« Queer » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Couleys (discuter | contributions)
vandalisme > annulat° de 3 modifs
Balise : Annulation
Aucun résumé des modifications
Balises : Éditeur visuel Modification par mobile Modification par le web mobile
(44 versions intermédiaires par 16 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 :
{{voir homonymes|Queer (homonymie)}}[[Fichier:Queer Riot.jpg|vignette|T-Shirt à la Jerusalem Pride 2012.]]
{{à recycler|date=décembre 2018|thème=sexologie}}
 
'''Queer''' est un mot emprunté de l'[[anglais]] ; signifiant à l'origine « étrange », « peu commun » ou « bizarre », il est utilisé de manière péjorative, neutre ou méliorative pour désigner tout ou partie des [[minorité sexuelle et de genre|minorités sexuelles et de genres]], c'est-à-dire les personnes ayant une orientation sexuelle ou une identité de genre différentes de l'[[hétérosexualité]] ou la [[Cisgenre|cisidentité]].
[[Fichier:Queer Riot.jpg|vignette|T-Shirt à la Jerusalem Pride 2012.]]
 
== Histoire ==
'''Queer''' est un mot [[anglais]] signifiant « étrange », « peu commun » ou « bizarre », il est utilisé pour désigner l'ensemble des [[minorité sexuelle et de genre|minorités sexuelles et de genres]], c'est-à-dire les personnes ayant une orientation sexuelle ou une identité de genre différentes de l'[[hétérosexualité]] ou la [[Cisgenre|cisidentité]]<ref name="EdS TF101">{{Lien web|titre = Transféminisme 101 |site=L'Écho des Sorcières |url = http://lechodessorcieres.net/transfeminisme-101/| date=2015-03-22 |auteur=Céline |consulté le = 2015-07-15}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Histoire du terme Queer|url=https://www.bearwww.com/blog/queer/|auteur=Alain Vest|site=bearwww.com|consulté=13 mars 2021}}.</ref>.
 
=== En anglais ===
Le vocable queer qui convoque l'extravagance, le hors-norme, a longtemps été une injure homophobe avant que les militants américains du [[Mouvement LGBT|mouvement homosexuel]], au début des années 1990, ne s'approprient ce terme pour se désigner eux-mêmes, et lui attribuent une connotation positive<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Vicki Lynn Eaklor|titre=Queer America|sous-titre=A GLBT History of the 20th Century|éditeur=[[ABC-CLIO]]|année=2008|passage=2-5|isbn=}}.</ref>. Bien que les personnes queer ne se reconnaissent pas nécessairement dans la théorie queer post-moderne forgée à partir de [[Judith Butler]], l'amalgame s'est généralisé avec le temps.
Le mot anglais ''{{langue|en|queer}}'' est utilisé jusqu'à la fin du {{s-|XIX}} dans les pays anglophones pour signifier ce qui est bizarre, étrange, malade ou anormal<ref name=":1">{{Chapitre|titre ouvrage=Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes|titre chapitre=Queer|éditeur=Larousse|date=2003|isbn=2-03-505164-9|isbn2=978-2-03-505164-6|oclc=300482574|auteur=[[Didier Eribon]]}}.</ref>. Ce sens, toujours utilisé, s'étend, à partir de la fin du {{s-|XIX}} pour désigner péjorativement les [[minorités sexuelles et de genre]], c'est-à-dire les personnes qui dévient de la norme sexuelle (''queer'' comme « déviant »)<ref name=":1" />. Rapidement, le terme est récupéré par ces mêmes minorités pour se désigner elles-mêmes, en particulier les [[Gay (homosexualité)|hommes homosexuels]], qui y voient non pas une connotation négative mais au contraire neutre (''{{langue|en|queer}}'' comme « différent ») ou positive (''{{langue|en|queer}}'' comme « spécial »)<ref name=":1" />.
 
Dans les années 1920 et 1930, ''{{langue|en|queer}}'' prend un nouveau sens, une partie des hommes homosexuels anglophones utilisant ce terme pour se différencier des homosexuels efféminés, les « ''{{langue|en|fairies}}'' » : dans ce sens, ''{{langue|en|queer}}'' signifie l'homosexuel respectable, c'est-à-dire de classe moyenne et d'apparence discrète<ref name=":1" />.
Depuis les années 2000, les mots '''allosexuel'''<ref name="GDT">{{GDT|personne queer|fiche=8353764|consulté le=2020-07-24}}.</ref> et '''altersexuel'''<ref name="GDT"/> constituent des traductions en français, couramment utilisées au Canada, plus rarement en France. Par exemple depuis 2010, la [[Queer Palm]] est décernée dans le cadre du festival de Cannes à « un film pour son traitement des thématiques altersexuelles ».
 
Après la [[Seconde Guerre mondiale|seconde guerre mondiale]], toujours dans le monde anglophone, le terme ''{{langue|en|queer}}'' tombe en désuétude dans son sens d'[[Coming in|autonomination]] par les minorités sexuelles. Il n'est plus employé, dans les années 1960 et 1970, que par les homosexuels les plus âgés, les plus jeunes lui préférant le terme « gay »<ref name=":1" />. Cette préférence est elle-aussi motivée par une distanciation, cette fois double : par rapport aux ''{{langue|en|fairies}}'', mais aussi par rapport à la génération précédente<ref name=":1" />.
Sous la plume de [[Teresa de Lauretis]], théoricienne majeure de la [[théorie queer]], ce regroupement propose une nécessaire complémentarité au [[féminisme matérialiste]] : définir et construire une alternative crédible au [[Patriarcat (sociologie)|patriarcat]] [[Hétéronormativité|hétéronormatif]] et [[Cisgenre|cisnormatif]], à savoir un espace à la fois conceptuel et politique aux [[Genre (sciences sociales)|genres]] et aux orientations sexuelles décatégorisées. Cela est tout aussi nécessaire et ne vient pas en contradiction avec le matérialisme. Il veut lutter contre l’oppression réelle, matérielle des femmes et des personnes trans, tout en prenant soin de laisser cette oppression dans son contexte historique et social, à savoir la structure patriarcale et capitaliste de la société, pour éviter d’en faire un « étant-toujours-déjà-là »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Teresa de Lauretis|titre=Théorie queer et cultures populaires|sous-titre=De Foucault à Cronenberg|éditeur=|année=2007|passage=chapitre « Technologie de genre »|isbn=}}.</ref>, ce qui rendrait sa destruction impossible.
[[Fichier:Queer Nation Houston x6.jpg|vignette|Différentes affiches de la {{Lien|trad=Queer Nation}}.]]
Le terme ''queer'' prend une nouvelle dimension en 1990 et l'apparition du groupe {{Lien|trad=Queer Nation}} dont les actions visent à améliorer la visibilité des minorités sexuelles et de genre et de lutter contre l'homophobie<ref name=":1" />. L'utilisation du terme ''{{langue|en|queer}}'' est alors une stratégie politique assumée, celle de se désigner par l'insulte (''{{langue|en|queer}}'' comme « nous que vous nommez déviants ») et ainsi de refuser de cacher son identité en échange d'une forme de respectabilité<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |auteur=Yusuf Tamanna |titre=à quel moment sommes-nous devenus « queer » ? |url=https://i-d.vice.com/fr/article/a3a89e/a-quel-moment-sommes-nous-devenus-queer |site=i-d.vice.com |consulté le=2023-07-07}}.</ref>.
 
Ce groupe redonne à la fois une nouvelle jeunesse à l'utilisation de ''{{langue|en|queer}}'' comme terme d'autonomination, mais lui apporte de nouvelles connotations : d'une part, en raison de l'approche [[Intersectionnalité|intersectionnelle]] de Queer Nation, ''{{langue|en|queer}}'' se retrouve associé aux luttes politiques radicales, à la lutte contre le sexisme et à l'[[antiracisme]] ; d'autres part, ''{{langue|en|queer}}'' se retrouve utilisé comme contrepoint révolutionnaire, aux identités « gay » et « lesbienne », qui se retrouvent alors colorées, pour une partie des minorités sexuelles, de connotations excluantes et figées associées aux classes moyennes blanches<ref name=":1" />. Dans cette perspective, ''{{langue|en|queer}}'' est pensé comme à la fois plus inclusif de la multiplicité des minorités de genre, notamment les personnes [[Bisexualité|bisexuelles]], [[Transidentité|trans]], mais aussi [[Lesbienne butch|lesbiennes butch]], [[Lesbienne fem|lesbiennes fem]], et hommes gays efféminés, mais surtout comme une perspective radicale visant à la destruction des normes sexuelles, culturelles et sociales oppressives plutôt que leur aménagement<ref name=":1" />.
== Histoire ==
{{Section à sourcer|date=janvier 2019}}
[[Fichier:No gender no master.jpg|vignette|''{{lang|en|No gender, no master}}'', activiste anarcho-queer en lutte contre « l'oppression patriarcale et sexiste ».]]
Le mot avait été utilisé comme titre pour le roman {{lien|Queer (roman)|trad=Queer_(novel)|texte=Queer}}, texte partiellement autobiographique de [[William S. Burroughs]] en 1953 (publication en 1985), qui y parlait de son homosexualité.
 
Pour la professeure d'études de genre et de littérature Heather Love, la réutilisation du terme ''{{langue|en|queer}}'', c'est-à-dire la récupération d'une insulte, permet de souligner l'importance de la violence et de la stigmatisation dans l'expérience des minorités sexuelles et de genre<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Heather Love|titre=Queer|périodique=Transgender Studies Quaterly|date=1 mai 2014|doi=https://doi.org/10.1215/23289252-2399938|pages=172-176}}.</ref>.
En 1969, dans un bar appelé {{lang|en|[[Stonewall Inn]]}} à [[New York]], des [[émeutes de Stonewall|émeutes]] ont éclaté, réponse de la clientèle gay, [[Lesbianisme|lesbienne]] et trans à leur arrestation par la [[Police (institution)|police]]. La cause de cette arrestation manquée était une [[loi]] qui interdisait le port des vêtements masculins par une personne du [[sexe féminin]] ou de vêtements féminins par une personne masculine. Ces émeutes, dont l'anniversaire se célèbre annuellement sous le nom de [[Marche des fiertés]], marquent la naissance du mouvement lesbien, gay, bi et trans ([[Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres|LGBT]]).
 
Au tournant du {{s-|XXI}}, le terme ''{{langue|en|queer}}'' rentre dans le vocabulaire ''{{langue|en|mainstream}}'', ce dont témoignent l'arrivée en 1999 de la série ''{{langue|en|[[Queer as Folk (série télévisée, 1999)|Queer as Folk]]}}'' et de l'émission de [[téléréalité]] ''{{langue|en|[[Queer Eye for the Straight Guy]]}}'' en 2003 : le journaliste Yusuf Tamanna note que pour ces exemples l'utilisation du terme queer dans un contexte grand public signifie en réalité homosexualité blanche de classes supérieures<ref name=":2" />.
Un des buts prioritaires de ce nouveau mouvement concernait la suppression en tant que [[Trouble psychique|maladie mentale]] de l'[[homosexualité]], de la bisexualité et de la transidentité, du [[Manuel Diagnostic et Statistique des troubles mentaux|Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux]] (DSM), qui fournit la [[nosologie]] définitive de l'[[Association américaine de psychiatrie]] (APA).
 
Malgré ces évolutions et enrichissements multiples de sens pendant près d'un siècle, le sens péjoratif de ''{{langue|en|queer}}'' demeure encore dans les années 2010 et 2020, au point qu'il soit évité par une partie de la communauté LBGT+, en particulier la plus âgée, en raison d'un véritable traumatisme associé à ce mot<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Noah Michelson |titre=Here's Why HuffPost Gay Voices Just Changed Its Name To HuffPost Queer Voices |url=https://www.huffpost.com/entry/huffpost-gay-voices-changed-name-huffpost-queer-voices_n_56a78f78e4b0172c659422f9 |site=HuffPost UK |date=2016-02-02 |consulté le=2023-07-08}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-US |prénom=Jake |nom=McKee |titre=Queer or gay? Why LGBTQ+ people are fiercely debating former slur being reclaimed |url=https://www.thepinknews.com/2023/01/10/queer-or-gay-slur-debate/ |site=PinkNews {{!}} Latest lesbian, gay, bi and trans news {{!}} LGBTQ+ news |date=2023-01-10 |consulté le=2023-07-08}}.</ref>.
La question du statut médical dominait l'identité homosexuelle depuis le {{s-|XIX|e}}, et avait été l'élément décisif dans la conception de l'homosexualité en tant que catégorie. Cependant la honte de l'homosexualité travaillait toujours à l'intérieur de cette [[Identité (psychologie)|identité]]. Avec l'élimination de la [[classification]] officielle de [[perversion]] par l'APA, le « {{lang|en|coming out}} », qui consiste à révéler sa propre homosexualité est devenu l'un des traits prépondérants de la nouvelle homosexualité. La pratique de faire son [[coming out]] constitue une [[revendication identitaire]].
 
=== En français ===
Avec la prédominance du ''{{lang|en|coming out}}'' et donc la présence reconnaissable des homosexuels, l'[[homosexualité]] est devenue une [[Identité (psychologie)|identité]] basée autant, sinon plus, sur la [[discursivité]] et le [[comportement]] que sur la pratique des actes homosexuels.
Le mot « queer » apparaît en français par transfert linguistique à la fin du {{s-|20}}, dans son double sens de désignation large des minorités sexuelles et de genre et de terme aux connotations politiques<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Stéphane |nom=Baillargeon |titre=Q comme queer, ou comment nommer des identités multiples |url=https://www.ledevoir.com/societe/616815/des-mots-pour-mieux-dire-q-comme-queer-ou-comment-nommer-des-identites-multiples |site=Le Devoir |date=2021-07-09 |consulté le=2023-07-08}}</ref>. Par opposition à ce terme ou par souhait de le traduire, l'expression {{"|transpédégouine}} est aussi utilisée<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Cj|nom1=Gomolka|titre=(Don’t) call me queer: transpédégouine , the global gay, and the logics of Western “liberty”|périodique=Contemporary French Civilization|volume=44|numéro=4|pages=417–443|date=2019-01|issn=0147-9156|issn2=2044-396X|doi=10.3828/cfc.2019.22|lire en ligne=http://www.liverpooluniversitypress.co.uk/doi/10.3828/cfc.2019.22|consulté le=2024-05-03}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Marie-Émilie|nom1=Lorenzi|titre=« Queer », « transpédégouine », « torduEs », entre adaptation et réappropriation, les dynamiques de traduction au cœur des créations langagières de l’activisme féministe queer|périodique=GLAD!. Revue sur le langage, le genre, les sexualités|numéro=02|date=2017-06-01|issn=2551-0819|doi=10.4000/glad.462|lire en ligne=https://journals.openedition.org/glad/462|consulté le=2024-05-03}}</ref>.
 
== Périmètre ==
Une autre différence entre ces mouvements et le mouvement [[Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres|LGBT]] est qu'il n'a pas eu de précédent au {{s-|XIX}}. Il était donc nécessaire pour les militants gays et lesbiennes de choisir un modèle pour leur nouveau mouvement, et le succès récent des militants noirs a été déterminant.
 
=== Comme synonyme de la diversité sexuelle et de genre ===
Les racines idéologiques de la [[Théorie queer|théorie ''queer'']] se trouvent dans le [[Féminisme aux États-Unis|féminisme américain]] des {{nobr|[[années 1980]]}}. Avant cette date, le féminisme, comme d'autres mouvements semblables, espérait que le [[progrès]] social viendrait par un changement de législation. Les arguments pour le passage de législations progressistes ont perpétuellement fait la comparaison entre le [[groupe minoritaire]] en question et le [[citoyen]] universel, c'est-à-dire l'homme cisgenre hétéro riche et blanc. Quelle que soit la raison, plusieurs mouvements ont commencé après les {{nobr|[[années 1970]]}} à contester cette image du citoyen universel, et à valoriser leur propre pouvoir, capacité d'action, (''[[Agency (notion)|{{lang|en|agency}}]]''). Cette tendance (notablement postmoderniste) a provoqué une rupture plus grande encore entre l'[[homme]] et la [[femme]] et a essentialisé ce qui constituait le féminin. Cette tendance se montre surtout dans ''[[La Femme mystifiée]]'' (original en anglais/américain : ''{{lang|en|The Feminine Mystique}}'') de [[Betty Friedan]], chef de la {{lang|en|[[National Organization for Women]]}} (NOW), qui a été d'ailleurs critiqué parce qu'il ignorait toute la population des femmes qui n'étaient pas blanches ou d'une classe sociale aisée.
 
Le terme « queer » est employé depuis les années 1990 pour désigner l'ensemble de la [[diversité sexuelle et de genre]], et en particulier les personnes [[Lesbianisme|lesbiennes]], [[Gay (homosexualité)|gays]], [[Bisexualité|bisexuelles]], [[Transidentité|transgenres]], [[Intersexuation|intersexes]] et [[Asexualité|asexuelles]] ([[Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres|LGBTIA]])<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |prénom=Stéphane |nom=Baillargeon |titre=Q comme queer, ou comment nommer des identités multiples |url=https://www.ledevoir.com/societe/616815/des-mots-pour-mieux-dire-q-comme-queer-ou-comment-nommer-des-identites-multiples |site=Le Devoir |date=2021-07-09 |consulté le=2023-07-07}}</ref>. Pour le professeur de sociologie Chacha Enriquez, « l’idée, c’est de sortir du mouvement uniquement gai et lesbien pour former une coalition des groupes et personnes marginalisés et opprimés sur l’axe sexe-genre-sexualité »<ref name=":0" />.
Cette vague de féminisme se situait donc dans la notion de la différence : soit la différence entre les hommes et les femmes, soit la conceptualisation du sujet et de l'objet de plusieurs phénomènes sociaux (le [[discours]], l'[[art]], le [[mariage]]…). Pourtant ce mouvement radical de la deuxième vague du féminisme a été troublé par deux phénomènes [[idéologique]]s, et tous les deux s'articulaient aux questions de [[sexualité]] et de [[Genre sexuel|genre]].
 
=== Comme existence en dehors de normes ===
Le premier concernait les « [[Guerre des sexes (étude des genres)|''{{lang|en|Sex Wars}}'']] » qui divisaient les théoriciennes et militantes féministes sur le rôle de la [[pornographie]] dans l'[[oppression]] des femmes.
 
==== Normes de genre ====
L'autre fêlure, la « [[Lavender Menace|menace mauve]] », concernait la présence de lesbiennes dans les rangs de féministes. Comme les ennemis du féminisme utilisaient (et utilisent encore) souvent le « {{lang|en|lesbian baiting}} » (le [[harcèlement]] (homophobique) des féministes, qui essayait de réduire ce qu'elles disaient en les accusant d'être des lesbiennes) contre les arguments féministes, une grande partie de militantes montraient leur propre [[homophobie]] en hésitant à avouer que quelques-unes parmi elles étaient bien des lesbiennes. Les lesbiennes de la « menace mauve » affirmaient qu'elles étaient plus féministes grâce à leur distance des hommes, tandis que les féministes hétérosexuelles récusaient cet argument, disant que les rôles [[Butch-fem|''garçon'' et femme]] des lesbiennes ne font que singer le [[mariage]] [[hétérosexuel]].
 
Le terme « genderqueer », ou « de genre queer » au [[Québec]], peut à la fois être un synonyme de [[Non-binarité|non-binaire]], mais aussi avoir un sens plus restreint et désigner une identité non-binaire particulière basée sur la remise en cause des normes sociales<ref>{{Lien web |prénom=Services publics et Approvisionnement Canada |nom=Gouvernement du Canada |titre=Lexique sur la diversité sexuelle et de genre - Lexiques et vocabulaires - TERMIUM Plus® - Ressources du Portail linguistique du Canada - Langues - Identité canadienne et société - Culture, histoire et sport - Canada.ca |url=https://www.btb.termiumplus.gc.ca/publications/diversite-diversity-fra.html#q |site=www.btb.termiumplus.gc.ca |date=2009-10-08 |consulté le=2023-07-07}}</ref>.
L'[[homophobie]] prévalente de la deuxième vague, sa concentration sur les pratiques sexuelles, et surtout la division qu'elle engendrait, ont fait naître la théorie queer au début des {{nobr|[[années 1990]]}}.
 
La [[mode queer]] est [[Mode (habillement)|la mode]] propre aux personnes queer et [[Non-binarité|non-binaires]] allant au-delà des normes de style courantes qui associent généralement certaines couleurs et formes à l'un des deux [[Binarité de genre|genres binaires]]. La mode queer vise à être perçue par les consommateurs comme un style de mode promouvant le choix de vêtements en fonction des différentes formes corporelles des personnes plutôt qu'en fonction des normes vestimentaires déterminées par le genre.
=== Aux États-Unis ===
Le mouvement ''queer'' a aux États-Unis un aspect de mouvement politique qui a pour but de lutter contre l’hétéropatriarcat, à la fois en reconnaissant la légitimité de la lutte féministe matérialiste, et en cherchant à construire une alternative à cet hétéropatriarcat que le matérialisme combat. Comme l'indique [[Teresa de Lauretis]] :
{{Citation bloc|Quand j'ai forgé l'expression théorie queer en 1990 pour donner titre à un colloque que j'organisais à l'Université de Californie à Santa Cruz et au numéro spécial de la revue ''{{lang|en|Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies}}'' dont j'avais la responsabilité en 1991, mon intention était de mettre en question l'expression « gay et lesbienne » et sa version politiquement correcte « lesbienne et gay » telle qu'on les utilisait alors, c'est-à-dire comme un adjectif unique (« lesbienne-et-gay ») référé à un collectif indifférencié de personnes ouvertement homosexuelles. Je demandais aux participants de considérer et de penser les sexualités lesbiennes et gay à partir de leurs conditions d'existence historiques, matérielles et discursives spécifiques. J'espérais que ce colloque pourrait {{incise|et en un sens il l'a fait}} contribuer à l'articulation d'une théorie de l'homosexualité à l'intersection des formes sociales symboliques, et des formes de fantasmes, d'identifications et de désirs. La théorie serait queer, pensai-je, non pas parce qu'elle parlerait des transpédégouines ou parce qu'elle serait produite par des transpédégouines, mais par son projet de questionner, déplacer, resituer ou suspendre les paradigmes conceptuels dominants, depuis les discours cliniques et officiels sur l'homosexualité jusqu'aux discours populaires et médiatiques sur la sexualité, l'identité, la communauté, le mode de vie gay ou gay-et-lesbien<ref>{{Article|prénom1=Teresa |nom1=de Lauretis |langue=en |titre=Gender symptoms, or, peeing like a man |périodique={{lang|en|[[Social Semiotics]]}}<!-- Wikidata : Q15759817 --> |volume=9 |numéro=2 |date=août 1999 |issn=1035-0330 |issn2=1470-1219 |doi=10.1080/10350339909360436 |lire en ligne=https://dx.doi.org/10.1080/10350339909360436 |consulté le=22 septembre 2018 |pages=257–270}}.</ref>.}}
 
==== Normes relationnelles ====
{{Référence nécessaire|Là où le féminisme matérialiste se concentre sur l’étude et la destruction des procédés oppressifs du patriarcat, la théorie et les pratiques queer visent à construire le post-patriarcat.|date=8 juin 2022}}{{Non neutre|date=juin 2022}}
 
Une [[relation platonique queer]] est une forme de {{Lien|trad=intimate relationship|fr=relation intime|texte=}} qui, bien qu'elle ne soit pas de nature [[Relation amoureuse|romantique]], implique toutefois une forme d'engagement. Cet engagement les éloigne ainsi de l'amitié pour les rapprocher des relations amoureuses. Pour {{Lien|trad=Julie Sondra Decker}}, ce qui définit l'attraction queerplatonique est sa position ambiguë par rapport aux catégories normatives : « c'est une relation platonique, mais elle est queer d'une certaine manière - pas des amis, pas des partenaires romantiques, mais autre chose » <ref>{{Ouvrage|prénom1=Julie Sondra|nom1=Decker|titre=The Invisible Orientation: An Introduction to Asexuality|passage=25|éditeur=Skyhorse|date=September 2014|isbn=978-1634502436}}</ref>.
=== En France ===
==== La critique des milieux féministes et universitaires ====
Les milieux francophones notamment universitaires, définissent le ''queer'' comme « la transgression du genre », ou encore « l’effacement des frontières du genre », dans une perspective avant tout théorique voire esthétique<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Emmanuelle |nom=Coster |titre=Université Toulouse - Jean Jaurès - Une esthétique queer ? Transgression et subversion dans la littérature et les arts. |url=https://archive.wikiwix.com/cache/display2.php?url=http%3A%2F%2Fweb.archive.org%2Fweb%2F20150715224140%2Fhttp%3A%2F%2Fwww.univ-tlse2.fr%2Faccueil%2Fagenda%2Fune-esthetique-queer-transgression-et-subversion-dans-la-litterature-et-les-arts--274070.kjsp |site=archive.wikiwix.com |consulté le=2022-04-12}}.</ref>. Le ''queer'' y devient, contrairement à son usage dans le monde anglo-saxon, une idée, un concept voire un mouvement artistique, complètement dépolitisé.
 
L'[[anarchie relationnelle]] est la pratique ou la conviction que les relations ne doivent pas être liées par des règles autres que celles sur lesquelles les personnes impliquées se sont mises d'accord. Si une personne [[Anarchisme|anarchiste]] relationnelle a de multiples partenaires intimes, cela peut être considéré comme une forme de [[polyamour]], mais le concept d'anarchie relationnelle se distingue du polyamour en postulant qu'il n'est pas nécessaire de faire de distinction formelle entre relations sexuelles, romantiques, intimes, ou platoniques. Ce mode relationnel est souvent pensé comme queer, en particulier comme mise en pratique de l'[[anarchisme queer]], par remise en cause de la norme [[Monogamie|monogame]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Polyamory and Queer Anarchism: Infinite Possibilities for Resistance |url=https://theanarchistlibrary.org/library/susan-song-polyamory-and-queer-anarchism-infinite-possibilities-for-resistance |site=The Anarchist Library |consulté le=2023-08-28}}</ref>.
Certains milieux francophones proches du [[féminisme matérialiste]] tendent à considérer le queer comme une « idéologie faussement subversive »<ref>{{Ouvrage|langue=fr |auteur1=Léo Thiers-Vidal |titre=Rupture Anarchiste et Trahison Proféministe |éditeur= |année= |passage=Préface |isbn=}}.</ref>, ou encore que « l’arrivée du ''queer'' me{{qui}} paraît rencontrer une démarche individualiste pour que des personnes changent de catégorie, sans remettre en cause ces catégories »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un entretien avec Christine Delphy – Politis |url=http://web.archive.org/web/20131124210138/http://delphysyllepse.wordpress.com/2013/11/14/un-entretien-avec-christine-delphy-politis/ |site=Le blog de Christine Delphy |consulté le=2022-04-12}}.</ref>.
 
=== Comme distanciation critique par rapport au mouvement LGBT ===
==== Transpédégouines ====
Certains mouvements français utilisent le terme ''queer'' de façon politique. C'est le cas des transpédégouines, qui partagent et vivent les revendications d’abolition des normes de genre, d’abolition des normes sexuelles et participent à la lutte contre le patriarcat par des actions avec divers collectifs féministes<ref name="EdS TF101" />.
 
Le [[queercore]] est un mouvement culturel et social qui prend naissance au milieu des [[années 1980]] comme une branche isolée du [[Punk rock|punk]]. Il se caractérise par un dissentiment avec la société [[Hétérosexisme|hétéronormative]] en général et un désaveu complet de la communauté [[Gay (homosexualité)|gay]] et [[Lesbianisme|lesbienne]] établie<ref name="dupleissis">{{article|langue=en|prénom1=Michael|nom1=du Pleissis|prénom2=Kathleen|nom2=Chapman|titre=Queercore: The distinct identities of subculture|périodique=College Literature|mois=2|année=1997|issn=0093-3139|url texte=http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3709/is_199702/ai_n8737120/pg_1|consulté le=21 septembre 2007}}</ref>. Le queercore s'exprime dans un style ''[[do it yourself]]'' à travers les [[Fanzine|fanzines]], la musique, l'écriture, l'art et le cinéma.
Ce mouvement est notamment représenté par le bar La Mutinerie<ref>{{Lien web|titre = Paris : L’Unity devient La Mutinerie |url = http://yagg.com/?post_type=post&p=53326 |consulté le = 2015-07-15}}.</ref> à Paris, par l'association Polychrome à Paris<ref>{{Article|langue=fr|titre=Qui sommes nous ? |périodique=Polychrome |date=2013-11-17 |lire en ligne=https://polychrome-edl.fr/polychrome-cv/ |consulté le=2018-03-06}}.</ref>, les [[Universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités|Universités d’Été Euroméditerranéennes des Homosexualités]] (UEEH)<ref>{{Lien web|titre=UEEH|url = https://www.lgbt-paca.org/annuaire/ueeh/|site = lgbt-paca.org|consulté le = 18 août 2022}}.</ref> tous les ans à Marseille, par l'association les Flamands Roses<ref>{{Lien web |titre=Les Flamands Roses |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http://www.lesflamandsroses.com/#federation=archive.wikiwix.com |site=archive.wikiwix.com |consulté le=2022-04-12}}.</ref> à Lille et l'association [[Les Panthères roses|les Panthères Roses]]<ref>{{Lien web|titre = Les Panthères roses / {{lang|en|The Pink Panthers}} :: Groupe queer radical à Montréal |url = http://www.lespantheresroses.org/ |site = lespantheresroses.org |consulté le = 2015-07-15}}.</ref> à Paris, Nancy ou Montréal.
 
En tant que genre musical, les paroles explorent les thèmes de la discrimination et des préjugés, et abordent des sujets tels que l'identité sexuelle, le [[genre sexuel|genre]] et les droits des individus<ref name="dickinson">{{en}} {{lien web |auteur=Dickinson, Chrissie |titre=The Music is the Message |url=http://chrissiedickinson.com/?p=23 |date=21 avril 1997 |périodique=St. Louis Post-Dispatch}}</ref> ; plus généralement, les groupes proposent une critique de la société à partir de leur position dans cette société. Les groupes queercore englobent différents genres tels que le [[synthpunk]], le [[rock indépendant]], la [[power pop]], le [[no wave]], le [[Musique bruitiste|noise]], la musique expérimentale, la [[musique industrielle]] et bien d'autres.
=== Au Québec ===
Depuis les {{nobr|années 2000}}, les mots '''allosexuel''' et '''altersexuel''' constituent des tentatives de traduction en français. Le ''Grand dictionnaire terminologique'' de l’[[Office québécois de la langue française]] avait entériné cet usage<ref name=":0" />, proposé par le Regroupement d’entraide de la jeunesse allosexuelle du Québec (le REJAQ) en 2005<ref name="cygne noir queer">{{Article|titre = Queer in Québec : étude de la réception du mouvement queer dans les journaux québécois |périodique = [[Cygne noir]]<!-- Wikidata : Q74434516 --> |année = 2014 |auteur1 = Bruno Laprade |numéro = 2 |issn = 1929-090X |lire en ligne = http://www.revuecygnenoir.org/numero/article/queer-in-quebec}}.</ref>. Depuis, puisque les termes ''allosexuel'' et ''altersexuel'' ne se sont pas implantés, les termes ''queer'' et ''personne queer'' sont désormais ceux à privilégier et parce qu'ils sont légitimés en français au Québec et ailleurs en francophonie<ref name=":0" />. De plus, il est employé dans plusieurs langues. Le ''Grand dictionnaire terminologique'', québécois, définit en 2019 le terme ''queer'' comme « Personne qui ne s'identifie à aucune catégorie relative à son orientation sexuelle et à son identité de genre »<ref name=":0" />. « Les termes ''personne queer'' et ''queer'' sont aussi employés pour désigner les personnes dont l'identité de genre et le genre assigné à la naissance ne concordent pas, ou dont l'orientation sexuelle est autre qu'hétérosexuelle »<ref name=":0">{{GDT|mot=personne queer |fiche=8353764 |consulté le=2021-10-06}}.</ref>. Le terme ''queer'' peut être employé en tant que nom et également en tant qu'adjectif.
 
=== Comme théorie philosophique : la théorie queer ===
Le linguiste québécois Gabriel Martin, en 2017, traite pour sa part l'adjectif ''queer'' comme un polysème. Il indique que le sens de base de ''queer'', en français, se définit ainsi : « Qui s’inscrit dans un ensemble de courants de pensée politisés, axés sur l’analyse et la remise en question des construits sociaux traditionnels et normatifs qui ont trait aux questions de genre, de sexe et de sexualité »<ref name="martin2017">Martin, Gabriel, [http://www.lecollectif.ca/chronique-linguistique-definir-terme-identitaire-queer/ « Chronique linguistique : comment définir le terme identitaire queer? »], ''Le Collectif'', {{vol.|40}}, {{n°|19}}, {{date-|4 juillet 2017}}, {{p.|7}}.</ref>. Il indique qu'au Québec le mot serait aussi utilisé, par extension, pour qualifier les personnes « [d]ont l’identité de genre, l’expression de genre, les caractéristiques sexuées ou la sexualité s’inscrivent passivement ou activement en faux des construits sociaux traditionnels et normatifs »<ref name="martin2017" />. De son avis, les termes ''allosexuel'' et ''altersexuel'' remplacent uniquement cette utilisation par extension du mot ''queer'', laquelle est parfois critiquée au Québec dans les milieux militants.
 
{{Article détaillé|théorie queer}}La [[théorie queer]] est une [[théorie sociologique]] et [[Philosophie|philosophique]] qui postule que la [[sexualité]] et le [[Genre (sciences sociales)|genre]] d'un individu ne sont pas déterminés exclusivement par son [[Sexualité (reproduction)#Type sexuel|sexe]] biologique, mais aussi par son [[Contexte social|environnement socio-culturel]], par son [[histoire de vie]] ou par ses choix personnels.
== Notes et références ==
 
Rattachée au [[post-structuralisme]], elle critique principalement l'idée que le [[Genre (sciences sociales)|genre]] et l'[[orientation sexuelle]] seraient déterminés strictement par la [[génétique]] ou la [[biologie]], mais aussi par d'autres facteurs, tel que la [[symbolique]] ou l'expérience personnelle, des variantes importantes pouvant exister chez ses théoriciens.
 
La théorie queer s'oppose aux [[Féminisme|féminismes]] [[Essentialisme|essentialiste]] ou [[Différentialisme|différentialiste]] et se distingue parfois des [[Structuralisme|structuralistes]] classiques. Cette théorie différencie le [[Sexualité (reproduction)#Type sexuel|type sexuel]] biologique (mâle/femelle) du [[Genre (sciences sociales)|genre]] (masculin/féminin). Elle critique une société qui tendrait vers l'[[hétéronormativité]], c'est-à-dire au mépris des individus n'adoptant pas l'hétérosexualité, voire qui poserait l'hétérosexualité comme un résultat naturel, inné ou encore comme une obligation morale, car une telle conception réduirait le genre au seul type sexuel acquis à la naissance.
 
Fortement influencée par le travail de [[Gloria Anzaldúa]], d'[[Eve Kosofsky Sedgwick]] et de [[Judith Butler]], la théorie queer s’appuie à la fois sur l'idée féministe selon laquelle la sexualité est une partie essentielle de la [[Constructivisme social|construction]] de ''[[Identité sociale|soi]]'', sur une conception moins [[Normativité|normative]] du social et sur le [[Droits et libertés|droit au libre choix]] des comportements et des différences.
 
=== Comme regroupement de personnes marginalisées ===
 
Michael Warner donne à « queer » le sens d'un cri de « ralliement des personnes marginalisées » : dans ce sens, [[Eve Kosofsky Sedgwick]] inclut ainsi dans queer non-seulement les personnes minorisées sur l'axe de la sexualité ou de l'identité de genre, mais aussi celles qui le sont par « la langue, la peau, la migration ou l'État »<ref>Sedgwick, Eve Kosofsky. "Queer and now." ''Tendencies. Durham: Duke UP'' 1 (1993): 20.</ref>.
 
Dans un contexte de mainstreamisation de la culture et du mouvement LGBT, cette ouverture de queer à d'autres identités que les minorités sexuelles et de genre pose question ; ainsi, le militant français Matthieu Foucher en dit {{Citation|Le queer devient en effet une sorte de fourre-tout où s'engouffrent aussi les artistes et les publics hétéros. Tout devient queer, mais paradoxalement on entend peu les pédés politisés, on ne voit plus les personnes qui ont besoin du queer –celles qui ont forgé cet outil parce que ce mot les désignait en premier lieu, qui le savent et le vivent de manière parfois violente. Je m'interroge sur cette appropriation et confiscation du mot queer}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Laure |nom=Dasinieres |titre=«Drag Race France», ou quand le queer devient mainstream |url=https://www.slate.fr/story/249364/drag-race-france-tele-lgbt-mainstream-queer-democratisation |site=Slate.fr |date=2023-06-30 |consulté le=2023-07-20}}</ref>.
 
== Références ==
{{Références}}
 
== AnnexesVoir aussi ==
{{Autres projets|wiktionary=queer}}
 
=== Bibliographie ===
==== En anglais ====
* {{en}} [[Meg-John Barker]], [[Julia Scheele]], '' {{lang|en|Queer : A Graphic History}}'', 2016.
* {{en}} [[Sara Ahmed (universitaire)|Sara Ahmed]], ''{{lang|en|Queer Phenomenology}}'', Durham, {{lang|en|[[Duke University Press]]}}, 2006.
* {{en}} [[Meg-John Barker]], [[Julia Scheele]] {{lang|en|Queer : A Graphic History}}, 2016.
* {{en}} [[Kate Bornstein]], ''{{lang|en|Gender Outlaw: On Men, Women, and the Rest of Us}}'' - New York, Routledge, 1994.
* {{en}} [[Judith Butler]] :
** « ''{{lang|en|Against Proper Objects}}'' », ''{{lien|langue=en|trad=Differences (journal)|texte={{lang|en|Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies}}}}'' ({{lang|en|Summer-Fall}} 1994), 6(2-3), {{nobr|pages 1-27}}.
** ''{{lang|en|Antigone's Claim: Kinship between Life and Death}}''. {{lang|en|Wellek Library Lecture at the University of California}}, Irvine. New York: {{lang|en|[[Columbia University Press]]}}, 2000.
** ''{{lang|en|Bodies that Matter: On the Discursive Limits of "Sex"}}''. New York & London: Routledge, 1993.
** ''{{lang|en|Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity}}''. {{lang|en|Thinking Gender}}. New York & London : Routledge, 1990.
** ''{{lang|en|Psychic Life of Power: Theories of Subjection}}''. Stanford: [[Stanford University Press|Stanford UP]], 1997.
* {{en}} [[Lee Edelman]], ''{{lang|en|No Future: Queer Theory and the Death Drive}}''. Durham : [[Duke University Press|Duke UP]], 2004.
* {{en}} [[Anne Fausto-Sterling]] :
** ''{{lang|en|Myths of Gender}}''. New York: {{lang|en|[[Basic Books]]}}, 1992.
** ''{{lang|en|Sexing the Body: Gender Politics and the Construction of Sexuality}}''. New York: {{lang|en|[[Basic Books]]}}, 2000.
* {{en}} [[Leslie Feinberg]],
** ''{{lang|en|Stone Butch Blues}}''. Ann Arbor : {{lang|en|Firebrand}}, 1993.
** ''{{lang|en|Transgender Warriors: Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman}}''. Boston : {{lang|en|{{lien|lang=en|trad=Beacon Press}}}}, 1996.
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Scott Eric Gunther |titre=The Elastic Closet |sous-titre=A History of Homosexuality in France, 1942-present |lieu=New York |éditeur=[[Palgrave Macmillan]] |année=2009 |pages totales=166 |isbn=978-0-230-59510-1 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=a_CFDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.
* {{en}} {{lien|lang=en|trad=Sheila Jeffreys}}, ''{{lang|en|Unpacking Queer Politics}}'', Cambridge, {{lien|lang=en|trad=Polity (publisher)|fr=Polity (éditeur)|texte={{lang|en|Polity Press}}}}, 2003.
{{en}} [[David V. Ruffolo]] :
* {{en}} [[Teresa de Lauretis]], « ''{{lang|en|Queer Theory, Lesbian and Gay Studies: An Introduction}}'' » in ''{{lang|en|Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies}}'' 3/2 ({{lang|en|Summer}} 1991 ; {{lang|en|special issue}}), {{rom-min|iii|3}}-{{rom-min|xviii|18}}.
* Julie A. Podmore<!-- Wikidata : Q58146664 -->, « {{lang|en|Gone ‘underground’? Lesbian visibility and the consolidation of queer space in Montréal}} », ''{{lang|en|Social & Cultural Geography}}''<!-- Wikidata : Q15745185 -->, {{vol.|7}}, {{n°|4}}, 2006.
* {{en}} [[Carol Queen]] et [[Lawrence Schimel]], ed. ''{{lang|en|PoMoSexuals: Challenging Assumptions About Gender & Sexuality}}''. 1997.
* {{en}} {{lien|lang=en|trad=Nick Rees-Roberts}}. ''{{lang|en|French Queer Cinema}}''. Édimbourg, {{lang|en|[[Edinburgh University Press]]}}. 2008.
* {{en}} [[David V. Ruffolo]] :
** ''{{lang|en|Post-queer Politics}}'', Farnham (Angleterre), {{lien|lang=en|trad=Ashgate Publishing|texte={{lang|en|Ashgate}}}}, 2009.
** ''{{lang|en|Performativity and Performance}}''. New York : Routledge, 1995.
** « ''{{lang|en|Queer Performativity}}'' », ''[[GLQ (journal)|GLQ]]'', {{vol.|1}}, {{n°|1}}, 1993, {{p.|1-16}}.
*{{en}} {{lien|lang=en|trad=Michael Warner}}, ''{{lang|en|Fear of a Queer Planet. Queer Politics and Social Theory}}''. Minneapolis: [[U of Minnesota Press|{{lang|en|University of Minnesota Press}}]], 1994
** ''{{lang|en|Tendencies}}''. Durham : [[Duke University Press|Duke UP]], 1993.
* {{en}} [[Judith Butler]] :
* {{en}} [[William B. Turner]], ''{{lang|en|A Genealogy of Queer Theory}}''. Philadelphia: {{lien|lang=en|trad=Temple University Press|texte=Temple UP}}, 200.
** ''{{lang|en|Bodies that Matter: On the Discursive Limits of "Sex"}}''. New York & London: Routledge, 1993.
* {{en}} {{lien|lang=en|trad=Michael Warner}}, ''{{lang|en|Fear of a Queer Planet. Queer Politics and Social Theory}}''. Minneapolis: [[U of Minnesota Press|{{lang|en|University of Minnesota Press}}]], 1994.
** ''{{lang|en|Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity}}''. {{lang|en|Thinking Gender}}. New York & London : Routledge, 1990.
* {{en}} {{lien|lang=en|trad=Riki Wilchins}} :
* {{en}} [[Teresa de Lauretis]], « ''{{lang|en|Queer Theory, Lesbian and Gay Studies: An Introduction}}'' » in ''{{lang|en|Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies}}'' 3/2 ({{lang|en|Summer}} 1991 ; {{lang|en|special issue}}), {{rom-min|iii|3}}-{{rom-min|xviii|18}}
** ''{{lang|en|Queer Theory, Gender Theory: An Instant Primer}}''. Alyson : Los Angeles, 2004.
** ''{{lang|en|Read My Lips}}''. Ann Arbor: {{lang|en|Firebrand}}, 1997.
* {{en}} ''{{lang|en|Queer People: Negotiations and Expressions of Homosexuality, 1700-1800}}'', (dir.) [[Chris Mounsey]], [[Caroline Gonda]], [[Université Bucknell|{{lang|en|Bucknell University Press}}]], U.S., 2007, 305{{nb p.}} {{ISBN|978-0838756676}}.
 
==== En français ====
* {{Ouvrage|auteur1=Bernard Lafargue|directeur1=oui|auteur2=Cécile Croce|directeur2=oui|titre=QueeRriser l'esthétique|éditeur=puppa|collection=Figures de l'art|numéro dans collection=39|date=2021|isbn=978-2-35311-128-2}}
* [[Sam Bourcier|Marie-Hélène Bourcier]], ''{{lang|en|Queer Zones}}'', Paris, [[Éditions Balland|Balland]], 2001 ; rééd. revue et augmentée : Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2006.
* Association ZOO (Marie-Hélène Bourcier (dir.)), ''Q comme Queer : les séminaires Q de 1996, 1997'', GKC, 1998.
* [[Eve Kosofsky Sedgwick]], ''Épistémologie du placard'', trad. de Maxime Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2007 {{ISBN|2-35480-003-7}}.
* [[Paul B. Preciado|Beatriz Preciado]], ''Manifeste contra-sexuel'', Paris, Balland, 2000.
* [[Monique Wittig]], ''[[La Pensée straight]]'' (''{{lang|en|The Straight Mind and Other Essays}}'', Boston, {{lang|en|{{lien|lang=en|trad=Beacon Press}}}}, 1992), Paris, Balland « modernes », 2001 ; rééd. en 2007 chez [[Éditions Amsterdam]].
* [[Maxime Cervulle]] et {{lien|lang=en|trad=Nick Rees-Roberts}}, ''Homo exoticus : race, classe et critique queer'', préface de [[Richard Dyer]], Paris, [[Armand Colin]], 2010.
* [[Michael Lucey]], ''Les Ratés de la famille. Balzac et les formes sociales de la sexualité'', traduit par [[Didier Eribon]], [[Librairie Arthème Fayard|éditions Fayard]], 2008
* [[Javier Sáez]], ''Théorie queer et psychanalyse'', Paris, EPEL, 2005.
{{commentaire|Un des exemples marquants de ''{{lang|en|queer studies}}''.}}
* [[Patrick Cardon]]<!-- Wikidata : Q60332181 -->, « La recette du Queer ou la machine à (dé)construire les identités (kaléidoscope) », ''La Ligne d’ombre'', {{nobr|numéro 2}}, {{date-|mai 2007}}.
* [[Javier Sáez]], ''Théorie queer et psychanalyse'', Paris, EPEL, 2005.
* [[Judith Butler]] :
** ''Le[[Sam PouvoirBourcier]], des mots - Politique du performatif''{{lang|en|Queer [Zones}}''Excitable, Speech: A Politics of the Performative'']Paris, trad. [[CharlotteÉditions NordmannBalland|Balland]], 2001 ; rééd. revue et augmentée : Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2004.2006
* « Queer : repenser les identités », ''Rue Descartes'', {{numéro|40}}, {{date-|mai 2003}}..
** ''Humain, inhumain - Le travail critique des normes - Entretiens'', trad. Jérôme Vidal et Christine Vivier, Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2005.
** ''Antigone : la parenté entre vie et mort'', EPEL 2003, 96{{nb p.}}
** ''Défaire le genre'' (''{{lang|en|Undoing Gender}}''), trad. Maxime Cervulle, Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2006.
* [[Gayle Rubin]] / [[Judith Butler]], ''Marché au sexe'', EPEL 2002.
* [[Pat Califia]], ''Le Mouvement transgenre - Changer de sexe'', EPEL 2003.
* [[François Cusset]], ''{{lang|en|Queer critics}}, la littérature déshabillée par ses homos-lecteurs'', [[Presses universitaires de France|PUF]], 2002.
* [[Monique Wittig]], ''[[La Pensée straight]]'' (''{{lang|en|The Straight Mind and Other Essays}}'', Boston, {{lang|en|{{lien|lang=en|trad=Beacon Press}}}}, 1992), Paris, Balland « modernes », 2001 ; rééd. en 2007 chez [[Éditions Amsterdam]].
* Georges-Claude Guilbert, ''C'est pour un garçon ou pour une fille ? La dictature du genre'', [[Autrement]], Paris, 2004.
* « Queer : repenser les identités », ''Rue Descartes'', {{numéro|40}}, {{date-|mai 2003}}.
* [[Michael Lucey]], ''Les Ratés de la famille. Balzac et les formes sociales de la sexualité'', traduit par [[Didier Eribon]], [[Librairie Arthème Fayard|éditions Fayard]], 2008 {{commentaire|Un des exemples marquants de ''{{lang|en|queer studies}}''.}}
* {{ouvrage|auteur=George Hurchalla |titre={{lang|en|Going Underground}} – punk américain 1979-1992 |lire en ligne=http://rytrut.free.fr/index.php?action=Going-Underground-George-Hurchalla |éditeur=Rytrut |année=2009 |isbn=978-2-9520083-3-4}} (édition française).
* Paul Lester, [http://rytrut.free.fr/index.php?action=Histoire-de-Pink-Paul-Lester ''Double personnalité – L'histoire de Pink''], édition française, Rytrut, 2011 {{ISBN|978-2-9520083-4-1}}.
* {{Article|titre = Queer in Québec : étude de la réception du mouvement queer dans les journaux québécois |périodique = Cygne noir<!-- Wikidata : Q74434516 --> |année = 2014 |auteur1 = Bruno Laprade |numéro = 2 |issn = 1929-090X |lire en ligne = http://www.revuecygnenoir.org/numero/article/queer-in-quebec}}.
* Lionel Labosse, ''Altersexualité, éducation & censure'', éditions [[Publibook]], 2005 {{ISBN|2748307712}}.
 
=== Articles connexes ===
Ligne 133 ⟶ 106 :
* [[Hétérosexisme]]
* [[Identité de genre]]
* ''{{lang|en|[[{{page h|Genderqueer]]}}}}''
* [[Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres|LGBT]]
* [[Pink Bloc]]
Ligne 149 ⟶ 122 :
[[Catégorie:Queer| ]]
[[Catégorie:Terme LGBT]]
[[Catégorie:Sous-culture LGBT]]
[[Catégorie:Féminisme]]
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Queer ».