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La '''Buse variable''' ('''''Buteo buteo''''') est une [[espèce]] de [[rapace]]s [[Diurne (comportement animal)|diurnes]] de taille moyenne, appartenant à la [[famille (biologie)|famille]] des [[Accipitridés]], très répandue dans le [[Écozone paléarctique|Paléarctique]], où elle niche depuis les îles de l'[[océan Atlantique]] jusqu'au nord-ouest de la [[Chine]] et de la [[Mongolie]], en passant par l'[[Europe]] et la [[Russie occidentale]]. Sa zone d'[[hivernage]] inclut le Paléarctique occidental, l'[[Afrique de l'Est]] et [[Afrique australe|australe]], ainsi que le [[sous-continent indien]].
Comme son nom l'indique, son plumage est très variable selon les individus, mais les plus classiques ont un plumage brun uni sur le dessus, barré sur le dessous, avec un croissant blanc caractéristique sur la poitrine. Son allure est compacte, avec une tête courte et robuste. Ses ailes sont larges et arrondies. Elle est facilement confondue avec d'autres rapaces de taille moyenne, comme la [[Bondrée apivore]], la [[Buse pattue]] et la [[Buse féroce]].
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== Dénomination, taxonomie et systématique ==
=== Noms et étymologie ===
Le [[nom binominal]] de la Buse variable, ''Buteo buteo'' est un [[tautonyme]] : son [[épithète spécifique]] est identique au nom de [[genre (biologie)|genre]]. Le terme ''buteo'' vient directement du [[latin]] et signifie « buse, busard » ou « [[butor (oiseau)|butor]] »<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Alfred Ernout]]|auteur2=[[Antoine Meillet]]|titre=Dictionnaire étymologique de la langue latine|éditeur=[[Klincksieck]]|année=1932|réimpression=2001|passage=79}}.</ref>. Il viendrait d'une base ''b-t'' d'origine onomatopéique, en lien avec son cri perçant<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Desfayes|titre=Origine des noms des oiseaux et des mammifères d'Europe|sous-titre=y compris l'espèce humaine|lieu=Saint Maurice|éditeur=Pillet|année=2000|pages totales=196|passage=30-31|isbn=2-940145-26-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1Css5hV_MKAC&printsec=frontcover}}.</ref>.
Le [[nom vernaculaire]] « buse » est une [[dérivation régressive]] de l'[[ancien français]] ''buison'' ou ''buson''. Dans son [[aire de répartition]], les termes « buse commune », « buse vulgaire », voire « buse » tout court désignent la Buse variable<ref>{{CNRTL|buse}}</ref>. L'épithète « variable » renvoie à la forte variabilité de son plumage. [[Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]] note : {{Citation|Cette espèce est sujette à varier, au point que, si l'on compare cinq ou six buses ensemble, on en trouve à peine deux bien semblables}}<ref name="BUF">Buffon, ''Histoire naturelle'', 1770, tome IX, {{p.}}206.</ref>.
Au [[sens figuré]], le mot « buse » désigne une personne stupide, ignorante et bornée ; on parle même de [[wikt:triple buse|triple buse]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Cabard|titre=L'Étymologie des noms d'oiseaux|éditeur=[[Delachaux et Niestlé]]|année=2022|pages totales=800|isbn=978-2-603-02879-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8muHEAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. Sans doute cet usage péjoratif tient-il à ce que cet oiseau se dresse mal pour la [[fauconnerie|chasse au vol]]. Buffon écrit aussi : {{Citation|cet oiseau (…) paraît assez stupide, soit dans l'état de domesticité, soit dans celui de liberté}}<ref name="BUF" />.
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Les noms de la Buse variable dans d'autres langues européennes font souvent allusion à son régime alimentaire : elle est la « buse des souris » ou le « [[wikt:souricier|souricier]] » en [[allemand]] (''{{langue|de|Maüsebussard}}''), [[bulgare]] ({{langue|bg|Обикновен мишелов}}), [[danois]] (''Musvåge''), [[espagnol]] (''{{langue|es|busardo ratonero}}''), [[finnois]] (''{{langue|fi|hiirihaukka}}''), [[hongrois]] (''{{langue|hu|Egerészölyv}}''), [[islandais]] (''{{langue|is|Músvákur''}}), [[norvégien]] (''{{langue|no|Musvåk}}''), [[polonais]] (''{{langue|pl|myszołów}}'') et [[serbe]] (''{{langue|sr|Mišar}}''), et le « souricier des montagnes » en [[slovaque]] (''{{langue|sk|myšiak hôrny}}''). En [[suédois]], elle est celle qui mange des serpents (''{{langue|se|ormvråk}}''), tandis qu'en italien ({{Langue|it|''poiana comune''}}), elle se nourrit de poules et est commune. D'autres langues insistent sur son caractère commun, comme l'[[anglais]] (''{{langue|en|common buzzard}}''), le [[catalan]] (''{{langue|ca|aligot comú}}'') et le [[roumain]] (''{{langue|ro|șorecar comun}}''). En [[néerlandais]], elle est simplement une buse (''{{langue|nl|buizerd}}'') ; en [[tchèque]], c'est une buse des forêts (''{{langue|cs|káně lesní}}''). En [[portugais]], il s'agit d'un aigle à ailes arrondies (''{{langue|pt|águia-d'asa-redonda}}''). Plus récemment, l'ONG [[Birdlife International]] et le {{Anglais|[[Handbook of the Birds of the World]]}} ont opté pour le nom ''{{langue|en|Eurasian Buzzard}}'' ou « Buse d'Eurasie », en référence à son aire de répartition<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=11}}.</ref>.
Il est à noter que l'anglais ''{{langue|en|buzzard}}'' vient de l'ancien français ''buisart'', c'est-à-dire « buse » avec le [[Suffixe (linguistique)|suffixe]] péjoratif ''-art/ard'', renvoyant là encore à son incapacité à chasser<ref>{{Lien web|langue=en|titre=buzzard|url=https://www.etymonline.com/word/buzzard|site=[[Online Etymology Dictionary]]|consulté le=2023-09-11}}.</ref>. Dans les [[années 1830]], le nom est été repris dans le [[Nouveau Monde]] pour désigner de nouvelles espèces jugées semblables, mais sans lien avec le genre ''Buteo'', comme l'[[Urubu à tête rouge]], souvent appelé ''{{langue|en|turkey
=== Taxonomie ===
La Buse variable a été formellement décrite par le naturaliste suédois [[Carl von Linné]] en 1758 sous le nom ''Falco buteo'', littéralement « Faucon buse »<ref>Carl von Linné, ''[[Systema Naturae]]'', {{10e}}{{éd.}}, tome I, {{p.|90}}.</ref>. Le genre ''[[Buteo]]'' a été créé en 1799 par [[Bernard Germain de Lacépède|Lacépède]] en 1799 par tautonymie, d'où le nom scientifique actuel ''Buteo buteo''. Les naturalistes [[Conrad Gessner]] et [[Francis Willughby]] avaient précédemment proposé ''Buteo vulgaris'' (« Buse vulgaire ») respectivement en 1555 et 1678<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=James A. Jobling|titre=Helm Dictionary of Scientific Bird Names|éditeur=A&C Black|année=2010|pages totales=432|passage=81|isbn=9781408133262|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=-RfSBAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.
▲La Buse variable a été formellement décrite par le naturaliste suédois [[Carl von Linné]] en 1758 sous le nom ''Falco buteo'', littéralement « Faucon buse »<ref>Carl von Linné, ''[[Systema Naturae]]'', {{10e}}{{éd.}}, tome I, {{p.|90}}.</ref>. Le genre ''[[Buteo]]'' a été créé en 1799 par [[Bernard Germain de Lacépède|Lacépède]] en 1799 par tautonymie, d'où le nom scientifique actuel ''Buteo buteo''. Les naturalistes [[Conrad Gessner]] et [[Francis Willughby]] avaient précédemment proposé ''Buteo vulgaris'' (« Buse vulgaire ») respectivement en 1555 et 1678<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=James A. Jobling|titre=Helm Dictionary of Scientific Bird Names|éditeur=A&C Black|année=2010|pages totales=432|passage=81|isbn=9781408133262|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=-RfSBAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.
Le genre ''Buteo'' compte actuellement {{Unité|28|espèces}}, dont dix de l'[[Ancien Monde]], mais sa phylogénie est controversée<ref>{{Article|auteur=Elisabeth Haring, Martin J. Riesing, Wilhelm Pinsker et Anita Gamauf|titre=Evolution of a pseudo-control region in the mitochondrial genome of Palearctic buzzards (genus ''Buteo'')|périodique= Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research|volume=37|numéro=4|mois=décembre|année=1999|passage=185-194|doi=10.1111/j.1439-0469.1999.tb00982.x|langue=en}}.</ref>. Une équipe autrichienne a étudié six espèces et treize sous-espèces qui s'y rattachent, selon deux approches différentes : [[Morphométrie|morphométrique]] et génétique. La première, fondée sur les mensurations des oiseaux (longueur et largeur de l'aile, longueur du tarse, largeur du bec, etc.), confirme quatre [[taxon]]s : ''[[Buteo brachypterus]]'', ''[[Buteo hemilasius]]'', ''[[Buteo oreophilus]]'' et ''[[Buteo buteo]]''. ''[[Buteo rufinus]] rufinus'' est lui aussi bien distinct, mais ''Buteo rufinus cirtensis'' se rapproche beaucoup de ''Buteo buteo''. L'approche génétique produit des résultats différents : seuls les taxons du Paléarctique oriental (''Buteo buteo japonicus'', ''Buteo buteo refectus'', ''Buteo buteo toyoshimai'' et ''Buteo hemilasius'') sont bien différenciés, contrairement à ceux du Paléarctique occidental qui forment un [[complexe d'espèces]]. En conclusion, les auteurs proposent d'élever ''Buteo buteo refectus'' au rang d'espèce, de même que ''Buteo buteo japonicus'' (avec deux sous-espèces, ''japonicus'' et ''toyoshimai''). ''Buteo buteo'' deviendrait une [[wikt:super-espèce|super-espèce]] comprenant trois allo-espèces : ''Buteo [buteo] buteo'', ''Buteo [buteo] rufinus'' et ''Buteo [buteo] oreophilus''<ref name="KRU">{{Article|auteur=Luise Kruckenhauser, Elisabeth Haring, Wilhelm Pinsker, Martin J. Riesing, Hans Winkler, Mickael Wink et Anita Gamauf|titre=Genetic vs. morphological differentiation of Old World buzzards (genus ''Buteo'', ''Accipitridae'')|périodique=Zoologica Scripta|volume=33|numéro=3|mois=mai|année=2004|passage=197-211|langue=en|doi=10.1111/j.0300-3256.2004.00147.x}}.</ref>.
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! scope=col | Autres
|-
|Buteo buteo arrigonii
|[[Corse]] et [[Sardaigne]]
|Picchi, 1903
|reconnue par Clements ({{6e}} édition, révision 2009)
|-
|[[Buse du Japon|Buteo buteo japonicus]]
|[[Asie]]
|Temminck & Schlegel, 1844
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|reconnue par Clements ({{6e}} édition, révision 2009), Howard & Moore ; pour le [[Congrès ornithologique international]], cette sous-espèce est l'espèce à part entière [[Buse de l'Himalaya|Buteo burmanicus]]
|-
|Buteo buteo rothschildi
|[[Açores]]
|Swann, 1919
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=== Apparence extérieure ===
La Buse variable est un rapace aux formes plutôt massives, doté d'ailes larges, avec une queue courte et large. Son plumage est très variable, d'où son nom<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Frédéric Jiguet]] et Aurélien Audevard |titre=Petit Larousse des oiseaux de France et d'Europe |lieu=Paris/impr. en Espagne |éditeur=Larousse |année=2016 |pages totales=415 |passage=150 |isbn=978-2-03-589875-3}}</ref>. La plupart des individus ont le haut de la poitrine sombre et très strié, un croissant pâle sur la poitrine, ainsi que des flancs et une culotte sombres<ref name="FOR-304">{{harvsp|id=FOR|Forsman|2017|p=304}}.</ref>. Ce croissant est à peine visible chez les individus les plus sombres, tandis que les individus les plus pâles ont tendance à conserver des marques sombres sur le cou et sur les côtés de la poitrine<ref name="FOR-304" />.
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Ce plumage est acquis à l'automne de la troisième année. Dans l'ensemble, il est plus sombre et plus uniforme que chez le juvénile<ref name="FOR-306">{{harvsp|id=FOR|Forsman|2017|p=306}}.</ref>. De dessous, le bord de fuite de l'aile est sombre et bien marqué et la queue arbore une large bande subterminale noire<ref name="FOR-306" />. L'adulte a l'iris uniformément brun sombre, sans possibilité de distinguer la pupille.
La Buse variable possède par ailleurs les attributs typiques des rapaces, comme la [[cire (oiseau)|cire]] à la base du bec, usuellement du même jaune que les [[tarse (anatomie)|tarse]]s et les [[serre (rapace)|serre]]s, mais qui peut parfois être d'un jaune délavé et bleuté<ref name="WK-21">{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=21}}.</ref>. Les yeux, positionnés frontalement, possèdent un [[Iris (anatomie)|iris]] brun sombre chez l'adulte et jaune pâle chez le jeune<ref name="WK-21" />. Pour un rapace, la Buse variable possède des
Contrairement à la plupart des autres rapaces, la Buse variable ne présente pas de [[dimorphisme sexuel]] très prononcé, ni pour la taille, ni pour le plumage<ref name="WK-21" />. Les mâles tendent à avoir la tête proportionnellement plus grosse, les ailes plus étroites et la queue plus courte que les femelles, mais il est pratiquement impossible de déterminer le sexe sur le terrain<ref name="FOR-306" />.
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=== Risques de confusion ===
Du fait de la variabilité de son plumage, la Buse variable est facile à confondre avec tout autre rapace de taille moyenne, sombre, avec de larges ailes, en particulier avec d'autres buses du genre ''Buteo'', comme la [[Buse féroce]], dont certains individus sont quasiment identiques avec la sous-espèce ''Buteo buteo vulpinus'' (Buse des steppes)<ref>{{harvsp|id=FOR|Forsman|2017|p=329}}.</ref>. Le risque de confusion est également très important avec la [[Bondrée apivore]] juvénile, un autre rapace très commun et qui possède également un plumage très variable<ref name="FOR-302">{{harvsp|id=FOR|Forsman|2017|p=302}}.</ref>. En vol, elle s'en distingue clairement par le motif du dessous de l'aile.
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[[Fichier:Buteo buteo - Bernard Stam 03.jpg|vignette|alt=Buse variable en train de manger un cadavre de mammifère, tandis qu'un Grand Corbeau passe derrière elle|Buse variable dominant un Grand Corbeau intéressé par la même proie]]
Adeptes du moindre effort, les Buses variables se font [[charognard]]es dès qu'elles en ont la possibilité<ref name="WK51">{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=51}}.</ref>. Elles exploitent les animaux tués en bord de route, patrouillant le long les voies pour trouver leur repas<ref>{{Article|auteur=Francis D. Meunier, Christophe Verheyden, Pierre Jouventin|titre=Use of roadsides by diurnal raptors in agricultural landscapes|périodique=Biological Conservation|volume=92|numéro=3|mois=mars|année=2000|passage=291-298|langue=en}}.</ref>, au risque d'être elles-mêmes percutées<ref>{{Article|auteur=D. Vidal–Vallés, A. Rodríguez, E. Pérez–Collazos|titre=Bird roadkill occurences in Aragon, Spain|périodique=Animal Biodiversity and Conservation|année=2018|mois=août|volume=41|numéro=2|passage=379–388|langue=en}}.</ref>. Dans une étude réalisée dans une forêt anglaise, avec des cadavres de cervidés ([[Cerf sika]] et [[Chevreuil européen]]) surveillés par des [[piège photographique|pièges photographique]], les Buses variables ont figuré parmi les principaux charognards, surtout lors de la période froide, et intervenaient avant les insectes nécrophages<ref>{{Article|auteur=Alexandria Young, Richard Stillman, Martin J. Smith et Amanda H. Korstjens|titre=An experimental study of vertebrate scavenging behavior in a northwest European woodland context|périodique=Forensic Sciences|volume=59|numéro=5|année=2014|doi=10.1111/1556-4029.12468|langue=en}}.</ref>. Elles fréquentent les sites de nourrissage
Des observateurs rapportent également des proies inhabituelles, comme du poisson, probablement mangé à l'état de cadavre, car les Buses variables ne sont pas taillées pour plonger dans l'eau<ref name="DAR57" />{{,}}<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=53}}.</ref>. Une Buse variable pêchant une [[Carpe (poisson)|carpe]] avec ses serres a toutefois été photographiée en France, dans le [[Gard (département)|Gard]]<ref>{{Lien web|auteur=Ornithomedia|titre=Une Buse variable capture une carpe dans le Gard (France)|url=https://www.ornithomedia.com/breves/buse-variable-capture-carpe-dans-gard-france-02095/|date=25 mars 2016|consulté le=20 août 2023}}</ref>. Une autre a été signalée mangeant des [[pomme]]s<ref>{{Article|auteur=M.T. Tyler|titre=Common Buzzard feeding on apple|périodique=British Birds|année=2000|volume=93|numéro=2|passage=90|langue=en}}.</ref>.
=== Techniques de chasse ===
Si le [[Faucon pèlerin]] est célèbre pour son attaque en [[Piquer|piqué]] et le [[Faucon crécerelle]] pour son vol {{Citation|en Saint-Esprit}}, la Buse variable est surtout connue pour scruter ses environs, posée sur un perchoir ou volant en grands cercles, haut dans le ciel<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=58}}.</ref>.
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Son style de chasse s'explique par des considérations physiologiques. Ses larges ailes lui offrent une bonne [[portance (aérodynamique)|portance]] et autorisent un vol lent, propice à une inspection scrupuleuse du sol pour détecter des proies dans la végétation. Dans la mesure du possible, elle garde ses ailes déployées et immobiles, pour minimiser la dépense d'énergie<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=60}}.</ref>. Inversement, la largeur de ses ailes génère de la [[traînée]], ce qui la rend incapable de la vitesse d'attaque des faucons aux ailes étroites, mais lui permet de manœuvrer plus facilement et notamment d'opérer des virages plus serrés que d'autres rapaces de même taille<ref name="WK61">{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=61}}.</ref>. Ses muscles pectoraux, moins imposants que ceux des rapaces spécialisés dans l'attaque, lui interdisent de battre rapidement des ailes. Son [[appareil digestif]] est en revanche comparativement plus long. Elle est donc plus efficace pour extraire des [[nutriment]]s de ses proies<ref name="BAR">{{Article|auteur=N. W. H. Barton et D. C. Houston|titre=Morphological adaptation of the digestive tract in relation to feeding ecology of raptors|périodique=Journal of Zoology|volume=232|numéro=1|mois=janvier|année=1994|passage=133-150|langue=en}}.</ref>.
La Buse variable présente des [[serre (rapace)|serre]]s assez courtes :
Son bec est assez large, ce qui lui permet d'avaler tout ronds les rongeurs et par grandes bouchées les plus gros mammifères. La Buse variable peut donc manger plus rapidement que le Faucon pèlerin ou l'Autour des palombes, qui consacrent beaucoup de temps à préparer leur proie en arrachant ses plumes ou ses poils<ref>{{Article|auteur=Tore Slagsvold et Geir A. Sonerud|titre=Prey size and ingestion rate in raptors: importance for sex roles and reversed sexual size dimorphism|périodique=Journal of Avian Biology|volume=38|numéro=6|mois=novembre|année=2007|passage=650-661|doi=10.1111/j.2007.0908-8857.04022.x|langue=en}}</ref>.
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==== Chasse en vol ====
Quand elle chasse en vol, la Buse variable combine [[vol plané]] et vol à voile, voire [[vol stationnaire]] pour surveiller le sol, généralement à une hauteur de {{Unité|15|à=30|mètres}} au-dessus du sol. Quand elle a repéré sa proie, elle referme ses ailes et plonge quasiment à la verticale avant d'effectuer un court vol plané à haute vitesse. Au dernier moment, elle lance les serres vers l'avant pour capturer sa proie, produisant au passage un claquement sec dû au choc des ailes sur le sol. Si la proie est de grande taille, la buse au sol garde parfois ses ailes déployées pour se stabiliser pendant qu'elle la met à mort avec ses serres<ref name="WK65">{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=65}}.</ref>.
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==== Chasse au sol ====
La chasse au sol est utilisée principalement pour les invertébrés et en particulier les vers de terre. Les buses se tiennent campées sur leurs pattes et tournent la tête en tous sens, en partie pour détecter des vers et en partie pour détecter une éventuelle attaque. Une fois le ver repéré, elles l'attrapent par le bec et tirent dessus pour le faire sortir de terre. Elles peuvent courir au sol d'un ver à l'autre avec une vitesse surprenante, à la manière des [[Turdidae|turdidés]]. Quand le terrain est favorable, par exemple dans un champ fraîchement retourné, elles peuvent se trouver à plusieurs dizaines, parfois en compagnie de [[Laridés]] et de [[limicoles]]<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=71}}.</ref>.
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==== Cleptoparasitisme ====
La Buse variable vole parfois une proie déjà capturée par autrui, une pratique qualifiée de [[cleptoparasitisme]]. Elle a été observée harcelant des individus de plusieurs espèces pour leur faire lâcher leur prise : [[Faucon hobereau]]<ref>{{Article|auteur=Walter Busch|titre=Mausebussard (''Buteo buteo'') nimmt Baumfalke (''Falco subbuteo'') die Beute ab|périodique=Ornithologische Schnellmitteilungen für Baden-Württemberg|volume=51/52|passage=41|année=1997|langue=de}}.</ref>, [[Faucon pèlerin]]<ref>{{Article|auteur=R.L. Kinley et D.B. Thexton|titre=Note on opportunistic food acquisition by Buzzard while mobbed by Peregrines|périodique=British Birds|année=1985|volume=78|numéro=4|passage=193|langue=en}}.</ref>, [[Faucon de Barbarie]] et [[Faucon crécerelle]]<ref>{{Article|auteur=Felipe Siverio, Airam Rodríguez et David P. Padilla|titre=Kleptoparasitism by Eurasian Buzzard (''Buteo buteo'') on two ''Falco'' species|périodique=Journal of Raptor Research|volume=42|numéro=1|passage=67-68|mois=mars|année=2008|doi=10.3356/JRR-07-24.1|langue=en}}.</ref> ou encore [[Busard des roseaux]]<ref>{{Article|auteur=A. Bloomfield|titre=Common Buzzards robbing Marsh Harriers of prey|périodique=British Birds|volume=106|numéro=7|passage=411-412|année=2013|langue=en}}.</ref>. Dans la plupart des cas, la victime est beaucoup plus petite que la Buse variable, ce qui réduit le risque de représailles<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=74}}.</ref>. Dans une observation, la buse, inexpérimentée, s'est fait reprendre sa proie, un cadavre de [[Mouette rieuse]], par le jeune Faucon pèlerin qui l'avait capturée<ref>{{Article|auteur=R.C. Dickson|titre=Buzzard robbing juvenile Peregrine of prey|périodique=Scottish Birds|mois=hiver|année=1997|volume=19|passage=124-125|langue=en}}.</ref>.
=== Budget énergétique ===
Sur la base de deux ans d'observations dans le sud de la Suède, où la Buse variable est sédentaire, la dépense énergétique quotidienne d'une buse a été évaluée à {{Unité|149|kcal}} en hiver (de novembre à février) et à {{Unité|278|kcal}} pendant la saison de reproduction (d'avril à juillet)<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Magnus Sylvén|titre=Reproduction and survival in common buzzards (''Buteo buteo'') illustrated by the seasonal allocation of energy expenses|éditeur=[[Université de Lund]]|nature ouvrage=thèse de doctorat|année=1982|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=DAR|Dare|2015|p=160}}.</ref>. Les besoins hivernaux correspondent environ à {{Unité|100|g}} de proies ou cinq [[Microtus agrestis|Campagnols agrestes]]<ref>{{harvsp|id=DAR|Dare|2015|p=162}}.</ref>. En présence d'une grande quantité de nourriture, les Buses peuvent manger beaucoup plus que nécessaire, jusqu'à 30 % de leur poids en une journée, contre 10-15 % normalement<ref name="DAR-172">{{harvsp|id=DAR|Dare|2015|p=172}}.</ref>. La quantité de nourriture nécessaire pour mener un jeune à l'envol a été estimée à {{Unité|7|kg}} dans le [[Dartmoor]], soit l'équivalent de {{Nombre|350 Campagnols agrestes adultes}} ou de {{Unité|28|jeunes}} lapins<ref>{{harvsp|id=DAR|Dare|2015|p=169}}.</ref>.
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=== Reproduction ===
La Buse variable peut se reproduire à partir de sa seconde année, mais la plupart s'y mettent plus tard, à trois, quatre ans, voire au-delà<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=227-228}}.</ref>.
==== Parades nuptiales ====
Le mécanisme de formation des couples est connu essentiellement par une longue série d'observations réalisées près de [[Bristol (Royaume-Uni)|Bristol]], en Angleterre<ref name="PRY13" />. Une femelle en quête d'un partenaire qui arrive dans le territoire d'un mâle célibataire s'installe sur un perchoir. Le mâle s'adonne alors à des simulacres d'attaque, esquivant la femelle à la dernière minute, pendant qu'elle reste impassible, comme si elle testait la compétence du mâle à défendre leur futur territoire. La femelle se fonde également sur l'apparence des candidats : elle tend à préférer ceux qui ressemblent à sa mère<ref>{{Article|auteur=Oliver Krüger, Jan Lindström et William Amos|titre=Maladaptive mate choice maintained by heterozygote advantage|périodique=Evolution|mois=juillet|année=2001|volume=55|numéro=6|passage=1207-1214|doi=10.1554/0014-3820|langue=en}}.</ref>. Une fois le couple formé, les [[parade nuptiale aviaire|parades]] se poursuivent, cette fois à deux : le couple s'élève sur un [[Ascendance thermique|courant ascendant thermique]] en décrivant des cercles concentriques, avant de survoler son territoire. Cette ascension est entrecoupée de poursuites et de [[display|démonstration]]s acrobatiques<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=125-126}}.</ref>.
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==== Nidification ====
En règle générale, la Buse variable construit elle-même son nid, même si le réemploi n'est pas inconnu : dans l'ouest de la Finlande, 26 % des nids étaient d'anciens nids d'autres rapaces, plus petits<ref>{{Article|auteur=Harri Hakkarainen, Sakari Mykrä, Sami Kurki, Risto Tornberg et Sven Jungell|titre=Competitive interactions among raptors in boreal forests|périodique=Oecologia|année=2004|volume=141|passage=420–424|doi=10.1007/s00442-004-1656-6|langue=en}}.</ref>. L'emplacement peut être assez variable : en plaine, la Buse variable tend à nicher dans un arbre, mais elle peut aussi s'installer sur une falaise ou même directement sur le sol<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=127}}.</ref>.
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==== Incubation ====
La période précise de ponte est mal connue, car les Buses variables sont promptes à abandonner le nid, si un humain s'approche trop<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=141}}.</ref>. Dans une étude danoise, 40 % se sont envolées du nid avant que l'intrus approche à {{Unité|100|m}} et 60 % à {{Unité|50|m}}, seules 15 % restant au nid quand la personne atteint leur arbre<ref>{{Article|auteur=Peter Sunde, Peter Odderskær et Kurt Storgaard|titre=Flight distances of incubating Common Buzzards ''Buteo buteo'' are independent of human disturbance|périodique=Ardea|année=2009|volume=97|passage=369-372|doi=10.5253/078.097.0313|langue=en}}.</ref>. En outre, les pontes de remplacement sont très rares<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=142}}.</ref>.
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Buteo buteo MHNT.ZOO.2010.11.89.1.jpg|Ponte collectée à [[Allondrelle-la-Malmaison]], en [[Meurthe-et-Moselle]], France ([[Muséum d'histoire naturelle de Toulouse|MHNT]]).
Buteo buteo rotschildi MHNT.ZOO.2010.11.89.4.jpg|Œufs de ''{{nobr|Buteo buteo rotschildi}}'' (MNHT).
Buteo buteo vulpinus MHNT.ZOO.2010.11.89.7.jpg|Œufs de ''{{nobr|Buteo buteo vulpinus}}''
</gallery>
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==== Dispersion ====
Le suivi de jeunes buses équipées de radio-émetteurs montre une certaine variabilité de comportement : certaines se dispersent un mois à peine après avoir quitté le nid, mais d'autres explorent les alentours du territoire de leurs parents, rentrant parfois au nid le lendemain<ref>{{Article|auteur=N. Picozzi et D. Weir|titre=Dispersal and causes of death in Buzzards|périodique=British Birds|mois=juin|année=1976|volume=69|numéro=6|passage=193–201|langue=en}}.</ref>{{,}}<ref name="NOR92" />{{,}}<ref name="WK95">{{Article|auteur=Sean Walls et Robert Kenward|titre=Movements of radio-tagged Common Buzzards ''Buteo buteo'' in their first year|périodique=Ibis|année=1995|volume=137|numéro=2|passage=177-182|doi=10.1111/j.1474-919X.1995.tb03237.x|langue=en}}.</ref>. Dans une étude dans le Dorset, 56 % des {{Nombre|77 buses}} suivies ont quitté définitivement le nid entre juillet et décembre, à un âge moyen de {{Unité|107|jours}}<ref name="WK95" />, souvent pour rejoindre des regroupements informels de buses avec lesquelles elles se nourrissent. 39 % continuent pendant l'hiver à chercher leurs proies à moins de {{Unité|1|km}} du territoire parental, avant de se disperser au printemps, vers le mois de mars<ref name="WK95" />.
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==== Succès reproductif ====
En règle générale, les Buses variables ont une nichée par an. Un cas de double nichée a toutefois été observée à Fuerteventura, dans les Canaries : après une ponte assez précoce dans l'année, un seul jeune a survécu. Quand il a été âgé de quatre semaines environ, sa mère a pondu de nouveau, en poussant son jeune vers l'extérieur du nid, pour faire de la place. Ce jeune s'est envolé vers l'âge de neuf mois et n'a plus été revu sur le territoire. Quant à la deuxième ponte, les œufs n'ont pas éclos et ont été abandonnés<ref>{{Article|auteur=Marta López-Darias|titre=First documented case of double-brooding in the Eurasian Buzzard (''Buteo buteo'')|périodique=Journal of Raptor Research|volume=41|numéro=4|passage=340-341|mois=décembre|année=2007|langue=en}}.</ref>.
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==== Morbidité ====
Comme la très grande majorité des oiseaux de proie sauvages, la Buse variable est communément porteuse de [[Parasitisme|parasites]], à la fois sur son plumage ([[ectoparasite]]s) et dans son organisme ([[endoparasite]]s). Dans une étude menée à [[Berlin]] et dans le [[Land (Allemagne)|Land]] de [[Brandebourg]] sur {{Unité|84|rapaces}} diurnes et nocturnes, dont {{Unité|32|buses}}, 97,6 % présentaient des [[acari]]ens du plumage (espèces de la famille des [[Epidermoptidae]]) et des mouches plates (espèces de la famille des [[Hippoboscidae]]). 26,9 % des espèces examinées étaient porteuses de parasites sanguins (espèces des genres [[Leucocytozoon]] et [[Haemoproteus]]), avec une prévalence particulière chez les Buses variables (44,8 %)<ref>{{Article|auteur=M. Lierz, T. Göbel et R. Schuster|titre=Untersuchungen zum Vorkommen von Parasiten bei einheimischen Greifvögeln und Eulen|périodique=Berliner und Münchener Tierärztliche Wochenschrift|année=2002|mois=janvier-février|volume=115|numéro=1-2|passage=43-52|langue=de}}.</ref>. Dans une autre étude menée en Grande-Bretagne sur {{Unité|379|rapaces}}, dont {{Unité|77|buses}}, un examen visuel a trouvé des [[Parasite intestinal|parasites intestinaux]] ([[nématode]]s) dans 20 % des cas, sans différence significative entre les espèces. Sur cet échantillon, les buses en mauvaise condition, avec le moins de réserves de graisses, étaient les plus susceptibles de porter des parasites<ref>{{Article|auteur=Nigel W.H. Barton et David C. Houston|titre=The incidence of intestinal parasites in British birds of prey|périodique=Journal of Raptor Research|mois=mars|année=2001|volume=35|numéro=1|passage=71-73|langue=en}}.</ref>.
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L'importance de ses effectifs et sa tendance en hausse entraînent son classement en [[espèce de préoccupation mineure]] par l'[[UICN]]. Le tableau ci-dessous fournit les effectifs et leur tendance dans tous les pays européens où la Buse variable est documentée quantitativement, sur la base des données de BirdLife International en 2015. La qualité des données est décrite comme suit :
* bonne : bon état de connaissance — donnée quantitative fiable disponible pour l'ensemble du pays et sur toute la période ;
* moyenne : état de connaissance moyen — données à disposition médiocres, périmées ou incomplètes ;
* mauvaise : état de connaissance médiocre – peu connu, sans donnée quantitative disponible.
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| [[Biélorussie]] || {{formatnum:18000}}-{{formatnum:24000}} || stable || moyenne
|-
| [[Bosnie-Herzégovine]] || {{formatnum:5000}}-{{formatnum:8000}} || ? || mauvaise
|-
| [[Bulgarie]] || {{formatnum:2400}}-{{formatnum:4200}} || stable || moyenne
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| [[Roumanie]] || {{formatnum:20000}}-{{formatnum:50000}} || ? || mauvaise
|-
| [[Royaume-Uni]] || {{formatnum:57000}}–{{formatnum:79000}} || +146 %
|-
| [[Russie]] || {{formatnum:200000}}-{{formatnum:500000}} || stable || moyenne
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| [[Suisse]] || {{formatnum:20000}}-{{formatnum:25000}} || stable || moyenne
|-
| [[Tchéquie]] || ({{formatnum:11000}}-{{formatnum:14000}}) || stable || moyenne
|-
| [[Turquie]] || ({{formatnum:4000}}-{{formatnum:6000}}) || -0–19 % || mauvaise
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=== Habitat ===
La Buse variable se trouve jusqu'à {{Unité|5000|mètres}} d'altitude au Kazakhstan, au [[Tibet]] et en [[Mongolie]], où elle est remplacée plus en altitude par la [[Buse de Chine]]<ref>{{harvsp|id=WK|Walls et Kenward|2020|p=14}}.</ref>. Cette limite altitudinale est très variable selon la région : la Buse variable ne dépasse guère les {{Unité|380|mètres}} d'altitude en [[Écosse]]<ref name="WEI74">{{Article |langue=en |auteur1=D. Weir|auteur2=N. Picozzi |titre=Dispersion of Buzzards in Speyside |périodique=British Birds |volume=76 |numéro=2 |année=1974 |pages=66-78}}.</ref> et les {{Unité|870|mètres}} en Italie<ref name="SER02" />. En France, ses effectifs diminuent à partir de {{Unité|800|mètres}} d'altitude, même si elle peut nicher jusqu'à {{Unité|1600|mètres}}<ref>{{harvsp|id=NAONF|Nore|1995|p=194}}.</ref>.
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La sous-espèce nominale de la Buse variable est un migrateur partiel<ref name="id=AOMF-660" />. Les populations d'Europe du Sud et centrale sont sédentaires, tandis que celles d'Europe du Nord sont plutôt migratrices, plutôt à courte distance : les buses norvégiennes sont reprises au [[Benelux]] et en France et les buses suédoises du Danemark jusqu'au [[détroit de Gibraltar]], tandis que les buses finlandaises sont contrôlées partout en Europe et en [[Afrique subsaharienne]]<ref name="id=AOMF-660" />. En Allemagne, dans les îles Britanniques et en France, la population est majoritairement sédentaire<ref name="id=AOMF-661">{{harvsp|id=AOMF|Matérac, Ducruet et Dupuy|2022|p=661}}.</ref>.
La sous-espèce ''Buteo buteo vulpinus'', la Buse des steppes ou Buse de Russie, est [[Migration animale longue distance|migratrice longue distance]]. Elle se reproduit au sud de la Scandinavie, en [[Russie européenne]] et en [[Asie centrale]], au sud des [[monts Caucase]]. Elle parcourt jusqu'à {{Unité|13000|km}} pour rejoindre ses quartiers d'hiver, en Afrique subsaharienne et au sud-ouest de l'Asie. Une concentration importante se situe notamment dans la [[province du Cap]], en Afrique du sud, où elle est un oiseau fréquent à commun, avec un pic de présence entre
Dans le cadre de ses travaux sur l'évitement des collisions entre oiseaux et aéronefs, un groupe de chercheurs a étudié l'altitude et le comportement de vol de {{Unité|447|Buses variables}} pendant leur période de reproduction au sud-est des Pays-Bas. Il en ressort que leur altitude maximale se situe entre {{Unité|208|et=1592|m}}, pour une moyenne de {{Unité|665|m}}. 81 % de leur temps est passé à planer, 4 % à battre des ailes et 5 % à chercher de la nourriture<ref>{{Article|auteur=Judy Shamoun-Baranes, Emiel van Loon, Hans van Gastere, Jelmer van Belle, Willem Bouten et Luit Buurma|titre=A comparative analysis of the influence of weather on the flight altitudes of birds|périodique=Bulletin of the American Meteorological Society|année=2006|volume=87|numéro=1|passage=47-62|doi=10.1175/BAMS-87-1-47|langue=en}}.</ref>. Une étude israélienne de la Buse des steppes en migration montre que 85 % du temps de l'oiseau est passé en [[vol plané]] ou à voile (en utilisant les vents ascendants), à une altitude moyenne de {{Unité|500|m}}. En planant, il se déplace dans l'air à une vitesse moyenne de {{Unité|59|km/h}}. Il s'élève dans les courants ascendants à {{Unité|8,6|km/h}} et descend à {{Unité|6,1|km/h}}. Il peut donc voyager à {{Unité|30|à=40|km/h}} suivant la force et la direction du vent<ref>{{Article|auteur=Reto Spaar et Bruno Bruderer|titre=Optimal flight behavior of soaring migrants: a case study of migrating steppe buzzards, ''Buteo buteo vulpinus''|périodique=Behavioral Ecology|volume=8|numéro=3|mois=mai|année=1997|passage=288–297|doi=10.1093/beheco/8.3.288|langue=en}}.</ref>. Une autre étude réalisée sur quinze Buses variables suédoises suivies par satellite montre que les oiseaux passent de quatre à {{Unité|41|jours}} en migration, à des vitesses moyennes variant entre {{Unité|16|et=133|km/jour}} sur l'ensemble du trajet ({{Unité|33|à=133|km/jour}} en excluant les escales)<ref>{{Article|auteur=Roine Strandberg, Thomas Alerstam, Mikael Hake et Nils Kjellén|titre=Short‐distance migration of the Common Buzzard ''Buteo buteo'' recorded by satellite tracking|périodique=Ibis|mois=octobre|année=2008|volume=151|numéro=1|passage=200-206|doi=10.1111/j.1474-919X.2008.00890.x|langue=en}}.</ref>.
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==== En Grande-Bretagne ====
La Buse variable est depuis longtemps un oiseau très commun en Grande-Bretagne. On estime qu'au [[Mésolithique]], l'île accueillait {{Unité|65000|couples}} reproducteurs<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Derek Yalden|auteur2=Umberto Albarella|titre=The History of British Birds|lieu=Oxford|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=2008|pages totales=270|passage=65|isbn=9780199217519|doi=10.1093/acprof:oso/9780199217519.001.0001|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=V0ATDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. Parmi les pères fondateurs des sciences britanniques, [[William Turner (botaniste)|William Turner]] la décrit en 1544 comme visible toute l'année et Francis Willughby en 1678 comme très répandue. [[Thomas Pennant]] (1726-1798) la mentionne comme l'accipitridé le plus commun du pays et [[John Latham]] (1740-1837) en parle comme un oiseau connu de tous<ref name="LOV">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Roger Lovegrove|titre=Silent Fields|sous-titre=the Long Decline of a Nation's Wildlife|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=2007|pages totales=418|passage=134-140|isbn=978-0-19-852071-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=HNLiStFz6GUC&printsec=frontcover}}.</ref>.
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==== En Irlande ====
L'Irlande constitue la frange occidentale de l'aire de répartition de la Buse variable et présente des particularités en tant qu'île : elle n'abrite que cinq espèces de petits mammifères (contre treize en Grande-Bretagne) et aucune espèce de campagnols du genre ''[[Microtus]]'', qui constituent ailleurs la base de l'alimentation d'un certain nombre de rapaces, dont la buse. Elle s'est donc tournée vers les lapins, mais aussi les rats et les oiseaux de taille moyenne, notamment les corvidés<ref name="ROO13a" />.
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[[Fichier:Buteo buteo insularum (6270499686).jpg|vignette|alt=Rapace de taille moyenne perché dans un conifère|''Buteo buteo insularum'', sous-espèce endémique aux Canaries, était quasiment éteinte à [[Fuerteventura]] dans les années 1970.]]
En Europe continentale également, les rapaces ont été historiquement victimes de la persécution humaine, plusieurs pays ayant mis leur tête à prix. Ainsi, aux Pays-Bas, de 1852 à 1857, {{Unité|39233|oiseaux}} de proie ont donné lieu à
En 1979, deux textes majeurs viennent faire des rapaces européens l'un des groupes d'espèces les mieux protégées au monde : la directive 79/409/CE, dite [[directive Oiseaux]], et la [[Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe]], dite convention de Berne<ref>{{Chapitre|auteur=David A. Stroud|titre chapitre=The status and legislative protection of birds of prey and their habitats in Europe|titre ouvrage=Birds of Prey in a Changing Environment|auteurs ouvrage=D. B. A. Thompson, S. M. Redpath, A. H. Fielding, M. Marquiss et C. A. Galbraith (éd.)|éditeur=The Stationery Office|année=2003|isbn=9780114973087|passage=51-84|langue=en}}.</ref>. Elle reste malgré tout victime de la persécution humaine : sur {{Unité|2829|Buses}} variables et pattues passées par un centre de sauvegarde de la faune sauvage en Grèce de 1996 à 2005, 75 % des Buses variables et 70 % des Buses pattues avaient été abattues par tir<ref>{{Article|auteur=Stauros Kalpakis, Antonio D. Mazaris, Yiannis Mamakis et Yiannis Poulopoulos|titre=A retrospective study of mortality and morbidity factors for Common Buzzards ''Buteo buteo'' and Long-legged Buzzards ''Buteo rufinus'' in Greece: 1996–2005|périodique=Bird Conservation International|volume=19|numéro=1|mois=mars|année=2009|passage=15-21|doi=10.1017/S095927090800806X|langue=en}}.</ref>.
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== Voir aussi ==
{{Autres projets▼
=== Bibliographie ===▼
|commons=Category:Buteo buteo▼
}}▼
▲=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=David Cobham|titre=A Sparrowhawk's Lament|sous-titre=How British Breeding Birds of Prey Are Faring|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=2014|pages totales=272|isbn=978-0-691-15764-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=BmmYDwAAQBAJ&printsec=frontcover|id=COB|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Peter J. Dare|titre=The Life of Buzzards|lieu=Caithness|éditeur=Whittles Publishing|année=2015|isbn=978-184995-130-2|id=DAR|plume=oui}}
Ligne 638 ⟶ 622 :
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=da |auteur1=Benny Génsbøl |traducteur=Marie-Anne Tattevin |titre=Guide des rapaces diurnes. Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient |lieu=Paris |éditeur=[[Delachaux et Niestlé]] |collection=Les guides du naturaliste |année=2005 |pages totales=403 |passage=127-133 |isbn=2-603-01327-0 |id=GEN |plume=oui}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Paul Géroudet]]|auteur2=Michel Cuisin|responsabilité2=mise à jour|titre=Les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe|lieu=Lausanne|éditeur=[[Delachaux et Niestlé]]|année=2013|pages totales=446|passage=126-135|isbn=978-2-603-01958-0|id=GER|plume=oui}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Jean-Marc Thiollay|titre chapitre = Eurasian Buzzard ''Buteo buteo''|auteurs ouvrage
* {{Chapitre |auteur1=Jean-Pierre Matérac|auteur2=Daniel Ducruet|auteur3=Jérémy Dupuy |titre chapitre=Buse variable |auteurs ouvrage=Jérôme Dupuy et Louis Sallé (coord.) |titre ouvrage=Atlas des oiseaux migrateurs de france |volume=2 : des Ciconiidés aux Emberizidés |éditeur=Biotope — Muséum national d'histoire naturelle — Ligue pour la protection des oiseaux |année=2022 |isbn=978-2-85653-994-1 |passage=660-663 |id=AOMF|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=André Mauxion|titre=Les rapaces : faucons, buse variable, épervier d'Europe et autres rapaces diurnes|lieu=Lausanne|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|collection=Atlas visuels|année=1993|pages totales=120|isbn=2601022272}}
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=== Liens externes ===
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* {{COI|raptors|Accipitriformes|''Buteo buteo''|consulté le=16 mai 2015}}
* {{Avibase|3C6D4915490BC8CD|Buteo buteo|consulté le=30 juin 2015}}
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{{Portail|ornithologie}}
{{Article potentiellement de qualité|oldid=209526465|date=11 novembre 2023}}
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