« Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 » : différence entre les versions
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[[Fichier:Déclaration des droits de l'Homme, et articles de Constitution présentés au roi, avec sa réponse du 5 octobre soir.jpg|vignette|Page de grand titre de l'édition originale.]]
La '''Déclaration des droits de l'
La Déclaration est un des trois textes visés par le [[préambule de la Constitution de la Cinquième République française|préambule]] de la [[Constitution française du 4 octobre 1958]]. Sa valeur constitutionnelle est reconnue par le [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]] depuis 1971<ref>Décisions [http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/1971/71-44-dc/decision-n-71-44-dc-du-16-juillet-1971.7217.html {{n°}}71-44 DC] « [[Liberté d'association]] » du 16 juillet 1971 et [http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/1973/73-51-dc/decision-n-73-51-dc-du-27-decembre-1973.7368.html {{n°}}73-51 DC] du 27 décembre 1973, qui l'ont intégrée dans le [[bloc de constitutionnalité]] en raison de la référence faite à la Déclaration dans le [[préambule de la Constitution de 1958]].</ref>. Ses dispositions font donc partie du [[droit positif]] français, et se placent au plus haut niveau de la [[hiérarchie des normes]] en France.
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Le {{date-|5 octobre 1789-}}, sous la pression de l'[[Journées des 5 et 6 octobre 1789|émeute]], {{souverain-|Louis XVI}} accepte la ''Déclaration'' ainsi que les [[Articles de constitution de 1789|dix-neuf articles de la Constitution]] déjà adoptés par la Constituante{{sfn|Putfin|1978|p=185}}.
Promulguée par le roi par des [[lettres patentes]] données à [[Paris]], le {{date-|3 novembre 1789}}, cette ''Déclaration des
La ''Déclaration'' est le préambule de la [[constitution de 1789]], et restera celui de la [[Constitution de 1791]]<ref>[[Maurice Duverger]], ''Constitutions et documents politiques'', Paris, PUF, 1981, {{9e|édition}}, {{p.|9}}.</ref>.
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== Sources ==
=== Origine des articles ===
[[Fichier:Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Page 1 - Archives Nationales - AE-II-1129.jpg|vignette|redresse|Préambule de la Déclaration des droits de l'
[[Fichier:Déclaration des droits de l'Homme - Musée de la Révolution française.jpg|vignette|Estampe des 17 articles des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789 ([[musée de la Révolution française]]).]]
Le ''Préambule'', ajouté au projet de Champion de Cicé, a été rédigé par [[Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]] et [[Jean-Joseph Mounier]]<ref>Jacques Godechaux, ''Les constitutions de la France depuis 1789'', Paris, Garnier, 2006, {{p.|24}}.</ref>{{,}}<ref name="Imbert"/>, député du [[Tiers état]] qui avait fait adopter le [[serment du Jeu de Paume]], tous deux [[monarchien]]s, c’est-à-dire partisans d'une monarchie constitutionnelle à l’anglaise<ref>Daniel de Montplaisir, ''La Monarchie'', Paris, Le Cavalier Bleu, 2003, 125{{nb p.}}, {{ISBN|978-2-84670-052-8}}, [https://books.google.com/books?id=rRUxstIiw4IC&pg=PA42&dq=Mirabeau+Jean-Joseph+Mounier+monarchiens&hl=en&sa=X&ved=0CCQQ6AEwAWoVChMIt-W2rvGByAIVRKQeCh2oGAoX#v=onepage&q=Mirabeau%20Jean-Joseph%20Mounier%20monarchiens&f=false lire en ligne], {{p.|42}}.</ref>
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=== Influence de la Révolution américaine ===
[[Fichier:Bill of Rights Pg1of1 AC.jpg|vignette|La ''Déclaration des Droits'' américaine de 1791.]]
La [[Révolution américaine]], qui a précédé la [[Révolution française]], a influencé les débats de l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante française]] autour de la ''Déclaration des
La Déclaration française peut être rapprochée du [[s:Déclaration unanime des treize États unis d’Amérique|préambule de la ''Déclaration d'indépendance des États-Unis'' de 1776]], en particulier {{citation|tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains [[droit inaliénable|droits inaliénables]] ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur}}".
De son côté, la ''Déclaration des droits de l'
Les députés américains n'ont pas semblé plus gênés que leurs homologues français par l'inégalité de naissance que constitue la condition de l'[[esclavage]].
[[Philippe Joutard]] souligne plus particulièrement la ressemblance entre les trois premiers articles de la Déclaration des droits de l'
Par ailleurs, la Révolution américaine présente de nombreuses différences avec la Révolution française. Elle recouvre principalement les événements liés à l'[[guerre d'indépendance américaine|indépendance américaine]] vis-à-vis de la monarchie [[Royaume-Uni|britannique]], dont le principal facteur déclenchant est un refus du montant de taxes jugées injustes selon le slogan {{citation étrangère|langue=en|No taxation without representation}}. Les treize colonies à l'origine de la guerre d'indépendance ne sont unifiées que depuis 1775. Lorsque la première constitution américaine est rédigée, celle de Virginie, elle s'inspire, de la [[déclaration des droits]] de 1689, et des travaux des philosophes britanniques ([[John Locke]], [[Henry Home]], [[Thomas Hobbes]]) ainsi que des philosophes des lumières ([[Montesquieu|Charles de Montesquieu]]), qu'ont lus les acteurs de la Révolution américaine, tels que [[Benjamin Franklin]] ou [[Thomas Jefferson]]<ref>C. Fohlen, ''Thomas Jefferson'', 1992, {{p.|26-27}}.</ref>. La [[Constitution des États-Unis|constitution fédérale américaine]] de 1787, qui a rejeté l'incorporation d'une déclaration des droits, est une première application limitée de ces nouveaux principes philosophiques. C'est en ce sens pratique qu’elle a pu influencer la déclaration française. La fin de sa ratification par les treize États américains date du {{date-|29 mai 1790}}, soit après la date de la
=== Controverse entre Jellinek et les historiens français ===
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=== Préambule ===
La Déclaration pose les principes de la société, base de la nouvelle légitimité. Chaque article condamne les institutions et les pratiques de l’[[Ancien Régime]] ([[absolutisme]], administration centralisée) : {{citation|Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation.}} La Déclaration des droits de l'
Les constituants déclarent dans le préambule les droits qui appartiennent à tout individu de par la nature même, ce ne sont pas des droits créés ou accordés par les révolutionnaires et qui pourraient être perdus, mais des '''[[droits naturels]]''' constatés et imprescriptibles, qui sont au nombre de quatre, énumérés dans l{{'}}''Article deux''.
=== Contenu des articles ===
[[Fichier:Barjols Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.jpg|vignette|droite|<center>Panneau de céramique près du monument aux morts présentant la Déclaration des
==== Article 1 ====
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=== Contexte de l'adoption de la Déclaration ===
Les Constituants manient des idées générales, des concepts théoriques, bien plus qu’ils ne cherchent à connaître les conditions concrètes de gouvernement d’un peuple. Ils ont posé des principes transcendants. La ''Déclaration des droits de l'
== Critiques ==
Dès les premières années, la ''Déclaration des droits de l'
Elle a été critiquée également en ce qu'elle nierait le particulier au profit d'un homme abstrait, universel et inexistant, et en second lieu au motif inverse qu'elle n'atteindrait pas réellement à l'universalité, mais correspondrait aux intérêts d'une classe ou d'une autre fraction de la société{{refnec}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Zeev,.|nom1=Sternhell|titre=Les anti-Lumières une tradition du XVIIIe siècle à la guerre froide|éditeur=Gallimard|date=DL 2010|isbn=978-2-07-031818-6|isbn2=2-07-031818-4|oclc=690491548|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/690491548|consulté le=2021-09-11}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=François|nom1=Furet|titre=La Révolution française|éditeur=Gallimard|date=2007|isbn=978-2-07-073759-8|isbn2=2-07-073759-4|oclc=192117785|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/192117785|consulté le=2021-09-11}}</ref>. On l’a aussi quelquefois décriée en la réduisant à « une péripétie réformiste, détournée de son sens initial par des démagogues obtus »<ref>{{Article|auteur1=Élisabeth Guibert-Sledziewski|titre=Quels droits pour l’homme et le citoyen ?|périodique=[[Études françaises]]|volume=25|numéro=2-3|date=automne 1989|lire en ligne=https://doi.org/10.7202/035790ar|pages=p. 169}}</ref>.
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L'application de ce texte a été critiquée, notamment par les [[Positivisme juridique|positivistes]].
Sous la [[Troisième République (France)|{{IIIe|République}}]], les [[Lois constitutionnelles de 1875|lois constitutionnelles des {{date-|24 février- 1875-}} et {{date-|25 février 1875-}} et {{date-|16 juillet 1875}}]] ne renvoyaient pas à la ''Déclaration'' de {{date-|1789}}{{sfn|Gözler|1997|p=297}}. Mais [[Maurice Hauriou]] ({{date-|1856}}-{{date-|1929}}) et [[Léon Duguit]] ({{date-|1859}}-{{date-|1928}}), deux éminents juristes, ont soutenu qu'elle avait une valeur juridique{{sfn|Gözler|1997|p=297}}. La thèse de Duguit a été combattue d'abord par [[Adhémar Esmein]] ({{date-|1848}}-{{date-|1913}}) puis par [[Raymond Carré de Malberg]] ({{date-|1861}}-{{date-|1935}}){{sfn|Gözler|1997|p=307}}. Celui-ci a écrit : « ''La Déclaration des
Sous la [[Quatrième République (France)|{{IVe|République}}]], la [[Constitution française du 27 octobre 1946|Constitution du {{date-|27 octobre 1946}}]] comporte, d'une part, un [[Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946|préambule]] qui renvoie à la ''Déclaration'' de {{date-|1789}} et, d'autre part, un {{nobr|article 81}} qui dispose que {{citation|tous les [[Nationalité française|nationaux français]] et les ressortissants de l'[[Union française]] ont la qualité de citoyen de l'Union française qui leur assure la jouissance des droits et libertés garantis par le préambule}}. Dès {{date-|1947}}, l'[[Ordre judiciaire en France|ordre judiciaire]] reconnaît que la ''Déclaration'' de {{date-|1789}} est un texte de [[droit positif]] : le {{date-|22 janvier 1947-}}, en se fondant sur l'article 6 de la ''Déclaration'', le [[Tribunal judiciaire de Paris|tribunal civil de la Seine]] déclare nulle la condition insérée dans son testament, par une grand-mère, révoquant un legs fait au profit de sa petite-fille au cas où celle-ci épouserait un juif{{sfn|Letteron|2012|loc={{numéro|21}}}}{{,}}{{sfn|Rousseau|Gahdoun|Bonnet|2016|loc={{numéro|259}} et {{n.|702}}}}. Ce n'est que le {{date-|7 juin 1957}} que le [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] accepte, pour la première fois, d'examiner au fond un moyen tiré de la méconnaissance de la ''Déclaration'' de {{date-|1789}}, en l'occurrence de ses articles 8, 9 et 10{{sfn|Roulhac|2014|loc={{§|19}}, {{n.|53}}}}.
Sous la [[Cinquième République (France)|{{Ve|République}}]], le [[Préambule de la Constitution de la Cinquième République française|préambule]] de la [[Constitution française du 4 octobre 1958|Constitution du {{date-|4 octobre 1958}}]] renvoie à la ''Déclaration'' de {{date-|1789}}. Le [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]] a d'abord attribué valeur constitutionnelle par sa décision du [[Décision Liberté d'association|{{date-|16 juillet 1971}}, Liberté d'association]] qui fonde la doctrine du « [[bloc de constitutionnalité]] », selon l'expression de [[Louis Favoreu]]. Cette décision vise « la Constitution (de 1958) et notamment son préambule », or le préambule de la [[Constitution française du 4 octobre 1958|Constitution de 1958]] rappelle que la ''Déclaration des droits de l'
À partir de cette décision, le [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]], se posera de plus en plus comme le défenseur des droits et libertés publiques constitutionnelles, mais surtout sur la base du renvoi au préambule de l'ancienne Constitution de 1946. Cette tendance est encore accentuée depuis l'instauration de la [[Question prioritaire de constitutionnalité|Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC)]] par la [[Loi constitutionnelle du 23 juillet 2008|révision constitutionnelle du {{date-|23 juillet 2008}}]], permettant un [[Question prioritaire de constitutionnalité|contrôle ''a posteriori'' des lois]] par le Conseil constitutionnel.
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* [[Droit de grève en France|droit de grève]] ;
* droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence
Ces droits sont appelés [[droits sociaux]]. Le dernier droit (obtenir des moyens convenables d'existence) découle d'une définition différente du mot « droit » : la Déclaration des droits de l'
Ce sont ensuite ceux qui figurent dans la [[Charte de l'environnement]], adoptée en [[2004 en France|2004]], notamment celui qui figure dans l’{{nobr|article 1}} de cette charte : {{citation|Chacun a le droit de vivre dans un [[environnement]] équilibré et respectueux de la santé.}}
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La première traduction en espagnol a été l’œuvre du Colombien [[Antonio Nariño]] (1765-1823), qui a diffusé le texte imprimé en {{nobr|80 à 100 exemplaires}} dès 1793, alors que commençait la lutte pour l'Indépendance dans la vice-royauté espagnole de la Nouvelle Grenade.
Depuis 2003, l'ensemble des documents divers ayant trait à la proclamation et à l’entrée en vigueur du texte de la ''Déclaration des droits de l'
Cet ensemble de documents, qui prennent sens l’un par rapport à l’autre, est conservé par les [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] et la [[Bibliothèque nationale de France]], qui ont fait une proposition de classement conjointe. C’est par leur réunion que l’on comprend la portée tant symbolique que politique de la Déclaration, ainsi que le contexte historique dans lequel elle a été rédigée.
* Les archives possèdent un ensemble de documents, dont la version originale manuscrite de la Déclaration des droits de l'
* La Bibliothèque nationale possède, quant à elle, la première édition de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen mise au point au cours de l’été 1789 par l’Assemblée nationale à Paris. Cette édition est le premier élément de diffusion auprès de la classe politique ainsi que la première trace imprimée des premiers articles constitutionnels existant en France. Sur le plan historique, l’importance de cet exemplaire est capitale. Extrait des procès-verbaux de l’Assemblée nationale, des 20, 21, 22, 23, 24, {{nobr|26 août}} et {{1er|octobre}} 1789, Déclaration des droits de l’homme en société Slnd (publié par Baudoin, imprimé à Versailles en 1789). Cette pièce complète l’ensemble du Centre historique des Archives nationales. Elle est sans doute la toute première édition des procès-verbaux en question. En effet, Baudoin, [[Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789|membre de l’assemblée]] du [[tiers état]] de [[Paris]] pour l’élection aux [[États généraux de 1789]], avait été nommé imprimeur de l’Assemblée nationale en juin 1789 et avait été chargé de l’édition de l’impression des procès-verbaux des séances.
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==== Déclarations françaises postérieures ====
* [[Projet de constitution girondine#La déclaration des droits|Déclaration des droits naturels, civils et politiques des hommes du projet de constitution girondine de 1793]] (non-adoptée) ;
* [[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793|Déclaration des droits de l'
* [[Déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen de 1795|Déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen]] placée en tête de la [[Constitution de l'an III|constitution du]] {{date républicaine|5 fructidor an III}} ;
* Droits des citoyens garantis au Titre VI de [[Acte additionnel aux constitutions de l'Empire de 1815|l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire du]] {{date|22 avril 1815}} ;
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