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Le '''trouble du comportement en sommeil paradoxal''' (TCSP)
Le TCSP se manifeste régulièrement chez les patients souffrant d'une [[maladie neuro-évolutive]] (principalement la [[maladie de Parkinson]], la [[maladie à corps de Lewy]], l'[[atrophie multisystématisée]] et les autres [[synucléinopathie]]s), mais c'en est aussi un signe avant-coureur fréquent ([[phase prodromique]]).
== Histoire ==
Les premières descriptions de rêves agités chez les patients atteints de la [[maladie de Parkinson]] datent de l'identification de la maladie par [[James Parkinson]] en 1817<ref>{{ouvrage| langue=en| titre=An Essay on the Shaking Palsy| auteur1=[[James Parkinson]]| éditeur=Sherwood, Neely and Jones| lieu=[[Londres]]| date=1817}}, republié dans {{Article| langue=en| titre=An Essay on the Shaking Palsy| auteur1=[[James Parkinson]]| périodique={{lien|The Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences}}| volume=14| numéro=2| date=mai 2002| pages=223-236| doi= 10.1176/jnp.14.2.223| accès doi=libre| consulté le=9 avril 2023}}.</ref> :{{Citation bilingue bloc| langue=en| The tremulous motion of the limbs occur during sleep, and augment until they awaken the patient, and frequently with much agitation and alarm| Des tremblements des [[membre (anatomie)|membres]] se produisent pendant le sommeil, et augmentent jusqu'à ce qu'ils réveillent le patient, souvent avec beaucoup d'agitation et de frayeur.}}
Le caractère [[phase prodromique|prodromique]] du TCSP n'est en revanche reconnu qu'à la fin du {{s-|XX}}<ref>{{Article| langue=en| titre=Delayed emergence of a parkinsonian disorder in 38% of 29 older men initially diagnosed with idiopathic rapid eye movement sleep behavior disorder| auteur1=Carlos H. Schenck| auteur2=Scott R. Bundlie| auteur3=Mark W. Mahowald| périodique=[[Neurology]]| volume=46| numéro=2| date=1 février 1996| doi=10.1212/WNL.46.2.388}}.</ref>, et son lien avec les [[synucléinopathie]]s est surtout étudié dans les [[années 2020]]<ref name=Kwon2023>{{Article| titre=Les rêves : une fenêtre sur notre santé mentale ?| auteur1=Diana Kwon| périodique=[[Pour la science]]| numéro=546| date=avril 2023| pages=22-29| présentation en ligne=https://www.pourlascience.fr/sd/neurosciences/les-reves-une-fenetre-sur-notre-sante-mentale-24886.php}}.</ref>.
== Signes et symptômes ==
Ils correspondent à la mise en acte d'un rêve, due à l'absence de l'atonie musculaire spécifique de ce type de [[sommeil]]. Alors que le sujet est profondément endormi, il se met tout à coup à parler, crier, gesticuler avec brusquerie. Il donne des coups, se précipite sur son partenaire ou saute violemment hors du lit. Il n'est pas rare que cette agitation occasionne des contusions ou même des fractures.
Lorsqu'on le réveille, le sujet peut raconter qu'il se trouvait pris en plein dans l'action d'un [[rêve]] ou assez souvent d'un [[cauchemar]] : il essayait par exemple de protéger son partenaire d'un danger. Ces rêves comportent toujours une part de violence, et il existe une concordance entre ce que le sujet rêve et ce qu'il fait. Cette forme typique du TCSP, est en fait rare, plus souvent les mouvements observés lors des enregistrements sont beaucoup moins élaborés et ne peuvent être spécifiquement reliés au contenu onirique. Des formes infra-cliniques existent, il s'agit de sommeil paradoxal dissocié. En effet, l'une des caractéristiques du sommeil paradoxal consiste en une atonie musculaire, c’est-à-dire l'absence de [[tonus musculaire]]
Chez les personnes atteintes de TCSP, l'atonie musculaire habituelle en sommeil paradoxal est levée. Les premières études du TCSP, à la fin des [[années 1980]], font état de rêves violents et de comportements agressifs chez des personnes peu enclines à la violence, comme chez les [[chat]]s auxquels [[Michel Jouvet]] avait fait subir une lésion du [[tronc cérébral]]. C'est ce qui a amené Carlos H. Schenck et ses collègues à surveiller leurs 29 patients afin de voir s'ils développeraient une maladie cérébrale, qui effectivement est survenue chez 21 d'entre eux au bout de 10-15 ans.
En fait, les rêves violents sont surreprésentés dans les rapports parce qu'ils sont plus susceptibles de réveiller le dormeur ou son conjoint, mais quand on réveille des personnes souffrant d'un TCSP leur proportion de rêves violents n'est pas supérieure à celle des rêveurs ordinaires<ref name=Kwon2023/>.
Le trouble pourrait facilement être confondu avec le [[somnambulisme]], pourtant de nombreux éléments les distinguent :
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== Épidémiologie ==
Le TCSP, une [[pathologie|entité pathologique]] découverte en 1986, est
Le TCSP
==
Les altérations biochimiques causales restent mal connues mais une perturbation de la balance dopamino-cholinergique et de la transmission sérotoninergique pourraient jouer un rôle de premier plan.
Le TCSP peut être dû à la prise de certains [[médicament]]s (notamment des [[antidépresseur]]s) ou résulter d'une autre [[pathologie]] ([[narcolepsie]], [[tumeur]] du [[tronc cérébral]]).
En l'absence de ces explications, le TCSP a une grande [[probabilité]] d'être le premier stade d'une [[maladie neurodégénérative]]. Le suivi de {{nombre|1280 patients}} atteints de TCSP montre que douze ans après, 74 % ont reçu un diagnostic de maladie neurodégénérative. Le TCSP semble résulter d'une [[maladie neurodégénérative|neurodégénérescence]] due à l'agrégation d'[[alpha-synucléine]] dans les zones du [[tronc cérébral]] qui normalement bloquent les voies motrices pendant le sommeil paradoxal. On ne sait pas détecter ces agrégats ''[[in vivo]]'', mais les [[autopsie]]s de personnes atteintes de TCSP montrent ces accumulations chez 90 % d'entre elles<ref name=Kwon2023/>.
== Traitements ==
Le TCSP répond très bien au traitement médicamenteux, [[clonazépam]] notamment.
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Le TCSP peut être dangereux pour le rêveur ou pour ses partenaires en raison de l'éventuelle violence de ses mouvements. C'est un signe précurseur fiable des [[synucléinopathie]]s, notamment la [[maladie de Parkinson]]. Toutefois, en l'absence de traitement curatif ou préventif (seuls existent des traitements symptomatiques), il n'est pas utile d'en faire le dépistage précoce.
Si le TCSP est annonciateur d'une maladie de Parkinson ultérieure, l'inverse n'est en revanche pas vrai : seules un tiers des personnes atteintes de la maladie ont présenté un TCSP antérieurement. Il semble qu'il y ait deux versions de la maladie, l'une qui commencerait dans l'[[intestin]] avant de migrer vers le [[cerveau]] via le [[nerf vague]] (en passant par le [[tronc cérébral]] et provoquant donc un TCSP), et l'autre qui commencerait dans l'[[amygdale (cerveau)|amygdale]], la ''[[substantia nigra]]'' et d'autres parties du cerveau<ref name=Kwon2023/>.
== Extension à l'animal ==
Un trouble équivalent a été observé chez le chat. Dès 1965, [[Michel Jouvet]] et l'école de Lyon ont étudié l'effet causé sur cet animal par de petites lésions pratiquées dans une région du [[tronc cérébral]] qui suppriment l'atonie musculaire du stade paradoxal (le locus caeruleus). Chez les animaux ainsi opérés on observe le comportement en même temps qu'on enregistre en continu leurs états de vigilance. Dès le début du stade paradoxal repéré sur les enregistrements encéphalographiques, l'animal lève la tête et semble regarder autour de lui. Cependant sa membrane nictitante (la troisième paupière des chats) reste abaissée, ce qui n'est jamais le cas dans l'éveil, et il ne réagit pas aux stimulations visuelles ou auditives. Ensuite, il peut présenter une variété de comportements tels que la marche, l'exploration de la cage, la poursuite d'un objet imaginaire, la peur, la rage, l'attaque ou le toilettage. Des comportements sexuels tels que l'incurvation du dos chez la femelle peuvent aussi être observés.
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* Yves Dauvilliers, Michel Billiard, Alain Besset, ''Les troubles du sommeil''. Éd. Masson.
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[[Catégorie:Trouble du sommeil]]
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