« Décoration de pignon en Scandinavie » : différence entre les versions
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[[Fichier:Gavlbrand-maison privee-oslo.jpg|vignette|upright=0.5|Epi de faîtage et sculpture sur bois, maison privée, Holmenkollåsen, [[Oslo]].]]
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La '''décoration de pignon en Scandinavie''' dans l’habitat traditionnel et rural des [[pays nordiques]] est intimement liée à la [[construction en bois]] et [[Construction en bois massif empilé|aux bâtiments en rondins empilés]]. Contrairement à d’autres régions européennes où la maison principale fait l’objet d’une attention plus particulière de la part des propriétaires, l’ornementation concerne à la fois l’habitation principale et les bâtiments annexes comme de simples greniers, des étables ou des fenils isolés pour lesquels la [[Sculpture sur bois norvégienne|sculpture traditionnelle sur bois
== Origine équivoque et terminologie ==
=== Échanges entre les peuples sans origine certaine ===
La décoration de pignon ou de toit dans la sphère scandinave s’apparente indubitablement à celle de la plaine germano-polonaise et des régions forestières et tourbeuses de Russie : deux éléments plus ou moins sculptés se croisent quelques centimètres au-dessus de la faîtière le plus souvent de chaque côté de la maison. Certains chercheurs penchent plutôt pour une origine scandinave car il touche bizarrement les régions d’expansion ou d’établissement des Vikings, à savoir de la [[Rus' de Kiev]] à l’est aux [[Îles Britanniques]] à l’ouest. Rien n’atteste néanmoins de manière univoque que l’ornement de pignon des maisons longues vikings se soit transmis de manière continue du haut Moyen Âge au romantisme du {{s-|XIX}}<ref name="Lauring">{{Ouvrage|langue=da|auteur1=Palle Lauring|titre=Bornholm|éditeur=Lindhardt og Ringhof|année=2016|pages totales=192|isbn=978-87-11-62272-8|isbn2=87-11-62272-5|lire en ligne={{Google Livres|tVCADQAAQBAJ|surligne=Bornholm}}}}.</ref>. Les ethnologues et historiens de l’architecture en Basse-Saxe ne parviennent pas non plus à faire le lien direct entre les têtes de chevaux et l’ornementation viking.
À l’inverse, des chercheurs scandinaves pencheraient pour une origine slave des maisons à rondins dans leur région. L’argument revient à dire que c’est au contact des nouvelles terres découvertes à l’est que les [[Varègues]] ont ramené dans le nord la cabane à rondins couchés d’abord en Suède, puis en Norvège voisine<ref name="Cabouret" />. De fait, la technique en bois debout supposée endémique à l’Europe de l’Ouest s’oppose à l’architecture en troncs couchés des pays de l’Est<ref name="Carrau">{{article|auteur=Noak Carrau|titre=Une technique millénaire : construire en bois debout|périodique=Les quatre saisons du jardinage|mois=Janvier-février|année=2003|numéro=138|passage= 48-51|lire en ligne=https://abonnes.terrevivante.org/uploads/Externe/72/ARC_FICHIER_1432_1224664423.pdf|format=pdf|consulté le =3 septembre 2018}}.</ref> ; la première a
=== Termes spécialisés ===
==== Brand ====
Les mots composés qui désignent l’ornementation du pignon comportent en forte majorité le terme « ''brand'' ». Les appellations varient en fait très peu dans les quatre [[langues scandinaves]], en tout cas pour ce qui est des variantes dialectales qui font souvent fi des frontières nationales. Comme le mot remonte à l’époque [[Vieux norrois|norroise]] commune, la parenté entre tous les pays scandinaves actuels va de soi. ▼
Le terme « ''gavlbrand ''» revient en [[norvégien]] et en [[danois]], mais on lit également les termes « ''husbrand ''» et « ''brandstang ''»<ref name="DSL">{{article|langue=da|auteur=DSL|périodique=Dictionnaire historique de la langue danoise 1700-1950|titre=Gavlbrand|année=1992-2005|éditeur=DSL|lire en ligne=https://ordnet.dk/ods/ordbog?query=Gavlbrand|consulté le=27 août 2018}}.</ref>. Le point commun de ces mots spécialisés que seule une recherche dans des dictionnaires d’étymologie ou les ouvrages très spécialisés permet de trouver<ref group="N">Pendant et après un voyage en Norvège, aucune personne n'a été en mesure de me donner spontanément le nom de cette décoration de pignon, ni même après dans les correspondances que j'ai entretenues avec des universitaires due l'encyclopédie norvégienne. De bouche à oreille, les premiers termes sont tombés et ont permis de reconstituer un panel de termes usités dans les travaux d'architectures des temps anciens ou les dictionnaires étymologiques. Il semblerait donc que la valeur décorative ait perdu en importance et que les Norvégiens contemporains n'éprouvent pas le besoin de nommer cette partie du pignon.</ref>, ramène à un ancien mot [[Vieux norrois|norrois]] « ''brandr ''» qui désignait entre autres un bâton, un piquet et plus précisément un poteau qui se dressait de chaque côté au-dessus de l’entrée principale de la maison que les occupants appelaient « ''brandadyrr ''» (donc porte sous le ''brandr'')<ref name="Fritzner">{{Ouvrage|langue=da|auteur1=Johan Fritzner|titre=Dictionnaire de l’ancienne langue norvégienne|sous-titre=brandr|titre original=Ordbog over det norske sprog|éditeur=Fellberg&Landmark|année=1867|pages totales=874|passage=67|lire en ligne={{Google livres|V2sJAAAAQAAJ|surligne=brand}}|consulté le=25 août 2018}}.</ref>. En d’autres termes, c’est la variante verticale non croisée rappelant en français davantage l’[[épi de faîtage]] qui semble posséder à l’époque viking et [[Vieux norrois|norroise]], mais aussi plus tard dans la plupart des pays nordiques une vocation à la fois protectrice et identitaire du ''gavlspiss'' pour le pignon principal de la maison principale de la ferme comme un [[Œil de la Providence|œil omniscient]]: le piquet de faîtage (ou mot à mot « piquet de pignon ») fait fonction en quelque sorte de gardien de la porte d’entrée, signale aux visiteurs qu’ils pénètrent dans un lieu consacré à une famille, un nom de chef de famille ou de clan avec les règles de bienséance que cela implique<ref name="Gudmundsson" />. Ceci étant, les descriptions des ouvrages encyclopédiques à propos du « gavlbrand » prêtent à confusion car il est difficile de se représenter si les poteaux en question sont fichés dans le sol de chaque côté de la porte ou si l’on fait bien référence à ces poteaux plus petits qui se croisent au-dessus de l’entrée <ref name="Fritzner" /> ; la plupart des articles évoquent systématiquement le vieux terme norrois associé « brandadyrr » qui désigne une porte justement encadré par ces deux poteaux<ref group="N"> {{Citation étrangère|langue=da|(...)stolpe som rejstes på begge sider af hovedindgangen til et hus (deraf brandadyrr kaldet)}}.</ref>. L’incertitude persiste à la lecture de la définition apportée par un dictionnaire anglo-islandais qui évoque « des becs de bateau fixés à la porte par deux<ref>{{article|langue=en|titre=Brand|périodique=An Icelandic-English Dictionary|auteur1=Richard Cleasby|auteur2=Gudbrand Vigfusson|année=1874|passage=76}}.</ref>. Le dénominateur commun dans la tentative de définition du mot brandr entre les langues scandinaves demeure finalement le lien intrinsèque que les habitants de ces contrées établissent entre la porte d’entrée principale, la proue d’un navire et une décoration en forme de pique, seul ou par deux. Quelle que soit l’appellation régionale, l’idée de saillie domine donc largement<ref name="DSL" /> : un objet décoré saillant pointe vers le ciel en débordant du pignon essenté<ref group="N">{{Citation étrangère|langue=da| Gavlbrand : udskåret stang på husgavlen. de bræddeklædte Gavle, prydede foroven med den pynteligt udskaarne Stang, Gavlbranden, som ragede op over Husets Rygning.}}.</ref>, du toit ou de la coque du navire<ref>{{article|auteur=H.Zangenberg|éditeur=Turistforeningen for Danmark|année=1930|numéro=201|périodique= Turistårbogen|titre=Gavlbrand}}.</ref>. Les ouvrages étymologiques corroborent tous la connotation verticale en attestant les définitions du mot proto-nordique « ''brandr'' » gravitant autour du mot « bâton »<ref name="Fritzner" /> ou « perche » ou « poteau »<ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Hjalmar Sejersted Falk|auteur2=Alf Torp|auteur3=H. Davidsen|titre=Norwegisch-dänisches etymologisches Wörterbuch|sous-titre=Brand|volume=4|tome=1 et 2|éditeur=Wihelm Streitberg, Carl Winter|lieu=Heidelberg|année=1853-1916|pages totales=822|passage=99|isbn=}}.</ref>. Le mythologue [[Roland Barthes]] partait par exemple aussi du postulat que {{citation| le navire est un fait d’habitat avant d’être moyen de transport}} <ref name="Auger" />. ▼
▲Les mots composés qui désignent l’ornementation du pignon comportent en forte majorité le terme « ''brand'' ».
En [[islandais]] contemporain pratiqué au {{s-|XIX}}<ref name="Cleasby">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard Cleasby|auteur2=Gudbrand Vigfusson|préface=George Webbe Dasent|titre=Icelandic-English dictionary|éditeur=Clarenden Press|lieu=Oxford|année=1874|passage=76|lire en ligne=http://lexicon.ff.cuni.cz/texts/oi_cleasbyvigfusson_about.html|consulté le=10 octobre 2018}}.</ref>, le mot masculin « ''brandur'' » (au pluriel ''brandar'') signifie toujours un poteau, un piquet souvent très décoré et fixé devant l’entrée d’un temple ou d’une ferme de chaque côté de la porte, ce qui leur donne le nom composé « ''dyrabrandar ''». Quand le mot est systématiquement employé au pluriel, les « ''brandar ''» sont deux poteaux qui dépassent à la [[proue]] des vieux bateaux souvent bien décorés et utilisés pour fixer les cordages. La parenté entre la proue du bateau et l'accès à la maison demeure actuelle dans l'usage linguistique même si les dictionnaires précisent que l'on ne les rencontrent que sur les très anciens types de bateau d'Islande. Johan Fritzner traduit dans son dictionnaire latin-norrois<ref name="Fritzner" /> le mot « ''skibsbrand ''» par « ''pertica navis ad proram prominens'' » (perche proéminente du navire au niveau de la proue). Les linguistes norvégiens Thorkelsson et Gislason périphrasent le terme respectivement par « ''bugspjót ''» et « ''bugspryd ''», donc une décoration de la proue, et parfois de la [[poupe (bateau)|poupe]]. Pouvant engendrer une confusion, le terme « ''branda ''» (au pluriel ''bröndur'') est quant à lui féminin; il désigne la latte au-dessus de l’entrée d’une étable. ▼
▲Le terme « ''gavlbrand
▲En [[islandais]] contemporain pratiqué au {{s-|XIX}}<ref name="Cleasby">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard Cleasby|auteur2=Gudbrand Vigfusson|préface=George Webbe Dasent|titre=Icelandic-English dictionary|éditeur=Clarenden Press|lieu=Oxford|année=1874|passage=76|lire en ligne=http://lexicon.ff.cuni.cz/texts/oi_cleasbyvigfusson_about.html|consulté le=10 octobre 2018}}.</ref>, le mot masculin « ''brandur'' » (au pluriel ''brandar'') signifie toujours un
Comme jusqu’à un passé pas si lointain on donnait également en Norvège le nom de ''brand'' à une planchette qu’il y avait au-dessus de la porte qui comportait le nom du propriétaire ou sur la coque d'un bateau qui comportait le nom de ce bateau, le caractère identitaire et nominatif du ''brand'' se mêlant à la ''branda'' ne peut faire l'ombre d'un doute. Ce terme norrois est de ce fait probablement à l’origine du terme anglais de la marque déposée, de l’image de marque, le
[[
Le mot est en conclusion très polysémique en norrois; d'ailleurs on le retrouve comme déterminé ou déterminant dans les termes désignant l’allumette, la torche ou encore la lame d’une épée. En outre, on appelait aussi « ''brandur
[[Fichier:Viking longship.png|
Bien que dans les usages linguistiques [[Scalde|scaldiques]] le mot pour [[étrave]], « ''stafn'' », soit souvent utilisé pour désigner le bateau dans son intégralité<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Judith Jesch|titre=Ships and men in the late Viking Age|sous-titre=the vocabulary of runic inscriptions and skaldic verse|éditeur=Woodbridge,Rochester, Boydell Press|année=2001|passage=147|isbn=}}.</ref>,
==== Vindske ====
La décoration de pignon en terres scandinaves comme en terres saxonnes ramène systématiquement au concept
Ce terme joue un rôle essentiel dans le sujet de la décoration du pignon car, finalement, il serait abusif de parler d'un élément ornemental spécifique qu'on fixerait à la pointe du pignon et qui serait perçu de manière distincte du toit, plutôt que d'évoquer les extrémités des planches de rive qui se croisent au-dessus du [[faîtage|faîte]] en créant un effet décoratif par la même occasion.
Le dictionnaire des [[frères Grimm]]<ref>{{article|langue=de|périodique=Deutsches Wörterbuch|auteur1= Jacob Grimm|auteur2= Wilhelm Grimm|tome=16|lieu= Leipzig|année= 1854-1961 |titre=Windbord|lire en ligne=http://woerterbuchnetz.de/cgi-bin/WBNetz/genFOplus.tcl?sigle=DWB&lemid=GW21840|consulté le=30 août 2018}}.</ref> atteste le mot allemand « ''windbord'' » utilisé généralement au pluriel pour désigner les planches qui, dans les toits de chaume, servent à protéger les gerbes en bordure de rive contre les coups de vent. Sont également évoqués les termes allemands synonymiques ''« windbrett », « windberge », « winddiele » ou « windscheide »''<ref group="N"> Le dictionnaire des frères Grimm ne met encore la majuscule aux substantifs contrairement à l'allemand actuel.</ref>. Le dernier n’est donc que la prononciation allemande du même mot qu’en scandinave occidental « ''vindske
Entre la paire scandinave ''vindske'' et ''gavlbrand'' d'un côté, la paire allemande septentrionale ''Windbrett'' et [[têtes de chevaux (décoration de toit)|têtes de chevaux]] de l'autre, la parenté n'est plus à établir bien que l'explication des termes diverge entre les deux aires culturelles concernant le mot « ''vind
Les toits en Scandinavie étaient recouverts de tourbe (torfthak), d’herbe, de chaume de paille ou de roseau , de rondins ou de bois<ref name="Gudmundsson">{{Ouvrage|langue=da|auteur1=Valtýr Guðmundsson|titre=Privatboligen på Island i sagatiden samt delvis i det øvrige norden|éditeur=A.F. Høst & söns forlag|lieu=Copenhague|nature ouvrage=Thèse de doctorat|année=1889|pages totales=290|passage=151-163|titre chapitre=Couverture de toit (Tagdækningen)}}.</ref>. Toutefois, le plus répandu est la [[Toiture végétale|couverture végétale]], y compris pour la maison en rondins devenue la maison de référence du monde nordique dans l’esprit des Européens plus méridionaux. Le débord du toit au-dessus des maisons à rondins était appelé métaphoriquement « moustache du toit » (''tagskæg
Les planches de rive de pignon étaient le prolongement de ces ''torfvölr'' qui avaient aussi une vocation ornementale évidente. Ceci étant, on les trouve aussi dans d’autres maisons sans toiture végétale. Comme ces planches de rive se tortillent et vrillent comme des serpents sur tout le pourtour du pignon, on les appelait soit « ''vindskeer
Le substanstif « ''vindske
==== Gafl ou gavl ====
Le terme scandinave masculin « ''gafl
Ceci étant, en féroïen comme en islandais, ce mot désigne aussi les parties aux extrémités du châlit<ref name="Clewer" />, donc le chevet et le pied de lit. On retrouve cette même analogie pour le mot [[finnois]] du pignon, « ''päätykolmio'' », apparenté à « ''pääty
Dans le contexte de la décoration de pignon, il convient de séparer les termes qui vont plutôt désigner une ornementation en forme de flèche, pointe ou épi de ceux qui décrivent une décoration par des planches, lattes ou extrémités de rives en forme de croix devant le faîte.
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* ''gavlspissen'' {{no}}
* ''gavelspetsen'' {{sv}}
* ''gavlspiret'' {{no}}, {{da}}
* ''gavelspira'' {{sv}}
* ''gaflstöng''<ref name="Cleasby" /> {{is}}
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=== Période viking ===
[[Fichier:Trelleborg2.JPG|
[[Fichier:Gable cross Trelleborg.JPG|
L’une des maisons typiques de l’époque viking est la [[maison longue]] dont celle du site de fouilles de la [[Forteresse circulaire viking|forteresse circulaire]] de [[Trelleborg (Slagelse)|Trelleborg]] près de [[Slagelse]] au [[Danemark]] sert de référence<ref>Une vidéo silencieuse montre la construction d’une maison longue en bois debout à l’époque viking sur : {{YouTube|FbpDu0piaqA Visionner la vidéo}}.</ref>. Elle est a été reconstituée pour mieux se représenter la forme du bateau qu’elle imite à maints égards, à commencer par le toit en coque de navire, la forme générale en fuseau et l’armature des poteaux tout autour. D’un point de vue ornemental, la comparaison entre maison et bateau se remarque avec la décoration du pignon avec les deux planches ou tasseaux de rive arrondis qui se croisent en forme de cornes<ref> {{Lien web|éditeur= EssentialContent.com| année= 2007-2010|site =Vikingdenmark|url= http://www.vikingdenmark.com/|titre= Viking Denmark}}.</ref>.
Sur une autre maison de cet écomusée archéologique de Trelleborg, les figures ornementales d’un pignon d’une maison à toit de chaume attirent l’attention avec une tête de chien et une tête de serpent qui se croisent à l’instar des [[Têtes de chevaux (décoration de toit)|têtes de chevaux croisées]] des maisons bas-saxonnes en Allemagne.
=== Islande médiévale ===
[[Fichier:Gavlbrand-gavlspiss.gif|vignette|upright=
[[Fichier:Gavlbrand6.gif|
Les planches de rive décoratives (''snobrædder'') qu’on trouve encore en Norvège aujourd’hui étaient particulièrement bien sculptées, surtout les extrémités; elles ressemblent à des dragons dont la tête pointe vers le bas et la queue vers le haut. Les extrémités s’entrelacent l’une sur l’autre au sommet du pignon de sorte que les queues des serpents ou dragons forment une flèche qui dépasse du pignon ou qu'elles se coupent en forme de croix avec les extrémités de chaque côté; ce faisant, les extrémités dépassent et se reposent sur la poutre [[Faîtière (construction)|faîtière]] qui est légèrement saillante (Appelée « ''brandåss
Dans l'Islande d'autrefois, le sommet de pignon où les planches de rive s’entrecroisent s’appelait « burst ». Il était décoré parfois d’une flèche de
Les planches de rive et la girouette ne se trouvaient pas par hasard sur le pignon de l’entrée principale (''bæjardyrr'') : au sommet du pignon principal (bæjarþili), une tête (bæjarburst) observe et jette un œil sur tout le complexe de la ferme<ref name="Gudmundsson" />. D’autres pignons peuvent avoir aussi une décoration de ce type.
Le lien fort entre la maison et le bateau s’exprime dans l’ancienne décoration de toit en Islande de manière éclatante ; on retrouve les mêmes symboles allégoriques, les notions de sacralité, de propriété et de communauté. Le bestiaire dans l’art sculptural scandinave appliqué à la construction en bois (habitation, bateaux) se concentre sur des animaux très récurrents voire fétiches pour les bateaux-tombes, les tombes naviformes<ref group="N">Auger, Steinsland et Meulengracht pensent que les tombes naviformes sont une pratique païenne commune d’origine germanique répandue sur le pourtour de la mer Baltique.</ref>, les bateaux à usages divers et les bâtiments d’habitation ou d’exploitation : le serpent, le cheval, le cerf, le bison. Dans le [[bateau d'Oseberg]], la frise décorative qui longe la coque jusqu’au brand décoré de l’étrave termine par une volute représentant une tête de serpent avec de nombreux entrelacements<ref name="Auger" />. Cette même décoration cursive et étirée se retrouve sur les décorations de rives, comme sur les dessins ci-contre, à l’exception près qu'ici les têtes de serpent sont orientées vers le bas. Les formes peuvent être
La représentation du toit matérialisé par deux corps de serpents ou dragons qui entrelacent leur queue au-dessus du faîte renvoie clairement à un message de protection ou d'abri de même que la flèche sculptée pointant vers le ciel fait la jonction entre le monde d'en-haut et celui de la terre. Qu'une telle bâtisse de type grenier ou hangar puisse être à ce point décorée peut surprendre les Européens plus méridionaux. L'ornementation du bâtiment sommaire est presque plus imposante que la bâtisse elle-même. Les greniers et dépendances sur pilotis proviennent selon plusieurs chercheurs des populations nomades lapones<ref name="Auger" /> pour qui la protection de leurs biens et des vivres dans un espace séparé des autres bâtiments d'habitation ou d'exploitation revêtait un caractère quasi sacré et de survie ou de pérennité. Un tel bâtiment mérite vraiment une magnifique ornementation. On retrouve cette pratique culturelle dans de nombreuses régions européennes sous diverses formes. Les grandes migrations germaniques ont pu être le vecteur majeur de son expansion.
=== Danemark de l’époque monarchique à l’absolutisme ===
L’abandon de l’ornementation commune aux pays scandinaves semble s’être opéré au Danemark à la fin du {{s-|XIX}} pour ce qui des toits et des rives de toit sculptées. Ce pays a des frontières communes avec l’Allemagne du Nord et l’aire culturelle [[Basse-Saxe|bas-saxonne]] où les décorations zoomorphes du pignon se sont maintenues jusqu’au jour d’aujourd’hui : têtes de chevaux, d’oie, de coq et de cerf entre autres. Les îles voisines du [[Mecklembourg-Poméranie-Occidentale]] forment finalement la limite septentrionale de la décoration de pignon par têtes d’animaux.
Reinhold Mejborg<ref>{{Ouvrage|langue=da|auteur1=Reinhold Mejborg|titre=Gamle danske hjem i det 16de, 17de og 18de århundrede|éditeur=N.C. Roms|lieu=Copenhague|année=1888}}.</ref> s’est penché sur l’architecture urbaine et rurale du Danemark pendant les périodes historiques nationales du « ''adelsvælden'' » au « ''yngre enevælde'' », ce qui correspond à la consolidation de la monarchie danoise vers un régime absolutiste de plus en plus éclairé (De 1536 à 1784)<ref>{{Lien web|langue=da|titre=Historiske perioder|url=http://danmarkshistorien.dk/historiske-perioder/|site=Danmarks historien|année=218|éditeur=Université de Århus}}.</ref>.
Selon l’auteur, les pignons [[Bardage|bardés de planches]] tels qu’ils ont existé dans les siècles précédents tant dans l’architecture urbaine des villes marchandes que dans les villages ruraux
Les têtes de dragon situées à l’extrémité inférieure des planches de rive, telles que les décrit Gudmunsson pour l’Islande médiévale, étaient encore fréquentes au milieu du {{s-|XIX}} au Danemark, mais devenues rares en fin de siècle<ref>{{citation étrangère|langue=da|Fjællegavlene, der i tidligere Tid var de almindeligste baade i Købstædernn og i Landsbyerne, forekommer endnu i stort Antal; men af de gammeldags Prydelser, som sårlig var knyttede til vindskeerne, er kun faa bevarede: Hestehoveder forekommer kun paa Huse, som indvandrede Folk opførte, Hanehoveder findes paa Taasinge, Horn paa Laaland og Falster, samt paa Gulland. Dragehoveder, anbragte paa den nederste Del af Vindskeerne, saas hypppig for en Snes Aar iden; nu er de sjældne}}.</ref>.
=== Bornholm ===
Pour les maisons rurales les plus anciennes de [[Bornholm]], deux types majeurs se distinguent clairement l’un de l’autre : soit il s’agit d’un bâtiment large avec un grand pignon et un toit peu élevé, soit d’une maison étroite avec un toit très incliné. C’est le deuxième type qui a, en règle générale, un pignon avec bardage de planches et une décoration de pignon qui dépasse la faîtière.
Les pignons en bois des maisons avec décoration du pignon et les girouettes à tête de dragon caractérisent Bornholm dans cette aire culturelle. Apparentée aux types de construction danois en général, l’architecture rurale de Bornholm présente en outre quelques caractéristiques locales qui peuvent se retrouver dans d’autres régions de Scandinavie. Par exemple, l’habitat dispersé y est très représenté et le groupement de 2 ou 3 exploitations agricoles rappelle davantage le « ''bygd'' » ou « ''tun'' » norvégien que le « by » danois<ref name="Thorsen" />, c’est-à-dire plus orienté vers le très petit hameau composé de petites maisons aux fonctions clairement établies chez les Norvégiens que vers le schéma urbain ou villageois plus structuré des Danois.
Un autre schéma d’agglomération typique de Bornholm s’explique par son insularité : les fermes sont disposées en chapelet ou en rangée comme les maisons alsaciennes le long de la route, mais ici souvent le long d’un ruisseau utile à la vie quotidienne (eau douce, lavage, eau motrice).
Les éléments ornementaux du bâti de Bornholm touchent le sommet du pignon et les poteaux d’angle. Le premier est identique aux autres pays scandinaves.
=== Finlande ===
[[Fichier:Helsinki - Seurasaari - 20180617153828.jpg|
Avant l’arrivée d’un peuple européen dans l’actuelle [[Finlande]], en l’occurrence surtout les [[Suédois]], les autochtones étaient des [[Samis]]. En raison de leur mode de vie nomade, l’habitat ancestral n’entre pas en ligne de compte ici. Ce sont les peuples scandinaves et slaves qui vont introduire leurs techniques de construction en même temps que les différentes vagues de colonisation ou d’occupation jusqu’à un passé très récent<ref group="N"> Se reporter à l'article sur l'[[histoire de la Finlande]].</ref>. ▼
▲Avant l’arrivée d’un peuple européen dans l’actuelle [[Finlande]], en l’occurrence surtout les [[Suédois]], les autochtones étaient des [[Samis]]. En raison de leur mode de vie nomade, l’habitat ancestral n’entre pas en ligne de compte ici. Ce sont les peuples scandinaves et slaves qui vont introduire leurs techniques de construction en même temps que les différentes vagues de colonisation ou d’occupation jusqu’à un passé très récent<ref group="N"> Se reporter à l'article sur l'[[histoire de la Finlande]].</ref>.
Le premier colonisateur historique en dehors des quelques colonies vikings sur la côte sud-ouest en [[Botnie]], le [[Suède|royaume de Suède]] introduit un régime féodal pendant le Moyen Âge et peuple la partie occidentale de la Finlande en se mêlant à la population indigène. Toutefois, cette contrée très forestière, parsemée d’immenses lacs et tourbières présentait à cette époque une très faible densité de population, sachant qu’en 2018 elle se limite encore à {{nombre|18.21|habitants}} par kilomètre carré contre 123.17 en France par exemple<ref>{{Lien web|url=http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMListeStatSpecifique?codetheme=1|site=Perspective monde|titre= Outils pédagogiques des grandes tendances depuis 1945|auteur1=Jean-Herman Guay|directeur1=oui|date= 6/7/2016|éditeur=Université de Sherbrooke|consulté le =14 octobre 2018}}.</ref>. On compte surtout des chasseurs et des mouvements de migration saisonnière qui rythment la vie locale articulée autour de la vente de fourrures et de produits issus de la forêt. Les maisons sont des [[Construction en bois massif empilé|constructions en rondins empilés]] avec une [[Toiture végétale|toiture végétale en mottes de tourbe]] sur plaques d’écorce de bouleau<ref name="Kairamo">{{article|langue=en|périodique=Journal of the Faculty of Architecture|volume=4|numéro=2|année=1978|auteur=Maija Kairamo|titre=Features of Vernacular Architecture in Finland|passage=179-194}}.</ref>, c’est-à-dire le type scandinave germanique qui s’est maintenu jusqu’à nos jours en Norvège ou en Islande malgré l’introduction des nouveaux matériaux de couverture et d’isolation plus modernes et plus efficaces.▼
▲Le premier colonisateur historique en dehors des quelques colonies vikings sur la côte sud-ouest en [[Botnie]], le [[Suède|royaume de Suède]] introduit un régime féodal pendant le Moyen Âge et peuple la partie occidentale de la Finlande en se mêlant à la population indigène. Toutefois, cette contrée très forestière, parsemée d’immenses lacs et tourbières présentait à cette époque une très faible densité de population, sachant qu’en 2018 elle se limite encore à {{nombre|18.21|habitants}} par kilomètre carré contre 123.17 en France par exemple<ref>{{Lien web|url=http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMListeStatSpecifique?codetheme=1|site=Perspective monde|titre= Outils pédagogiques des grandes tendances depuis 1945|auteur1=Jean-Herman Guay|directeur1=oui|date= 6/7/2016|éditeur=Université de Sherbrooke|consulté le =14 octobre 2018}}.</ref>. On compte surtout des chasseurs et des mouvements de migration saisonnière qui rythment la vie locale articulée autour de la vente de fourrures et de produits issus de la forêt. Les maisons sont des [[Construction en bois massif empilé|constructions en rondins empilés]]
Par conséquent, la maison finno-suédoise vernaculaire la plus ancienne demeure pendant longtemps une cabane en rondins posés horizontalement. Il s’agit d’une maison-bloc sans cheminée pour les hommes et les bêtes qui n’est pas sans rappeler l’[[isba]] noire en Russie partie septentrionale<ref name="Figes">{{Ouvrage▼
▲Par conséquent, la maison finno-suédoise vernaculaire la plus ancienne demeure pendant longtemps une cabane en rondins posés horizontalement.
|langue=de
|auteur1=Orlando Figes
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}}.</ref>. Un foyer ouvert se trouve au centre de la pièce pour chauffer et cuisiner. Dépourvue de fenêtres, et encore moins de fenêtres vitrées, la fumée qui s’accumule dans la seule pièce habitable doit être évacuée par un orifice dans la paroi. Le toit est couvert d’écorces de [[bouleau]], de [[tourbe]] ou de [[Chevron (charpente)|chevrons]]<ref name="Kairamo" />.
Ce type de couverture végétale implique l’utilisation inévitable de pannes ou liteaux pour stabiliser la tourbe et l’écorce de bouleau qui ne doivent pas glisser le long de la pente des versants. De même, des lattes protègent les rives de toit. Celles qui sont à l’extrémité des pans du toit se croisent au sommet du pignon et confèrent ainsi un élément ornemental commun à toute l’aire nordique comme l'image du grenier ci-contre l'illustre bien. À l'exception de cette planche transversale frappante, la pointe du pignon de ce grenier surélevé ne permet pas de distinguer si ce bâtiment agricole se trouve à l'est ou à l'ouest de la Scandinavie.
Une particularité finlandaise qui apparaît bien au musée plein-air de [[Seurasaari]] dans l’archipel d’Helsinki réside dans la croisée des lattes au-dessus et sur toute la longueur de la faîtière pour les maisons habitées et les annexes de certaines régions finlandaises. En regardant le pignon en face, on pourrait penser que seules les lattes aux extrémités se croisent comme partout en Scandinavie mais l’effet décoratif concerne en réalité l’intégralité du toit comme on peut l'observer sur la dernière maison au fond de la photographie ci-contre.
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=== Norvège ===
[[Fichier:Panneau sculpte olso.jpg|vignette|upright=0.2|Détail d'un panneau de bois sculpté rappelant les [[Alexandrowka#Les pelatientsi ou rushnyk|pelatientsi russes]], pavillon privé, Oslo, 2018.]]
La présence d’un ornement de pignon dépend beaucoup du type de construction et de la couverture du toit. Les bâtiments en [[Construction en bois massif empilé|en bois massif empilé]] sont ceux qui comportent le plus de motif ornemental, mais les maisons plus modernes avec ferme débordante apparente ont la possibilité d’utiliser des planches de rive pour réaliser un élément décoratif qui rappelle fortement les anciennes décorations du Moyen Âge.
Le géographe Michel Cabouret, spécialiste de l'Europe nordique<ref>{{Lien web|titre=Michel Cabouret|url=http://www.bibliomonde.com/auteur/michel-cabouret-1523.html |site=BiblioMonde|année=2018}}</ref> résumait l’évolution de l’habitat en Scandinavie en ces termes : {{Citation bloc|En Norvège, un changement radical du mode de construction de l'habitat s'est produit au cours de l'époque «viking» (800-1030). A l'âge du fer, l'habitat est constitué d'une maison unique de grandes dimensions et allongée, où gens et bêtes vivaient sous le même toit, qui abritait aussi récoltes et instruments. Il fut remplacé par un nouveau type très vraisemblablement emprunté par les Vikings orientaux (Suédois essentiellement) aux Slaves, type où le nombre d'édifices propres à loger les personnes et les biens de chaque grande famille patriarcale se multiplie et où chacun d'entre eux prend une fonction bien déterminée. En même temps le mode de construction se modifie profondément<ref name="Cabouret">{{article|auteur1=Michel Cabouret|responsabilité1=Géographe, spécialiste de l'Europe nordique|titre= Quelques traits de l'évolution historique de l'habitat rural dans la péninsule Scandinave et plus particulièrement en Norvège : types de maisons et modes de groupement|périodique= Hommes et Terres du Nord|année=1982|numéro=1|passage= 39-63|doi=
Comme en Finlande, le modèle primitif nommé « ''eldhus'' » avec pièce unique articulée autour du foyer sans conduit de fumée<ref name="Cabouret" /> rappelle clairement l’[[isba]] primitive russe. La parenté avec l’isba vaut également pour sa décoration : en Norvège comme en Russie la sculpture sur bois anime la maison rudimentaire même si, en Norvège, elle concerne moins les fenêtres, les [[Alexandrowka#Les pelatientsi ou rushnyk|pelatientsi]] que les planches de rive, les [[Alexandrowka#Lambrequins et planches de rive chantournées|lambrequins chantournés]] et le sommet du pignon. Moins développés qu’en Russie, on peut encore voir en Norvège en dehors des [[écomusée]]s des panneaux sculptés aux motifs très proches des ornements celtiques<ref>{{article|auteur= Pierre Flatrès|titre=Une comparaison : structures rurales en Norvège et dans les contrées celtiques|périodique=Annales. Economies, sociétés, civilisations|volume=12|année=1957|numéro=4|passage=602-612|doi
== Décorations actuelles ==
=== La cohérence au sein du groupe d’habitation ===
En Norvège, le schéma traditionnel de l’habitat est la cour de ferme<ref name="Cabouret" /> ou « ''tun'' » : avec l’amélioration des conditions de vie, les agriculteurs les plus aisés ont bâti des ensembles de petites bâtisses avec une fonction spécifique autour d’une cour assez resserrée. À part, la maison d’habitation d'hiver et d'été, il faut compter les étables pour chaque espèce d’animal (vaches, moutons, chèvres par exemple), les greniers et hangars les plus divers sur pilotis ou non (stabbur, loft), la maison des invités entre autres<ref>{{Lien web|langue=no, nn|url=https://www.sprakradet.no/|site= Dictionnaire de la langue norvégienne bokmål ou nynorsk|éditeur=Språkrådet de l’Université de Bergen|année=2018|titre=Tun}}.</ref>. L’éclatement des bâtiments en de multiples maisonnettes souvent à rondins empilés et bien décorées confère une forte cohérence à la ferme par son esthétique générale et par les éléments décoratifs récurrents sur chaque bâtisse. Il faut distinguer les bâtiments
En fonction des vallées et des régions, le pignon décoré ou pas revient comme un leitmotiv dans toutes les maisons du ''tun''. Si l’on tient compte des différentes régions et vallées représentées à l’[[écomusée de Norvège]] à Oslo presqu’île de Bygdø, la forte majorité des fermes éclatées comporte des bâtiments qui ne comporte aucune décoration de pignon. Les pièces rectangulaires clôturant les rives de toit végétal sont assemblées en sifflet sans aucune autre forme d’ornementation. Finalement, il n’est pas exagéré de conclure que les éléments décoratifs de pignon appartiennent davantage à un passé déjà lointain dans les habitudes architecturales norvégiennes et qu’ils ne sont spontanés que dans certaines régions bien délimitées.
Les groupes de ferme reconstruits dans l'écomusée de Norvège permettent de se rendre compte de la proportion des pignons avec ou sans élément ornemental dû à la technique de construction du toit :
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Groupe de maisons régionales - Écomusée de Norvège.jpg|Ce ''tun'' se distingue par sa décoration des pignons par la croisée des planches de rive.
Telemarkstunet Norsk Folkemuseum 0.jpg|Ce ''tun'' du [[Comté de Telemark|Telemark]] n'a pas de décoration de pignon.
Hardangertunet.jpg|Ce ''tun'' du [[Hardanger]] présente aussi des rives avec simple assemblage en sifflet.
Østerdalstunet i 1949, Norsk Folkemuseum NF.04407-010.jpg|Les bâtisses de ce ''tun'' du Østerdal dans les années 1949 n'ont pas de décoration de pignon.
Norsk Folkemuseum - no-nb digifoto 20160715 00018 NB MIT FNR 17801.jpg|Les maisons du ''tun'' de Numedal ont un pignon classique sans ornementation.
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{{message galerie}}
=== Pal ou flèche de pignon ===
[[Fichier:30. Bygdø, Gammel Bondegaard - NB bldsa AL0030.jpg|
[[
L’autre élément décoratif du pignon scandinave prend la forme d’une pièce de bois en saillie, le « ''gavlbrand'' » ou mot à mot « pal de pignon ». Il faut distinguer la barre qui peut être fixée sur l’extrémité de l'avant-toit du pignon à des fins décoratives de la pièce de bois centrale qui déborde la [[ferme (charpente)|ferme]] de l’avant-corps (Comme sur la maison à droite de la galerie ci-dessous).
Comme le poinçon pour les arbalétriers, ce petit poteau aux diverses formes permet l'assemblage des planches ou poutres de [[Rive de toit|rive]]. Les chevrons extérieurs de l'avant-toit peuvent être ornés de planches de rive sculptées, ciselées ou chantournées; elles guident le regard vers le haut jusqu'au ''gavlbrand'' qui trône sur la bâtisse. L'attention de l'observateur converge vers ce pal de pignon qui a forcément une fonction symbolique. Comme il a été dit dans le chapitre sur l'étymologie du terme « ''brand'' », la maison et le bateau partage des symboliques communes. Comme dans la maison viking dont le toit a été bâti en forme de coque de navire, les pals à l'extrémité du faîte peuvent représenter la partie effilée de la proue et de la poupe du bateau long. Les deux potelets à l'extrémité du faîte ou des avant-toits remplissent la fonction de délimiter symboliquement et ornementalement la propriété. Entre ces deux bornes on vit, on travaille ou on stocke de la même manière que les passagers d'un bateau ne peuvent aller plus loin que les deux ''brandar'' aux extrémités du navire.
Le ''gavlbrand'' augmente la verticalité du bâtiment ou de l'avant-corps pour le mettre en valeur en plus des longs poteaux des porches ou des balcons sur colonnade.
Il n'est pas exclu que le pal de pignon ou de faîte ait eu ici à l'origine la même fonction [[apotropaïque]] que les [[phallus|représentations phalliques]] gréco-romaines à l'entrée des portes des maisons. Comme les têtes de dragon rappelant les [[gargouille]]s, comme les [[Têtes de chevaux (décoration de toit)|têtes de chevaux]] rappelant les sacrifices d'animaux expiatoires, le pal de pignon pointé vers le ciel et le monde des dieux peut sans grande marge d'erreur avoir eu dans les croyances des anciens Scandinaves la tâche de conjurer le mauvais sort et de détourner les influences maléfiques. Dans le monde [[protogermanique]], on sait par les anciens auteurs qu'une tête d'animal (cheval, cerf, chèvre…) était parfois empalée sur un piquet placé devant la maison afin d'écarter tous les dangers de la nouvelle maison bâtie.
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Eidsborg stavkyrkje gavl.jpg|Pignon et [[Gable (architecture)|gable]] de l'[[église en bois debout]] d'Eidsborg à [[Tokke]] avec un pal décoratif.
File:Fyrkat hus stor.jpg|Maison viking reconstituée à Fyrkat, environs de [[Hobro]], [[Danemark]]. Les deux pals sont aux bouts de la faîtière courbée.
Garmo Uppigard, Oppland - Riksantikvaren-T124 01 0204.jpg|Garmo Uppigard, [[Oppland]].
Mo i Rana, Nordland - Riksantikvaren-T401 01 0005.jpg|Mo i Rana, [[Comté de Nordland|Nordland]].
Forberget Suigard, Telemark - Riksantikvaren-T165 01 0080.jpg|Forberget Suigard, [[Comté de Telemark|Telemark]].
Giævergården.jpg|Cour de ferme Giævergården.
Kirkestredet 11, Larvik.jpg|Maison en [[style chalet]] dont l'avant-corps comporte une flèche décorative de pignon, [[Larvik]].
La rue des nations; Façade de la section de Suède et de Norvège.jpg|Façade du pavillon de Suède et de Norvège à l’[[Exposition universelle de 1878|exposition universelle de Paris de 1878]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Simon de Vandière|titre=L'Exposition universelle de 1878|éditeur=Calmann Lévy|lieu=Paris|année=1879}}.</ref>. Remonté dans le [[parc de Bécon]] à [[Courbevoie]], toujours existant, il accueille, avec un autre bâtiment auquel on l'a adossé, le [[musée Roybet-Fould]].
Sweden. Stockholm. Djurgården. Skansen 054.JPG|Maisonnette de boulanger d’Åflo annexe d’[[Offerdal]], [[Skansen|musée plein air Skansen]] sur l’île [[Djurgården]], archipel de [[Stockholm]], bel exemple de pal de pignon chantourné.
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=== Pièces croisées au-dessus du pignon ===
[[Fichier:Kvekgården 4.jpg|
[[Fichier:The Granary at Seurasaari.jpg|vignette|upright=0.5|Grenier à grains au musée plein air de [[Seurasaari]], [[Finlande]].]]
[[Fichier:Stockholm 2009 PD 074.JPG|
En dehors du pal de pignon, le second motif ornemental facilement observable par les voyageurs en
Il n'est pas exclu que ce soit au départ une technique purement pratique pour protéger les toits de chaume ou de mottes de tourbe des maisons primitives. Par mimétisme et tradition, le motif se serait transmis jusqu'à aujourd'hui avec ou sans vocation protectrice.
{{Tableau
|entete=Différents types de pièces de bois croisées au sommet du pignon
|ligne1=[[Fichier:Gavlbrand1-trelleborghouse.gif|vignette|upright=0.7|Décoration en forme de corne, site de Trelleborg en [[Suède]].]]{{!!}} [[Fichier:Trelleborg2.JPG|vignette|upright=1.2|Maison longue viking de Trelleborg, [[Suède]].]]{{!!}} Assemblage à mi-bois, ce motif en forme de cornes appartient au passé. Il est attesté dans d'autres sites archéologiques européens remontant jusqu'au [[néolithique]]. Sa fonction religieuse ou [[apotropaïque]] fait peu de doute pour l'époque.
|ligne2=[[Fichier:Gavlbrand2.gif|vignette|upright=0.7|Chevrons simples croisés attestés ailleurs qu'en Scandinavie]]{{!!}}[[Fichier:Groupe de maisons régionales - Écomusée de Norvège.jpg|
|ligne3=[[Fichier:Gavlbrand4.gif|vignette|upright=0.7|Pièces de bois croisées évoquant une tête schématisée]]{{!!}}[[Fichier:Arret-de-bus-setesdal.jpg|
|ligne4=[[Fichier:Gavlbrand3.gif|vignette|upright=0.7|La tête schématisée apparaît derrière le travail de sciage des chevrons plus linéaire que le précédent.]]{{!!}}[[
}}
Les pièces de bois croisées à la pointe supérieure du pignon se rencontrent aujourd’hui essentiellement sur les maisons en bois avec toiture en lattes de bois ou en mottes de tourbe. Les bordures de pignon y jouent un rôle évident de maintien et de protection.
Dans d’autres régions scandinaves où la couverture du [[toit de chaume]] est restée une tradition vivace, comme en Suède et en Finlande, ce ne sont pas seulement les deux bordures de pignon qui se croisent de chaque côté, mais toutes les baguettes de fixation ou les lattes de la couverture de toit<ref name="Saara">C’est ce type de maison aux toits de chaumes avec lattes croisées qui a été retenu pour le village reconstitué sur Åland dans le film finlandais {{Imdb titre|id=4771956|titre= The devil's bride}}, de Saara Cantell, 2016, Periferia Productions esittää. </ref>. À la figure {{n°|1}} ci-dessous, la dimension des fixations de faîtage sont importantes: ce sont des potelets qui déborde du faîtage et créent ainsi un effet ornemental indéniable. La maison de la figure {{n°|2}} utilisent des perches perpendiculaires au faîte pour maintenir les écorces de bouleau servant à isoler le toit sur le voligeage.
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Detalj av vasstak på Öland.jpg|thumb|left|(Fig. {{n°|1}}) Détail de [[Faîtière (construction)|faîtière]] de [[toit de chaume]] avec croisée en [[Suède]], [[Öland]]<ref name="Saara" />.
Englundsgården Kalix 12.JPG|(Fig. {{n°|2}}) Englundsgården, les poteaux perpendiculaires au faîte servent à tenir les traditionnelles écorces de [[bouleau]], ils se croisent tous au-dessus de
Gammelt stråtak ved Skansen i Sverige.JPG|(Fig. {{n°|3}}) [[Toit de chaume]] tenu par baguettes croisées, parc [[Skansen]], [[Suède]].
Seurasaari, Helsinki.jpg|(Fig. {{n°|4}}) Les lattes du toit débordent le faîte et se croisent,
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=== Avant-toit travaillé sur pignon et lucarne-pignon ornée ===
[[Fichier:Skarpö June 2013 08.jpg|
[[Fichier:Décoration de pignon.gif|
[[Fichier:Giebelschmuck (Mözen).ajb.jpg|
Cette décoration de pignon est plus répandue en [[Suède]], particulièrement dans la partie septentrionale, que dans les autres pays scandinaves. Elle est désignée le plus souvent par les termes «
Très esthétique et recherchée, cette décoration en bois ouvré de l’extrême partie supérieure du pignon à l’extrémité de l’avant-toit ou du débord de toit lambrissé joue également sur le contraste des couleurs en le [[rouge de Falun]] du corps de bâtiment en bois et le blanc des bordures de pignon, des frises, des [[Lambrequin (architecture)|
La maison en bois rouge avec son porche d’entrée ou son [[Corps de bâtiment|avant-corps]] sur le long-pan avec colonnade et terrasse à l’étage est devenue à l’heure actuelle l’archétype de la maison suédoise au point que le terme a pris le sens commun de « maison en bois de type scandinave ».
Les motifs ornementaux du pignon supérieur vont du plus simple au plus complexe, du plus linéaire aux formes cursives des [[rinceau]]x d’[[acanthe]].
Parmi les motifs décoratifs des pignons de la rangée du dessus, le premier fait écho à la ferme latine qui n’est que la reproduction ornementale sans fonction pratique de la charpente derrière la façade: le poinçon central sur entrait avec deux contrefiches. Le second n’est pas sans rappeler le fuseau ou le motif solaire de la coquille alors que le troisième s’apparente clairement à l’arbre de vie que l’on observe généralement sur les pignons des [[Maison à
Le décor de pignon des fermes
{{Ancre|dragestil}}
=== Décoration en dragestil ===
[[Fichier:Epi-de-faitage-dragon.jpg|
[[
La période du [[Drakstil|dragestil]]
La période du dragestil
Le pignon et le gable jouent un rôle centrale dans le dragestil car ils sont mis en valeur par des débords de toit très largement décorés, des planches de rives sculptées et ciselées proéminentes et bien visibles de loin et des éléments décoratifs comme des pals de pignon, des perches et girouettes sur le faîte pouvant atteindre de grandes dimensions. Les pignons ornés ne touchent pas seulement le bâtiment central mais aussi des oriels, des lucarnes, des chiens-assis ou des porches sur la façade principale.
Bien représenté dans la grande région d’Oslo, le dragestil se propage grâce au progrès des voies de communication, notamment du chemin de fer. Plutôt d’inspiration urbaine au départ, il intègre les campagnes par le biais des hôtels, des restaurants et des bâtiments publics. Son développement coïncide avec l’engouement national pour les nouvelles fouilles archéologiques autour des bateaux vikings (Oseberg, Tune, Gokstad) et la campagne de sensibilisation du peintre [[Johan Christian Dahl]] pour la sauvegarde des églises en bois debout. Les travaux et ouvrages de l’historien de l’art, Lorentz Dietrichson, sur ces églises en bois créèrent également un nouvel élan national pour les constructions en bois en général et dans leur sillage pour les motifs ornementaux inspirés des panneaux extérieurs et intérieurs dans ces lieux de culte. Les pignons de ces églises seront une source d’inspiration pour les constructions civiles.
L’hôtel Dalen construit à [[Tokke]]
Un autre exemple de dragestil, peut-être plus allusif et moins pompeux, est proposé par le sanatorium de Voksenkollen, banlieue d’Oslo. Il fut construit en 1897 mais fut détruit par un incendie en 1919. Un hôtel et centre de conférence occupent les lieux à présent. L’ornementation des pignons ou gables y est plus modeste. Les arbres de vie qu’on retrouve aussi par exemple dans les maisons à colombages en France décorent les fermes débordantes des pignons de manière élégante. ▼
▲Un autre exemple de dragestil, peut-être
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Holmenkollen Park Hotel Rica.jpg|Hôtel Rica Holmenkollen Park, [[Oslo]].
NF242 Ventehall fra Pipervika.jpg| Ventehall Pipervika, [[écomusée de Norvège]]. Têtes de dragon à chaque extrémité de faîtière.
Gullagata 15 Hønefoss.jpg|Maison en dragestil, rue Gulla {{n°|15}}, Hønefoss. On remarque le poteau de pignon, ''gavlspir''.
Frognerseteren.jpg|Restaurant ou ferme-auberge Frognerseteren. La tête de dragon jaillit de la faîtière.
2-2 Voksenkollen, Kristiania - no-nb digifoto 20150914 00092 bldsa PK09364.jpg|Ancien sanatorium Voksenkollen, Christiania, avant l’incendie ravageur de 1919.
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==== Dragestil hors de Norvège ====
===== Allemagne =====
[[
[[Fichier:Oberhof-Golfklubhaus-2018.jpg|
Le dragestil s’est peu exporté hors de Norvège.
En [[Allemagne]], par le biais du jumelage [[Lillehammer]]-[[Oberhof (Thuringe)|Oberhof]], l’actuel local de l’association du jumelage en [[Forêt de Thuringe]]<ref>{{Site officiel|langue=de|titre= Förderverein Städtepartnerschaft Oberhof-Lillehammer e.V.|url= https://www.oberhof.de/Info-Service/Stadt-Oberhof/Einrichtungen/Vereine-in-der-Stadt-Oberhof/Oberhof-Lillehammer}}.</ref> a été bâti en 1908 pour l’ancien club de golf de la commune de Oberhof dans un
Le relais de chasse Rominten en [[Prusse orientale]] (aujourd’hui Krasnolessje quartier de) fut construit en 1891 sur commande de l’[[Guillaume II (empereur allemand)|empereur Guillaume II]] et sur les plans des architectes Holm Hansen Munthe et Ole Sverre en style nordique ou dragestil. Dans la foulée, la chapelle [[Hubert de Liège|Saint-Hubert]], saint patron des chasseurs, fut érigée à Rominten en 1893 dans le style des églises en bois debout. Les matériaux et les artisans pour le relais de chasse sont venus directement de Norvège. En 1904, le relais de chasse est agrandi par l’aile des impératrices. On y adjoignit un pavillon de thé sur la berge du ruisseau Krasnaya. A la mort de l’empereur, [[Hermann Goering]] mit tout en œuvre pour faire vendre la propriété impériale à l’État prussien qui avait d’ailleurs été partiellement pillée par les troupes russes en 1914. Le dignitaire nazi n’avait pas apprécié que l’empereur Guillaume II ne l'autorise pas à occuper le relais de chasse Rominten<ref> {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Uwe Neumärker|auteur2=Volker Knopf|titre=Görings Revier – Jagd und Politik in der Rominter Heide|éditeur=|année=2007|pages totales=236|isbn=978-3-86153-457-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=q9eUhbU35WIC&printsec=frontcover}}.</ref>. C’est pourquoi il fit bâtir son propre relais de chasse en dragestil<ref>{{article|périodique=Der Spiegel| auteur=Uwe Neumärker|titre=Wo die braunen Hirsche röhrten|traduction titre=Là où bramaient les cerfs bruns|date=4 mai 2008|lire en ligne=http://www.spiegel.de/einestages/goerings-vergessenes-jagdrevier-a-946873.html|consulté le=21 octobre 2018}}.</ref> en septembre 1933 puis 1936. Il l’appellera Recihjägerhof Rominten après avoir hésité de lui donner le nom de sa seconde femme Emmy à l’instar de sa résidence de campagne [[Carinhall]]. Pendant la campagne, le second relais de chasse doté d’un bunker servit de quartier général pour Goering. Mais quand les troupes soviétiques progressent vers l’ouest à la fin de la guerre, Goering fit dynamiter le complexe entier le 20 octobre 1944. Il n’y a plus de traces en l’état des deux relais de chasse en dragestil en Prusse orientale, aujourd’hui [[oblast de Kaliningrad]], même s’il fut un temps question de reconstruire le complexe par des investisseurs russes<ref>{{article|langue=de|auteur1=Thoralf Plath|date=30 août 2013|titre=Reichsjägerhof vor Wiederaufbau? |périodique= Journal Königsberger Express}}.</ref>. Le bâtiment du relais de chasse de Guillaume II ne fut pas complètement détruit après la guerre : il servit provisoirement de maison de repos pour les soldats du {{3e}} front biélorusse et fut déplacé en 1950 dans le [[Parc central de Kaliningrad|parc Luisenwahl]], partie du parc culturel Kalinin à [[Kaliningrad]] pendant que les autres bâtiments annexes furent démolis. ▼
▲Le relais de chasse Rominten en [[Prusse orientale]] (aujourd’hui Krasnolessje quartier de) fut construit en 1891 sur commande de l’[[Guillaume II (empereur allemand)|empereur Guillaume II]] et sur les plans des architectes Holm Hansen Munthe et
Un autre édifice en dragestil très symbolique pour l’époque wilhelminienne en Allemagne est le « débarcadère impérial Kongsnæs » sur les rives du [[Jungfernsee]] à [[Potsdam]].
Bien qu‘il ne s’agisse pas d’une maison, on peut citer ici le transfert d’une [[église en bois debout]] à [[Karpacz]].
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Baustelle Matrosenstation (5).jpg|Reconstruction du débarcadère Kongsnæs en 2017, [[Potsdam]].
Jagdschloss Rominten 001.JPG|Relais de chasse Rominten de [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]], région de [[Kaliningrad]].
Kaliningradbunker5.JPG|Relais de chasse du Reich à Rominten, sur ordre de [[Hermann Göring|Goering]].
Karpacz_Poland_Church_Wang_01.jpg|Église en bois debout à [[Karpacz]] en Pologne.
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===== En France dans les Vosges alsaciennes =====
[[Fichier:LL 143 - ENV de GERARDMER - Col de la Schlucht - Le Tramway de Munster.JPG|
[[Fichier:Pignon-douane-schlucht.gif|
Comme le dragon, symbole national de l’architecture norvégienne, fut souvent utilisé comme motif ornemental dans tous les arts décoratifs et appliqués, l’artisanat populaire et plus particulièrement dans l’ébénisterie et l’architecture allemandes entre 1890 et 1905<ref>{{Ouvrage|auteur1=Barbara Kaufhold|titre=Deutsche Sektreklame von 1879-1918|sous-titre=Ihre Entwicklung unter wirtschaftlichen, gesellschaftlichen und künstlerischen Aspekten|éditeur=Fakultät für Geschichtswissenschaft der Ruhr-Universität|lieu=Bochum|nature ouvrage=Thèse de doctorat|date=24. 8. 2002|format=PDF|passage=195|isbn=|lire en ligne=http://www-brs.ub.ruhr-uni-bochum.de/netahtml/HSS/Diss/KaufholdBarbara/diss.pdf}}.</ref>, l’[[Alsace]]
C’est pourquoi le bâtiment du terminus du [[Tramway de Munster à la Schlucht|tramway Munster – La Schlucht]] géré par la [[Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine]] et situé directement à la frontière entre la France et l’[[Empire allemand]] revêt un caractère à la fois très inattendu et très emblématique dans le contexte tendu de l’annexion de l’[[Alsace-Lorraine]] après 1870. Le premier bâtiment allemand que le voyageur voit est celui de la douane qui sert en même temps de première station du tramway : il lui signale visuellement qu’il entre en terres germaniques et indirectement nordiques. Non seulement la langue nationale change, non seulement la langue dialectale
On arrive de France avec le [[tramway de Gérardmer]] qui amène les voyageurs au [[Hohneck]] par le [[lac de Retournemer]] et le [[col de la Schlucht]]. Le Hohneck et la Schlucht servant de frontière nationale, le voyageur français peut ne pas passer la frontière franco-allemande puisqu’il lui suffit de longer cette limite territoriale.
L’histoire du col de La Schlucht est intimement lié à l’ancien maire de [[Munster (Haut-Rhin)|Munster]] et industriel du textile, Fritz Hartmann. Il est en effet à l’origine de la route qui mène jusqu’au col de la Schlucht<ref> {{Ouvrage|auteur1=Louis Géhin|titre=Gérardmer à travers les âges (1892-1894)|éditeur=|lieu=Saint-Dié-des-Vosges|année=1892|pages totales=333|passage=note 218|titre chapitre=Gérardmer à travers les âges}}.</ref> et il a fait construire le chalet qui porte son nom, le «
M. Hartmann,
L’équivalent et le concurrent français du millionnaire
Le caractère emblématique
Le local asymétrique des douanes allemandes se caractérisait par son profil éclectique : l’usage important du bois rappelle le chalet alpin et les quatre têtes de dragons font référence au drakstil. On pouvait observer une tête à chaque extrémité du faîte à droite et à gauche,
Il ne reste rien de du bâtiment des douanes allemandes. Lors de son passage au col de la Schlucht, [[Raymond Poincaré]] constate que le 23 janvier 1916 «
=== Sveitserstil ===
[[Fichier:Villa_Fridheim_02.07.24.JPG|
La décoration des pignons en Scandinavie prend des formes nouvelles avec le [[style chalet|Sveitserstil]], surtout en Norvège : il s’agit
Le [[style chalet]] prend en Norvège le nom de « style suisse » probablement pour des raisons d’affinité culturelle ou parce que les échanges culturels entre la Scandinavie et les pays germanophones étaient plus intenses qu’avec les Alpes françaises, italiennes ou slovènes par exemple. De plus, les deux pays misent à cette époque sur le même créneau de la villégiature de montagne pour un public urbain. Daniel Stockhammer a expliqué récemment dans sa thèse présentée à l'[[École polytechnique fédérale de Zurich]] et reprise dans le magazine du Fonds national suisse et de l'Académie suisse des sciences que le style du chalet suisse a été connu à l’étranger avant les Suisses eux-mêmes. Paradoxalement, le tourisme international introduira le chalet dit suisse en [[Suisse]]<ref>{{article|périodique=20 minutes|lieu=Zurich|titre=Le chalet suisse n’est pas suisse|date=5 septembre 2016|auteur= nxp/ats|lire en ligne= https://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Le-chalet-suisse-n-est-pas-suisse-29897330|consulté le=20 octobre 2018}}.</ref>.
Le ''sveitserstil'' norvégien emprunte au ''dragestil'' et à l’[[Art nouveau]], y compris pour la décoration intérieure des hôtels de villégiature, des restaurants et des villas urbaines. Plusieurs critères typologiques du style chalet ouest-européen se retrouvent en Norvège :
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*[[Toit#Avant-toit|Avant-toits]] très saillants et fortement décorés ;
*[[Corps de bâtiment|Avant-corps]] sur colonnade au pignon très décoré;
*[[Porche (architecture)|porches]] avec colonnades et
*Ornementation utilisant beaucoup la sculpture, la gravure et la ciselure.
On reconnaît très bien ces critères dans la villa Fridheim ci-contre. Non seulement les pignons du corps principal font l'objet d'une attention particulière, mais aussi et surtout ceux des avant-corps avec balcon et [[colonnade]] sur la façade gouttereau. Comme dans l'hôtel Dalen en ''dragestil'' plus haut, les pignons des avant-corps hyper-décorés confèrent à l'ensemble du bâtiment son identité: la lecture de la façade latérale décline sans équivoque l'identité architecturale de la bâtisse. Finalement, avec ce néo-style helvétisant, la décoration sort du cadre restreint du seul mur pignon car il rajoute des [[Gable (architecture)|
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*{{Ouvrage|langue=da|auteur1=Reinhold Mejborg|titre=Gamle danske hjem i det 16de, 17de og 18de århundrede|éditeur=N.C. Roms|lieu=Copenhague|année=1888|plume=oui}}.
*{{ouvrage|langue=da|titre=Privatboligen på Island i sagatiden samt delvis i det øvrige norden|auteur=Valtýr Guðmundsson|lieu= Copenhague|année=1889|éditeur=A.F. Høst & söns forlag|pages totales=290|nature ouvrage=Thèse de doctorat}|plume=oui}}.
*{{Article|langue=da|auteur1=K. Thorsen|titre=Bornholmske Byggeskikke i æltre Tid|traduction titre=Méthodes de construction des temps anciens
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
*{{Lien web|éditeur= EssentialContent.com| année= 2007-2010| site =Vikingdenmark|url= http://www.vikingdenmark.com/|titre=Vikings Danemark}}
▲*{{Lien web|éditeur= EssentialContent.com| année= 2007-2010| site =Vikingdenmark|url= http://www.vikingdenmark.com/|titre=Vikings Danemark}}
*{{Lien web|url=https://www.canadianmysteries.ca/sites/vinland/home/indexfr.html|titre=Où est Vinland|site= Canadian Mysteries|année=2018}}
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== Notes et références ==
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=== Références ===
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[[Catégorie:Scandinavie]]
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