« Le Tartuffe ou l'Imposteur » : différence entre les versions

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== Analyse de l'œuvre ==
=== Une pièce complète en trois actes ===
On a cru pendant longtemps que la pièce donnée le {{date-|12 mai 1664}} devant {{souverain-|Louis XIV}} et ses invités était inachevée, et que Molière et ses camarades avaient représenté, probablement sous le titre ''Le Tartuffe ou l'Hypocrite''<ref>''Ce titre est seulement vraisemblable, car La Gazette du 17 mai 1664 et La Muse historique du gazetier Loret dans sa livraison du 24 mai 1664 désignent la pièce sous le titre de « L’Hypocrite », tandis que la relation officielle des « Plaisirs de l’Île enchantée » parue à la fin de la même année l’appelle « Tartuffe ». Dans les années suivantes il ne sera plus question que de Tartuffe, jusqu'à ce que la nouvelle version prenne le titre de L'Imposteur.</ref>, les trois premiers actes seulement d'une « grande comédie » conçue pour en compter cinq. Le spectacle se serait donc terminé sur le triomphe de Tartuffe s'apprêtant à épouser Marianne et à recevoir le don de la maison familiale de la main d'Orgon. Cette croyance reposait sur une lecture erronée des diverses sources concernant le spectacle donné à Versailles : le registre de [[La Grange (acteur)|La Grange]], qui mentionne {{citation|trois actes du ''Tartuffe'' qui estoient les trois premiers<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1462449/f161.image ''Registre''], {{p.|64}}.</ref>}} (mais la formule {{citation|qui étaient les trois premiers}} est un rajout postérieur, utilisant une encre différente<ref group="n">Note apparemment corroborée par un rajout dans son propre « Registre », dont les chercheurs du {{s-|XX|e}} ont montré qu'il avait non pas été tenu au jour le jour, mais entrepris au plus tôt dans les {{nobr|années 1680}} : voir, entre autres, l'édition du ''Registre'' par Young & Young (Droz, 1947), ainsi que la nouvelle édition des ''Œuvres complètes'' de Molière dans la Bibliothèque de la Pléiade (2010).</ref>), et les retouches apportées par le même La Grange, dans l'édition posthume des ''Œuvres de Monsieur de Molière'' parue en 1682, à la relation officielle des fêtes de Versailles publiée à la fin de l'année 1664 sous le titre ''Les Plaisirs de l'Ile enchantée''. Dans le texte de cette relation paru en 1664, on pouvait lire {{citation|Le soir Sa Majesté fit jouer une Comédie nommée Tartuffe, que le Sieur de Molière avait faite contre les Hypocrites}} ; et c'est ce qu'on lit ensuite dans les éditions séparées de ''La Princesse d'Élide'' de Molière qui, toutes, reproduisent le texte de la relation des ''Plaisirs de l'Ile enchantée'' ; or, dans l'édition posthume des ''Œuvres de Monsieur de Molière'' parue en 1682 et supervisée par La Grange, le même texte devient {{citation|Le soir Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une Comédie nommée Tartuffe…}}
 
Mais les chercheurs ont acquis aujourd'hui la conviction que ce premier ''Tartuffe'' était une pièce complète en trois actes correspondant approximativement aux {{nobr romains|actes I}}, {{III}} et {{IV}} de la version définitive (moins la dernière scène de l'acte IV), et dans laquelle les personnages de Mariane et de Valère, qui sont au centre du deuxième acte, n'existaient pas<ref group="n">Les animateurs du [http://www.moliere.paris-sorbonne.fr/ site Molière21], qui se présente comme le complément numérique de la nouvelle édition de Molière dans la [[bibliothèque de la Pléiade]], avaient proposé dès 2011 une reconstruction de cette première version en trois actes due à Georges Forestier intitulée Le Tartuffe ou l'Hypocrite: cette adaptation originale de la version en 5 actes publiée par Molière a fait l'objet d'une publication en 2021 aux éditions Portaparole. La première version, selon Forestier et Bourqui, mettait en scène une histoire connue depuis le Moyen Âge par de nombreuses versions narratives, celle « du religieux impatronisé qui tente de séduire la femme de son hôte et qui est démasqué et chassé grâce à la ruse de celle-ci ». Ils expliquent que la version définitive du ''Tartuffe'' laisse encore clairement voir la trame initiale, qui se déroulait en trois temps correspondant aux trois actes : « ({{I}}) un mari dévot accueille chez lui un homme qui semble l'incarnation de la plus parfaite dévotion ; ({{II}}) celui-ci, tombé amoureux de la jeune épouse du dévot, tente de la séduire, mais elle le rebute tout en répugnant à le dénoncer à son mari qui, informé par un témoin de la scène, refuse de le croire ; ({{III}}) la confiance aveugle de son mari pour le saint homme oblige alors sa femme à lui démontrer l'hypocrisie du dévot en le faisant assister caché à une seconde tentative de séduction, à la suite de quoi le coupable est chassé de la maison. »</ref>. À quoi s'ajoutait très probablement, comme le suggère [[Georges Forestier (professeur de littérature)|G. Forestier]] dans l'adaptation du ''Tartuffe'' en 5 actes en une version en 3 actes qu'il a publiée sous le titre ''Tartuffe ou l'hypocrite'' <ref>{{Ouvrage|auteur1=Molière|titre=Le Tartuffe ou l'hypocrite, Comédie en trois actes restituée par Georges Forestier|lieu=Arles|éditeur=Portaparole|date=2021}}</ref>'','' la scène du retour de {{Mme|Pernelle}}, qui refuse de croire à la culpabilité de Tartuffe et provoque ainsi l'exaspération de son fils Orgon, qui lui-même ne voulait pas y croire un acte plus tôt (scène que Molière a relégué à la {{nobr|scène 3}} de l'{{nobr romains|acte V}}). Cette première version s'ouvrait et se terminait ainsi sur le ridicule personnage de la vieille dévote {{Mme|Pernelle}}.