« Femme nue couchée au bord de l'eau » : différence entre les versions

Le tableau a été découvert par l'expert etle marchand d'art [[Johann Naldi]], qui l'a acheté pour {{euros|650}} à l'[[Hôtel Drouot]] en octobre 2013<ref>Charles de Saint Sauveur, « Il a déniché le dernier nu de Courbet », ''[[Le Parisien]]'', 2 avril 2023, {{p.|10}}.</ref>. Johann Naldi est connu depuis 2017 pour avoir retrouvé un ensemble d'oeuvresd’œuvres inédites attribuées au mouvement des [[Arts incohérents]], mais dont l’authenticité a été remise en cause par plusieurs spécialistes et historiens de l'art, "« sans conclusion définitive" »<ref>{{Article|titre=L'authenticité du premier monochrome, peint au XIXe siècle, est remise en question|périodique=France Info|date=16 avril 2à22|lire en ligne=https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/l-authenticite-du-premier-monochrome-peint-au-xixe-siecle-est-remise-en-question_5083942.html}}</ref>. Ces oeuvresœuvres ont cependant été classées Trésor national par le ministère de la culture en 2021<ref>{{Article|auteur1=Philippe Dagen|titre=Dix-neuf œuvres des Arts incohérents classées trésor national|périodique=Le Monde|date=10 mai 2021|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/05/10/dix-neuf-uvres-des-arts-incoherents-classees-tresor-national_6079757_3246.html}}</ref>.

Après avoir acheté l’œuvre aux termes d'« un exercice d’auto-conviction », Johann Naldi l'a faite restaurer et l'a soumise à une batterie d'analyses scientifiques de type imagerie et datation des pigments en laboratoire<ref>Isabelle Brunnarius, « [https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/doubs/le-dernier-grand-nu-de-gustave-courbet-mis-aux-encheres-en-juin-2023-2742006.html "La Grande baigneuse", le dernier grand nu de Gustave Courbet, mis aux enchères en juin 2023] », ''[[France 3 Régions]]'', 28 mars 2023 (consulté le 17 juin 2023).</ref> : étude des pigments et de la signature par Alain Roche du Laboratoire d’analyse et de recherche pour la conservation des œuvres d’art (2014) et expertise du support par Pascal Labreuche, (mis à jour en 2023)<ref name=":0" />.

En 2019, le tableau est encore inconnu lorsqu'il est exposé pour la première fois dans le cadre de l'exposition ''Courbet / [[Ferdinand Hodler|Hodler]]: une rencontre'' au [[Musée Courbet]] à [[Ornans]]<ref>Exposition Courbet / Hodler : Une Rencontre, Ornans, Musée Gustave Courbet, 31 octobre 2019 - 6 janvier 2020, sous le commissariat général de Frédérique Thomas-Maurin, conservateur en chef et directrice du musée Gustave Courbet, Lonnie Bavette, chargée de projets, et le commissariat scientifique Diana Blome & Niklaus Manuel Güdel.</ref>. L'oeuvreL’œuvre est alors reproduite dans le catalogue de l'exposition avec une notice de Thierry Savatier, spécialiste des nus de Courbet<ref>{{Ouvrage|auteur1=Diana Blome & Niklaus Manuel Güdel|titre=Courbet / Hodler : Une rencontre|passage=pp.180-181|lieu=Genève|éditeur=Editions Notari|date=2019|isbn=978-2-940617-35-7}}</ref> (ouvrage publié dans le cadre du bicentenaire de Gustave Courbet, en partenariat avec le Musée Gustave Courbet à Ornans et avec le soutien exceptionnel du Musée d'Orsay<ref>{{Lien web |titre=Courbet / Hodler : Une rencontre |url=http://www.editionsnotari.ch/collections/hodleriana/courbet-hodler-une-rencontre.html}}</ref>). Dans l'un de ses livres dédiés au maître d'Ornans, l'un des commissaires de l’exposition, [[Niklaus Manuel Güdel]], écrit au sujet de la Grande Baigneuse : « Ne pas retrouver la trace d’une toile n’est, en soi, pas si rare. Rien que pour les tableaux de Courbet, plusieurs de ceux qui m'ont été soumis [...] présentent des problèmes de traçabilité similaires, sans que cela remette d'ailleurs en cause leur authenticité [...]. Or, les recherches sur cette toile, aussi majeure soit-elle, n’ont rien donné quant à son pédigrée, malgré un important déploiement d’énergie. Ce nu sublime, présenté pour la première fois au public à l’occasion du bicentenaire [de la naissance de Courbet], s’inscrit à merveille dans le cycle de nus que Courbet peint dans les sous-bois et au bord de l’eau »<ref name="NoticeRouillac2">{{Ouvrage|auteur1=Niklaus Manuel Güdel|titre=Gustave Courbet - Une enquête sur le paysage|passage=pp.149-150|lieu=Dijon|éditeur=Les presses du réel|date=2109|isbn=978-2-37896-111-4}}</ref>.

En 2021, le ministère de la Culture accorde un certificat de libre circulation hors du territoire français, facilitant ainsi la vente du tableau aux enchères. Celle-ci adevait euavoir lieu au [[château d'Artigny]] le 4 juin 2023 sous l'égide de la maison Rouillac, qui a estimé la toile entre {{Unité|300000}} et {{euros|500000}}.

Dans leur notice de vente, les Rouillac appuient sur le fait que l’œuvre a été exposée en 2019 à côté de ''[[La Source (Courbet, Orsay)|La Source]]'' prêtée par le [[musée d'Orsay]]<ref name=":0" />. Ce dernier a cependant rédigé un courrier le 26 mai afin de demander que son nom ne soit plus associé aux documents publicitaires relatifs à cette œuvre, estimant que la formulation pouvait être de nature à sous-entendre que le grand musée parisien aurait ainsi validé l'attribution de la ''Grande Baigneuse''<ref>Christine Rondot, « [https://www.estrepublicain.fr/amp/culture-loisirs/2023/06/01/doutes-sur-l-authenticite-d-un-courbet-mis-aux-encheres-le-musee-d-orsay-se-positionne Vente aux enchères d'un Courbet controversé : le musée d'Orsay prend ses distances] », ''[[L'Est républicain]]'', {{date-|1er juin 2023}} (consulté le 17 juin 2023).</ref>. Quelques semaines plus tôt, en réponse à une question posée par [[Didier Rykner]], le musée avait déjà déclaré : « le fait que ce tableau ait été accroché à côté d’un autre tableau prêté par le musée d’Orsay ne vaut en aucun cas validation de l’attribution par ce dernier, le musée d’Ornans ayant la pleine maîtrise de ses projets »<ref>[[Didier Rykner]], « [https://www.latribunedelart.com/orsay-et-courbet Orsay et Courbet] », ''[[La Tribune de l'Art]]'', 8 mai 2023 (consulté le 17 juin 2023).</ref>. Suite à cette polémique, Johann Naldi a fait savoir dans un reportage de France 3 qu' " Au moment de l'exposition du tableau, cela n'a choqué personne. Je crois que c'est l'orchestration commerciale du tableau qui, subitement, se met à hystériser certain détracteurs [...]. J'imagine assez mal le musée d' Orsay, à l'époque, accepter d'exposer l'un de leurs chefs-d'oeuvres (La Source) à côté de mon tableau s'il avait été hautement problématique "<ref>{{Lien web |auteur=France 3 Bourgogne-Franche-Comté ; Isabelle Brunnarius, Eric Debief, Jérémie Verdeney et Quentin Dany |titre=Vente aux enchères : Y aura-t-il un acheteur pour La Grande baigneuse, un tableau signé Courbet ? |url=https://www.youtube.com/watch?v=YkPGM9zURq4 |site=France 3 |date=3 juin 2023}}</ref>.

Le 21 avril 2013, le comité Courbet, un comité d'experts dont les membres sont tenus secrets, lié à l'Institut Gustave-Courbet, habituellement sollicité avant des ventes internationales<ref>« [https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/art-polemique-autour-d-un-nu-de-courbet-mis-aux-encheres_5866154.html Art : polémique autour d'un nu de Courbet mis aux enchères] », ''France Info'', 3 juin 2023 (consulté le 17 juin 2023).</ref>, a publié dans ''[[La Gazette Drouot]]'' un communiqué exprimant, sans contester formellement l'authenticité du tableau, son regret que cette toile « n’ait à ce jour pas été soumise au Comité Courbet qui n’a donc pu l’étudier physiquement », rappelant que toute attribution à « Gustave Courbet, si souvent copié et falsifié, parfois même avec son assentiment et l’aide de ses élèves, est une entreprise bien difficile » et que la méthode collégiale du comité a « pour unique objectif de servir l’artiste et de faire le tri entre ce qu’il a peint et ces innombrables faux, pourtant affublés d’une signature ou d’une dédicace au verso »<ref>Sébastien Fernier, « [https://www.institut-courbet.com/le-comite-courbet/ Le Comité Courbet n’a pas vu ''La Grande Baigneuse'' ce tableau d’un nu présenté par Johann Naldi à la vente Rouillac] », communiqué paru dans ''[[La Gazette Drouot]]'' du 21 avril 2023 et publié sur le site de l'Institut Gustave-Courbet le 31 mai 2023 (consulté le 17 juin 2023).</ref>. Le comité a demandé à voir l’œuvre, mais son propriétaire, Johann Naldi, a refusé en répondant qu'il « n’a pas à se soumettre à un comité opaque, qui cherche à affirmer son périmètre »<ref>[[Vincent Noce]], « [https://www.lequotidiendelart.com/articles/23834-avis-discordants-sur-le-plus-grand-nu-de-courbet.html Avis discordants sur le « plus grand nu de Courbet »] », ''[[Le Quotidien de l'art]]'', 22 mai 2023 (consulté le 17 juin 2023).</ref>. Dans son ouvrage " ''Hors Cadre"'', Johann Naldi justifietente lade nonjustifier présentationson durefus tableau au Comité Courbet "« pour la simple et bonne raison qu'il n'y est pas permis de défendre en personne les tableaux soumis. Le comité chargé de statuer exige que leur soient déposées les oeuvresœuvres [...] sans qu'il soit offert au déposant l'occasion de plaider pour elles, protocole auquel je ne saurais évidemment souscrire. Car mon métier est comparable à celui d'un avocat, qui n'imaginerait certainement pas qu'on le prive de plaidoirie au cours d'un procès d'assises" »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Johann Naldi|titre=Hors cadre|passage=37|lieu=Paris|éditeur=Herscher / Humensis|date=Avril 2023|isbn=978-2-7335-0458-1}}</ref>.