« Village martyr d'Oradour-sur-Glane » : différence entre les versions

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Dans les premiers mois qui suivent le 10 juin 1944, le conservateur Pierre Masfrand plaide en faveur de dispositifs visant à suggérer au mieux l'ampleur de l'horreur : scènes reconstituées de certains intérieurs de maisons outragées à l'aide d'objets restitués par la police, préservation des impacts de balle et traces de sang, entretien d'une flamme et d'une fumée chaque semaine dans le clocher de l'église{{sfn|Danthieux et Grandcoing|p=21-22}}…
 
Oradour-sur-Glane constitue l'un des quatre villages détruits durant la [[Seconde Guerre mondiale]] à avoir été intégralement conservé, avec [[Lidice]] ([[Tchéquie]]), [[San Pietro Infine]] ([[Italie]]) et {{lien|langue=en|trad=Memorial Centre Lipa Remembers|texte=Lipa}} ([[Croatie]])<ref name="c"/>. La patrimonialisation du village martyr dès la fin de la guerre constitue un cas inédit en France, alors que ce processus s'enclenche plus généralement à partir des années 1970 dans les autres cas<ref name="c"/>. La sanctuarisation du village, et son abandon par les habitants, correspond au cas le plus radical, dans la typologie des stratégies de gestion d'un lieu de catastrophe proposée par Gaëlle Clavandier<ref>{{Article |auteur1=Gaëlle Clavandier |titre=Que faire des traces d'une catastrophe ? Mémoire des accidents et aménagement |périodique=[[Les Annales de la recherche urbaine]] |numéro=95 |date=2004 |pages=35-41 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2004_num_95_1_2530?q=%22Oradour-sur-Glane%22 |consulté le=21 mars 2023 }}.
</ref>.
 
=== L'entretien du site ===
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En 1961, l'architecte [[Jean-Pierre Paquet]], fils de [[Pierre Paquet]], présente un nouveau rapport qui interroge la qualité des consolidations, questionne la capacité de financement des travaux et prône un abandon progressif de certains vestiges{{sfn|Danthieux et Grandcoing|p=34}}. À partir des années 1970, les éboulements se multiplient, et les interventions deviennent plus fréquentes, plus massives et plus coûteuses{{sfn|Danthieux et Grandcoing|p=34}}. En 1972, le [[Architecte des bâtiments de France|conservateur des Bâtiments de France]] s'inquiète de travaux devenus trop visibles.
 
Avec les années et la dégradation des vestiges, une conciliation entre conservation, sécurisation et travail d'information auprès des visiteurs est nécessaire. L'authenticité des ruines est altérée : certains murs sont démontés puis reconstruits avant tout affaissement et des ouvertures sont condamnées pour éviter les circulations au sein des édifices. Avec le temps, cette artificialité croissante de l'état des vestiges fait que la ruine « est de moins en moins un indice, de plus en plus un symbole »<ref>{{Article |auteur1= Christian Godin |titre=Le problème de la restauration comme conflit de totalités |périodique=[[Raison présente]] |volume= |numéro=118 |date= 1996 |pages=85-108 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1996_num_118_1_3338 |consulté le=21 mars 2023}}.
</ref>.

Dans les années 1980, une nouvelle politique de conservation menée par l'architecte Gabor Mester de Paradj s'incarne dans la priorité donnée à la sécurisation des façades de la rue principale{{sfn|Danthieux et Grandcoing|p=36}}. On remplace aussi les isolateurs en porcelaine des caténaires du tramway. Certains immeubles situés à l'écart du parcours de visite sont volontairement abandonnés<ref name="b"/>. Dans les années 1990, le conservateur suivant, Jean-Jacques Sill, propose un temps d'intervenir sur les espaces délaissés, avant de consentir à l'accompagnement de « l'inéluctable mort du site »{{sfn|Danthieux et Grandcoing|p=37}}.
 
=== Aménagements postérieurs au massacre ===
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==== L'ossuaire ====
[[Fichier:Colonne Oradour-sur-Glane.jpg|vignette|La colonne de l'ossuaire, dans le cimetière.]]
N'utilisant pas la crypte, les familles des martyrs décident en 1953 la construction du « tombeau des martyrs », un [[ossuaire]] situé dans l'enceinte du [[cimetière d'Oradour-sur-Glane|cimetière]]<ref name="e">{{Ouvrage |auteur1=Elisabeth Essaian |titre=La construction du nouveau bourg d'Oradour-sur-Glane |sous-titre=Document de l'exposition du Centre de la mémoire |éditeur=Centre de la mémoire en préfiguration et Conseil général de la Haute-Vienne |année=1997 |pages totales=15}}</ref>, propriété communale et non de l'État. Le projet est financé par des dons et une souscription, et réalisé par des entrepreneurs locaux. Il comprend une colonne qui rappelle la [[lanterne des morts]] du cimetière, entourésurmontée d'une croix latine et entourée de très nombreux ex-votos, disposée sur une dalle<ref>{{Article |auteur1=Bertrand Tillier |titre=Le monument aux martyrs d'Oradour-sur-Glane par Fenosa |périodique=[[20 et 21 : Revue d'histoire|Vingtième Siècle, revue d'histoire]] | numéro=55 |date=juillet-septembre 1997 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1997_num_55_1_3662 |consulté le=21 mars 2023 }}.</ref>. Tous ces paramètres en font un « négatif du martyrium »<ref name="g"/>, mais aussi un espace commémoratif chrétien, qui s'insurge contre la dimension « païenne » de la [[Nouveau bourg d'Oradour-sur-Glane#Monument « Aux martyrs d'Oradour »|statue commémorative]] proposée par l'artiste espagnol [[Apel·les Fenosa]] pour le nouveau bourg, et qui est alors conspuée.
 
==== Divers ====