date= 20 mai 2014 | langue=fr | consulté le=21 novembre 2021}}.</ref>. L’année suivante, une table de réfectoire universitaire est adjugée pour 1,29 million d'euros à Paris, établissant alors un record pour une œuvre du designer français<ref name="lefigaro.fr">{{lien web |auteur=AFP | url=https://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2015/10/28/03016-20151028ARTFIG00214-jean-prouve-quand-une-table-de-cantine-bat-un-record-aux-encheres.php | titre=Jean Prouvé : quand une table de cantine bat un record aux enchères | site=lefigaro.fr| date= 28/10/2015 | langue=fr | consulté le=4 12 2021}}.</ref>.
 
== Notes et références ==
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