« Louis-Pantaléon de Noé » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Noé}}
{{En travaux|HistoVG|25 octobre 2023}}{{Infobox Biographie2
{{voir famille|Famille de Noé}}
| charte = aristocrate
{{Infobox Biographie2|charte=aristocrate
}}
|date de décès=25 février 1816
|lieu de décès=[[Ancien 10e arrondissement de Paris]]}}
'''Louis-Pantaléon de Noé''', [[comte]] de Noé, né le {{date de naissance-|8 novembre 1728}} ou le {{date de naissance-|22 décembre 1728}} dans l'[[Habitation agricoleBréda colonialedu Haut-du-Cap|habitation]] de Bréda]] au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]] à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]] (aujourd'hui [[Haïti]]) et mort à Paris, [[rue du Bac]], le {{date de décès-|25 février 1816}}, est un [[Aristocratie|aristocrate]] français, [[officier]], propriétaire de terres et d'[[Esclavage en Haïti|esclaves]] à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]].
 
Fils d'un officier [[Gascons|gascon]] et d'une propriétaire [[Créoles|créole]], il grandit àdans la colonie de Saint-Domingue avant de servir comme officier pendant la la [[guerre de Succession d'Autriche]] puis la [[guerre de Sept Ans]]. Il retourne ensuite à Saint-Domingue gérer ses [[Habitation agricole coloniale|habitations]], où des centaines d'esclaves produisent du café et surtout du sucre.
'''Louis-Pantaléon de Noé''', [[comte]] de Noé, né le {{date de naissance-|8 novembre 1728}} ou le {{date de naissance-|22 décembre 1728}} dans l'[[Habitation agricole coloniale|habitation]] de Bréda au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]] à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]] (aujourd'hui [[Haïti]]) et mort à Paris, [[rue du Bac]] le {{date de décès-|25 février 1816}}, est un aristocrate français, [[officier]], propriétaire de terres et d'[[Esclavage|esclaves]] à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]
 
Revenu en [[Gascogne]], il mène la vie d'un grand seigneur tout en faisant gérer ses plantations à Saint-Domingue. Il [[Émigration (1789-1815)|émigre]] pendant la [[Révolution française|Révolution]] et revient en France en 1802. Désargenté, il demande de l'aide à l'ancien esclave d'une des plantations de sa famille, ToussantToussaint Bréda, devenu le héros de la révolution[[Révolution haïtienne]] et connu sous le nom de [[Toussaint Louverture]].
Fils d'un officier gascon et d'une propriétaire [[Créoles|créole]], il grandit à Saint-Domingue avant de servir comme officier pendant la la [[guerre de Succession d'Autriche]] puis la [[guerre de Sept Ans]]. Il retourne ensuite à Saint-Domingue gérer ses [[Habitation agricole coloniale|habitations]], où des centaines d'esclaves produisent du café et surtout du sucre.
 
À la fin de sa vie, il est un notable, [[lieutenant général]] et [[Liste des membres de la Chambre des pairs (Restauration)|pair de France]] à la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]]. Après sa mort, sa famille entretient la mémoire de ses relations avec Toussaint Louverture. Dans le roman de [[Victor Hugo]] ''[[Bug-Jargal]]'', de nombreux détails permettent d'identifier les deux personnages principaux àcomme Louis-Pantaléon de Noé et à Toussaint Louverture.
Revenu en [[Gascogne]], il mène la vie d'un grand seigneur tout en faisant gérer ses plantations à Saint-Domingue. Il [[Émigration (1789-1815)|émigre]] pendant la [[Révolution française|Révolution]] et revient en France en 1802. Désargenté, il demande de l'aide à l'ancien esclave d'une des plantations de sa famille, Toussant Bréda, devenu le héros de la révolution haïtienne [[Toussaint Louverture]].
 
À la fin de sa vie, il est un notable, [[lieutenant général]] et [[Liste des membres de la Chambre des pairs (Restauration)|pair de France]] à la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]]. Après sa mort, sa famille entretient la mémoire de ses relations avec Toussaint Louverture. Dans le roman de [[Victor Hugo]] [[Bug-Jargal]], de nombreux détails permettent d'identifier les deux personnages principaux à Louis-Pantaléon de Noé et à Toussaint Louverture.
 
== Biographie ==
=== Famille et enfance à Saint-Domingue (1728-1740) ===
Louis-Pantaléon de Noé naît le {{date de naissance-|8 novembre 1728}} selon son dossier militaire, ou le {{date de naissance-|22 décembre 1728}} comme il l'indique lui-même sous le [[Premier Empire]]. Peut-être y a-t-il confusion entre la date de naissance et la date du [[baptême]]. Sa mère accouche très probablement dans la « grande case » de l'[[Habitationhabitation agricoleBréda coloniale|habitationdu Haut-du-Cap]] Bréda appartenant à ses grands-parents, au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], dans la [[Premier empire colonial français|colonie française]] de [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=45}}.
 
Louis-Pantaléon de Noé est le fils de Jean-Louis de Noé (1691-1730) et de son épouse Marie-Anne de Bréda (1708-1761). Jean-Louis de Noé, couramment appelé Louis, est issu d'une famille de noblesse ancienne de [[Gascogne]], les Noé, seigneurs de [[L'Isle-de-Noé]], alliés notamment aux [[Famille de Colbert|Colbert]], et aux [[Famille de Pardaillan de Gondrin|Pardailhan de Gondrin]]. Louis de Noé est un cadet. Son frère aîné, Marc-Roger de Noé hérite du marquisat de Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=40-42}}.
 
Louis-Pantaléon de Noé est le fils de Jean-Louis de Noé (1691-1730) et de son épouse Marie-Anne de Bréda (1708-1761). Jean-Louis de Noé, couramment appelé Louis, est issu d'une famille de noblesse ancienne de [[Gascogne]], les Noé, seigneurs de [[L'Isle-de-Noé]], alliés notamment aux [[Famille de Colbert|Colbert]], et aux [[Famille de Pardaillan de Gondrin|PardailhanPardaillan de Gondrin]]. Louis de Noé esta un cadet. Son frère aîné, Marc-Roger de Noé, héritehéritier du [[marquisat]] de Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=40-42}}.
Jean-Louis de Noé porte le titre de comte et entame une carrière d'officier de marine qui l'amène au Cap-Français, à Saint-Domingue, où il épouse, par contrat signé le {{date-|27 novembre 1725}}, Marie-Anne de Bréda. Cette dernière est la fille de [[Pantaléon I de Bréda]], qui lui lègue une [[Habitation agricole coloniale|habitation]] située au quartier du [[Limbé (Haïti)|Limbé]], à l'ouest du Cap-Français, et sur laquelle travaillent une cinquantaine d'[[Esclavage|esclaves]]. C'est donc un mariage entre un [[Cadets de Gascogne|cadet de Gascogne]] au nom prestigieux mais assez peu fortuné et une héritière [[Créoles|créole]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=42-43}}.
[[Fichier:Cap Français - Gravure ancienne - 1728.jpg|vignette|Vue et plan du [[Cap-Haïtien|Cap-Français]] en 1728.|alt=En haut, deux bateaux sur la mer avec à l'arrière plan une ville rouge et des collines vertes. En bas, un plan avec sa légende, montrant un principalement un quadrillage rouge entouré de lignes ombrées vertes.]]
Jean-Louis de Noé porte le titre de [[comte]] et entame une carrière d'[[Officier de la Marine royale française|officier de marine]] qui l'amène au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], à Saint-Domingue, où il épouse, par contrat signé le {{date-|27 novembre 1725}}, Marie-Anne de Bréda. Cette dernière est la fille de [[Pantaléon I de Bréda]], qui lui lègue une [[Habitation agricole coloniale|habitation]] située au quartier du [[Limbé (Haïti)|Limbé]], à l'ouest du Cap-Français, et sur laquelle travaillent une cinquantaine d'[[Esclavage en Haïti|esclaves]]. C'est donc un mariage entre un [[Cadets de Gascogne|cadet de Gascogne]] au nom prestigieux mais assez peu fortuné et une héritière [[Créoles|créole]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=42-43}}.
 
Le nouveau-né Louis-Pantaléon est confié aux soins d'une nourrice noire esclave, Madeleine, qu'on connaît par un don qu'il lui fait quarante-sept ans plus tard, en 1775, alors qu'elle est devenue libre par [[affranchissement]]. Le {{date de décès-|21 décembre 1730}}, le père de Louis-Pantaléon, Jean-Louis de Noé meurt d'un coup d'épée reçu d'un autre officier lors d'une dispute avinée{{Sfn|Donnadieu|2009|p=44-45}}.
 
Jusqu'à l'âge de {{nobr|8 ans,}} Louis-Pantaléon de Noé grandit dans son île natale, jusqu'àet son départ pour la [[France métropolitaine]] en {{date-|mars 1737}}, Louis-Pantaléon de Noé grandit dans son île natale. SaPuis, sa mère, Marie-Anne Bréda de Noé, emmène avec elle ses deux enfants, Louis-Pantaléon et sa jeune sœur, Marie-Anne. Marie-Anne Bréda de NoéElle s'installe d'abord à Paris, puis à [[Auch]], et fait gérer à distance ses propriétés de Saint-Domingue. Son fils va entamer sa carrière militaire en 1740, alors qu'il n'a pas encore douze ans{{Sfn|Donnadieu|2009|p=49-54}}.
 
=== Officier (1740-1773) ===
[[Fichier:Batalla de Lawfeldt 1147.jpg|vignette|gauche|Plan de la [[bataille de Lauffeld]].|alt=Plan en noir et blanc, figurant des petits carrés noirs et blancs face à face et des lignes indiquant un relief. En haut, à gauche, le plan d'une ville nommée Maestricht.]]
En effet, leLe {{date|6 juin 1740}}, âgé de onze ans, Louis-Pantaléon de Noé devient lieutenant en second du [[Régiment de Noailles (1691)|régiment d'infanterie de Noailles]]. Il passe [[enseigne (grade militaire)|enseigne]] le {{date|1er novembre 1741}} puis [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] le {{date|9 décembre 1742}}, dans ce même [[Régiments d'infanterie français d'Ancien Régime|régiment]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=55-56}}.
 
Alors que la [[guerre de Succession d'Autriche]] commence à la fin de l'année 1740, le jeune Louis-Pantaléon connaît sa première expérience du combat lors de la [[bataille de Dettingen]], le {{date-|27 juin 1743}}, défaite française pendant laquelle il est légèrement blessé. Il participe en 1744 aux sièges des villes d'[[Ypres]], de [[Menin]] et de [[Fribourg-en-Brisgau]], pendant lequel il est deà nouveau touché{{Sfn|Donnadieu|2009|p=56}}. Le {{date-|19 février 1745}}, Louis-Pantaléon de Noé devient [[Capitaine (France)|capitaine]] de [[cavalerie]], dans le [[Régiment de La Viefville cavalerie|régiment de La Viefville]]. Il combat en Italie en 1746 (batailles [[Bataille du Tidone|du Tidone]], du [[Tanaro]] et de [[Bataille de Plaisance (1746)|Plaisance]]) et dans les Flandres en 1747 à la [[bataille de Lauffeld]], pendant laquelle il reçoitest victime d'une nouvelle blessure. Après le [[Traité d'Aix-la-Chapelle (1748)|traité d'Aix-la-Chapelle]], il reste capitaine de cavalerie{{Sfn|Donnadieu|2009|p=56}}.
 
[[Fichier:59RI Roy Comtois1762.png|vignette|redresse|Grenadier du [[régiment Royal-Comtois]] en 1762.|alt=Dessin d'un homme moustachu habillé d'un costume blanc au col et aux manches verts et aux boutons dorés et coiffé d'un chapeau en hauteur.]]
En juin 1756, il reçoit, à [[Château de Versailles|Versailles]], des mains du roi {{Souverain2|Louis XV}}, la croix de chevalier de l'[[ordre royal et militaire de Saint-Louis]]. On ne sait pas de quelles protections il a pu bénéficier pour recevoir cet honneur considérable{{Sfn|Donnadieu|2009|p=57}}. Il poursuit ensuite sa carrière militaire dans la [[gendarmerie de France]], c'est-à-direqui lescorrespond aux unités d'élite qui protègentprotégeant le roi. Pendant la [[guerre de Sept Ans]], il est grièvement blessé lors de la [[Bataille de Minden (1759)|bataille de Minden]] et en reste handicapé, comme il l'écrit lui-même dans une lettre : {{Citation|ayant fait toute la guerre dans la gendarmerie, blessé assez grièvement pour rester estropié et ne pouvoir que difficilement servir dans la cavalerie}}. Le {{date-|1er février 1762}}, il devient [[colonel]] d'infanterie, ce qui montre qu'il a les moyens de s'acheter un [[Régiments d'infanterie français d'Ancien Régime|régiment]], le [[Régiment Royal-Comtois|régiment Royal -Comtois Infanterie]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=58}}. Ce régiment est affecté à la surveillance des côtes atlantiques et méditerranéennes{{Sfn|Donnadieu|2009|p=292}}.
 
En 1769, il obtient l'autorisation de délaisser son régiment, le confiant au lieutenant-colonel de La Motte-Geffrard, pour se consacrer à ses affaires privées àdans la colonie de [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]], qu'il rejoint dans la seconde moitié de l'année. Son régiment, parti pour l'[[Île de France (Maurice)|île de France]], aujourd'hui [[île Maurice]], s'y mutine. Les meneurs sont jugés en {{date-|juillet 1773}} et, le {{date-|28 juillet 1773}}, le comte de Noé, alors à Saint-Domingue, est démis de son commandement au profit de Stanislas-Catherine de Biaudos de Castéja{{Sfn|Donnadieu|2009|p=59-61}}.
 
=== Aristocrate planteur (1769-1775) ===
{{Article connexe|Habitation Bréda du Haut-du-Cap}}
La mère de Louis-Pantaléon de Noé, Marie-Anne de Bréda, meurt à Toulouse le {{date-|24 août 1761}}, laissant ses biens à Louis-Pantaléon et à sa sœur Marie-Anne{{Sfn|Donnadieu|2009|p=290}}. Elle a déjà vendu son habitation du Limbé et lègue à ses enfants une habitation [[Canne à sucre|sucrière]] appelée Les Manquets, des parts dans une [[tuilerie]] et une [[poterie]], le tout au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], et des dettes importantes. En 1765, la sœur de Louis-Pantaléon renonce en sa faveur à sa part d'héritage. Il en confie la gestion à des négociants installés à Saint-Domingue avant de venir lui-même sur place en 1769{{Sfn|Donnadieu|2009|p=63-69}}.
[[Fichier:Habitations Bréda.svg|vignette|gauche|redresse=1.2|Les habitations des Bréda et de leurs alliés vers 1750{{Sfn|Donnadieu|2009|p=33}}.|alt=Carte montrant des espaces coloriés de vert reliés par des lignes grises sur un fond brun clair. En haut, un espace bleu nommé Océan Atlantique.]]
La mère de Louis-Pantaléon de Noé, Marie-Anne de Bréda, meurt à Toulouse le {{date-|24 août 1761}}, laissant ses biens à Louis-Pantaléon et à sa sœur Marie-Anne{{Sfn|Donnadieu|2009|p=290}}. Elle a déjà vendu son [[Habitation agricole coloniale|habitation]] du Limbé et lègue à ses enfants une habitation [[Canne à sucre|sucrière]] appelée Les Manquets, des parts dans une [[tuilerie]] et une [[poterie]], le tout au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], etainsi que des dettes importantes. En 1765, la sœur de Louis-Pantaléon renonce en sa faveur à sa part d'héritage. Il en confie la gestion à des négociants installés à Saint-Domingue avant de venir lui-même sur place en 1769{{Sfn|Donnadieu|2009|p=63-69}}.
 
Arrivé à Saint-Domingue, le comté de Noé s'installe dans la ville du Cap-Français, où il cultive des relations de sociabilité avec les autres membres de la bonne société blanche, notamment François-Antoine Bayon de Libertat, qui administre les habitations Bréda, qui appartiennent alors à Pantaléon II de Bréda, oncle de Louis-Pantaléon{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=290}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=74-84}}.
 
CeEn dernier1772, Louis-Pantaléon de Noé s'associe avec un de ses cousins, Louis-François-Pantaléon du Trousset, chevalier d'Héricourt. Ils mettent en commun leurs biens des Manquets{{Sfn|Donnadieu|2009|p=71-74}}. Ils constituent ainsi l'habitation d'Héricourt-Noé, située à côté du Cap-Français, dans le quartier de l'[[Acul-du-Nord]]. C'est une grande exploitation sucrière, d'environ {{unité|700|hectares}}, l'une des plus étendues de la région. La canne à sucre y est cultivée, broyée (dans des moulins) et transformée en sucre (par chauffage) par des [[Esclavage en Haïti|esclaves]], au prix d'un travail exténuant. En 1774, les deux associés possèdent plus de {{nombre|400 esclaves}} sur leur plantation{{Sfn|Donnadieu|2009|p=85-91}}.
 
[[Fichier:Vue du Cap-Français.jpg|vignette|Le [[Cap-Haïtien|Cap-Français]] en 1791. Gravure extraite du ''Recueil de vues des lieux principaux de la colonie françoise de Saint-Domingue'' de [[Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry|Moreau de Saint-Méry]]. La plantation [[Habitation Bréda du Haut-du-Cap|Bréda du Haut-du-Cap]] se situait au pied des [[morne]]s, sur la gauche de cette illustration.|alt=Dessin sépia montrant au premier plan une rive avec des silhouettes, puis une anse avec des bateaux dans la mer et à l'arrière-plan des montagnes.]]
Pendant son séjour à Saint-Domingue, Louis-Pantaléon de Noé est aussi au contact de « nègres libres », dont le plus connu est Toussaint Bréda, qui prend plus tard le nom de [[Toussaint Louverture]] quand il devient le héros de la [[révolution haïtienne]]. Toussaint est esclave sur l'habitation Bréda avant d'être affranchi, soit par le comte de Noé lui-même soit par Bayon de Libertat, qui administre l'habitation Bréda{{Sfn|Donnadieu|2009|p=100-103}}{{,}}{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=297-298}}. La tradition qui rapporte que Toussaint était l'esclave de Louis-Pantaléon de Noé est erronée, puisque celui-ci ne possède pas alors l'habitation Bréda, qui appartient à son oncle{{Sfn|Girard|Donnadieu|2013|p=61}}. Parmi les serviteurs de Louis-Pantaléon figure Blaise Bréda, un « libre de couleur », qui est son cuisinier, possède lui-même deux maisons et des esclaves{{Sfn|Donnadieu|2009|p=103-108}}.
 
Pendant son séjour à Saint-Domingue, Louis-Pantaléon de Noé est aussi au contact de «[[gens nègresde librescouleur »libres]], dont le plus connu est Toussaint Bréda, qui prend plus tard le nom de [[Toussaint Louverture]] quand il devient le héros de la [[révolution haïtienne]]. Toussaint est esclave sur l'[[Habitation Bréda du Haut-du-Cap|habitation Bréda]] avant d'être affranchi, soit par le comte de Noé lui-même soit par Bayon de Libertat, qui administre l'habitation Bréda{{Sfn|Donnadieu|2009|p=100-103}}{{,}}{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=297-298}}. La tradition qui rapporte que Toussaint était l'esclave de Louis-Pantaléon de Noé est erronée, puisque celui-ci ne possède pas alors l'habitation Bréda, qui appartient à son oncle{{Sfn|Girard|Donnadieu|2013|p=61}}. Parmi les serviteurs de Louis-Pantaléon figure Blaise Bréda, un « libre de couleur », qui est son cuisinier, et possède lui-même deux maisons et des esclaves{{Sfn|Donnadieu|2009|p=103-108}}.
Une fois leur situation financière rétablie, les deux cousins associés songent à revenir en France. L'attraction de la métropole, l'ennui d'une vie monotone et la crainte permanente d'une possible révolte des esclaves de leur plantation, beaucoup plus nombreux que les Blancs, expliquent probablement cette décision. Avant de partir, ils choisissent deux hommes de confiance pour gérer leur habitation : un procureur, qui a procuration pour agir en leur nom, Antoine-Alexis Mosneron de Launay, et un économe, c'est-à-dire un comptable, Charles de Lépinaist. Ils arrivent en métropole le {{date-|29 juillet 1775}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=91-94}}.
 
Une fois leur situation financière rétablie, les deux cousins associés songent à revenir en France. L'attraction de la [[France métropolitaine|métropole]], l'ennui d'une vie monotone et la crainte permanente d'une possible révolte des esclaves de leur plantation, beaucoup plus nombreux que les Blancs, expliquent probablement cette décision. Avant de partir, ils choisissent deux hommes de confiance pour gérer leur habitation : un procureur, qui a procuration pour agir en leur nom, Antoine-Alexis Mosneron de Launay, et un économe, c'est-à-dire un comptable, Charles de Lépinaist. Ils arrivent en métropole le {{date-|29 juillet 1775}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=91-94}}.
 
=== Propriétaire absentéiste (1775-1791) ===
En {{date-|avril 1778}}, le comte de Noé et son cousin le chevalier d'Héricourt achètent à leur procureur pour Les Manquets, Mosneron de Launay, deux autres [[Caféière|plantations, de café]] cette fois, situées sur les [[Morne|mornes]] de [[Port-Margot]]. Ces deux habitations totalisent {{unité|136|[[carreau (agriculture)|carreaux]]}} de terres et presque cinquante esclaves, presque tous récemment déportés d'Afrique ([[wikt:Bossale|Bossales]]), sauf un natif de Saint-Domingue. Le chevalier d'Héricourt revient à Saint-Domingue deux mois après, constate que cet achat se révèle être une mauvaise affaire et, fâché, se sépare de Mosneron de Launay aux Manquets. Louis-Pantaléon de Noé revient aussi en 1778, mais reste très peu de temps, à Saint-Domingue. en 1778 et lesLes deux associés revendent rapidement leurs [[Caféière|caféières]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=113-117}}.
 
Le chevalier d'Héricourt prend en main la direction de la plantation sucrière des Manquets, mais tombe malade et meurt le {{date|25 août 1779}}. L'habitation passe entièrement au comte de Noé, qui indemnise les autres [[Ayant droit|ayants droit]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=117-122}}. Il en confie la direction à trois procureurs successifs. Tout d'abord, de 1779 à 1789, François-Antoine Bayon de Libertat, le même qu'à l'[[Habitation Bréda du Haut-du-Cap|habitation Bréda]]. Il est révoqué pour mauvaise gestion en 1789. Son successeur est Jean-Jacques-Philippe Langlois de Laheuse jusqu'en {{date-|avril 1790}}. À cette date, un nouveau procureur est nommé, Joseph-Nicolas Duménil, qui dirige la plantation jusqu'à la [[Révolution haïtienne|révolte des esclaves]] d'{{date-|août 1791}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=123-129}}.
[[Fichier:Représentation d'un type d'Habitation sucrière coloniale en 1762.jpg|vignette|Une [[Habitation agricole coloniale|habitation coloniale]] sucrière en 1762. Illustration dans l'''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]''. En haut à droite, la maison du maître, dominant la [[rue Cases-Nègres]] en contrebas (quartier des esclaves). À gauche, les bâtiments destinés à la [[Raffinage du sucre|production de sucre]] : moulin à eau, relié à la sucrerie abritant les chaudières. Au-dessus, la purgerie et l’étuve, pour le raffinage et le séchage du sucre. Au centre, au premier plan la « savane », partie de l’habitation non-cultivée, et à l'arrière les champs de [[Canne à sucre|cannes]]. Le travail des esclaves n'est pas représenté.|alt=Dessin sépia montrant un grand espace central vide et des bâtiments de chaque côté.]]
Pendant cette période, la surface plantée en canne à sucre dans la plantation des Manquets augmente, passant d'environ {{unité|200|hectares}} en 1780, à environprès de {{unité|340|hectares}} en 1791. La production annuelle de sucre varie d'environ {{unité|180|tonnes}} en 1780, à environ {{unité|260|tonnes}} environ les autres années. La plantation rapporte au moins {{unité|30000|livres}} par an au comte de Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=129-133}}.
 
Les sources ne permettent pas de connaître précisément le vécu des esclaves, mais il apparaît qu'ils sont mal nourris, essentiellement de [[Banane plantain|bananes-légumes]] et autres féculents, mal vêtus, mal logés dans des [[Case|cases]] construites à l'économie, assujettis à un travail éreintant pour lequel ils ne sont pas assez nombreux. Ils ont par conséquent une santé précaire et les épidémies semblent fréquentes. Les esclaves résistent comme ils le peuvent, notamment en se livrant au [[Marronnage (esclavage)|marronnage]], temporaire ou plus long. Bayon de Libertat, dans ses courriers au comte de Noé, prétend favoriser les naissances d'enfants d'esclaves, qui permettent de renouveler la force de travail à un coût moindre prix.que l'achat de Bossales issus de la [[Commerce triangulaire|traite négrière]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=135-152}}.
Pendant cette période, la surface plantée en canne à sucre dans la plantation des Manquets augmente, passant d'environ {{unité|200|hectares}} en 1780 à environ {{unité|340|hectares}} en 1791. La production annuelle de sucre varie d'environ {{unité|180|tonnes}} en 1780 à environ {{unité|260|tonnes}} les autres années. La plantation rapporte au moins {{unité|30000|livres}} par an au comte de Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=129-133}}.
 
En 1786, à la mort de son oncle Pantaléon II de Bréda, le comte de Noé hérite, en [[indivision]] avec sa sœur Marie-Anne de Noé de Polastron, son cousin Louis-Bénigne-Pantaléon du Trousset, comte d'Héricourt, et sa cousine Julie du Trousset d'Héricourt de Butler, des deux habitations Bréda, l'une au [[Habitation Bréda du Haut-du-Cap|Haut-du-Cap]] au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], au Haut-du-Cap et l'autre à la [[Plaine-du-Nord]]. Ce sont deux plantations sucrières, peupléessur delesquelles travaillent plus de 360 esclaves au total, aux trois quarts des adultes nés en Afrique. Ces habitations sont gérées, comme lesaux Manquets, par Bayon de Libertat, (dont l'homme de confiance est [[Toussaint Louverture|Toussaint Bréda]]). Après l'éviction en 1789 de Bayon de Libertat, qui semble privilégier l'administration de sa propre sucrerie située au Limbé. Après l'éviction de Bayon de Libertat en 1789, il apparaît que des travaux d'irrigation et de construction de nouveaux moulins sont nécessaires. Comme aux Manquets, le petit marronage[[Marronnage (esclavage)|marronnage]] est endémique aux habitations Bréda{{Sfn|Donnadieu|2009|p=153-168}}.
Les sources ne permettent pas de connaître précisément le vécu des esclaves, mais il apparaît qu'ils sont mal nourris, essentiellement de bananes-légumes et autres féculents, mal vêtus, mal logés dans des cases construites à l'économie, assujettis à un travail éreintant pour lequel ils ne sont pas assez nombreux. Ils ont par conséquent une santé précaire et les épidémies semblent fréquentes. Les esclaves résistent comme ils le peuvent, notamment en se livrant au [[Marronnage (esclavage)|marronnage]], temporaire ou plus long. Bayon de Libertat, dans ses courriers au comte de Noé, prétend favoriser les naissances d'enfants d'esclaves, qui permettent de renouveler la force de travail à moindre prix.{{Sfn|Donnadieu|2009|p=135-152}}.
 
Il semble que c'est dans l'habitation du comte de Noé aux Manquets qu'a commencé la [[Révolution haïtienne|révolte des esclaves de Saint-Domingue]], dans la nuit du 22 au {{date-|23 août 1791}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=206-213}}.
En 1786, à la mort de son oncle Pantaléon II de Bréda, le comte de Noé hérite, en indivision avec sa sœur, son cousin et sa cousine, des deux habitations Bréda, au [[Cap-Haïtien|Cap-Français]], au Haut-du-Cap et à la Plaine-du-Nord. Ce sont deux plantations sucrières, peuplées de plus de 360 esclaves au total, aux trois quarts des adultes nés en Afrique. Ces habitations sont gérées, comme les Manquets, par Bayon de Libertat (dont l'homme de confiance est [[Toussaint Louverture|Toussaint Bréda]]) qui semble privilégier l'administration de sa propre sucrerie située au Limbé. Après l'éviction de Bayon de Libertat en 1789, il apparaît que des travaux d'irrigation et de construction de nouveaux moulins sont nécessaires. Comme aux Manquets, le petit marronage est endémique aux habitations Bréda{{Sfn|Donnadieu|2009|p=153-168}}.
 
=== Grand seigneur gascon (1775-1789) ===
[[Fichier:L'Isle-de-Noé (Gers, Fr) château.JPG|vignette|Château de [[L'Isle-de-Noé]]|alt=Un grand terrain vert avec à l'arrière-plan un long bâtiment à deux étages, de pierre ocre au toit de tuiles.]]
L'année qui suit son retour en [[France métropolitaine]], Louis-Pantaléon de Noé épouse sa cousine, Charlotte-Louise-Pétronille de Noé, tout juste veuve. Le contrat de mariage est signé au château de [[L'Isle-de-Noé]] le {{date-|24 janvier 1776}}, et la cérémonie a lieu deux semainesemaines après, dans l'église du village le {{date-|10 février 1776}}, dans l'église du village. À {{Nobr|47 ans}}, Louis-Pantaléon de Noé épouse une jeune femme de {{Nobr|26 ans}}. Elle est la fille du marquis Jacques-Roger de Noé (1716-1800), lui-même cousin germain de Louis-Pantaléon parce que, leurs pères étaientétant frères. ceCe mariage qui réunit deux branches de la famille et permet d'assurer l'avenir du nom. Louis-Pantaléon et Charlotte de Noé habitent dans le château résidentiel de L'Isle-de-Noé, héritage de Charlotte, probablement achevé en 1756. En sept ans, ils ont six enfants{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=292}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=169-173}}.
 
En plus du couple Louis-Pantaléon et Charlotte de Noé et de leurs enfants, d'autres membres de la famille de Noé vivent aussi au château de [[L'Isle-de-Noé]] : le vieux marquis Jacques-Roger de Noé et sa sœur restée célibataire, Jeanne-Louise de Noé, vivent aussi au château de [[L'Isle-de-Noé]]. Leurs frères, [[Marc-Antoine de Noé]], [[Liste des évêques de Lescar|évêque de Lescar]], ouet le vicomte [[Louis de Noé]], y passent régulièrement. Les Noé sont servis par du [[Domesticité|personnel]], leur château est meublé de beaux meubles et ils font bonne chère. Le comte de Noé développe l'élevage des chevaux dans le parc de son château{{Sfn|Donnadieu|2009|p=182-187}}.
 
Le comte de Noé est [[Baron (noblesse)|baron]] de L'Isle-de-Noé, seigneurie que sa famille possède depuis le {{s-|XVI}}, constituée de [[L'Isle-de-Noé]] et des villages limitrophes de [[Mouchès]], [[Barran|Castagnère]] et Saubagnan. Il possède aussi la [[vicomté]] d'[[Estancarbon]], en [[Comminges]]. En 1787, il achète la baronnie d'Antin, c'est-à-dire l'ancien [[Duché d'Antin|duché-pairie d'Antin]] redevenu une baronnie après la mort en 1757 du dernier duc d'Antin, [[Louis de Pardaillan de Gondrin (1727-1757)|Louis de Pardaillan de Gondrin]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=173-176}}.
 
Les Noé ont des relations à la [[Cour de France|Cour]]. En effet, [[Gabrielle de Polignac]], femme de [[Jules de Polignac (1746-1817)|Jules de Polignac]] et amie de la reine [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]], est la fille d'un premier mariage de Jean-François Gabriel de Polastron, remarié ensuite à Marie-Anne de Noé, sœur du comte Louis-Pantaléon de Noé. Les Noé font partie de la [[Noblesse française|noblesse]] imbue de ses [[Droit féodal|privilèges]] et qui ne comprend pas qu'ils puissent être remis en question{{Sfn|Donnadieu|2009|p=176-177}}.
 
Malgré sa situation enviable, le comte de Noé a des difficultés financières. La [[guerre d'indépendance des États-Unis]] perturbe les relations commerciales entre [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]] et la métropole. Diverses dettes ne sont pas réglées et s'éternisent, et desde nouvelles sont contractées{{Sfn|Donnadieu|2009|p=177-182}}.
 
En 1787, le comte de Noé participe à l'[[assemblée provinciale]] de la [[généralité d'Auch]]. Il y est nommé par le roi en tant que représentant de la noblesse{{Sfn|Donnadieu|2009|p=188}}.
 
=== Le choix de l'émigration (1789-1802) ===
{{Article connexe|Émigration (1789-1815)}}
Au printemps 1789, contrairement aux autres membres de sa famille, le comte de Noé ne prend pas part aux réunions locales de la noblesse gasconne qui rédige les [[Cahier de doléances|cahiers de doléances]]. Ses préoccupations sont ailleurs. En 1787-1788, il fait de fréquents séjours à Paris pour défendre ses intérêts de planteur de Saint-Domingue. Il participe au « comité colonial » composé de grands propriétaires. Contrairement à ce qu'ils réclament, le roi [[Louis XVI]], dans sa [[Convocation des états généraux de 1789|convocation des États généraux]], ne prévoit pas de députés des colonies. Le comité colonial organise quand même des élections illégales à Saint-Domingue : le {{date-|27 janvier 1789}}, une assemblée générale de notables blancs du nord de l'île élit des députés aux [[États généraux de 1789|États généraux]], dont le comte de Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=188-194}}.
 
À l'ouverture des États généraux le {{date-|5 mai 1789}}, les députés des colonies ne sont pas admis. L'[[Assemblée nationale constituante (1789)|Assemblée nationale]] accepte six représentants de Saint-Domingue lors de sa séance du {{date-|4 juillet 1789}}, mais le comte de Noé n'en fait pas partie. En 1789-1790, il est dans son château de L'Isle-de-Noé avec sa famille. Contrairement à beaucoup de ses parents et alliés, il ne participe pas au [[Clubclub de l'hôtel de Massiac|club Massiac]], société de riches colons qui luttent contre les droits des Noirs[[Noir (humain)|Noir]]s{{Sfn|Donnadieu|2009|p=197-203}}.
 
En 1791, après la [[Fuite de Varennes|fuite à Varennes]] et l'arrestation du roi, Louis-Pantaléon de Noé quitte la France, laissant à L'Isle-de-Noé sa femme, propriétaire en titre du château. Vers la mi-octobre arrive en France la nouvelle de la [[Révolution haïtienne|révolte des esclaves de Saint-Domingue]], qui a commencé dans la nuit du 22 au {{date-|23 août 1791}}, semble-t-il dans l'habitation du comte de Noé aux Manquets{{Sfn|Donnadieu|2009|p=203-213}}.
 
C'est au même moment, à l'automne 1791, que Louis-Pantaléon de Noé arrive à [[Coblence]], à la cour des princes, les deux frères de {{Souverain2|Louis XVI}}, le [[Louis XVIII|comte de Provence]] et le [[Charles X|comte d'Artois]]. Son fils Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé l'y rejoint, pour servir dans l'[[Armée des émigrés|armée des Princes]]. En 1793, père et fils sont passés en [[Angleterre]]. En {{date-|juillet 1795}}, le comte de Noé prend par écrit diverses dispositions avant de rejoindre l'armée du comte d'Artois. Il prend part à la tentative ratée de débarquement à l'île d'Yeu d'août-septembre 1795 puis revient en Angleterre{{Sfn|Donnadieu|2009|p=213-220}}.
 
Le {{date-|6 avril 1799}}, le comte de Noé envoie une lettre au nouvel homme fort de Saint-Domingue, l'ancien esclave de l'habitation Bréda, Toussaint Bréda qui porte désormais le nom de [[Toussaint Louverture]]. En effet, Louis-Pantaléon a appris que Toussaint Louverture a pris en fermage l'ancienne habitation des Noé aux Manquets. L'ancien propriétaire esclavagiste supplie l'ancien esclave de lui envoyer de l'argent, arguant de leurs bonnes relations et de sa situation financière difficile{{Sfn|Donnadieu|2009|p=221}} :
 
En 1791, après la [[Fuite de Varennes|fuite à Varennes]] et l'arrestation du roi, Louis-Pantaléon de Noé [[Émigration (1789-1815)|émigre de France]], laissant à L'Isle-de-Noé sa femme, propriétaire en titre du château. Vers la mi-octobre, arrive en France la nouvelle de la [[Révolution haïtienne|révolte des esclaves de Saint-Domingue]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=203-206}}. Au même moment, à l'automne 1791, Louis-Pantaléon de Noé arrive dans la ville allemande de [[Coblence]], à la cour des princes (les deux frères de {{Souverain2|Louis XVI}}, le [[Louis XVIII|comte de Provence]] et le [[Charles X|comte d'Artois]]). Son fils [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé]] l'y rejoint, pour servir dans l'[[Armée des émigrés|Armée des Princes]]. En 1793, père et fils passent en [[Angleterre]]. En {{date-|juillet 1795}}, le comte de Noé prend par écrit diverses dispositions avant de rejoindre l'armée du comte d'Artois. Il prend part à la tentative ratée de [[Expédition de l'île d'Yeu|débarquement à l'île d'Yeu]] d'août-septembre 1795 puis revient en Angleterre{{Sfn|Donnadieu|2009|p=213-220}}.[[Fichier:Toussaint Louverture par Pierre-Charles Baquoy.jpg|vignette|redresse|[[Toussaint Louverture]] en 1802, gravure de [[Pierre-Charles Baquoy]].|alt=Dessin en noir et blanc d'un homme noir debout appuyé sur une canne, chapeau à la main, habillé d'un habit brodé à large ceinture et botté.]]Le {{date-|6 avril 1799}}, le comte de Noé envoie une lettre au nouvel homme fort de [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]], [[Toussaint Louverture]], ancien esclave de l'[[Habitation Bréda du Haut-du-Cap|habitation Bréda]]. En effet, Louis-Pantaléon a appris que Toussaint Louverture a pris en [[Fermage (droit français)|fermage]] l'ancienne habitation des Noé aux Manquets. L'ancien propriétaire esclavagiste supplie l'ancien esclave de lui envoyer de l'argent, arguant de leurs bonnes relations et de sa situation financière difficile{{Sfn|Donnadieu|2009|p=221}} :
{{Citation bloc|Ce que je viens d’apprendre, mon cher Toussaint, des services que vous avez rendus au Sieur Bayon, notre ancien procureur, me confirme dans l’opinion que j’avais déjà conçue de vous, sur les derniers actes publics de votre conduite. Cela me prouve également que vous n’avez pas [oublié] ceux auxquels vous avez été attaché pendant tant d’années. Tous ces motifs me font penser avec confiance que vous trouverez le même plaisir à m’être utile du moment que je vous aurai fait connaître la position malheureuse dans laquelle les malheurs de la Révolution m’ont réduit, en me dépouillant d’une grande fortune et me réduisant à la misère, et à manquer de tout dans un âge avancé. Sans cette affreuse Révolution, mon intention était d’aller avec mes enfants, finir mes jours paisiblement sur mes habitations, où ma plus grande jouissance aurait été de rendre heureux tous ceux qui dépendaient de moi, comme vous savez bien que moi et mes parents, nous l’avons fait pendant notre séjour dans la colonie. Mais hélas ! je crains bien que ce plan ne puisse jamais s’exécuter ; cependant il pourrait encore avoir lieu ; si, comme j’aime à me le persuader, vous voulez employer votre pouvoir et vos moyens au rétablissement de mes habitations et de celles de mes parents, que vous avez connus, et me faire passer dans ce pays-ci où je réside actuellement, des secours qui sont nécessaires à ma subsistance, et à la conservation de ma vie, et de celle de mes enfants.
Adieu ! mon cher Toussaint, votre réponse que j’attendrai avec une impatience égale à mes besoins me confirmera, j’en suis convaincu, dans la bonne opinion que j’ai de vous et me prouvera que j’avais raison, ainsi que mes parents, de vous avoir donné notre confiance, de même qu’au bon Nègre Blaise, et à quelques autres bons sujets, qui avaient été attachés à mes père et mère, et à toute ma famille.
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Comme je suis bien convaincu, mon cher Toussaint, que vous arrivez à mon secours en me faisant passer des fonds, soit en sucre ou en argent, et je joins à ma lettre l’adresse d’une maison de commerce établie à la Jamaïque, à laquelle vous pourrez adresser les objets que vous me ferez passer, et qui me seront envoyés avec exactitude{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=293-294}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=15-16}}}}
 
Cette incroyable inversion de situation montre à quel point la [[révolution haïtienne]] a renversébouleversé l'ordre social{{Sfn|Girard|Donnadieu|2013|p=72}}. Le ton familier employé par le comte de Noé et sa franchise quant à sa détestation de la [[Révolution française|Révolution]] indiquent qu'il connaît bien Toussaint Louverture. Son désir exprimé de revenir à Saint-Domingue n'est guère crédible, mais il lui permet de rappeler les [[Affranchissement|affranchissements]] d'esclaves qu'il a effectuéeffectués lors de son séjour précédent, y compris, nommément, celui de Blaise Bréda. C'est probablement parce qu'il a joué un rôle dans l'affranchissementcelui de Toussaint Louverture que le comte de Noé peut nourrir quelque espoir de réponse positive de sa part, puisqu'il a en quelque sorte une dette à honorer{{Sfn|de Cauna| Donnadieu|2008|p=294-298}}.
 
Il semble que Toussaint Louverture, qui reprend l'exploitation sucrière des Manquets, ait répondu favorablement à la demande du comte de Noé, dont la famille cultive en suiteensuite la mémoire du général haïtien{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=298-299}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=221-223}}. Mais enEn 1802, Toussaint Louverture est arrêté à Saint-Domingue et emprisonné en France, où il meurt l'année suivante{{Sfn|Donnadieu|2009|p=221-223}}.
 
=== Retour en France (1802-1816) ===
C'est la même année, leLe {{date-|9 juillet 1802}}, que Louis-Pantaléon de Noé décide de rentrer en France, profitant de l'amnistie des [[Émigration (1789-1815)|émigrés]] et se ralliant officiellement au [[Consulat (histoire de France)|Consulat]]. [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] donne l'ordre à [[Charles Victoire Emmanuel Leclerc|Charles Leclerc]], quicapitaine commandegénéral de l'[[expédition de Saint-Domingue]], {{citation| de faire restituer au citoyen Pantaléon-Louis Noé la plantation des Manquets}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=221-223}}. En fait, les plantations de la famille à Saint-Domingue passent définitivement en d'autres mains. Après leur affermage par Toussaint Louverture et d'autres fermiers, l'[[Révolution haïtienne|indépendance d'Haïti]] le {{date-|1er janvier 1804}} met fin aux espoirs des Noé{{Sfn|Donnadieu|2009|p=232-236}}.
 
La situation financière de la famille est alors très difficile. Charlotte de Noé, restée en France à L'Isle-de-Noé, est emprisonnée comme [[Loi des suspects|suspecte]], en tant que femme d'émigré, pendant la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]]. Très endettée, elle voit une partie des biens saisis et doit en vendre d'autres, comme le château de Bonnefont, dans la baronnie d'Antin. En 1802, elle est même obligée de vendre une partie du château de L'Isle-Noé. Les dettes n'étant toujours pas réglées, malgré la pension de {{unité|3000|francs}} que touche le comte de Noé comme général de brigade, c'est l'ensemble de ce château qui est vendu en 1809{{Sfn|Donnadieu|2009|p=223-226}}.
Le comte de Noé jouit cependant d'une situation politique enviable. Il est [[Conseiller départemental|conseiller général]] du département des [[Hautes-Pyrénées]] de 1807 à 1813. Après une visite officielle à [[Tarbes]] où Louis-Pantaléon de Noé commande la garde d'honneur, Napoléon décide de lui doubler sa pension, qui passe donc à {{unité|6000|francs}}. Louis-NapoléonPantaléon est également membre de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]]. Il vit entre L'Isle-de-Noé, Tarbes et Paris, où il a acheté un appartement au 12 [[rue du Bac]]. Il paraît rallié à l'Empire. Deux de ses fils servent dans l'armée françaisenapoléonienne et sont tués au combat : Édouard, capitaine, meurt enpendant Espagnela [[guerre d'indépendance espagnole]] en 1813, et son frère Léon est tué lors de la [[Bataille de Leipzig (1813)|bataille de Leipzig]], le {{date-|18 octobre 1813}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.[[Fichier:Intérieur de la Chambre des Pairs - btv1b8442005v.jpg|vignette|Intérieur de la [[Chambre des pairs]] en 1819. La place de [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé]], fils de Louis-Pantaléon, est indiquée.|alt=Dessin d'un hémicycle comportant des petites cases légendées avec les noms des pairs.]]Le {{date-|13 août 1814}}, lors de la [[première Restauration]], {{Souverain2|Louis XVIII}} nomme le comte de Noé [[Lieutenant général des armées (Ancien Régime)|lieutenant général]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}. Puis, par l'ordonnance du {{date-|17 août 1815}}, Louis-Pantaléon de Noé est nommé [[Liste des membres de la Chambre des pairs (Restauration)|pair de France]] à la [[seconde Restauration]]. Quand la [[Chambre des pairs]] se constitue en haute cour de justice, le vieux comte de Noé fait partie des pairs de France qui, le {{date-|6 décembre 1815}}, [[Procès du maréchal Ney|votent la mort]] du [[Michel Ney|maréchal Ney]], accusé d'avoir rejoint Napoléon pendant les [[Cent-Jours]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
 
Louis-Pantaléon de Noé meurt à son domicile parisien, rue du Bac, le {{date de décès-|25 février 1816}}<ref>[https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjMtMTAtMzAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NTtzOjQ6InJlZjIiO2k6Nzk0MTI7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=0%2C0&uielem_islocked=0&uielem_zoom=31&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F Paris, État civil reconstitué, vue 44/51.]</ref>{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}. Après sa mort, son fils [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé|Louis-Pantaléon-Jude]] lui succède comme pair de France<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Emmanuel de Waresquiel]]|titre=Un groupe d'hommes considérables|sous-titre=Les pairs de France et la Chambre des pairs héréditaire de la Restauration, 1814 - 1831|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2006|pages totales=502|passage=393|isbn=978-2-213-62839-4|consulté le=2023-10-25}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
Le comte de Noé jouit cependant d'une situation politique enviable. Il est [[Conseiller départemental|conseiller général]] du département des [[Hautes-Pyrénées]] de 1807 à 1813. Après une visite officielle à [[Tarbes]] où Louis-Pantaléon de Noé commande la garde d'honneur, Napoléon décide de lui doubler sa pension, qui passe donc à {{unité|6000|francs}}. Louis-Napoléon est également membre de la Légion d'honneur. Il vit entre L'Isle-de-Noé, Tarbes et Paris, où il a acheté un appartement au 12 rue du Bac. Il paraît rallié à l'Empire. Deux de ses fils servent dans l'armée française et sont tués au combat : Édouard, capitaine, meurt en Espagne en 1813 et son frère Léon est tué lors de la [[Bataille de Leipzig (1813)|bataille de Leipzig]], le {{date-|18 octobre 1813}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
 
== Décorations ==
Le {{date-|13 août 1814}}, Lors de la [[première Restauration]], {{Souverain2|Louis XVIII}} nomme le comte de Noé [[Lieutenant général des armées (Ancien Régime)|lieutenant général]]{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}. Louis-Pantaléon de Noé fait partie des [[Liste des membres de la Chambre des pairs (Restauration)|pairs de France]] membres de la [[Chambre des pairs]] héréditaires nommés lors de la [[seconde Restauration]], par l'ordonnance du {{date-|17 août 1815}}. Après sa mort, son fils Louis-Pantaléon-Jude lui succède comme pair de France<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Emmanuel de Waresquiel]]|prénom1=|nom1=|titre=Un groupe d'hommes considérables|sous-titre=Les pairs de France et la Chambre des pairs héréditaire de la Restauration, 1814 - 1831|passage=393|lieu=Paris|éditeur=Fayard|date=2006|pages totales=502|isbn=978-2-213-62839-4|consulté le=2023-10-25}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}. Quand la Chambre des pairs se constitue en Haute cours de justice, le vieux comte de Noé fait partie des pairs de France qui votent la mort du [[Michel Ney|maréchal Ney]] lors de son procès, le {{date-|6 décembre 1815}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
 
Louis-Pantaléon de Noé meurt à son domicile parisien, rue du Bac, le {{date de décès-|25 février 1816}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
 
== Décoration ==
{{Déco Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis}} en juin 1756{{Sfn|Donnadieu|2009|p=57}}.
 
{{Déco Chevalier de la Légion d'honneur}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=226-229}}.
 
== Héraldique ==
{{Blasonnement|image=Blason ville fr Noé 31.svg|description=Losangé d'or et de gueules<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Henri Jougla de Morenas]]|titre=Grand armorial de France|sous-titre=Catalogue général des armoiries des familles nobles de France|tome=V|passage=163|lieu=Paris|éditeur=Socíété du Grand Armorial de France|dateannée=1938|passage=163|lire en ligne=https://palisep.fr/bibliotheque/jougla/tome_05.pdf}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=40}}.}}
== Héritage et mémoire ==
 
=== Héritage et mémoireDescendance ===
Louis-Pantaléon et Charlotte de Noé ont six enfants, nés au château de [[L'Isle-de-Noé]] et baptisés dans l'église du village :
* Jacques Roger Marie Léon, baptisé le {{date-|17 novembre 1776}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}}, capitaine, tué lors de la [[Bataille de Leipzig (1813)|bataille de Leipzig]], le {{date-|18 octobre 1813}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=228}} ;
* [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé|Louis Pantaléon Jude Amédée]], baptisé le {{date-|28 octobre 1777}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}}, mort le {{date de décès-|6 février 1858}} à Paris, comte de Noé, [[Chambre des pairs|pair de France]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=NOÉ Louis-Pantaléon-Jules-Amédée, comte de Noé |url=https://www.senat.fr/pair-de-france/noe_louis_pantaleon_jules_amedeepf1200.html |site=[[Sénat (France)|Sénat]] |date=2023-10-28 |consulté le=2023-10-28}}.</ref> ;
* Louise Angélique Charlotte, baptisée le {{date-|8 février 1779}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}} ;
* François Louis Édouard, baptisé le {{date-|2 mars 1780}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}}, capitaine, tué au combat enpendant Espagnela [[guerre d'indépendance espagnole]] en 1813{{Sfn|Donnadieu|2009|p=228}} ;
* Gabrielle Marquette Antoinette Nicolaïne, baptisée le {{date-|6 novembre 1782}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}} ;
* Élisabeth Henriette Marie, baptisée le {{date-|5 novembre 1783}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=172-173}}.
 
Le {{date-|7 février 1818}}, Louisson Pantaléonfils [[Louis-Pantaléon-Jude -Amédée de Noé]] rachète le château familial de L'Isle-de-Noé, dans lequel sa mère avait continué à vivre{{Sfn|Donnadieu|2009|p=231-232}}. Dans le cadre de l'[[Indemnisation de la France par la république d'Haïti|indemnisation des propriétaires d'esclaves par la république d'Haïti]], exigée en 1825 par la France en 1825 échange de sa reconnaissance de l'indépendance de la jeune république, les quatre enfantshéritiers encore vivants de la famille de Noé survivants, [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé|Louis Pantaléon Jude Amédée]] et ses trois sœurs, reçoivent chacun {{unité|66784,93|francs}} pour l'habitation des Manquets, et {{unité|13817.21|francs}} pour l'habitationles deux habitations Bréda. La famille touche donc au total {{unité|322408,36|francs}} d'indemnitéindemnités{{Sfn|Donnadieu|2009|p=236-237}}{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Repairs |url=https://esclavage-indemnites.fr/public/Recherche/Base/1 |site=Base de données des indemnités versées aux propriétaires d’esclaves |consulté le=2023-10-27}}.</ref>.
 
=== Postérité ===
Le musée de [[Mirande]] conserve une canne en gayac[[gaïac]], un bois dur exotique, attribuée à Toussaint Louverture, qu'ilqui l'aurait offerte à la famille de Noé. Celle-ci, qui l'a conservée dans son château jusque dans les années 1980, affirmantaffirmait que Toussaint Louverture l'aavait sculptée pendant sa détention au [[fort de Joux]]. Ce dernier point paraît cependant douteux, dans les conditions matérielles de sa détention. En revanche, ToussaitToussaint Louverture a pu l'envoyer pendant qu'il était l'homme fort d'Haïti, ou sa famille a pu la transmettre plus tard{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=299-300}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=238-240}}.
 
Au {{s-|XIX}}, les relations entre Louverture et le comte de Noé font l'objet d'une reconstruction mémorielle qui les enjolive{{Sfn|de Cauna|Donnadieu|2008|p=298-299}}{{,}}{{Sfn|Donnadieu|2009|p=240-244}}. [[Victor Hugo]] s'en inspire dans son roman ''[[Bug-Jargal]]'', campant deux personnages que de nombreux détails permettent d'identifier àcomme Louis-Pantaléon de Noé et à Toussaint Louverture{{Sfn|Donnadieu|2009|p=240-244}}.
 
== RéférencesNotes et références ==
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
*{{Article|auteur1=[[Jacques de Cauna]]|auteur2=Jean-Louis Donnadieu|titre=Quand le comte de Noé écrit à Toussaint Louverture...|périodique=[[Outre-mers|Outre-Mers. Revue d'histoire]]|volume=95|numéro=358|date=2008|doi=10.3406/outre.2008.4331|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2008_num_95_358_4331|consulté le=2023-10-27|pages=289–301|plume=oui}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Louis|nom1=Donnadieu|titre=Un grand seigneur et ses esclaves|sous-titre=Le comte de Noé entre Antilles et Gascogne 1728-1816|lieu=Toulouse|éditeur=Presses universitaires du Mirail|collection=Tempus|dateannée=2009|pages totales=327|isbn=978-2-8107-0012-7|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-la-revolution-francaise-2011-3-page-210.htm|lire en ligne=https://books.openedition.org/pumi/11460|consulté le=2023-10-25|plume=oui}}, {{Présentation en ligne|lien=https://www.jstor.org/stable/41711926}}.
*{{Article|langue=en|auteur1=Philippe R. Girard|auteur2=Jean-Louis Donnadieu|titre=Toussaint before Louverture: New Archival Findings on the Early Life of Toussaint Louverture|périodique=The William and Mary Quarterly|volume=70|numéro=1|date=2013|issn=0043-5597|doi=10.5309/willmaryquar.70.1.0041|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/10.5309/willmaryquar.70.1.0041|consulté le=2023-10-27|pages=41–78|plume=oui}}.
=== Articles connexes ===
* [[Pantaléon I de Bréda]]
* [[Habitation Bréda du Haut-du-Cap]]
* [[Familles de Butler]]
* [[L'Isle-de-Noé]]
* [[Toussaint Louverture]]
* [[Marc-Antoine de Noé]]
* [[Louis-Pantaléon-Jude-Amédée de Noé]]
=== Bibliographie ===
*{{Article|auteur1=[[Jacques de Cauna]]|auteur2=Jean-Louis Donnadieu|titre=Quand le comte de Noé écrit à Toussaint Louverture...|périodique=[[Outre-mers|Outre-Mers. Revue d'histoire]]|volume=95|numéro=358|date=2008|doi=10.3406/outre.2008.4331|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2008_num_95_358_4331|consulté le=2023-10-27|pages=289–301}}.
*{{Ouvrage|prénom1=Jean-Louis|nom1=Donnadieu|titre=Un grand seigneur et ses esclaves|sous-titre=Le comte de Noé entre Antilles et Gascogne 1728-1816|lieu=Toulouse|éditeur=Presses universitaires du Mirail|collection=Tempus|date=2009|pages totales=327|isbn=978-2-8107-0012-7|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-la-revolution-francaise-2011-3-page-210.htm|lire en ligne=https://books.openedition.org/pumi/11460|consulté le=2023-10-25}}, {{Présentation en ligne|lien=https://www.jstor.org/stable/41711926}}.
*{{Article|langue=en|auteur1=Philippe R. Girard|auteur2=Jean-Louis Donnadieu|titre=Toussaint before Louverture: New Archival Findings on the Early Life of Toussaint Louverture|périodique=The William and Mary Quarterly|volume=70|numéro=1|date=2013|issn=0043-5597|doi=10.5309/willmaryquar.70.1.0041|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/10.5309/willmaryquar.70.1.0041|consulté le=2023-10-27|pages=41–78}}.
 
=== Liens externes ===
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[[Catégorie:Naissance en novembre 1728]]
[[Catégorie:Naissance à Saint-Domingue]]
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[[Catégorie:Décès à 8887 ans]]