« Zimri-Lim » : différence entre les versions
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|légende=Tablette de Zimri-Lim relatant la fondation d'une glacière à [[Terqa]], [[musée du Louvre]]}}
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'''Zimri-Lim''' est le dernier roi de [[Mari (site archéologique)|Mari]]. Il régna de [[-1775|1775]] à {{Date|-1761}} Son règne, connu par les imposantes archives du palais royal de Mari, est l'un des mieux documentés de l'histoire antique.
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Il est un membre de la famille du précédent roi de Mari, [[Yahdun-Lim]] (1810-1794 av. J.-C. ; sans doute son grand-père, ou bien son oncle), qui a été contraint à l'exil, sous la protection du roi d'[[Yamhad|Alep]], lorsque sa lignée a été évincée de Mari par [[Samsi-Addu]]. Après la mort de ce dernier, Zimri-Lim prend Mari et en devient le roi. Après avoir résisté à [[Eshnunna]] et maté la révolte des tribus [[benjaminites]], il parvient à asseoir son pouvoir et à devenir un des principaux rois du Proche-Orient. Il impose son autorité sur la majeure partie des terres de Haute Mésopotamie situées au nord et à l'est de l'Euphrate et dans la région du [[Khabur]], alors divisées en plusieurs petits royaumes instables. Il s'allie avec [[Hammurabi]] de [[Babylone]] pour conduire une coalition qui résiste à une tentative d'invasion de l'[[Élam]] en Mésopotamie en 1765. Néanmoins dans les années qui suivent il assiste à la montée en puissance du roi babylonien, dont il finit par devenir une victime. Il disparaît probablement lors de la prise de Mari en 1761, qui précède la destruction de la ville.
Les archives royales de Mari fournissent une mine d'information sur le règne de Zimri-Lim. Il est à la tête d'une entité politique duale, car il est à la fois roi de Mari et des territoires alentours, mais aussi chef de la tribu des [[Bensim'alites]] dont une partie nomadise hors de son territoire, tout en reconnaissant son autorité. Comme les autres rois de son époque, il est un chef de guerre, dont les troupes sont constamment sur le pied de guerre en raison du contexte trouble de son temps, qui ne lui laisse quasiment pas de répit. Il est très actif sur le plan diplomatique, conduisant une politique d'alliances visant à renforcer son pouvoir, qui passe notamment par le mariage de plusieurs de ses filles à ses vassaux. Il est également considéré comme l'élu des dieux, ce qui le conduit notamment à procéder à de nombreuses consultations d'oracles et à se tenir au courant de prophéties le concernant, afin de prendre connaissance des volontés divines. Son palais est le
== Étymologie ==
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== Sources ==
Le règne de Zimri-Lim est essentiellement documenté par les archives mises au jour en divers points du [[palais royal de Mari]]<ref>{{Lien web|langue=fr|url= https://proclac.cnrs.fr/wp-content/uploads/2012/04/Texte-archives-Mari-digitorient.pdf|auteur=Dominique Charpin|titre=Les archives de Mari de l'époque amorrite| site=Proclac.cnrs.fr| date=mai 2012|consulté le=7 mars 2023}}.</ref>. Il s'agit de textes laissés sur place par les conquérants babyloniens
Très peu d'inscriptions commémoratives de ce roi sont connues{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=10}}{{,}}{{sfn|Frayne|1990|p= 623-625}}. Ses noms d'années, célébrant les faits mémorables de son règne, avant tout des actes pieux ({{10e}} année : « Année où Zimri-Lim a offert un grand trône au dieu Addu de Mahanum ») et des victoires militaires ({{4e}} année : « Année où Zimri-Lim s'est emparé d'Ashlakka »), sont essentiels pour reconstituer la chronologie relative de son règne et de connaître certains des événements marquants{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=9-10 et 257-260}}.
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Des textes datés de l'époque de Zimri-Lim mis au jour hors de Mari complètent cette reconstitution. Des tablettes administratives non publiées ont notamment été mises au jour à Tell Ashara ([[Terqa]]){{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=24}}. Trois lettres écrites par le roi de Mari ont aussi été mises au jour à [[Tell Rimah]] (Qattara), hors de son royaume{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=21}}.
Les sources non
== Histoire ==
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{{Article connexe|Période paléo-babylonienne|Période d'Isin-Larsa|Royaume de Haute-Mésopotamie}}
Le règne de Zimri-Lim prend place durant la période dite « [[période paléo-babylonienne|paléo-babylonienne]] » (babylonienne ancienne), qui va de 2004 à 1595 av. J.-C. selon la chronologie moyenne, qui est la plus employée par les historiens spécialisés de la période. Cette époque parfois aussi appelée période amorrite, car les dynasties qui dominent la Mésopotamie et la Syrie sont alors majoritairement d'ethnie [[amorrites|amorrite]] (un peuple parlant une langue ouest-sémitique), et c'est le cas de celle de Zimri-Lim. La Syrie et la Mésopotamie de la fin du {{-s|XIX
[[Fichier:Samsi Addu.PNG|thumb|left|Extension approximative du [[Royaume de Haute-Mésopotamie]] à la mort de [[Samsi-Addu]].]]
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=== Prise de pouvoir ===
[[Fichier:Syrie amorrite.svg|thumb|La Syrie et la Haute Mésopotamie à l'époque des archives de Mari. Les villes dont la localisation est incertaine sont en italique.]]
Les années 1777-76 sont marquées par un regain des troubles dans le royaume de [[Samsi-Addu]]. La mort du roi en 1775 provoque une explosion de révoltes qui emportent son royaume{{sfn|Charpin|2008|loc=col.252}}. Les descendants des anciens souverains évincés tentent de reprendre leur héritage, et Zimri-Lim se met alors en route vers Mari, avec les autres [[Bensim'alites]] qui avaient fui auparavant. Les lettres reçues par [[Yasmah-Addu]] à cette époque permettent de suivre l'avancée rapide des troupes sur Mari, qui progressent le long de l'Euphrate, prenant [[Tuttul]] puis [[Terqa]]. Mari est prise par une autre troupe, conduite par le chef de guerre Bensim'alite nommé [[Bannum]]. Yasmah-Addu meurt à ce moment ou peu après, puisqu'il disparaît de la documentation. En revanche son frère Ishme-Dagan maintient un royaume à l'est autour d'[[Ekallatum]], sans parvenir à intervenir à Mari. Zimri-Lim fait son entrée à Mari, et se fait introniser à Terqa, dans le temple du dieu [[Dagon (dieu)|Dagan]]{{sfn|Charpin|2008|loc=col.253}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=360-361}}.
Zimri-Lim est rapidement soumis à un dilemme diplomatique afin de consolider son pouvoir : choisir entre l'alliance et la protection de [[Yarmi-Lim Ier|Yarim-Lim {{Ier}}]] d'Alep à l'ouest, ou d'[[Ibal-pi-El II]] d'[[Eshnunna]] à l'est. Il reste loyal au premier, à qui il doit probablement sa survie et sa prise de pouvoir, et épouse sa fille [[Shibtu]]. Un peu avant, il semble également avoir épousé la fille du roi de Qatna qui était auparavant mariée à Yasmah-Addu, ce qui lui permet d'être en bons termes avec une autre puissance occidentale. Il reprend aussi une partie des anciens serviteurs de Yasmah-Addu, ce qui lui vaut les invectives de certains de ses proches qui doutent de leur loyauté{{sfn|Charpin|2008|loc=col.253}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=361-262}}.
Au moment où Zimri-Lim prenait le pouvoir à Mari, d'autres rois reprenaient les possessions de leurs ancêtres en Haute Mésopotamie, créant une balkanisation rapide de la région. En tant que maître de la puissance dominante traditionnelle, Zimri-Lim fait rapidement valoir son ambition de devenir le suzerain de cet espace, ainsi que l'indique cette lettre qu'il envoie à deux roitelets installés au nord de son royaume, dans le triangle du Khabur, le pays d'Ida-maraṣ{{sfn|Charpin|2008|loc=col.253}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=362-363}} :
{{citation bloc|Dis à Abi-Samar et Ikšud-lâ-šêmêšu
<br>Le pays entier est revenu à ses lots d’héritage et chacun est (re)monté sur le trône de la maison paternelle. Et voici ce que j’ai entendu (dire)
<br>[À présent], écrivez-moi. Je viendrai prononcer pour vous [un serment] solennel [par les dieux]. Livrez-moi la ville pour que je la remette à son maître. Quant à vous,navec vos biens, je vous ferai voir le lieu d’élection que vous me direz. À l’audition de ma présente tablette, fais-moi porter promptement une réponse à ma tablette<ref>https://www.archibab.fr/T7059 (consulté le 07/01/2023)</ref>.}}
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Lors de sa prise de pouvoir, Zimri-Lim avait pu compter sur l'appui de troupes de la tribu des [[Benjaminites]], pourtant les rivaux habituels des [[Bensim'alites]]. Mais les rois benjaminites se montrent peu enclins à reconnaître sa supériorité. Ils reçoivent la promesse de soutien d'[[Eshnunna]], qui est en mauvais termes avec Mari au sujet de la possession des territoires en aval de cette dernière, le pays de Suhum. Des rois Benjaminites se soulèvent une première fois en 1773, sans succès, notamment parce qu'ils ne reçoivent aucune aide d'Eshnunna{{sfn|Arkhipov|2022|p=366}}.
Alors que Zimri-Lim a consolidé son emprise sur ses vassaux, le conflit larvé entre Mari et Eshnunna devient effectif à l'automne 1772 quand les troupes de la seconde envahissent le [[Suhu]]m. Les Benjaminites se soulèvent à nouveau, et Eshnunna envoie un autre corps de troupe qui remonte la vallée du Tigre puis se dirige vers le triangle du Khabur. Cela contraint Mari à conduire la guerre sur plusieurs fronts, et aussi à une offensive diplomatique pour s'attacher le soutien d'autres grandes puissances (Babylone et Qatna) et la loyauté des roitelets du nord, partagés entre ceux qui restent fidèles à Zimri-Lim et ceux qui rejoignent le camp d'Eshnunna. Alors que Mari et ses alliés semblent peiner à faire face aux envahisseurs, ceux-ci subissent une attaque à l'autre extrémité de leur royaume, dans le Zagros, qui les pousse à un retrait partiel. Les troupes d'Eshnunna restant au nord sont vaincues à [[Andarig]], et se retirent, ouvrant une période de règlements de comptes contre les rois locaux qui étaient passés dans leur camp. Les armées d'Eshnunna qui ont envahi le Suhum repartent également. Les Benjaminites ont subi des défaites, et optent pour la réconciliation et la soumission à Zimri-Lim{{sfn|Charpin|2008|loc=col.254}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=367-369}}.
La paix avec Eshnunna est plus durement négociée, mais elle est conclue en 1770 : Zimri-Lim reconnaît le roi d'Eshnunna Ibal-pi-El comme son « père », donc son supérieur, mais il récupère l'intégralité des territoires envahis par Eshnunna{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 254}}.
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Les lettres les plus récentes trouvées dans le palais royal de Mari laissent deviner une montée des tensions entre Mari et Babylone, liée au fait que cette dernière cherche à étendre son influence plus loin vers le nord, donc le domaine de Mari. En 1762, alors que Babylone s'empare d'Eshnunna, il semble que Zimri-Lim ait choisi le camp du second au détriment du premier, pourtant son allié. Cela pourrait expliquer pourquoi il est devenu à son tour la cible de [[Hammurabi]]{{sfn|Arkhipov|2022|p=377-378}}.
Quoi qu'il en soit Mari est prise par Babylone, apparemment au printemps 1761, dans des circonstances inconnues faute de sources : Hammurabi n'y fait allusion que dans deux inscriptions, ce qui a laissé la place à diverses propositions sur le déroulement des faits{{sfn||Rutz|Michalowski|2016|p=21-23}}. On ne sait pas ce qu'il advient de Zimri-Lim, à propos duquel plus aucune information n'existe après cette date. Les troupes babyloniennes infligent également des défaites à des rois de Haute Mésopotamie, peut-être des alliés venus au secours de Mari. Cette ville est occupée Mari quelques mois par les vainqueurs, qui vident son palais de ce qui les intéressait (dont les sources qui devaient documenter la chute de Mari), puis ils y mettent le feu en 1759, entraînant son abandon définitif{{sfn|Charpin|2008|loc=col.256}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=378-379}}.
== Famille ==
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=== Parents ===
Zimri-Lim a pour mère Addu-duri, qui meurt dans la sixième année de règne de Zimri-Lim. Elle est peut-être d'origine benjaminite. Sa correspondance indique que la reine-mère joue un rôle important, notamment dans les affaires religieuses et administratives, et s'occupe de la gestion du palais lorsque le roi est en déplacement, durant des années pour lesquelles le pouvoir de son fils n'est pas encore raffermi{{sfn|Ziegler|1999|p=50-51}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=273-275}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2017|p=296}}.
{{citation bloc|Dis à Addu-duri : ainsi parle ton Seigneur.
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=== Épouses ===
Zimri-Lim dispose de plusieurs épouses (''kallatum''). Elles sont apparemment toutes de sang royal, mais sont rangées dans un ordre hiérarchique qui privilégie celles dont l'ascendance est la plus importante{{sfn|Ziegler|1999|p=44-46}}.
La première est Dam-hurasi(m){{sfn|Ziegler|1999|p=52-54}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2017|p=296}}. Selon l'identification proposée par J.-M. Durand, c'est une princesse de Qatna, qui avait été précédemment une épouse de Yasmah-Addu, et était mentionnée dans la correspondance de ce règne sous le nom de Beltum. Zimri-Lim l'aurait épousée lorsqu'il a renversé Yasmah-Addu, suivant la coutume de l'époque qui veut qu'un roi vainqueur prenne le harem du vaincu. Du point de vue diplomatique, c'était l'opportunité de renforcer ses liens avec le royaume dont elle était originaire{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=295-299}}.
L'autre épouse principale de Zimri-Lim est [[Shibtu]](m), une princesse venue de l'autre grand royaume syrien, Yamhad (Alep). Il l'épouse dans sa seconde année de règne. En pratique si ce n'est en principe, c'est la véritable première épouse de Zimri-Lim, celle qui est de loin la plus représentée dans la correspondance royale, qui occupe la place majeure dans l'administration du palais{{sfn|Ziegler|1999|p=54-56}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=304-305}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2015|p=296-297}}.
La troisième épouse de Zimri-Lim qui occupe une place importante est Yataraya. Son origine exacte est inconnue, en tout cas ce n'est pas une princesse d'un grand royaume, et elle est déjà mariée à Zimri-Lim quand il monte au pouvoir, sans doute en tant qu'épouse principale mais elle doit céder sa place aux deux précédentes. Elle n'en conserve pas moins un lien personnel spécial avec Zimri-Lim : elle lui a donné plusieurs enfants avant son intronisation et lui en donne encore après, et c'est elle qu'on voit l'accompagner dans ses voyages{{sfn|Ziegler|1999|p=56-57}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=356}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2017|p=297}}. Elle s'occupe également de l'approvisionnement en nourriture et en vin{{sfn|Sasson|2015|p=157 n.95}}.
Plusieurs lettres de la correspondance des épouses de Zimri-Lim, au moment où le roi est en déplacement, mettent en lumière quelques moments d'intimité{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=305-314}}. Une lettre indique que Shibtum envoie au roi des vêtements qu'elle a confectionnés{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=306}} :
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{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : ainsi parle Dam-huraṣi, ta servante.
<br>Porte-toi bien ! Je suis en bonne santé. Ton Palais est en bonne santé. Les fillettes sont en bonne santé. Moi, ta servante, je suis en bonne santé.
<br>Autre chose : jusque à quand mon Seigneur ne m’enverra-t-il pas de ses nouvelles
Une lettre de Yataraya est écrite alors qu'elle accompagne Zimri-Lim dans un voyage dans le nord, et est destinée à Shibtum (dont la position prééminente apparaît clairement), pour lui donner des nouvelles :
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=== Enfants ===
Une vingtaine de princesses est connue par les textes{{sfn|Ziegler|1999|p=59-67}}. Au moment de sa montée sur le trône, Zimri-Lim dispose de plusieurs filles en âge de se marier, qu'il donne en mariage à des souverains vassaux<ref name=filles>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Bertrand Lafont|titre=Les filles du roi de Mari| auteurs ouvrage=Jean-Marie Durand (dir.)|titre ouvrage= La Femme dans le Proche-Orient antique, Compte rendu de la {{XXXIIIe}} Rencontre assyriologique internationale|éditeur= ERC|lieu= Paris|année= 1987|passage=113-124}}.</ref>. D'autres naissent durant son règne. Les plus jeunes de ses filles et ses fils vivent au palais<ref>{{Article|langue=fr|auteur= Nele Ziegler|titre=Les enfants du palais |périodique=Ktèma |volume= 22|année=1997|passage= 45-57 | lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/ktema_0221-5896_1997_num_22_1_2183}}.</ref>. Seuls trois fils de Zimri-Lim sont connus, tous nés durant son règne. Ils reçoivent tous le nom d'un ancêtre de Zimri-Lim, afin d'assurer la continuité dynastique. L'héritier présomptif est Yaggid-Lim, qui semble être le fils de Dam-hurasi. Hadni-Addu semble être le fils de Shibtum. Un troisième fils, Yahdun-Lim, est mort en bas
Peu de choses sont connues sur les enfants en bas
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Šibtum, ta servante.
<br>Je viens d’enfanter des jumeaux, un garçon et une fille ; que mon Seigneur soit content
En revanche une autre missive mentionne la mort d'une princesse en bas
{{citation bloc|Dis à Dariš-libur : ainsi (parle) Ušareš-hetil, ton fils.
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== Idéologie royale ==
Un sceau-cylindre de Zimri-Lim, connu par plusieurs empreintes, porte l'inscription « Zimri-Lim préposé de Dagan, favori d'Enlil, roi de Mari et du pays bédouin, fils de Yahdun-Lim »<ref>https://www.archibab.fr/S421 (consulté le 24/01/2023)</ref>{{,}}{{sfn|Frayne|1990|p=625-627}}. Cela renvoie à plusieurs éléments : l'élection par les dieux liés à la royauté ([[Dagon (dieu)|Dagan]], [[Enlil]]), la double monarchie exercée à la fois sur le territoire de Mari et des groupes nomades, et l'ancrage dans une dynastie dont un roi précédant, Yahdun-Lim, a déjà exercé les mêmes fonctions, et est érigé de manière fictionnelle en père de Zimri-Lim (alors qu'il est plus probablement son oncle).
=== Élection divine et légitimité dynastique ===
Une lettre adressée à Zimri-Lim par la reine Shibtu lui rapporte la vision qu'a reçu en rêve une femme dans le temple du dieu Itur-Mer à Mari, dans lequel il est rappelé sous la forme de chants guerriers que la royauté (''šarrūtum'') lui a été octroyée, par le biais de trois éléments que sont des attributs symboliques (sceptre et trône, voire les bateaux), son « règne » (''pâlum'' ; dans le sens de période de gouvernement) et le territoire (le Pays d'amont et d'aval){{sfn|Charpin|2008|loc=col.261}}{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Daniel Bonneterre| titre= Les deux bateaux du roi Zimri-Lim, le transport des troupes et la symbolique du pouvoir selon une vision onirique|auteurs ouvrage=Hans Neumann (dir.)| titre ouvrage=Krieg und Frieden im Alten Vorderasien|lieu=Münster|année=2014
{{citation bloc|Autre chose : dame Kakka-lidi, a eu une vision dans le temple d’Itur-Mer. Elle a dit :
<br>« 2 barges, très grandes, barraient le fleuve. Le roi et les soldats y étaient embarqués. Ceux de droite criaient à la gauche : “La Royauté, le Sceptre, le Trône, le Règne, le Pays d’amont et d’aval c’est à Zimri-Lim
La légitimité des rois de l'époque amorrite repose principalement sur deux piliers : une légitimité divine, suivant le principe qui veut que le roi gouverne parce qu'il est élu par les dieux ; une légitimité dynastique, qui veut que le roi gouverne parce qu'il est le chef du lignage qui dirige le royaume{{sfn|Charpin|2004|p=232-237}}.
Concernant le premier point, les divinités qui sont plus précisément liées à la royauté à Mari sont le grand dieu régional Dagan, le dieu tutélaire de Mari Itur-Mer (celui-là même qui est à l'origine de la vision décrite ci-dessus), et la déesse Eshtar de Der (ou Diritum){{sfn|Charpin|2008|loc=col. 261-262}}. Une longue lettre d'un serviteur de Zimri-Lim, un scribe, consistant en une pétition décrivant les malheurs qu'il subit et appelant le roi à son aide, contient une célébration sous forme littéraire de la puissance du souverain et une évocation de la protection dont il bénéficie de la part des grands dieux, en disant par exemple {{citation|que Dagan, la grande montagne, père des grands dieux, qui installe (à leur place) les [[Annunaki|A/Enunnakku]], le dieu puissant, créateur du ciel et de la terre, père engendreur des dieux, a distingué (Zimri-Lim) dans l’univers en (lui) montrant sa préférence et qu’il a élevé à la royauté<ref>https://www.archibab.fr/T1021 (consulté le 20/09/2023)</ref>{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=103-110}}.}}
Concernant le second point, Zimri-Lim pousse le principe jusqu'à changer de père au début de son règne : son sceau le plus ancien le présente comme le fils de Hadni-Addu, qui est probablement son véritable père mais n'a pas régné ; une fois monté sur le trône, son sceau le présente comme le fils de Yahdun-Lim, l'ancien roi de Mari, qui est en fait plutôt son oncle ou son grand-père. Il s'agit d'une mesure politique visant à renforcer sa légitimité. Une autre manière de renforcer son ancrage dynastique a consisté à donner à ses fils le nom de ses ancêtres (Yahdun-Lim, Yaggid-Lim et Hadni-Addu){{sfn|Durand dans SDB|id=SDB|2008|loc=col. 316-317}}{{,}}{{sfn|Frayne|1990|p=625-627}}.
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La royauté de Zimri-Lim est double, suivant un principe repris de son prédécesseur Yahdun-Lim : il se dit à la fois « roi de Mari » et « roi du pays des Bédouins » (''hanû''){{sfn|Durand dans SDB|id=SDB|2008|loc=col. 302}}. Cela revient à dire qu'il est roi de Mari et de son territoire, et aussi roi des groupes nomades [[Bensim'alites]] dont il fait partie (alors qu'il n'est que suzerain des rois de l'autre grande tribu nomade, les [[Benjaminites]]). C'est donc une autorité d'un type particulier, qui se retrouve du reste dans l'organisation administrative du royaume (voir plus bas). Le premier élément correspondant à une vision classique d'un territoire défini par sa ville principale et comprenant sa population sédentaire. Le second point fait référence à des populations nomades qui ne sont pas attachées à un territoire, peuvent franchir les limites du royaume mais n'en restent pas moins des sujets de leur roi Zimri-Lim et le fondement de sa puissance militaire{{sfn|Arkhipov|2022|p=341}}. L'allégeance des Bensim'alites est en effet ce qui avait permis à sa dynastie de survivre après son éviction de Mari par Samsi-Addu et qu'il s'était réfugié avec une partie de la tribu quelque part dans le territoire sous l'autorité d'Alep, et ce qui lui avait permis de (re)prendre le pouvoir à Mari{{sfn|Durand dans SDB|id=SDB|2008|loc=col. 302}}.
=== Apparitions et images du roi ===
Les apparitions en public du souverain étaient savamment étudiées afin de parfaire la mise en scène de la royauté. Cette lettre, datée du tout début du règne de Zimri-Lim, indique qu'il a été conseillé pour sa première entrée à Mari : en montant sur un cheval, il serait apparu comme un roi étranger, car ce n'est pas l'usage local, qui veut que le roi se déplace en palanquin (''nūbalum'') ou sur une mûle{{sfn|Charpin|2004|p=272}} :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>C’est un fait avéré que, lorsque (nous étions) au droit de Kulhitum, avant le lever du soleil, mon Seigneur descendit et que, sur son invite, je lui ai servi de garde du corps. Mon Seigneur parla avec Yaggih-Addu.
<br>Et c’est un fait avéré aussi que, lorsque (nous arrivâmes) au camp d’Appan, j’ai dit ceci à mon Seigneur
<br>Mon Seigneur ne doit (donc) pas monter sur des chevaux. C’est sur un ''nûbalum'' et sur des mules que mon Seigneur doit monter afin d’honorer sa capitale.
Une autre lettre indique que Zimri-Lim s'interroge sur le choix de son couvre chef avant de rencontrer des chefs Benjaminites{{sfn|Charpin|2004|p=272}}. Dans une autre c'est son apparition en tant que de chef de guerre qui est préconisée avant un départ en campagne, la revue des troupes étant jugée essentielle pour leur moral :
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{{citation bloc|Quand mon seigneur se tiendra dans l’assemblée de ses serviteurs, et que ses serviteurs le verront, le cœur des fantassins vivra. Et de même que mon seigneur se tiendra avec sa troupe "à la tête du champ", de même le cœur de la troupe sera-t-il illumine comme le soleil{{sfn|Charpin|2004|p=272-273}}.}}
[[Fichier:Investiture of Zimri-Lim Louvre AO19826 n02.jpg|thumb|center|upright=2.0|Détail de la [[Peinture de l'
La représentation du souverain par le biais des images était également très réfléchie{{sfn|Charpin|2004|p=273-277}}. Plusieurs représentations royales ont été identifiées sur les fragments de peintures provenant du palais royal, provenant plus spécifiquement de zones où la royauté est plus spécifiquement mise en scène, à savoir celle de la cour du palmier/''papahum''/salle du trône, avec en particulier la scène de l'investiture, et des scènes identifiées sur des fragments provenant des appartements royaux (chasse, guerre, réception de tribut){{sfn|Margueron|2004|p=508-513}}. On les date plutôt d'avant le règne de Zimri-Lim (sous [[Yahdun-Lim]] ?), mais elles restent en place à son époque et renvoient aux aspects caractéristiques de la figure royale de l'époque, notamment son rapport avec les dieux. Le panneau central de la peinture de l'investiture représente la déesse Eshtar délivrant au roi le bâton et l'anneau, insignes de la royauté, peut-être une évocation d'un rite d'intronisation{{sfn|Charpin|2004|p=240-241}}.
Le sceau employé par Zimri-Lim pour sa documentation administrative, connu par des empreintes sur des tablettes, reprend une iconographie guerrière, celle du roi à la massue face à une divinité protectrice<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Dominique Charpin|titre=Les légendes de sceaux de Mari: nouvelles données|auteurs ouvrage= Gordon D. Young (dir.)|titre ouvrage= Mari in Retrospect: Fifty Years of Mari and Mari Studies|éditeur=Eisenbrauns|lieu= Winona Lake|année=1992|passage= 59–76}}.</ref>. Le sceau de son intendant Mukannisum, connu par une empreinte, fait de même : le souverain, debout sur un monticule formé par les cadavres ses ennemis, s'apprête à en abattre un de plus avec une masse, sous le regard de deux déesses. Il est donc figuré dans sa fonction de roi-guerrier{{sfn|Charpin|2004|p=274}}.
Une lettre très lacunaire décrit une stèle représentant le roi en compagnie du dieu [[Amurru (dieu)|Amurrum]], cette fois-ci dans son rôle de roi pieux<ref>{{Chapitre|langue=de|auteur=Gudrun Colbow|titre=
{{citation bloc|Autre chose : les métallurgistes, dès leur arrivée, ont entrepris la stèle du monument commémoratif. Le devant et le derrière, sont tout à fait incisés.
<br>Sur une haute estrade, à gauche, une représentation d’Amurrum lève l’arme courbe. Face à lui, (il y a) une représentation de mon Seigneur faisant la prière. Au-dessus de la représentation, (il y a) un disque solaire et un croissant lunaire. Derrière la stèle et sur ses côtés
=== L'épopée de Zimri-Lim ===
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'''Extraits de l'épopée de Zimri-Lim''' :
{{citation bloc|Je veux glorifier Zimri-Lîm, le taureau sauvage du combat, je veux répéter partout la renommée du héros pour l'éternité. Zimri-Lîm, héritier de Yahdun-Lîrn, champion des Bédouins, celui qui a démoli le rempart de l'ennemi. Je veux exalter le héros... du dieu Mêr ! Écoutez ! Soyez attentifs à mes paroles sur celui qui a poursuivi jusqu'au bout l'adversaire celui qui a soumis ses ennemis ! (...) Dans le précieux ventre maternel, les dieux lui donnèrent son nom. Qu'il soit sanctifié le dessein d'Anum, taureau de son pays !
<br>Entre Habur et Euphrate, là où Addu rendit son verdict à l'ennemi, il poussa son cri et anéantit son clan et éparpilla sa volonté aux quatre coins du monde. Le pays pilla les biens qu'il (l'ennemi) possédait, dans la ville de Bisan, tout l'or rutilant ! Il trancha l'ennemi tel un nœud de corde. La terre s'abreuva du sang des guerriers. Annunitum marchait à sa droite, Addu le tonnant poussa son cri. Il poussa son cri et brisa du coup la lance des ennemis. Il déversa son poison sur les pays. Zimri-Lîm qui brise les lances de l'ennemi, déversa son poison sur ses ennemis. Dès lors qu'Addu se fut ainsi manifesté de manière irrévocable, Zimri-Lîm, léopard des combats, puissant qui capture les méchants, qui réduit à néant les ennemis, prit la parole, il fit une déclaration. Il s'adressa à ses jeunes guerriers :
<br>« Si une matrice vous a créés, tout comme vous, une mère m'a enfanté. La lutte étant tramée contre moi, mon plan est changé. Les quatre coins du monde sont en guerre contre vous. (...) le pays (...), libérez-le pour moi ! » (...)
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=== Les principaux dieux de la royauté ===
Dans le royaume de Mari, trois dieux en particulier sont associés à la royauté et à la notion d'élection divine. [[Dagon (dieu)|Dagan]] était la principale divinité régionale, dont le temple était à [[Terqa]]{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 262}}. C'est dans son temple que Zimri-Lim se fait introniser au début de son règne{{sfn|Charpin|2004|p=241}}. [[Ishtar|Eshtar]] de Der, ou
Zimri-Lim entretient également un lien privilégié avec une autre divinité souveraine, cette fois-ci étrangère à son royaume, le grand dieu [[Adad|Addu]] d'[[Alep]]. Dans la prophétie suivante énoncée par un prophète de ce dieu se trouve une des expressions les plus claires de l'idéologie des rapports entre le roi et les dieux dans la documentation épistolaire de Mari{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=83-84}} :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Nur-Sin, ton serviteur.
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<br>(Lacune.)
<br>... en sorte que je te ramène [sur le trône de ton père]. Je t’ai ramené sur le trône de ton père et les armes avec lesquelles je m’étais battu contre la Mer je te les ai données. Je t’ai oint de l’huile de mon invincibilité et nul ne s’est tenu face à toi. Écoute cette seule parole de moi : Lorsque quelqu’un qui aura un procès en appellera à toi en te disant : ”On m’a fait du tort”, tiens-toi debout et rends-lui jugement ; réponds-lui droitement. Voilà ce que je désire de toi.
<br>Lorsque tu partiras en campagne, ne sors point sans avoir pris d’oracle. Lorsque moi, dans un oracle de moi, j’aurai été favorable, tu sortiras en campagne. S’il n’en est pas ainsi, ne franchis pas la porte. »<ref name=t4242>https://www.archibab.fr/T4242 (consulté le 19/12/2022)</ref>.}}
Lors de son intronisation dans le temple de Terqa, Zimri-Lim reçoit du dieu Addu de l'huile pour son onction, ainsi que les armes du dieu évoquées dans la lettre précédente, qui lui auraient servi pour son combat contre la Mer{{sfn|Charpin|2004|p=241}} (référence à un mythe de combat divin et de souveraineté semblable au ''[[Cycle de Baal]]'' d'[[Ugarit]] et à l’''[[Épopée de la Création]]'' [[Babylone (civilisation)|babylonienne]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Jean-Marie Durand|titre= Le mythologème du combat entre le Dieu de l’orage et la Mer en Mésopotamie |périodique=MARI, Mari Annales de Recherches Interdisciplinaires|volume=7 |année=1993 |passage=41-61}}.</ref>). Durant son règne plusieurs lettres relatant la fabrication d'une statue de Zimri-Lim, pour être offerte au dieu d'Alep, le roi souhaitant qu'elle soit placée sur les genoux de la statue du dieu{{sfn|Charpin|2004|p=276}}.
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{{Article connexe|Divination en Mésopotamie}}
Choisis par les dieux, les souverains de la Mésopotamie antique se devaient de rester en permanence à l'écoute du monde divin, avant tout par le biais de la [[divination en Mésopotamie|divination]], qui leur permettait de prendre connaissance des directives divines auxquelles il devait se conformer, que ce soit pour la nomination d'un fonctionnaire, l'opportunité d'une alliance, ou, assez souvent, d'affaires militaires, et plus généralement de tout ce qui concernait le royaume et le roi. La procédure divinatoire la plus pratiquée dans les cours royales de cette période est l'[[hépatoscopie]], divination dans le foie d'un agneau{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=91-94 et sq.}}{{,}}{{sfn|Charpin|2004|p=243-246}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Jacquet dans SDB|2008|loc=col. 373-375}}. Ces procédures sont documentées par de nombreuses lettres, les serviteurs du roi étant notamment tenus de faire des présages et de s'y conformer, et d'en informer le roi. Dans une lettre un serviteur du roi de Mari a reçu l'ordre de ne pas laisser partir des messages de Qatna tant qu'il ne recevait pas de présage favorable, or ils ont tous été défavorables et il ne lui reste plus d'agneaux à sacrifier alors qu'une caravane s'apprête à partir pour leur destination :
{{citation bloc| Dis à mon Seigneur : ainsi parle Iddin-Numušda, ton serviteur.
<br>Naguère, mon Seigneur m’a parlé de retenir l’expédition de Qaṭna. J’empêche ces gens de partir depuis 5 jours et, à force d’interrogations oraculaires, ils viennent d’épuiser leurs agneaux. Si cela agrée à mon Seigneur, qu’il m’écrive afin que ces gens ne soient pas empêchés de partir. Ils sont dans le plus complet désarroi. Une caravane est partie il y a 3 jours. Il faut qu’ils partent avec la prochaine caravane<ref>https://www.archibab.fr/T8371 (consulté le 07/03/2023)</ref>.}}
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D'autres fois le roi reçoit des injonctions divines qu'il n'a pas forcément désirées, en tout cas qu'il n'a pas sollicitées. Les dieux s'expriment à travers des personnes, en général rattachées à leur sanctuaire, par le biais de rêves ou par le prophétisme, phénomène bien connu par la Bible, pour lequel la documentation de Mari fournit les plus anciennes possibilités d'études de cas{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=74-78 et sq.}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 369-371}}. Les serviteurs du roi qui se trouvaient à proximité de ces sanctuaires, souvent situés à l'étranger, se devaient de rapporter chacun des messages divins prononcé à son intention, car cela relevait du devoir d'information qu'ils devaient à leur seigneur, ainsi que l'exprime le passage suivant d'une lettre adressée à Zimri-Lim par Nur-Sin, en poste à Alep, à propos de prophéties que le dieu Addu de Kalassu adresse au roi de Mari :
{{citation bloc|Auparavant, lorsque je résidais à Mari, le répondant et la répondante, quelque parole qu’ils me disent, je (la) répétais à mon Seigneur. Maintenant que j’habite dans un autre pays, ce que j’entends et ce que l’on me dit je ne (l’)écrirais pas à mon Seigneur ? Si, tôt ou tard, quelque catastrophe venait à se produire, mon Seigneur ne dirait-il pas ceci : « La parole que t’a dite le répondant, prétendant à ton territoire, pourquoi ne me (l’)as-tu pas écrite ? » En conséquence, j’ai écrit à mon Seigneur. Mon Seigneur est informé
=== Offrandes et organisation du culte ===
[[Fichier:Deesse protectrice AO 19077.jpg|thumb|Relief d'une déesse protectrice, mis au jour dans la cour 131 du palais royal. [[Musée du Louvre]].]]
L'entretien du culte occupe une grande place dans la fonction royale. Des offrandes sont faites aux grands dieux du royaume, et certaines donnent leur nom à des années : « Année où Zimri-Lim a fait une statue de la déesse Annunitum de Sehrum » ({{1re}} année) et « Année où Zimri-Lim a offert un grand trône au dieu Dagan de Terqa » ({{12e}} année){{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=258}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand dans SDB|2008|loc=col. 368}}. Zimri-Lim offre également aux divinités des pierres sacrées, [[bétyle]]s, qui symbolisent la divinité, et sont une des caractéristiques des religions du Levant qui les distinguent de celles de Mésopotamie{{sfn|id=LAPO|Durand dans SDB|2008|loc=col. 362-363}}.
L'organisation des sanctuaires reste mal connue. Ils sont supervisés par des administrateurs, et les biens sacrés appartenant aux dieux sont contrôlés par le roi, qui peut autoriser ses serviteurs à y faire des ponctions en cas de besoin{{sfn|id=LAPO|Durand dans SDB|2008|loc=col. 365-366}}.
Des princesses sont également consacrées comme prêtresses à des divinités, habitude courante dans les monarchies du Proche-Orient ancien. Inib-shina, fille de [[Yahdun-Lim]], consacrée au dieu Addu, a eu une grande importance au début du règne de Zimri-Lim{{sfn|Ziegler|1999|p=46-50}}. Erishti-Aya, une fille de Zimri-Lim, a été vouée en tant que religieuse-''naditum'' au dieu [[Shamash]] de [[Sippar]], l'une des principales divinités de la Mésopotamie, et a expédié plusieurs lettres à Mari dans lesquelles elle reproche souvent son isolement et sa détresse matérielle, qu'elle met en contraste avec son rôle qui consiste à prier pour le bien de sa famille{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=390-391 et sq.}}.
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<br>En outre, voilà que tu dois offrir les sacrifices pour la protection du palais ; tiens-toi devant les dieux !
<br>En attendant mon arrivée, montre-toi très vigilante ! En outre, une nouvelle qui t’arrivera(it) de n’importe où ou dont tu aurais ouï-dire, doit en urgence m’être ponctuellement transmise.
<br>Autre chose
Parmi les préoccupations liées au culte, l'organisation du calendrier occupe une place importante. En effet le pouvoir détermine quand s'achève et quand débute un mois (dont la durée est en principe fixée selon le cycle de la lune), et décide du moment où ajouter des mois intercalaires pour éviter que l'année de douze mois lunaires ne soit trop décalée par rapport à l'année solaire. Ces questions sont très importantes puisqu'elles déterminent le moment des actes rituels{{sfn|id=SDB|Jacquet dans SDB|2008|loc=col. 405-411}}. La lettre suivante, adressée par un grand-prêtre à Zimri-Lim, est relatif à des problématiques de calendrier cultuel, et demande au roi son avis afin que les rites puissent être accomplis de façon correcte ; on sait par une autre lettre que le roi dispose d'un catalogue sacré listant les fêtes du mois{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=128-129}}{{,}}<ref>https://www.archibab.fr/T8390 (consulté le 06/03/2023)</ref> :
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== La « maison » du roi ==
Le roi est servi et entretenu par un ensemble de personnes et de biens qui forme sa « maison », ce qui est le sens du terme rendu dans les textes cunéiformes par l'idéogramme É, lu en akkadien ''bītum''. Plus exactement, le roi est le chef de la « Grande Maison », É.GAL/''ekallum'', ce que l'on traduit en général par « Palais ». Il ne faut pas l'entendre seulement comme un édifice, mais aussi comme {{citation|une réalité économique définie par des moyens de production immeubles (terres arables, bois ou roselières) ou meubles (troupeaux) qui lui sont propres, distinctes de ceux des autres catégories sociales (nobles et ''muškênum'' pour les terres, auxquels s'ajoutent les nomades pour les troupeaux), à quoi il faut ajouter la main d'œuvre humaine, servile ou non, destinée soit à la production (tisserandes, cultivateurs [''âlik eqlim'']
Pour reprendre une terminologie moderne, il s'agit de ce qui relève de la sphère « privée » du roi, même si les études modernes présentent souvent le Palais comme une institution « publique » car elle dépend de l'autorité politique suprême et constitue le socle de son exercice du pouvoir, ses ressources étant mobilisées pour l'exercice de ses fonctions, notamment la guerre et la diplomatie (les catégories de public/privé et leurs imbrications dans le [[Proche-Orient ancien]] étant de toute manière l'objet de nombreuses discussions){{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 333-335}}. En ce sens, il peut être considéré que la notion antique de « Palais » en tant qu'entité est ce qui s'approche le plus du concept moderne d’« État »{{sfn|Arkhipov|2022|p=344}}. Quoi qu'il en soit, en pratique le royaume de Mari est constitué d'autres « maisons », qui dépendent de notables, de dieux (les temples), et de gens du commun (les foyers humbles), la maison du roi étant la plus importante et la plus puissante. Le pouvoir royal a donc un aspect patrimonial très prononcé, qui se repère notamment par le fait que les hauts dignitaires du roi se conçoivent comme ses domestiques ou serviteurs{{sfn|Charpin|2004|p=249-250}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 335}}. L'aspect personnalisé de l'exercice du pouvoir se voit aussi dans le fait que le roi exige à plusieurs reprises des prestations de serments de la part de ses fonctionnaires et du personnel du palais, comme il le fait du reste avec tous ses subordonnés, sujets et vassaux{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=168-169}}.
Les archives royales de Mari documentent abondamment les activités de la maison du roi et de son personnel.
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=== Le palais royal de Mari ===
{{Article détaillé|Palais royal de Mari}}
[[Fichier:Palais royal de Mari plan ZL.png|thumb|left|Plan du palais royal sous le règne de Zimri-Lim. 1. cour d'entrée 2. intendance (''bīt tertim'') 3. cour du bâtiment aux peintures 4. temple de la Dame du palais (''Bēlet ekallim'') 5. cour du palmier 6. vestibule (''papahum'') 7. salle du trône 8. harem, maison des femmes 9. logements des serviteurs 10. cuisines 11. secteur administratif de la maison des femmes 12. porte de Nergal.]]
[[Fichier:Mari Palazzo di Zimri-Lim - GAR - 7-01.jpg|thumb|Les ruines de la cour du palmier du palais royal (en 2004).]]
[[Fichier:Goddess of the vase, Mari,18th century BCE.jpg|thumb|La statue de la déesse au vase jaillissant, qui se trouvait dans le ''papahum''. [[Musée national de Damas]].]]
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Les textes fournissent diverses informations sur l'organisation du palais. Une lettre adressée par Zimri-Lim, alors en déplacement, à sa mère Adda-duri indique ainsi que ce grand amateur de chevaux souhaite qu'une partie de la cour aux peintures soit convertie en étable (voire en sorte de « zoo » puisqu'on y trouvait d'autres animaux), qu'il pouvait contempler depuis les appartements royaux{{sfn|Durand|2000|id=LAPO|p=290-292}} :
{{citation bloc|Dis à Addu-duri
<br>Je ne cesse d’entendre parler des chevaux blancs qui proviennent de Qaṭna ; ils sont de bonne qualité. Hé bien ! le jour où tu prendras connaissance de cette tablette de moi, dans la cour du bâtiment aux peintures, à la porte des gardes, afin qu’il y ait de l’ombre pour protéger contre la chaleur du jour, que l’on fasse une écurie ; que l’on jonche de roseaux ; que ces chevaux y gîtent ; qu’on leur apporte du grain.
<br>En outre, ne montre pas de négligence envers ces directives de moi. L’étable pour ces chevaux doit être faite devant mes appartements …
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</ref>}}
En revanche rien n'indique que le palais de Mari ait joui d'une renommée particulière en son temps. Pendant longtemps la première lettre de Mari publiée par G. Dossin a été comprise comme témoignant de cela : adressée par le roi d'Alep pour le compte d'un roi d'[[Ugarit]] (sur la côte syrienne), selon la première traduction elle évoquait le désir de
=== Autres résidences royales et voyages ===
[[Fichier:Mari Ville III ZL.png|thumb|Localisations des principaux bâtiments fouillés à [[Mari (Syrie)|Mari]] existant à l'époque de Zimri-Lim.]]
D'autres palais pouvaient être occupés par le roi ou des membres de la famille royale. Le « petit palais oriental » mis au jour à Mari, construit vers 2100-2000 av. J.-C., et réaménagé du temps de [[Yasmah-Addu]], est confié au début du règne de Zimri-Lim au devin Asqudum, époux de la princesse Yamama. Vers la fin du règne, il semble que la reine Shibtum y ait résidé{{sfn|Charpin|2004|p=266}}{{,}}{{sfn|Ziegler|1999|p=12-13}}{{,}}{{sfn|Margueron|2004|p=446-451}}.
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En dehors de la capitale, des palais royaux ont été identifiés par les textes dans les capitales provinciales ([[Terqa]], [[Saggaratum]], Qattunan). On en trouve ailleurs, sur des domaines royaux : un palais est par exemple documenté dans la localité de Hishamta, mais il est alors en déshérence puisqu'il n'est plus occupé que par une vieille femme{{sfn|Charpin|2004|p=267}}{{,}}{{sfn|Ziegler|1999|p=12-15}}.
Mais Zimri-Lim ne réside pas forcément en permanence dans des palais. Selon J.-M. Durand, il pourrait avoir habité lors de périodes prolongées sous la tente, dans un « village de tentes » implanté dans les faubourgs des villes ou dans la steppe, pas forcément moins confortable que le palais royal qui devait être dans un état délabré au début de son règne<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jean-Marie| nom1=Durand |titre=Le problème des haBirum et l’étymologie du terme “hébreu” |périodique= Cours et travaux du Collège de France|volume= 2004/5|année=2004|passage= 564|lire en ligne= https://www.college-de-france.fr/sites/default/files/documents/jean-marie-durand/UPL19772_durandres0405.pdf}}</ref>.
Zimri-Lim effectue plusieurs voyages hors de son royaume durant son règne, notamment pour des campagnes militaires, et s'absente donc longuement de ses palais royaux. La reine [[Shibtu]]m semble alors jouer le rôle de régente{{sfn|Charpin|2004|p=268}}. Le voyage le mieux documenté est celui qu'il accomplit durant sa {{9e}} année de règne dans le royaume du [[Yamhad]] et qui le conduit jusqu'à [[Ugarit]], sur le littoral de la Méditerranée{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=214-216}}{{,}}<ref>{{Article| langue=fr|auteur=Pierre Villard|titre=Un voyage du roi de Mari à Ugarit| périodique=Ugarit Forschungen|volume=18|année=1986 |passage=387-412 }}</ref>. Zimri-Lim est notamment accompagné par son épouse Yataraya, son secrétaire Shu-nuhra-Halu, et Darish-libur qui gère l'intendance. Le voyage est connu par divers documents administratifs enregistrant les mouvements de biens pendant le voyage, dont des récapitulatifs, ses diverses étapes étant l'occasion d'échanges de présents avec d'autres cours, dont celle du Yamhad (le roi Yarim-Lim, la reine Gashera, des musiciennes du roi), et de dons à des divinités. Les documents administratifs produits à ces occasions sont datés et localisés, ce qui permet de suivre le trajet de Zimri-Lim. Il s'absente en tout durant un peu moins de 6 mois, dont un mois passé à Ugarit. En plus de ces aspects diplomatiques et religieux, le voyage est aussi l'occasion de commercer puisque sont faits divers achats de matières premières ; Zimri-Lim rencontre des marchands crétois à Ugarit. Mais les motivations principales du voyage sont inconnues : au départ Zimri-Lim vient assister le roi du Yamhad qui fait face à une révolte d'un vassal (qui se rend finalement avant le combat), mais on ne sait pas pourquoi il ne retourne pas directement dans son royaume.▼
En tout cas, après avoir probablement mené une vie marquée par des périodes d'itinérance avant sa prise de pouvoir, Zimri-Lim effectue plusieurs voyages hors de son royaume durant son règne, notamment pour des campagnes militaires, et s'absente donc longuement de ses palais royaux. La reine [[Shibtu]]m semble alors jouer le rôle de régente{{sfn|Charpin|2004|p=268}}. Certains voyages ont des motivations religieuses et s'apparentent à des pèlerinages : celui qu'il effectue à Terqa pour se rendre dans le temple du dieu Dagan au début de son règne, et ceux qu'il effectue chaque année à Der dans le temple de la déesse Deritum<ref>{{Chapitre|langue=en|prénom1=Cinzia |nom1= Pappi|titre= Religion and Politics at the Divine Table: the Cultic Travels of Zimrī-Līm|auteurs ouvrage= Gernot Wilhelm (dir.)|titre ouvrage= Organization, Representation, and Symbols of Power in the Ancient Near East: Proceedings of the 54th Rencontre Assyriologique Internationale at Würzburg, 20–25 July 2008| lieu= Winona Lake|éditeur=Penn State University Press, Eisenbrauns|année= 2012|passage=579-590}}.</ref>.
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=== Les reines, le harem et la domesticité du palais ===
Une grande unité du nord-ouest du palais royal a été identifiée comme la zone principale consacrée à la résidence des femmes de la maisonnée du roi, avant tout parce que des lettres de la correspondance des femmes du palais y ont été trouvées{{sfn|Ziegler|1999|p=15-16}}, mais la maison des femmes semble avoir été plus étendue{{sfn|Margueron|2004|p=486-487}}. Des secteurs similaires se trouvaient dans les autres palais royaux. Les historiens parlent à ce propos de « harem », même si l'emploi du terme dans le contexte du [[Proche-Orient ancien]] est débattu{{sfn|Ziegler|1999|p=5-8}}. Son accès est sans doute contrôlé, et même interdit à certaines heures, mais ce n'est pas un lieu complètement fermé, puisqu'au moins une partie des femmes peut en sortir pour des déplacements, et également recevoir des gens venus de l'extérieur{{sfn|Ziegler|1999|p=30-32}}. Elles sont connues par les lettres de la correspondance féminine, et surtout par des textes administratifs, des listes qui enregistrent les livraisons de rations à ces femmes, en les classant dans un ordre qui semble refléter leur hiérarchie{{sfn|Ziegler|1999|p=21-25}}.
Cet ensemble est avant tout la résidence des épouses du roi, de ses filles et ses sœurs non mariées ou consacrées à une divinité, et de ses fils. La mère du roi, Addu-duri, y réside au moins au début du règne et semble avoir joué un rôle important, au moins pour le culte. Mais elle semble être partie vivre ailleurs à un moment{{sfn|Ziegler|1999|p=50}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=273-275}}. La dignité de reine (''šarratūtum'') est un statut réservé dans les cours amorrite à l'épouse royale de plus au rang, qui est en principe celle qui a la plus haute naissance, la reine étant désignée par le terme ''bēltum'', « Dame » (féminin de ''bēlum'' « Seigneur »){{sfn|Ziegler|1999|p=42-44}}. Dam-hurasim et Shibtum, toutes deux filles de roi de premier rang (respectivement [[Qatna]] et [[Alep]]), jouissent donc du statut le plus important. Pour la majeure partie du règne, la correspondance indique que le rôle dominant est joué par Shibtum, qui prend une place importante dans l'administration de la maison des femmes, dans l'économie palatiale et aussi le culte, obtient le plus de servantes. En principe Dam-hurasim aurait plutôt dû avoir la primauté en raison de son ancienneté, mais sa position semble plutôt avoir reculé, bien qu'elle reste la mère de l'héritier présomptif. Cette situation se traduit par le fait que les deux peuvent être désignées par le titre ''bēltum''{{sfn|Ziegler|1999|p=54-56}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=264-266 et 304-305}}. Le statut élevé d'Addu-duri, de Dam-hurasi et Shibtu de se voit également par le fait qu'elles disposent d'un patrimoine propre, une « maison », indépendante de celle du roi. Il est d'ailleurs expressément prévu lors de la venue de Shibtu à Mari qu'elle doit se voir octroyer une maison à elle{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=152}}.
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<br>En outre, donne des instructions à Mukannišum afin que la beauté du reste des tisseuses que tu lui confieras ne s’altère pas<ref>https://www.archibab.fr/T8687 (consulté le 31/01/2023)</ref>.}}
Le personnel féminin du palais exerce comme divers métiers<ref name=jcs741>{{Article|langue=fr|auteur=Brigitte Lion et Cécile Michel|titre= Les métiers féminins dans les palais et grands domaines de Syrie et Haut-Mésopotamie au début du {{IIe}} millénaire av. J.-C.|périodique= Journal of Cuneiform Studies|année= 2022|volume= 74 |numéro=1|passage=17-33.}}</ref>. La domesticité des femmes du palais, également féminine, comprend des chambrières, sans doute chargées du nettoyage, et des femmes scribes (pour la rédaction des lettres voire de documents administratifs){{sfn|Ziegler|1999|p=89-92}}. D'autres servantes sont rattachées directement à une des reines, Shibtum en ayant dix-huit à la fin du règne{{sfn|Ziegler|1999|p=96}}. Le personnel féminin des cuisines, placé sous la direction de l'administrateur Ilu-kan, comprend une cinquantaine d'« intendantes » (''abarrakkatum'') au sens large, mais dans le détail il y avait des « économes » chargées de la gestion des réserves (notamment Aba-duga qui avait déjà un rôle important sous le règne précédent), des cuisinières et autres spécialistes de la préparation de certains aliments (boulangères, brasseuses de bière) et des auxiliaires (meunières, puiseuses){{sfn|Ziegler|1999|p=98-108}}. Les nourrices (''mušeniqtum'') comprennent les nourrices à proprement parler, allaitant les enfants en bas
La population du palais est ensuite constituée d'autres serviteurs qui sont cette fois-ci des hommes. C'est notamment la garde du palais. Les textes administratifs évoquent aussi une catégorie de domestiques appelés ''ša ṭemmennî'' (« (en charge) des logements »), les porteurs du palanquin royal (''nūbalum'') et ceux chargés de la tente et des affaires du roi lors de ses déplacements. Tout ce personnel ne réside probablement pas au palais. Plus près du roi, on trouve des échansons, responsables de la vaisselle du roi (voire de ses autres biens), et des barbiers, le barbier du roi étant une personne de confiance (parce qu'on lui confie le rasoir qui coupe la barbe du roi ?), ainsi que des valets de chambre. Les domestiques les plus importants sont désignés par le terme ''kirisakkum'', sont proches du roi au quotidien, et leurs attributions concernent plus largement l'administration des biens du palais. Ces domestiques masculins se trouvent aussi dans l'entourage des femmes du palais, proximité étonnante pour l'époque, qui pourrait indiquer qu'il s'agit de membres de la famille royale (dont des fils que le roi a eu avec des concubines et qui n'ont aucun droit au trône ?) voire des eunuques<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Nele|nom1= Ziegler|titre= Les hommes au service du roi de Mari ({{XVIIIe}} s. av. J.-C.)|périodique=Comptes-rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres|année= 2019 |passage=87-119 |lire en ligne=https://shs.hal.science/halshs-03511264/document}}.</ref>.
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Une liste récapitulant les distributions d'huile pour un mois fournit ainsi dans une section un aperçu de la diversité de la population rattachée au palais :
{{citation bloc|(pour) le palais : pour 2 femmes à 2 qa chaque, pour 3 femmes à 1 1/2 qa chaque, pour 3 femmes à 1 qa chaque, pour 182 femmes à 1/2 qa chaque, pour 8 femmes à 1/3 qa chaque, pour 117 femmes à 15 sicles chaque, pour 35 femmes à 8 1/2 sicles chaque et pour 15 portiers à 15 sicles chaque ; 3 qa de ration d’huile pour 3 nourrices-''mušêniqtum'' ; 69 qa de ration d’huile (pour) les Bédouins du service de Kalalum (''la garde rapprochée du roi'') : pour 1 homme à 1 qa, pour 6 hommes à 2/3 qa, pour 10 hommes à 1/2 qa, pour 237 hommes à 1/3 qa chaque ; 13 1/3 qa 5 sicles de ration d’huile (pour le service) du ''ṭemmennum'' : pour 1 homme à 2/3 qa, pour 1 homme à 1/2 qa, pour 49 hommes à 15 sicles chaque ; 5 qa 10 sicles de ration d’huile (pour le
La question de savoir qui résidait effectivement dans le palais royal est débattue : cela ne pose pas de question pour le roi et ses femmes et enfants, au moins une partie de la domesticité et de la garde devant être présentes en permanence pour leur service et leur sécurité, mais qui de plus ? L'espace disponible était vaste, mais pas forcément suffisant pour héberger tout le personnel évoqué dans les tablettes, et c'est peut-être en raison d'une surpopulation du palais que d'autres lieux de la capitale, comme le petit palais oriental, ont été réaménagés durant le règne de Zimri-Lim. La majeure partie de la population féminine semble avoir résidé au palais, en revanche ce n'est pas forcément le cas pour la majeure partie de la population masculine{{sfn|Ziegler|1999|p=16-19}}{{,}}{{sfn|Margueron|2004|p=187-188 est sceptique sur le manque d'espace}}. Quoi qu'il en soit, plusieurs secteurs servant de résidences aux serviteurs du palais ont été identifiés sur place, les plus nombreuses au sud-ouest dans la partie qui semble liée à la domesticité du roi, et les autres dans le secteur féminin au nord-ouest. Il s'agit de petites pièces voisines les unes des autres, dont les plus petites, dans la Maison des femmes, font 10-{{unité|11
=== Les principaux serviteurs ===
Les personnages qui constituaient l'entourage royal, y compris ses épouses, sont désignés par le terme ''wēdūtum'', les « uniques »{{sfn|Charpin|2004|p=258}}. Les inscriptions des sceaux-cylindres (connus par des impressions) des fonctionnaires et des épouses secondaires de Zimri-Lim les présentent comme les « serviteurs » et « servantes » du roi, en précisant rarement leur fonction, et parfois en ajoutant une formule glorifiant le roi (« roi puissant », « aimé de Dagan », « préposé de Dagan », « préposé d'Addu »){{sfn|Frayne|1990|p=628-649}}. Les hauts fonctionnaires sont plus précisément désignés dans des textes comme les « grands serviteurs » (''wardū rabūtum'') du roi, qui les nomme et peut les démettre selon sa volonté, et décide également ou non de les admettre dans son Conseil (''pirištum'', « secret ») où étaient divulguées les informations les plus importantes et sensibles qui ne devaient surtout pas s'ébruiter. Les missions que leur confie le souverain peuvent être variées, et dépendent de leurs liens personnels avec lui et de la confiance qu'il leur accorde. Les plus importants serviteurs peuvent être considérés comme des sortes de « ministres »{{sfn|Charpin|2004|p=258-260}}. Zimri-Lim a notamment pour proches conseillers
Ces relations ressortent de l'exemple d'un des personnages de la cour les mieux documentés, Asqudum, qui occupe une position parmi les premiers rangs des serviteurs proches du roi. Plusieurs éléments le concernant dessinent les caractéristiques des relations entre le roi et ses proches serviteurs. C'est un ancien serviteur de Yasmah-Addu, repris par Zimri-Lim malgré le mécontentement que cela à pu générer dans son entourage, peut-être parce qu'il avait pour épouse une fille de Yahdun-Lim, Yamama, et était donc lié à la famille royale. C'est un devin, spécialisé dans un art crucial pour l'exercice du pouvoir, même si on le voit rarement à l’œuvre dans cette tâche dans les textes datés du règne de Zimri-Lim (à la différence de ceux remontant au règne précédant). C'est un personnage de confiance du roi, qui le charge de missions importantes, notamment la négociation de son mariage avec Shibtum à Alep et la direction du convoi qui doit la conduire à Mari, ou des négociations diplomatiques et des affaires commerciales. Il tire profit de ses relations avec le roi, puisqu'il occupe le prestigieux « petit palais oriental », un poste de « maire » d'une localité, et se trouve à la tête d'un domaine foncier, d'autres textes indiquant qu'il dispose de vaisselle en métal<ref>{{chapitre| langue = en| prénom1= Dominique| nom1= Charpin| titre = Patron and Client: Zimri-Lim and Asqudum the Diviner | titre ouvrage = The Oxford Handbook of Cuneiform Culture | auteurs ouvrage= Karen Radner et Eleanor Robson (dir.)|éditeur= Oxford University Press| lieu = Oxford| année =2011| passage = 248-269}}.</ref>.
Des disgrâces sont également survenues : cela pourrait être le cas de la famille de Sammetar, un personnage éminent du début de règne de Zimri-Lim, lui aussi déjà en place sous Yahdun-Lim, ''šukkallum'', gouverneur de [[Terqa]] et bénéficiaire de nombreuses terres royales, dont la famille semble avoir été écartée après sa mort<ref>{{Chapitre|langue=en|auteur=Frans van Koppen|titre=
L'archéologie a mis au jour plusieurs résidences cossues de la période, situées à proximité du centre monumental. Outre le petit palais oriental déjà évoqué, qui est occupé au début du règne par Asqudum, des grandes résidences ont été mises au jour, le bâtiment E (au nord-ouest du palais) dont le premier état remonte à l'époque des ''Šakkanakku'' (vers 2000 av. J.-C. ou avant) mais qui est réaménagé à cette période, les grandes résidences orientale et occidentale. On ne connaît pas l'identité de leurs occupants, mais elles peuvent avoir été habitées par de hauts dignitaires du royaume{{sfn|Margueron|2004|p=451-455}}.
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=== Les gestionnaires du palais ===
Les tablettes administratives et épistolaires permettent de reconstituer la manière dont le palais contrôlait ses ressources économiques.
Les lettres donnent des informations sur les attributions et les activités des différents administrateurs. La suivante montre même que les renvois de responsabilités pouvaient se produire{{sfn|Arkhipov|2022|p=344}} :
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<br>La ville de Mari, le palais et le district, ça va.
<br>Autre chose : j’ai mené mon enquête à propos de la domesticité du palais. Sur les 400 personnes qui forment la domesticité du palais, une centaine a reçu son habillement et 300, pas du tout. À propos de ceux qui n’étaient point vêtus, j’en ai fait remontrance à Mukannišum et à Bali-Erah. Mukannišum m’a fait la réponse suivante : « Ce n’est point dans mes attributions ! C’est à Bali-Erah de les vêtir. » Or Bali-Erah m’a fait la réponse suivante : « J’ai habillé une centaine de personnes dépendant des artisans spécialisés, or ce n’est qu’une centaine qui représente mes attributions. Le reste, c’est à Mukannišum de les vêtir. »
<br>Voilà ce qu’ils m’ont répondu. Maintenant, puisque Ṣidqi-epuh se trouve chez mon Seigneur, mon Seigneur doit lui parler pour qu’il écrive à qui de droit et que l’on vête les domestiques du palais
Il a été relevé Yasim-Sumu avait la fonction majeure d'archiviste-comptable en chef (''šandabakkum''), qui comprenait le contrôle des stocks du palais, la récupération des domaines concédés à des fonctionnaires retournant sous la gestion du palais, la gestion de la main d’œuvre du palais. Il devait également se tenir au courant de l'état des récoltes, y compris en se déplaçant lui-même dans les domaines, et en tirer les conséquences quant à la gestion des greniers royaux disséminés dans tout le royaume<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Nele|nom1=Ziegler|titre= Gestion et contrôle d’après les archives du palais de Mari ({{XVIIIe}} siècle av. J.-C.) |périodique=Ktèma |année =2001|volume= 26 |passage=70-71| lire en ligne =https://www.persee.fr/doc/ktema_0221-5896_2001_num_26_1_2279}}.</ref>{{,}}{{sfn|Sasson|2015|p=150-153}}. Mukannishum, évoqué dans la lettre précédente, et qui occupe la fonction d'intendant (''šatammum''), est un autre homme-clé de la gestion du palais, responsable des réserves palatiales, qui a laissé un nombre important d'archives au palais{{sfn|Ziegler|2019|p=97-98}}{{,}}{{sfn|Sasson|2015|p=153-157}}.
Les femmes du palais ont un rôle économique non négligeable<ref>{{Chapitre|langue=en|auteur=Nele Ziegler| titre= Economic Activities of Women According to Mari Texts (18th century BC)|titre ouvrage= The Role of Women in Work and Society in the Ancient Near East| auteurs ouvrage= Brigitte Lion et Cécile Michel (dir.)| lieu=Berlin et Boston |éditeur= De Gruyter|année=2016 |passage=296-309 }}</ref>{{,}}<ref name=jcs741/>. La reine-mère puis la reine Shibtu dirigent la population féminine du palais et secondent le roi dans la gestion de sa maison, en particulier quand il est en déplacement. Les lettres montrent que Shibtu s'occupe de l'affectation du personnel féminin déporté au palais (musiciennes et ouvrières textiles), a un accès privilégié aux pièces et contenants scellés, d'autant plus qu'elle applique elle-même son sceau par endroits, et elle dispose de sa propre maison et d'une large marge de manœuvre puisqu'elle est impliquée dans des transactions, reçoit et envoie des présents, effectue des prêts. Comme vu précédemment le personnel féminin du palais comprend des intendantes et économes, qui sont notamment chargées de la gestion des cuisines{{sfn|Ziegler|1999|p=98-101}}, et des scribes qui produisent des documents comptables{{sfn|Ziegler|1999|p=106}}.
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Les artisans (''mārū ummēnī'') sont employés par le palais pour des travaux spécifiques. Leurs statuts semblent divers, certains sont assurément des dépendants du palais{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=221-222}}. Certains ateliers dépendant du palais, appelés ''nēpārātum'' (« ergastule » ?), semblent destinés à une population servile, internée dans ces lieux, où on trouve notamment des femmes tissant des étoffes et d'autres préparant des aliments{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=250-254}}. Parmi les métiers spécialisés, les métallurgistes employés par le palais font l'objet d'une surveillance poussée : un accord (''isiktum'') décrit les besoins de l'administration et la qualité du travail attendue, la matière première est fournie à l'artisan, et l'accomplissement de la tâche est suivi de près, par le biais de contrôles réguliers. La rareté du métal impose un suivi scrupuleux de celui-ci, par le biais de pesées vérifiant que rien n'ait disparu, sous la supervision de l'intendant Mukannishum{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=223-226}}. Les lettres documentent ainsi des fabrications ou réfections de statues et figurines divines, d'ex-voto, de palanquins, d'armes, de bijoux{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=230-256}}. Une autre activité artisanale importante est l'industrie textile. Dans plusieurs lettres le roi donne par exemple des instructions pour la confection de vêtements de luxe{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=271-278}}.
L'économie palatiale est marquée par la pénurie : plusieurs textes renvoient à la notion de ''hišitum'', c'est-à-dire ce qui manque, ce qui ne peut être produit par le palais. Cela concerne notamment des matières premières et produits finis de luxe (métaux, vin, huile d'olive) et on peut distinguer entre les biens qui font l'objet d'une consommation régulière et sont donc les plus souvent demandés (huile, vin, bois) et ceux demandés ponctuellement, en cas de manque imprévu (étain, céréales en période de disette){{sfn|id=SDB|Marti dans SDB|2008|loc=col. 285-288}}. Le palais peut se les procurer de différentes manières, mêlant cadeaux diplomatiques, commerce et connexions personnelles entre serviteurs royaux : par le biais des
Dans ce cadre, les marchands ne sont pas des agents du palais, dont ils restent indépendants, juste des intermédiaires auxquels il peut faire appel pour son approvisionnement, et aussi à l'occasion des agents de renseignement pour le pouvoir, leurs déplacements leur permettant de glaner de précieuses informations<ref name=michel96/>{{,}}{{sfn|id=SDB|Marti dans SDB|2008|loc=col. 290-291}}. Le roi perçoit par ailleurs un droit de douane sur les marchandises transitant par le royaume (''miksum''), qui n'ont pas forcément une grande importance financière{{sfn|id=SDB|Marti dans SDB|2008|loc=col. 290}}. Les rapports entre le palais et les marchands sont avant tout la responsabilité du « chef des marchands », fonction exercée sous Zimri-Lim par Iddin-Numushda, souvent nommé sous la forme abrégée Iddiyatum. Il exerce des activités dans le commerce, et est plus spécifiquement chargé de procurer du vin et des métaux au palais. Il reçoit à cette fin de l'argent ou de l'or qu'il confie à des intermédiaires qui partent chercher ces produits à l'étranger. Il supervise également les comptoirs (''karum'', « quai ») du royaume où sont établis les marchands étrangers, à Mari et à Saggaratum, ainsi que le bureau des douanes de Terqa{{sfn|Michel|1996|p=420-422}}.
Les activités militaires sont une donnée essentielle de l'économie palatiale. Elles mobilisent d'importantes ressources, pour la levée et l'entretien des troupes, leur rémunération et leurs gratifications, et génèrent aussi d'importants revenus puisque le roi dispose d'une part préférentielle du butin. Plusieurs inventaires enregistrent le butin effectué à la suite de conflits{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=405-408}}.
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=== Les stocks et leur contrôle ===
La gestion des stocks est cruciale pour l'économie palatiale. Les milliers de tablettes comptables datées du règne de Zimri-Lim documentent la distribution de rations aux serviteurs du palais, les distributions de matières premières aux artisans, et inventorient les biens emmagasinés dans le palais, notamment les biens de luxe<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Ilya Arkhipov et Grégory Chambon|titre= Pratiques comptables dans le palais de Mari au Proche- Orient ancien (début du {{IIe}} millénaire av. J.- C.)|auteurs ouvrage= Olivier Mattéoni et Patrick Beck (dir.)|titre ouvrage= Classer, dire, compter : discipline du chiffre et fabrique d’une norme comptable à la fin du Moyen Âge |lieu=Paris |éditeur= Comité pour l’histoire économique et financière de la France|année=2015|passage= 361–374}}.</ref>. Les biens stockés dans les magasins du palais sont placés dans des contenants et des pièces qui sont scellés. Le sceau royal est le plus important. Zimri-Lim disposait de deux sceaux à son nom, un employé par sa chancellerie afin de sceller ses lettres, et un autre employé par l'intendance du palais afin de sceller les documents administratifs, qui se présente sous deux formes. Il peut être utilisé par les plus hauts personnages de l'administration, notamment pour sceller les pièces de stockage de la vaisselle de luxe, et il faut un ordre du roi pour lever ses scellés. Les différents administrateurs sont peuvent sceller les biens dont ils ont la charge avec leur propre sceau, et là encore il semble qu'il faille un ordre royal pour que les scellements soient brisés par une autre personne que celui qui les a apposés{{sfn|Ziegler|2001|p=64-67}}. Des lettres attestent de cela, comme ici où il demande à la reine de préparer du vin pour Hammurabi de Babylone, avec l'aide de l'échanson Sidqum-masi, spécialisé dans le coupage du vin{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=335-336}} :
{{citation bloc|Dis à Šibtu : ainsi parle ton Seigneur.
<br>Hammu-rabi, roi de Babylone, m’a écrit pour avoir du vin. Voilà que je viens de te faire porter le sceau à monture. Ouvre l'entrepôt à vin, et que Ṣidqum-maṣi soit présent
<br>Autre chose : fais porter aux messagers de Babylone du vin de première qualité<ref>https://www.archibab.fr/T8678 (consulté le 22/02/2023)</ref>.}}
La gestion des réserves du palais repose également sur l'emploi de différents jeux de poids officiels, servant à contrôler les quantités de biens emmagasinées ou déplacées. Ils sont gérés par Mukannishum{{sfn|id=SDB|Chambon dans SDB|2008|loc=col. 446-448}}.
Différentes études ont pu être menées à partir de ces documents administratifs, conjugués aux lettres, organisées par type de bien, fournissant au passage des informations importantes sur différents aspects de la vie matérielle de l'époque qui ont fait l'objet d'études spécifiques : grain<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Grégory Chambon| titre= Florilegium Marianum XV|sous-titre= Les archives d’Ilu-kân : gestion et comptabilité du grain dans le palais de Mari| lieu=Antony|éditeur=SEPOA|année=2018}}.</ref>, huile<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=D. Duponchel |titre= Les comptes d’huile du palais de Mari datés de l’année de Kahat|auteurs ouvrage= Dominique Charpin et Jean-Marie Durand| titre ouvrage=Florilegium Marianum III : Recueil d'études à la mémoire de Marie-Thérèse Barrelet| lieu=Antony |éditeur= SEPOA|année=1997|passage= 201-262}}.</ref>, vin<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Grégory Chambon| titre= Florilegium Marianum XI|sous-titre= Les Archives du vin à Mari| lieu=Antony|éditeur=SEPOA|année=2009}}.</ref>, bronze<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Denis Lacambre|titre= La gestion du bronze dans le palais de Mari : collations et joints à ARMT XXI|auteurs ouvrage= Dominique Charpin et Jean-Marie Durand| titre ouvrage=Florilegium Marianum III : Recueil d'études à la mémoire de Marie-Thérèse Barrelet| lieu=Antony |éditeur= SEPOA|année=1997|passage= 91-124}}.</ref>, vaisselle de luxe, notamment les vases désignés par l'idéogramme GAL qui sont présents dans les principales cours de l'époque<ref name=arm31>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Michaël Guichard| titre=La vaisselle de luxe des rois de Mari|sous-titre=Matériaux pour le dictionnaire de babylonien de Paris - Tome II |collection= Archives royales de Mari |numéro dans la collection=XXXI|éditeur=Éditions recherches sur les civilisations| lieu=Paris|année=2006}}</ref>, parfums<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Francis Joannès|titre=La culture matérielle à Mari (V): les parfums|périodique= MARI : annales de recherches interdisciplinaires|volume=7|éditeur=Éditions recherches sur les civilisations| lieu=Paris|année=1993|passage= 205-250}}.</ref>, etc. Des inventaires de différentes catégories de biens à la disposition du palais sont effectués à plusieurs reprises durant le règne du souverain, notamment pour sa vaisselle de luxe. Cela se produit en particulier au début de son règne, le changement de régime ayant été un moment propice pour des vols dans son magasin. Des serviteurs du roi doivent alors prêter un serment dans lequel ils jurent de ne rien avoir dérobé, au risque de subir une malédiction divine{{sfn|Ziegler|2001|p=68-69}} :
{{citation bloc|Depuis l’intronisation de mon Seigneur Zimri-Lim, argent, or, pierre fine, bœuf, âne, esclave mâle ou femelle, étoffe, couverture, fourniture de luxe de qualité qui peut exister et qu’il est loisible qu’un humain quelconque prenne, je jure que je ne l’ai pas pris ni n’ai dit à quelqu’un de le prendre, peu ou prou, ni ne l’ai vendu, ni ne l’ai mis en dépôt pour ma succession, ni ne l’ai donné à quelque humain que ce soit en contre-don ou en cadeau.
<br>Argent, or, pierre fine, bœuf, âne, esclave mâle ou femelle, habit, couverture, fourniture de luxe de qualité qui peut exister, qu’il est loisible qu’un humain quelconque prenne,
=== Les repas du roi ===
La documentation de Mari fournit une quantité d'informations importante sur l'alimentation et les banquets dans le palais royal<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Nele| nom1=Ziegler|titre= Diplomatie à la table du roi| périodique=Dossiers d'archéologie|numéro=280|titre numéro=Banquets et fêtes au Proche-Orient ancien| mois=février|année=2003|passage=16-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1= Jack M.|nom1= Sasson|titre=The King's Table: Food and Fealty in Old Babylonian Mari|titre ouvrage= Food and Identity in the Ancient World|auteurs ouvrage=Cristiano Grottanelli et Lucio Milano (dir.) |lieu=Padoue|éditeur= S.A.R.G.O.N. Editrice e Libreria|année= 2004|passage= 179-215| lire en ligne=https://ir.vanderbilt.edu/bitstream/handle/1803/3914/Food%20and%20Fealty.pdf?sequence=1&isAllowed=y}}.</ref>. Le plus important groupe de textes administratifs, constitué d'environ {{formatnum:1300}} tablettes, sont ceux appelés « repas du roi » (''naptan šarrim''), des petits billets qui comportent une liste des denrées végétales sorties des réserves du palais pour les repas du roi (il ne s'agit pas des « menus » complets), avec l'indication de leur quantité, le total, et la date{{sfn|Ziegler|2003|p=23}}{{,}}{{sfn|Sasson|2004|p=181-186}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Charpin dans SDB|2008|loc=col. 244-245}}{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Nele Ziegler|titre=La comptabilité dans les cuisines d’un roi mésopotamien|périodique= Comptabilités |volume= 8 |année= 2016|lire en ligne= http://journals.openedition.org/comptabilites/1920}}.</ref>. Par exemple :
{{Vers|texte=580 litres de pain grossier,
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Ceux qui ont été retrouvés concernent les jours durant lequel le roi est présent à Mari ou dans son voisinage, pas quand il est en voyage, ce qui en fait une source appréciable pour documenter ses déplacements{{sfn|Ziegler|2003|p=23}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Charpin dans SDB|2008|loc=col. 244-245}}.
Les tablettes administratives et les lettres fournissent diverses informations sur les aliments, bien que leur identification ne soit pas toujours certaine. Elles documentent principalement des végétaux, base du régime alimentaire : avant tout des produits à base de céréales (surtout orge, aussi du blé, du froment), également des légumineuses (pois-chiches, lentilles, fèves) et autres légumes et condiments (poireaux, oignon, ail), des dattes, de l'huile, du miel ; des textes de distributions alimentaires aux femmes du palais attestent aussi de la consommation de fruits (figues, prunes, poires, pommes){{sfn|Sasson|2004|p=187-189}}. Les céréales servent à fabriquer diverses sortes de pains ou galettes, des gruaux ou bouillies, auxquels peuvent aussi être ajoutés des légumes et des fruits à
[[Fichier:Baking mold Mari Louvre AO18902.jpg|thumb|Moule à pâtisserie décorés d'animaux provenant des cuisines du palais de Mari. [[Musée du Louvre]].]]
Plusieurs installations de stockage alimentaire et de cuisine ont été identifiées dans le palais. Les entrepôts alimentaires semblent organisés suivant un principe hiérarchique : dans le secteur occidental ont été dégagées des pièces allongées où sont stockées des jarres maintenues à la verticale dans des banquettes aménagées à cet effet, avec des restes de scellés de jarres et des portes indiquant un contrôle de l'accès, peut-être les réserves destinées aux grandes occasions (banquets), d'autres magasins plus petit ayant été identifiés ailleurs, dans la maison des femmes, et enfin certains sont spécialisés dans le stockage de l'huile et du vin{{sfn|Margueron|2004|p=482-483}}. Deux secteurs de cuisine ont été identifiés : une unité dans la partie occidentale, proche de la salle du trône, dispose en son centre d'un grand four voûté et de salles de services autour, sans doute un secteur destiné à la cuisson des gâteaux et des pains{{sfn|Margueron|2004|p=465-466 et 492}}, comme l'indique la présence de moules à gâteaux décorés de motifs d'animaux et de femmes nues{{sfn|Margueron|2004|p=515-516}} ; une autre cuisine a été identifiée dans l'unité nord-est consacrée à l'intendance, avec une banquette comprenant quatre petits foyers et un plus grand{{sfn|Margueron|2004|p=492}}. Les textes concernant la population féminine indiquent que c'est parmi celles-ci que se trouvent les personnes travaillant aux cuisines du palais, sous la supervision des économes, certaines étant spécialisées dans la fabrication d'un type d'aliment précis (pains, ''mersum'', des types de bière), d'autres dans la transformation des produits céréaliers (« glaneuses » chargées de décortiquer les céréales, meunières chargées de les réduire en farine), et peut-être des porteuses de repas, placés dans des dispositifs visant à les tenir au chaud. Les textes indiquent également que deux scribes, Belti-lamassi et Eshtar-shamshi, sont attachées au service des cuisines, ce qui se retrouve dans une analyse paléographique des tablettes de « repas du roi » qui a indiqué que deux personnes les ont rédigées{{sfn|Ziegler|1999|p=98-108}}.
Le roi mangeait au moins deux fois par jour, le matin et le soir. Il était toujours accompagné, par des hauts dignitaires, sa garde, des représentants de cours étrangères. On ne sait pas si les épouses du roi l'accompagnaient lors de ses repas ; quelques textes documentent les « repas de la reine », pris par Shibtum avec un entourage restreint (sans doute ses enfants et suivantes) lorsque le roi était absent de la cour. Lors d'un repas normal (« intime ») du roi, au moins une vingtaine de personnes devait l'accompagner. Les banquets en revanche regroupent un plus grand nombre de personnes, peut-être jusqu'à un millier. Ils se tiennent en divers endroits du palais, notamment le ''papahum'' et les deux cours, et aussi dans des jardins{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=67-68}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2003|p=17}}{{,}}{{sfn|Sasson|2004|p=197-201}}.
Le banquet royal fait l'objet de grandes attentions en raison des nombreux enjeux politiques qui l'entourent<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Dominique Charpin| titre=Les usages politiques des banquets d’après les archives mésopotamiennes du début du {{IIe}} millénaire av. J.-C.|auteurs ouvrage=C. Grandjean, C. Hugoniot et B. Lion (dir.)|titre ouvrage= Le banquet du monarque dans le monde antique|éditeur= Presses Universitaires de Rennes, Presses Universitaires François Rabelais|lieu= Rennes|année=2013|passage= 31-52}}.</ref>. Cela concerne en particulier les réceptions de diplomates étrangers. Lorsqu'ils résident au palais, le roi doit pourvoir à leurs besoins, dont leur alimentation, et il arrive qu'ils se plaignent d'être mal reçus. Des discussions politiques importantes peuvent avoir lieu lors de ces réceptions. C'est dans ce contexte que transparaissent les questions d'étiquette et de protocole entourant les banquets royaux : le placement des convives est lourd de symboles, la proximité du roi étant une marque d'honneur (et une possibilité de discuter directement avec lui), de même que le fait de partager ses plats, et les pratiques de politesse et d'hommage à un personnage de rang élevé sont précisément étudiées{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=71-74}}{{,}}{{sfn|Ziegler|2003|p=19-21}}{{,}}{{sfn|Sasson|2004|p=201-205}}. Une lettre fragmentaire fait allusion à un incident lié à la question du nombre de fois qu'il fallait s'incliner :
{{citation bloc|… Ils s’inclineront 3 fois ; lorsqu’ils entreront pour le repas, ils s’inclineront de la même façon 3 fois. » J’avais (alors) dit : « Il suffira de s’incliner 2 fois ; (mais) lorsqu’ils seront assis face à moi pendant le repas, ils devront s’incliner en fonction du nombre des plats que je leur présenterai. »
<br>Tes serviteurs siégeaient donc en ma présence pour le repas (quand), sur le gruau dont je m’étais régalé, j’en ai laissé et l’ai présenté à l’un de tes serviteurs. Il s’est incliné. Je me suis dit : « Le gruau lui plaît. » J’en ai donc rajouté et du gruau, une seconde fois, [je lui en ai présenté]. Il l’a pris sans
Le roi affirmait son statut non seulement par la qualité des mets présentés à sa table, mais aussi par celle de la vaisselle de luxe dont il disposait. Les objets précieux en métal ayant été refondus dans l'Antiquité, il faut se tourner vers les textes d'inventaire les concernant (environ 300 documents) pour les connaître<ref name=arm31/>. Les vases sont en or et en argent, également en bronze, parfois en faïence et en pierres semi-précieuses ou en fer. Ils sont rangés dans des réserves disposant de banquettes aménagées à cet effet, où ils étaient enfermés sous scellés, et séparés en plusieurs stocks ayant des responsables différents, sans doute sous la supervision de l'échanson. Au moment de son expédition en Syrie dans sa neuvième année, Zimri-Lim dispose d'environ 300 vases d'argent et 50 d'or, soit respectivement 90 et 30 kilogrammes. La fréquence des inventaires s'explique par la le fait que la rotation de ces stocks semble rapide, notamment en raison des entrées et sorties liées à leur usage en tant que présents. Des orfèvres sont employés pour produire ce type d'objets, parfois en refondant des plus anciens. Les listes ordonnent les objets suivant leur matière, leur poids, leur volume, leur fonction. Les formes courantes sont des chaudrons, des grosses jarres, des bassins, des aiguières, des vases à boire, ces derniers représentant une forte proportion des vases en or et en argent. Ils semblent richement ornés, décorés par des gravures ou reliefs légers, ou encore des protomés, empruntant parfois leurs formes à des fruits ou des animaux. Les textes ne précisent cependant pas les usages de ces vases, et il est possible qu'une partie soit seulement exposée lors des banquets<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Michaël| nom1=Guichard|titre= La vaisselle de luxe du roi de Mari| périodique=Dossiers d'archéologie|numéro=280|titre numéro=Banquets et fêtes au Proche-Orient ancien| mois=février|année=2003|passage=68-74}}</ref>. La gestion de la vaisselle de luxe lors des banquets, ainsi que la charge de couper et de servir le vin sont confiées à des échansons (''zamardabbum'', ''šāqûm''){{sfn|Sasson|2015|p=157}}.
=== Musiciennes, musiciens et saltimbanques à la cour ===
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== Contrôle des territoires et des populations ==
Il est assez difficile de résumer (et de cartographier) le royaume de Zimri-Lim à la manière d'un État moderne. En particulier, comme l'indique sa double titulature de roi de Mari et des Bédouins, le domaine sur lequel s'exerce l'autorité de Zimri-Lim, il domine à la fois des populations sédentaires et des populations nomades, or ces dernières franchissent souvent les limites frontalières. Une terminologie de l'époque, établie en fonction de la population, distingue le royaume de Zimri-Lim proprement dit, zone de peuplement sédentaire le long des rives du fleuve (''namlakātum'' ; aussi le « pays » ''mātum''), et les zones steppiques de parcours des nomades sujets de Zimri-Lim (''nawūm''){{sfn|Charpin|2008|loc=col. 257}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 344}}.
Mais, au-delà de cette dichotomie, il est également le détenteur de plusieurs autres types d'autorités qui varient en nature aussi bien qu'en intensité, et rencontrent beaucoup de limites. Selon le tableau dressé par J.-M. Durand : {{citation|Dans la région de Mari, on voit le bensim'alite Zimrî-Lîm (a) s'établir dans une ville du {{IIIe}} millénaire, qui n'était plus ce qu'elle fut jadis, en s'accommodant d'un palais dont il n'avait pas décidé de la disposition; (b) tolérer - dans un premier temps - des puissances au moins autonomes à quelques kilomètres de sa capitale à qui il concédera dans un deuxième temps un certain droit de tenure ; (c) régir de façon directe des territoires manifestement hors du royaume comme toute la vallée de l'Euphrate à l'aval d'Abu-Kémal jusqu'aux portes de Babylone ou à l'amont de Dêr ez-Zôr jusqu'à la passe de Halébiyé, comme le Habur de l'amont de Saggarâtum jusqu'aux environs de Hasséké ; (d) regrouper autour de lui une confédération brouillonne de princes de la Djéziré, eux-mêmes regroupés en plusieurs ligues (très mouvantes) ; (e) installer dans certains centres majeurs comme Tuttul un ''hazzannum'' (traduit burlesquement par « maire » aujourd'hui, mais qui, en fait, représentait une sorte de ministre plénipotentiaire dont la présence assurait la primauté de son maître au sein de la communauté soumise) ; (e) conclure des alliances de parenté avec des États plus importants qui se sentaient au moins ses égaux comme les royaumes de Razamâ ou de Kurdâ, peut-être d'Andarig dont le roi lui concédait le titre de « frère aîné » ; enfin, (f) acquérir à l'étranger d'importants territoires, peut-être à des fins d'approvisionnement en matières de première nécessité, opération à l'occasion de laquelle on se rend compte qu'il possédait déjà des terres loin de chez lui sur la région côtière du royaume d'Alep. Mais la véritable force de ce roi de Mari venait (g) de la fidélité que lui avaient jurée d'importantes ethnies bédouines, fer de lance de son armée et grâce auxquelles il pouvait intervenir sur tous les fronts du Proche-Orient{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 311-312}}.}}
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=== Le « pays de Mari » et les provinces ===
Le territoire sur lequel s'exerce l'autorité directe de Zimri-Lim est désigné comme le « pays de Mari » (''māt Mari'') ou les « Bords-de-l'Euphrate » (''Aḫ Purattim''). En tout, il est estimé qu'il comprend entre {{formatnum:35000}} et {{formatnum:60000}} habitants (population sédentaire){{sfn|id=SDB|Charpin dans SDB|2008|loc=col. 246}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 348}}.
Il est divisé en provinces, dont les chefs-lieux sont situés à [[Mari (Syrie)|Mari]], [[Terqa]], [[Saggaratum]] et Qattunan<ref>Sur le système provincial sous Zimri-Lim : {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Brigitte|nom1= Lion|titre= Les gouverneurs provinciaux du royaume de Mari à l'époque de Zimrî-Lîm |auteurs ouvrage= Jean-Marie Durand et Dominique Charpin (dir.)|titre ouvrage= Amurru 2. Mari, Ébla et les Hourrites, Dix ans de travaux|lieu=Paris|éditeur= Éditions Recherche sur les Civilisations|année= 2001|passage= 141-209}}</ref>. Une autre province est constituée dans le courant du règne autour de Nahur, dans le Khabur, sans continuité territoriale avec les autres. Elles sont dirigées par des gouverneurs (''šapitum''), dont certains sont bien connus grâce aux lettres qu'ils ont adressé : Kibri-Dagan de Terqa, [[Bahdi-Lim]] de Mari et [[Yaqqim-Addu]] de Saggaratum. D'après ce qui ressort de leur correspondance avec le roi, les gouverneurs se chargent de la gestion du domaine royal, et de divers rapports avec la population de leur district, notamment de questions de sécurité et de police (ils avaient des garnisons provinciales dont des corps de « gendarmes » appelés ''bazahātum'', « commandos d'intervention »), de justice et des efforts collectifs que sont la conscription et l'entretien des canaux. Ils sont assistés par deux auxiliaires, qui s'occupent exclusivement du domaine royal : le « père de la maison » (''abu bītim''), une sorte d'intendant, et un « arpenteur » (''ša sikkatim'') responsable des terres{{sfn|Durand|1997|id=LAPO|p=157-158}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 351}}.
Dans cette lettre Kibri-Dagan informe le roi que de l'or, autrefois pillé sur un roi ennemi vaincu et offert à un temple de son district, a été volé et qu'il a entrepris de le rechercher en promulguant un édit, puis dit être parvenu à le retrouver avec un coupable potentiel qu'il envoie au roi{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=231-232}} :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>Naguère, j’ai promulgué un édit pour le district en ces termes
<br>Or on a aperçu un morceau d’or en possession de serviteurs de Pi-kama-El et on me les a amenés. Ils m’ont dit
<br>Zakira-Hammu apprit que je leur avais fait cette réponse et il envoya chez moi Pi-kama-El, disant
<br>À l’heure actuelle, voilà que j’ai mis sous scellés le morceau d’or et que je l’ai envoyé chez mon Seigneur. Je viens de faire conduire Pi-kama-El, propriétaire de l’or, chez mon Seigneur.
{Je m’occupe de ramener cet or.}<ref>https://www.archibab.fr/T8479 (consulté le 06/01/2023)</ref>}}
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Dans la lettre suivante le même relate ses efforts pour remettre en état un canal, malgré le peu d'hommes à sa disposition, et les critiques auxquelles il fait face{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=601-602}} :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>Depuis 5 jours, je me trouve avoir entrepris à Bit-Yaptaharna le travail qui concerne le canal Išim-Yahdun-Lim. Or ce travail que j’exécute n’est pas mince. C’en est même un de considérable
<br>Autre chose
L'échelon local est confié au « maire » ou « scheikh » (''sûgagum''), assisté d'un lieutenant (''laputtûm''). Ils ne semblent pas impliqués dans la gestion du domaine royal, mais semblent plutôt être des chefs coutumiers jouant le rôle d'intermédiaires entre l'administration palatiale et les particuliers qui n'en dépendent pas, notamment l'organisation des recensements, et des mobilisations pour l'armée ou les corvées{{sfn|Durand|1997|id=LAPO|p=206-208}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 351}}. On trouve également au niveau local des conseils d'Anciens (''šībūtum'').
Ces fonctionnaires sont nommés par le roi, et ne doivent en principe leur autorité qu'au fait qu'elle est déléguée par le souverain. En pratique, il est probable que le roi les choisisse parmi les grandes familles ou tribus locales. Ils doivent verser un présent au roi en guise d'hommage, et en contrepartie ils se voient confier des domaines royaux afin d'en tirer des revenus, qui sont restitués à la couronne à leur mort{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 257-258}}.
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Hit, ville frontalière entre les royaumes de Mari et de Babylone, constitue un autre cas particulier, puisqu'elle est disputée entre les deux, qui y ont chacun placé des fonctionnaires<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Sylvie Lackenbacher|titre=L'affaire de Hît|titre ouvrage=Archives royales de Mari|volume=26/2|année=1988|passage=451-457|lire en ligne=http://www.archibab.fr/archidoc/ARM_26_2.pdf}}</ref>. La situation de cette ville empoisonne les relations entre les deux au moment où ils doivent nouer leur alliance contre l'Élam. Pour Hammurabi, ainsi que le rapportent les émissaires mariotes à Babylone, sa possession revêt une grande importance puisqu'elle dispose de sources de bitume qui sert à calfater les bateaux, or le transport fluvial est très important en Basse-Mésopotamie :
{{citation bloc|(''Hammurabi :'') « ... la ville de Hit [...] et c’est au sujet de cette ville que les plus grandes difficultés ont [été faites.] Depuis quatre ans cette affaire n’est pas réglée entre Zimri-Lim et moi : il n’y a pas […] ; que l’affaire de la frontière (soit remise à) plus tard. Enlevez Hit de la tablette d’engagement sur la vie, que je puisse m’engager par serment, puis prenez la tête de(s) troupes et faites route. Lorsque le but sera atteint, qu’alors les rois nos frères siègent et nous rendent un jugement : je me soumettrai au jugement qu’ils prononceront. » Voilà ce qu’il m’a déclaré et je lui ai répondu ainsi : « Mon seigneur a réuni pour toi les secours du pays tout entier et mon seigneur a marché contre l’adversaire et l’ennemi qui te cernaient, pour l’abattre et pour arracher du pays d’Akkad la griffe de l’ennemi. Pour (tout) le bien (que t’a fait) mon seigneur, renonce à ces villes qui sont le lot de mon seigneur
Zimri-Lim a procédé à diverses consultations oraculaires pour savoir s'il devait ou non laisser la ville à Hammurabi, mais il renonce à tout compromis. Il tient peut-être à sa possession pour des raisons religieuses, car c'est là que se déroulent les ordalies fluviales (voir plus bas), ce qui indique qu'elle a un statut religieux important. L'affaire est finalement laissée de côté afin de conclure l'alliance militaire devant l'urgence provoquée par l'offensive élamite :
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{{citation bloc|À notre seigneur dis ceci : ainsi (parlent) Abumekin et La’um, tes serviteurs.
<br>Je suis arrivé à Babylone et j’ai exposé toute l’affaire devant Hammurabi.
<br>Je l’ai entrepris au sujet de l’engagement sur la vie, mais au sujet de Hit il a fait complètement obstacle. Il a cherché à me faire quitter le sujet mais je n’y ai pas consenti, j’ai conduit l’affaire comme il convenait, j’ai pu faire face et j’ai fait jeu égal avec lui. (Le cas de) Hit reste à juger<ref name="ref_auto_1">https://www.archibab.fr/T7766 (consulté le 05/11/2022)</ref>.}}
La question n'est réglée que par la conquête de Mari par Babylone.
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Zimri-Lim est également le chef de groupes nomades, par le biais de son autorité sur des groupes de « Bédouins », ''hanû'' dans les textes, c'est-à-dire « ceux qui vivent sous la tente »{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 299}}. Il convient cependant de préciser qu'il ne faut pas confondre appartenance tribale et mode de vie nomade : en effet une partie de ces groupes vit de manière sédentaire dans des villages, alors que l'autre nomadise, se déplaçant avec ses troupeaux dans les espaces de steppe. Dans la documentation textuelle, apparaissent aussi bien des parcours de transhumance que des villages qui sont explicitement associés à un groupe tribal{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 304-305}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Reculeau dans SDB|2008|loc=col. 328-329}}.
L'autorité détenue par Zimri-Lim dans ce cadre est indiquée par le terme ''nawûm'', « pâturages » ou « steppe » (et, par extension, ceux qui y nomadisent avec leurs troupeaux), position déjà détenue par Yahdun-Lim et héritée par son lignage. Il s'agit des membres de sa tribu, les [[Bensim'alites]], les « Fils de la gauche » (c'est-à-dire le Sud). Elle est divisée en deux groupes, les Yabasa et les Ašuragayûm (auxquels appartient peut-être Zimri-Lim), eux-mêmes subdivisés en divers clans (''gayûm'') et sous-clans. Les Bensim'alites avaient été chassés du territoire mariote lors de la conquête de Samsi-Addu, puis ils reviennent en masse lors de la prise du pouvoir par Zimri-Lim. Les Ašuragayûm s'installent dans les principales villes, et surtout au pays de Suhum, en aval de Mari, tandis que les Yabasa se trouvent plutôt au nord, notamment autour de la ville de Der, leurs zones de parcours se trouvant entre le Balikh et le Tigre, et ils poussent parfois encore plus à l'est, causant des frictions avec les [[Turukkéens]] qui s'y trouvent{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 313-315}}. Pour ce qui concerne les institutions, les personnages les plus importants de ce système sont les chefs de pâture (''merhûm''), qui jouent un rôle important ([[Bannum]], Ibal-pi-El), notamment en matière militaire. Le pouvoir de Zimri-Lim s'exerce sur eux y compris quand une partie de ces groupes nomadise hors du territoire de Mari à proprement parler{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 259-260}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 303-310}}.
Les membres de l'autre grande tribu « bédouine » présents dans le royaume de Mari, les [[Benjaminites]] (les « Fils de la droite », donc du Nord), sont divisés en cinq clans. Une partie au moins avait également été chassée du territoire mariote par Samsi-Addu, avant de revenir s'y installer avec Zimri-Lim. Ils sont dirigés par leurs propres rois{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 260}}{{,}}{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 302-303}}, chacun associé à au moins un chef de pâture{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 308}}. Ils semblent surtout implantés dans la vallée du Balikh, mais ils disposent de territoires importants ailleurs, dont le port de Mari, Mislân, et son riche terroir{{sfn|id=SDB|Durand dans SDB|2008|loc=col. 312-313}}. Ils entrent à plusieurs reprises en conflit avec le roi de Mari au début de son règne, de concert avec Eshnunna, et organisent des razzias, ce qui explique la vigilance des responsables mariotes :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>J’avais envoyé deux hommes de Mishul à l’assemblée des Benjaminites afin de recueillir des informations à leur propos. C’était avant le moment que mon Seigneur remporte la victoire sur les troupes d’Eshnunna
«
<br>Eux qui se préparaient à faire un raid se sont arrêtés et afin de s’informer sur le fond de l’affaire, ils ont envoyé des espions en disant
<br>Le bruit m’étant parvenu qu’ils avaient envoyé des espions à eux, je fis aussitôt des signaux de feu et j’écrivis à Sammetar à Mari, afin que le pays soit mis en état d’alerte. Les espions, l’ayant vu, repartirent et leur firent le rapport suivant
<br>Aussi, afin de pouvoir prendre une décision en ce qui les concerne, j’ai envoyé deux voyageurs (?)
Ils sont soumis après leur défaite, et considérés comme locataires des terres concédées par le roi mariote sur son territoire, et contraints bon gré mal gré à une mobilisation dans son armée. Leurs raids constituent une menace, comme l'indique cette lettre :
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Zimri-Lim est également un des principaux rois qui dominent le Proche-Orient amorrite, et à ce titre il dispose de vassaux qui reconnaissent sa suzeraineté : dans la terminologie de l'époque, il est leur « père », ce sont ses « fils ». Par le biais des liens de vassalité, il exerce également une autorité sur les vassaux de ses propres vassaux{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 260}}.
La correspondance entre Zimri-Lim et ses vassaux constituent la majeure partie de la correspondance diplomatique retrouvée dans le palais royal, car elles n'intéressaient pas les conquérants babyloniens qui l'ont donc laissé sur place{{sfn|Durand|1997|id=LAPO|p=383-384}}. Elle concerne un cadre géographique limité, en Haute Djézireh, donc dans les territoires au nord des Bords-de-l'Euphrate. De nombreux conflits agitaient ces régions très morcelées politiquement. Lorsque [[Samsi-Addu]] les avait soumises, il avait chassé les rois qui y régnaient, et sa mort avait donné le signal du retour à leurs descendants, qui cherchaient prioritairement à reprendre la ville qu'un de leurs ancêtres dominait, mais en fait peu de dynasties semblent avoir tenu longtemps un royaume, ce qui explique qu'à défaut beaucoup jetaient leur dévolu sur une ville d'une certaine importance qu'ils pourraient prendre en profitant d'une des nombreuses opportunités de conflit qui ne manquaient pas de se présenter dans ce contexte agité{{sfn|Durand|2000|id=LAPO|p=70-71}}. Bien des rois ne restaient en place que quelques années avant de connaître un sort funeste, notamment durant les périodes de troubles plus aigus (invasions d'[[Eshnunna]] et de l'[[Élam]]). La documentation concerne en particulier le triangle du [[Khabur]], le pays alors appelé Ida-maraṣ qui est divisé entre une douzaine de cités (Ilan-ṣura, [[Chagar Bazar|Ashnakkum]], Ashlakka, [[Tell Mozan|Urkish]], Kahat, etc.), ce qui en fait un « point chaud » à cette période. Une autre région bien documentée en raison des troubles qu'elle connaît, située plus à l'est, est le Shubartum, notamment le Sinjar et ses alentours, où les principales puissances (et les conflits qui les impliquent) se trouvent au piémont sud, [[Andarig]], Karana, Kurda, Razama du sud, avec en sus une division des groupes entre deux tribus rivales, Yamutbal et Numha, et le voisinage d'Ishme-Dagan d'[[Ekallatum]] qui a également des vues sur la région. Les autres régions où Zimri-Lim étend son influence et qui sont documentées par les lettres sont le pays de Zalmaqum au nord-ouest (autour de Harran), et son voisin occidental le Yapturum dont la principale cité est Talhayum{{sfn|Durand|1997|id=LAPO|p=49-51}}{{,}}{{sfn|Durand|1998|id=LAPO|p=239-244}}.
Ainsi dans la lettre suivante les Anciens (institution importante dans les pays au nord de Mari) de la ville de Talhayum rapportent à Zimri-Lim les circonstances de l'assassinat de leur roi, et demandent au grand roi d'intervenir en tant que suzerain et protecteur, en invoquant les serments par les dieux qu'il a prêté en ce sens{{sfn|Durand|1998|id=LAPO|p=271-273}} :
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<br>Autre chose : ils sont entrés par le moyen d’une brèche et ils se sont emparés du palais. Afin de leur faire évacuer le palais, au lever du soleil, les hommes des collines se sont levés et nous avons fait chevaucher notre Seigneur sur une troupe de 500 hommes. Maintenant, notre Seigneur est certainement content !
Autre chose : lors du serment par le dieu du pays, (celui du) Zalmaqum et (celui de) l’Ida-Maraṣ, notre Seigneur a tenu ces propos : « C’est ma ville ! La ville qui entreprendra des hostilités (à son encontre), (sera) mon ennemie ! » Maintenant, notre Seigneur doit envoyer le message suivant aux gens de Luhaya : « Vous saviez bien que Talhayum est ma ville ! Pourquoi donc alors qu’il y avait pacte de non-agression, vous êtes-vous révoltés ? »
<br>Notre Seigneur ne doit pas se taire concernant cette affaire
Zimri-Lim tente de consolider son emprise sur ces régions par l'implantation de garnisons, et de représentants permanents, ou en mission{{sfn|Durand|1998|id=LAPO|p=240}}. Il conclut également des accords diplomatiques et alliances matrimoniales avec plusieurs de ses vassaux (voir plus bas). Le lien entre Zimri-Lim et ses vassaux se manifeste aussi par leurs visites à Mari, notamment au début de leur règne : ils viennent pour faire reconnaître leur légitimité par le grand roi local, afin de consolider leur position face aux autres petits rois voisins. Ces voyages sont aussi motivés par la volonté de venir rendre hommage au grand dieu Dagan à Terqa. Le roi de Mari peut également les sommer à paraître à la cour. Les vassaux doivent en particulier venir assister à la grande fête de la déesse Eshtar de Der{{sfn|Durand|1997|id=LAPO|p=409-410}}.
Néanmoins le roi de Mari est loin d'avoir la partie facile. Au début de son règne, quand son pouvoir est encore récent, il est plus un ''primus inter pares'' qu'un suzerain à proprement parler{{sfn|Arkhipov|2022|p=363}}. Par la suite, au sortir de ses premiers succès militaires, sa position dominante plus nette, il intronise régulièrement des rois, et dans le pays d'Ida-maraṣ, il fait d'un roi local, Haya-sumu d'Ilan-sura, son relais, créant un système hiérarchique à trois niveaux, de courte durée{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=209-210}}. Cela ne suffit pas à stabiliser la région qui est marqué par des nombreux conflits entre la myriade de roitelets qui se la partagent, réveillés par les conflits de plus grande ampleur contre Eshnunna puis contre l'Elam, qui créent des secousses généralisées. Certains des « petits rois » de la Djézireh n'hésitent pas à défier son autorité si elle va à l'encontre de leurs intérêts, quitte à chercher l'appui d'un autre grand roi. Cela explique pourquoi il doit régulièrement prendre la route du nord durant son règne pour réaffirmer militairement son pouvoir{{sfn|Arkhipov|2022|p=364-365, 367-368, 375-376, 377}}.
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<br>La tablette que mon seigneur m’a fait porter, c’est mon arrêt de mort que mon seigneur m’a écrit ! À l’exception de mon seigneur Zi[mri-Lim], je n’ai pas d’autre seigneur ! Si jamais mon seigneur l’ordon[nait], je déplacerais ma maison et partirais chez mon seigneur.
<br>(...)
<br>Et puisque le pays a ce désir, je veux faire un co[up] à l’encontre d’Ekallatum ! Que mon seigneur fasse rapidement tout (le nécessaire) pour détruire Ekallatum. Que l’affaire soit réglée dans les pays ! À présent, en ce qui me concerne, si jamais [on peut] appor[ter] une quelconque preuve contre moi à mon seigneur, qu’on me scie par le milieu avec une scie ! Où (et) de qui est-ce que mon seigneur pourra me réclamer ? Auparavant, lorsqu’on m’avait diffamé devant mon seigneur, est-ce que mon seigneur ne les a pas vus par la suite ? À présent, un jour il finira par voir mes calomniateur(s) et diffamateur(s). (Et) ce jour-là, qui pourra être mon adversaire devant mon seigneur ? Je suis un [véritable] serviteur de mon seigneur. Puissé-je ne pas perdre l’estime de mon seigneur
=== Des domaines hors du royaume ===
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La documentation de Mari fournit également un cas atypique dans l'autorité d'un roi de la Syrie antique : la possession par Zimri-Lim de domaines situés en dehors de son royaume, à savoir dans la mouvance du royaume d'[[Alep]]/[[Yamhad]]. Cela est peut-être la conséquence de ses années d'exil dans ces régions, où il a constitué un premier domaine à titre privé, dans le lieu appelé Narrazik, dont il aurait gardé la propriété après sa prise de pouvoir à Mari. Il possède également la ville de Tawarambi. Mais le seul exemple bien documenté est celui d'Alahtum (connue par la suite sous le nom d'[[Alalah]], site actuel Tell Açana), dans la vallée de l'Oronte. Zimri-Lim en fait l'acquisition durant la onzième année de son règne, avec ses dépendants, avec l'accord du roi local. L'intérêt d'une telle possession pour Zimri-Lim est au moins économique : ce domaine, potentiellement riche mais apparemment en ruines au moment de l'acquisition, peut lui fournir diverses productions, notamment celles issues de cultures méditerranéennes, l'olivier et la vigne, qui ne poussent pas ou pas bien à Mari et ont une grande valeur à cette époque. Ce domaine est surtout documenté parce qu'il provoque un litige avec la reine-mère du Yamhad, Gashera, qui y avait des possessions et qui se déclare lésée, impliquant le roi [[Hammurabi Ier d'Alep|Hammurabi d'Alep]], nouvellement intronisé, dans l'affaire<ref>{{Article|langue=fr|auteur= Jean-Marie Durand|titre= Zimrî-Lîm achète la ville d'Alahtum| périodique=Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres |année= 2002| volume= 146| numéro=1 |passage= 11-30|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2002_num_146_1_22405}}. {{Ouvrage|langue=français|auteur1=Jean-Marie Durand |titre=Florilegium Marianum VII|sous-titre= Le culte d'Addu d'Alep et l'affaire d'Alahtum|lieu=Paris|éditeur=SEPOA|date=2002|lire en ligne=https://sepoa.fr/produit/2002-memoires-de-nabu-8-pdf/}}</ref>. Une longue lettre de Nur-Sin, serviteur de Zimri-Lim présent à Alep, évoque le litige :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>Hammu-rabi avait donné à mon Seigneur la ville d’Alahtum. Lorsqu’il avait donné cette ville à mon Seigneur, Yasmah-Addu, serviteur de Hammu-rabi qui a plusieurs fois servi de messager vers mon Seigneur, mon seigneur Hammu-rabi l’a envoyé avec le chef de musique à Alahtum. Il a rassemblé les natifs d’Alahtum et Yasmah-Addu a répété les instructions de son seigneur. Voici ce qu’il leur a dit
«
<br>Voilà ce que Yasmah-Addu a dit aux natifs de la ville en présence du chef de musique. Dix jours, le chef de musique et Yasmah-Addu ont séjourné à Alahtum. Ils ont fait l’arpentage des champs
<br>Lorsque Yasmah-Addu, par l’intermédiaire du chef de musique, eut passé en revue ville, patrimoines, champs à grain, champs à vigne et olivette, qu’il eut dit en outre
<br>Une fois que le chef de musique s’en fut allé, Gašera s’est plaint de moi à propos du champ que j’avais couvert de semence. Gašera est entrée chez le roi et le roi a «
<br>On m’a tenu ce discours-là et j’ai répandu de la poussière sur ma tête, disant
Ils ont laissé passer une journée et le lendemain, Ṭab-balaṭi s’est approché. J’ai dit
<br>Voilà le discours que m’a tenu Ṭab-balaṭi. Derechef, le surlendemain, je me suis mis en quête de témoins pour l’affaire et les amène à Ṭab-balaṭi. Il en revint à son discours et me parla de même. Je me suis mis en quête de témoins pour l’affaire.
<br>Que mon Seigneur se motive et fasse en sorte que tout le monde soit éloigné du sein de cette ville. En ce jour, la ville que mon Seigneur a achetée, on me la conteste<ref>https://www.archibab.fr/T6191 (consulté le 02/01/2023)</ref>.}}
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=== Les modalités de contrôle et leurs limites ===
Pour exercer ces différentes formes d'autorité, Zimri-Lim s'appuie en premier lieu sur la circulation des informations : il attend de ses divers subordonnés qu'ils le tiennent au courant de ce qui se produit dans ses multiples domaines d'intérêt. Leurs lettres documentent donc cette remontée de l'information. Les textes parlent notamment de « rapport complet » (''ṭêmum gamrum''), quand la fiabilité de l'information a été contrôlée. D'autres fois ce sont des informations moins complètes, voire des rumeurs, qui sont rapportées{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 262-263}}{{,}}<ref name=cha91>{{Article|langue=fr|auteur=Dominique Charpin|titre=Les mots du pouvoir dans les archives royales de Mari
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yasim-El, ton serviteur.
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<br>Voilà le message que j’avais envoyé à mon Seigneur. Or il ne m’y a nullement répondu. Aujourd’hui, il ne faudrait pas que, si je porte à la connaissance de quelqu’un une tablette de mon Seigneur et que les propos (en) soient divulgués, je ne m’en trouve mal ! Ou bien, qu’à ne pas (les) porter à la connaissance des serviteurs de mon Seigneur, il n’en survienne un problème et que mon Seigneur ne me dise : « Pourquoi donc n’as-tu pas informé mes serviteurs et ne vous êtes-vous pas entretenus de l’affaire que je t’ai écrite ? »
<br>Je redoute pour moi les deux possibilités. À l’heure actuelle, si tu es vraiment mon ami, attire l’attention du roi (sur mes propos) ; fais-moi recopier sur un document (les noms de) tous les individus que je dois mettre au courant des tablettes de mon Seigneur et fais-la-moi porter.
<br>Puissé-je constater en l’occurrence ta confraternité et ton amitié
Cela explique les précautions prises pour la lecture des lettres royales : les porteurs de messages n'ont en général pas accès au roi (sauf dans le cas de la correspondance diplomatique), le secrétaire du roi Shu-nuhra-Halu se charge de les réceptionner et de les lire au roi (on ne sait pas si Zimri-Lim savait lire ou non), puis de les archiver. Cette position-clé dans la transmission de l'information lui confère un rôle très important, et fait aussi peser des suspicions sur lui puis qu'il lui arrive d'être accusé d'occulter des informations au monarque. Il était du reste courant qu'une lettre à l'attention du secrétaire double celle adressée au roi, de façon à résumer son contenu pour qu'il sache sur quel point attirer l'attention du roi<ref>{{Ouvrage| langue = fr| prénom1 = Dominique| nom1 = Charpin| lien auteur1=Dominique Charpin|titre = Lire et écrire à Babylone| lieu = Paris| éditeur= Presses Universitaires de France |année =2008| passage=180-184}}</ref>.
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Une fois que le roi a tranché, il donne des instructions plus ou moins détaillées, parfois sous forme solennelle, des sortes de décrets ou édits (''šipṭum''). Ces décisions sont souvent contraignantes, et vont jusqu'à de véritables sommations accompagnées de menaces quand un premier ordre n'a pas été respecté. Ces décrets peuvent aussi être des engagements qu'il prend envers certains de ces sujets{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 263}}{{,}}<ref name=cha91/>. Ils sont parfois cités dans des lettres, comme celui-ci :
{{citation bloc|Lorsque mon Seigneur s’est mis en route, voici l’édit qu’il délivra aux particuliers
Il est courant qu'il y ait des oppositions ou du moins des résistances à des ordres royaux. D'ailleurs les subordonnés du roi ne lui cachent pas forcément, puisqu'ils l'informent parfois qu'une de ses décisions risquerait de ne pas être bien reçue, notamment quand il s'agit de réquisition de ressources, de corvées ou de mobilisations militaires{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 263-264}}.
Les mobilisations de travailleurs et soldats posent en particulier des difficultés en pays Benjaminite, traditionnellement résistant à l'autorité de Zimri-
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : ainsi parle Kibri-Dagan, ton serviteur.
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=== L'déal du roi juste ===
Dans l'idéologie traditionnelle syro-mésopotamienne antique, le roi est le garant de la justice, et plus largement du maintien de l'ordre et de l'équité dans son royaume.
Pour ce second cas, le roi proclame des mesures de « retour au statut antérieur » (''andurārum'') : une personne tombée en esclavage pour dettes reprend son statut d'origine, d'homme libre, les dettes non remboursées sont annulées, les biens cédés pour régler des dettes sont restitués à leur propriétaire d'origine. Zimri-Lim n'a apparemment pas eu à prononcer de telle mesure pour faire face à des difficultés économiques, en revanche il l'a fait après son avènement, suivant une pratique répandue à cette période. Cette action fut jugée suffisamment importante pour qu'elle soit digne de donner son nom à l'année suivante (ZL 2) : {{citation|année où Zimri-Lim “redressa” les Bords-de-l'Euphrate}}{{sfn|id=SDB|Charpin|2008|loc=col. 425-426}}.
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Un autre exemple d'exercice de la justice royale, avec une coloration extrêmement cynique bien éloignée du principe d'équité, se retrouve dans deux lettres du gouverneur de Saggaratum qui permettent de suivre le déroulement d'une affaire glaçante, sans toutefois avoir son dénouement. Deux marchands de vin ou d'huile venus du pays de Zalmaqum, des Benjaminites, ont porté plainte pour un vol subi sur le territoire de la province, et donné le nom des coupables afin que justice soit faite. Or ces derniers sont des Bensim'alites qui ont des liens tribaux avec le pouvoir, qui dans ce genre de cas (non isolé dans la documentation) est partagé entre la solidarité à laquelle il est tenue envers les membres de sa tribu et la nécessité de maintien de l'ordre face aux attaques contre les gens en déplacement, très courantes dans son royaume et souvent commises par des gens de sa propre tribu{{sfn|id=LAPO|Durand dans SDB|2008|loc=col. 320}}. Contrairement au cas précédent, le roi et le gouverneur n'ont aucune envie de rendre justice aux marchands qui se sont fait dérober, au nom de la raison d’État, manifestement de peur de raviver les tensions ethniques et parce que des émissaires du Zalmaqum se trouvent alors à la capitale, ce qui rend l'affaire encore plus sensible. Ils sont même prêts à s'assurer à tout prix qu'ils n'iront pas raconter leur histoire{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=60-61 et 63-68}}{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Sophie| nom1=Démare-Lafont|titre=Hammurabi : les rois et la justice|périodique=Dossiers d'archéologie|numéro=348| titre numéro=Rois en Mésopotamie|mois=novembre-décembre|année=2011|passage=47}}.</ref> :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>2 gens du Zalmaqum, de Nihriya, qui allaient vendre des jarres à eux à Saggaratum, se sont fait dérober. On me les a amenés, disant
<br>Aujourd’hui, vu que ces individus sont en résidence à Saggaratum, je me suis dit
<br>Mon Seigneur doit m’écrire ce qu’il en est de ces gens<ref>https://www.archibab.fr/T8358</ref>.}}
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>Relativement aux 2 Zalmaquéens, il y a eu une lettre de mon Seigneur, disant
<br>Voilà ce que mon Seigneur m’a écrit. Selon ce que mon Seigneur m’a écrit…
<br>(Lacune.)
<br>Il s’est écrié
<br>(Texte lacunaire.)
<br>Son affaire s’ébruitera. Voilà donc qu’il ne faut pas vendre ces gens. Il faut (plutôt) leur crever les yeux pour qu’ils fassent la moûture dans l’ergastule ou leur couper la langue à tous les deux, afin que leur affaire ne puisse s’ébruiter.
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=== Le roi de guerre ===
Le roi de la tradition syro-mésopotamienne est un chef de guerre, et cela ressort de tous les types de documents informant sur l'idéologie royale de l'époque : les
=== Un règne marqué par l'omniprésence des conflits ===
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<br>J’ai entendu dire que Yariha-Abum avait quitté le sire d’Ešnunna. Mon seigneur sait que cette Maison est pleine de tromperies. Il est à craindre qu’elle ne soit que ruse et duperie envers mon seigneur jusqu’à ce qu’elle prenne Andarig. Une fois qu’elle aura pris Andarig, elle se tournera vers Kurda ; ensuite, elle franchira le Sindjar et tout le pays du Šubartum lui criera : « Vive mon seigneur ! »
<br>Cette Maison s’est mise à faire en tous points comme Samsi-Addu. Elle ne cesse de fixer ses frontières : elle a pris Ekallatum, elle a installé son camp contre Qaṭṭara et Allahad et la ville qu’elle prendra, elle l’annexera. Cette Maison est pleine de tromperies.
<br>Avant que le poids ne soit trop lourd pour le bras et que l’eau n’approche, marchons contre elle ! Les Hanéens brûlent de combattre et les rois de l’Ida-Maraṣ sont réunis avec leurs troupes et ils ont les yeux fixés sur mon seigneur. Les Scheichs se sont réunis et ils ont envoyé chez mon seigneur Annitti-El et Hanzan.
<br>Que mon seigneur interroge ses serviteurs et qu’il fasse route<ref>https://www.archibab.fr/T4244 (consulté le 06/02/2023)</ref>.}}
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<br>J’ai écrit à 5 reprises à leurs scheichs en vue du recensement des Amnanéens de Sahru, mais ils ne sont pas venus<ref>https://www.archibab.fr/T8588 (consulté le 07/02/2023)</ref>.}}
En tout l'armée de Mari pouvait compter sur au moins {{formatnum
Le fonctionnement du commandement militaire du royaume est mal compris. Zimri-Lim est très impliqué dans la direction de ses troupes, il participe à plusieurs reprises aux campagnes militaires en personne, et peut être vu comme le commandant en chef de ses troupes. Il n'y a pas de général en chef attesté avec assurance à Mari du temps de Zimri-Lim, alors qu'il s'en trouve dans d'autres royaumes à la même époque. Plusieurs personnages qui sont manifestement des militaires de carrières occupent des positions importantes dans les affaires militaires, notamment Yasim-El et Ibal-pi-El (à ne pas confondre avec le roi d'Eshnunna du même nom) qui se voient confier le commandement de corps expéditionnaires. Les commandements militaires semblent octroyés en fonction des circonstances, et il se pourrait qu'il y ait eu une intention de ne pas concentrer trop de pouvoir aux mains d'un seul. Ces personnages et d'autres qui constituent l'encadrement de l'armée semblent former une sorte de caste militaire, qui est notamment marqué par l'idéal « bédouin » qui valorise le mode de vie des combattants{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=366-367}}.
Zimri-Lim détache aussi une partie de ses troupes chez ses alliés, qui conservaient un commandement séparé{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 269}}. Le cas le mieux connu et étudié est celui des troupes envoyées à Hammurabi de Babylone, dont la correspondance est une source essentielle pour connaître le règne de ce souverain{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=214-239}}. Le général dirigeant les troupes mariotes en Babylonie est le chef nomade Ibal-pi-El, secondé par Zimri-Addu avec lequel il finit par se fâcher, dans laquelle le premier accuse le second d'avoir fermé les yeux sur des actes de pillage non autorisés de ses troupes et de saper son autorité. Il demande son éviction, qu'il obtiendra{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=222}} :
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Un point saillant est l'importance de l'information. Les lettres indiquent que le roi se tenait au courant de l'évolution des fronts militaires, et qu'en particulier il cherchait à en savoir le plus possible sur ses ennemis. Cela était possible grâce à des informateurs, ou encore la capture d'ennemis, qui parlaient sous la torture si besoin{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 270}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=304-306}}.
Le fait que la guerre soit placée sous les auspices divines se traduit par le recours constant à la divination dans la prise de décision, des devins accompagnant les généraux lors des campagnes{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=284-285}}{{,}}{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 270}}{{,}}{{sfn|Charpin|2004|p=244-246}}. La lettre suivante indique ainsi que Zimri-Lim, prenant la tête de ses troupes, devra attendre le « feu vert » du dieu [[Dagon (dieu)|Dagan]] avant de donner l'ordre de départ :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur : Ainsi (parle) [[Bahdi-Lim]], ton serviteur.
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<br>Voilà la réflexion que nous avons eue, Yasim-Sumu, Kibri-Dagan, Yaqqim-Addu et moi-même (pour savoir) si mon Seigneur doit se mettre en route, atteindre l’armée, la saluer et, après avoir donné des instructions, envoyer Ebba’um<ref>https://www.archibab.fr/T7252 (consulté le 07/02/2023)</ref>.}}
D'autre lettres documentent les questions de ravitaillement des troupes. Les problèmes de fournitures en farine et en bière reviennent notamment à plusieurs reprises. Les troupes alliées détachées à Mari doivent être bien traitées : le roi leur offre un banquet, puis il les entretient tant qu'elles restent sur place{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=397-399}}.
En revanche les informations sur les tactiques militaires sont limitées, peut-être parce que ce genre d'information ne se donnait pas par écrit de peur que le document ne tombe dans les mauvaises mains. Les textes évoquent néanmoins la pratique d'embuscades, de raids, et de batailles rangées. La poliorcétique joue également un rôle important car les principales villes sont fortifiées{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 271-272}}{{,}}{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=286-299}}.
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Comme vu précédemment, la guerre doit aussi être une affaire lucrative, et la victoire s'achève par du butin{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 266}}. Les villes prises sont souvent mises à sac, même s'il arrivait qu'on en épargne afin de s'attacher la fidélité de sa population. Trois grands moments du règne de Zimri-Lim ont donné lieu à des pillages généralisés : la chute du Royaume de Haute-Mésopotamie et sa montée sur le trône, la fin de la révolte des Benjaminites, et la campagne dans le Nord de sa douzième année de règne qui se traduit notamment par la prise d'Ashlakka. Dans plusieurs cas des conflits semblent se solder par de véritables massacres, mais ce type d'acte reste peu documenté. Le manque d'hommes incite en revanche à la capture de prisonniers de guerre et à leur déportation{{sfn|id=LAPO|Durand|1998|p=311-314}}. Le cas des captives de guerre est bien documenté, en particulier les harems des rois vaincus, qui sont pris par le vainqueur. Des missives indiquent que Zimri-Lim se soucie de leur répartition, en se réservant la possibilité d'intégrer les plus jolies dans son propre harem{{sfn|id=LAPO|Durand|2000|p=210-213 et 347-356}}.
Le roi avait une part du butin qui lui était réservée, mais il ne devait pas non plus oublier ceux qui l'avaient aidé à remporter la victoire, et leur octroyer une part du butin. Cela concernait d'abord les dieux, qui recevaient des prises de guerre en offrandes{{sfn|Charpin|2008|loc=col. 267}}. Une tablette administrative<ref>M. Guichard, « Zimrî-Lîm à Nagar », MARI 8, 1997, p. 332-333</ref> évoque ainsi le destin d'« une petite fille Kunzia, fille de Zazzanaya, butin de Ṣidqanum, qui a été offerte pour (exercer) la tâche de meunière de Nawar<ref>https://www.archibab.fr/T20340 (consulté le 04/01/2023)</ref> », donc l'offrande d'une jeune prisonnière de guerre à un sanctuaire de Nagar ([[Tell Brak]]) pour exercer une basse besogne. Les troupes avaient évidemment droit à leur part des prises de guerre, des lettres rapportant des disputes à ce sujet. Le partage se faisait en fonction du rang : en premier lieu les gradés,
== Relations diplomatiques ==
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=== Un roi de premier rang ===
Les relations diplomatiques sont alors régies par une hiérarchie stricte : il existe des rois de premier rang et des rois de rang secondaire. Zimri-Lim fait partie des premiers, au même titre que les rois de [[Babylone]], du [[Yamhad]] ([[Alep]]), de [[Qatna]], de [[Larsa]], d'[[Eshnunna]], et d'[[Élam]] (ce dernier étant même apparemment encore un rang au-dessus des autres, au moins avant sa défaite). Dans le vocabulaire diplomatique de l'époque, ils se considèrent comme des « frères ». En revanche les rois de rang secondaire sont leurs « fils », et ils doivent les considérer comme leurs « pères »{{sfn|Charpin|2004|p=297-298}}{{,}}{{sfn|Arkhipov|2022|p=345-346}}.
L'autorité du roi de Mari est cependant moins établie que celle des autres grands rois, à commencer par ses voisins d'Alep, d'Eshnunna et de Babylone. Au début de son règne, Zimri-Lim lui-même se présente comme le « fils » de Yarim-Lim d'Alep (qui est également son beau-père), d'Ibal-pi-El d'Eshnunna{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=184}} et de Hammurabi de Babylone{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=246}}. À la même époque, certains rois du triangle du Khabur le considèrent comme leur « frère » plutôt que comme leur « père » ou « seigneur »{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=188-190}}. Par la suite, notamment après sa victoire contre Eshnunna, son statut de roi de premier rang est mieux établi{{sfn|Ziegler|Charpin|2003|p=184}}. Le fils de Samsi-Addu et ennemi mortel de Zimri-Lim, Ishme-Dagan, rechigne cependant à reconnaître son statut supérieur : ses représentants ont une altercation à ce propos avec Hammurabi de Babylone, qui insiste pour qu'Ishme-Dagan écrive à Zimri-Lim en le désignant comme son père{{sfn|Charpin|2004|p=297}}.
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=== Messagers, audiences et présents ===
Les relations ordinaires entre les cours de l'époque passent par la circulation de messagers représentant le souverain qui les mandate à la cour d'un autre roi (il n'y pas d'ambassadeurs permanents à cette période), qui peuvent être chargés de porter les présents que s'échangent entre eux les rois<ref>Sur ce sujet : {{Chapitre|langue=fr|auteur=François Lerouxel|titre=
De nombreux textes du palais de Mari documentent de manière très brève les arrivées de messagers étrangers avec leur escorte, qu'il s'agisse de personnes venues délivrer un message à Zimri-Lim, ou bien de passage à Mari pour délivrer un message ailleurs sans rencontrer le roi, les usages diplomatiques de l'époque voulant qu'on les héberge{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=573-574 et sq.}}. Il y a bien une forme de « droit diplomatique » préservant les ambassadeurs étrangers, même en temps de guerre, quoi qu'il ne soit pas toujours respecté. Ils circulent souvent accompagnés d'une escorte armée. Lorsqu'ils sont à Mari, ils sont logés dans des bâtiments spécifiques, qui semblent réquisitionnés pour l'occasion, et reçoivent des rations d'entretien qui comprennent de quoi les nourrir et les vêtir, et aussi des présents personnels. Le personnel diplomatique est traité de façon diverse : les messagers de royaumes importants et alliés reçoivent des rations plus importantes, et quand les ambassades sont importantes ceux qui les dirigent reçoivent plus d'égards que leur escorte{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=591-594 et sq.}}. Les questions de traitement des messagers étrangers et d'étiquette génèrent régulièrement des protestations qui remontent jusqu'à Zimri-Lim, comme ici avec des émissaires élamites dont les motifs d'insatisfaction sont apparemment mal compris :
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<br>En effet mon Seigneur m’avait écrit ceci : « Les Élamites sont mécontents en ce qui concerne leurs repas. Ils sont mécontents à propos de leurs repas (et aussi) à propos des cadeaux qu’on leur a faits. Toi, ou quelqu’un de ton entourage pour toi, doit examiner ce qu’il en est ! »
<br>J’ai envoyé Yatar-Addu au sujet du bateau et des rations alimentaires. Ils ne sont mécontents ni en ce qui concerne les cadeaux qu’on leur a faits, ni par rapport aux repas. Ils sont fâchés par rapport à l’affaire du palais. Ils ont été intarissables à ce propos auprès de Yatar-Addu.
<br>Voilà que je viens d’expédier ce dernier ; il est porteur de tous détails. Que mon Seigneur l’interroge
Les représentants de rois de premier rang ont en principe un accès direct au roi, lors d'audiences qui sont en principe publiques, ce qui peut générer des situations inconfortables et des fuites d'informations. Une mission diplomatique porte un message, accompagné de présents. Elle ne peut repartir que si elle en reçoit l'autorisation, et se voit alors délivrer un présent venant en contrepartie de celui qu'elle a apporté et des présents personnels{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=591-594 et sq.}} :
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<br>Je suis arrivé à Babylone et j’ai exposé toute l’affaire devant Hammurabi.
<br>Je l’ai entrepris au sujet de l’engagement sur la vie, mais au sujet de Hit il a fait complètement obstacle. Il a cherché à me faire quitter le sujet mais je n’y ai pas consenti, j’ai conduit l’affaire comme il convenait, j’ai pu faire face et j’ai fait jeu égal avec lui. (Le cas de) Hit reste à juger.
<br>Le 25, il ne s’est pas engagé par serment sur sa vie en disant « Si Sin n’était pas … dans la tablette d’engagement sur la vie, c’est le 25 que je me serais engagé sur ma vie mais étant donné que Sin … je ne m’engagerai pas sur ma vie le 25 et ton maître doit jurer de la même façon. Qui, (dans ces conditions) accepterait de faire jurer ? » Le 27, j’ai versé l’eau sur ses mains. Le 28, au cours de son conseil Hammurabi a juré par les dieux pour mon seigneur, que mon seigneur sache cela. Après (avoir envoyé) cette tablette, je prendrai la tête des divinités de mon seigneur, vers[…] je placerai devant [mon seigneur(?)]<ref
Les textes de Mari ont permis de reconstituer les procédures conduisant à la conclusion d'un accord diplomatique, qui diffèrent selon que les rois se rencontrent pour sceller l'alliance, ou bien s'ils le font à distance en s'échangeant des tablettes. Ces dernières ne sont pas des traités de paix à proprement parler, plutôt des protocoles de serments qui contiennent les dispositions principales de l'accord et les dieux invoqués en tant que garants de l'alliance. Ils sont rédigés de façon unilatérale : chacun des partenaires envoie à l'autre les engagements qu'il souhaite le voir prendre{{sfn|Charpin|2019|p=97-102}}. L'élément le plus crucial est le rituel de prestation de serment, marqué par une gestuelle précise et un serment par les dieux, devant des symboles divins{{sfn|Charpin|2019|p=49-72}}. Quatre de ces tablettes contenant des engagements de rois envers Zimri-Lim ont été retrouvées{{sfn|id=LAPO|Durand|1997|p=452-458}} : celle d'Ibal-pi-El d'Eshnunna à la fin du conflit l'ayant opposé à Mari<ref>https://www.archibab.fr/T913 (consulté le 19/02/2023)</ref> ; celle de Hammurabi de Babylone au moment du conflit contre l'Élam<ref>https://www.archibab.fr/T4342 (consulté le 19/02/2023)</ref> ; celle d'Atamrum d'Andarig lorsqu'il monte sur le trône<ref name=atamrum/> ; celle d'un roi du Sindjar (de Kurda ?), retrouvée en étant très fragmentaire<ref>https://www.archibab.fr/T4353 (consulté le 19/02/2023)</ref>.
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=== Les alliances matrimoniales ===
Les mariages interdynastiques étaient un autre aspect important des pratiques diplomatiques{{sfn|Lafont|2001|p=312-315}}{{,}}{{sfn|Charpin|2019|p=218-221}}. Ils servaient à renforcer les alliances entre souverains. Toutes les épouses de Zimri-Lim sont manifestement de sang royal{{sfn|Ziegler|1999|p=44}}. Le cas le mieux documenté est l'union qu'il contracte au début de son règne avec Shibtum, la fille du puissant roi Yarim-Lim d'Alep, qui l'a aidé à monter sur le trône, et qui vise à consolider l'alliance entre les deux. La conclusion de ce mariage est bien documentée par un ensemble de lettres. Le devin Asqudum et le chef des musiciens Rishiya dirigent l'ambassade mariote dépêchée à Alep pour les tractations, et pour accompagner le cortège ramenant l'épouse à Mari. Il s'agit notamment de négocier la dot (''nidittum'') qui est donnée à Shibtum quand elle quitte sa famille, et la contre-dot (''terhatum'') reçue en échange par la famille. À cette occasion sont échangés des bijoux, de la vaisselle de luxe, des habits, des animaux. Un présent de mariage (''biblum'') est également offert par le futur époux à sa belle-famille. Le rite de mariage s'accomplit par procuration : le roi ne se déplaçant pas à Alep, ce sont ses envoyés qui mettent le voile à la mariée, scellant ainsi l'union. Les discussions concernent aussi les conditions dans lesquelles la reine doit être hébergée à Mari<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Jean-Marie Durand |titre=Archives épistolaires de Mari I/1|sous-titre= Archives royales de Mari
Zimri-Lim ayant eu des sœurs et beaucoup plus de filles que de garçons, il a pratiqué une politique matrimoniale très active afin de consolider ses rapports avec les rois vassaux<ref name=filles/>. Cela avait notamment pour but d'aider son contrôle de la région troublée de l'Ida-maras et du sud Sinjar, et peut aussi avoir été guidé par des liens tribaux{{sfn|Lafont|2001|p=313-315}}. Le roi Haya-Sumu d'Ilan-sura reçoit même le privilège d'épouser deux filles de Zimri-Lim, Shimatum et Kirum. Les reines ont potentiellement un rôle politique important dans cette région, aussi il est important que les filles du roi de Mari obtiennent le statut le plus important à la cour où elles sont mariées, afin d'appuyer la politique de leur père. Le statut éminent de ce dernier doit en principe les y aider, mais ce n'est pas une garantie, loin de là, car elles arrivent dans des cours où le roi a déjà une épouse principale qui a l'ascendant{{sfn|Charpin|2019|p=228-229}}.
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Le cas d'Ibni-sharri illustre les situations difficiles dans lesquelles pouvaient se retrouver les filles de Zimri-Lim envoyées dans des cours potentiellement hostiles<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Michaël Guichard|titre= Le remariage d'une princesse et la politique de Zimrī-Lîm dans la région du Haut Habur |périodique=Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale |volume= 103 |numéro= 1|année= 2009 |passage= 19-30|lire en ligne= https://www.cairn.info/revue-d-assyriologie-2009-1-page-19.htm}}.</ref>. Elle est mariée à Zakura-abum, roi de Zalluhan, un haut personnage de la tribu [[bensim'alite]], avec le statut de reine, mais son mari (peut-être un homme déjà âgé) meurt de maladie. Elle est alors expulsée de son palais par l'ancienne famille royale déchue, parvient tant bien que mal à sauver sa vie, mais elle n'a pas l'occasion de revenir à Mari puisque son père la donne en mariage à Ibal-Addu d'Ashlakka. Elle devient à nouveau reine et est bien traitée pendant quelques années, avant que la situation entre Ashlakka et Mari ne se détériore, ce qui se traduit par une dégradation de la position d'Ibni-sharri, finalement mise à l'écart du palais. Elle demande à son père à retourner à Mari, mais celui-ci parvient à la faire revenir à Ashlakka. Mais son mari lui témoigne encore moins d'égards qu'avant et est de plus en plus hostile à son père, comme l'indiquent ces lettres :
{{citation bloc|Dis à mon Seigneur
<br>J’ai écrit au moins 2 fois chez mon Seigneur à propos de mes griefs. Il m’avait répondu : « Va ! Entre à Ašlakka ; pas de désobéissance ! Va ! » Voilà ce qu’il m’a écrit.
<br>Maintenant, je suis entrée à Ašlakka et j’ai encore plus de sujets de mécontentement. L’épouse d’Ibal-Addu, elle seule, est reine ; et les envois de la ville d’Ašlakka et des différentes cités, c’est toujours cette femme qui les reçoit ! Quant à moi, il m’a placé à résidence dans le harem, et il me fait tenir les joues dans mes mains comme une simplette. C’est toujours devant la femme, son épouse, qu’il prend sa nourriture et sa boisson.
Ligne 762 ⟶ 770 :
Elle prend l’initiative de fuir Ashlakka et de se rendre en territoire sûr, avant que n'éclate le conflit entre les deux.
== Postérité ==
Après la chute de Mari, la région correspondant à l'ancien cœur du royaume reprend son indépendance sous la lignée des « rois de Hana », qui règnent peut-être depuis [[Terqa]]. Un de ces rois porte le nom de Zimri-Lim{{sfn|Ziegler|2015|p=299}}{{,}}<ref>{{Chapitre |langue=fr|prénom1=Olivier|nom1= Rouault|titre= Zimrī-Lîm von Terqa|titre ouvrage= Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie| volume=15 |tome=5/6|année= 2017|passage=299-300}}</ref>.
Zimri-Lim apparaît dans un texte littéraire babylonien, connu de manière fragmentaire, qui évoque la prise de Mari et d'Eshnunna par Hammurabi<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Matthew|nom1= Rutz |prénom2= Piotr|nom2= Michalowski| titre=The Flooding of Ešnunna, the Fall of Mari: Hammurabi's Deeds in Babylonian Literature and History|périodique= Journal of Cuneiform Studies |volume= 68 |année=2016|passage= 15-43}}.</ref>.
== Notes et références ==
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* [[Hammurabi]]
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