« Missak Manouchian » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Manouchian}}
{{unicode}}
{{En travaux|RSVartanian|20-02-2024}}
{{Infobox Biographie2|charte=écrivain
| alt = Portrait en noir et blanc d'un homme imberbe vêtu d'un costume.
| nationalité = [[Millet (Empire ottoman)|nationNation]] [[Arméniens|arménienne]] ([[Histoire des Arméniens dans l'Empire ottoman|arménienneArménien ottoman]])<br />puis Puis [[apatride]] ([[Passeport Nansen|Nansen]])
| archivé par = [[Musée d'art et de littérature Yéghiché Tcharents]]<br>[[Service historique de la Défense]]
}}
 
'''Missak Manouchian''' ({{lang-hyw|Միսաք Մանուշեան}}), ou '''Michel Manouchian'''{{note|groupe=n|texte=Missak Manouchian utilise aussi le prénom « Michel » pour sa signature. Dans la presse arménienne, il signe aussi des [[pseudonyme]]s « A. Manouche » ({{lang-hy|ՄիսաքԱ. ՄանուշյանՄանուշ}}), ou '''Michel« Manouchian'''M. Assourian » ({{lang-hy|Մ. Ասուրեան}}). Enfin, durant la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]], il est connu sous le pseudonyme « Georges ».}}, né le {{date de naissance|1|9| septembre 1909}} à [[Adıyaman]] ([[Empire ottoman]]) et mort [[Fusillés du Mont-Valérien|fusillé]] le {{date de décès|21|2| février 1944}} à la [[forteresse du Mont-Valérien]] ([[France]]), est un [[Militantisme|militant]] [[communisme|communiste]], [[Résistance (politique)|résistant]], [[ouvrier]], et [[Liste de poètes de langue arménienne|poète]] [[Arméniens|arménien]] [[Immigration|immigré]]réfugié en France.
 
Il est connu pour avoir été l'adjoint de [[Joseph Epstein]] à la tête des [[FTP-MOI de la région parisienne]] de la [[Résistance intérieure française]] à partir d'{{date-|août 1943}}. Il est le plus haut gradé du « [[groupe Manouchian-Boczov-Rayman]] » de vingt-trois résistants, quiarrêtés onten {{date-|novembre 1943}} étépuis jugés expéditivement, fusillés et stigmatisés par la campagne [[Anticommunisme|anticommuniste]], [[Xénophobie|xénophobe]] et [[Antisémitisme|antisémite]] de l'[[Affiche rouge]] en {{date-|février 1944}}.
 
[[Survivant du génocide arménien]] de 1915, il se réfugie en {{date-|septembre 1924}} en France, devenant {{Citation|Français de préférence}}. [[Menuisier]] de formation, il exerce lede métiernombreux depetits métiers, comme [[Tournage mécanique|tourneur]], qu'il apprend [[Autoformation|sur le tas]]. Il s'engageParallèlement à lases suiteactivités deprofessionnelles, laet [[crisece dudepuis 6l'enfance, févrieril 1934]]écrit dans le mouvementdes [[Antifascisme|antifascistepoème]]s, qus'animeintéresse leaux [[Parti communiste françaisarts]]. Enet à la culture {{dateIncise|juilletà 1935}},propos desquels il est cadreremplit de l'nombreux [[Internationale communisteCalepin|carnets]] etde accèdeses àréflexions}}, lanoue directiondes duliens journalavec des ''[[ZangouLittérature arménienne|écrivains arméniens]]'', publiéet parfonde lamême une [[Sectionrevue française du Comité de secours pour l'Arménielittéraire]], puis de l'Union populaire franco-arménienne, relais de l'organisation [[Main-d'œuvre immigréeTchank]]'' (MOI1930-1931), deavec lason ami [[ConfédérationKégham générale du travail unitaire|CGTUAtmadjian]] auprès des ouvriers arméniens.
 
Il s'engage à la suite de la [[crise du 6 février 1934]] dans le [[Parti communiste français]] (PCF), par [[communisme]] et [[antifascisme]]. En {{date-|juillet 1935}}, il est élu cadre de la [[Section française du Comité de secours pour l'Arménie]] (HOG) et accède à la direction du journal de l'organisation, ''[[Zangou]]''. Il joue ensuite un rôle central au sein de l'Union populaire franco-arménienne après la disparition du HOG en 1937.
Militant communiste clandestin à partir de {{date|juin 1940}} en raison de l'interdiction du Parti communiste français qui soutient le [[Pacte germano-soviétique]], il est arrêté au lendemain de l'attaque [[Opération Barbarossa|allemande contre l'URSS]]. Rapidement libéré, il est intégré en {{date|février 1943}} aux FTP-MOI de la région parisienne, qui ont succédé à l'[[Organisation spéciale (France)|Organisation spéciale]]. Alors que les arrestations s'enchaînent, il est choisi en {{date|août 1943}} pour en être commissaire militaire. Après une trentaine d'opérations de son groupe dans Paris, il est arrêté trois mois plus tard par les [[brigades spéciales]] de la [[Police nationale (France)|police française]] après une longue [[Filature (renseignement)|filature]]. Torturé, il est ensuite livré à la [[Geheime Feldpolizei|police secrète de l'armée allemande]]. Un tribunal allemand le condamne à mort avec 22 de ses camarades. Figure de la résistance armée, il meurt, comme il l'écrit à son épouse [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] juste avant son exécution, {{Citation|en soldat régulier de l’[[Armée française de la Libération]]}}.
 
Il est [[Mobilisation française de 1939|mobilisé]] dans l'[[Armée de terre (France)|armée française]] en {{date-|octobre 1939}} puis démobilisé après la [[Bataille de France|défaite]] et l'[[armistice du 22 juin 1940]]. Affecté à l'usine [[Gnome et Rhône]] d'[[Arnage]] pendant une année, il devient ensuite militant communiste clandestin à partir du printemps 1941, moment où il parvient à rentrer à Paris. Il est arrêté le jour de l'attaque [[Opération Barbarossa|allemande contre l'URSS]] ; rapidement libéré, il est ensuite intégré en {{date-|février 1943}} aux FTP-MOI de la région parisienne, qui ont succédé à l'[[Organisation spéciale (France)|Organisation spéciale]]. Alors que les arrestations s'enchaînent, il est choisi en {{date-|août 1943}} pour en être commissaire militaire. Après une trentaine d'opérations de son groupe dans Paris, il est arrêté trois mois plus tard par les [[brigades spéciales]] de la [[Police nationale (France)|police française]] après une longue [[Filature (renseignement)|filature]]. [[Torture|Torturé]], il est ensuite livré à la [[Geheime Feldpolizei|police secrète de l'armée allemande]]. Un tribunal allemand le [[Peine de mort|condamne à mort]] avec vingt-deux de ses camarades. Figure de la résistance armée, il meurt, comme il l'écrit à son épouse [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] juste avant son exécution, {{Citation|en soldat régulier de l’[[Armée française de la Libération]]}}.
Missak et son épouse [[Mélinée Manouchian]] sont accueillis au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] le {{date|21 février 2024}}, quatre-vingts ans jour pour jour après l'exécution de Missak.
 
Missak et son épouse Mélinée Manouchian sont accueillis au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] le {{date-|21 février 2024}}, quatre-vingts ans jour pour jour après l'exécution de Missak.
 
== Biographie ==
=== Jeunesse et débuts (1909-1924) ===
==== Enfance (1909-1919) ====
Missak Manouchian{{note|groupe=n|texte=Missak Manouchian utilise aussi le prénom Michel pour sa signature.}} naît le {{Date de naissance|1|9| septembre 1909}}<ref name=":6">{{Article|auteur1langue=fr|auteur=[[Ariane Chemin]]|titre=Missak Manouchian n’estn'est pas mort à 37 ans, mais à 34 : le résistant s’étaits'était vieilli de trois ans à son arrivée en France|périodique=[[Le Monde]]|date=06 -03 -2024|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/03/06/missak-manouchian-n-est-pas-mort-a-37-ans-mais-a-34-le-resistant-s-etait-vieilli-de-trois-ans-a-son-arrivee-en-france_6220442_823448.html|accès url=payant}}</ref>{{,}}<ref>L'arrière petite-fille de Haïk Manouchian, le frère ainé de Missak, a découvert dans les carnets de son arrière-grand oncle qu'à son débarquement à Marseille en 1924 ce jeune immigré de 15 ans s'était vieilli de 3 ans, en revendiquant une naissance le {{date de naissance|1 septembre 1906}}, ceci afin d'espérer pouvoir travailler à son arrivée en France, cf. ses déclarations dans une émission de France-Inter du 6 mars 2024 à 19h10 accompagnée d'une citation de l'interview de [[Denis Peschanski|Denis Peschansky]], en {{Lien web|langue=fr|titre=Le journal de 19h|url=https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-journal-de-19h|site=radiofrance.fr|éditeur=[[France Inter]]|date=06-03-2024|consulté le=06-03-2024|accès url=libre|format=podcast|description=à partir de 16 min 11}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Jeanne Durieux|titre=Erreur sur la stèle de Missak Manouchian au Panthéon : le résistant n’est pas né en 1906 mais en 1909|url=https://www.lefigaro.fr/politique/erreur-sur-la-stele-de-missak-manouchian-au-pantheon-le-resistant-n-est-pas-ne-en-1906-mais-en-1909-20240308|site=lefigaro.fr|date=08-03-2024|consulté le=04-04-2024|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{note|groupe=n|texte=Jusqu'à la révélation tardive que Missak Manouchian a triché sur son âge lors de son arrivée en France, sa date officielle de naissance était le {{Date de naissance|1|9|1906}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=14}}. L'arrière-petite-fille de Haïk Manouchian, le frère aîné de Missak, a découvert dans les carnets de son arrière-grand-oncle qu'à son débarquement à [[Marseille]] en 1924, ce jeune immigré de quinze ans s'était vieilli de trois ans en revendiquant une naissance le {{date de naissance|1 septembre 1906}}, afin d'espérer pouvoir travailler à son arrivée en France<ref name=":6"/>. De même, dans son ouvrage, [[Mélinée Manouchian]] parle d'un écart de quatre ans entre elle et Missak alors qu'elle est née en 1913{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=25}}.}} à Adıyaman ([[vilayet de Mamouret-ul-Aziz]], [[Empire ottoman]]){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=12}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=279}}, dans le quartier de Tchélébi{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Le doute sur son année de naissance vient de la traduction fortuite en 2024 d'une page de ses carnets personnels qui accrédite la thèse, déjà connue dans sa famille, que Missak Manouchian se serait vieilli de trois ans pour trouver du travail plus facilement et émigrer ensuite en France<ref name=":6"/>. Ses parents sont Kévork Manouchian et Vartouhi Kassian{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=279}}, des [[paysan]]s{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}}. Plus jeune enfant de sa [[fratrie]], il a deux frères aînés, Haïk et Garabed{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=14}}. Dans ses [[mémoires]], [[Mélinée Manouchian]] parle d'une famille de quatre enfants, sans toutefois donner le nom du quatrième{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}}.
 
Il a neufsix ans en 1915 au début du [[génocide arménien]]. Des {{nb|5200 Arméniens}} vivant à AdiyamanAdıyaman, les hommes sont exécutés sur place, tandis que le reste de la population est déportéedéporté à partir du {{date-|28 juillet 1915}} vers [[Samsat]] puis [[Şanlıurfa|Ourfa]]{{Sfn|Raymond Kévorkian|2006|p=509}}.
 
Son père participe à la résistance arménienne de la ville d'Ourfa et yest perdtué lapar les vieTurcs{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=25}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}{{,}}<ref name="Gui552">Katia Guiragossian, Archives personnelles, cité dans {{ouvrage|auteur=[[Didier Daeninckx]]|titre=Missak|lieu=[[Paris]]|éditeur=[[Éditions Perrin]]|date=août 2009|passage=55|isbn=978-2-262-02802-2}}.</ref>. Les quartiers arméniens de la ville, qui comptent de {{unité|25 à 30000|habitants}}{{Sfn|Raymond Kévorkian|2006|p=761}} (voire {{unité|38680|habitants}} selon le [[patriarcat arménien de Constantinople]]<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Raymond Kévorkian]]|titre=Le Génocide des Arméniens|éditeur=[[Éditions Odile Jacob]]|année=2006|pages totales=1007|passage=341|isbn=978-2-7381-1830-1|lire en ligne={{Google Livres|EdyVd_4CVAMC}}|accès url=limité}}</ref>), entrent en résistance du {{date-|29 septembre 1915-}} au {{date-|23 octobre 1915}}, date à laquelle l'[[armée ottomane]] finit par mater et massacrer les insurgés{{Sfn|Raymond Kévorkian|2006|p=766-769}}.
 
Avec sa mère et ses deux frères, ils sont déportés d'Ourfa sur la route reliant [[Birecik]] à [[Nusaybin]]{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Cette expérience le traumatise durablement<ref name=":22" />. Ils vivent alors pendant quatre ans dans les villages de Mehrab et de Guevndjé, en travaillant comme [[Domesticité|domestiques]] pour des familles turques{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Sa mère meurt de maladie (ou de famine){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}} à cette période{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Missak est alors recueilli par une famille [[Kurdes|kurde]], au sein de laquelle il travaille en tant que [[berger]], se fait appeler « Assour »{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=204}} (nom qu'il utilise plus tard comme pseudonyme), et se lie avec leur fille{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}}.
 
Garabed Manouchian donne un témoignage de cette période, paru dans ''Ayk'', la revue de l'orphelinat :
{{citation bloc|Je suis né à Adiyaman, dans le quartier de Tchélébi [Celebi], en 1905 probablement. Mon père Kévork était cultivateur, ma mère s'appelait Vartouhi. Avoir avoir terminé la maternelle de Adiyaman, j'ai à peine pu aller un an à l'école primaire Mesrobian. En 1915, nous avons été déportés vers Édesse [Ourfa] où nous avons retrouvé mon père qui avait dû se réfugier au début de la guerre. Mon père a été tué par les Turcs pendant l'autodéfense d'Édesse. Avec ma mère et mes deux frères, nous avons été chassés vers Biredjik et Nissib. Nous avons vécu quatre ans, dans les villages de Mehrab et Guevedjé [Gevece], serviteurs chez des Turcs. Ma mère est morte de maladie. En 1919, j'ai pu entrer à l'orphelinat de l'association des Arméniens d'Égypte à Aïntab (le 30 octobre). Mes frères avaient pu y aller avant moi, et mon petit frère Missak avait été admis à l'orphelinat américain{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=279}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}.}}
 
==== Orphelin du génocide (1919-1924) ====
À la fin de la [[Première Guerre mondiale]], les frères Manouchian sont récupérés par les agents du [[Vorpahavak]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}} et confiés à des [[orphelinat]]s après un passage à [[Gaziantep|Aïntab]] ([[Cilicie]]){{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Garabed, le frère aînécadet, est pris en charge le {{date-|30 octobre 1919}} par le Vorpakhnam (« aide aux orphelins ») local mis en place par l'association des Arméniens d'Égypte{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Il raconte que Missak a à cette date quitté la ville et a été pris en charge dans un orphelinat de l'[[Aide humanitaire|organisation humanitaire]] américaine de la [[Near East Foundation]]{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=11}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}, sans en préciser la localisation, mais vraisemblablement à proximité{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=38}}. En effet, c'est à Aïntab que l'[[British Army|armée britannique]] qui occupe la région regroupe les {{nb|2000 orphelins}} arméniens retrouvés dans des foyers turcs et kurdes{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=38}}. Dans ses notes, le futur instituteur de Missak et Garabed, Krikor Bogharian (1897-1975), écrit : {{citation|Garabed Manouchian était dans [l'orphelinat du Vorpakhnam], tandis que son frère était dans l'orphelinat américain [de la Near East Foundation]. Il est possible qu'ils soient arrivés à différents moments à Aïntab ou peut-être même aient été amenés de différents endroits}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=38}}.
 
À l'issue de la [[Campagne de Cilicie|guerre franco-turque]] fin 1921, les [[Forces armées françaises|troupes françaises]] abandonnent la Cilicie{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Dans la foulée du retrait français, en 1922, la Near East Foundation évacue ses orphelinats au [[Liban]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33-34}}, alors sous [[Grand Liban|domination française]]. Garabed se trouve dans l'orphelinat de [[Byblos|Jbeïl]], tandis que Missak est à celui de [[Jounieh]], où Garabed le rejoint ensuite{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}. Une autre source évoque une évacuation antérieure de Missak vers Jbeïl et de Garabed à Jounieh, le {{date-|25 mai 1920}}, puis une réunion des deux frères à Jounieh le {{date-|8 novembre 1920}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=279-281}}. Leur troisième frère, Haïk, s'installe quant à lui à Alep{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}.
 
À l'issue de la [[Campagne de Cilicie|guerre franco-turque]] fin 1921, les [[Forces armées françaises|troupes françaises]] abandonnent la Cilicie{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33}}. Dans la foulée du retrait français, en 1922, la Near East Foundation évacue ses orphelinats au [[Liban]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=33-34}}, alors sous [[Grand Liban|domination française]]. Garabed se trouve dans l'orphelinat de [[Byblos|Jbeïl]], tandis que Missak est à celui de [[Jounieh]], où Garabed le rejoint ensuite{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}. Dans cet orphelinat, qui accueille jusqu'à {{nb|4000 orphelins}} durant son existence, ceux-ci reçoivent une [[Enseignement primaire|éducation primaire]] ainsi qu'une formation professionnalisante : Garabed et Missak sont ainsi formés à la [[menuiserie]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}. Ils s'intéressent très tôt à la [[Littérature arménienne|littérature]], en fréquentant notamment la bibliothèque de l'établissement{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=44}}, et participent à la revue bihebdomadaire manuscrite de l'orphelinat intitulée ''Ayk'' (Այգ, « Aube », 1922-1923<ref>{{Lien web |langue=hy |titre=Այգ ։ Գրական-բարոյագիտական երկշաբաթաթերթ |traduction titre=Ayk : Revue littéraire et morale bihebdomadaire |url=http://tert.nla.am/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=13138&query_desc=kw%2Cwrdl%3A%20%D5%A1%D5%B5%D5%A3 |site=tert.nla.am |consulté le=14-02-2024|accès url=libre}}</ref>){{Sfn |id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}. Il est un élève assidu : {{citation|lorsqu'il lisait un livre arménien, il remplissait des cahiers entiers de notes relatives au vocabulaire, avec les synonymes, antonymes, etc.}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40-41}}. Son instituteur, Krikor Bogharian, qui laisse à Missak un souvenir durable (Missak lui dédie plus tard un poème<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Նոր տարի|traduction titre=Nouvel an|périodique=[[Tchank]]|numéro=7|pages=84|date=janvier 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(7).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref> dans une lettre du {{date-|8 juillet 1931}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=72}}), le forme à l'[[arménien]] littéraire{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=40}}. Il se souvient des deux frères comme de {{citation|lecteurs passionnés}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=44}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}. Il décrit Missak comme {{citation|un garçon qui avait déjà un caractère très fort. À la limite, il semble qu'il passait pour être têtu et taciturne. Par ailleurs, très studieux et travailleur, il aimait la solitude qui devait lui permettre d'écrire des poésies}}, résume Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}} en reprenant les mots d'une lettre de Bogharian reçue en 1947{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}.
 
Après la guerre, il transmet à Mélinée un poème écrit par Missak lorsqu'il avait onze ou douze ans{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}}, intitulé ''Rêves déçus''{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=199}} :
{{vers|texte=Un charmant petit enfant
A songé toute une nuit durant
Qu'il fera à l'aube pourpre et douce
Des bouquets de roses{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=41}}.}}
 
Un autre personnage de cette période qui le marque, cette fois-ci par sa sévérité, est Ghazaros Ghebiklian (surnommé « ''haïrig'' », « petit père »), directeur de l'orphelinat{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}}. Pour se moquer de lui et faire rire ses camarades, il écrit à son sujet des petits textes satiriques : {{citation|c'est en quelque sorte à ses dépens que Manouchian a commencé sa carrière littéraire}}, écrit Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}}. Des années plus tard, il lui consacre un texte satirique intitulé ''Haïrigue'' (« Le petit père »)<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Հայրիկը|traduction titre=Le petit père|périodique=[[Tchank]]|numéro=5-6|pages=77-78|date=novembre-décembre 1930|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(5-6).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Հայրիկը|traduction titre=Le petit père|périodique=[[Tchank]]|numéro=7|pages=87-88|date=novembre-janvier 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(7).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Հայրիկը|traduction titre=Le petit père|périodique=[[Tchank]]|numéro=8-9|pages=104-105|date=février-mars 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(8-9).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>.
 
Il compose notamment, en 1924 ou 1925, un poème intitulé ''Vers la France'' (Դեպի Ֆրանսա), dans lequel il résume son état d'esprit{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=17}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=13-14}}{{,}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=293}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=34-37}} :
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Et ma noire existence d'orphelin tissée de privations et de misères,
Encore adolescent ivre du rêve des livres et des écrits,
Je m'en vais mûrir par le travail de la conscience et de la vie{{note|groupe=n|texte=Texte original en [[arménien]] : {{Citation étrangère bloc|langue=hy|''Ետիս եմ թողած բընութեամբ սընած մանկութեանս արեւ,<br>Եւ թշուառութեամբ, զրկանքով հիւսուած որբութիւնն իմ սեւ.<br>Դեռ պատանի մ՝եմ թղթի եւ գրքի երազէն զինով,<br>Կ՝երթամ հասուննալ գիտակցութեան ու կեանքի վաստակով։''}}}}{{,}}{{sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946}}.}}
 
<gallery mode="packed" heights="200">
Missak_Manouchian_à_l'orphelinat_de_Djunié.png|centré|Missak Manouchian (à droite, avec la croix sur la poitrine) à l'orphelinat de [[Jounieh]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=44}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe d'enfants qui pose en rangs.
Missak et Karapet Manouchian à l'orphelinat.jpg|Missak et Garabed Manouchian (à gauche) à l'orphelinat{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=282}}.|alt=Photographie en noir et blanc de quatre enfants, dont deux sont assis et regardent l'objectif.
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=== ImmigréRéfugié arménien en France (1924-1934) ===
==== Ouvrier immigréréfugié (1924-1930) ====
[[Fichier:Missak and Garabed Manouchian.jpg|vignette|droite|Garabed et Missak en 1924, à [[La Seyne-sur-Mer]]. Photographie envoyée à leurs camarades de l'orphelinat de [[Jounieh]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=282}}.|alt=Photographie en noir et blanc de deux jeunes hommes en costume se serrant la main en regardant l'objectif.]]
[[Fichier:Extrait du registre d'immatriculation de Missak Manouchian.png|vignette|droite|Extrait du registre d'immatriculation de Missak Manouchian à [[La Seyne-sur-Mer]]{{sfn|id=Archivespréfecture|texte=Archives de la préfecture de police|p=6}}.|alt=Numérisation d'un registre.]]
Garabed Manouchian arrive en France, à [[Marseille]], dès 1923{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}. Missak gagne lui aussi la France le {{date-|16 septembre 1924}}, avec un contrat d'embauche{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=''1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre'' 2024|p=5}} et un [[passeport Nansen]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33}} et débarque à Marseille{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}} à l'issue d'un voyage effectué sur un bateau des [[Messageries maritimes]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33}}. À son arrivée en France, il triche sur son âge en ajoutant trois ans à son âge réel<ref name=":6" />. Dans les années 1920, une telle pratique était fréquente chez les immigrés qui venaient en France, afin d'avoir l'âge légal pour travailler. Il rejoint son frère à [[La Seyne-sur-Mer]] où ils travaillent pour la société des [[Forges et chantiers de la Méditerranée]], qui embauche alors beaucoup de travailleurs étrangers, en tant que [[menuisier]]s{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}} ou soudeurs{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33}}. Missak se fait enregistrer à la mairie le {{date-|8 octobre 1924}} comme menuisier{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=60}}. Ils y sont employés du {{date-|19 septembre 1924}} au {{date-|19 juin 1925}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=''1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre'' 2024|p=6-7}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61}} et logent au « baraquement chinois », surnommé ainsi car il abritait jusqu'en 1922 de nombreux travailleurs chinois durant la [[Première Guerre mondiale]], travailleurs ensuite rapatriés en [[Chine]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61-63}}.
[[Fichier:Demande de carte d'identité de Missak Manouchian.png|vignette|droite|Demande de carte d'identité de Missak Manouchian à l'époque où il vit [[rue Vercingétorix]] (1925-1929?){{sfn|id=Archivespréfecture|texte=Archives de la préfecture de police|p=7}}.|alt=Numérisation d'une demande de carte d'identité.]]
Garabed Manouchian arrive en France, à [[Marseille]], dès 1923{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}, après avoir rejoint son grand frère à Alep pendant quelques mois{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}. Missak reste à Jounieh jusqu'en {{date-|septembre 1924}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}} puis quitte [[Beyrouth]] le {{date-|8 septembre}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=209}} et gagne lui aussi la France le {{date-|16 septembre 1924}}, avec un contrat d'embauche{{Sfn|id=MAP2023|texte=Claire Mouradian 2023|p=34}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=5}} et un [[passeport Nansen]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33|id=M}}. Il débarque à Marseille{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}} à l'issue d'un voyage effectué sur un bateau des [[Messageries maritimes]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33|id=M}} nommé ''Cordillère'', qui fait d'abord escale à [[Jaffa]] et [[Alexandrie]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=209, 277}}. À son arrivée en France, il triche sur son âge en ajoutant trois ans à son âge réel<ref name=":6" />. Dans les années 1920, une telle pratique était fréquente chez les immigrés qui venaient en France, afin d'avoir l'âge légal pour travailler. Il prend le train pour rejoindre son frère Garabed à [[La Seyne-sur-Mer]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=277}}, où ils travaillent pour la société des [[Forges et chantiers de la Méditerranée]], qui embauche alors beaucoup de travailleurs étrangers, en tant que [[menuisier]]s{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=277}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Missak et Mélinée Manouchian |url=https://www.archives.la-seyne.fr/informations-pratiques/actualites/rublique-litteraire/missak-et-melinee-manouchian |accès url=libre |site=archives.la-seyne.fr |date=2024 |consulté le=28-07-2024}}</ref>. Missak passe un examen d'aide-menuisier{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=277}}. Garabed écrit à cette époque : {{citation|Il est difficile de trouver du travail à Marseille sans avoir une “carte d'identité”}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=277}}. Ce dernier est embauché le {{date-|6 septembre}}, Missak le 19{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=209}}. Ce dernier se fait enregistrer à la mairie le {{date-|8 octobre 1924}} comme menuisier{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=60}}. Ils y sont employés du {{date-|19 septembre 1924}} au {{date-|19 juin 1925}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=6-7}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61}} et logent au « baraquement chinois », surnommé ainsi car il abritait jusqu'en 1922 de nombreux travailleurs chinois durant la [[Première Guerre mondiale]], travailleurs ensuite rapatriés en [[Chine]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=213 et 277}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61-63}}. Missak travaille sur les chantiers des navires ''Imerethie II'' et ''Oued-Sebou II''{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=209}}. Les deux frères correspondent alors avec leur ancien instituteur Krikor Bogharian{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=210-211}}, Missak le remerciant pour son enseignement et ses conseils : {{citation|chacune de vos paroles, même une simple plaisanterie, a un rôle éducatif. […] Je serai fier et heureux si une fois par mois, au moins, en correspondant, vous pouviez guider mes pas imprudents}}, lui écrit-il le {{date|21 septembre 1924}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=211}}.
 
À l'été 1925, les deux frères décident d'aller à [[Paris]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=279}} notamment du fait du manque de travail aux [[Chantier naval|chantiers navals]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=61-63}}. Selon Mélinée, il est fasciné par la capitale française :
{{citation bloc|Paris, ce nom évoquait en lui tout un univers de choses possibles, d'espérances vécues, de rêves réalisables. Centre de la culture de l'humanité tout entière, capitale de la [[Révolution française|Révolution]], lieu où le peuple se fait le plus entendre, le monde entier étant à son écoute. Il se répétait les noms de [[Jean-Paul Marat|Marat]], [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]], [[Georges Jacques Danton|Danton]], [[Louis Antoine de Saint-Just|Saint-Just]], les grands [[Collaborateurs de l'Encyclopédie|Encyclopédistes]] qui avaient été les prophètes et les artisans de la grande Révolution{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}}.}}
 
À son arrivée, Missak travaille pour l'[[Gévelot Extrusion|usine Gévelot de la Société française de munitions]] à [[Issy-les-Moulineaux]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}. Les entreprises [[industrie]]llesIndustrie en France|entreprises industrielles du [[bassin parisien]] embauchent alors de nombreux travailleurs immigrés arméniens qu'elles vont même jusqu'à parfois aller chercher à Marseille{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}. Avec son frère, ils s'installent alors dans une chambre au 11 [[rue Fizeau]] dans le [[15e arrondissement de Paris|{{15e|arrondissement}}]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian (oudocuments peut-être2023|p=283}}, puis au 80 [[rue Vercingétorix]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}}){{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Grâce à leurs économies, ils font venir en France leur frère Haïg{{note|groupe=n|texte=Il part s'installer en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]] en 1936<ref name=":22" />.}}, qui a lui aussi survécu au génocide et vivait à [[Alep]], en [[État d'Alep|Syrie]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Missak continue de correspondre avec son ancien instituteur : {{citation|Ça fait plus de deux ans que je suis loin de vous, mais il me semble que c'était hier tant votre souvenir est frais dans ma mémoire et il le restera toujours}}, écrit-il en {{date|décembre 1925}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}. Ils lui font aussi des cadeaux comme en 1927, lorsque Missak lui envoie un exemplaire de l'ouvrage ''Les arts décoratifs modernes'' de Gaston Quenioux{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}.
 
La [[tuberculose]] contractée par Garabed au [[Liban]] s'aggrave et il est hospitalisé{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}} en 1927{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}}, notamment dans les hôpitaux [[Hôpital Vaugirard - Gabriel-Pallez|Vaugirard]] et [[Hôpital Necker-Enfants malades|Necker]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Durant la durée de cette hospitalisation, il reçoit la visite journalière de Missak, qui se fait embaucher comme tourneur aux usines [[Citroën]] afin de subvenir à leurs besoins{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}}, ainsi que chez [[Renault]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Garabed meurt en février{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}} ou {{date-|mars 1927}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}. Comme le raconte l'historienne Astrig Atamian : {{citation|Présent à l'hôpital au moment du décès, Missak laisse éclater sa peine devant le personnel médical. Son désespoir est tel qu'il est traité comme un forcené à maîtriser et interné brièvement. Ce nouveau drame accentue le caractère ombrageux et réservé de l'orphelin, déjà traumatisé [par le génocide]}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}. Cette peine est en partie provoquée par la froideur avec laquelle l'infirmière lui annonce la mort de son frère{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}}. Il enterre son frère au [[cimetière parisien de Bagneux]], avec quelques camarades{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Deux mois plus tard, il déménage{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}} : entre {{date-|avril 1929}} au {{date-|décembre 1931}}, il vit au 2, [[rue des Fossés-Saint-Jacques]] ([[5e arrondissement de Paris|{{5e|arrondissement}}]]){{Sfn|id=Naturalisation|texte=''1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre'' 2024|p=8-9}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}.
 
[[Fichier:Missak Manouchian young.jpg|vignette|droite|Missak Manouchian dans sa jeunesse, à la fin des années 1920.|alt=Portrait en noir et blanc d'un jeune homme imberbe.]]
La [[Grande Dépression|crise de 1929]], suivie par la [[Loi du 10 août 1932 relative à la protection de la main d’œuvre nationale]] rendent son parcours professionnel difficile, à l'instar de nombreux autres travailleurs arméniens{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52-53}}. Ainsi, il accumule les petits boulots durant cette période : manœuvre, monteur-téléphoniste, menuisier{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}, tourneur, ficeleur de paquets, laveur de voitures, etc.{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. En 1931, il raconte dans une lettre adressée à son instituteur les difficultés de sa vie d'ouvrier étranger à Paris, mais aussi ses espoirs dans la {{citation|libération définitive de l'humanité}} et dans le succès du communisme en Arménie{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=12-13}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=72}}.
 
La [[Grande Dépression|crise de 1929]], suivie par la [[loi du 10 août 1932 relative à la protection de la main d’œuvre nationale]] rendent son parcours professionnel difficile, à l'instar de nombreux autres travailleurs arméniens{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52-53}}, qui sont pour la plupart des [[journalier]]s{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. Ainsi, il s'inscrit au chômage{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=42}} et accumule les petits boulots durant cette période{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=7}} : manœuvre, monteur-téléphoniste, menuisier{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}, tourneur, ficeleur de paquets, laveur de voitures{{Etc.}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35|id=M}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}. En 1931, il raconte dans une lettre adressée à son instituteur les difficultés de sa vie d'ouvrier étranger à Paris, mais aussi ses espoirs dans la {{citation|libération définitive de l'humanité}} et dans le succès du communisme en Arménie{{Sfn|Krikor Bogharian|1958|p=12-13}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=72}}. Dans une lettre à [[Kégham Atmadjian]], il parle de la difficulté du travail en usine, notamment à cause du bruit{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=43}}. Mais il met surtout en avant les points positifs : comme le résume Mélinée, {{citation|c'est dans ce milieu ouvrier qu'il a connu et ressenti la plus grande chaleur humaine, la camaraderie et, surtout, la solidarité qui peut unir les ouvriers entre eux. Il dit aussi quelle extraordinaire école ce fut pour lui, où il apprit à comprendre la psychologie des travailleurs, leurs préoccupations, leurs soucis, leurs espoirs}}, et que d'avoir trouvé {{citation|ses semblables}} nourrit sa poésie{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=43}}. De même, dans une autre lettre à Kégham Atmadjian, il évoque l'importance de son travail pour son inspiration : {{citation|Je reçois l'inspiration directement de la vie. Dans la fumée et la suie de l'usine, la crasse et l'huile des machines, le bruit assourdissant, mon âme prend un plus grand envol que maintenant où je suis au calme. […] C'est dans ma vie que j'ai reçu et que je reçois la véritable culture}}{{note|groupe=n|texte=Texte original en [[arménien]] : {{Citation étrangère|langue=hy|''Ներշնչում ես կը ստանամ ուղղակի կեանքէն: Գործարանի մուխին ու ծուխին, մեքենային իւղին ու կեղտին, հսկայական աղմուկին մէջ աւելի մեծ թռիչք կը ստանայ հոգիս քան թէ հիմա որ աւելի խաղաղ եմ: […] Կեանքի մէջ է որ ես ստացեր եմ ու միշտ կը ստանամ իրական մշակոյթը'':}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}.}}{{,}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=241}}. Il étudie à l'université ouvrière pour se perfectionner en [[Installation électrique|électricité]] ou en [[Mécanique (technique)|mécanique]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}.
==== Intégration dans le milieu artistique arménien de Paris ====
Athlétique, il pose pour des artistes pour compléter ses revenus{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=69}}, comme par son ami le peintre [[Krikor Bédikian]] qui habite lui aussi [[rue des Plantes (Paris)|rue des Plantes]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=74}} et pose pour [[Jean Carzou]]. Il rencontre le journaliste [[Aram Andonian]], chroniqueur du [[génocide arménien]], à la [[Bibliothèque Nubar]], que celui-ci dirige. Il s'intéresse beaucoup à la [[littérature française]], se rendant souvent à la [[bibliothèque Sainte-Geneviève]], proche de son domicile, notamment quand il ne travaille pas{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Il lit en particulier les livres des « [[Compagnon de route|compagnons de route]] » du PCF, comme le ''[[Jean-Christophe (roman)|Jean-Christophe]]'' de [[Romain Rolland]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}, qui devient son livre de chevet{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=44}}. Il fréquente aussi les [[Université populaire|universités ouvrières]] de la [[Confédération générale du travail|CGT]].
 
==== Intégration dans le milieu artistique arménien de Paris (fin des années 1920 – années 1930) ====
Durant cette période, au début des années 1930, il se rapproche des intellectuels arméniens réfugiés à Paris{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Parmi eux, des « anciens » comme [[Avetik Issahakian]], [[Vahan Tékéyan]], [[Zarouhi Bahri]], [[Yévprimé Avédissian|Anayis]], [[Lévon Pachalian]], Dikran Gamsaragan, [[Zabel Essayan]] ou encore [[Archag Tchobanian]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=50-51}}. C'est surtout avec ce dernier qu'il se lie{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=51}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. En effet, comme le raconte Mélinée : {{Citation|Ils correspondirent pendant des années ; Manouchian envoyait des poèmes et Tchobanian les critiquait, notant les défauts comme les qualités et conseillait son jeune élève}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=51}}. Par exemple, dans une de ses lettres du {{date-|04-12-1931}}, Tchobanian lui écrit : {{Citation|ces trois textes que vous avez envoyés sont plein de défauts et ont donc besoin d'un polissage. Il est difficile d'exprimer par lettre les remarques que j'ai à faire : il serait bon qu'un dimanche matin vous vouliez bien venir à la maison et que nous parlions de vive voix de tout ça}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=51-52}}. Tchobanian lui offre une tribune dans sa revue littéraire, ''[[Anahit]]'', dans laquelle Missak publie, entre 1931 et 1935, huit poèmes (qu'on retrouve plus tard dans le recueil posthume qui rassemble ses écrits) : ''Avec la nature''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Բնութեան հետ|traduction titre=Avec la nature|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-avril 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%285-6%29.pdf|pages=156|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à [[Granville]] le {{date-|13-08-1929}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=21-22}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=15-16}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=46-49}}), ''Élévation''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Վերացում|traduction titre=Élévation|périodique=[[Anahit]]|numéro=1-2|date=mai-août 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%281-2%29.pdf|pages=91|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=18}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=38-39}}), ''Nostalgie de la terre''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Հողի կարօտ|traduction titre=Nostalgie de la terre|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-juin 1932|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1932/5-6.pdf|pages=70-71|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay le {{date-|25-07-1931}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=26-28}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=22-24}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=56-61}}), ''Ennui''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Ձանձրոյթ|traduction titre=Ennui|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-6|date=novembre 1932-avril 1933|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1932-1933/3-6.pdf|pages=141|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|02-07-1932}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=31-32}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=66-69}}), ''Prière''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Աղօթք|traduction titre=Prière|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-4|date=octobre-décembre 1933|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1933/1933(3-4).pdf|pages=38|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay le {{date-|10-03-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=43}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=94-95}}), ''À [[Vahan Tékéyan]]''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Վահան Թէքէեանին|traduction titre=À Vahan Tékéyan|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-juin 1934|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1934/1934(5-6).pdf|pages=80|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|28-06-1934}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=50}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=62-63}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=108-111}}), ''Lutte''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Պայքար|traduction titre=Lutte|périodique=[[Anahit]]|numéro=1-2|date=janvier-février 1935|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/1-2.pdf|pages=80|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|15-03-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=67}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=168-169}}) et ''L'Appel de la multitude''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Ամբոխին կանչը|traduction titre=L'Appel de la multitude|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-4|date=mars-juin 1935|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/3-4.pdf|pages=91|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|05-12-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=82}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=47-48}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=178-179}}).
[[Fichier:Kégham Atmadjian et Missak Manouchian.jpg|vignette|droite|[[Kégham Atmadjian]] et Missak Manouchian au début des années 1930{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=242}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=70}}.|alt=Photographie en noir et blanc de deux jeunes hommes debout, vêtus de costumes et regardant l'objectif.]]
[[Fichier:Tchank.png|vignette|droite|Manchette des numéros 8-9 de la revue littéraire ''[[Tchank]]'' (février-{{date-|mars 1931}})<ref>{{lien web|langue=hy|titre=''Tchank'' numéros 8-9|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(8-9).pdf|site=tert.nla.am|accès url=libre|format=pdf|date=février-mars 1931|consulté le=13-07-2024}}</ref>.|alt=Numérisation d'une manchette de journal dont le titre est écrit en arménien.]]
Missak Manouchian s'intéresse beaucoup à la [[littérature française]], fréquentant les [[Bouquinistes de Paris|bouquinistes]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}} et se rendant souvent à la [[bibliothèque Sainte-Geneviève]], proche de son domicile, notamment quand il ne travaille pas{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}{{,}}<ref name=":22" /> : {{citation|il se consacre alors avec acharnement à son instruction. […] Il gagnait si peu qu'il lui arrivait de passer la nuit dans un café, devant un [[Café au lait|crème]], en attendant l'ouverture des bibliothèques}}, note Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=43}}. C'est là qu'il rencontre un autre poète arménien, [[Kégham Atmadjian]], d'un an son cadet, en 1928{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=239}} ou 1929{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}. Tout au long des [[Années 1930 en France|années 1930]], il lit en particulier les livres des « [[Compagnon de route|compagnons de route]] » du PCF, comme le ''[[Jean-Christophe (roman)|Jean-Christophe]]'' de [[Romain Rolland]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}, qui devient son livre de chevet{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}{{,}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}, les [[Surréalisme|surréalistes]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=55}}, les [[Philosophie antique|philosophes grecs]], [[Michel de Montaigne|Montaigne]], [[Sigmund Freud|Freud]], [[Oscar Wilde]], [[Victor Hugo]], [[Henrik Ibsen]], [[Hippolyte Taine]]…, dont il recopie les références voire des passages entiers dans ses carnets{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}{{,}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. Son intérêt se porte aussi sur la [[littérature russe]] ([[Alexandre Pouchkine]], [[Fiodor Dostoïevski]], [[Léon Tolstoï]], [[Ivan Tourgueniev]] ou [[Maxime Gorki]]){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=55}} et bien évidemment sur la [[littérature arménienne]], notamment sur l'œuvre du poète arménien médiéval [[Frik]]{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=241}}. Il s'intéresse enfin beaucoup à la [[mythologie grecque]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}, à propos de laquelle il remplit un carnet entier en arménien de ses notes{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. Outre la littérature, il porte un intérêt certain à la musique : {{Citation|dans un état de désespoir infini, je suis venu et j'ai écouté ''[[Valse en la bémol majeur, opus 69, no 1|La Valse de l'adieu]]'', de [[Frédéric Chopin|Chopin]], et une partie du ''[[Castor et Pollux (tragédie lyrique)|Castor et Pollux]]'', de [[Jean-Philippe Rameau|Rameau]]}}, écrit-il dans ses carnets{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}.
 
Durant cette période, au début des années 1930, il se rapproche des intellectuels arméniens réfugiés à Paris{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Ainsi, il rencontre des « anciens » comme [[Avetik Issahakian]], [[Vahan Tékéyan]], [[Zarouhi Bahri]], [[Yévprimé Avédissian|Anayis]], [[Lévon Pachalian]], Dikran Gamsaragan, [[Zabel Essayan]] ou encore [[Archag Tchobanian]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=50-51}}. C'est surtout avec ce dernier qu'il se lie{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=51}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. En effet, comme le raconte Mélinée : {{Citation|Ils correspondirent pendant des années ; Manouchian envoyait des poèmes et Tchobanian les critiquait, notant les défauts comme les qualités et conseillait son jeune élève}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=51}}. Par exemple, dans une de ses lettres du {{date-|4 décembre 1931}}, Tchobanian lui écrit : {{Citation|ces trois textes que vous avez envoyés sont plein de défauts et ont donc besoin d'un polissage. Il est difficile d'exprimer par lettre les remarques que j'ai à faire : il serait bon qu'un dimanche matin vous vouliez bien venir à la maison et que nous parlions de vive voix de tout ça}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=51-52}}. Tchobanian lui offre une tribune dans sa revue littéraire, ''[[Anahit]]'', dans laquelle Missak publie, entre 1931 et 1935, huit poèmes (qu'on retrouve plus tard dans le recueil posthume qui rassemble ses écrits) : ''Avec la nature''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Բնութեան հետ|traduction titre=Avec la nature|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-avril 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%285-6%29.pdf|pages=156|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à [[Granville]] le {{date-|13-08-1929}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=21-22}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=15-16}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=46-49}}), ''Élévation''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Վերացում|traduction titre=Élévation|périodique=[[Anahit]]|numéro=1-2|date=mai-août 1931|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%281-2%29.pdf|pages=91|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=18}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=38-39}}), ''Nostalgie de la terre''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Հողի կարօտ|traduction titre=Nostalgie de la terre|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-juin 1932|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1932/5-6.pdf|pages=70-71|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay le {{date-|25-07-1931}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=26-28}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=22-24}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=56-61}}), ''Ennui''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Ձանձրոյթ|traduction titre=Ennui|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-6|date=novembre 1932-avril 1933|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1932-1933/3-6.pdf|pages=141|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|02-07-1932}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=31-32}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=66-69}}), ''Prière''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Աղօթք|traduction titre=Prière|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-4|date=octobre-décembre 1933|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1933/1933(3-4).pdf|pages=38|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Chatenay le {{date-|10-03-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=43}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=94-95}}), ''À [[Vahan Tékéyan]]''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Վահան Թէքէեանին|traduction titre=À Vahan Tékéyan|périodique=[[Anahit]]|numéro=5-6|date=janvier-juin 1934|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1934/1934(5-6).pdf|pages=80|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|28-06-1934}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=50}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=62-63}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=108-111}}), ''Lutte''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Պայքար|traduction titre=Lutte|périodique=[[Anahit]]|numéro=1-2|date=janvier-février 1935|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/1-2.pdf|pages=80|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|15-03-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=67}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=168-169}}) et ''L'Appel de la multitude''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Ամբոխին կանչը|traduction titre=L'Appel de la multitude|périodique=[[Anahit]]|numéro=3-4|date=mars-juin 1935|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/3-4.pdf|pages=91|accès url=libre|format=PDF}}</ref> (écrit à Paris le {{date-|05-12-1933}}{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=82}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian1956|texte=Missak Manouchian 1956|p=47-48}}{{,}}{{Sfn|id=Manouchian2024|texte=Missak Manouchian 2024|p=178-179}}).
Missak fréquente aussi les jeunes écrivains arméniens, comme [[Vahram Gakavian]] ou les nombreux noms qui publient l'éphémère revue ''[[Menk]]''{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Avec [[Kégham Atmadjian]], alias Séma, il s'inscrit à la [[Sorbonne]] en [[auditeur libre]]. Ils y suivent des cours de [[littérature]], de [[philosophie]], d'[[économie politique]] et d'[[histoire]]. Ensemble, ils fondent la revue ''[[Tchank]]'' (Ջանք, « Effort ») en 1930-1931{{Sfn|Krikor Beledian|5=2001|p=86-87}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Dans cette revue, ils publient des articles sur la littérature française et la [[littérature arménienne]], des traductions en [[arménien]] de [[Charles Baudelaire|Baudelaire]] (comme le poème ''[[Enivrez-vous]]''<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Արբեցէ՛ք|traduction titre=[[Enivrez-vous]]|périodique=[[Tchank]]|numéro=2|date=01-08-1930|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(2).pdf|accès url=libre|format=pdf|pages=21}}</ref>), [[Paul Verlaine|Verlaine]] et [[Arthur Rimbaud|Rimbaud]]<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Hélène Kosséian-Bairamian|titre=L'Arménie au cœur de la mémoire|lieu=Monaco/Paris|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|année=2015|pages totales=212|isbn=978-2-268-07743-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=OL3TDQAAQBAJ&pg=PT86&dq=K%C3%A9gham+Atmadjian}}</ref>. Dans le numéro 2, on retrouve en première page une reproduction de ''[[La Liberté guidant le peuple]]'' d'[[Eugène Delacroix]], rendant hommage aux « [[Trois Glorieuses]] »<ref>{{Lien web|langue=hy|titre=Tchank n° 2|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(2).pdf|site=tert.nla.am|date=01-08-1930|consulté le=21-02-2024}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=71}}. La revue prend fin du fait des difficultés financières rencontrées par les deux hommes{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=87}} mais aussi un conflit rédactionnel entre eux{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=70}}.
 
[[Fichier:Manouchian - demande de naturalisation 1933.jpg|vignette|droite|Courrier de demande de [[Nationalité française|naturalisation française]] de Missak Manouchian retraçant son parcours jusqu'en France ({{date-|01-08-1933}}){{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=2}}.|alt=Copie numérisée d'un document écrit.]]
De fin {{date-|décembre 1931}} à {{date-|septembre 1933}}, il réside au 44 avenue Jean-Jaurès à [[Châtenay-Malabry]], où se situe la communauté communiste la Cité nouvelle<ref name=":2"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Jacques Girault|titre=Notice FREDOU Marcel, Georges|périodique=[[Le Maitron]]|date=24-11-2010|lire en ligne=https://maitron.fr/spip.php?article114190|accès url=libre}}</ref>, maison collective d'une vingtaine de chambres surnommée « le [[Kolkhoze]] » abritant des communistes français et des travailleurs étrangers{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. Selon Astrig Atamian, cette expérience constitue {{citation|une étape fondatrice dans son intégration, sa politisation et son adhésion en 1934 au Parti communiste}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. Elle note aussi : {{citation|Missak affronte la solitude et la précarité qui caractérisent son existence de prolétaire grâce à la solidarité et au réconfort moral qu'il trouve au sein de la classe ouvrière}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=53}}. Difficile cependant de savoir s'il fréquente d'autres communistes arméniens à cette période, notamment les quelque {{nb|450 ouvriers}} qui commencent à être organisés par le Parti communiste dans un « groupe de langue » arménien au sein de la [[Main-d'œuvre immigrée]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=53}}.
 
Missak fréquente aussi les jeunes écrivains arméniens, comme [[Vahram Gakavian]] ou les nombreux noms qui publient l'éphémère revue ''[[Menk]]''{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Mais c'est surtout avec le poète Kégham Atmadjian, alias Séma, qu'il se lie{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}, ainsi qu'avec [[Krikor Bédikian]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=283}}, ancien camarade d'orphelinat de ce dernier{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=239}}. Tous les trois fréquentent le [[Musée du Louvre|Louvre]] et les [[Liste des musées de Paris|musées parisiens]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}, et prêtent serment devant le [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] : {{citation|ils deviendront des hommes, c'est-à-dire instruits, sinon plutôt mourir…}}, raconte [[Marie Atmadjian]], la sœur de Séma{{note|groupe=n|texte=Texte original en [[arménien]] : {{Citation étrangère|langue=hy|''կա՛մ մարդ պիտի ըլլան, այսիքն՝ գրագէտ, կա՛մ պիտի մեռնին…''}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}.}}{{,}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=239}}. Missak et Séma s'inscrivent en [[auditeur libre|auditeurs libres]] à la [[Sorbonne]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}, où ils suivent des cours de [[littérature]], de [[philosophie]], d'[[économie politique]], d'[[histoire]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}, de [[sociologie]], d'écriture de [[scénario]]{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35}}. Dans une lettre, Missak lui écrit : {{citation|Avant tout, une chose est vitale pour moi, c'est le travail de l'esprit}}{{note|groupe=n|texte=Texte original en [[arménien]] : {{Citation étrangère|langue=hy|''սակայն ամէն բանէ առաջ մէկ բան ինծի կենսական է — այդ մտքի աշխատանքն է''}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}.}}{{,}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}{{,}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=241}}. Le fils de l'écrivain [[Avetik Issahakian]], Viguen, croise Missak à la Sorbonne :
En {{date-|août 1933}}, Missak Manouchian fait une première demande de [[Nationalité française|naturalisation française]] qui est rejetée<ref name=":2">{{Lien web|auteur=[[Denis Peschanski]]|titre=Avec Manouchian, les vingt-trois condamnés à mort de l'Affiche rouge entrent au Panthéon|url=https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/interview-de-denis-peschanski|site=archives-nationales.culture.gouv.fr|date=2024|consulté le=13 février 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Missak Manouchian (sélection de documents)|url=https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/missak-manouchian-entre-au-pantheon|site=archives-nationales.culture.gouv.fr|éditeur=[[Archives nationales de France]]|date=février 2024|consulté le=13 février 2024}}</ref> le {{date-|19 décembre 1934}}, au motif qu'il est au chômage{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. À l'automne, il s'installe au 79, [[Rue des Plantes (Paris)|rue des Plantes]] ([[14e arrondissement de Paris|{{14e|arrondissement}}]]){{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}.
{{citation bloc|Dans la foule, j'ai remarqué l'épaisse chevelure noire de Missak et ses sourcils fournis, je me suis approché et je lui ai demandé en français : {{citation|Ça va Missak ?}} Il a répondu : {{citation|Rien de spécial, j'essaie de me maintenir. Je travaille à l'usine Citroën. Quand j'ai du temps, je viens ici suivre certains cours.}} Manouchian n'était pas bavard, il ne racontait rien de sa vie personnelle ni de ses activités politiques. Il m'a demandé quand mon père allait venir, il voulait faire sa connaissance. Je savais que Missak écrivait des poèmes, mais son caractère réservé l'empêchait de nous les montrer. Je lui ai répondu que j'attendais aussi impatiemment mon père, je ne l'avais pas vu depuis deux ans. Une petite pluie automnale a dispersé cette joyeuse foule{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}.}}
 
Avec Kégham Atmadjian, ils fondent la revue ''[[Tchank]]'' (Ջանք, « Effort ») en 1930-1931{{Sfn|Krikor Beledian|5=2001|p=86-87}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=68}}. Dans cette revue, ils publient des articles sur la littérature française et la [[littérature arménienne]], ainsi que quelques traductions en [[arménien]] d'auteurs français{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}. Par exemple, Missak Manouchian traduit le poème ''[[Enivrez-vous]]'' de [[Charles Baudelaire|Baudelaire]]<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=Missak Manouchian|titre=Արբեցէ՛ք|traduction titre=[[Enivrez-vous]]|périodique=[[Tchank]]|numéro=2|pages=21|date=01-08-1930|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(2).pdf|accès url=libre|format=pdf}}</ref>. Dans le numéro 2, on retrouve en première page une reproduction de ''[[La Liberté guidant le peuple]]'' d'[[Eugène Delacroix]], rendant hommage aux « [[Trois Glorieuses]] »<ref>{{Lien web|langue=hy|titre=Tchank n° 2|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(2).pdf|site=tert.nla.am|date=01-08-1930|consulté le=21-02-2024}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=71}}. Ils travaillent beaucoup ensemble, notamment dans un atelier d'[[imprimerie]], consommant de grandes quantités de [[Lait de vache|lait]] pour se prémunir des risques d'[[Saturnisme|intoxication au plomb]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=44}}. Marie Atmadjian raconte en 1953 sa visite dans leur appartement :
<gallery mode="packed" heights="200">
{{Citation bloc|Quand nous sommes arrivées en France début 1930, nous avons trouvé mon frère Séma et son camarade Missak Manouchian dans une chambre sombre et humide du [[Quartier latin (Paris)|Quartier latin]], au bout de la [[rue des Fossés-Saint-Jacques]], au numéro 2. La vision de cette pièce était terrifiante. Ça ressemblait à tout sauf à une chambre normale. Des liasses de papier et des piles d'articles, des outils d'imprimeur, des [[Caractère (typographie)|caractères]] dans des caisses, des pages et des clichés rangés dans des cartons… Un [[Primus (réchaud)|primus]] dans un coin, à côté de l'évier sous lequel étaient alignées des bouteilles pleines de lait. Lorsque ma mère, inquiète de voir cet état, a demandé s'ils ne se nourrissaient que de lait, Missak a répondu dans un bon sourire : {{citation|Petite maman, il n'y a rien de meilleur au monde que le lait… le plomb est un poison, le lait son antidote. Nuit et jour, nous avons affaire à ces caractères d'imprimerie ; si on ne boit pas de lait, on meurt…}}.<br>Kégham, tout joyeux, nous a apporté les premiers numéros de ''Tchank'', et nous nous demandions s'il fallait nous en réjouir ou pleurer…{{note|groupe=n|texte=Texte original en [[arménien]] : {{Citation étrangère bloc|langue=hy|''1930ի սկիզբը երբ ֆրանսա եկանք, Փարիզի Քառթիէ Լաթէնի Ֆօսէ Սէն-Ժաք փողոցին ծայրը, թիւ 2 տան մէջ, հին, մութ ու խոնաւ տան մը վերնայարկին մէջ գտանք եղբայրս՝ Սեման եւ իր ընկերը Միսաք Մանուշեանը: Ահաւո՛ր էր այդ սենեակին պարզած տեսարանը: Ամէն ինչ էր ան բացի կանոնաւոր սենեակ մը ըլլալէ: Թուղթի փաթթոցներ ու թէզեր, տպագրական առարկաներ, տառեր՝ ստուկներու մէջ, խաւաքարտի մէջ զետեղուած՝ շարուած էջեր, քլիշէներ…: Անկիւն մը փրիմիւս. ծորակին տակ շարուած քանի մը շիշեր կաթով լեցուն: Երբ մայրս յուզուած այս սրտաճմլիկ տեսարանէն հարցուց թէ իբր սնունդ կա՞թ կը խմեն միայն: Միսաք քաղցր ժպիտով մը ըսաւ.— «Մայրի՛կ, կաթէն աղէկ ինչ կայ աշխարհի վրայ… Կապարը թոյն է, կաթը՝ հակաթոյն. գիշեր ցորեկ այս տառերուն հետ ենք. եթէ կաթ չխմենք, կը մեռնինք»<br>Գեղամ ուրախութեամբ բերաւ մեզի ցոյց տալու «Ջանք»ի առաջին թիւերը: Իսկ մենք՝ չէինք գիտեր՝ լա՞նք թէ ուրախանանք…''{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}}}}}{{,}}{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=199}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=239-241}}.}}
Fichier:Missak et Mélinée Manouchian (années 1930).jpg|Missak et Mélinée dans les années 1930.|alt=Photographie en noir et blanc de deux femmes et d'un homme, assis dans un champ, habillés de vêtements estivaux.
 
Fichier:Couples Manouchian and Aslanian - fête (1930).jpg|Missak et Mélinée, en compagnie notamment de [[Louisa Aslanian|Louisa]] et [[Arpiar Aslanian]] dans les années 1930.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes et de femmes, dont certains jouent d'instruments de musique.
La revue prend fin du fait des difficultés financières rencontrées par les deux hommes{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=87}} mais aussi d’un conflit rédactionnel entre eux{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=70}}.
Fichier:Manouchian - demande de naturalisation 1933.jpg|Courrier de demande de naturalisation française de Missak Manouchian, retraçant son parcours jusqu'en France, {{date-|01-08-1933}}.|alt=Copie numérisée d'un document écrit.
 
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Missak Manouchian passe aussi beaucoup de temps à déambuler dans les rues de Paris{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}. Athlétique, il pose pour des artistes pour compléter ses revenus{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=43}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=69}}, notamment pour son ami le peintre [[Krikor Bédikian]], qui habite lui aussi [[rue des Plantes (Paris)|rue des Plantes]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=74}}, ou pour [[Jean Carzou]], dont l'atelier se situe à proximité{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=7}}. Il rencontre aussi [[Henri Bouchard (sculpteur)|Henri Bouchard]], [[Chana Orloff]], Auguste Musetti-Faivre et [[Maxime Real del Sarte]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}}.
 
De fin {{date-|décembre 1931}} à {{date-|septembre 1933}}, il réside au 44, avenue Jean-Jaurès à [[Châtenay-Malabry]], où se situe la communauté communiste {{citation|La Cité nouvelle}} cofondée par Marcel Fredou<ref name=":2"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Jacques Girault|titre=FREDOU Marcel, Georges|périodique=[[Le Maitron]]|date=24-11-2010|lire en ligne=https://maitron.fr/spip.php?article114190|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=14-15}}, maison collective d'une vingtaine de chambres surnommée « le [[Kolkhoze]] » abritant des communistes français et des travailleurs étrangers{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35|id=M}}, notamment des [[Histoire des Juifs en Pologne|Juifs polonais]]<ref name=":22">{{Lien web |langue=fr |auteur=Astrig Atamian |titre=Missak Manouchian, poète et communiste atypique, entre au Panthéon |url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/21/missak-manouchian-poete-et-communiste-atypique-entre-au-pantheon_6217680_823448.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=21-02-2024 |consulté le=15-07-2024}}</ref>. Il y fait la cuisine et les courses<ref name=":22" />. Selon Astrig Atamian, cette expérience constitue {{citation|une étape fondatrice dans son intégration, sa politisation et son adhésion en 1934 au Parti communiste}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35|id=M}}. Elle note aussi : {{citation|Missak affronte la solitude et la précarité qui caractérisent son existence de prolétaire grâce à la solidarité et au réconfort moral qu'il trouve au sein de la classe ouvrière}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=53}}. Il est cependant difficile de savoir s'il fréquente d'autres communistes arméniens à cette période, notamment les quelque {{nobr|450 ouvriers}} qui commencent à être organisés par le Parti communiste dans un « groupe de langue » arménien au sein de la [[Main-d'œuvre immigrée]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=53}}.
 
En {{date|août 1933}}, Missak Manouchian fait une première demande d'acquisition de la [[nationalité française]]{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=2}} qui est rejetée<ref name=":2">{{Lien web|auteur=[[Denis Peschanski]]|titre=Avec Manouchian, les vingt-trois condamnés à mort de l'Affiche rouge entrent au Panthéon|url=https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/interview-de-denis-peschanski|site=archives-nationales.culture.gouv.fr|date=2024|consulté le=13 février 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Missak Manouchian (sélection de documents)|url=https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/missak-manouchian-entre-au-pantheon|site=archives-nationales.culture.gouv.fr|éditeur=[[Archives nationales de France]]|date=février 2024|consulté le=13 février 2024}}</ref> le {{date|19 décembre 1934}}, au motif qu'il est au chômage{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}} ou encore parce qu'il a fait une demande trop tardive par rapport à son arrivée en France{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=11}}. À l'automne, en octobre{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=20}}, il s'installe au 79, [[Rue des Plantes (Paris)|rue des Plantes]] ([[14e arrondissement de Paris|{{14e|arrondissement}}]]){{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=52}}.
 
==== Militant communiste (1934-1939) ====
{{Article connexe|Section française du Comité de secours pour l'Arménie|Zangou}}
[[Fichier:Zangou (1935-1937).png|vignette|droite|Manchette du numéro 70 du journal ''[[Zangou]]'' ({{date-|26 septembre 1936}})<ref>{{lien web|langue=hy|titre=''Zangou'' numéro 70|url=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1936/1936(70).pdf|site=tert.nla.am|accès url=libre|format=pdf|date=26-09-1936|consulté le=15-07-2024}}</ref>.|alt=Numérisation d'une manchette de journal dont le titre est écrit en arménien.]]
Début 1933, lorsque l'écrivain arménien [[Archag Tchobanian]] rentre d'une mission en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]], il donne une conférence organisée par l'Association des anciens volontaires arméniens de l'armée française dans laquelle il raconte son séjour<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Edmond Khayadjian|titre=Archag Tchobanian et le mouvement arménophile en France|lieu=Alfortville/impr. en Pologne|éditeur=Sigest|année=2021|année première édition=1986|pages totales=360|passage=311|isbn=978-2376040491}}</ref>. Missak Manouchian assiste à cette conférence, qui joue un rôle non négligeable dans son engagement politique [[Communisme|communiste]]<ref name=":3" />.
Début 1933, lorsque l'écrivain arménien [[Archag Tchobanian]] rentre d'une mission en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]], il donne une conférence organisée par l'Association des anciens volontaires arméniens de l'armée française dans laquelle il raconte son séjour<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Edmond Khayadjian|titre=Archag Tchobanian et le mouvement arménophile en France|lieu=Alfortville/impr. en Pologne|éditeur=Sigest|année=2021|année première édition=1986|pages totales=360|passage=311|isbn=978-2376040491}}</ref>. Missak Manouchian assiste à cette conférence, qui joue un rôle non négligeable dans son engagement politique [[Communisme|communiste]]<ref name=":3" />. Cette orientation vers le communisme puis l'antinazisme est aussi nourrie par son expérience du génocide arménien : ses traumatismes lui donnent {{citation|une sensibilité qui, adulte, nourrit son aversion contre les injustices sociales et le porte vers le communisme}}, note Astrig Atamian<ref name=":22" />. Intéressé par l'actualité internationale, il est très impressionné par le communiste [[Georgi Dimitrov]], alors accusé de l'[[incendie du Reichstag]] et jugé à [[Leipzig]] à partir de {{date-|septembre 1933}} : {{citation|Manouchian avait exprimé toute son aversion pour le nazisme et son admiration pour l'attitude courageuse et téméraire de cet homme. Le comportement héroïque de Dimitrov l'avait enthousiasmé par la façon dont celui-ci avait dénoncé l'« imposture nazie »}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=67}}. Il lui consacre ainsi un poème{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=81}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}.
 
Même s'il fréquente depuis au moins 1931 les militants communistes de la région parisienne<ref name=":2"/>, il n'adhère au [[Parti communiste français]] qu'en 1934{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=323}}{{,}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=293}}{{,}}{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=60}}{{,}}<ref name=":22" />, à la suite de la [[crise du 6 février 1934]]{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}. Il participe aux manifestations antifascistes des 9 et {{date-|12 février}}, et se rend aux [[Rassemblement politique|meetings]] de la [[Gauche en France|gauche]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60}}. Dans la foulée, il s'inscrit aux cours de l'[[Université populaire|université ouvrière]] afin d'étudier d'un point de vue révolutionnaire la philosophie et l'économie politique{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}. Il prend aussi des cours d'[[orateur]], parler en public n'étant pas son fort : {{citation|Toujours très concis, son discours allait droit à l'essentiel. Il parlait sans effets, ce qui pouvait donner l'impression, parfois, d'une certaine froideur de ton}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}. De plus, il entre, vraisemblablement à cette époque mais sans que l'on ne connaisse la date exacte, dans la [[Main-d'œuvre immigrée]] (MOI){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=91}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}} (peut-être en 1936{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19}}) et dans la sous-section arménienne du PCF<ref name=":22" />.
 
Toujours en 1934, il adhère à la [[section française du Comité de secours pour l'Arménie]] (''Hay Oknoutian Gomidé'', HOG<ref name=":22" />){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45}}{{,}}{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}, conseillé en ce sens par David Davidian, sous-secrétaire de la section arménienne du PCF{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=13}}. Vers la fin des [[famines soviétiques de 1931-1933]], qui touchent l'[[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]], il participe aux collectes de [[Lait concentré sucré|lait]] [[Nestlé]], de [[farine]] et de [[sucre]] pour les envoyer aux enfants arméniens<ref name=":29">{{Lien web |langue=fr |auteur=Adrien Rouchaleou |titre=Arsène Tchakarian, le survivant témoin |url=https://www.humanite.fr/societe/arsene-tchakarian/arsene-tchakarian-le-survivant-temoin |accès url=libre |site=humanite.fr |date=05-08-2018 |consulté le=23-07-2024}}</ref>. Il rencontre [[Arsène Tchakarian]] à cette époque<ref name=":29" />.
 
Au sein du HOG, Missak est membre du comité du [[Quartier latin (Paris)|Quartier latin]], plutôt composé d'intellectuels, tandis que [[Mélinée Manouchian|Mélinée Assadourian]] milite au comité de [[Quartier de Belleville|Belleville]], largement composé d'ouvriers{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=24}}. Chaque fin d'année, le HOG organise un gala{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=23}}. C'est au gala de {{date-|décembre 1934}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}} que Mélinée, alors responsable de la caisse, rencontre pour la première fois Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=23}}. Elle décrit ainsi Missak, qui l'invite à danser avec lui : {{citation|Jeune, d'allure sportive, très brun, ses yeux étaient d'un noir profond comme la nuit qui porte en elle le soleil à venir}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=23}}. Cette première danse se passe très mal, son cavalier lui marchant sur ses chaussures neuves durant une [[valse]] :
{{citation bloc|C'était, en cet instant, très certainement, la pire des choses qui pouvaient m'arriver. Je crois bien que mon partenaire est devenu, à ce moment précis, la personne que je haïssais le plus au monde. […] Le reste de la soirée, je ne cessai de regretter d'avoir pris le risque fatal d'endommager mes vêtements. Lorsqu'est arrivée la fin de notre gala, mon maladroit s'est proposé pour me raccompagner. Mais j'avais contre lui un tel ressentiment, que j'ai énergiquement décliné son offre. Je ne pensais qu'à mes souliers… Et je suis rentrée seule{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=23-24}}.}}
 
En 1934-1935, époque de la montée du [[Front populaire (France)|Front populaire]], le HOG connaît un développement notable de ses effectifs et a besoin de nouveaux cadres : lors du congrès du HOG de {{date-|juillet 1935}}, un nouveau conseil central est élu, élection lors de laquelle chaque section est représentée par un délégué{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=24}}. Un des objectifs du Congrès est l'élection au Comité central de nombreux jeunes et de femmes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=24-25}}. Missak et Mélinée sont alors tous les deux désignés délégués par leur section respective et sont donc présents au Congrès{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=24-25}}. Lors de la [[Pause (travail)|pause déjeuner]] qui précède le vote, Mélinée raconte : {{citation|Là, j'ai senti qu'un garçon me regardait de ses yeux noirs étincelants}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=25}}. Si elle avait alors oublié leur malheureuse première rencontre, il l'impressionne cette fois-ci beaucoup : {{citation|Il était le centre des jeunes. Il parlait de tout et cela m'a beaucoup impressionnée. Politique, social, organisation, sport, art, littérature, rien ne lui semblait être étranger de ce qui constitue l'activité humaine}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=25}}. Ils sont tous les deux élus au Comité central{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=25}} et Missak est de plus élu au poste de Deuxième secrétaire{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}, assistant [[Haïg Kaldjian]], le secrétaire général{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=26}}. Missak et Mélinée se fréquentent ensuite quotidiennement dans les bureaux de l'organisation{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}} :
{{citation bloc|Manouchian et moi étions dans le même bureau. […] Il venait souvent me parler. […] Je sentais parfois son regard qui s'attardait sur moi, mais je feignis de n'y prêter aucune attention. […] Un jour enfin, il me dit : {{citation|Veux-tu voir la photo de la jeune fille que j'aime ?}} Je lui réponds : {{citation|Pourquoi pas…}} Je le vois alors qu'il cherche quelque chose dans sa poche. Après avoir fouillé un moment, il en tire un objet qu'il place devant mes yeux : c'était un miroir. […] il semble bien que c'était là une déclaration d'amour, mais je ne l'ai pas prise au sérieux{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=26}}.}}
 
À cette époque, alors qu'il est en train de consacrer l'essentiel de son temps à l'activité militante, il regrette de ne plus pouvoir écrire : {{citation|D'innombrables devoirs me bousculent et m'assaillent, si bien que je ne sais plus derrière lequel courir… Je laisse tomber la poésie. C'est la période la plus féconde de ma vie et moi, au lieu de créer, je me tue dans les soucis…}}, écrit-il dans ses carnets le {{date-|18 juillet 1935}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=45-46}}. Son dernier poème connu, dédié au journal ''[[L'Humanité]]'', est daté du {{date-|12 novembre 1934}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=199-200}}. Il est ainsi particulièrement frustré par le temps que son travail lui prend : {{citation|Le temps me manque tellement ! Je n'ai pas le temps pour réaliser mes désirs : je tourne constamment en rond dans les platitudes de la vie quotidienne. Je voudrais écrire à ceux que j'aime et je n'en ai pas le temps. Je n'ai pas de temps, je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre que des réunions et encore des réunions…}}, écrit-il dans ces mêmes carnets{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=59}}. Taciturne et {{citation|avare de son temps}}, il allait à l'essentiel au cours desdites réunions{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60}}.
 
[[Fichier:Pique-nique dans le jardin des Elekian.png|vignette|droite|Pique-nique dans le jardin des Elekian vers 1930. On peut apercevoir sur la photo Missak et Mélinée, Louisa et Arpiar Aslanian ou encore Haïg Kaldjian<ref>{{Article|langue=hy|titre=Էլէկեաններուն պարտէզը (Նուազի-լը-Գրան)|traduction titre=Dans le jardin des Elekian (Noisy-le-Grand)|périodique=Loussaghbiour|numéro=29-31|pages=140|date=janvier-mars 1955|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1955/29-31.pdf|accès url=libre|format=pdf}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=249}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe de personnes assises en extérieur en train de faire un pique-nique.]]
[[Fichier:Missak et Mélinée Manouchian (années 1930).jpg|vignette|droite|Missak et Mélinée dans les années 1930.|alt=Photographie en noir et blanc de deux femmes et d'un homme, assis dans un champ, habillés de vêtements estivaux.]]
[[Fichier:Couples Manouchian and Aslanian - fête (1930).jpg|vignette|droite|Missak et Mélinée, en compagnie notamment de [[Louisa Aslanian|Louisa]] et [[Arpiar Aslanian]] ou encore de Misha Aznavourian (jouant du [[Târ (luth)|târ]]) dans les années 1930{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=249}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes et de femmes, dont certains jouent d'instruments de musique.]]
 
L'une des responsabilités de Missak Manouchian est d'être [[rédacteur en chef]] du journal du HOG, ''[[Zangou]]''{{sfn|Cyril Le Tallec|2001|p=137}}{{,}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=60}}, du nom d'une rivière qui arrose [[Erevan]], publié par l'imprimerie du fils de [[Zarouhi Bahri]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=51}}. Lancé en {{date-|juin 1935}}, il a pour rôle de contribuer au soutien à l'[[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]]{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}. Le journal salue l'arrivée au pouvoir du [[Front populaire (France)|Front populaire]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60}}, se fait l'écho de l'action des communistes, prône une plus grande intégration des [[Diaspora arménienne en France|Arméniens de France]] dans le monde du travail français mais veut aussi pousser à leur retour en Arménie soviétique{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}. En 1935, Missak assiste au [[premier congrès international des écrivains pour la défense de la culture]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=285}} dont il fait un compte rendu<ref>{{Article|langue=hy|titre=Գրողներու միջազգային գօնկրէ Բարիզի մէջ մշակոյթի պաշտպանութեան համար|traduction titre=Conférence internationale des écrivains pour la protection de la culture à Paris|périodique=[[Zangou]]|numéro=7|pages=2|date=12-07-1935|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(7).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>. À la suite de l'assassinat maquillé en suicide d'Aghassi Khandjian, premier secrétaire du parti communiste d'Arménie, victime des [[Grandes Purges|purges staliniennes]], le journal prend parti en faveur de [[Joseph Staline]] et justifie l'éradication des {{citation|ennemis du socialisme}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=234}}. Mélinée raconte que son mari voulait que son journal soit véritablement {{citation|l'émanation de la classe ouvrière}} : pour ce faire, il nomme des correspondants dans les villes principales de province responsables de lui envoyer des articles et des échos ; de plus, il encourage des ouvriers, {{citation|parfois de simples gens à peine capables de formuler une pensée, mais dont les idées, fondamentalement, étaient justes}}, à écrire des articles dans ''Zangou'', articles qu'il retravaille ensuite avec leurs auteurs avant de les publier, seule manière pour lui {{citation|de les pousser à une constante activité intellectuelle}} et construire leur conscience politique{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60-61}}. ''Zangou'' joue aussi un rôle important dans la lutte politique et culturelle contre la [[Fédération révolutionnaire arménienne]] (ou parti Dachnak), qui avait dirigé l'éphémère [[République démocratique d'Arménie|première république arménienne]] (1918-1920) jusqu'à l'[[invasion de l'Arménie par l'Armée rouge]] et sa soviétisation, et qui adopte donc des positions anti-soviétiques marquées{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=234}}. Très présent en diaspora, le parti Dachnak célèbre tous les ans le {{date|28 mai 1918}}, date de l'indépendance de cette première république, tandis que les communistes arméniens et le journal ''Zangou'' proposent de célébrer celle du {{date|29 novembre 1920}}, date de la soviétisation{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=234}}. Autre exemple de cette lutte : un article signé « M. A. Nouchian » (donc vraisemblablement de la main de Missak) publié dans ''Zangou'' en 1936 critique virulemment le journal ''[[Haratch]]'', historiquement lié au parti Dachnak<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=M. A. Nouchian|titre=Ինչո՞ւ գայլերը կ՛ոռնան լուսնին դեմ|traduction titre=Pourquoi les loups hurlent-ils à la lune ?|périodique=[[Zangou]]|numéro=44|pages=1|date=27-03-1936|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1936/1936(44).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>.
 
Le {{date|22 février 1936}}, Missak Manouchian épouse Mélinée Assadourian à [[Beyrouth]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=J. R. B. |titre=Missak Manouchian : d’un orphelinat de Jounieh au Panthéon |url=https://www.lorientlejour.com/article/1368525/missak-manouchian-symbole-des-etrangers-anonymes-de-la-resistance-francaise-portrait.html |accès url=payant |site=lorientlejour.com |date=21-02-2024 |consulté le=15-07-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Missak et Mélinée Manouchian - Réfugiés arméniens |url=https://www.ofpra.gouv.fr/les-refugies-celebres/missak-et-melinee-manouchian |accès url=libre |site=ofpra.gouv.fr |consulté le=15-07-2024}}</ref>, même s'il semble que cette union n'est pas officielle en France<ref>{{ouvrage|langue=fr|auteur=[[Yair Auron]]|préface=[[Charles Aznavour]]|titre=Sauveurs et combattants|sous-titre=La famille Aznavour et l'Affiche rouge|éditeur=Sigest|année=2016|pages totales=148|isbn=978-2917329894|passage=50}}</ref>. Elle s'installe au domicile de son mari rue des Plantes{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. Dans cet appartement peu meublé, il accumule des ouvrages : {{citation|près de l'armoire, il y avait des ouvrages d'art, des livres politiques, des recueils de poèmes et des romans dont, bien sûr, le ''Jean-Christophe'' de Romain Rolland}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=50}}. Il prend aussi l'habitude d'épingler un grand nombre de {{citation|petits papiers […] sur lesquels étaient écrites toutes sortes de petites phrases}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=50}}. À cette époque, Missak entretient des relations avec des personnes d'horizons différents : {{citation|N'ayant lui-même pas le profil type du militant de base, Missak ne s'arrête pas à la « pureté biographique » de ceux qu'il fréquente}}, note Astrig Atamian<ref name=":22" />. Plus particulièrement, durant leur temps au HOG, le couple se rapproche de la famille Aznavourian{{sfn|Yair Auron|2016|p=50}} ainsi que d'autres militants communistes arméniens, dont Haïg Tebirian<ref name=":22" />, [[Diran Vosguiritchian]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}} et le couple [[Louisa Aslanian|Louisa]] et [[Arpiar Aslanian]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=235}}. Cette dernière voue une véritable admiration à Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=137-139}}. Ils passent de nombreuses soirées chez Misha Aznavourian, lors desquelles il arrive à Missak de chanter ou de déclamer ses poèmes (parfois avec Kégham Atmadjian){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=55}}, ou chez les Aslanian, où Missak et Armène, la sœur de Mélinée, chantent souvent en duo des chansons populaires arméniennes et françaises{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=235}}. Il leur arrive aussi, mais beaucoup plus rarement, de sortir de Paris pour se promener dans les [[Forêt|bois]] situés en périphérie de la capitale{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=56}} ou de [[Pique-nique|pique-niquer]] au [[bois de Boulogne]] avec les Aznavourian, moments lors desquels Missak apprend à jouer aux [[échecs]] au jeune [[Charles Aznavour]]{{Sfn|Aïda Aznavour-Garvarentz|1986|p=106}}. Le couple Manouchian se rend parfois chez des amis qui possèdent alors une maison au bord de la [[Marne (rivière)|Marne]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=56}}. Durant l'une de ces virées, en 1936, Mélinée manque de se [[Noyade|noyer]], mais elle est sauvée par Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=56-57}}.
 
Malgré leur lourde charge de travail, le couple prend part à des activités culturelles{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. Parmi ces activités, ils fréquentent régulièrement le [[Salle de cinéma|cinéma]] : Missak aimant rire dans les salles obscures, ils vont souvent voir les « comiques » comme [[Fernandel]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=52-53}}. Comme le note Mélinée, {{citation|Manouchian […] était d'une nature pensive, l'esprit constamment préoccupé. S'il consentait à passer deux heures au cinéma, c'était pour oublier d'une certaine manière tout ce qui le hantait}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=53}}. Ils vont aussi voir des films plus sérieux, notamment ceux de [[Marcel Pagnol]] ; ainsi, après avoir vu ''[[La Femme du boulanger]]'' (1938), il dit à sa femme : {{citation|Il y a une grande profondeur dans la réalité décrite, cela est très enrichissant et tes larmes ne sont pas gratuites}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=53}}. Ils vont aussi à l'[[opéra Garnier]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=53}}, Missak étant très intéressé par la [[musique classique]] (et les arts en général), à propos de laquelle il aurait voulu écrire : {{citation|Je voudrais écrire sur les "grands" de l'art : [[Michel-Ange]], [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]], [[Jean-Sébastien Bach|Bach]]… mais ma sensibilité est ruinée par les petits soucis de la vie}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=53}}. À l'opéra, ils vont par exemple voir une représentation du ''[[Tannhäuser (opéra)|Tannhäuser]]'' de [[Richard Wagner]], ou du ''[[Don Giovanni]]'' de [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]], ce dernier inspirant beaucoup Missak ; il écrit ainsi dans ses carnets :
{{citation bloc|La musique de Mozart, c'est de l'eau pure qui descend lentement de la montagne sans jamais ramasser ni boue ni saletés. Cela crée un sentiment naturel d'amour envers la nature. On dirait que les oiseaux chantent à l'unisson cette nature. À ce contact, on se sent soi-même purifié et l'âme en devient immaculée. Cela est profondément communicatif et ne peut jamais s'effacer{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=53-54}}.}}
 
Missak s'intéresse aussi aux compositeurs arméniens, comme [[Sayat-Nova]]{{Sfn|Marie Atmadjian|1953|p=200}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=241}} et [[Komitas]], et plus généralement aux [[Musique arménienne|chants populaires]] ainsi qu'à la [[Chant arménien|musique liturgique]] arméniens{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=54}}. Mélinée raconte : {{citation|Pour ce qui est des chansons de l'époque, il arrivait à Manouchian d'en fredonner quelques notes ; mais il leur portait un intérêt plus que modéré. Au contraire, il connaissait un nombre impressionnant de chants révolutionnaires qu'il chantait parfois avec ses amis français ou arméniens}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=55}}. Presque quinze ans après son départ de l'orphelinat, Missak continue de correspondre avec son instituteur Krikor Bogharian : ainsi, en {{date-|juin 1938}}, il lui fait parvenir la revue ''L'URSS en construction, 1917-1937, les cahiers du {{20e|anniversaire}}'' accompagnée d'une dédicace {{citation|à mon cher ancien professeur Krikor Bogharian, avec mes vœux de liberté finale pour l'Humanité, de bonheur et de la juste victoire de la civilisation}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=281}}. Enfin, il leur arrive d'aller au [[Théâtre (édifice)|théâtre]], voir par exemple des œuvres de [[Maxime Gorki|Gorki]] comme ''[[La Mère (Gorki)|La Mère]]'' et ''[[Les Bas-fonds (Gorki)|Les Bas-fonds]]'' par [[Louis Jouvet]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=55}}.
 
Le HOG consacre à cette époque une grande partie de ses ressources à l'organisation du rapatriement en Arménie soviétique de communistes arméniens{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}} : environ {{unité|1800|Arméniens}} quittent le pays le {{date-|9 mai 1936}}, vidant le HOG de ses forces vives et ne laissant en France qu'un noyau de militants endurcis dont font partie Missak et Mélinée{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=60}}. Ces militants se tournent alors progressivement vers le mouvement social français, en s'engageant notamment dans le PCF et plus particulièrement dans sa branche de la [[Main-d'œuvre immigrée]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. Ces communistes arméniens restés en France prennent ainsi part à des manifestations ou à des occupations d'[[usine]]s{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. Par attachement à la [[démocratie]] et à l'antifascisme, certains vont même s'engager au sein des [[Brigades internationales]] lors de la [[guerre d'Espagne]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. Missak Manouchian, membre du Comité d'aide aux [[républicains espagnols]] d'[[André Malraux]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60}}, souhaite alors lui aussi s'engager{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}, mais il en est dissuadé par le PCF qui {{citation|juge cruciale sa présence auprès de la communauté arménienne}}, comme le note Astrig Atamian{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=76}}, et par le HOG qui préfère le voir rester à la tête de son journal{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=60}}. Ainsi, le journal ''Zangou'', qu'il dirige, s'engage en faveur des républicains espagnols<ref>{{Article|langue=hy|titre=Կեցցէ ազատ Սպանիան|traduction titre=Vive l'Espagne libre|périodique=[[Zangou]]|numéro=77|pages=1 et 4|date=13-11-1936|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1936/1936(77).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287-289}} par le biais de [[Collecte de fonds|collectes]]<ref>{{Article|langue=hy|titre=Սպանիոյ օգնութեան համար|traduction titre=À l'aide de l'Espagne|périodique=[[Zangou]]|numéro=77|pages=1|date=13-11-1936|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1936/1936(77).pdf|accès url=libre|format=PDF}}</ref>, d'appels pour recruter des volontaires ou en faisant paraître des lettres de brigadistes dans ses colonnes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=61}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}. À cette période, en plus de ses activités éditoriales, Missak Manouchian parcourt la France à la rencontre des membres de la diaspora arménienne, animant des réunions du HOG et de la sous-section arménienne du PCF{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}} : il se rend ainsi par exemple en 1937 à Marseille, dans le quartier dans l'ancien [[camp Oddo]] (1922-1927), qui avait accueilli de nombreux réfugiés arméniens du [[génocide arménien|génocide]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 203|p=213}}. Les 25-{{date-|27 juin 1937}}, il prend part au {{6e|congrès}} du HOG{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}.
 
En {{date-|juillet 1937}}, le journal ''Zangou'' cesse de paraître, accumulant les dettes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=51}}, et le HOG est dissous peu de temps après{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=12}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=60}}. Sa dernière assemblée générale se réunit le {{date-|14 juillet 1938}} pour acter cette dissolution{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}. Ses militants français sont désemparés et connaissent de plus des difficultés financières{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}.
Même s'il fréquente depuis au moins 1931 les militants communistes de la région parisienne<ref name=":2"/>, il adhère au [[Parti communiste français]] en 1934{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=45}}{{,}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=293}}{{,}}{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}, à la suite de la [[crise du 6 février 1934]]{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}. Il adhère aussi cette même année à la [[section française du Comité de secours pour l'Arménie]] (''Hay(astani) Oknoutian Gomidé'', HOG){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=45}}{{,}}{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}, conseillé en ce sens par David Davidian, sous-secrétaire de la section arménienne du PCF{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}. Il est membre du comité du [[Quartier latin (Paris)|Quartier latin]], plutôt composé d'intellectuels, tandis que [[Mélinée Manouchian|Mélinée Assadourian]] milite au comité de [[Quartier de Belleville|Belleville]], largement composé d'ouvriers{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=24}}. Chaque fin d'année, le HOG organise un gala{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=23}}. C'est au gala de {{date-|décembre 1934}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}} que Mélinée, alors responsable de la caisse, rencontre pour la première fois Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=23}}.
 
Étudiant à l'[[Université populaire|université ouvrière]] et apparaissant comme un {{citation|cadre à promouvoir}}, Missak Manouchian est nommé délégué au [[IXe congrès du Parti communiste (France)|{{IXe}} congrès du PCF]] qui a lieu fin {{date-|décembre 1937}} à [[Arles]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=61}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19}}.
En 1934-1935, époque de la montée du [[Front populaire (France)|Front populaire]], le HOG connaît un développement notable des effectifs et a besoin de nouveaux cadres : lors du congrès du HOG de {{date-|juillet 1935}}, un nouveau conseil central est élu, élection lors de laquelle chaque section est représentée par un délégué{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=24}}. Un des objectifs du Congrès est l'élection au Comité central de nombreux jeunes et de femmes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=24-25}}. Missak et Mélinée sont alors tous les deux désignés délégués par leur section respective et sont donc présents au Congrès{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=24-25}}. Ils sont élus au Comité central{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=25}}, et se fréquentent ensuite quotidiennement dans les bureaux de l'organisation{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=26}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}. Missak Manouchian est de plus élu au poste de Deuxième secrétaire{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=26}}.
 
Les ex-membres du HOG créent une nouvelle structure en 1938 : l'Union populaire franco-arménienne<ref name=":1">{{Article|auteur=Astrig Atamian|titre=notice KARAYAN Henry et Henri (Haroutioun)|périodique=[[Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social]]|date=2011|lire en ligne=https://maitron.fr/spip.php?article138144|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref name=":4">{{Lien web|auteur=Dominique Buffier|titre=Avec Henri Karayan, « l’Affiche rouge » a perdu son avant-dernier survivant|url=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2011/11/25/avec-henri-karayan-l-affiche-rouge-a-perdu-son-avant-dernier-survivant_1609540_3382.html|accès url=libre|site=lemonde.fr|date=25-11-2011|consulté le=05-08-2018}}.</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}} (aussi appelée Union populaire arménienne<ref>{{Article|auteur=[[Claire Mouradian]]|titre=L'immigration des Arméniens de la diaspora vers la RSS d'Arménie, 1946-1962|périodique=Cahiers du monde russe et soviétique|volume=20|numéro=1|date=janvier-mars 1979|doi=10.3406/cmr.1979.1349|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1979_num_20_1_1349|accès url=libre|pages=103-104}}.</ref> ou Association populaire des Arméniens de France{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=293}}, traductions de ''Hay Joghovourtagan Mioutioun''), basée [[rue Saulnier]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=68}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Moins dotée que sa prédécesseure car non financée par le gouvernement d'Arménie soviétique, cette nouvelle organisation souffre de ces difficultés financières{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77-78}}, ce qui la force à recentrer ses activités sur les besoins de la communauté arménienne{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Missak Manouchian fait alors la tournée des communautés arméniennes en France pour promouvoir la nouvelle organisation<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":5">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean Morawski|titre=Henri Karayan: Manouchian, un après-midi, un soir…|url=https://www.humanite.fr/social-et-economie/2e-guerre-mondiale/henri-karayan-manouchian-un-apres-midi-un-soir|accès url=libre|site=humanite.fr|date=04-04-2000|consulté le=18-02-2024}}.</ref>. À la suite d'une entrevue à [[Décines-Charpieu|Décines]] avec le jeune [[Henri Karayan]], il rejoint l'union<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":5" />. Selon lui, {{citation|l'organisation de Manouchian avait pour objectifs l'émancipation et la culture arméniennes}}<ref name=":5" />. Il fait un bilan avec lui de se sa tournée et lui dit : {{Citation|Dans les plus grands meetings, je m'estime satisfait si j'ai pu convaincre trois personnes}}<ref name=":5" />. Plus tard, il raconte leur première rencontre :
L'une de ses responsabilités est d'être [[rédacteur en chef]] du journal du HOG, ''[[Zangou]]''{{sfn|Cyril Le Tallec|2001|p=137}}{{,}}{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}}, du nom d'une rivière qui arrose [[Erevan]]. Lancé en {{date|juin 1935}}, il a pour rôle de contribuer au soutien à l'[[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]]{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}. Il relaie des informations sur ce pays et sur l'URSS, parmi lesquelles la propagande stalinienne concernant les [[procès de Moscou]]{{refnec}}. Il prône une plus grande intégration des [[Diaspora arménienne en France|Arméniens de France]] dans le monde du travail mais veut aussi pousser à leur retour en Arménie{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=233}}. Une rubrique importante est celle de la correspondance des travailleurs, dite « Rabcor »{{note|groupe=n|texte=Abréviation du [[russe]] Pабочие kорреспонденция [rabotchïié karrespondientsïia], courrier des travailleurs.}}, en réalité une sélection des nouvelles émanant des cellules d'entreprises{{refnec}}. Il y a aussi des reportages et des articles culturels{{refnec}}.
{{Citation bloc|La première fois que j'ai rencontré Manouchian, nous avons passé l'après-midi ensemble. Tout ce qu'il me disait résonnait en moi. Nous partagions les mêmes convictions. Cet homme m'a également tout appris, l'amour de la poésie, de la biologie, de la philosophie. Il était très intelligent et surtout on pouvait lui faire une confiance aveugle. Et d'ailleurs tout le monde lui faisait confiance et l'admirait. Mais il était très timide et quand il parlait, c'était uniquement de résistance{{Sfn|Mélanie Courtois|2004|p=24}}.}}
 
{{citation bloc|Manouchian était un intellectuel engagé. Le procès, à Leipzig, des prétendus "incendiaires du Reichstag" l'avait fortement impressionné. Il m'en relata toutes les péripéties. Le {{date-|6 février 1934}}, il s'était rendu sur la place de la Concorde, avec bon nombre d’Arméniens, pour défendre la République. Cette année-là, il avait adhéré au Parti communiste. Il participait au [[mouvement Amsterdam-Pleyel]] contre la guerre, avec [[Henri Barbusse]] et Romain Rolland, dont il aimait le ''Jean-Christophe'', et avait soutenu le Front populaire. Il écrivait pour des revues littéraires, notamment Zangou ("le Cours d’eau") qu'il dirigeait, était membre de l'Association des écrivains communistes, correspondait avec les plus grands poètes arméniens : Avétik Issahakian et Archag Tchobanian. Quand éclata la guerre d'Espagne, il voulut s'engager dans les Brigades internationales. On le lui déconseilla. […] Lors de notre première rencontre, il me parla d'Aragon et d'Éluard, qu'il connaissait. Il se tenait informé de la vie des gens de Décines. […] Voilà de quoi nous avions parlé, lors de cette première rencontre<ref name=":5" />.}}
En {{date-|février 1936}}, Missak Manouchian épouse Mélinée Assadourian{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}.
 
Missak écrit aussi pour le journal de l'organisation, ''Nor guiank'' (« Nouvelle vie »), qui existe semble-t-il en 1938{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=287}}.
Le HOG consacre à cette époque une grande partie de ses ressources à l'organisation du rapatriement en Arménie soviétique de communistes arméniens{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=76}} : environ {{unité|1800|Arméniens}} quittent le pays le {{date-|9 mai 1936}}, vidant le HOG de ses forces vives{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=77}}.
 
La fin du [[Front populaire (France)|Front populaire]], provoquée par la démission du [[Gouvernement Léon Blum (2)|dernier gouvernement Léon Blum]] en {{date-|avril 1938}}, ainsi que la {{citation|montée des périls}} en Europe, provoquent le retour d'une crispation anticommuniste en France et la surveillance de plus en plus forte des communistes arméniens par les [[Direction centrale des Renseignements généraux|Renseignements généraux]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. À la fin des années 1930, Missak travaille alors en tant que tourneur-outilleur dans les usines de l'entreprise [[Gnome et Rhône]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Dans ses carnets, il écrit que la guerre lui semble imminente après les [[accords de Munich]] de {{date-|septembre 1938}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}} : {{citation|Un coup terrible pour la paix. Accord… contre l'URSS et la classe ouvrière}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=35|id=M}}.
À partir de {{date-|juillet 1936}}, le HOG et son journal agissent pour la défense de la [[Seconde République (Espagne)|République espagnole]] ; {{refnec|Manouchian fait d'ailleurs partie du Comité d'aide aux Républicains espagnols}}.
 
Le {{date-|25 juin 1939}}, le PCF organise une célébration du {{150e|anniversaire}} de la [[Révolution française]] au [[stade Buffalo]] de [[Montrouge]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Roger Martelli]]|titre chapitre=Héritiers de la Révolution française|auteurs ouvrage=[[Jean-Pierre Azéma]], [[Antoine Prost]] et [[Jean-Pierre Rioux]]|titre ouvrage=Le parti communiste français des années sombres (1938-1941)|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=L'Univers historique|année=1986|pages totales=316|passage=198-204|isbn=978-2020091732|lire en ligne=https://www.cairn.info/le-parti-communiste-francais-des-annees-sombres--9782020091732-page-198.htm|accès url=payant}}</ref>. Missak et Mélinée y assistent et ce premier défile lors de la cérémonie avec un [[Drapeau de la France|drapeau français]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=64}}. À la fin de la cérémonie, il la rejoint dans les gradins et ils discutent de [[Stepan Voskan]] ou [[Krikor Odian]], Arméniens qui ont eu des liens avec les grandes figures françaises, ainsi que de l'admiration de Missak pour [[Victor Hugo]] comme d'une figure représentant la lutte contre l'[[obscurantisme]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=64-65}}. À mesure que le stade se vide, Mélinée se rappelle qu'il lui a dit : {{citation|L'atmosphère est sombre, nous entrons dans une période d'affrontements. Notre génération va avoir à combattre le nazisme. Cela risque d'être terrible, mais nous en sortirons vainqueurs…}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=65}}.
En 1937, le journal ''Zangou'' cesse de paraître et le HOG est dissous{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=12}} ; ses militants français sont désemparés et connaissent de plus des difficultés financières{{Sfn|Astrig Atamian|2013|p=13}}. Ils créent une nouvelle structure en 1938 : l'Union populaire franco-arménienne<ref name=":1">{{Article|auteur=Astrig Atamian|titre=notice KARAYAN Henry et Henri (Haroutioun)|périodique=[[Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social]]|date=2011|lire en ligne=https://maitron.fr/spip.php?article138144|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref name=":4">{{Lien web|auteur=Dominique Buffier|titre=Avec Henri Karayan, « l’Affiche rouge » a perdu son avant-dernier survivant|url=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2011/11/25/avec-henri-karayan-l-affiche-rouge-a-perdu-son-avant-dernier-survivant_1609540_3382.html|accès url=libre|site=lemonde.fr|date=25-11-2011|consulté le=05-08-2018}}.</ref> (ou seulement Union populaire arménienne, ''Hay Joghovourtagan Mioutioun''<ref>{{Article|auteur=[[Claire Mouradian]]|titre=L'immigration des Arméniens de la diaspora vers la RSS d'Arménie, 1946-1962|périodique=Cahiers du monde russe et soviétique|volume=20|numéro=1|date=janvier-mars 1979|doi=10.3406/cmr.1979.1349|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1979_num_20_1_1349|accès url=libre|pages=103-104}}.</ref>), basée [[rue Saulnier]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|p=68}}. Ses dirigeants sont Haïc Kaldjian et Missak Manouchian. Ce dernier fait alors la tournée des communautés arméniennes en France pour promouvoir la nouvelle organisation<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":5">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean Morawski|titre=Henri Karayan: Manouchian, un après-midi, un soir…|url=https://www.humanite.fr/social-et-economie/2e-guerre-mondiale/henri-karayan-manouchian-un-apres-midi-un-soir|accès url=libre|site=humanite.fr|date=04-04-2000|consulté le=18-02-2024}}.</ref>. À la suite d’une entrevue à [[Décines-Charpieu|Décines]] avec le jeune [[Henri Karayan]], ce dernier rejoint l'Union<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":5" />. Selon lui, {{citation|l'organisation de Manouchian avait pour objectifs l'émancipation et la culture arméniennes}}<ref name=":5" />.
 
La signature du [[Pacte germano-soviétique]] le {{date-|23 août 1939}} accentue la pression des autorités françaises sur le mouvement communiste{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Considéré comme suspect, Missak Manouchian est interné à la [[prison de la Santé]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=67}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}} le {{date-|2 septembre 1939}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19}}. Le lendemain, la [[Déclaration de guerre de la France contre l'Allemagne|France déclare la guerre à l'Allemagne]]. Parallèlement, une journée après l'[[Histoire du Parti communiste français pendant la drôle de guerre|interdiction du PCF]], l'Union populaire franco-arménienne est [[Perquisition en droit français|perquisitionnée]] le {{date-|27 septembre 1939}} par la [[Police française|police]] et ses archives sont saisies{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19}}. Malgré la pose des [[scellé]]s, Mélinée, avec l'aide des Aslanian, parvient toutefois à s'introduire au siège de l'organisation pour sauver quelques documents avant leur saisie{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=69}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Elle récupère notamment la liste des membres de l'organisation, celle des membres aussi adhérents du PCF et la liste des responsables de l'organisation, documents qu'elle brûle{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=69}}. D'autres personnalités de l'union, comme [[Haïg Kaldjian]] ou Diran Vosguiritchian, sont arrêtés à la même période et internés dans le [[camp du Vernet]], où ils retrouvent Henri Karayan{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}. Missak Manouchian vit mal son incarcération, qui l'éloigne de la lutte contre les nazis : {{citation|sa détention lui pesait doublement, car il se sentait inactif alors que se poursuivait, apparemment, le combat contre les nazis. Il écrivit alors une lettre à son colonel, dans laquelle il demandait qu'on lui permette de faire son devoir contre un ennemi qui était tout autant le sien que celui de la France}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=69}}. Il est finalement libéré en {{date-|octobre 1939}}, faute de charges précises{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19}}.
À la fin de l'année 1937, Missak Manouchian est délégué au {{9e|congrès}} du PCF et dans l'ensemble conserve une activité militante importante jusqu'à l'été 1939{{refnec}}. Il est secrétaire de l'Association populaire des Arméniens de France en 1938{{Sfn|Krikor Beledian|2001|p=293}}.
 
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Fichier:6e Congrès de la Section française du HOG (25 juin 1937).jpg|Les membres du {{6e}} congrès du HOG le {{date-|25 juin 1937}} devant le [[Panthéon (Paris)|Panthéon]]<ref>{{Article|langue=hy|titre=6րդ համագումարի պատգամաւոր եւ ՀՕԿեան ընկերներու խմբանկարը (Պանթէօնի առջեւ)|traduction titre=La photo de groupe des députés du {{6e}} congrès et amis du HOG (devant le Panthéon)|périodique=[[Zangou]]|numéro=110|date=02-06-1937|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1937/1937(110).pdf|accès url=libre}}</ref>. On peut distinguer [[Mélinée Manouchian]], [[Louisa Aslanian]], Missak Manouchian ou encore Mihran Mazlemian{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=244-245}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes et de femmes posant sur des marches.
Fichier:Union des Arméniens depopulaire Francefranco-arménienne (Paris, 1938).jpg|Réunion de l'AssociationUnion populaire des Arméniens de Francefranco-arménienne (Paris, 1938){{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=86}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'hommes et de femmes posant sur plusieurs rangs face à l'objectif.
Fichier:Soirée arménienne (Paris, 1939).jpg|Soirée de l'Union des écrivains arméniens de France (ou Société des gens de lettres arméniens de France) le {{date-|12-02- février 1939}}{{Sfn|Edmond Khayadjian|2021|p=165}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=90}} (ou le {{date-|12 décembre 1939}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=246-247}}). Aux côtés d'[[Archag Tchobanian]] (au centre), on reconnaît Missak Manouchian, [[Kégham Atmadjian|Kégham]] et [[Marie Atmadjian]], Misha Aznavourian (père de [[Charles Aznavour]]) et sa fille Aïda, [[Bedros Zaroyan]] ou encore [[Puzant Topalian]].|alt=Photographie en noir et blanc de l'intérieur d'une pièce où pose sur plusieurs rangées une cinquantaine de personnes.
Fichier:Missak Manouchian au jardin du Luxembourg-1.jpg|Missak Manouchian devant une fontaine du [[jardin du Luxembourg]] à la fin des années 1930.|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme posant devant une fontaine, un pied sur le rebord.
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==== La guerre et la résistance (1939-1942) ====
[[Fichier:Missak Manouchian sous les drapeaux.png|vignette|Missak Manouchian sous les drapeaux, en [[Uniformes de l'Armée française|uniforme de l'armée française]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=96-97}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme moustachu debout, vêtu d'un uniforme militaire.]]
{{Citation bloc|Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…|M. Manouchian, « Le Miroir et moi »<ref>G. Hékimian (trad.), [[Rouben Mélik|R. Mélik]] (dir.), ''La Poésie arménienne. Anthologie des origines à nos jours'', {{p.|326}}, Les [[Éditeurs français réunis]], [[Paris]], 1973.</ref>.}}
[[Fichier:Manouchian - demande de naturalisation 1940.pdf|vignette|droite|Courrier de demande de [[Nationalité française|naturalisation française]] de Missak Manouchian daté du {{date-|28 janvier 1940}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=21-22}}.|alt=Copie numérisée d'un document écrit.]]
 
Le {{date-|17 octobre 1939}}, Missak Manouchian est mobilisé sous les drapeaux{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=94 et 100-101}} et détaché dans la {{4e|compagnie}} d'instruction stationnée à [[Colpo]] ([[Morbihan]]){{Sfn|id=MAP2023|texte=Astrig Atamian 2023|p=78}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=19 et 23}}. Durant ces quelques mois, il a pour rôle d'entraîner les soldats à la [[gymnastique]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}} : {{citation|il ne fit pour toute guerre que celle des muscles}}, explique Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=69}}.
[[Fichier:Missak Manouchian 1940.png|vignette|Michel Manouchian sous les drapeaux.|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme moustachu debout, vêtu d'un uniforme militaire.]]
 
Là, le {{date-|12 janvier 1940}}, il fait une nouvelle demande de naturalisation{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=94}}{{,}}{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=21-22}} adressée au [[Ministre de la Justice (France)|ministre de la Justice]], à laquelle il joint un courrier daté du {{date-|9 mars 1940}} du [[Préfecture du Morbihan|préfet du Morbihan]] appuyant sa demande{{Sfn|id=Naturalisation|texte=1933-1940. D'une demande de naturalisation à l'autre|p=25}}, se fondant notamment sur l'avis favorable du commandant du détachement auquel appartient Missak{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=100-101}}. Dans une lettre destinée à Mélinée, il écrit : {{citation|Cette épreuve sera l'occasion pour chacun de préciser son comportement envers la France et son peuple d'origine. Chaque citoyen doit avoir à cœur de combattre le nazisme ennemi de peuples}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=67}}. Un ami lui envoie dans une lettre ces mots : {{citation|On les aura. La victoire n'est pas loin}}<ref name=":22" />. Il se rend à Paris trois fois au cours de permissions{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=70}}. Durant l'une d'entre elles, Missak et Mélinée se rendent à un évènement lors duquel est jouée notamment de la musique de [[Jean-Sébastien Bach|Bach]] et de [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]], ce qui provoque des sifflements hostiles du public par [[antigermanisme]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=70}}. Ces sifflements choquent Missak : {{citation|[il] ne comprenait pas que les gens ne fassent pas la différence entre le grand art, qui est fondamentalement humain et mondial et le nazisme, qui est inhumain et nationaliste}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=70}}.
Le {{date-|2|septembre|1939}}, Missak Manouchian est arrêté ainsi que Haïc Kaldjian<ref>Robrieux, 1986, {{p.|53}}, se référant à Mélinée Manouchian ; pages 54-59 pour le reste du paragraphe.</ref>. Le PCF et des organisations proches sont interdits le {{date-|26 septembre}}, un mois après le [[pacte germano-soviétique]]. Sorti de prison en octobre, engagé volontaire dans une unité stationnée à [[Colpo]] (Morbihan), Manouchian adresse sans succès une nouvelle demande de naturalisation au Garde des sceaux le 12 janvier 1940. Après la défaite de l'armée française en juin, il reste sous le contrôle des autorités à l'usine [[Gnome et Rhône]] d'[[Arnage]] (Sarthe).
 
Après la défaite de l'armée française et l'[[armistice du 22 juin 1940]], il est démobilisé, mais affecté à l'usine [[Gnome et Rhône]] d'[[Arnage]] ([[Sarthe (département)|Sarthe]]){{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=77}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=3}} (et peut-être dans d'autres usines de la région{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=94}}). Dans cette usine, {{citation|les ouvriers n'étaient pas véritablement prisonniers, mais ils ne pouvaient sortir ou se déplacer qu'avec une autorisation écrite}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=77}}. Missak se lie d'amitié avec d'autres ouvriers, dont un Arménien nommé Garabedian{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=77}}. À cette époque, Mélinée vit chez sa sœur Armène et est [[Grossesse|enceinte]] de Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=78}}. La femme de Garabedian rend régulièrement visite à son mari et achemine les lettres que s'échangent Missak et Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=78}}. Dans sa correspondance, Missak demande à sa femme de le rejoindre [[Le Mans|au Mans]] et de garder leur enfant{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=79}}. Il lui écrit par exemple :
Il existe peu d'informations de ses activités au sein de la [[Main-d'œuvre immigrée|MOI]], qui se reconstitue clandestinement au cours de l'été 1940 autour d'[[Artur London]], [[Jacques Kaminski]], [[Edouard Kowalski]], [[Adam Rayski]], [[Marino Mazetti]], [[Boleslaw Maslankiewicz]]<ref name="chvp"/>{{,}}{{Sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024}} et surtout [[Louis Grojnowski]], qui à la fin 1938 avait pris la tête de la MOI, pour gérer la [[Retirada]], afflux des réfugiés de la [[Guerre d'Espagne]], en lien direct avec un de ses dirigeants [[Auguste Lecœur]]<ref>Emmanuel de Chambost, ''La direction du PCF dans la clandestinité, les cyclistes du Hurepoix'', L'Harmattan, 1997, {{p.|54, 143-144, 213}}.</ref>, premier chef résistant du [[bassin minier du Nord-Pas-de-Calais|Nord-Pas-de-Calais minier]], et ses [[Résistants polonais en France durant la Seconde Guerre mondiale#débuts|Résistants polonais de la mine]], auteurs de l'[[Attaque des véhicules allemands de Vimy en septembre 1940|attaque de septembre 1940]]. Rapidement, la direction parisienne de la MOI est composée {{citation|de jeunes ouvriers mineurs du Nord-Pas-de-Calais, politiquement inexpérimentés}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1989|p=186}} et contraints par sécurité à quitter leur région après la [[grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941|grande grève patriotique de mai-juin 1941]]
{{citation bloc|Si tu m'aimes comme un frère, comme mari, comme compagnon de ta vie, ta place est auprès de moi. J'ai besoin de toi d'une façon sans limite et de toutes les manières. Si, aujourd'hui, tu ne fais pas ce que j'attends de toi, demain ce peut être trop tard. En venant ici, tu n'auras pas besoin de travailler ; ce que je gagne suffira amplement à nous deux. Je n'épargnerai pas mes efforts pour que tu continues à te cultiver et pour que tu suives le métier que tu aimes et qui te convient, comme nous en avons parlé ensemble. J'essayerais de te garder comme une petite princesse, autant que mes moyens me le permettront{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=79}}.}}
 
Elle n'accède cependant à ni l'une ni l'autre de ses deux demandes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=79}}. Étrangère et craignant l'arrestation par les [[Paris sous l'occupation allemande|autorités nazies d'occupation]], elle n'ose pas faire les démarches nécessaires auprès de la {{langue|de|''[[Kommandantur]]''}} pour obtenir le droit de rejoindre Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=78-79}}. Après une seule et unique tentative infructueuse auprès de l'administration, elle décide d'[[Interruption volontaire de grossesse|avorter]] auprès d'un [[médecin]] qui tente en vain de l'en dissuader : {{citation|Ce fut extrêmement pénible, plus moralement que physiquement. […] Le soir, je suis rentrée chez moi par le métro ; j'étais très faible mais je me sentais libérée d'un poids énorme : j'allais enfin pouvoir me donner entièrement à la cause pour laquelle je combattais}}, écrit-elle{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=79}}. Elle trouve début 1941 un travail de [[Comptabilité d'entreprise|comptable]] chez des amis [[rue du Faubourg-Poissonnière]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81}}.
À partir du début de 1941 puis en 1942, Manouchian entre dans le militantisme clandestin. Il quitte illégalement la [[Sarthe (département)|Sarthe]] au début de 1941 pour revenir à Paris. Il est de nouveau arrêté peu après le {{date-|22|juin|1941}}, date de l'[[Opération Barbarossa|invasion de l'URSS par les Allemands]], et incarcéré sous contrôle allemand au [[Camp de Royallieu|camp de Compiègne]]{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}. Il est libéré au bout de quelques semaines, aucune charge n'étant retenue contre lui{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}. Il habite avec son épouse, [[Mélinée Manouchian|Mélinée]], au 11 [[rue de Plaisance]] dans le [[14e arrondissement de Paris|{{14e|arrondissement}}]] de [[Paris]] de 1941 jusqu'au {{date-|16 novembre 1943}}, date de son arrestation.
 
Missak Manouchian reste environ une année entière au Mans, jusqu'au printemps 1941{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=80}}. Profitant d'une autorisation pour aller se balader en [[bicyclette]] dans la campagne environnante avec son ami Garabedian, ils décident de s'enfuir grâce au [[Chauffeur de poids lourd|chauffeur d'un camion]] qui accepte de les ramener à Paris{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=80}}. À son retour, bien qu’il soit {{citation|profondément contrarié}} par l'avortement de Mélinée, elle explique : {{citation|il ne semblait pas trop m'en vouloir}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=80}}. Ils changent de domicile{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81}} mais restent vraisemblablement rue des Plantes{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}.
Il devient responsable politique de la section arménienne au cours de l'année 1941, se trouvant donc sous l'autorité du « triangle » de direction de la MOI : Louis Gronowski{{note|groupe=n|texte=Louis Gronowski, dit « Brunot », a participé au documentaire ''[[Des terroristes à la retraite]]''.}}, [[Simon Cukier]] (dit « Alfred Grant »), sous le contrôle de [[Jacques Duclos]]{{note|groupe=n|texte=Jacques Duclos est alors le principal dirigeant du PCF présent en France, [[Maurice Thorez]] étant en URSS ; il est secondé par [[Benoît Frachon]] et [[Charles Tillon]].}}. Il combat aux côtés de [[Joseph Boczov]] chef du premier détachement [[Francs-tireurs et partisans|FTP]]-Immigrés, composé d'hungaro-roumains de la région parisienne{{Sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024}}. Sa première et seule action<ref name="Buisson">{{Lien web |langue=fr |titre=Stéphane Courtois :« La mort de Missak Manouchian suscite l'admiration mais son héroïsation a été construite par le PCF » |url=https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/stephane-courtois-la-mort-de-missak-manouchian-suscite-l-admiration-mais-son-heroisation-a-ete-construite-par-le-pcf-20240220 |site=Le Figaro |date=2024-02-20 |consulté le=2024-02-25}}</ref>, {{Citation|qui lui a attiré les foudres du chef militaire, Boris Holban, pour ne pas avoir respecté les règles élémentaires}}<ref name=Buisson/> est exécutée à Levallois sous la direction d'un autre juif, le Polonais [[Marcel Rajman]], un jet de grenade sur un détachement allemand le 17 mars 1943. Tous deux formeront le « [[Groupe Manouchian-Boczov-Rayman]] »{{Sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=David|nom1=Diamant|titre=Les Juifs dans la Résistance française, 1940-1944 (avec armes ou sans armes)|éditeur=FeniXX|date=1971-01-01|isbn=978-2-307-28871-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=6ianEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PT352&dq=%C2%AB+Groupe+Manouchian-Boczov-Rayman+%C2%BB+diamant&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref>{{,}}<ref>David Diamant, ''Combattants, héros et martyrs de la Résistance : biographies, dernières lettres, témoignages et documents'', Édition Renouveau, 1984.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=David|nom1=Diamant|titre=La résistance juive: entre la gloire et la tragédie|éditeur=L'Harmattan|date=1993|isbn=978-2-7384-2095-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dBpnAAAAMAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=%C2%AB+Groupe+Manouchian-Boczov-Rayman+%C2%BB+diamant&q=%C2%AB+Groupe+Manouchian-Boczov-Rayman+%C2%BB+diamant&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref> appelé « Groupe Manouchian » par les nazis lors du procès en 1944, ensuite « Groupe Manouchian-Boczov » par le PCF en 1951<ref name=Wieviorka>Annette Wieviorka, ''Anatomie de l'Affiche rouge'', Éditions du Seuil, 2024.</ref> puis « Groupe Manouchian » dès 1954 par le même PCF{{Refnec|date=24 février 2024}}.
 
Selon Mélinée, Missak est persuadé que le [[pacte germano-soviétique]] de 1939 est destiné à être rompu et qu'il {{citation|n'avait pas été un problème : notre premier devoir n'était-il pas de combattre le nazisme, de toutes les façons ? […] nous n'avons pas attendu la déclaration de la guerre entre l'URSS et l'Allemagne pour combattre le nazisme}}, écrit-elle{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81}}. À son retour, Missak Manouchian reprend contact avec des camarades arméniens et entre dans la [[Résistance intérieure française|résistance clandestine]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=80-81}}. Mélinée ne travaille que le matin et le soir, consacrant le reste de la journée à son activité militante{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81}} déjà entamée avant même le retour de Missak à Paris{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}. Elle distribue des [[tract]]s clandestins auprès de la communauté arménienne, notamment en compagnie de [[Louisa Aslanian]], et se charge de faire parvenir des colis de nourriture aux prisonniers arméniens, dont Haïg Kaldjian ou [[Diran Vosguiritchian]], alors internés au [[camp du Vernet]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}.
Un élément intéressant réside dans la familiarité durant ces années des Manouchian avec Micha et Knar Aznavourian, parents de [[Charles Aznavour]] sympathisants communistes, engagés dans la [[Résistance intérieure française|résistance]] dans une activité très importante, le « Travail allemand » (la démoralisation des soldats allemands et l'assistance à leur désertion ; le recrutement d'agents allemands pour le renseignement), comme en a témoigné Charles Aznavour, en particulier en 1985{{,}}{{Refnec|date=24 février 2024}}.
 
Lors de l'opération « ''Aktion Theoderisch'' » (vaste « coup de filet » qui conduit à l'arrestation par les Allemands d'environ un millier de personnes en [[zone occupée]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}), Missak est de nouveau arrêté le {{date-|22 juin 1941}} (ou {{date-|26 juin}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=5}}), date de l'[[Opération Barbarossa|invasion de l'URSS par les Allemands]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81-82}}. Mélinée évite l'arrestation grâce au [[Concierge (immeuble)|concierge]] de son immeuble qui a le temps de la prévenir{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=81-82}}. Missak est envoyé au [[fort de Romainville]], où Mélinée lui apporte une [[valise]] contenant des affaires{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=82}}. Quelques jours plus tard, il est envoyé à la [[gare du Bourget]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=82}}, où Mélinée tente de le retrouver, en vain, le train étant parti avant qu'elle ne puisse l'approcher{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=83}}. Les prisonniers dont fait partie Missak sont acheminés dans des [[wagon bétailler|wagons à bestiaux]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=86}} au [[camp de Royallieu]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=83}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=325}}{{,}}{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}. Comme le rapporte Haïg Kaldjian, il y a plus de cent hommes par wagon et, l'air devenant vite irrespirable, Missak et un camarade nommé Maurice cassent à coups de poing les volets de bois qui ferment les fenêtres, ce qui leur vaut des coups et deux jours de cachot{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=86-87}}. La correspondance que Missak et Mélinée s'échangent durant cette période est sommaire, le courrier étant surveillé{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=84}}. Grâce au témoignage d'un prisonnier évadé, elle apprend que Missak a le matricule {{n°|351}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=84}}. Ainsi, en {{date-|août 1941}}, elle prend la route de [[Compiègne]] à bicyclette accompagnée de Misha Aznavourian, bien décidée à voir son mari{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=84}}{{,}}{{sfn|Yair Auron|2016|p=51}}. Une fois arrivée au camp, elle obtient des gardes qu'ils transmettent à Missak une valise d'affaires{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=84-85}}. Elle s'aventure ensuite près du camp et crie à plusieurs reprises le numéro de matricule de Missak, repris en chœur par les autres prisonniers{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=85}}. Missak finit par apparaître et lui intime de partir, ce qu'elle est rapidement obligée de faire sous le tir des sentinelles, qui ne l'atteint pas{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=85-86}}. Durant son séjour dans ce [[camp de concentration]], qui dure {{nobr|77 jours}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}, il partage sa chambre avec d'autres prisonniers, dont Haïg Kaldjian{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}, mais aussi avec maître Hadj, conseiller juridique travaillant à ''L'Humanité'', un certain M. Boitel, président de l'association des étrangers apatrides, ainsi que d'autres hommes exerçant des professions supérieures, ce qui leur vaut le surnom ironique de {{citation|chambre des intellectuels}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=87}}. Comme le raconte Haïg Kaldjian dans ses mémoires :
==== FTP MOI (1943) ====
{{citation bloc|Manouchian était le plus jeune d'entre nous. Il était aimé de tous, sans exception. […] Serviable, toujours prêt à remonter le moral, il aimait chanter et souvent il faisait naître par ses chansons pleines d'espoir, une ambiance dont nous avions bien besoin. Un matin, avec son sourire habituel, il nous annonça une agréable surprise ; en se promenant, il avait trouvé un grand dépôt souterrain rempli de couvertures en laine et de draps, que les Allemands, apparemment, n'avaient pas remarqué. Manouchian organisa une expédition de huit personnes. Le soir même, ils sont allés chercher toutes ces choses. Le « corps expéditionnaire a rempli sa mission ». Chacun reçut deux couvertures et deux draps{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=87}}.}}
{{Citation bloc|Tu ne fais pas de mal, tu ne fais que tuer des tueurs.|Michel Manouchian, février 1943.}}
En {{Date-|février 1943}}, Manouchian rejoint les [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée|FTP-MOI]], groupe des [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée]] de Paris : il s'agit de groupes armés constitués en [{{date-|avril 1942}} sous la direction de [[Boris Holban]], Juif originaire de [[Bessarabie]]. Ces résistants défendent Paris, Lyon, Grenoble, ou encore Toulouse{{Sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024}}. Le premier détachement où il est affecté comporte essentiellement des Juifs roumains et hongrois et quelques Arméniens. Le {{date-|17 mars}}, il participe à sa première action armée, à [[Levallois-Perret]]. Son indiscipline<ref group=n>Sentant son engagement contesté, car il répugne à tuer, il a en effet conservé une goupille de grenade, pièce à conviction, pour montrer qu'il l'a bien lancée.</ref> lui vaut un blâme et une mise à l'écart{{Sfn|Stéphane Courtois|1990}}.
 
La nourriture, peu abondante, est en partie complétée par les colis alimentaires que lui envoie Mélinée, colis que Missak s'empresse de distribuer à ses camarades{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=87-88}}. Afin de mieux gérer les milliers de prisonniers arrêtés au même moment que Manouchian et Kaldjian, la [[Gestapo]] leur remet à chacun un [[questionnaire]] pour déterminer s'ils représentent ou non une menace{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=88}}. Le {{date-|29 août 1941}}, Haïg Kaldjian est libéré après que son questionnaire lui est retourné avec la mention {{citation|N'ayant pu prouver le fait qu'il est communiste : à libérer}} ; Missak reçoit la même réponse le {{date-|6 septembre}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=88}}. Les deux hommes se retrouvent ainsi le 8 à Paris mais, le lendemain, Haïg Kaldjian est de nouveau arrêté et envoyé en Allemagne, à [[Karlsruhe]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=88}}. Missak, qui possède alors un certificat de l'armée qui fait office de pièce d'identité, peut circuler plus librement que son camarade et fait profil bas en apprenant l'arrestation de ce dernier{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=88}}. Durant l'internement de Missak, Mélinée s'éloigne du domicile conjugal et loge dans une chambre de la [[rue de Louvois]] louée par les Aznavourian{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}, sur le palier de Séropé Papazian, oncle de Knar Aznavourian{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=89}}. Peu de temps après sa libération, Missak vient toquer à sa porte : {{citation|je ne voulais pas ouvrir, à cause de mon activité dans la Résistance. J'entends alors une voix qui dit : {{citation|C'est moi, c'est moi !}} J'ouvre et je vois un homme que je ne reconnus pas sur l'instant : je faillis même refermer la porte. Ce fut Manouche qui m'embrassa le premier. Ses yeux étaient caves et il était d'une telle maigreur qu'il m'effrayait : nous pleurions d'émotion}}, raconte-t-elle{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=89}}. Ils s'installent au 11, [[rue de Plaisance]] dans le [[14e arrondissement de Paris|{{14e|arrondissement}}]] de [[Paris]] de 1941 jusqu'au {{date-|16 novembre 1943}}, date de sa nouvelle arrestation{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=89}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}.
En {{date-|juillet 1943}}, il devient commissaire technique des FTP-MOI de Paris ; en août de la même année, il est nommé commissaire militaire de la région parisienne, à la place de [[Boris Holban]] démis de ses fonctions pour raisons disciplinaires (il jugeait suicidaires les missions dans le contexte du moment) tandis que [[Joseph Epstein]], responsable d'un autre groupe de FTP-MOI, devient responsable des [[Francs-tireurs et partisans]] pour l'ensemble de la région parisienne. Epstein est donc le supérieur hiérarchique de Manouchian, la direction politique étant exercée par l'un des cinq membres de la direction nationale de la [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée|MOI]], [[Jacques Kaminski]], qui a pour adjoint et délégué auprès des militaires [[Marino Mazetti]]. Manouchian lui-même a sous ses ordres une cinquantaine de militants, répartis en trois détachements{{Sfn|Stéphane Courtois|1990}}. Son premier rôle est de fixer à cette jeunesse affranchie, des cibles de hauts gradés<ref name="Karayan">[[Henri Karayan]], cité {{Article|langue=fr|auteur=Mélanie Courtois|titre=Ces Arméniens qui ont dit non|périodique=[[Nouvelles d'Arménie Magazine]]|numéro=95|date=mars 2004|lire en ligne=http://www.anciens-combattants-armeniens.org/manouchian.htm|pages=24-25}}.</ref>, conférant à son action une valeur militaire et politique. On doit mettre à son actif l'exécution (par [[Marcel Rajman]], [[Leo Kneler]] et [[Celestino Alfonso]], sous l'impulsion et la préparation de [[Cristina Boico]], responsable du service des renseignements), le {{date-|28|septembre|1943}}, du colonel [[Julius Ritter]], adjoint pour la France de [[Fritz Sauckel]], responsable de la mobilisation de la main-d'œuvre ([[Service du travail obligatoire (France)|STO]]) dans l'Europe occupée par les nazis. Pour cet attentat, cinquante otages du camp de prisonniers du [[fort de Romainville]] sont sélectionnés et fusillés le {{date-|2 octobre 1943}} au Mont-Valérien, dont quatorze membres du [[Alliance (réseau)|réseau Alliance]]. Les groupes de Manouchian accomplissent près de trente opérations dans Paris du mois d'août à la mi-{{Date-|novembre 1943}}<ref>[http://www.sdjewishworld.com/2011/01/11/san-diego-jewish-film-festival-preview-army-of-crime/ San Diego Jewish Film Festival preview: 'Army of Crime']</ref>.
 
Connu des responsables communistes arméniens et français, avec qui il reprend contact dès son retour{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=7}}, ceux-ci lui donnent fonctions auprès des Arméniens de la MOI{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=91}}. Cependant, il met du temps à retrouver des responsabilités, car sa mobilisation, en tant que soldat puis ouvrier, et son internement, l'ont éloigné de ces milieux{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}. Mihran Mavian, syndicaliste à la [[Confédération générale du travail unitaire]] (section cuirs et peaux) et membre du PCF, est chargé de la {{citation|vérification}} de Missak{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}. Il raconte :
=== Instrument de la propagande vichyste (1944) ===
{{citation bloc|Manouchian avait souhaité entrer dans les rangs de la Résistance. Il fallait savoir dans quelles circonstances il avait été libéré. On m'ordonna d'entrer en relation avec lui. Nous prîmes rendez-vous à Paris, [[Gare de Paris-Est|Gare de l'Est]], [[Boulevard de Strasbourg (Paris)|boulevard de Strasbourg]] […]. Je fus convaincu et livrai mes conclusions. Manouchian entra dans les rangs de la Résistance{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=95}}.}}
==== Filature et arrestation ====
[[Fichier:Photographie d'identité judiciaire de Missak Manouchian.jpg|vignette|[[Photographie d'identité judiciaire]] prise le {{Date|18 novembre 1943}}, deux jours après son arrestation.|alt=Double photographie en noir et blanc, de face et de profil, d'un homme vêtu d'un costume.]]
La [[Brigades spéciales|brigade spéciale {{numéro|2}}]] des [[Direction centrale des Renseignements généraux|Renseignements généraux]] avait opéré deux coups de filet en mars et {{date-|juillet 1943}}. Poursuivant son action, elle mène à bien une vaste filature<ref>Décrite en 1993 dans l'ouvrage ''Les R.G. sous l'Occupation : quand la police française traquait les résistants'', de l'écrivain [[Frédéric Couderc]] mais révélée dès 1986 par une enquête de l'historien [[Denis Peschanski]] [https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/18/denis-peschanski-historien-avec-manouchian-ce-sont-les-23-du-proces-et-tous-les-resistants-etrangers-qui-entrent-au-pantheon_6217162_3232.html].</ref>, qui aboutit au démantèlement complet des FTP-MOI parisiens à la mi-novembre avec soixante-huit arrestations dont celles de Manouchian et de [[Joseph Epstein]] le jour où ils ont rendez-vous{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}.
 
Il intègre notamment les triangles arméniens, chacun composé de trois hommes, du [[Front national (Résistance)|Front national]] dès le mois de {{date-|septembre 1941}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=18}} : il est ainsi dans le triangle où se trouvent [[Henri Karayan]] et son père, qui se sont installés à Paris<ref name=":28">{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Jorge Amat]] |titre=Témoignage d'Henri Karayan |url=https://www.youtube.com/watch?v=siwFKJ1XgY0&t |format=vidéo |accès url=libre |site=youtube.com |date=07-08-2018 |consulté le=23-07-2024}}</ref>. Il passe alors beaucoup de temps avec ces premiers résistants arméniens<ref name=":28" />, notamment avec [[Arsène Tchakarian]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=91}}. En 1942, il devient responsable politique de la section arménienne de la MOI en région parisienne{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=1}}. Durant cette période, il distribue des tracts et participe à des réunions{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=21}}. Il charge ses camarades arméniens de faire de même : à Henri Karayan, il fournit des tracts et lui propose de s'engager avec [[Leo Kneler]] à [[Satory]], pour y subtiliser des armes, mais sans succès<ref name=":5" />. En effet, les deux hommes sont recrutés, mais les seules armes que reçoit la caserne sont des fusils [[Lebel modèle 1886|Lebel]] et [[MAS 36]], impossibles à voler, au contraire des revolvers<ref name=":28" />. Missak finit par le pousser à se faire engager en tant que [[coiffeur]] à l'[[hôpital de la Salpêtrière]], {{citation|où on lui a signalé la présence de nombreuses personnalités nazies}}, ce qui permet à Henri de glaner des informations<ref name=":5" />.
Manouchian est alors filé depuis près de deux mois<ref name=dp>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/18/denis-peschanski-historien-avec-manouchian-ce-sont-les-23-du-proces-et-tous-les-resistants-etrangers-qui-entrent-au-pantheon_6217162_3232.html|accès url=payant|auteur=Propos recueillis par Michel Lefebvre|titre=Denis Peschanski, historien : « Avec Manouchian, ce sont les “vingt-trois” du procès et tous les résistants étrangers qui entrent au Panthéon »|site=lemonde.fr|périodique=[[Le Monde]]|date=18 février 2024|consulté le=19 février 2024}}.</ref>. Il a été repéré la première fois le {{date-|24 septembre 1943}}, [[avenue de la Porte-d'Ivry]] où il rencontre [[Joseph Boczov]]<ref name=dp/>, considéré comme son adjoint, ce qui permet de remonter jusqu'à sa propre adresse, rue de Plaisance<ref name=dp/>. Trois mois après, il est repéré à la gare de [[Mériel]]<ref name=dp/> avec son supérieur Joseph Epstein, ce qui prouve « l’efficacité de la police parisienne »<ref name=dp/> grâce au nombre d'hommes et au temps mobilisé<ref name=dp/>. La trahison de [[Joseph Davidovitch]], commissaire politique dans le triangle de direction des FTP-MOI, arrêté un mois après, le {{date-|26 octobre 1943}}<ref name=dp/>, interrogé, et durement torturé, a permis à la police de connaitre les responsabilités de chacun des trois chefs résistants déjà repérés<ref name=dp/>. C'est lui qui avait proposé Missak Manouchian comme responsable militaire. Informé de cette trahison par des policiers résistants, les FTP-MOI liquideront [[Joseph Davidovitch]] en décembre<ref name=dp/>{{,}}<ref>[[Cristina Boico]], « Avec les FTP parisiens – Témoignage de Cristina Boïco », dans ''Regards sur la mémoire'', ANACR du {{18e|arrondissement}} de Paris, 1994, {{p.|140-188}}.</ref>, son évasion semblant suspecte.
 
Missak a aussi pour rôle de pousser une partie des membres de la MOI (l'objectif est de 10 % au moins) dans les [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée|FTP-MOI]]{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=150}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108}}. Fin 1942, Missak se rend à l'atelier de couture d'Arsène Tchakarian situé [[rue Malebranche]] et s'exclame en le voyant : {{citation|Salut, franc-tireur !}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=20}}. Devant l'air surpris de son ami, il lui explique : {{citation|Arsène, toi et moi, nous sommes les premiers Arméniens à être inscrits pour le combat armé}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=20}}. Les deux hommes se rendent à un rendez-vous dans la quatrième niche en pierre du [[pont Neuf]], où [[Marcel Rajman]] vient les rencontrer{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=20-21}}. Ce dernier leur expose son plan d'attaque prévu pour le {{date-|17 mars 1943}} contre un hôtel occupé par des ''[[Feldgendarmerie|Feldgendarmes]]'' à Levallois{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=21 et 234}}. Arsène Tchakarian raconte : {{citation|Durant les jours qui suivent cette rencontre, nous nous rendons ensemble, à plusieurs reprises, à Levallois pour observer les lieux et arpenter les rues avoisinantes afin de visualiser notre retraite et minuter les temps de parcours. En raison de cette action, Manouchian et moi avons cessé depuis quatre mois environ de diffuser des tracts. Nous ne participons plus aux réunions et avons coupé tous contacts avec nos amis et nos familles}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=21}}. Marcel Rajman fait l'éducation pratique de Missak, notamment dans le maniement des [[Grenade à main|grenades]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=91}} et des armes en général{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=104}}.
Entre-temps, au matin du {{date-|16|novembre|1943}}, Manouchian est arrêté<ref name="slate_20/2/2024">{{lien web|url=https://www.slate.fr/story/265881/pantheon-missak-manouchian-interrogatoire-arrestation-police-1943-histoire-seconde-guerre-mondiale|accès url=libre|auteur=[[Sylvain Boulouque]], édité par Émile Vaizand|titre=[DOCUMENT] L'interrogatoire de Missak Manouchian par la police française en 1943|site=slate.fr|éditeur=[[Slate (magazine)|Slate]]|date=20 février 2024|consulté le=22 février 2024}}.</ref> avec Joseph Epstein en [[Gare d'Évry-Val-de-Seine|gare d'Évry Petit-Bourg]], alors que, se sachant suivis depuis quelques mois, ils discutent de l'opportunité de disperser le groupe<ref name="Karayan"/>. Son épouse, [[Mélinée Manouchian|Mélinée]], cachée par les [[Charles Aznavour|Aznavourian]], échappe à la police ; pas son camarade [[Arpen Tavitian|Arménak Manoukian]].
 
==== TortureFTP-MOI et propagande(1943) ====
En {{date-|février 1943}}, Missak Manouchian rejoint lui-même les [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée]] (FTP-MOI){{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=325}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108-109}}{{,}}<ref name=":7" />{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=1 et 8}} avec pour pseudonyme « Georges »{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=289}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=1 et 7}} et le matricule 10 300{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=104}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=245}}, grâce notamment à [[Jacques Kaminski]], l'un des trois dirigeants de la MOI, qui demande à [[Boris Milev]] de le recruter{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108}}. Il en intègre le premier détachement, alors réorganisé{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=263}}, qui comporte essentiellement des Juifs [[Histoire des Juifs en Roumanie|roumains]], [[Histoire des Juifs en Tchéquie|tchéco]][[Histoire des Juifs en Slovaquie|slovaques]] et [[Histoire des Juifs en Hongrie|hongrois]], ainsi que quelques [[Arméniens]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108}}, sous le commandement de Joseph Clisci{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=263}}. Durant cette période, il fréquente plusieurs domiciles, dont celui de la rue de Plaisance mais aussi le 19 [[rue au Maire]]{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}. Avec Mélinée, ils ont très peu de loisirs et vivent ensemble à la première adresse, petit logement constitué d'une cuisine et d'une chambre {{citation|meublée au minimum}}, {{citation|dans une atmosphère très stricte, dans un cadre très dépouillé}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=101}}. Tous les matins, Missak se lève de bonne heure, fait sa [[Hygiène du corps|toilette]] puis une séance de [[musculation]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=101}}. Il s'habille généralement sobrement et {{citation|d'une manière sportive pour l'époque}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=102}}.
[[Fichier:Le Matin cover (19-20 February 1944).png|vignette|Première page du journal ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'' (19-{{date|20 février 1944}})<ref>{{Article|titre=Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements|périodique=[[Le Matin (France)|Le Matin]]|numéro=21721|date=19-20 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k587960q}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>.|alt=Numérisation de la manchette du journal ''Le Matin''.]]
[[Fichier:Le Matin cover (21 February 1944).png|vignette|Première page du journal ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'' ({{date|21 février 1944}}), qui montre Missak Manouchian<ref>{{Article|titre=Au procès des terroristes l'équipe des dérailleurs avoue quatorze attentats|périodique=[[Le Matin (France)|Le Matin]]|numéro=21721|date=21 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k5879613}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>.|alt=]Numérisation de la manchette du journal ''Le Matin''.]]
 
En {{date-|mars 1943}}, [[Henri Karayan]] raconte une soirée arménienne lors de laquelle Missak Manouchian évoque avec joie le tournant de la guerre de 1942-1943, notamment la victoire soviétique à la [[bataille de Stalingrad]]<ref name=":5" />. {{citation|Notre euphorie, ce soir-là, naît-elle de ces bonnes nouvelles ? Est-elle suscitée par la force de conviction de l'orateur lui-même ? S'il nous presse de nous engager, s'il décrit avec tant de feu et tant de vie la guérilla urbaine, n'est-ce pas qu'il vient d'en vivre lui-même l'expérience dans les jours précédents ? Je le vois transfiguré ; l'égal des plus grands orateurs. On a la sensation de la victoire à portée de main}}, raconte Karayan<ref name=":5" />. Pour couronner cette soirée, où se trouvent aussi Haïg Kaldjian ou le couple Aznavourian, Missak déclame des poèmes et chante des chants révolutionnaires arméniens et français, comme le ''[[Chant du départ]]'', {{citation|son préféré}}<ref name=":5" />. Henri Karayan raconte la fin de cette fête :
Missak Manouchian est torturé. Au sein d'un groupe de vingt-trois camarades, dit « groupe des 23 », que la réquisition au procès présente comme un « groupe Manouchian » qui n'a jamais existé jusque-là<ref name="Laffitte">{{Lien web |titre=Musée de la résistance en ligne |url=https://museedelaresistanceenligne.org/media5072-Plaque-la-mmoire-des-23-membres-de-lAffiche-rouge |site=museedelaresistanceenligne.org |consulté le=2024-02-25}}</ref>{{,}}<ref>« Je ne parle jamais de « groupe Manouchian » parce qu’il n’y a jamais eu de groupe Manouchian », déclare dans ''[[Le Monde]]'' l'historien [[Denis Peschanski]] le {{date-|19 février 2024}} [https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/18/denis-peschanski-historien-avec-manouchian-ce-sont-les-23-du-proces-et-tous-les-resistants-etrangers-qui-entrent-au-pantheon_6217162_3232.html]. </ref>, il est livré aux Allemands de la [[Geheime Feldpolizei]] (sûreté militaire passée sous le contrôle de la Gestapo depuis 1942) (GFP) qui exploitent l'affaire à des fins de [[propagande]]. Le tribunal militaire allemand du Grand-Paris juge vingt-quatre des résistants arrêtés<ref>{{Lien web |titre=Missak Manouchian, les Arméniens dans la Résistance en France – Mairie du {{4e}} – Paris – Du 14 au 26 Septembre 2009 |url=http://saintsulpice.unblog.fr/2009/09/13/missak-manouchian-les-armeniens-dans-la-resistance-en-france-mairie-du-4e-paris-du-14-au-26-septembre-2009/ |site=Saint-Sulpice photography |consulté le=2024-02-25}}</ref>, dont Manouchian. Une « parodie de procès » est menée de façon expéditive le {{date-|19 février}} à l'[[Hôtel Continental (Paris)|hôtel Continental]] et relatée par des journalistes, dont la présence sera mise en doute par les historiens. La [[Collaboration en France#La presse collaborationniste, ou collaboration de plume|presse collaborationniste]] dénonce le « cynisme » d'accusés qui assument pleinement les attentats commis et affirme que Manouchian aurait déclaré à ses accusateurs {{Citation|vous avez hérité la nationalité française, nous l'avons méritée}}<ref>{{article|auteur1=Fausto Giudice|titre=Identités françaises : l'expérience arménienne|périodique=Différence|lire en ligne=http://archives.mrap.fr/images/4/42/Diff1986_62opt.pdf |numéro=62|pages=31|éditeur=[[Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples|MRAP]]|lieu=[[Paris]]|date=décembre 1986}}.</ref>.
{{citation bloc|Tout à coup deux gardiens de la paix qui font leur ronde paraissent dans l'encadrement de la porte, comme surgis de nulle part, et demandent ce que signifie tout ce bruit. Et Manouchian : "C’est un mariage !". Nous les invitons à trinquer. Ils ne se font pas prier. En partant, ils nous recommandent de bien masquer les lumières. Pour la défense passive… Un mariage ! Quelle magnifique réponse ! Et, sous la plaisanterie, le sens profond de cette fête. Ce soir-là, Manouchian était heureux : le poète épousait la révolution<ref name=":5" />.}}
 
La première, et seule<ref name=":25" />, action armée de Missak, le {{date-|17 mars 1943}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=8}}, vise un hôtel occupé par des ''[[Feldgendarmerie|Feldgendarmes]]'' (ou une [[Caserne (militaire)|caserne]] de [[Schutzstaffel|SS]] selon Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=91}}) de [[Levallois-Perret]], située près du [[pont de Levallois]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=291}} (ou [[rue Rivay]]{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=8}}), qui est prise pour cible par les FTP-MOI{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=21}}. Accompagné d'Arsène Tchakarian et de Marcel Rajman{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=21}}, (Mélinée évoque quant à elle [[Leo Kneler]] et deux autres résistants{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=92}}), Missak envoie une grenade au milieu d'un détachement sorti de l'hôtel, qui fait plusieurs victimes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=92}}. {{citation|Seul, dans son coin, légèrement à l'écart, Manouche sortit un journal de sa poche et se mit à le lire en regardant de temps à autre du côté des Allemands, avec l'air de quelqu'un qui ne comprend pas ce qui se passe}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=92-93}}. Arsène Tchakarian, présent lors de l'action, en fait un récit détaillé dans ses mémoires :
Des photos de dix des vingt-trois prévenus sont sélectionnés pour l'[[Affiche rouge]], composante d'une vaste campagne de propagande antisémite d'une semaine, baptisée « l'armée du crime »<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Le groupe Manouchian|url=https://www.ivry94.fr/fileadmin/www.ivry94.fr/MEDIA/Vivre_ma_ville/Histoire_patrimoine/Ressources/expo_manouchian-maj-oct2009.pdf|site=ivry94.fr|date=|consulté le=03/01/2024}}.</ref>. En {{date-|février 1944}}, la propagande allemande placarde cette Affiche rouge à {{nombre|15000 exemplaires}}, complète un tract, une brochure, un film pour les actualités cinématographiques et des passages à la radio et la presse écrite<ref name="chvp">[[Adam Rayski]], « L’Affiche rouge », 2009, sur le site du Comité d’Histoire de la ville de Paris [https://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00128.pdf].</ref>, notamment un reportage du journal d'actualités ''[[Signal (journal)|Signal]]''{{sfn|Manessis|2024|p=205}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Paul|nom1=Virilio|prénom2=Marianne|nom2=Brausch|titre=Voyage d'hiver: entretiens|éditeur=Editions Parenthèses|date=1997|isbn=978-2-86364-610-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=PL_twuJjeTcC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA17&dq=journal+signal+manouchian&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref>. Cette affiche porte en médaillons noirs les visages de dix des condamnés à mort. Celle de Manouchian a cette inscription : « Arménien, chef de bande, {{nb|56 attentats}}, {{nombre|150|morts}}, {{nombre|600|blessés}} ». Cette propagande sur les murs de [[Paris]], par l'occupant nazi produit l'effet contraire à celui escompté : elle transforme un obscur en héros, qui pour toute la Résistance devient l'emblème du martyre.
{{citation bloc|Le 17 mars au matin, Rayman, chef de groupe, Manouchian et moi-même, sommes à notre poste, près de l'hôtel, à Levallois-Perret. À 8 heures, comme à l'accoutumée, les ''Feldgendarmes'' sortent, portant chacun leur fusil. […] Un sergent, gros revolver au ceinturon, ordonne la marche : {{citation|''Eins ! Zwei !…''}} Et la colonne se met en route. Je suis là, comme un gars qui a le temps de flâner cinq minutes avant le travail. J'entends les ordres allemands. Manouchian s'approche. Calme, les mains dans les poches de son imperméable beige. Soudain, rapide, précis, il sort la grenade, la dégoupille, la lance au milieu de la colonne, fait aussitôt demi-tour, court vers la rue où l'attend Rayman, revolver en poche, prêt à intervenir. Quatre à six secondes plus tard, c'est l'explosion. Tous les ''Feldgendarmes'' s'aplatissent au sol. D'abord paniqués, les soldats qui ne sont pas blessés par les éclats de grenade se relèvent et tirent un peu partout. Le sergent à l'arrière de la colonne aperçoit Manouchian. Il tente de le poursuivre, mais Manouchian a une avance d'environ cinquante mètres. […] Conformément aux instructions, je dois m'éloigner pour rejoindre Rayman et Manouchian dans un café tabac près de la [[porte de Champerret]]. Sans hâte, car il ne faut pas attirer l'attention. Pas facile de maîtriser l'envie de courir. Mes deux compagnons sont au rendez-vous. {{citation|Il y a eu des coups de feu, que s'est-il passé ? J'ai eu une sacrée trouille !}} Tout doucement, à l'oreille, Rayman me répond : {{citation|Le sergent courait derrière Missak. J'ai attendu qu'il soit assez près pour lui envoyer trois balles dans la poitrine}}. {{citation|Expliquez-moi un peu}}, me demande Manouchian. À voix basse, je raconte : {{citation|D'un seul coup, je t'ai vu courir. Ton imperméable s'est ouvert comme les ailes d'un oiseau. Puis j'ai vu tous les Fritz s'incliner ensemble tels des blés sous le vent}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=22-23}}.}}
 
Selon le témoignage d'Abraham Lissner, Missak s'enfuit par le [[Louise Michel (métro de Paris)|métro Louise Michel]] et le retrouve deux heures plus tard dans la même zone{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=290}}. Il lui aurait dit : {{citation|Camarade, à partir d'aujourd'hui, je ne suis pas seulement poète et métallurgiste, mais un bon partisan}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=290}}. C'est Arsène Tchakarian qui devait initialement lancer la grenade et être couvert par Rayman et Manouchian{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=23}}. {{citation|Dès notre arrivée, entre 7 et 8 heures, Manouchian s'est approché de moi avec ces mots : {{citation|Passe-moi la pomme}}, puis il m'a expliqué : {{citation|Nous comptions sur une grenade et deux revolvers, nous n'en avons qu'un. Alors c'est moi qui lance. Rayman me couvrira et toi tu vas rester à cinquante mètres. Tu regarderas bien et après tu nous expliqueras comment les choses se sont passées}}}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=23}}. La conduite de cette action {{Citation|lui a attiré les foudres du chef militaire, [[Boris Holban]], pour ne pas avoir respecté les règles élémentaires de clandestinité}}, explique l'historien [[Stéphane Courtois]]<ref name=":7">{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Jean-Christophe Buisson]] |titre=Stéphane Courtois : {{citation|La mort de Missak Manouchian suscite l'admiration mais son héroïsation a été construite par le PCF}}|url=https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/stephane-courtois-la-mort-de-missak-manouchian-suscite-l-admiration-mais-son-heroisation-a-ete-construite-par-le-pcf-20240220 |accès url=payant |site=lefigaro.fr/vox |date=20-02-2024 |consulté le=25-04-2024}}</ref>. Jusque-là, il ne parle pas de ses activités à sa femme pour la protéger, mais il finit, devant l'insistance de ses supérieurs, par accepter qu'elle soit mise à contribution{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=93}}, notamment en rédigeant grâce à deux [[Machine à écrire|machines à écrire]] et une machine [[Gestetner]] le rapport des actions accomplies ou en servant de messagère{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=95}}. Il accepte aussi de se confier à elle{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=93}}. Le 17 au soir, {{Citation|lorsqu'il est rentré, je sentais bien que quelque chose d'exceptionnel s'était passé. Il paraissait particulièrement ému}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=94}}. Il s'ouvre à elle :
Les Allemands ont délégué cette campagne à « une officine collaborationniste et antisémite française »<ref name=":2"/>, le [[Comité d’action antibolchévique]] (CAA) créé dans le sillage de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|LVF]] en juin-{{date-|juillet 1941}}<ref>[[Pascal Ory]], ''Les collaborateurs 1940-1945'', Points Seuil, 1976, {{p.|152}} et 153</ref> « épaulé par les publicistes des mouvements ultra et ceux du [[Ministère de l'Information (France)|ministère de l'Information]] de Vichy »<ref name="Wlassikoff-112">Michel Whassikof et Philippe Delangle, ''Signes de la Collaboration et de la Résistance'', Éditions Autrement, 2002, {{p.|112-113}}.</ref>. Elle a imaginé l'[[affiche rouge]]<ref name=":2"/> en reprenant « le cœur de l’idéologie nazie », la « dénonciation du judéo-bolchevisme », avec un texte disant {{Citation|le crime est juif, et le crime est étranger. Et le crime est au service du judaïsme, de la haine juive}} puis déclamant une longue {{Citation|énumération de turpitudes sexuelles attribuées aux Juifs}}<ref name="ref_auto_1">[[Annette Wieviorka]], ''Anatomie de l'Affiche rouge'', Éditions Seuil, février 2014, {{page|17}}.</ref>. Le jeune ouvrier juif polonais [[Marcel Rajman|Marcel Rayman]] est particulièrement visé : {{Citation|son regard pervers où passe en lueur tout le sadisme de sa race}}.
{{citation bloc|Tu sais, il n'est pas de cause ni de sentiment qui naisse d'un seul coup ; c'est toujours le résultat d'une plus ou moins longue histoire. La première image qui m'est venue à l'esprit fut celle de mon père, mort pendant la Première Guerre mondiale, et de ma mère, morte de faim peu après. J'ai réellement eu alors l'impression qu'ils sortaient du tombeau. Ils avaient le visage de la vengeance. Ils me disaient que je devais agir : ''tu ne fais pas de mal, tu ne fais que tuer des tueurs''. J'ai jeté ma grenade et, après avoir fait ce geste, on aurait dit que tout le poids du monde, avec ses misères, était tombé de mes épaules ; je me suis senti léger, léger, la conscience tranquille comme jamais ! je ne venais pas de tuer, mais au contraire je venais d'accomplir une œuvre magnifique… […] Sache que ce sont les meilleurs qui entrent dans ce combat ; si tu me considères parmi les meilleurs, mon devoir est d'être à ce poste. Ils ont jugé que j'étais capable d'accomplir ce travail ; je l'ai fait et j'ai pu constater moi-même que j'étais apte. C'est ma première action, ce ne sera pas la dernière{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=94-95}}.}}
 
Il est nommé responsable provisoire de la première section des FTP-MOI en {{date-|avril 1943}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=30}}. Les 15-{{date-|17 mai}}, il organise les premiers triangles avec Marcel Rayman et Abraham Lissner{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=234}}. [[Arsène Tchakarian]] raconte dans ses mémoires le déroulement de ces premières opérations dirigées par Missak : {{citation|Ses plans d'action, minutieusement préparés, préservent toujours la vie de ses hommes. Au cours de cette période, Manouchian constitue des triangles et y mêle diverses nationalités}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=30}}. Olga Bancic rencontre à l'époque Missak {{citation|un jour ou deux par semaine}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=32}}. Tchakarian donne plusieurs exemples d'opérations préparées par son supérieur : l'attaque d'un camion de ''Feldgendarmes'' le {{date-|22 juin 1943}} sur le [[boulevard Gouvion-Saint-Cyr]] par Leo Kneler, Joseph Clisci et deux autres résistants non identifiés{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=73-75}} ; l'attaque de ''Feldgendarmes'' à bicyclettes le {{date-|23 juin 1943}} sur la [[Route nationale 14 (France)|route nationale 14]] près de [[Sannois]] par cinq militants dont Marcel Rayman, opération pour laquelle il fait du repérage en personne trois jours plus tôt{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=77-80}} ; la tentative d'exécution d'un traître le {{date-|26 juin 1943}} à [[Quartier de Belleville|Belleville]] par Henri Karayan, Alexandre Konstantinian et Leo Kneler{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=83-86}} ; l'attaque du détachement allemand chargé de la surveillance du dépôt militaire du [[Paris Expo Porte de Versailles|parc des expositions de la porte de Versailles]] le {{date-|19 juillet 1943}} par Marcel Rayman et quatre autres francs-tireurs{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=103-105}}. Début {{date-|juillet 1943}}, il présente Arsène Tchakarian à deux autres résistants arméniens, [[Arpen Tavitian]] et [[Diran Vosguiritchian]]{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=124}}.
Les vingt-trois sont condamnés à mort après une journée d'audience. Le {{date-|21 février 1944}}, les vingt-deux hommes sont fusillés au Mont-Valérien, en refusant d'avoir les yeux bandés<ref>Adam Rayski, « L'Affiche Rouge », {{op. cit.}}, {{p.|57-58}} et [http://www.paris.fr/portail/viewmultimediadocument?multimediadocument-id=15027 « L'Affiche Rouge »].</ref>, tandis qu'[[Olga Bancic]] est transférée en [[Allemagne]] et [[Guillotine|guillotinée]]<ref>[[Benoît Rayski]], ''L'Affiche rouge – 21 février 1944'', Éditions du Félin, Paris, 2004, {{p.|116}}.</ref> à la prison de [[Stuttgart]] le {{date-|10|mai|1944}}<ref>Adam Rayski, « L'Affiche Rouge », {{op. cit.}}, {{p.|65-66}}.</ref>. Quelques heures avant son exécution, Manouchian se fait confesser et communie avec l'abbé [[Franz Stock]], aumônier du Mont-Valérien<ref>{{Article|prénom1=Paul|nom1=Airiau|titre=Franz Stock, Journal de guerre, 1940-1947. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien|périodique=Archives de sciences sociales des religions|numéro=188|pages=413–416|date=2019-12-05|issn=0335-5985|issn2=1777-5825|doi=10.4000/assr.49585|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/assr.49585|consulté le=2024-02-21}}.</ref>.
 
En {{date-|juillet 1943}}, Missak Manouchian rejoint la direction centrale des FTP-MOI de la région parisienne en en devenant le commissaire technique{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=109-110}} en remplacement d'Alik Neuer, qui vient d'être arrêté{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=325}}{{,}}{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}. Début août de la même année, sur la proposition de [[Joseph Davidovitch]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Lynda Khayat|titre=DAWIDOWICZ Joseph [DAWIDOWICZ Josek, Leib, dit]|périodique=[[Le Maitron]]|date=2008|lire en ligne=https://maitron.fr/spip.php?article21626|accès url=libre}}</ref>, il est nommé commissaire militaire de la région parisienne, à la place de [[Boris Holban]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=323 et 325}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=291}}{{,}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=98-99}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=1}}, démis de ses fonctions{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}} et exfiltré en province{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=110}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=9}}, car ce dernier est en désaccord avec sa direction et souhaite mettre un arrêt aux actes de résistance après l'arrestation de {{nobr|77 membres}} des FTP-MOI au début du mois<ref name=":25" />. Missak a alors une cinquantaine de résistants sous ses ordres{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=9}}. Mélinée est au même moment nommée secrétaire de cette nouvelle direction{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=110}}{{,}}{{Sfn|id=Luttearmée|texte=1941-1943. La lutte armée|p=9}}. Il semblerait qu'ils ne logent pas ensemble pour des raisons de sécurité{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}. En {{date-|août 1943}}, Missak explique ses intentions à Arsène Tchakarian : {{citation|Aux prochaines grandes marées d'équinoxe, fin septembre, les Anglais et les Américains peuvent débarquer en France. Il faut multiplier les déraillements. Il faut gêner au maximum les transports allemands, désorganiser leur trafic}}, et lui demande de rejoindre les dérailleurs de Boczov{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=124}}.
=== Dernière lettre ===
Dans la lettre qu'il a l'autorisation d’écrire à son épouse [[Mélinée Manouchian]] depuis la [[Centre pénitentiaire de Fresnes|prison de Fresnes]] quelques heures avant son exécution, et qu'il signe « Michel », il affirme qu’il {{Citation|meurt en soldat régulier de l’[[Armée française de la Libération]]}}<ref>M. Manouchian, « Lettre à [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] », cité dans {{ouvrage|auteur=Guy Krivopissko|titre=La Vie à en mourir|sous-titre=Lettres de fusillés 1941-1944|passage=287-288|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|lieu=Paris|date=avril 2003|isbn=9782847340792|pages totales=367|collection=Archives contemporaines}}.</ref>. Elle s'achève par {{citation|je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus}}. Dans cette phrase, « celui » ne peut que viser [[Joseph Davidovitch]], arrêté en {{date-|octobre 1943}} puis abattu par les résistants en {{date-|décembre 1943}} pour avoir parlé sous la torture<ref name=dp/>, et {{Citation|ceux qui nous ont vendus}}, les autorités de Vichy, formule utilisée à l'époque par toute la littérature clandestine résistante pour désigner Vichy<ref name=dp/>{{,}}<ref name=troishis>Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, ''Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance'', Fayard, Paris, 1989.</ref>{{,}}<ref>[[Jean-Pierre Azéma]] et [[François Bédarida]], « L'historisation de la Résistance », dans ''Esprit'', janvier 1994.</ref>, selon le consensus des historiens qui a écarté dès les années 1990 la thèse du film de 1985, ''[[Des terroristes à la retraite]]'', voulant qu'il s'agisse respectivement de [[Boris Holban]] et de la direction du PCF, le premier étant disculpé.
 
Durant l'été 1943, la section arménienne du PCF de David Davidian fonde en [[zone libre]] un Conseil national arménien{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=308}}. Davidian est alors en relation avec Jacques Kaminski ainsi qu'avec Missak Manouchian, qu'il rencontre en août{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=308}}. L'une des craintes des responsables arméniens de la MOI est l'entrée de la [[Turquie]] dans l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] : {{citation|Après avoir examiné les conséquences de cette éventualité, nous avons déjà envisagé des mesures pour accélérer la mobilisation de toute notre jeunesse sous la bannière de la lutte sacrée}}, écrit Davidian dans son rapport au PCF{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=308}}. Ainsi, les Arméniens de la MOI ont pour motivations principales la lutte contre le nazisme et la défense des intérêts arméniens : Davidian souhaite {{citation|réaliser l'unité complète de notre immigration sous la bannière sacrée de la lutte contre les envahisseurs nazis et la pleine satisfaction de ses aspirations nationales}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=309-310}}. Les moyens d'action envisagés sont les attaques contre des soldats allemands et des collaborationnistes, ainsi que la lutte contre des responsables arméniens anti-soviétiques soutenus par l'Allemagne nazie, notamment en organisant la défection des membres de la [[Légion arménienne (Seconde Guerre mondiale)|Légion arménienne]] intégrée dans l'[[Armée Vlassov]], dont certains en formulent le désir après un dîner dans le restaurant de Misha Aznavourian{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=309}}.
Dans cette dernière lettre, il souhaite à Mélinée de se remarier, d'avoir des enfants<ref name=arménie/> et d'apporter ses souvenirs « si possible » à ses parents en Arménie<ref name=arménie/>, mais pas forcément de s'y installer pour vivre comme l'écrit en 1955 le poème d'Aragon enjoignant de {{citation|demeurer dans la beauté des choses, quand tout sera fini plus tard en Erivan}}<ref name="arménie">{{Lien web |langue=fr |titre=“L’Affiche rouge”, de Ferré et Aragon, chante-t-elle vraiment l’Histoire ? |url=https://www.telerama.fr/musique/l-affiche-rouge-de-ferre-et-aragon-chante-t-elle-vraiment-l-histoire-7019356.php |site=telerama.fr |date=2024-02-21 |consulté le=2024-02-25}}</ref> à une veuve qui a dû attendre 1962 pour pouvoir revenir en France, dans le cadre d'accords négociés avec une [[République socialiste soviétique d'Arménie]] au bord de la famine<ref>{{Ouvrage|langue=fr |auteur1=J. Varoujean-Guréghian |préface=[[Yves Ternon]] |titre=Le Golgotha de l'Arménie mineure. Le destin de mon père |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan]] |collection=Mémoires du {{s-|XX}} |année=2000 |pages totales=208 |isbn=978-2-7384-7995-2}}.</ref>{{,}}<ref name=arménie/>.
 
Missak rencontre environ deux fois par semaine Mihai Patriciu, chef du service technique des FTP-MOI, et [[Joseph Davidovitch]], commissaire politique du mouvement{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=213}}. Missak est aussi en contact régulier avec [[Joseph Epstein]], alors chef militaire des [[Francs-tireurs et partisans]] (FTPF){{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=110}} et donc son supérieur direct pendant quatre mois{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=330}}, période pendant laquelle ils se rencontrent une fois par semaine{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=340}}, tous les mardis{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=347}}. Manouchian lui-même a sous ses ordres une cinquantaine de militants, répartis en quatre détachements et une équipe spéciale{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=108-109}}, surnommé le [[groupe Manouchian-Boczov-Rayman]]. Comme le rappelle plus tard [[Henri Karayan]], {{citation|le point fort de Missak Manouchian a été de cibler nos actions. Nous visions des hauts placés}}{{Sfn|Mélanie Courtois|2004|p=24}}. Missak organise l'attentat visant la voiture du commandant du Grand Paris Ernst von Schaumburg le {{date-|28 juillet 1943}}, réalisé par Rajman et Alfonso{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=104-105}}, mais ce n'est finalement pas lui qui occupe alors le véhicule<ref name=":12">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Pierre Bourget|titre=Schaumburg, "Kommandant von Gross Paris", ne mourut pas dans l'attentat dirigé par Manouchian|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1965/02/27/schaumburg-kommandant-von-gross-paris-ne-mourut-pas-dans-l-attentat-dirige-par-manouchian_2185535_1819218.html|accès url=payant|site=lemonde.fr|date=27-02-1965|consulté le=05-05-2024}}</ref>. L'action la plus retentissante du groupe est l'exécution le {{date-|28 septembre 1943}} du colonel [[Julius Ritter]], responsable du [[Service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=106}}{{,}}<ref name="dp" />{{,}}<ref name=":25" />, préparée en partie par Boris Holban puis par Missak Manouchian{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=321}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=105}}{{,}}<ref name=":10">{{Lien web |langue=fr |auteur=Florent Georgesco |titre=« Anatomie de l’Affiche rouge », d’Annette Wieviorka : « Pourquoi faire entrer un couple au Panthéon, alors que c’était un groupe qui était visé par les nazis ? » (entretien avec Annette Wieviorka)|url=https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/02/16/anatomie-de-l-affiche-rouge-d-annette-wieviorka-pourquoi-faire-entrer-un-couple-au-pantheon-alors-que-c-etait-un-groupe-qui-etait-vise-par-les-nazis_6216873_3260.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=16-02-2024 |consulté le=28-04-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=161-163 et 225}}. Le colonel est filé pendant trois mois par le groupe de [[Cristina Boico]] puis exécuté par Marcel Rajman, Leo Kneler et [[Celestino Alfonso]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=321}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=110}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=105-106}}{{,}}<ref name="dp" /> (ainsi que [[Spartaco Fontanot]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=107}}). La réussite de cette action met en joie Missak : {{citation|Je retrouvais Manouche tel que je l'avais connu, c'est-à-dire souriant, enjoué même. Il avait de nouveau ce regard ouvert dans lequel je voyageais, où je me laissais entraîner…}}, écrit Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=107}}. Après cette action, le supérieur hiérarchique de [[Joseph Epstein]] lui écrit : {{citation|Si tu n'es pas capable de trouver des Français pour faire ces opérations-là, demande aux FTP-MOI, regarde ce qu'ils savent faire, regarde ce qu'ils ont fait avec Ritter. Il faut te débrouiller pour que toute la tactique militaire se concentre sur ces opérations spéciales}}<ref name="dp" />.
 
Entre août et novembre, période de responsabilité de Missak, les FTP-MOI réalisent une soixantaine d'actions{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=110}}. Arsène Tchakarian en cite un certain nombre préparées par Missak dans ses mémoires : l'exécution du ''stabszahlmeister'' Thielbein le {{date-|20 août 1943}} sur l'[[avenue du Roule]] par [[Robert Witchitz]] et un autre résistant{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=136-138}} ; l'attaque de camions militaires convoyant les sentinelles gardant l'[[usine Renault de Billancourt]] le {{date-|25 août 1943}} par Arsène Tchakarian, Arpen Tavitian, Henri Karayan et Diran Vosguiritchian{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=139-143}} ; l'exécution d'un dénonciateur nommé Odarchenko le {{date-|4 octobre 1943}} par Marcel Rayman, Leo Kneler, [[Celestino Alfonso]] et [[Spartaco Fontanot]]{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=169}} ; l'attaque de restaurants parisiens fréquentés par des officiers nazis en {{date-|octobre 1943}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=176-180}} ; l'exécution de Fernand Harry-Pierre, garde du corps de [[Marcel Bucard]], le {{date-|18 octobre 1943}} par Henri Karayan et deux autres résistants{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=185-188}} ; attaque de la brasserie La Terrasse ([[avenue de la Grande-Armée]]) et d'un salon-bar du [[2e arrondissement de Paris|{{2e}} arrondissement]], deux adresses fréquentées par des agents de la [[Gestapo]], le {{date-|22 octobre 1943}}, en réponse à l'exécution de nombreux otages par les nazis, par Leo Kneler et Marcel Rayman d'un côté et l'équipe spéciale de l'autre{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=192-197}}.
 
[[Henri Karayan]] se souvient de celui qui l'a commandé :
{{Citation bloc|C'était un athlète, un grand sportif. Il était bon, il écoutait les gens et surtout il avait une vision très humaine et très intelligente de la résistance. Il ne voulait pas de « Héros fous », pour reprendre une expression du docteur Kaldjian, de Kamikazes. Des volontaires prêts à se faire sauter, il y en avait, mais lui ne supportait aucun sacrifice. Il ne commandait une opération que si elle était sûre{{Sfn|Mélanie Courtois|2004|p=24}}.}}
 
=== Filature, arrestation, exécution et instrument de la propagande nazie (1944) ===
==== Filature, arrestation et incarcération ====
[[Fichier:Schéma de la 3e filature des Brigades spéciales.png|vignette|droite|Schéma de la troisième filature des BS 2{{sfn|id=Archivespréfecture|texte=Archives de la préfecture de police|p=14}}. Missak Manouchian, surnommé « Bourg », est indiqué à droite.|alt=Numérisation d'un schéma de filature.]]
[[Fichier:Photographie d'identité judiciaire de Missak Manouchian.jpg|vignette|[[Photographie d'identité judiciaire]] prise le {{date-|18 novembre 1943}}, deux jours après son arrestation{{sfn|id=Archivespréfecture|texte=Archives de la préfecture de police|p=9}}.|alt=Double photographie en noir et blanc, de face et de profil, d'un homme vêtu d'un costume.]]
Depuis le début de l'Occupation, la [[police française]] coopère avec l'occupant allemand{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=124}}. L'une des composantes de cette police sont les [[brigades spéciales]] des [[Direction centrale des Renseignements généraux|Renseignements généraux]], divisées en deux groupes{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=124}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=2}}. C'est la BS2 de René Hénoque{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=2}}, qui a sous son commandement une centaine de policiers, qui est chargée de la traque des FTP-MOI{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=124}}. Une série de trois filatures entre janvier et {{date-|novembre 1943}} mène à trois importantes vagues d'arrestations{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=124}}. C'est à l'issue de la troisième et dernière filature, entre le {{date-|28 juillet}} et le {{date-|16 novembre}} (ou {{date-|26 juillet}} — {{date-|15 novembre}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=335}}), que Missak Manouchian et ce qu'il reste des FTP-MOI sont arrêtés{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=124-125}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=10}}. Marcel Rajman est identifié le premier, le 27{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=336}} ou {{date-|28 juillet}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}. Puis, en quelques mois, presque tous les résistants du groupe sont repérés, souvent identifiés et leurs planques localisées{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}. Le {{date-|24 septembre}}, en surveillant [[Joseph Boczov]], surnommé « Ivry », elle repère pour la première fois Missak à [[Bourg-la-Reine]]<ref name="dp" />, même si elle ne connaît pas encore son rôle{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=339-340}}. Voici l'extrait du rapport de police :
{{citation bloc|Boczor sort à 9 heures, prend le [[Tolbiac (métro de Paris)|métro à Tolbiac]], descend à [[Rue Jussieu (Paris)|Jussieu]] et se rend à pied [[Rue de Lanneau|rue Lanneau]] au n° 1 bis, où il séjourne quelques minutes. Il prend le [[Gare du Luxembourg|métro à Luxembourg]] et descend à [[Bourg-la-Reine]] ; il attend 20 minutes à la sortie et à 9 heures 20 [sic] est rejoint par un homme qui n'est autre que le nommé Manoukian [sic] Missak, né le {{date-|1er septembre 1906}} à Adyarman [sic] (Arménie). À pied, en passant par [[Montrouge]], ils arrivent à la [[porte d'Orléans]], ils échangent des papiers puis se séparent. Manoukian fait quelques emplettes dans le quartier, et à 12 heures 30 pénètre rue de Plaisance n° 11. Il ne ressort pas de la soirée{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=339-340}}.}}
 
La police file Missak Manouchian, qu'elle surnomme « Bourg »{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=122}}, pendant près de deux mois<ref name="dp">{{lien web |langue=fr |auteur=Michel Lefebvre |titre=Denis Peschanski, historien : {{citation|Avec Manouchian, ce sont les “vingt-trois” du procès et tous les résistants étrangers qui entrent au Panthéon}}|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/18/denis-peschanski-historien-avec-manouchian-ce-sont-les-23-du-proces-et-tous-les-resistants-etrangers-qui-entrent-au-pantheon_6217162_3232.html |accès url=payant |site=[[Le Monde]] |date=18-02-2024 |consulté le=19-02-2024}}.</ref>. Le {{date-|28 septembre}}, elle remonte jusqu'à Joseph Epstein, surnommé « Mériel »<ref name="dp" /> :
{{Citation bloc|Le {{date-|28 septembre 1943}}. Manouchian sort de son domicile à 10 heures 10 et prend le [[Alésia (métro de Paris)|métro à Alésia]] pour descendre à la [[Gare de Paris-Nord|gare du Nord]] ; son train étant vraisemblablement parti, il déjeune à la terrasse d'un café voisin de la gare ; à 12 heures 05, il prend le train et descend à 13 heures 10 à la [[gare de Mériel]] dans l'Oise. À la sortie de la gare, il rencontre un homme qui n'est autre que le nommé Estain Joseph, né le {{date-|16 octobre 1910}} au Bouscat. Ils circulent ensemble, et, sur la route de [[L'Isle-Adam]], ils pénètrent dans le café-restaurant Majestic, sis à cet endroit. Ils s'enfoncent dans les bois sous une pluie battante ; nous sommes, pour ne pas éveiller leur méfiance, obligés de cesser la surveillance{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=340}}.}}
 
Début octobre, Henri Karayan se rend compte qu'il est filé et, alors qu'il est censé rencontrer Manouchian dans la rue, lui fait signe de ne pas s'arrêter pour lui parler{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=109-110}}. Manouchian prend connaissance de la filature plus tard, au domicile d'Armène, la sœur de Mélinée, où loge à cette époque Karayan{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=110}}. Des désaccords entre Manouchian et [[Boris Holban]] se multiplient, le premier estimant que le second lui fait prendre trop de risques{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=110-111}}. Dans le courant du mois, ce premier décide d'ordonner la dispersion aux hommes n'étant pas encore engagés dans la préparation d'une action, tout en maintenant l'exécution des opérations déjà en préparation : on assiste alors à l'{{citation|espacement progressif des actions après le {{date-|13 octobre}}}}, explique Arsène Tchakarian{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=207}}.
 
Le {{date-|26 octobre 1943}}<ref name=":25" />, à [[Conflans-Sainte-Honorine]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=123}}, les brigades spéciales arrêtent [[Joseph Davidovitch]], commissaire politique des FTP-MOI de la région parisienne et qui a endossé à ce titre de nombreux rôles{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=345}}{{,}}<ref name="dp" />. La [[Perquisition en droit français|perquisition]] de sa planque à [[Choisy-le-Roi]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=123}} et son [[Interrogatoire policier|interrogatoire]], durant lequel, sous la [[torture]]<ref name="dp" />, il livre les noms d'un certain nombre de ses camarades et leurs responsabilités{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=345-346}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}} (libéré plus tard pour qu'il puisse mener la police à d'autres résistants{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=124}}, il finit par être liquidé par les FTP-MOI{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}{{,}}<ref name="dp" /> de Boris Holban, réintégré à son poste<ref name=":25" />). Craignant que sa disparition n'inquiète les autres, la BS 2 allège sa surveillance{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=346}}. Davidovitch ne se présente plus aux rendez-vous habituels avec Manouchian{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=214}} et ce dernier apprend son arrestation (de la bouche de Mihai Patriciu{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=214}}) puis sa libération, qui lui fait craindre une trahison{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=111}}. L'inquiétude des FTP-MOI s'intensifie : ainsi, fin octobre, les reponsables de la MOI s'inquiétent de l'attitude de certains des résistants arméniens, qui ont tendance à être trop bavards en publics et à se réunir les uns chez les autres{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=346-347}}. [[Péter Mod]], responsable national aux cadres de l'organisation, fait part de cette inquiétude à Missak Manouchian lors d'un rendez-vous : {{citation|J'ai parlé avec Manouchian au nom de la direction et je l'ai menacé de les laisser tomber s'ils continuaient de la même façon légère. J'ai été particulièrement dur. Je lui ai dit que, s'ils continuaient, ils allaient avoir le même sort que les Yougoslaves de la zone Nord qui n'avaient plus le droit de travailler avec le PC à cause de leurs discussions internes}}, raconte-t-il{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=347}}. Lors d'un rendez-vous chez Chouchanik Der Thomassian, où Missak rencontre deux autres membres de la direction des FTP-MOI, la discussion est {{citation|orageuse}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=214}}{{,}}{{note|groupe=n|texte=Selon [[Arsène Tchakarian]], les deux hommes qu'il rencontre sont [[Boris Holban]] et [[Joseph Davidovitch]], qui lui auraient demandé la liste et les noms de ses hommes, ce qui l'aurait convaincu que ce sont {{citation|des agents infiltrés par l'ennemi}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=214-216}}, mais cette interprétation ne semble pas tenir}}. Plus tard, le fils, Georges Der Thomassian, raconte : {{citation|La dernière réunion avant les arrestations fut très orageuse, on avait l'impression qu'un important désaccord divisait les participants. Interrogée à la préfecture, ma mère avait dit qu'elle avait ignoré la nature réelle des réunions, croyant qu'elles concernaient des sujets littéraires, en raison de Manouchian, qui était poète. Pendant l'internement, à la préfecture, de ma mère, Manouchian l'a croisée dans un couloir et l'a rassurée : {{citation|Maman, n'aie pas peur, nous avons dit que tu n'étais au courant de rien}}}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=291}}.
 
Début novembre, Arsène Tchakarian rencontre Missak [[Avenue Victor-Hugo (Paris)|avenue Victor-Hugo]] et voit qu'il est filé par deux hommes{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=216}}. Il vient le prévenir, ce à quoi Missak lui répond : {{citation|Je sais, je commence à les connaître. Pour l'instant, de deux choses l'une. Ou ils nous croient armés et ils ne bougent pas parce qu'ils ont peur, ou plus vraisemblablement ils ne savent pas tout et attendent le moment propice pour accueillir le groupe tout entier. Suis-moi à trente mètres et fais semblant de me protéger. Il faut absolument que je voie Rayman un peu plus loin}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=216}}. Après avoir retrouvé Rayman, Manouchian demande à Tchakarian de les rejoindre, ce qui est inhabituel, et leur demande de changer de domiciles ; les deux policiers ont entretemps disparu{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=216-217}}.
 
Missak Manouchian et sa femme envisagent de quitter la capitale pour [[Marseille]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=111}}. Il discute de ce projet avec David Davidian, très présent dans la cité phocéenne, mais celui-ci est arrêté à [[Grenoble]] et envoyé à [[Buchenwald]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=112}}. Le {{date-|30 octobre}}, Missak décide la dispersion de tous les militants, à l'exception de dix d'entre eux, notamment ceux impliqués dans une opération contre deux officiers allemands déposant des documents et des fonds dans une banque parisienne de la [[Rue La Fayette (Paris)|rue La Fayette]] prévue le {{date-|12 novembre}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=207-208}}. Dernière action qui se déroule sous son commandement, elle est un échec{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=210}}. En effet, sur les six francs-tireurs qui y prennent part ([[Robert Witchitz]], [[Rino Della Negra]], [[Spartaco Fontanot]], [[Cesare Luccarini]], [[Roger Rouxel]] et semble-t-il Manouchian lui-même), les deux premiers sont arrêtés{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=209-210}}.
 
C'est notamment grâce à Davidovitch que la BS 2 apprend que Missak Manouchian rencontre Joseph Epstein tous les mardis{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=347}}. Ainsi, le mardi {{date-|9 novembre 1943}}, ce premier est filé :
{{citation bloc|Manouchian sort de chez lui à 7 heures 15, prend le [[Pernety (métro de Paris)|métro à Pernety]] et descend à la [[Paris-Gare-de-Lyon|Gare-de-Lyon]]. Il prend le train à 8 heures 02 et descend à [[Brunoy]] à 8 heures 45. À la sortie de la gare, il retrouve Estain ; ils se rendent à [[Épinay-sous-Sénart]], puis font demi-tour et se rendent dans un café situé devant la gare de Brunoy où ils demeurent 50 minutes. Ils se séparent à 11 heures 30, Manouchian prend le train en direction de Paris{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=347-348}}.}}
 
Peu de temps après, la résistante [[Cristina Boico]] rencontre Manouchian :
{{citation bloc|C'était en novembre, quelques jours avant son arrestation. Ce fut ma dernière rencontre avec lui. Près d'une gare. Je ne sais plus laquelle. Mais nous marchions dans des rues longues, où il y avait trop de monde. Je n'aimais pas ça. Lui-même avait le sentiment qu'il était encerclé, qu'il allait tomber. Je lui ai offert une planque, au cas où. Par mes contacts à la Sorbonne, je touchais un secteur qui n'avait rien à voir avec la MOI. Il a refusé, me disait qu'il n'avait pas de problème pour son logement. Je l'ai quitté très inquiète, en raison de sa propre inquiétude{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=348}}.}}
 
Le {{date-|15 novembre 1943}} au soir, Missak demande exceptionnellement à sa femme de le retrouver à un rendez-vous dans un café situé [[rue du Cherche-Midi]], où Henri Karayan et Olga Bancic les rejoignent{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=113}}. {{citation|Tous trois se sont alors parlé tout bas, à l'oreille, puis Pierrette [Olga Bancic] m'a remis un paquet de la grandeur d'une boîte de chaussures […]. Nous avons alors formé deux couples, Henri et moi d'un côté, Pierrette et Manouche de l'autre. C'était de leur côté que des choses importantes se disaient}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=113-114}}. Seulement deux minutes après l'arrivée du deuxième couple, le café est pris d'un {{citation|mouvement général}}, signe d'une descente policière{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=114}}.
 
{{citation bloc|J'ai immédiatement dit à Manouche de partir, car il connaissait très bien les petites rues de ce quartier et c'est lui qui risquait le plus de nous tous. Mais il voulut récupérer le paquet que m'avait donné Pierrette. Il réagit ainsi selon son idée fixe : il fallait à tout prix que je vive. Il me disait toujours que l'important était que je reste en vie, quoi qu'il arrive : {{citation|Si on te prend, réponds que c'était moi qui t'ai obligée à faire ce que tu faisais, mais que tu n'étais au courant de rien…}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=114}}}}
 
Les quatre résistants s'enfuient chacun de leur côté et Mélinée parvient à retrouver son domicile avec son paquet{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=114-115}}. Missak l'attend alors et lui demande d'aller au cinéma ; à son retour, elle retrouve son mari en train de nettoyer un pistolet tiré du paquet, qui contenait donc des armes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=115}}. Il insiste alors pour lui apprendre le maniement des armes à feu{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=115-116}}. {{citation|Jamais je ne l'avais vu dans un état pareil. Tout, en lui, semblait refléter l'inquiétude la plus profonde. Lui qui, d'habitude, était si équilibré, […] ne cessait […] de marmonner des paroles auxquelles je ne comprenais rien}}, raconte Mélinée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=116}}. Elle retrouve dans sa poche un papier sur lequel était écrit le signalement de son mari, vraisemblablement issu des filatures de la police : {{citation|On ne pouvait pas s'y tromper, la description était parfaite. Rien ne manquait, ni la taille, ni la couleur des cheveux ou des yeux, ni l'allure et la façon de s'habiller. Il y était même mentionné la minuscule cicatrice sur la joue, signe particulier de presque tous les Arméniens venus de Syrie}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=116}}. {{citation|Si, demain, je ne suis pas rentré à dix heures et demie, tu laisses tout et tu sors. Nous nous retrouverons à huit heures du soir, au [[Danube (métro de Paris)|métro Danube]], comme convenu}}, dit-il à sa femme{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=117}}.
 
Mélinée raconte cette dernière soirée :
{{citation bloc|Ce soir-là, ce n'était pas le mari qui me parlait, mais le chef d'un groupe de Résistance. […] Il me regardait alors d'une étrange et terrible façon. Il y avait dans ses yeux à la fois de la pitié, de la crainte et l'expression d'un immense amour inachevé. Il savait que, pour lui, c'était la fin. […] Il voulait que je vive et, ainsi, continuer de vivre lui-même à travers moi. […] Il ne cessait de me répéter : {{citation|Ne t'en fais pas, surtout, ne t'en fais pas…}}. […] Il n'était pas dans son état normal : il savait. […] Je ne voulais pas qu'il parte, le lendemain matin. J'avais l'espoir fou de vouloir le retenir. […] Mais au plus profond de moi, je savais que je n'y parviendrais pas. […] J'ai bu peut-être dix ou quinze cafés, afin de ne pas m'endormir. Manouche, quant à lui, s'est endormi très rapidement. […] À un moment, je suis venue m'asseoir sur le lit, près de Manouche. Puis je ne me souviens plus de rien. Le lendemain, quand je me suis réveillée, il était plus de sept heures. Manouche était déjà parti. Je ne l'ai jamais revu{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=118-119}}.}}
 
Au matin du {{date-|16 novembre 1943}}, Manouchian est arrêté avec Joseph Epstein<ref name=":25" /> en [[Gare d'Évry-Val-de-Seine|gare d'Évry Petit-Bourg]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}{{,}}<ref name=":18">{{lien web|langue=fr|auteur1=[[Sylvain Boulouque]]|auteur2=Émile Vaizand|url=https://www.slate.fr/story/265881/pantheon-missak-manouchian-interrogatoire-arrestation-police-1943-histoire-seconde-guerre-mondiale|titre=[DOCUMENT] L'interrogatoire de Missak Manouchian par la police française en 1943|site=[[Slate (magazine)|Slate]]|date=20 février 2024|consulté le=22 février 2024|accès url=libre}}.</ref>{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=3}}, alors que, se sachant suivis depuis quelques mois, ils discutent de l'opportunité de disperser le groupe{{Sfn|Mélanie Courtois|2004|p=25}}. En voici le récit fait par les historiens [[Stéphane Courtois]], [[Denis Peschanski]] et [[Adam Rayski]] :
{{citation bloc|Le commissaire Barrachin est en personne sur le terrain avec quatre [[Inspecteur (police)|inspecteurs]]. Ils suivent Manouchian qui prend le train à la gare de Lyon et descend à Évry-Petit-Bourg. À la sortie de la gare, Manouchian aperçoit Epstein qui se met à marcher en direction de la Seine. Il le suit à une cinquantaine de mètres. Après avoir traversé une passerelle sur la Seine, Epstein, qui s'est déjà retourné à plusieurs reprises, convaincu d'être filé, descend sur la berge, très grasse et détrempée, et accélère le pas. Manouchian, qui s'est sans doute aussi aperçu de la filature, hésite, puis continue sa route. Poursuivi par deux inspecteurs et Barrachin, échelonnés tous les 80 mètres environ, Epstein conserve son avance et arrive dans une allée au sol plus dur. Se retournant, il aperçoit les policiers et se met à courir. L'inspecteur Chouffot tire à plusieurs reprises avant de le neutraliser. Rejoint par les trois policiers, Epstein leur oppose une forte résistance. Finalement, menotté dans le dos, il tente à nouveau de s'échapper mais sans succès. De son côté, Manouchian a été rattrapé par deux inspecteurs. Il tient dans la poche droite de son manteau un [[6,35 mm|6,35]] chargé avec une balle dans le canon mais décide de se rendre à la deuxième sommation. Il est 10 heures du matin{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=349-351}}.}}
 
Sur les 35 résistants repérés durant la troisième et dernière filature, 30 sont arrêtés{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=351}}. Mélinée quitte son domicile rue de Plaisance dans la précipitation, ne prenant que son sac, qui contient les rapports des opérations des FTP-MOI{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=122}}, mais oubliant chez elle le revolver que lui avait donné Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=121}}. Elle échappe ainsi de peu à la Gestapo, qui perquisitionne l'appartement vers midi, de même que son logement situé rue de Louvois{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=121}} ; cette planque, où la police trouve un certain nombre de documents compromettants, n'est perquisitionnée que plus tard{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}. Mélinée attend longtemps la venue de son mari au lieu de rendez-vous convenu, près du métro Danube, en vain{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=122}}. Restée avec des amis, elle est retrouvée chez eux par sa sœur Armène, qui lui annonce l'arrestation de Missak{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=123}}. Réfugiée chez les Aznavourian, elle se cache chez eux dans une petite pièce cachée dès que la sonnette retentit{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=124-125}}. Des militants la cachent ensuite pendant plusieurs semaines dans une planque près du [[boulevard de Magenta]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=127}}, puis plusieurs mois de nouveau chez les Aznavourian{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=125}}, [[rue de Navarin]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=130}}, puis enfin chez des sœurs sous la fausse identité de Jacqueline Albertini{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=133-135}}. Là, elle écoute la chronique quotidienne de [[Jean Hérold-Paquis]] sur [[Radio-Paris]], qui consacre une part non négligeable de son temps d'antenne à parler de Missak et de ses camarades {{incise|et les injurier}} alors incarcérés à la [[Centre pénitentiaire de Fresnes|prison de Fresnes]], pour avoir des nouvelles de son mari{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=134}}.
 
Le lendemain de l'arrestation de Missak Manouchian, Simon Rajman, le frère de Marcel, est lui aussi arrêté et emmené à la [[Préfecture de police (Paris)|préfecture de police de Paris]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=355}}. En salle 23, on le fait assoir sur un banc avec une vingtaine d'hommes et de femmes gardée par dix policiers armés{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=355}}. Il raconte : {{citation|Dès que je suis entré dans cette salle 23, j'ai été frappé par la silhouette d'un homme de taille moyenne qui restait figé, des heures durant, devant la fenêtre couverte pourtant d'un papier bleu et opaque. Il se retournait de temps en temps, quand les policiers ramenaient un détenu après un interrogatoire. J'ai su, par la suite, que cet homme était Manouchian}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=355}}. Simon est tabassé et est témoin des sévices commis contre d'autres membres du groupe, notamment son frère et [[Olga Bancic]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=355-356}}. La trahison de Davidovitch est vite connue des détenus{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=356}}. Missak Manouchian, lui aussi torturé{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=134}}, est interrogé<ref name=":18" />{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=134}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=7}}. Il passe rapidement aux aveux<ref name=":18" />, reconnaît les liens avec ses camarades mais ne donne aucun nom, se contenant des pseudos, et protège sa femme, expliquant qu'elle ne savait rien de ses activités{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=134}}.
 
Une trentaine de détenus sont ensuite emmenés au [[Centre de rétention administrative en France|dépôt]] pour l'[[identité judiciaire]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=356}}. Missak est finalement incarcéré à la prison de Fresnes{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=134}}, dans la cellule {{n°|354}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=154}}{{,}}{{Sfn|id=ASSS2|texte=''L'enquête menée ultérieurement par le PCF''|p=6}}. Il explique à son camarade de cellule, Joseph Tomasina, qu'il est au courant de la trahison de [[Joseph Davidovitch]] et qu'il soupçonne aussi celle de [[Boris Holban]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=154-155}}{{,}}{{Sfn|id=ASSS2|texte=''L'enquête menée ultérieurement par le PCF''|p=6}}{{,}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=227 et 289-290}}. Les 23 continuent d'être interrogés et torturés pendant leur incarcération{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=155}}. Un autre de ceux qu'il côtoie lors du temps qu'il passe à Fresnes est [[Julien Lauprêtre]], résistant communiste qui a alors seulement {{nobr|17 ans}} : {{citation|Il m'a dit {{citation|toi petit tu vas t'en sortir, il faudra continuer la lutte, moi je vais être fusillé}}. Je me suis dit, toi tu t'en es sorti, tu as fait une promesse à cet homme admirable. Il faut essayer que ça corresponde à ce que tu fais dans le quotidien}}{{note|groupe=n|texte=Une autre version, très proche, rapporte ces mots de Missak : {{citation|Moi je suis foutu, je vais être fusillé, mais toi il faut que tu fasses quelque chose d'utile et que tu rendes la société moins injuste}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Patrick Le Hyaric|titre=Julien Lauprêtre : l’humanité faite Homme|url=https://www.humanite.fr/societe/julien-laupretre/julien-laupretre-lhumanite-faite-homme|accès url=libre|site=humanite.fr|date=26-04-2019|consulté le=03-07-2024}}</ref>.}}, raconte-t-il plus tard{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=291}}.
 
==== Procès, propagande et exécution ====
[[Fichier:Le Matin cover (19-20 February 1944).png|vignette|Première page du journal ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'' (19-{{date-|20 février 1944}})<ref name=":8">{{Article|langue=fr|auteur1=Pierre Malo|titre=Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements|périodique=[[Le Matin (France)|Le Matin]]|numéro=21721|date=19-20 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k587960q}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=148}}.|alt=Numérisation de la manchette du journal Le Matin.]]
[[Fichier:Le Matin cover (21 February 1944).png|vignette|Première page du journal ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'' ({{date-|21 février 1944}}), qui montre Missak Manouchian<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Pierre Malo|titre=Au procès des terroristes l'équipe des dérailleurs avoue quatorze attentats|périodique=[[Le Matin (France)|Le Matin]]|numéro=21721|date=21-02-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k5879613}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>.|alt=Numérisation de la manchette du journal Le Matin.]]
[[Fichier:Missak Manouchian (Le Petit Parisien, 19-20 février 1944).png|vignette|Missak Manouchian dans ''[[Le Petit Parisien]]'' (19-{{date-|20 février 1944}})<ref name=":9" />.|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme moustachu.]]
[[Fichier:Groupe Manouchian dans L'Œuvre (19 February 1944).tif|vignette|Première page du journal ''[[L'Œuvre (journal)|L'Œuvre]]'' ({{date-|19 février 1944}}), qui montre Missak Manouchian en reprenant les photographies de propagande<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=René Bénédetti|titre=24 terroristes devant le Tribunal militaire de Paris|périodique=[[L'Œuvre (journal)|L'Œuvre]]|numéro=10190|date=19-20 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4622844b/f1}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>.|alt=Numérisation de la manchette du journal L'Œuvre.]]
[[Fichier:Caricature de Missak Manouchian et Olga Bancic (Pariser Zeitung, 20 février 1944).png|vignette|Caricature de Missak Manouchian et d'[[Olga Bancic]] par [[Jan Mara]] dans ''[[Pariser Zeitung]]'' ({{date-|20 février 1944}})<ref>{{Article|langue=de|auteur1=Paul Brix|titre=Terroristen auf der Anklagebank|traduction titre=Les terroristes sur le banc des accusés|périodique=[[Pariser Zeitung]]|numéro=50|date=20-02-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k6812438v/f3}}|pages=3|accès url=libre}}.</ref>.|alt=Numérisation d'une caricature montrant un homme et une femme de profil.]]
 
Des photographies de dix des vingt-trois résistants sont sélectionnés pour l'[[Affiche rouge]], composante d'une vaste campagne de propagande antisémite d'une semaine, baptisée {{Citation|l'armée du crime}}{{Sfn|id=ExpoIvry|texte=Exposition de la ville d'Ivry-sur-Seine|p=8}}{{,}}<ref name=":26" /> et préparée par le [[Comité d’action antibolchévique|Comité d'action antibolchévique]]<ref name=":25" />. Entre le 15 et le {{date-|20 février 1944}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=11}}, la propagande allemande placarde cette Affiche rouge à {{nombre|15000 exemplaires}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=144}}{{,}}<ref name=":25" />, complétée par un [[tract]], une brochure de 16 pages{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=145}} vendue 3 [[Franc français|Francs]]<ref name=":25" />, un film pour les [[actualités cinématographiques]] (''France Actualités'' du {{date-|11 février 1944}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Obsèques de trois gardes du GMR - Journal France Actualités - 11.02.1944 - 00:58 - vidéo |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe86002474/obseques-de-trois-gardes-du-gmr |format=vidéo |accès url=libre |site=ina.fr |date=11-02-1944 |consulté le=19-07-2024}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=146}}{{,}}<ref name=":26" />) et des passages à la radio et la presse écrite{{Sfn|Adam Rayski|2009|p=14}}, notamment un reportage du journal d'actualités ''[[Signal (journal)|Signal]]''{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=205}}. Dans la brochure, les prisonniers sont mis en scène en train de commettre des actes de terrorisme{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=145-146}}. L'Affiche rouge porte en médaillons noirs les visages de dix des membres du groupe{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=362}}. Celle de Manouchian a cette inscription : {{citation|Arménien, chef de bande, {{nobr|56 attentats}}, {{nobr|150 morts}}, {{nobr|600 blessés}}}}. La brochure, virulemment antisémite et xénophobe, dénonce les {{citation|métèques}} et les {{citation|assassins juifs et étrangers à la solde de Moscou et de Londres}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127}}. On peut notamment y lire : {{citation|Le crime est juif, et le crime est étranger. Et le crime est au service du judaïsme, de la haine juive, du sadisme juif comme la guerre est au service du judaïsme, du capitalisme et du bolchevisme juif}}<ref name=":25" />.
 
Le [[Procès à huis clos|procès a lieu à huis clos]] à l'[[Westin Paris Vendôme|hôtel Continental]] entre les 15 et {{date-|18 février 1944}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=156}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=186-187}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}, devant la [[cour martiale]] du tribunal allemand auprès du commandant du [[Paris sous l'occupation allemande|Grand Paris]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=357}} (plus précisément la section B du tribunal du ''Kommandant von Groß-Paris''{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}). Vingt-quatre des résistants arrêtés sont jugés, dont Missak Manouchian{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=358}}, que la réquisition au procès présente comme un « groupe Manouchian » (qui n'a jamais existé jusque-là<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur=Michel Laffitte|titre=Plaque à la mémoire des 23 membres de l'Affiche rouge |url=https://museedelaresistanceenligne.org/media5072-Plaque-la-mmoire-des-23-membres-de-lAffiche-rouge |accès url=libre |site=museedelaresistanceenligne.org |consulté le=25-02-2024}}</ref>{{,}}<ref name="dp" />). Ils sont accusés :
{{Citation bloc|du fait qu'ils sont suffisamment suspects de s'être livrés en France, au cours des années 1942 et 1943, à des actions contre l'[[Wehrmacht|armée allemande]] sans s'être rendus reconnaissables par leurs insignes règlementaires comme appartenant à la force armée ennemie, ainsi que le prescrivent les règlements du [[droit des gens]], et d'avoir détenu des armes et autres moyens de lutte armés, dans l'intention de s'en servir au détriment de la force armée allemande et d'effectuer des [[attentat]]s contre des membres de l'armée allemande{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=358}}.}}
 
Selon les historiens [[Stéphane Courtois]], [[Denis Peschanski]] et [[Adam Rayski]], la date d'ouverture du procès {{citation|est bien la seule chose qu'il soit possible d'affirmer avec certitude}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=357-358}}. Selon l'historienne Gaël Eismann, {{citation|le procès dit du groupe Manouchian fut sans doute plus expéditif qu'on l'a cru pendant longtemps}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}. Du procès, les [[Minute (droit civil)|minutes]] ont disparu des archives allemandes{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=441|loc=note 28}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137-138}}. Il n'existe pas non plus de photographie ni de film{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}. Quelques rares documents attestent du procès : une page du registre du tribunal confirmant le verdict par le général allemand [[Carl-Heinrich von Stülpnagel]] (retrouvée par l'historien Ahlrich Meyer){{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}, le témoignage de Clemens Rüther, chargé de convoyer les accusés, et un document d'archive mentionnant les noms de ceux-ci, ainsi que ceux des juges et des avocats{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=186}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137-138}}. Ce dernier document provient du dossier conservé au [[Service historique de la Défense]], dans lequel se trouvent aussi les bulletins des décès des 22 fusillés{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}.
 
Il donne lieu à une {{citation|gigantesque opération de propagande de la part des Allemands et de Vichy}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=360}}. Quelques journalistes de la presse allemande, notamment du ''[[Pariser Zeitung]]''<ref>{{Article|langue=de|titre=23 Terroristen zum Tode verurteilt|traduction titre=23 terroristes condamnés à mort|périodique=[[Pariser Zeitung]]|numéro=52|date=22 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k6812440x/f2}}|pages=2|accès url=libre}}.</ref>, et de la [[Collaboration en France#La presse collaborationniste, ou collaboration de plume|presse collaborationniste française]], font écho du procès et y assistent{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=11}}, mais les comptes-rendus qu'ils en donnent {{citation|sont quelquefois contradictoires, souvent imprécis et toujours partiaux}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=357-358}}. Il est difficile de savoir quels journalistes ont vraiment pu y assister, car la plupart des dits compte-rendus journalistiques s'appuient sur les [[Dépêche d'agence de presse|dépêches]] de l'[[Office français d'information]] (OFI), [[agence de presse]] officielle de l'[[Régime de Vichy|État français]]{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=441|loc=note 28}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=146-148}}, qui commence à transmettre des textes aux journaux à partir du {{date-|18 février 1944}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=361}}{{,}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=273-283}}. C'est en particulier la dépêche {{n°|1583}} qui est largement reprise, dépêche dans laquelle Missak Manouchian est mis en avant : {{citation|Les vingt-quatre accusés avaient à leur tête le nommé Missak Manouchian, né le {{date-|1er septembre 1906}} en Arménie turque, venu en France en 1924, et qui a fait son service militaire dans notre armée, avant d'être affecté spécial pendant cette guerre. Il serait rentré dans la « MOI » en {{date-|juillet 1943}}. Il affirme que c'était une organisation non politique, et il traduit les lettres « MOI » par « Main-d'œuvre ouvrière immigrée »}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=146-148}}{{,}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=273-274}}. ''[[Le Petit Marseillais (journal)|Le Petit Marseillais]]'' reprend ainsi par exemple l'une des dépêches de l'OFI<ref>{{Article|langue=fr|titre=Les actes de banditisme seront sévèrement punis|sous-titre=Devant une Cour martiale allemande, 70 individus sont jugés à Paris|périodique=[[Le Petit Marseillais (journal)|Le Petit Marseillais]]|numéro=27 497|pages=1|date=19-02-1944|lire en ligne=https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/18-fevrier-1944/437/1809781/1|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=361}}. Selon les historiens Dimitri Manessis et [[Jean Vigreux]] :
{{citation bloc|Les notes de l'OFI sont explicites et offrent à la presse des éléments à exposer au lectorat ; il s'agit de discréditer les menées « terroristes » et de louer les opérations de maintien de l'ordre orchestrées conjointement par l'occupant et les troupes françaises, sous la direction de [[Joseph Darnand]] : {{citation|hirsutes, agressifs et patibulaires, ces hommes sont en plus des “juifs”, des “rouges”, des étrangers}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=148}}.}}
 
Pour le journal parisien ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'', le journaliste Pierre Malo couvre le procès dans plusieurs numéros : ainsi, dans celui des 19-{{date-|20 février 1944}}, il décrit Manouchian comme un {{Citation|effroyable chef}}<ref name=":8" />. Il écrit ensuite :
{{Citation bloc|Il devait être, sans doute, difficile, pour ceux qui l'avaient vu une fois, d'oublier le visage de Manouchian. Des cheveux de jais, des yeux de nuit, des sourcils touffus dont les pointes s'allongent sur les tempes où elles rejoignent les pattes, la partie inférieure du visage avancée comme un groin. Intelligent {{incise|ou du moins paraissant tel, à côté de l'effroyable sottise de ses complices}} il ne se fait guère prier non seulement pour raconter sa vie, mais aussi pour exposer avec complaisance le mécanisme d'une organisation dans laquelle il est rentré au mois de juillet 1943<ref name=":8" />.}}
 
C'est aussi le cas de Louis Rouillac, pour ''[[Le Petit Parisien]]''<ref name=":9">{{Article|langue=fr|auteur1=Louis Rouillac|titre=Vingt-quatre auteurs de graves attentats commis sur le sol français sont jugés à Paris|périodique=[[Le Petit Parisien]]|numéro=24 292|pages=1 et 3|date=19-20 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k685224b/f1}}|accès url=libre}}</ref>, ou de René Benedetti, pour ''[[L'Œuvre (journal)|L'Œuvre]]'', qui parle d'un homme ayant {{citation|le regard sombre, le nez proéminent, le visage raviné et couturé. Chevelure brune abondante et moustache noire taillé en brosse}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=René Benedetti|titre=24 terroristes devant le Tribunal militaire de Paris|périodique=[[L'Œuvre (journal)|L'Œuvre]]|numéro=10 190|pages=1-2|date=19-20 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4622844b/f1}}|accès url=libre}}</ref>. Plus globalement, la presse collaborationniste dénonce le « cynisme »{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=158}} d'accusés qui assument pleinement les attentats commis (notamment les « dérailleurs » de Boczov<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Louis Rouillac|titre=Les déboulonneurs de rails expliquent au tribunal comment ils recevaient et exécutaient leurs consignes et par qui ils étaient armés|périodique=[[Le Petit Parisien]]|numéro=24 293|pages=1|date=21 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k685225q/f1}}|accès url=libre}}</ref>). Dans ses Mémoires, Mélinée rapporte cette tirade qu'aurait dite son mari et dont le texte aurait été diffusé sur la radio d'Alger :
{{citation bloc|[S'adressant aux Allemands] Vous, je n'ai rien à vous dire. J'ai fait mon devoir qui était de vous combattre. Je ne regrette rien de ce que j'ai fait. C'est maintenant à vous de jouer votre rôle : je suis entre vos mains. [S'adressant aux Français] Mais quant à vous, vous êtes Français. Nous, nous avons combattu pour la France, pour la libération de ce pays. Vous avez vendu votre conscience et votre âme à l'ennemi. Vous aviez hérité de la nationalité française, nous, nous l'avons méritée{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=159}}.}}
 
Le [[procureur]] prononce un réquisitoire qui ne dure qu'un quart d'heure, dans lequel il demande la mort pour 23 des accusés{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=358}}{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=La Cour martiale allemande qui juge à Paris 24 terroristes rendra son verdict aujourd'hui|périodique=[[Le Petit Marseillais (journal)|Le Petit Marseillais]]|numéro=27 498|pages=1|date=20-21 février 1944|lire en ligne=https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/20-fevrier-1944/437/1809675|accès url=libre}}</ref>. La défense [[Aide juridique|commise d'office]] prend ensuite la parole mais se contente de constater les « aveux » des accusés{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=359}}. Mélinée raconte que Missak récuse son avocat pour se défendre lui-même{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=158}}. Le journaliste Louis Rouillac écrit au sujet de Missak : {{Citation|Voici d'abord Manouchian, avec son casque de cheveux noirs et ses yeux sombres. Ses premiers mots sont pour dire qu'il ne nourrit aucune haine pour le peuple allemand en général mais qu'il est normal que, dans un monde en guerre, chacun soit travaillé par une idée}}<ref name=":14" />. Le président du tribunal livre finalement ses attendus, dans lesquels il dénonce l'{{citation|agitation}} des {{citation|Juifs}} :
{{citation bloc|Le bolchevisme et le judaïsme ont fait cause commune. La terreur rouge n'est pas seulement dirigée contre l'armée allemande, mais contre la France. […] Quant aux accusés que nous venons de juger, ce sont, pour la grande majorité, des étrangers et des Juifs que le sort de la France ne regarde pas. […] Les jugements doivent être impitoyables pour empêcher les autres de suivre un tel exemple<ref name=":14" />{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}.}}
 
Les vingt-trois sont condamnés à mort après une journée d'audience<ref>{{Article|titre=Le mouvement ouvrier immigré était dirigé par des Juifs qui prenaient leurs ordres de Moscou|périodique=[[Paris-Soir]]|numéro=1183|date=21-02-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k7643401p}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|titre=Le procès des 24 terroristes judéo-communistes - Le Juif Rajman et Alfonso complices de Missak Manouchian font aux juges le récit de l'assassinat du Dr. Ritter|périodique=[[Paris-Soir]]|numéro=1184|date=22-02-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k76434023}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref name=":14">{{Article|langue=fr|auteur1=Louis Rouillac|titre=Vingt-trois sur vingt-quatre des terroristes jugés par la cour martiale sont condamnés à mort|périodique=[[Le Petit Parisien]]|numéro=24 294|pages=1-2|date=22 février 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k6852263/f1}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=23 condamnations à mort ont été prononcées par la Cour martiale allemande de Paris|périodique=[[Le Petit Marseillais (journal)|Le Petit Marseillais]]|numéro=27 499|pages=1|date=22-02-1944|lire en ligne=https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/22-fevrier-1944/437/1809367/2|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=126}}, le {{date-|19 février 1944}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=441|loc=note 28}}. Les accusés n'ont pas la possibilité de faire [[Appel (droit)|appel]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=137}}. Le [[Ministère de l'Information (France)|ministère de l'Information]] transmet une instruction aux journaux pour qu'ils annoncent cette exécution : {{citation|En tête, sur une colonne minimum (obligatoire pour tous journaux) la dépêche : "Vingt-trois terroristes, presque tous étrangers, ont été condamnés à mort par la cour martiale de Paris}} ({{date-|21 février 1944}}){{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=10}}.
 
Quelques heures avant son exécution, Missak Manouchian se fait [[Sacrement de pénitence et de réconciliation|confesser]] et communie avec l'abbé [[Franz Stock]], aumônier du Mont-Valérien<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Paul Airiau|titre=Franz Stock, ''Journal de guerre, 1940-1947. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien''|nature article=Compte-rendu|périodique=Archives de sciences sociales des religions|numéro=188|pages=413-416|date=octobre-décembre 2019|doi=10.4000/assr.49585|lire en ligne=https://journals.openedition.org/assr/49585|accès url=libre}}.</ref>{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=152}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=140 et 144}}. Les condamnés à mort ont aussi le droit d'écrire des lettres pour leurs proches{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=160}}.
 
Le {{date-|21 février 1944}}<ref>{{Article|titre=Épilogue du procès des terroristes judéo-communistes - Vingt-deux-des condamnées à mort ont été exécutés|périodique=[[Paris-Soir]] sprint|numéro=1195|date=06-03-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k7643412g}}|pages=1|accès url=libre}}.</ref>, les vingt-deux hommes sont fusillés au Mont-Valérien{{note|groupe=n|texte=[[Affiche rouge#Liste des 23 membres du groupe exécutés|Liste des fusillés]] : [[Celestino Alfonso]], [[Joseph Boczov]], [[Georges Cloarec]], [[Rino Della Negra]], [[Thomas Elek]], [[Maurice Fingercwajg]], [[Spartaco Fontanot]], [[Jonas Geduldig]], [[Emeric Glasz]], [[Léon Goldberg]], [[Szlama Grzywacz]], [[Stanislas Kubacki]], [[Cesare Luccarini]], [[Arpen Tavitian]], [[Marcel Rajman]], [[Roger Rouxel]], [[Antoine Salvadori]], [[Willy Schapiro]], [[Amedeo Usseglio]], [[Wolf Wajsbrot]], [[Robert Witchitz]]. [[Joseph Epstein]], supérieur de Missak Manouchian et arrêté avec lui, est fusillé plus tard, le {{date-|11 avril 1944}}. [[Olga Bancic]], seule femme du groupe, n'est pas fusillée mais transférée en [[Allemagne]] et [[Guillotine|guillotinée]] le {{date-|10 mai 1944}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=17}}.}}{{,}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=360}}{{,}}{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127}}. Missak Manouchian et Celestino Alfonso auraient refusé de se couvrir les yeux face au peloton d'exécution{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=160}}. Il existe trois photographies clandestines des exécutions, prises par Clemens Rüther{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=153}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=141}} et publiées par [[Serge Klarsfeld]] en {{date-|décembre 2009}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Bastien Hugues |titre=Les derniers instants du groupe Manouchian |url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/12/11/01016-20091211ARTFIG00428-les-derniers-instants-du-groupe-manouchian-.php |accès url=libre |site=[[Le Figaro]] |date=11-12-2009 |consulté le=28-07-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur1=Frantz Malassis |titre=Photographie de l’exécution au Mont-Valérien de membres du groupe Manouchian |url=http://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/?p=photo&iIdPhoto=15 |accès url=libre |site=fondationresistance.org |consulté le=02-05-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Exécutions de résistants au Mont-Valérien (1944) |url=https://imagesdefense.gouv.fr/fr/executions-de-resistants-au-mont-valerien-1944.html |accès url=libre |site=imagesdefense.gouv.fr |consulté le=28-07-2024}}</ref>. Ils sont fusillés entre 15h16 et 15h56{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=142}}. Missak Manouchian est exécuté en même temps que [[Spartaco Fontanot]], Georges Geffroy, Pierre Lecornec et Yves Salaün{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=142}}. Après la Libération, Missak et ses camarades sont inhumés au [[cimetière parisien d'Ivry]] dans des fosses individuelles<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L’Affiche rouge |url=https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article5694 |accès url=libre |site=landrucimetieres.fr |date=24-04-2020 |consulté le=21-07-2024}}</ref>.
 
Clemens Rüther raconte ces derniers instants en 1985 :
{{citation bloc|Les condamnés étaient expédiés sur des camions et nous devions les suivre sur des motocyclettes. Au fort, dans une fosse, ils furent tous fusillés, quatre par quatre, par un commando des forces armées allemandes (Wehrmacht). Ils étaient liés à des poteaux et avaient les yeux bandés. Aux quatre suivants, ces mêmes bandeaux, qu'ils soient plein de sang ou non, étaient rattachés […]. [Tous étaient] accompagnés d'un prêtre catholique, Franz Stock de Neheim. Les fusillés furent mis sur place dans des cercueils. Nous devions encore accompagner le transport jusqu'au cimetière. Là-bas, ils étaient inhumés dans une fosse commune […]. Je fus le témoin du procès, du jugement et de l'exécution{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=141-142}}{{,}}{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=310}}.}}
 
Un autre témoignage daté du {{date-|24 février 1944}}, vraisemblablement indirect, de Moritz von Ratibor, accusateur public durant le procès, raconte :
{{citation bloc|Les accusés, qui pendant la séance ne cessaient d'afficher leur mépris à l'égard du tribunal et ignoraient les discours prononcés en allemand, écoutèrent la sentence du tribunal militaire avec une indifférence cynique montrant ainsi leur mépris total de la mort. Pendant le transfert des accusés en camions bâchés au lieu de la mise à mort, ils entonnèrent ''[[L'Internationale]]'' et seule l'intervention énergique des hommes d'escorte les contraignit à se taire. […] Les condamnés reprirent leur chant au moment de l'appel au Mont-Valérien avant la mise à mort. L'un des condamnés, en sortant de voiture, dit en allemand à notre soldat : {{citation|Aujourd'hui c'est mon tour de mourir, demain viendra le tiens}}. […] Debout devant les canons des fusils braqués sur eux, ceux des condamnés dont les mains n'étaient pas liées échangeaient énergiquement des saluts communistes en levant le poing droit et tous, sans exception, tant que les balles ne les avaient pas contraints à se taire, louaient le Parti communiste, l'[[Armée rouge]], [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]], [[Joseph Staline|Staline]] et maudissaient le [[Führer]] et [[Philippe Pétain|Pétain]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Arsène Tchakarian]]|titre=Les Fusillés du Mont Valérien et de la région parisienne|éditeur=Comité national du souvenir des fusillés du Mont Valérien|année=1993|pages totales=285|passage=157|bnf=402362938}}</ref>{{,}}{{sfn|Arsène Tchakarian|Hélène Kosséian|2012|p=286-287}}.}}
 
La plupart des articles de presse qui couvrent le procès sont marqués par la [[xénophobie]], l'[[antisémitisme]] et l'[[anticommunisme]]{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127}} afin de discréditer la Résistance aux yeux de l'[[opinion publique]] française{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=149}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=10}}.
 
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Fichier:Des libérateurs? La libération! Par l'armée du crime - L'Affiche rouge (FTP-MOI - réseau Manouchian).jpg|L'[[Affiche rouge]]{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=12}}.|alt=Reproduction d'une affiche de propagande où domine la couleur rouge. En haut, on pire lire "DES LIBÉRATEURS ?". Sous l'inscription, on trouve des photographies d'hommes et leur identité. En bas, on peut lire "LA LIBÉRATION PAR L'ARMÉE DU CRIME".
Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1983-077-09A, Französischer Widerstandskämpfer.jpg|Portrait conservé dans les [[Archives fédérales (Allemagne)|archives fédérales allemandes]], et reproduit sur l'[[Affiche rouge]]<ref>{{lien web|langue=de|titre=Französischer Widerstandskämpfer, Manouchian|traduction titre=Résistant français, Manouchian|url=https://www.bild.bundesarchiv.de/dba/de/search/?query=Bild+146-1983-077-09A|site=bild.bundesarchiv.de|consulté le=09-12-2008|accès url=libre}}</ref>.|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme moustachu vêtu d'un costume.
Fichier:Brochure "L'Armée du crime".jpg|Brochure ''L'Armée du crime'' diffusée en même temps que l'Affiche rouge. Missak Manouchian est représenté dans le médaillon{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=15}}.|alt=Numérisation d'un tract en noir et blanc intitulé "L'ARMÉE DU CRIME", sur lequel on peut voir deux hommes (un en haut à gauche, l'autre en bas à droite) ainsi qu'un train déraillé.
Fichier:Verso tract Affiche rouge 1944.jpg|Tract de propagande reprenant au recto l'affiche et dénonçant au verso le « sadisme juif » et « le complot de lʼAnti-France », février 1944. coll. Musée de la Résistance nationale, Champigny{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=13}}.|alt=Numérisation d'un tract.
Fichier:Manouchian group (February 1944)-1.png|Certains membres du Groupe Manouchian peu de temps avant leur exécution, en {{date-|février 1944}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'un groupe de huit hommes réuni à l'extérieur d'un bâtiment.
Fichier:FTP-MOI Urteil.png|Verdict du procès{{sfn|Adam Rayski|2009|p=50}}.|alt=Numérisation d'une liste de noms.
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==== ŒuvreDernières poétiquelettres ====
Depuis la [[Centre pénitentiaire de Fresnes|prison de Fresnes]], Missak Manouchian a l'autorisation d'écrire des lettres pour ses proches{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=144}} : il en écrit deux{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=16}}, l'une à Mélinée{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=154-155}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=18-21}}, et l'autre à Armène, sœur de cette dernière{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=156-157}}{{,}}{{Sfn|id=filatures1|texte=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|p=22-23}}. Dans la lettre à sa femme, il affirme qu'il {{Citation|meurt en soldat régulier de l'[[Armée française de la Libération]]}}<ref>M. Manouchian, « Lettre à [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] », cité dans {{ouvrage|auteur=Guy Krivopissko|titre=La Vie à en mourir|sous-titre=Lettres de fusillés 1941-1944|passage=287-288|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|lieu=Paris|date=avril 2003|isbn=9782847340792|pages totales=367|collection=Archives contemporaines}}.</ref>. Il souhaite à Mélinée de se remarier, d'avoir des enfants et d'apporter ses souvenirs « si possible » à ses parents en Arménie, mais pas forcément de s'y installer pour vivre comme l'écrit en 1955 le poème d'Aragon enjoignant de {{citation|demeurer dans la beauté des choses, quand tout sera fini plus tard en Erivan}}<ref name=":13">{{Lien web |langue=fr |titre=“L’Affiche rouge”, de Ferré et Aragon, chante-t-elle vraiment l’Histoire ? |url=https://www.telerama.fr/musique/l-affiche-rouge-de-ferre-et-aragon-chante-t-elle-vraiment-l-histoire-7019356.php |accès url=libre |site=telerama.fr |date=2024-02-21 |consulté le=2024-02-25}}</ref>, à une veuve qui a dû attendre 1962 pour pouvoir revenir en France, dans le cadre d'accords négociés avec une [[République socialiste soviétique d'Arménie]] au bord de la famine<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=J. Varoujean-Guréghian|préface=[[Yves Ternon]]|titre=Le Golgotha de l'Arménie mineure. Le destin de mon père|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|collection=Mémoires du {{s-|XX}}|année=2000|pages totales=208|isbn=978-2-7384-7995-2}}.</ref>{{,}}<ref name=":13" />. Les deux lettres de Missak ne parviennent à leurs destinataires que fin {{date-|novembre 1944}}{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=162-163|loc=note 61}}. Le {{date-|24 janvier 1945}}, Mélinée porte plainte contre les policiers qui ont arrêté Missak et qui ont procédé à la perquisition de leur domicile{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=2}}. Elle est de plus entendue dans le cadre de l'instruction judiciaire qui aboutit en 1948 à la condamnation de l'un deux, Émile Constant{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=3}}.
* [[Pierre Seghers]] reconnaît le poète qu'est Missak Manouchian et l'inclut dans son anthologie ''La Résistance et ses poètes'', où il publie trois de ses textes<ref>Pierre Seghers, ''La Résistance est ses poètes (France 1940 / 1945)'', Poésie Seghers, 1974 (nouvelle édition 2004), {{p.|504-506}} {{ISBN|2-232-12242-5}}.</ref>
* {{Ouvrage|langue=hy|illustrateur=[[Melkon Kebabdjian]]|titre=Բանաստեղծություններ|traduction titre=''Banasteghtsutʻyunner'', Poèmes|lieu=Paris|éditeur=Impr. B. Eléguian|année=1946|pages totales=95|lire en ligne=https://bina.bulac.fr/ARM/BIULO.MEL.8.1372.1|accès url=libre|id=Manouchian1946}}
** {{Ouvrage|langue=hy|titre=Իմ երգը|traduction titre=Im yergě, Mon chant|lieu=[[Erevan]]|éditeur=Hayastani Petakan Hratarakchʻutʻyun|date=1956|pages totales=94|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/HAY%20GIRQ/Ardy/1951-1980/imergy_manushyan_1956.pdf|accès url=libre|id=Manouchian1956}}
** {{Ouvrage|langue=hy+fr|traducteur=Stéphane Cermakian|préface=[[André Manoukian]] et [[Didier Daeninckx]]|titre=Ivre d'un grand rêve de liberté|éditeur=[[Éditions Points]]|nature ouvrage=édition bilingue|collection=Points poésie|année=2024|pages totales=216|isbn=979-1041414673|id=Manouchian2024}}
 
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Fichier:Lettre de Missak Manouchian à Mélinée (1 sur 2).jpg|Première page de la lettre à Mélinée.|alt=Numérisation d'une lettre manuscrite.
{| class="toccolours" style="float: center; margin-left: 0em; margin-right: 1em; font-size: 100%; background:#c6dbf7; width:28em; max-width: 75%;" cellspacing="5"
Fichier:Lettre de Missak Manouchian à Mélinée (2 sur 2).jpg|Deuxième page.|alt=Numérisation d'une lettre manuscrite.
| style="text-align: left;" |
Fichier:Lettre de Missak Manouchian à Armène.jpg|Lettre de Missak Manouchian à Armène.|alt=Numérisation d'une lettre manuscrite.
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{{boîte déroulante/début|titre=Retranscription de la lettre à Mélinée}}
:''[…]''
<!-- Merci de ne pas corriger cette retranscription, qui inclut les fautes et coquilles originelles -->
21 février 1944, Fresne<br>
Ma chère Méline, ma petite orpheline bien aimée. Dans quelques heures je ne serai plus de ce monde. On va être fusillé cet après midi à {{nobr|15 heures}}. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, jy ne crois pas, mais pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire, tout est confus en moi et bien claire en même temps. Je m'étais engagé dans l'armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et de but. Bonheur ! à ceux qui vont nous survivre et goutter la douceur de la liberté et de la Paix de demain. J'en suis sûre que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoir dignement. Au moment de mourir je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il meritera comme chatiment et comme recompense. Le peuple Allemand et tous les autres peuples verront la paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur ! à tous ! — j'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendu heureuse. Jaurais bien voulu avoir un enfant de Toi comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre sans faute et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté. Marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je lègue à toi et à ta sœur et pour mes neveux. Après la guerre tu pourra faire valoir ton droit de pension de guerre en temps que ma femme, car je meurs en soldat regulier de l'armée française de la Libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écris qui valent d'être lus. Tu apportera mes souvenirs si possibles, à mes parents en Arménie. Je mourrais avec mes 23 camarades toute à l'heure avec courage et serénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement je n'ai fais mal à personne et si je l'ai fais, je l'ai fais sans haine. Aujourd'hui il y a du soleil. C'est en regardant au soleil et à la nature que j'ai tant aimé que je dirai Adieu ! à la vie et à vous tous ma bien chère femme et mes biens chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal où qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous à trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendu. Je t'embrasse bien bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaisse de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami ton camarade ton mari Manouchian Michel ''djanigt''<br>
PS : j'ai quinze mille francs dans la valise de la Rue de Plaisance si tu peus les prendre rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.
{{boîte déroulante/fin}}
 
{{boîte déroulante/début|titre=Retranscription de la lettre à Armène}}
:''Quand j'erre dans les rues d'une métropole,''
<!-- Merci de ne pas corriger cette retranscription, qui inclut les fautes et coquilles originelles -->
:''Toutes les misères, tous les dénuements,''
21 février 1944, Fresne<br>
:''Lamentation et révolte l'une à l'autre,''
Bien chère Armène<br>
:''Mes yeux les rassemblent, mon âme les loge.''
Dans deux heures je ne serai plus de ce monde. Je ne vous verrai plus jamais mais jaurais bien voulu vous voir une dernière fois et vous serrer bien fort sur mon cœur, mais on nous donne pas de temps. Je vous prie de ne pas pleurer et rester brave et courageuse comme je le suis en ce moment. Je te prie de bien vouloir veiller sur Méline, de la consoler et de la rendre heureuse en la mariant après la guerre et en te mariant toi-même. J'embrasse bien, bien, bien chaudement Armand et Vincent par les yeux, par les fronts, par les joues et partout. Par eux j'embrasse la nouvelle génération qui va venir après la guerre et qui sera bien heureuse. J'embrasse bien fort tous mes amis tous ceux qui me connaissent de près ou de loin sant exeption et que je regrette ne pas pouvoir les nommer tous. Que personne ne pleure sur moi et qu'on fête le 22 février, l'anniversaire de mon mariage en mon absence. J'espère que l'année prochaine en cette datte toi et Méline vous vous marierez toute les deux en présence de tous mes amis. Chère Armène je vous ai tous aimé bien tendrement et je penserai à vous tous jusqu'à ma dernière souffle. Je vous prie de ramasser tous mes affaires qui sont éparses par ci par là et reunir tout ce qui pourrait servir pour honorer ma memoir. Je vous souhait à tous Bonheur et longue vie. Il faut penser aussi au memoir de Manoukian qui meurt avec moi. À ma concièrge, à mes amis de provinces à tous salut et bonheur. Courage ! Une dernière fois je vous serre bien fort sur ma poitrine et Adieu !<br>
Ton ami, ton frère, ton camarade qui t'a aimé et qui vous a bien aimé tous.<br>
Manouchian Missak
{{boîte déroulante/fin}}
 
==== Réactions à l'Affiche rouge et au procès ====
:''Je les mêle ainsi à ma souffrance intime,''
Le {{date|1 mars 1944}}, une semaine après l'exécution des 23, ''[[L'Humanité]]'' clandestine consacre un entrefilet de quelques lignes à Missak Manouchian et à ses camarades fusillés, sans citer aucun nom<ref>{{Article|langue=fr|titre=Ils sont morts pour la France|périodique=[[L'Humanité]]|numéro=280|pages=2|date=01-03-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k879668r/f2}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref name=":25" />. En plus de cet article, le [[Parti communiste français|PCF]] rend hommage par un [[tract]] et un communiqué aux fusillés{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=150}}. Dans ce communiqué, on peut lire :
:''Préparant avec les poisons de la haine''
{{citation bloc|[…] le procès […] a donné le démenti le plus cinglant aux odieuses campagnes de xénophobie des boches. Les juges nazis ont reproché aux accusés plusieurs dizaines d'actions, mais toutes ont été des actions de guerre contre les occupants de notre pays ; exécution du Dr. Ritter, organisateur de la déportation de nos ouvriers et de nos jeunes, attaques de casernes, de détachements armés boches, de camions transportant des soldats, d'hôtels boches, déraillement de trains de permissionnaires, etc. Aucun acte contre les Français n'a pu être avancé par les juges nazis contre ces nobles jeunes gens, que la presse vendue, qui se dit française, a pendant des semaines calomnié et couvert de boue […] De même que [[Giuseppe Garibaldi|Garibaldi]], venu lutter aux côtés des Français pour libérer notre patrie envahie, était l'objet des pires attaques de la part des capitulards et des traîtres, de même les traîtres de Vichy font chorus aujourd'hui avec leurs maîtres boches pour insulter les FTP immigrés. Mais le peuple de France salue ces braves qui n'ont pas hésité à sacrifier leur jeune vie pour que vive la France, que le monde soit à jamais débarrassé de la barbarie hitlérienne{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=150-151}}.}}
:''Un âcre sérum – cet autre sang qui coule''
:''Par tous les vaisseaux de ma chair, de mon âme.''
 
L'[[Affiche rouge]] sur les murs de [[Paris]] par l'occupant nazi ne produit pas tout à fait l'effet escompté : ainsi, ''[[Les Lettres françaises]]'' clandestines témoignent de la réaction de certains passants{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=363}} :
:''Cet élixir vous semblerait-il étrange ?''
{{Citation bloc|Une femme confie à son compagnon :<br>
:''Il me rend du moins la conscience du tigre,''
— Ils ne sont pas parvenus à leur faire de sales gueules.<br>
:''Lorsque dents et poings serrés, tout de violence,''
[…] Les passants contemplent longuement ces visages énergiques aux larges fronts. Longuement et gravement comme on salue des amis morts. Dans les yeux, aucune curiosité malsaine, mais de l'admiration, de la sympathie, comme s'ils étaient des nôtres. […] Sur l'une des affiches, la nuit, quelqu'un a écrit au charbon en lettres capitales ce seul mot : MARTYRS<ref>{{Article|langue=fr|titre=Choses vues : L'Affiche|périodique=[[Les Lettres françaises]]|numéro=14|pages=2|date=mars 1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k884317k/f2}}|accès url=libre}}</ref>.}}
:''Je passe par les rues d'une métropole.''
 
De même, à la [[BBC]], [[André Gillois]] rend hommage aux résistants de l'Affiche rouge lors d'une allocution {{date-|1 juin 1944}}, reprenant vraisemblablement l'anecdote des ''Lettres françaises'' :
:''Et qu'on dise de moi : il est fou d'ivresse,''
{{citation bloc|On entendit dans la foule une femme dire : {{citation|Malgré tous les efforts des Boches, ces portraits représentent pour nous le symbole de la Résistance}}. Ce fut une foule pleine d'admiration silencieuse qui regardait cette affiche ; le lendemain matin, une de ces affiches avait été rayée, et avec un coup de craie le mot suivant inscrit : {{citation|martyrs ?}} Voici l'hommage que Paris rend à ceux qui n'ont jamais cessé de lutter pour la liberté{{Sfn|id=MAP2023|texte=Denis Peschanski 2023|p=127-128}}.}}
:''Flux et reflux d'une vision''
:''Ne cessent d'investir mes propres pensées,''
:''Et je me hâte, assuré de la victoire.''
 
En {{date-|avril 1944}}, ''La Vie de la M.O.I.'' évoque l'{{citation|échec de la campagne de xénophobie}} de l'Affiche rouge<ref>{{Article|langue=fr|titre=L'échec de la campagne de xénophobie|périodique=La Vie de la M.O.I.|numéro=8|date=avril 1944|pages=2|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k879956k/f2}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=363-364}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=363}}.
 
De fait, des organisations de la Résistance dénoncent cette campagne de propagande, notamment le PCF clandestin{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=150}}, l'[[Union des juifs pour la résistance et l'entraide]] (UJRE) via une brochure intitulée ''Pourquoi ils luttent, pourquoi ils meurent ?''<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Pourquoi ils luttent, pourquoi ils meurent ?|url=http://lesresistances.france3.fr/documentaire-pcb/ourquoi-ils-luttent|site=lesresistances.france3.fr|accès url=libre|éditeur=[[Union des juifs pour la résistance et l'entraide]]|date=mars 1944|consulté le=25-02-2024}}</ref>{{,}}{{Sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=364-368}} ou encore le [[Mouvement national contre le racisme]] via un tract intitulé ''La France aime, admire, vénère tous les combattants de la Libération''<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La France aime, admire, vénère tous les combattants de la Libération|url=https://archives.mrap.fr/mediawiki/images/0/04/MNCR_tract_mars44a.pdf|site=archives.mrap.fr|accès url=libre|éditeur=[[Mouvement national contre le racisme]]|date=mars 1944|consulté le=14-07-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=364}}.
 
== Œuvre poétique ==
=== Publications posthumes ===
* {{Ouvrage|langue=hy|illustrateur=[[Melkon Kebabdjian]]|titre=Բանաստեղծութիւններ|traduction titre=Poèmes|lieu=Paris|éditeur=Impr. B. Eléguian|année=1946|pages totales=95|lire en ligne=https://archive.org/details/BIULO.MEL.8.1372.1|accès url=libre|id=Manouchian1946}}
* {{Ouvrage|langue=hy|titre=Իմ երգը|traduction titre=Mon chant|lieu=[[Erevan]]|éditeur=Éditions de la république d'Arménie|date=1956|pages totales=94|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/HAY%20GIRQ/Ardy/1951-1980/imergy_manushyan_1956.pdf|accès url=libre|id=Manouchian1956}}
* {{Ouvrage|langue=hy+fr|traducteur=Stéphane Cermakian|préface=[[André Manoukian]] et [[Didier Daeninckx]]|titre=Ivre d'un grand rêve de liberté|éditeur=[[Éditions Points]]|nature ouvrage=édition bilingue|collection=Points poésie|année=2024|pages totales=216|isbn=979-1041414673|lire en ligne={{Google Livres|vw_mEAAAQBAJ}}|accès url=limité|id=Manouchian2024}}
 
=== Liste des poèmes connus ===
{{boîte déroulante/début|titre=Liste des poèmes}}
 
{| class="wikitable"
|+
! Titre en arménien
! Traduction en français
! Date et/ou lieu
! Première parution
! {{Harvsp|id=Manouchian1946|texte=Édition arménophone française de 1946}}
! {{Harvsp|id=Manouchian1956|texte=Édition arménophone soviétique de 1956}}
! {{Harvsp|id=Manouchian2024|texte=Édition bilingue française de 2024}}
! Notes
|-
| {{lang|hy|texte=Յուսախաբ երազներ}}
| style="text-align: right; font-size: 90%;" |M. Manouchian, « Privation »<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Rouben Mélik]]|directeur=oui|traducteur=G. Hékimian|titre=La Poésie arménienne|sous-titre=Anthologie des origines à nos jours|passage=325|éditeur=Les [[Éditeurs français réunis]]|lieu=[[Paris]]|année=1973|pages totales=563|bnf=34552765t}}.</ref>.
| ''Rêves déçus''
|}</center>
| {{date-|14 décembre 1922}} à l'orphelinat de [[Jounieh]]
{{clr}}
| ''Ayk''
<br />
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<center>
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| align="center" | {{emoji|274C}}
| style="text-align: left;" |
| Traduction en français des quatre premiers vers dans {{Harvsp|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=41}}.<br>Traduction différente et plus complète dans {{Harvsp|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=199}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Դեպի Ֆրանսա}}
| ''Vers la France''
| entre {{date-|octobre 1924}} et {{date-|janvier 1925}} à [[La Seyne-sur-Mer]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=202}}
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|34-37}}
| Reproduction du manuscrit en arménien et traduction en français par Jean-Charles Depaule dans {{Harvsp|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=202-203}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Վերացում}}
| ''Élévation''
| écrit à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
| ''[[Anahit]]'' {{n°|1-2}} de mai-{{date-|août 1931}} ({{p.|91}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%281-2%29.pdf}}
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| Reproduit dans ''[[Anahit]]'' {{n°|1}} de janvier-{{date-|juin 1946}} ({{p.|11}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf}}
|-
| {{lang|hy|texte=Հայելին եւ ես}}
| ''Le miroir et moi''
|
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|42-45}}
| Traduction en français par Gérard Hékimian dans {{Harvsp|Rouben Mélik|1973|p=325-326}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Բնութեան հետ}}
| ''Avec la nature''
| {{date-|13-08-1929}} à [[Granville]]
| ''[[Anahit]]'' {{n°|5-6}} de janvier-{{date-|avril 1931}} ({{p.|156}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%285-6%29.pdf}}
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|15-16}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|46-49}}
| Reproduction du manuscrit en arménien dans {{Harvsp|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=197}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Վերապրում}}
| ''Survivance''
| {{date-|1 juin 1930}} à Paris
| ''[[Tchank]]'' {{n°|1}} de {{date-|juillet 1930}} ({{p.|6}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(1).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|23}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|17}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|50-51}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Չեմ սփասում}}
| ''Je ne regrette pas''
| {{date-|15 novembre 1930}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|24}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|20}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|52-53}}
| Poème en [[arménien oriental]].
|-
| {{lang|hy|texte=Նոր տարի}}
| ''Nouvelle année''
| {{date-|1 janvier 1931}} à Paris
| ''[[Tchank]]'' {{n°|7}} de {{date-|janvier 1931}} ({{p.|84}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(7).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|25}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|21}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|54-55}}
| Dédié à son instituteur Krikor Bogharian<br>Traduction en français par Jean-Charles Depaule dans {{Harvsp|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=206-207}}.<br>Manuscrit autographe reproduit dans {{Harvsp|id=MAP2023|texte=Missak et Mélinée Manouchian 2023|p=72-73}} et traduit en français par [[Claire Mouradian]]
|-
| {{lang|hy|texte=Հողի կարօտ}}
| ''Nostalgie de la terre''
| {{date-|25 juillet 1931}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
| ''[[Anahit]]'' {{n°|5-6}} de janvier-{{date-|juin 1932}} ({{p.|70-71}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1931/1931%285-6%29.pdf}}
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|56-61}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Ինծի կ՛ըսեն}}
| ''Ils me disent''
| {{date-|26 mai 1932}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|29}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|29-30}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|62-63}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Մուրայիկ}}
| ''Mendiante''
| {{date-|5 juin 1932}}
|
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| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|64-65}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Ձանձրոյթ}}
| ''Ennui''
| {{date-|2 juillet 1932}} à Paris
| ''[[Anahit]]'' {{n°|3-6}} de {{date-|novembre 1932}}-{{date-|avril 1933}} ({{p.|141}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1932-1933/3-6.pdf}}
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| align="center" | {{emoji|274C}}
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| Reproduit dans ''[[Anahit]]'' {{n°|1}} de janvier-{{date-|juin 1946}} ({{p.|12}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf}}
|-
| {{lang|hy|texte=Ինքնանկար}}
| ''Autoportrait''
| {{date-|10 décembre 1932}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|70-73}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Ձանձրախտ}}
| ''Langueur''
| {{date-|16 décembre 1932}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|274C}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Խղճիս}}
| ''À ma conscience''
| 1933 à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|274C}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Խռովք}}
| ''Agitation''
| {{date-|13 mai 1933}} à Paris
|
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|
|-
| ***
|
| {{date-|1 février 1933}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|38}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Անծանօթ կանչ}}
| ''Appel inconnu''
| {{date-|14 février 1933}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
|
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Օտարութիւն}}
| ''Étrangéité''
| {{date-|juillet 1933}} à Paris
|
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|
|-
| ***
|
| {{date-|17 juin 1933}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
|
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Երկմտանք}}
| ''Dubitation''
| {{date-|20 août 1933}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|274C}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Աղօթք}}
| ''Prière''
| {{date-|10 mars 1933}}
| ''[[Anahit]]'' {{n°|3-4}} d'octobre-{{date-|décembre 1933}} ({{p.|38}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1933/1933(3-4).pdf}}
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| align="center" | {{emoji|274C}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Վազք}}
| ''Course''
| {{date-|21 octobre 1933}} à [[Alfortville]]
|
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Ուրախութեան}}
| ''À la joie''
| {{date-|19 novembre 1933}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|98-99}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Գիշերային պահ}}
| ''Nocturne''
| {{date-|mai 1933}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|46-47}}
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|
|-
| {{lang|hy|texte=Մուսայիս}}
| ''À ma muse''
| {{date-|décembre 1933}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|104-107}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Ձօն Վահան Թէքէեանին}}
| ''À Vahan Tékéyan''
| janvier-{{date-|février 1934}} à Paris
| ''[[Anahit]]'' {{n°|5-6}} de janvier-{{date-|juin 1934}} ({{p.|80}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1934/1934(5-6).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|50}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|62-63}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|108-111}}
| Poème dédié à l'écrivain [[Vahan Tékéyan]].
|-
| {{lang|hy|texte=Ուրախութեան}}
| ''À la joie''
| écrit à Paris
| ''[[Zangou]]'' {{n°|46}} du {{date-|10 avril 1936}} ({{p.|2}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1936/1936(46).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|51}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|112-113}}
| Second poème avec le même titre. Écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).
|-
| {{lang|hy|texte=Նկարիչ Անգլուհին}}
| ''La peintre anglaise''
| {{date-|14 mai 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|52}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|114-115}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Զրկանքը}}
| ''La privation''
| {{date-|30 juin 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|53}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|60-61}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|116-119}}
| Traduction en français par Gérard Hékimian dans {{Harvsp|Rouben Mélik|1973|p=324-325}} et dans {{Harvsp|Pierre Seghers|2022|p=195-196}}
|-
| ***
|
| {{date-|14 août 1934}}
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|40}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|120-121}}
|
|-
| ***
|
| {{date-|21 août 1934}} à Paris
|
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| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|41}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|122-123}}
|
|-
|-
| {{lang|hy|texte=Հոգմը}}
| ''Le souci''
| {{date-|septembre 1935}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|56-57}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|75-76}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|124-127}}
| Reproduit dans {{Harvsp|id=Loussaghbiour1953|texte=''Loussaghbiour'' 1953|p=201}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Սիրերգ}}
| ''Chant d'amour''
| {{date-|août 1930}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|58}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|18}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|128-129}}
| Poème dédié à Amélia.
|-
| {{lang|hy|texte=Կեանքիս երքը}}
| ''Le chant de ma vie''
| 1935 à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|59-60}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|78-80}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|130-133}}
|
|-
| ***
|
| 1931 à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|61}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|25-26}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|134-135}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Քերթողի սէր}}
| ''L'amour du poète''
| {{date-|18 mars 1931}} à Paris
| ''[[Tchank]]'' {{n°|8-9}} de février-{{date-|mars 1931}} ({{p.|102}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1931(8-9).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|62}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|136-137}}
| Le titre de ce poème a disparu dans les éditions posthumes, remplacé par ***.<br>Il y a de plus quelques variations entre le poème original et l'édition posthume, la plus notable étant la suppression de la dernière strophe dans l'édition de 1946.
|-
| {{lang|hy|texte=Նկար}}
| ''Tableau''
| {{date-|11 novembre 1931}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|63-64}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|27-28}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|138-141}}
| Poème dédié à {{Mlle}} H. L. (en caractères latins dans le texte).
|-
| {{lang|hy|texte=Կարօտ}}
| ''Nostalgie''
| {{date-|28 mai 1933}} à [[Châtenay-Malabry|Châtenay]]
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|65-66}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|142-145}}
| Poème dédié à {{Mlle}} A. S.
|-
| {{lang|hy|texte=Պատկեր}}
| ''Image''
| {{date-|28 février 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|67}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|146-147}}
| Poème dédié à la camarade Krikorian.
|-
| ***
|
| {{date-|6 avril 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|68-69}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|148-151}}
| Poème dédié à {{Mlle}} J.
|-
| ***
|
| {{date-|5 mai 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|70}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|152-153}}
| Poème dédié à {{Mlle}} L.
|-
| {{lang|hy|texte=Կիրքը}}
| ''La passion''
| {{date-|10 juillet 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|71}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|154-155}}
|
|-
| ***
|
| {{date-|19 juillet 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|72}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|156-157}}
| Poème dédié à {{Mlle}} K.
|-
| {{lang|hy|texte=Հանրակնոջ մը}}
| ''À une femme publique''
|
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|73-74}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|158-161}}
|
|-
| ***
|
| {{date-|21 août 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|75}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|162-163}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Նամակը}}
| ''La lettre''
| {{date-|18 juin 1935}}
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|76}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|164-165}}
| Poème dédié à Pergrouhi.
|-
| {{lang|hy|texte=Ընդվզում}}
| ''Sédition''
| {{date-|octobre 1930}} à Paris
| ''[[Tchank]]'' {{n°|4}} de {{date-|octobre 1930}} ({{p.|53}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/JanqP/1930(4).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|77}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|19}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|166-167}}
|
|-
| {{lang|hy|texte=Պայքար}}
| ''Lutte'' (ou ''Combat'')
| {{date-|15 mars 1933}} à Paris
| ''[[Anahit]]'' {{n°|1-2}} de janvier-{{date-|février 1935}} ({{p.|80}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/1-2.pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|78}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|57}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|168-169}}
| Reproduit dans ''[[Anahit]]'' {{n°|1}} de janvier-{{date-|juin 1946}} ({{p.|12}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf}}<br>Traduction en français par [[Archag Tchobanian]] dans {{Harvsp|Archag Tchobanian|1945|p=41}}{{note|groupe=n|texte=En voici le texte :
{{Citation bloc|Mon âme est une barque<br>Livrée aux souffles de l'immense Océan des désirs.<br>Des privation, des outrages — vents glacés —<br>Et le temps qui passe, me frappent constamment,
 
Une ombre impénétrable descend parfois autour de moi,<br>Il ne reste plus pour guides que les étoiles et la lune,<br>Et soudain toutes les sirènes de la mort au langage enchanteur<br>Deviennent mes conseillères.
:''Avant la tombée de la nuit, tu as parcouru le monde,''
 
:''Tu nous apportes l'écho de tous les horizons de la vie,''
Mais elles sont pour moi de vieilles connaissances,<br>Je ne me laisse pas tromber par leurs paroles mielleuses ;<br>Allumant les mille flambeaux de ma foi,<br>Je navigue obstinément vers l'appel de l'Espoir.
:''De toutes ses mains usées par le travail, des luttes et des victoires,''
 
:''Ton appel semblable à la lumière sans entrave des rayons de l'aube.''
Que les vents effrenés me flagellent !<br>Une colère de tigre enchaîné<br>Féconde mon âme par la force impétueuse<br>D'un gigantesque orage qui doit éclater{{Sfn|Archag Tchobanian|1945|p=41}}.}}}} et dans {{Harvsp|Pierre Seghers|2022|p=197-198}}.
:''Transi et fouetté par la tempête, tu es le feu qui nous réchauffe.''
|-
:''Dans l'obscurité maudite, de notre serment tu es la flamme ardente,''
| {{lang|hy|texte=Գործազուրկները}}
:''Flambée éternelle que les esprits en furie''
| ''Les sans-travail''
:''Vocifèrent de leur haine impudente pour t'éteindre à jamais.''
| {{date-|10 septembre 1933}} à [[Alfortville]]
:''Il semble parfois que tu vas t'éteindre, cependant chaque jour''
| ''[[Zangou]]'' {{n°|31}} du {{date-|27 décembre 1935}} ({{p.|2}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(31).pdf}}
:''Des volontés d'acier t'attisent, te tiennent debout,''
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|79-80}}
:''Et toi haletant, comme un apôtre aux jours de combat,''
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|55-56}}
:''Tu montres le chemin de la lumière pour la grande victoire de l'Humanité.''
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|170-173}}
| Poème écrit à l'occasion d'une manifestation et écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).<br>Reproduit dans {{Harvsp|id=Loussaghbiour1953|texte=''Loussaghbiour'' 1953|p=201}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Տիմիթրօֆին}}
| ''À Dimitrov''
| {{date-|décembre 1933}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|81}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|53-54}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|174-177}}
| Poème dédié à [[Georgi Dimitrov]], alors accusé de l'[[incendie du Reichstag]] et jugé à [[Leipzig]]{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=67}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Ամբոխի կանչը}}
| ''L'appel de la multitude''
| {{date-|5 décembre 1933}} à Paris
| ''[[Anahit]]'' {{n°|3-4}} de mars-{{date-|juin 1935}} ({{p.|91}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1935/3-4.pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|82}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|47-48}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|178-179}}
| Reproduit dans ''[[Anahit]]'' {{n°|1}} de janvier-{{date-|juin 1946}} ({{p.|12}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf}}
|-
| {{lang|hy|texte=Արթուն կեցէ՛ք}}
| ''Restez éveillés''
| {{date-|28 mars 1934}} à Paris
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|83-84}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|64-66}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|180-183}}
| Poème dédié au prolétariat arménien en exil.<br>Traduction en français dans {{Harvsp|Pierre Seghers|2022|p=196-197}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Պայքար}}
| ''Lutte'' (ou ''Combat'')
| {{date-|29 mai 1934}} à Paris
| ''[[Hog (revue)|Hog]]'' {{n°|9-11}} de septembre-{{date-|décembre 1935}} ({{p.|510}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/HOK1/1935/1935(9-11).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|85}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|67-68}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|184-185}}
| Second poème avec le même titre.
|-
| {{lang|hy|texte=Խորհրդային Հայաստանին}}
| ''À l'Arménie soviétique''
|
|
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|86-87}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|81-82}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|186-191}}
| Poème dédié à la [[République socialiste soviétique d'Arménie]].
|-
| {{lang|hy|texte=Կարուհիները}}
| ''Les couturières''
| {{date-|6 juillet 1934}} à Paris
| ''[[Hog (revue)|Hog]]'' {{n°|12}} de {{date-|décembre 1934}} ({{p.|727-728}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/HOK1/1934/1934(12).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|88-89}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|69-71}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|192-195}}
| Poème offert aux couturières arméniennes de Paris.
|-
| “l'Humanité”-ին
| ''À l'Humanité''
| {{date-|12 novembre 1934}} à Paris
| ''[[Zangou]]'' {{n°|14}} du {{date-|30 août 1935}} ({{p.|1}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(14).pdf}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|90-91}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|72-74}}
| align="center" | {{emoji|2705}} {{p.|196-199}}
| Poème dédié au journal ''[[L'Humanité]]'', écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).<br>Reproduction du manuscrit en arménien et traduction en français par Jean-Charles Depaule dans {{Harvsp|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=204-205}}.
|-
| {{lang|hy|texte=Քաղցարշաւ}}
| ''Course à la faim''
|
| ''[[Zangou]]'' {{n°|(5}} du {{date-|29 juin 1935}} ({{p.|2}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(5).pdf}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| Poème écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).
|-
| {{lang|hy|texte=Ընդհանուր գրրծադուլ}}
| ''Grève générale''
| {{date-|12 février 1934}}
| ''[[Zangou]]'' {{n°|7}} du {{date-|12 juillet 1935}} ({{p.|2}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(7).pdf}}
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| align="center" | {{emoji|274C}}
| align="center" | {{emoji|274C}}
| Poème écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).
|-
| {{lang|hy|texte=Ինծ կը հարցնեն}}
| style="text-align: right; font-size: 90%;" |M. Manouchian, poème en hommage à ''[[L'Humanité]]'' écrit en 1934, traduit et prononcé par [[Archag Tchobanian]] au Grand amphithéâtre de la [[Sorbonne]] le dimanche {{date-|15 Avril 1945}} lors du Festival de Poésie et de Musiques Arméniennes<ref>[[Gérard Dédéyan|G. Dédéyan]] -trad.), ''[[Europe (revue)|Europe]]'', numéro spécial « Littérature arménienne », [[Paris]], juin 1961.</ref>.
| ''Ils me demandent''
|}</center>
| écrit à Paris
| ''[[Zangou]]'' {{n°|26}} du {{date-|22 novembre 1935}} ({{p.|3}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(26).pdf}}
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| align="center" | {{emoji|274C}}
| Poème écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).
|-
| {{lang|hy|texte=Հակաֆաշիստ համաժողով (Բլէյէլ)}}
| ''Congrès antifasciste (Pleyel)''
| {{date-|5 juin 1933}} à Paris
| ''[[Zangou]]'' {{n°|29}} du {{date-|13 décembre 1935}} ({{p.|2}}) {{lire en ligne|lien=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Zangu/1935/1935(29).pdf}}
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| Poème écrit sous le pseudonyme Ա. Մանուշ (A. Manouche).<br>Il célèbre le congrès [[Antifascisme|antifasciste]] organisé [[Salle Pleyel]]{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=199}} les 4, 5 et {{date-|6 juin 1933}} et qui donne naissance ensuite au [[Mouvement Amsterdam-Pleyel]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Jocelyne Prézeau|titre chapitre=Le Mouvement de lutte contre la guerre et le fascisme : Amsterdam-Pleyel (1934-1939)|auteurs ouvrage=[[Claire Andrieu]], [[Gilles Le Béguec]] et [[Danielle Tartakowsky]]|titre ouvrage=Associations et champ politique|éditeur=Éditions de la Sorbonne|année=2001|pages totales=724|isbn=978-2-85944-424-2|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/60489|accès url=libre|passage=299}}</ref>.
|}
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=== Reconnaissance ===
* Lors du Festival de poésie et de musiques arméniennes qu'il organise le {{date|15 avril 1945}} au Grand amphithéâtre de la [[Sorbonne]], [[Archag Tchobanian]] rend hommage à Missak Manouchian et à Kégham Atmadjian dans son discours<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Archag Tchobanian]]|titre=Festival de poésie et de musique arméniennes|lieu=Paris|éditeur=Impr. Araxes|année=1945|pages totales=68|passage=40-42}}</ref>. Il récite à cette occasion une traduction en français du poème ''Lutte'' de Missak Manouchian{{Sfn|Archag Tchobanian|1945|p=41}}.
* [[Rouben Mélik]] inclut Missak Manouchian dans son [[anthologie]] ''La poésie arménienne'' (1973), où il publie la traduction en français des poèmes ''Privation'' et ''Le miroir et moi'' par Gérard Hékimian :
** {{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Rouben Mélik]]|directeur=oui|titre=La poésie arménienne|sous-titre=Anthologie des origines à nos jours|éditeur=Les [[Éditeurs français réunis]]|année=1973|pages totales=563|passage=324-326|lire en ligne=https://archives.webaram.com/livres/pdf/Poesie_Armenienne.pdf|format=PDF|accès url=libre|bnf=34552765t}}
* [[Pierre Seghers]] inclut Missak Manouchian dans son anthologie ''La Résistance et ses poètes'' (1974), où il publie la traduction en français des poèmes ''Privation'', ''Restons éveillés'' et ''Combat'' :
** {{Ouvrage|langue=fr|auteur=Pierre Seghers|titre=La Résistance est ses poètes|volume=2|titre volume=Anthologie|éditeur=[[Éditions Seghers]]|collection=Poésie Seghers|année première édition=1974|année=2022|passage=195-198|isbn=9782232145940|pages totales=332|lire en ligne=https://cairn.info/la-resistance-et-ses-poetes-2--9782232145940-page-195.htm|accès url=payant}}
 
== Décorations ==
[[Fichier:Manouchian - Médaille de la Résistance française.jpg|vignette|Décret d'attribution à titre posthume de la [[Médaille de la Résistance française]] à Missak Manouchian du {{date-|31 mars 1947}}{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=4}}.|alt=Numérisation du décret d'attribution de la Médaille de la Résistance française à Missak Manouchian.]]
* {{Déco Médaille de la Résistance française}} à titre posthume (décret du {{Date-|31 mars 1947}})<ref>{{Lien web|titre=Base Médaillés de la Résistance française - fiche Missak MANOUCHIAN |url=https://www.ordredelaliberation.fr/fr/medailles?fulltext=manouchian&items_per_page=10&sort_bef_combine=nom_ASC#resultats-medailles|site=ordredelaliberation.fr|consulté le=28 février 2023|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Décret du 31 mars 1947 portant attribution de la médaille de la Résistance française|périodique=[[Journal officiel de la République française]]. Lois et décrets|numéro=175|pages=7253|date=26-07-1947|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k15765479/f17}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=4}}
* Mention « [[mort pour la France]] » en 1971<ref name=":17">{{Lien web|langue=fr|titre=Missak MANOUCHIAN alias Georges|url=https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m00523bf8d937bcf|site=memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr|consulté le=28-03-2024|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=4}}
{{clr}}
 
== Mémoire ==
=== Chronologie ===
Dans les années 2020, la légende voulant que Manouchian et son groupe aient été peu honorés après la guerre est contredite par des recherches d'historiens, comme Jean Mannessis et [[Jean Vigreux]], attestant de leur présence dans les médias et la vie associative et politique jusqu'en 1951. Selon l'historien [[Denis Peschanski]], jusqu’en 1948-1949, « toutes les mémoires sont accueillies en France, parmi elles celle des résistants étrangers » mais au début de la décennie suivante, le PCF suit la ligne d’un Staline antisémite et soupçonneux face aux anciens volontaires des Brigades internationales et « la mort de Staline en 1953 a facilité le travail de ceux qui voulaient, quoi qu’il en soit, rendre hommage aux FTP - MOI »<ref>« Missak Manouchian, une mémoire édifiée par les poètes », par Benjamin Puech le 21/02/2024 dans ''[[Le Figaro]]'' [https://www.lefigaro.fr/culture/missak-manouchian-une-memoire-edifiee-par-les-poetes-20240221] </ref>.
==== Après-guerre et années 1950 ====
[[Fichier:Mélinée Manouchian au cimetière d'Ivry.jpg|vignette|droite|[[Mélinée Manouchian]] (et derrière elle [[Diran Vosguiritchian]]) au [[cimetière parisien d'Ivry]], le {{date-|25 février 1945}}, lors de la première cérémonie en l'honneur du groupe Manouchian, peu de temps après la [[Libération de la France|Libération]]{{Sfn|id=ExpoIvry|texte=Exposition de la ville d'Ivry-sur-Seine|p=10}}{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=166-167|id=MAP2023}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'une foule se recueillant dans un cimetière. Au premier plan, une femme accroupie au milieu d'un parterre de bouquets de fleursv, à côté d'une tombe sur laquelle on peut lire « Manoushian ».]]
[[Fichier:Arsène Tchakarian - Cérémonie d'hommage au groupe Manouchian.jpg|vignette|[[Arsène Tchakarian]] (au centre) le {{date-|25 février 1945}} au [[cimetière parisien d'Ivry]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=176}}.|alt=Photographie en noir et blanc d'une foule se recueillant dans un cimetière. Au premier plan, un jeune homme debout sur un rebord pointe son doigt vers le lointain tandis que des gens le regardent.]]
[[Fichier:Բանաստեղծութիւններ (Missak Manouchian, 1946) cover.jpg|vignette|droite|Couverture de l'édition posthume des poèmes de Missak Manouchian publiée en 1946{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=1}}.|alt=Numérisation de la couverture d'un ouvrage. Le titre, écrit en arménien, est stylisé.]]
 
L'[[Affiche rouge]] et la médiatisation du procès constituent, après la [[Libération de la France|Libération]], le {{citation|socle originel sur lequel s'est construite la mémoire héroïque de l'épopée des FTP-MOI}}, notent les historiens Atsrig Atamian, [[Claire Mouradian]] et [[Denis Peschanski]]{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. Dans les [[Après-guerre|premières années qui suivent la guerre]], les commémorations réservent une place centrale à la figure du résistant et dans une moindre mesure à celle du résistant étranger{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}{{,}}{{note|groupe=n|texte=Par exemple, le {{date-|19 septembre 1944}}, à la [[Maison de la Mutualité]], est organisée la première réunion de la résistance européenne sous la présidence d'[[Emmanuel d'Astier de La Vigerie]], lors de laquelle est rendu un hommage aux résistants immigrés<ref>{{Article|langue=fr|titre=Hier à la Mutualité la Résistance française a reçu la Résistance européenne|périodique=[[Libération (journal)|Libération]] (édition de Paris)|numéro=29|pages=2|date=20-09-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4123399p/f2}}|accès url=libre}}</ref>.}}.
À partir de 1951, les survivants des FTP-MOI, notamment [[Raymond Lévy (résistant)|Raymond Lévy]] et [[Claude Lévy (biologiste)|Claude Lévy]], père et oncle de l'auteur à succès [[Marc Levy]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Josyane Savigneau]] |titre=Marc Levy, à l'ombre du père |url=https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/05/03/marc-levy-a-l-ombre-du-pere_905064_3260.html |date=3 mai 2007 |site=[[Le Monde|lemonde.fr]]}}.</ref>, multiplient les lettres à [[Louis Aragon]] pour demander son aide dans la conservation de cette mémoire, selon les courriers retrouvés en archive par Claude Urman, responsable de l'association des anciens FTP-MOI<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Georges|nom1=Kantin|prénom2=Gilles|nom2=Manceron|titre=Les Échos de la mémoire : Tabous et enseignements de la Seconde Guerre mondiale|éditeur=FeniXX réédition numérique|date=1991-01-01|isbn=978-2-402-04794-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Y0tYDwAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PT95&dq=rue+du+Groupe-Manouchian++1951&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref>. Ils l'obtiennent en 1955 mais le mot « juif » {{Citation|n’apparaît pas une seule fois dans le poème d’Aragon}}<ref name="Georgesco">{{Article|langue=fr|titre=« Anatomie de l’Affiche rouge », d’Annette Wieviorka : « Pourquoi faire entrer un couple au Panthéon, alors que c’était un groupe qui était visé par les nazis ? »|périodique=Le Monde.fr|date=2024-02-16|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/02/16/anatomie-de-l-affiche-rouge-d-annette-wieviorka-pourquoi-faire-entrer-un-couple-au-pantheon-alors-que-c-etait-un-groupe-qui-etait-vise-par-les-nazis_6216873_3260.html|consulté le=2024-02-25}}</ref>, écrit un an après la mort de Staline, alors que {{Citation|la question de l’antisémitisme soviétique est loin d’être close}}<ref name=Georgesco/>. Entre-temps, le PCF a souhaité réduire la représentation des Juifs et des étrangers dans l'image de la Résistance<ref name=Wieviorka/>{{,}}<ref name=Georgesco/>{{,}}<ref name="courtoisbolchevisme" />, dans ce que l'historien [[Fred Kupferman]] appelle {{citation|le gommage inconscient ou délibéré d'une histoire où l'on trouvait un peu trop de noms étrangers pour représenter la Résistance française}}<ref>[[Fred Kupferman]], cité par William Kidd et Alistair Blyth, dans « Aragon, Léo Ferré et l'affiche rouge », sous la coordination d'Andrew Macanulty, de l'université de Franche-Comté, dans ''Aragon, Elsa Triolet et les cultures étrangères, actes du colloque de Glasgow'', avril 1992 [https://www.google.fr/books/edition/Aragon_Elsa_Triolet_et_les_cultures_%C3%A9tr/lhhIhK7GYqwC?hl=fr&gbpv=1&dq=paul+Eluard+,+bien+moins+m%C3%AAl%C3%A9+aux+instances+dirigeantes+du+parti+,+sortit+son+hommage&pg=PA101&printsec=frontcover].</ref>.
 
Le {{date|25 février 1945}}, {{Citation|toute la presse communiste, locale ou nationale}} (comme ''[[Libération (journal)|Libération]]''<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Claude Martial|titre=Des «terroristes» dans la tombe|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|numéro=167|pages=1|date=27-02-1945|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k41235378/f1}}|accès url=libre}}</ref>) couvre la commémoration du premier anniversaire de l'exécution des 23 (nommés « Groupe Manouchian-Boczor »{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}), qui réunit {{nb|10000 personnes}} au [[cimetière parisien d'Ivry]], ville d'où sont originaires quatre d'entre eux{{Sfn|id=ExpoIvry|texte=Exposition de la ville d'Ivry-sur-Seine|p=10}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=175-176}}. Cette première commémoration d'envergure est organisée par le Comité d'action et de défense des immigrés (CADI){{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=175}}{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Hommage à Manouchian|périodique=La Défense|numéro=15|pages=4|date=23-02-1945|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k9808126t/f4}}|accès url=libre}}</ref>. Les photos de l'agence [[Roger-Viollet]] montrent une grande banderole {{citation|Gloire aux {{nobr|24 héros}} immigrés du procès Manouchian-Boczov, fusillés par les boches}}<ref>{{lien web|langue=fr|titre=Guerre 1939-1945. Manifestants pour la "Gloire immortelle des 24 héros immigrés du procès Manouchian-Boczov, fusillés par les boches le 21 février 1944".|url=https://www.roger-viollet.fr/image-photo/guerre-1939-1945-manifestants-pour-la-gloire-241023|site=roger-viollet.fr|consulté le=27-06-2024|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=168|id=MAP2023}}, le chiffre de 24 y ajoutant [[Joseph Epstein]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=177}}. Mélinée Manouchian s'y trouve avec [[Diran Vosguiritchian]]{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=166-167|id=MAP2023}} et dépose une gerbe de [[Viola (plante)|violettes]] sur la tombe de son mari{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=165}}. Dans ''[[L'Humanité]]'' du même jour, [[Boris Holban]] salue le {{Citation|suprême hommage rendu par le peuple de Paris aux 23 héros du procès Manouchian-Boczov}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=En l'honneur de 23 héros immigrés morts pour la France|périodique=[[L'Humanité]]|numéro=167|pages=2|date=25-02-1945|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k47384539/f2}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=178}}. Un reportage des [[Actualités cinématographiques|actualités]], filmé par Guy Le Cor et Louis Cottart pour [[Les Actualités françaises]], couvre l'évènement et est diffusé le {{date-|2 mars 1945}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Au cimetière d'Ivry, on honore la mémoire de 24 résistants étrangers |url=https://mediaclip.ina.fr/fr/afe86003003-au-cimetiere-d-ivry-on-honore-la-memoire-de-24-resistants-etrangers.html |format=vidéo |accès url=libre |site=mediaclip.ina.fr |date=02-03-1945 |consulté le=24-06-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=176-177}}.
Aragon accepte de publier en 1953 un recueil de nouvelles de Raymond et Claude Lévy, dont l'une est consacrée au « Groupe Manouchian » mais {{cita|qu'à condition qu'ils changent pour des noms français les noms des étrangers qui y étaient mêlés}}<ref>Article dans ''[[L'Obs]]'' en 1984.</ref>, et ainsi {{citation|ils ont eu une obligation de franciser tous les noms}}<ref>{{Lien web|auteur=Gwénaëlle Loaëc|titre=« Eté 44 » : Marc Levy raconte le trajet de son père vers l’enfer de Dachau|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/ete-44-marc-levy-raconte-le-trajet-de-son-pere-vers-lenfer-de-dachau-13-03-2021-4IZEO6LK3RGARLNKDBNT3GXJ4M.php|périodique=[[Le Parisien]]|date=13-03-2021|accès url=payant}}.</ref>. Ce recueil de nouvelles obtient le [[Prix Fénéon]] 1953.
 
Les [[Diaspora arménienne en France|Arméniens]] rendent aussi hommage à Missak Manouchian. Par exemple, la [[Jeunesse arménienne de France]] (JAF), organisation de jeunesse fondée en 1945, {{citation|s'érige en gardienne du souvenir des résistants arméniens}} et fait de la cérémonie du {{date-|25 février 1945}} un {{citation|moment incontournable de son calendrier}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. De même, le Front national arménien, l'un des réseaux de la Résistance, est affilié au CADI qui organise cette première commémoration{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. Des survivants arméniens des FTP-MOI, comme [[Henri Karayan]], [[Diran Vosguiritchian]] et Mélinée elle-même, jouent un rôle important dans la préservation de la mémoire de leurs camarades exécutés{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. Dans l'ensemble, {{citation|au sein de la communauté arménienne, la célébration du sacrifice de Missak Manouchian est alors circonscrite aux cercles communistes et prosoviétiques}}, notent Astrig Atamian, Claire Mouradian et Denis Peschanski{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. Une exception notable est l'écrivain [[Archag Tchobanian]], qui fut l'un des mentors de Missak Manouchian et qui rend hommage à ce dernier lors du Festival de poésie et de musiques arméniennes qu'il organise le {{date|15 avril 1945}} au Grand amphithéâtre de la [[Sorbonne]]{{Sfn|Archag Tchobanian|1945}}, lors duquel il récite une traduction en français de son poème ''Lutte''{{Sfn|Archag Tchobanian|1945|p=41}}. Durant ce festival, [[Louis Aragon]] prend la parole et rend aussi hommage au résistant{{Sfn|Mélinée Manouchian|2023|id=Rééd2023|p=169}}. L'année suivante, Archag Tchobanian consacre un long article en première page de sa revue littéraire ''[[Anahit (revue littéraire)|Anahit]]'' à la mémoire de Missak Manouchian, qui y avait collaboré, ainsi qu'à la mémoire de [[Kégham Atmadjian]] et de [[Louisa Aslanian]], tous les trois morts pendant la guerre<ref>{{Article|langue=hy|auteur=[[Archag Tchobanian]]|titre=Երեք Հայ Հերոսական Նահատակներ|traduction titre=Trois martyrs arméniens héroïques|périodique=[[Anahit (revue littéraire)|Anahit]]|numéro=1|pages=1-18|date=janvier-juin 1946|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf|accès url=libre|format=pdf}}.</ref>. Toujours en 1946, Tchobanian traduit en français le poème ''Lutte'' de Manouchian dans ''[[Les Lettres françaises]]''<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Missak Manouchian|traducteur=[[Archag Tchobanian]]|titre=''Lutte''|périodique=[[Les Lettres françaises]]|numéro=121|pages=5|date=16-08-1946|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4745441f/f5}}|accès url=libre}}.</ref>.
=== Chronologie ===
==== Années 1940 et 1950 ====
* Le {{date-|1 mars 1944}}, une semaine après l'assassinat des 23, ''[[L'Humanité]]'' clandestine, consacre au groupe Manouchian un entrefilet de quelques lignes, sans citer aucun nom<ref>{{Article|langue=fr|titre=Ils sont morts pour la France|périodique=[[L'Humanité]]|numéro=280|pages=2|date=01-03-1944|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k879668r/f2}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|auteur1=Jean-Pierre Debourdeau|titre=Retour sur l’Affiche rouge – Aimer la vie à en mourir|date=19 février 2004|url=http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article15062|site=europe-solidaire.org}}.</ref>.
* En {{date-|novembre 1944}}, le grand quotidien populaire communiste ''[[Ce soir]]'' consacre un article à l'inhumation de l'un des 23, [[Rino Della Negra]], un temps footballeur professionnel de l'équipe du [[Red Star Football Club|Red Star de Saint-Ouen]]<ref name="footballeur">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Vigreux|prénom2=Dimitri|nom2=Manessis|titre=Rino Della Negra, footballeur et partisan.: Vie et mort d’un jeune footballeur des FTP-MOI du « groupe Manouchian » (1923-1944).|éditeur=Libertalia|date=2022-02-03|isbn=978-2-37729-242-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=fIdbEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PT93&dq=rue+du+Groupe-Manouchian&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref>.
* En {{date-|septembre 1944}}, le nom de Rino Della Negra est donné à un tournoi organisé par [[Fédération sportive et gymnique du travail]] (FSGT, proche de la CGT)<ref name="footballeur"/>.
* Le {{date-|25 février 1945}}, {{Citation|toute la presse communiste, locale ou nationale}} couvre la commémoration du premier anniversaire de l'exécution des 23, qui réunit {{nb|10000 personnes}} au cimetière d'Ivry-sur-Seine, ville d'où sont originaire quatre d'entre eux<ref>Célestino Alfonso, Robert Witchitz, Roger Rouxel et Wolf Wajsbrot [https://www.ivry94.fr/fileadmin/www.ivry94.fr/MEDIA/Vivre_ma_ville/Histoire_patrimoine/Ressources/expo_manouchian-maj-oct2009.pdf].</ref>, et les photos de l'agence Roger Viollet montrent une grande banderole {{citation|Gloire aux {{nb|24 héros}} immigrés du procès Manouchian-Boczov, fusillés par les boches}}, le chiffre de 24 y ajoutant [[Joseph Epstein]]{{sfn|Manessis|2024|p=177}}. Dans ''L'Humanité'' du jour, [[Boris Holban]] salue le {{Citation|suprême hommage rendu par le peuple de Paris aux 23 héros du procès Manouchian-Boczov}}{{sfn|Manessis|2024|p=178}}.
* Le {{date-|25 février 1945}}, la ville d'[[Argenteuil (Val-d'Oise)]] décerne un diplôme spécial à Rino Della Negra<ref name=footballeur/>.
* En 1946, l'écrivain [[Archag Tchobanian]], qui fut l'un de ses mentors, consacre un long article en première page de sa revue littéraire ''[[Anahit (revue littéraire)|Anahit]]'' à la mémoire de Missak Manouchian, qui y avait collaboré, ainsi qu'à la mémoire de [[Kégham Atmadjian]] et de [[Louisa Aslanian]], tous les trois morts pendant la guerre<ref>{{Article|langue=hy|auteur1=[[Archag Tchobanian]]|titre=Երեք Հայ Հերոսական Նահատակներ|traduction titre=Trois martyrs arméniens héroïques|périodique=[[Anahit (revue littéraire)|Anahit]]|date=janvier-juin 1946|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/Anahit_paris/1946/1.pdf|accès url=libre|format=pdf|pages=1-10}}.</ref>. La même année, Tchobanian traduit en français le poème ''Lutte'' de Manouchian dans ''[[Les Lettres françaises]]''<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Missak Manouchian|traducteur=[[Archag Tchobanian]]|titre=''Lutte''|périodique=[[Les Lettres françaises]]|numéro=121|pages=5|date=16-08-1946|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4745441f/f5}}|accès url=libre}}.</ref>.
* En 1950, le poète [[Paul Éluard]] publie le poème ''[[Légion (poème)|Légion]]'', qu'il dédie {{citation|à la gloire des vingt-trois terroristes étrangers torturés et fusillés à Paris par les Allemands}} :
<center>
{| class="toccolours" style="float: center; margin-left: 1em; margin-right: 1em; font-size: 100%; background:#c6dbf7; width:28em; max-width: 75%;" cellspacing="5"
| style="text-align: left;" |
 
Les poèmes de Missak sont réunis et publiés à titre posthume en 1946 sous le titre ''Poèmes''{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946}} par un « comité Manouchian »{{Sfn|id=Manouchian1946|texte=Missak Manouchian 1946|p=13}} dont fait partie semble-t-il Mélinée, qui s'est installée en [[République socialiste soviétique d'Arménie|Arménie soviétique]] la même année{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}. Elle emmène avec elle les [[Calepin|carnets]] de son mari et en fait don à une date inconnue aux archives arméniennes{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=34|id=M}}. Toujours en 1946 est publié l'ouvrage ''Lettres de fusillés''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|préface=[[Lucien Scheler]]|titre=Lettres de fusillés|lieu=Paris|éditeur=Éditions France d'abord|année=1946|pages totales=191|bnf=342141748}}</ref>, dans lequel sont rassemblées 73 lettres d'adieu de résistants exécutés par les nazis, dont celle de Missak Manouchian, mais dont le passage {{citation|Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal, sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et à ceux qui nous ont vendus}} a été censuré<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=Edouard Ruiz|titre=Le souvenir des combattants immigrés|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/06/19/le-souvenir-des-combattants-immigres_2754368_1819218.html|site=lemonde.fr|accès url=payant|date=19-06-1985|consulté le=14-07-2024}}</ref>.
:''Si j’ai le droit de dire en français aujourd'hui,''
:''Ma peine et mon espoir, ma colère et ma joie,''
:''[…]''
 
Le {{date-|5 mai 1947}}, les ministres [[Parti communiste français|communistes]] sont exclus du [[Gouvernement Paul Ramadier (1)|gouvernement Paul Ramadier]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Michel Etiévent|titre=Mai 1947, exclusion des ministres communistes et répression des grèves|url=https://www.humanite.fr/mai-1947-exclusion-des-ministres-communistes-et-repression-des-greves-636858|site=[[L'Humanité]]|accès url=libre|date=02-06-2017|consulté le=12-07-2024}}.</ref>{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164|id=MAP2023}}, ce qui provoque un {{citation|tournant politique}} et une {{citation|évolution de la mémoire collective de la guerre}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=164-165|id=MAP2023}}. Près de {{nb|300 résistants étrangers}} sont expulsés et des organisations communistes issues de l'immigration sont alors interdites{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}. Comme le notent les historiens, {{citation|l'image glorieuse du héros résistant, en particulier communiste et étranger, s'estompe alors que la [[guerre froide]] et les guerres de [[décolonisation]] dominent l'agenda politique}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}. Selon l'historien [[Denis Peschanski]], jusqu'en 1948-1949, {{citation|toutes les mémoires sont accueillies en France, parmi elles celle des résistants étrangers}} mais, au début de la décennie suivante, le PCF suit la ligne d'un [[Joseph Staline|Staline]] antisémite et soupçonneux face aux anciens volontaires des [[Brigades internationales]] (constat partagé par l'historien [[Stéphane Courtois]]<ref name=":25" />) ; selon lui, {{citation|la mort de Staline en 1953 a facilité le travail de ceux qui voulaient, quoi qu'il en soit, rendre hommage aux FTP-MOI}}<ref name=":24">{{Lien web|langue=fr|auteur=Benjamin Puech|titre=Missak Manouchian, une mémoire édifiée par les poètes|url=https://www.lefigaro.fr/culture/missak-manouchian-une-memoire-edifiee-par-les-poetes-20240221|accès url=libre|site=lefigaro.fr|date=2024-02-21|consulté le=2024-03-25}}</ref>. En effet, dans le [[bloc de l'Est]] entre 1947 et 1953, des [[procès]] prennent pour cible les anciens brigadistes, comme [[Artur London]] à [[Prague]] en 1952{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}. Le PCF peut alors difficilement porter la mémoire des combattants étrangers qu'il {{citation|exclut, pour un temps, […] de son panthéon mémoriel}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}. Pour Stéphane Courtois<ref name=":25" />, Missak Manouchian a été construit en {{citation|figure-écran qui a permis au PCF de masquer la présence massive des Juifs au sein des FTP-MOI parisiens, afin d’être en phase avec la violente campagne antisémite lancée par Staline en URSS et dans le mouvement communiste dès 1946-1947}}<ref name=":7" />.
:''C’est que ces étrangers, comme on les nomme encore,''
:''Croyaient à la justice, ici-bas, et concrète.''
:''Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables.''
:''Ces étrangers savaient quelle était leur patrie.''
 
Cela n'empêche pas Missak Manouchian et ses camarades de l'[[Affiche rouge]] d'entrer progressivement dans la mémoire collective des Français{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}. C'est en partie grâce au poète [[Paul Éluard]]{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=183}}{{,}}<ref name=":24" /> qui, en 1950, publie le poème ''[[Légion (poème)|Légion]]'', qu'il dédie {{citation|à la gloire des vingt-trois terroristes étrangers torturés et fusillés à Paris par les Allemands}} :
:''[…]''
{{citation bloc|Si j'ai le droit de dire en français aujourd'hui<br>
:''Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes.''
Ma peine et mon espoir, ma colère et ma joie<br>
:''[…]''
Si rien ne s'est voilé définitivement<br>
De notre rêve immense et de notre sagesse
 
C'est que des étrangers comme on les nomme encore<br>
:''Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours.''
Croyaient à la justice ici bas et concrète<br>
:''Un soleil de mémoire éclaire leur beauté.''
Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables<br>
:''[…]''
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie
 
La liberté d'un peuple oriente tous les peuples<br>
:''Leur vie tuait la mort''
Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes<br>
:''[…]''
Et qui se refuse à son cœur sait sa loi<br>
:''Lorsqu'on ne tuera plus''
Il faut vaincre le gouffre et vaincre la vermine
:''Ils seront bien vengés''
 
Ces étrangers d'ici qui choisirent le feu<br>
:''Et ce sera justice.''
Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours<br>
Un soleil de mémoire éclaire leur beauté<br>
Ils ont tué pour vivre ils ont crié vengeance
 
Leur vie tuait la mort au cœur d’un miroir fixe<br>
|-
Le seul vœu de justice a pour écho la vie<br>
| style="text-align: right; font-size: 90%;" |[[Paul Éluard]], ''[[Légion (poème)|Légion]]'', dans ''Hommages'', 1950<ref>[[Paul Éluard]], ''Œuvres complètes'', {{t.|II}}, {{p.|352-353}}, [[Bibliothèque de la Pléiade|Pléiade]], Paris, 1968. Une note de [[Lucien Scheler]], {{p.|1124}}, précise sa parution dans la revue ''Poésie nouvelle'' à [[Namur]].</ref>.
Et lorsqu'on n'entendra que cette voix sur terre<br>
|}</center>
Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés.<br>
{{clr}}
Et ce sera justice.|Paul Éluard, ''[[Légion (poème)|Légion]]'' (''Hommages'', 1950)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Éluard]]|titre=Œuvres complètes|volume=II|passage=352-353|collection=[[Bibliothèque de la Pléiade|Pléiade]]|lieu=Paris|année=1968}}. Une note de [[Lucien Scheler]], {{p.|1124}}, précise sa parution dans la revue ''Poésie nouvelle'' à [[Namur]].</ref>.}}
* En {{date-|février 1951}}, l'histoire des vingt-trois morts du groupe Manouchian est racontée dans ''Pages de gloire des 23'', livre illustré de deux cents pages publié aux [[Les Éditions sociales|Éditions sociales]] par l'association des anciens FTP, avec une postface de son président [[Charles Tillon]] et une préface de [[Justin Godart]]. La même année, le PCF « commémore le procès Manouchian-Boczov » mais efface Boczov dès 1954 dans ses demandes<ref name=Wieviorka/>.
* En réaction à ce livre d'{{date-|août 1951}}, les [[Éditions Mir|Éditions de Moscou]] publient le livre ''Lettres des communistes fusillés'', préfacé par [[Louis Aragon]]. La version soviétique est expurgée de nombreuses lettres, en particulier toutes celles de combattants de l'[[Affiche rouge]], signalant l'opposition de Moscou à tout groupe {{citation|constitué sur la solidarité et la mémoire d'une expérience commune}}<ref name=courtoisbolchevisme/>. Ces lettres expurgées de celles des FTP-MOI {{citation|apparaissent immédiatement comme une critique implicite}} de ''Pages de gloire des 23'' selon l'historien [[Stéphane Courtois]]<ref name="courtoisbolchevisme">{{Ouvrage|auteur1=[[Stéphane Courtois]]|titre=Le bolchévisme à la française|année=2010|éditeur=Fayard|ISBN=978-2213661377|pages totales=590|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=rsVYoFLnMswC&pg=PT121&lpg=PT121&dq=guingouin+1951&source=bl&ots=_ZKU6iMXZ1&sig=ACfU3U0c1cpJjYg13dU483dGFbXICWFm3Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjFnczfwMDpAhVC4eAKHSvvAug4ChDoATAQegQIBBAB#v=onepage&q=guingouin%201951&f=false }}.</ref> et d'un ouvrage similaire édité cinq ans plus tôt.
* Le {{date-|15 mars 1951}}, le conseil municipal de Paris débat d'une proposition, pour qu'une [[Réseau viaire de Paris|rue de Paris]] reçoive le nom de « [[FTP-MOI de la région parisienne|Groupe Manouchian]] »<ref>''Table des débats. 1949-1959.'', {{p.|121}}, [[Mairie de Paris|hôtel de ville]] de Paris.</ref>. Un comité de soutien à la proposition réunit les [[conseil municipal (France)|conseillers municipaux]] du [[20e arrondissement de Paris|{{20e|arrondissement}}]] [[Albert Ouzoulias]], ancien soldat de Missak Manouchian, et [[Madeleine Marzin]], rejoint par le combattant de la {{35e|brigade}} [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée|FTP MOI]] de [[Toulouse]], [[Claude Lévy (biologiste)|Claude Lévy]]. Mais sans succès.
* Le {{date-|23 mars 1953}}, le conseil municipal de Paris débat à nouveau sur le sujet, en mode houleux, deux ans après la première tentative d'[[Albert Ouzoulias]], qui revient à la charge<ref name=footballeur/>.
* En 1953 aussi, la lettre de Manouchian à sa veuve est lue sur scène par le comédien [[Gérard Philipe]]{{Sfn|Gérard Streiff|2024|p=?}}.
* Déjà mobilisé en 1951 pour une rue à Paris, Claude Lévy, collaborateur de [[Frédéric Joliot-Curie]], rédige avec son frère aîné [[Raymond Lévy (résistant)|Raymond Lévy]] dix nouvelles reprenant des épisodes authentiques de la [[Résistance intérieure française|Résistance]]<ref>[[Raymond Lévy (résistant)|Raymond & Claude Lévy]], ''[[Une histoire vraie (livre, 1953)|Une histoire vraie]] : nouvelles'', [[Éditeurs français réunis|Les Éditeurs français réunis]], Paris, 1953.</ref>. Raymond Lévy est un éditeur d'art et ancien résistant. La première des dix nouvelles raconte l'histoire de Manouchian et son groupe. [[Communisme|Communistes]], les deux frères rejettent des offres d'éditeurs pour s'adresser à Louis Aragon, directeur des [[Éditeurs français réunis]] qui leur répond : {{Citation|On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d'étrangers. Il faut franciser un peu}}<ref>{{article|auteur1=J. P. Liégeois|titre=Censure : Communistes, si vous saviez…|périodique=[[L'Unité]]|numéro=607|pages=4|éditeur=[[Parti socialiste (France)|Parti socialiste français]]|lieu=Paris|date=7 juin 1985}}.</ref>
* Le {{date-|28 octobre 1954}}<ref>''Table des débats. 1952-1955.'', {{p.|1776}}, [[Mairie de Paris|hôtel de ville]] de Paris.</ref>, la mairie de Paris vote la réunion des impasses Fleury et du Progrès, dans le [[20e arrondissement de Paris|{{20e}}]], en une unique [[rue du Groupe-Manouchian]], mais l'inauguration n'a lieu que sept mois plus tard, en 1955.
* Le {{date-|25 décembre 1954}}, [[Mélinée Manouchian]], installée à Erevan, en République d'Arménie soviétique, écrit à Louis Aragon, alors en voyage de longue durée à Moscou, pour l'informer qu'un recueil de poèmes de son mari, ''Mon chant'', sera publiée en Arménie soviétique et lui demande d'écrire une préface. Elle joint à son envoi la dernière lettre que Missak Manouchian lui adressa<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Missak|nom1=Manouchian|titre=Ivre d'un grand rêve de liberté - Poèmes: Édition bilingue|éditeur=Points|date=2024-01-12|isbn=979-10-414-1724-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=vw_mEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=rue+du+Groupe-Manouchian&hl=fr|consulté le=2024-02-25}}</ref>
* Le {{date-|5 mars 1955}}, la rue du Groupe-Manouchian est inaugurée juste en face de chez [[Alter Mojsze Goldman]], père de [[Jean-Jacques Goldman]], chez qui « la foule de camarades » présents à la cérémonie « vient se réunir » ensuite<ref name=p34>Pierre Goldman, ''Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France'', 1975 ; réédité aux Éditions Points, {{page|34}}.</ref>, alors qu'une « violente discussion »<ref name=p34/> avait opposé un an plus tôt Alter Mojsze Goldman à un autre militant PCF de sa famille à la [[Joseph Staline#Mort et funérailles|mort de Staline]] à cause du [[complot des blouses blanches]]<ref name="p34" />. Sur commande pour cette inauguration<ref>{{Lien web|url=https://www.reseau-canope.fr/poetes-en-resistance/poetes/louis-aragon/strophes-pour-se-souvenir/pistes-pedagogiques/|titre=Louis Aragon, « Strophes pour se souvenir »|auteur=Julien Musso|site=reseau-canope.fr|consulté le=16 juin 2023}}.</ref>, Louis Aragon écrit un poème publié dans ''L'Humanité'' le jour-même, sous le titre ''Groupe Manouchian'', s'inspirant de la lettre à [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] que cette dernière lui a envoyée à Moscou. Ce poème est publié un an plus tard sous le titre ''[[Strophes pour se souvenir]]'' dans ''Le Roman inachevé''. C’est dans ce poème qu’apparaît l’expression {{Citation|Français de préférence}}<ref name="Aragon">{{ouvrage|auteur1=[[Louis Aragon]]|passage=« Strophes pour se souvenir », {{p.|227-228}}|titre=[[Le Roman inachevé]]|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|lieu=Paris|année=1956}}.</ref>.
* En 1955, la revue arménienne ''Loussaghbiour'' lui rend hommage<ref>{{Article|langue=hy|titre=Միսաք Մանուշեանի եւ իր Գունդին|sous-titre=Յարգանքի հանդիսութիւններ|traduction titre=Missak Manouchian et son régiment : cérémonies d'hommage|périodique=Loussaghbiour|numéro=29-31|pages=139-142|date=janvier-mars 1955|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1955/29-31.pdf|accès url=libre|format=pdf}}.</ref>, notamment par la publication de poèmes en son honneur de Berdjouhi Eleguian{{Sfn|Berdjouhi Eleguian|1955}} et de Kourken Mahari{{Sfn|Kourken Mahari|1955}}, ainsi qu'une traduction en arménien du poème d'Aragon<ref>{{Article|langue=hy|titre=Groupe Manouchian|périodique=Loussaghbiour|numéro=29-31|pages=141|date=janvier-mars 1955|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1955/29-31.pdf|accès url=libre|format=pdf}}.</ref>.
* En 1959, le poème est mis en musique par [[Léo Ferré]] sous le titre ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]''<ref>''[[Léo Ferré]] chante [[Louis Aragon|Aragon]]'', 1961.</ref>.
 
À partir de 1951, les FTP-MOI survivants sollicitent [[Louis Aragon]] pour demander son aide dans la conservation de cette mémoire, comme l'indique Claude Urman, responsable de l'association des anciens FTP-MOI<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Georges Kantin|auteur2=[[Gilles Manceron]]|préface=[[Claude Julien (journaliste)|Claude Julien]]|titre=Les Échos de la mémoire|sous-titre=Tabous et enseignements de la Seconde Guerre mondiale|éditeur=[[Le Monde]] éditions|collection=La mémoire du monde|année=1991|pages totales=369|passage=79|isbn=978-2878990171|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k3323580j}}|accès url=payant}}</ref>. Ils l'obtiennent en 1955 mais le mot « juif » {{Citation|n'apparaît pas une seule fois dans le poème d'Aragon}}, écrit un an après la mort de Staline, alors que {{Citation|la question de l'antisémitisme soviétique est loin d'être close}}<ref name=":10" />. Dans les années 1950 et 1960, l'histoire des FTP-MOI est quelque peu mise de côté par le PCF, occultée par le {{Citation|mythe d'une résistance nationale et indigène}}, dans ce que l'historien [[Fred Kupferman]] appelle {{citation|le gommage inconscient ou délibéré d'une histoire où l'on trouvait un peu trop de noms étrangers pour représenter la Résistance française}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=William Kidd|auteur2=Alistair Blyth|titre chapitre=Aragon, Léo Ferré et l'affiche rouge|auteurs ouvrage=Andrew Macanulty (dir.)|titre ouvrage=Aragon, Elsa Triolet et les cultures étrangères|éditeur=Presses universitaires de Franche-Comté|nature ouvrage=Actes du colloque de Glasgow|collection=Annales littéraires|mois=avril|année=1992|pages totales=227|passage=100|isbn=978-2-913322-04-2|lire en ligne={{Google Livres|lhhIhK7GYqwC}}|accès url=limité}}</ref>.
==== Années 1960 à 1990 ====
* En 1965, Gaston Laroche (colonel [[Francs-tireurs et partisans|FTPF]] Boris Matline) raconte la participation des combattants immigrés dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]]<ref name="footballeur"/>, notamment celle du [[Groupe Manouchian-Boczov-Rayman]]<ref>Gaston Laroche colonnel FTPF Boris Matline, ''On les nommait les étrangers. Les immigrés dans la Résistance'', {{citation|Le groupe Manouchian}}, {{p.|27-124}}, [[Éditeurs français réunis]], 1965, 477 p.</ref>.
* En 1966, ''Espagne'', traduction du livre paru en tchèque en 1963, livre la vision de la guerre d'Espagne de l'ancien des Brigades internationales, et résistant [[Artur London]], victime des [[Grandes Purges|purges staliniennes]] au début des années 1950.
* En 1970, [[Claude Lévy (biologiste)|Claude Lévy]] publie ''Les Parias de la Résistance'', déplorant le traitement mémoriel infligé par le [[Parti communiste français]] aux combattants [[Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée|FTP-MOI]] dans les années 1950 et les suivantes. Le livre reproche à l'ouvrage ''Le Parti communiste français dans la Résistance'' publié trois ans avant<ref>Collectif, ''Le Parti communiste français dans la Résistance'', Les Éditions sociales, 1967.</ref>, qui se voulait un retour lucide du PCF sur son passé<ref>{{Article|auteur1=[[Jean-Pierre Azéma]]|titre=Le parti communiste français à l'épreuve des années noires|périodique=[[20 et 21 : Revue d'histoire|Vingtième siècle : Revue d'histoire]]|date=avril 1984|numéro=2|pages=77-82|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1984_num_2_1_1671}}.</ref>, d'avoir passé sous silence que l'attaque contre le général [[Julius Ritter]] fut réalisée par des FTP-MOI menés par [[Marcel Rajman]]<ref>Claude Lévy, ''Les Parias de la Résistance'', 1970.</ref>.
* En 1975, le livre à succès de [[Pierre Goldman]]<ref name=p34/>, exalte la mémoire de son père, ouvrier juif ayant combattu dans les FTP-MOI à Lyon, et attire l'attention sur [[Joseph Boczov]] et [[Marcel Rajman]], Résistants de l'affiche rouge qui ont disparu de la littérature du PCF.
* En 1976, le cinéaste [[Frank Cassenti]] réalise ''[[L'Affiche rouge (film)|L'Affiche rouge]]'', film qui obtient le [[prix Jean-Vigo]].
* En 1977, [[Roger Pannequin]], patron de la MOI au PCF en 1949-1951 avant qu'elle ne soit marginalisée en 1953, cite dans ses mémoires des résistants juifs selon lesquels nombre d'exploits revendiqués par des FTP parisiens ont en réalité été accomplis par ces deux Juifs que ''L'Humanité'' a effacé de la mémoire en titrant « Groupe Manouchian » le poème de [[Louis Aragon]] de 1955 : Joseph Boczov, chef du prestigieux du détachement qui réalisait les déraillements de trains militaires allemands, et Marcel Rajman, organisateur de l'attentat contre le général Ritter<ref>[[Roger Pannequin]], ''Adieu Camarades'', Éditions Le Sagittaire, 1977.</ref>.
* En 1985, [[Mélinée Manouchian]] accuse [[Boris Holban]] d'avoir permis la capture du groupe<ref>{{Article|auteur=Jean-Francois Lixon|titre=Après la disparition d'Arsène Tchakarian, les œuvres inspirées par « l'Affiche rouge » et le Groupe Manouchian|périodique=Culturebox|date=08/08/2018|lire en ligne=https://culturebox.francetvinfo.fr/culture/ces-oeuvres-inspirees-par-l-affiche-rouge-et-le-groupe-manouchian-277605#xtor=EREC-15-%5BQuotidienne%5D-20180807-%5Bactu%5D&pid=726375-1436188443-cfa2f334|consulté le=11/08/2018|pages=}}.</ref> dans un documentaire de [[Mosco Boucault]], ''[[Des terroristes à la retraite]]''<ref name="mémorial">{{lien web|langue=en|url=https://www.imdb.com/title/tt0264525|titre=''Des terroristes à la retraite''|site=IMDb}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Des terroristes à la retraite|url=https://www.tenk.fr/les-films-de-cinema-du-reel-2020/des-terroristes-a-la-retraite.html|site=tenk.fr|consulté le=2020-05-17}}.</ref>. Puis le {{date-|14 juin 1985}}, lors d'une conférence de presse avant sa diffusion télévisée, elle accuse Boris Holban d'avoir « donné » son mari à la police<ref name="effacé"/> tout en semblant disculper la direction du PCF. [[Philippe Robrieux]] affirme au même moment que le traitre est [[Jean Jérôme]]. Cette thèse à deux versions est infirmée par le témoignage de Boris Holban{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1989}} dans la presse puis dans un livre, tandis qu'un autre livre de trois historiens le lave de tout soupçon.
 
La mémoire des FTP-MOI continue d'être entretenue, notamment par le Comité français de défense des immigrés, la presse et les militants de gauche, qui organisent un meeting commémoratif en {{date-|février 1951}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Andrée Marty-Capgras]]|titre=Paris n'oublie pas…|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|numéro=2007|pages=2|date=20-02-1951|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4155043q/f2}}|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Paul Tillard]]|titre=Ce soir à la Mutualité le peuple de Paris honorera la mémoire de Manouchian|périodique=[[Ce soir]]|numéro=2 909|pages=4|date=22-02-1951|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k4133490k/f4}}|accès url=libre}}</ref>. Le même mois, l'histoire des vingt-trois morts du groupe Manouchian est racontée dans ''Pages de gloire des 23'', livre publié aux [[Les Éditions sociales|Éditions sociales]] par l'association des anciens FTP, avec une postface de son président [[Charles Tillon]] et une préface de [[Justin Godart]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=181-182}}. [[Claude Roy (écrivain)|Claude Roy]] en fait la publicité dans sa chronique littéraire publiée dans ''Libération''<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Claude Roy (écrivain)|Claude Roy]]|titre=La femme du docteur|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|numéro=2038|pages=2|date=28-03-1951|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k41550748/f2}}|accès url=libre}}</ref>.
==== Années 2000 à 2020 ====
* les 11 et {{date-|17 février 2024}}, dans ''[[L'Express]]'' puis ''[[Le Point]]'', l'historien [[Stéphane Courtois]] raconte « comment le Parti communiste a effacé ses résistants juifs »<ref name="effacé">{{Lien web |langue=fr |titre=Manouchian au Panthéon : comment le Parti communiste a effacé ses résistants juifs |url=https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/manouchian-au-pantheon-comment-le-parti-communiste-a-efface-ses-resistants-juifs-PYWSVJQHHRDX3EC3AZ2DLHS7HM/ |site=L'Express |date=2024-02-11 |consulté le=2024-02-25}}</ref>{{,}}<ref name=toussecrets>François-Guillaume Lorrain, « Missak Manouchian : tous les secrets de l'Affiche rouge », ''[[Le Point]]'', 17 février 2024.</ref>.
 
Au début des années 1950, on évoque de moins en moins le « groupe Manouchian-Boczov » et de plus en plus le « groupe Manouchian »{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=167}}{{,}}<ref name="dp" />. Ainsi, en {{date-|février 1951}}, le magazine ''[[Regards]]'' rend hommage à Missak Manouchian et ses camarades{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=184}} et parle du {{citation|détachement Manouchian}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Manouchian|périodique=[[Regards]]|numéro=288|pages=15|date=23-02-1951|lire en ligne={{Gallica|id=bd6t511106r/f12}}|accès url=libre}}</ref>. Le {{date-|15 mars 1951}}, le conseil municipal de Paris débat d'une proposition pour qu'une [[Réseau viaire de Paris|rue de Paris]] reçoive le nom de « Groupe Manouchian »<ref>''Table des débats. 1949-1959'', {{p.|121}}, [[Mairie de Paris|hôtel de ville]] de Paris.</ref>{{,}}<ref name=":25" />. Selon [[Annette Wieviorka]], le nom de Joseph Boczov est donc de fait mis de côté{{Sfn|Annette Wieviorka|2024|p=38}}. Le {{date-|23 mars 1953}}, le conseil municipal de Paris débat à nouveau sur le sujet, deux ans après la première tentative d'[[Albert Ouzoulias]], qui revient à la charge{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=188}}. Il déclare notamment : {{citation|Au lendemain de 1871, le nom de Garibaldi a été donné à un boulevard de Paris. On refuserait aujourd'hui de donner à une rue le nom de Manouchian ?}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=188}}.
=== Monuments ===
[[Fichier:Памятник Мисаку Манушяну (1).jpg|vignette|Stèle en hommage à Missak Manouchian au [[cimetière parisien d'Ivry]].]]
 
En 1953, le conseil municipal de la ville d'[[Alfortville]] se prononce à l'unanimité pour attribuer le nom de Missak Manouchian à l'une des rues de la commune{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=9}}. Cependant, cette décision est rejetée par le [[Ministère de l'Intérieur (France)|ministère de l'Intérieur]], considérant qu'il n'a pas rendu à la ville {{citation|les services éminents de nature à justifier l'hommage que le conseil municipal propose de lui décerner}}{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=9}}. Une « rue du Groupe Manouchian » est finalement inaugurée en 1955{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=9}}.
* La mairie de [[Port-de-Bouc]] a donné le nom du groupe Manouchian à une avenue et a érigé une stèle en hommage au groupe « Héros de la Résistance ».
* Le {{date-|4 novembre 1978}} est inaugurée au [[cimetière parisien d'Ivry]] la stèle Missak Manouchian, sur laquelle figurent les noms des vingt-trois fusillés, en présence de sa veuve [[Mélinée Manouchian|Mélinée]]. Le monument est dû au sculpteur arménien [[Ara Haroutiounian]], à l'initiative de l'Amicale des anciens résistants français d'origine arménienne.
* Le {{date-|18 février 1979}} est inauguré un monument à la mémoire de Missak Manouchian et de ses vingt-deux camarades, avec les noms et les nationalités de toutes les victimes, à Décines, dans l'agglomération lyonnaise.
* La mairie d'[[Évry]] donne le nom de Missak Manouchian à un parc en bord de [[Seine]] et érige un mémorial à l'endroit même où eut lieu son arrestation, à côté de ce parc, dans l'allée qui prolonge la rue Robert Pissonnier et qui correspond à l'accès à l'ancien pont d'Évry, aujourd'hui détruit<ref>[http://www.ivry94.fr/fileadmin/MEDIA/aa-lHebdo.net/expo_manouchian-maj-oct2009.pdf « Le groupe Manouchian, ces étrangers et nos frères pourtant »], mairie d'[[Ivry-sur-Seine]], 6 octobre 2009, consulté le 3 septembre 2014 via le site [http://www.ivry94.fr/decouvrir-la-ville/histoire-patrimoine/les-ressources/expositions-virtuelles/ « expositions-virtuelles » de la ville d'Ivry.]</ref>.
* Une plaque commémorative est déposée le {{date-|21 février 2009}}<ref>[http://www.mairie14.paris.fr/mairie14/jsp/site/Portal.jsp?article_id=13742&portlet_id=1401 « Le {{14e}} rend hommage à Missak Manouchian »], mairie du {{14e|arrondissement}}, le 17 février 2009, sur le site ''www.mairie14.paris.fr'', consulté le 25 février 2009.</ref> par la [[mairie de Paris]]<ref>[http://pcf-paris14.over-blog.org/article-23998056.html « Apposition d'une plaque à la mémoire de Manouchian rue de Plaisance »], 22 octobre 2008, sur le site de la section du {{14e|arrondissement}} du Parti communiste français, consulté le 25 février 2009.</ref>, au 11 [[rue de Plaisance]] ({{14e|arrondissement de Paris}}), en présence d'anciens résistants. Cet ancien hôtel fut le dernier domicile de [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] (née Assadourian) et de Missak Manouchian.
 
En 1951, des personnes et organisations demandent l'attribution du nom de Manouchian à une rue de Paris, notamment [[Raymond Bossus]], le Comité français pour la défense des immigrés ou encore l'[[Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance|Association nationale des anciens combattants des forces françaises de l'intérieur, francs-tireurs et partisans français]], et adressent des pétitions à la municipalité en ce sens<ref name=":27">{{Article|langue=fr|titre=Attribution de noms à diverses voies, à un square et à un gymnase parisiens|périodique=Bulletin municipal officiel de la ville de Paris. Délibérations des assemblées de la Ville de Paris et du Département de la Seine|numéro=7|pages=60-61|éditeur=[[Mairie de Paris]]|date=04-06-1954|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k9806083w/f14}}|accès url=libre}}</ref>. Le {{date-|28 octobre 1954}}<ref>''Table des débats. 1952-1955.'', {{p.|1776}}, [[Mairie de Paris|hôtel de ville]] de Paris.</ref>{{,}}<ref name=":25" /> (ou les 8-{{date-|9 avril 1954}}<ref name=":27" />), la mairie de Paris vote la réunion des impasses Fleury et du Progrès, dans le [[20e arrondissement de Paris|{{20e}}]], en une unique [[rue du Groupe-Manouchian]], mais l'inauguration a lieu plus tard, le {{date-|6 mars 1955}}, par [[Bernard Lafay]]<ref name=":19">{{Lien web |langue=fr |titre=Informations diverses |url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1955/03/08/informations-diverses_1952791_1819218.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=08-03-1955 |consulté le=12-07-2024}}</ref>. Pour cette inauguration, le PCF (mais aussi les anciens résistants Albert Ouzoulias, [[Claude Lévy (biologiste)|Claude Lévy]] et [[Raymond Lévy (résistant)|Raymond Lévy]]<ref name=":24" />) commande{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=184-185}} à Louis Aragon un poème{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}} publié dans ''L'Humanité'' le jour-même, sous le titre ''Le Groupe Manouchian'', s'inspirant de la lettre à [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] que cette dernière lui a envoyée<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Daniel Bougnoux |titre=Manouchian au Panthéon |url=https://media.blogs.la-croix.com/manouchian-au-pantheon/2023/06/23/ |accès url=libre |site=media.blogs.la-croix.com |date=23-06-2023 |consulté le=14-07-2024}}</ref>. Ce poème est publié un an plus tard sous le titre ''[[Strophes pour se souvenir]]'' dans ''[[Le Roman inachevé]]''. C’est dans ce poème qu'apparaît l’expression {{Citation|Français de préférence}}<ref name="Aragon">{{ouvrage|auteur1=[[Louis Aragon]]|passage=« Strophes pour se souvenir », {{p.|227-228}}|titre=[[Le Roman inachevé]]|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|lieu=Paris|année=1956}}.</ref>. En 1959, le poème est mis en musique par [[Léo Ferré]]<ref name=":24" /> qui sort en [[1961 en musique|1961]] sous le titre ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]'' en ouverture de l'album ''[[Les Chansons d'Aragon]]''{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=165|id=MAP2023}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=185}}. Selon Dimitri Manessis et [[Jean Vigreux]], {{citation|Les paroles d'Aragon et la musique de Ferré en font l'une des chansons les plus populaires et les mieux partagées de la mémoire de la Résistance}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=186}}. Mélinée, de passage à Paris, découvre la chanson le {{date-|16 mars 1960}} au domicile de Léo Ferré lui-même, qui l'invite en compagnie d'[[Elsa Triolet]] et d'Aragon{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=251}}. {{citation|Je ne peux pas décrire l'impact émotionnel que j'ai ressenti en l'écoutant, je dirais seulement que nous sommes tous restés silencieux…}}, écrit-elle{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=251}}. Aragon lui envoie ensuite à Erevan l'enregistrement{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=251}}.
[[Fichier:Buste Jardin Missak Manouchian (Marseille).JPG|vignette|Buste à Marseille.]]
 
En 1955, la revue arménienne ''Loussaghbiour'' rend hommage à Missak<ref>{{Article|langue=hy|titre=Միսաք Մանուշեանի եւ իր Գունդին|sous-titre=Յարգանքի հանդիսութիւններ|traduction titre=Missak Manouchian et son régiment : cérémonies d'hommage|périodique=Loussaghbiour|numéro=29-31|pages=139-142|date=janvier-mars 1955|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1955/29-31.pdf|accès url=libre|format=pdf}}.</ref>, notamment par la publication de poèmes en son honneur de Berdjouhi Eleguian{{Sfn|Berdjouhi Eleguian|1955}} et de Kourken Mahari{{Sfn|Kourken Mahari|1955}}, ainsi qu'une traduction en arménien du poème d'Aragon<ref>{{Article|langue=hy|titre=Groupe Manouchian|périodique=Loussaghbiour|numéro=29-31|pages=141|date=janvier-mars 1955|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1955/29-31.pdf|accès url=libre|format=pdf}}.</ref>.
* À [[Marseille]], sur le boulevard Charles-Livon dans le [[Le Pharo|quartier du Pharo]], depuis le {{date-|20 février 2010}}, le buste de Missak Manouchian avec la liste des noms de ses vingt-deux compagnons exécutés comme lui se dresse dans un square qui porte son nom, face au vieux port. L'initiative en revient à la Jeunesse arménienne de France.
 
* En février et {{date-|mars 2012}}, une grande fresque en hommage au groupe Manouchian est réalisée du côté du [[passage du Surmelin]] dans le {{arrondissement|20|Paris|long=oui}} par l'artiste Popof.
==== Années 1960 à 2020 ====
* Le 21 février 2020, à l'occasion de la commémoration de l'assassinat du [[FTP-MOI de la région parisienne|groupe Manouchian]] au [[forteresse du Mont-Valérien|Mont-Valérien]] en 1944, a été inaugurée à [[Valence (Drôme)|Valence]] dans la [[Drôme (département)|Drôme]] un monument à Missak Manouchian et au groupe Manouchian, œuvre du sculpteur arménien [[Toros Roslin]]. Ce monument représente {{citation|la souffrance de l'humanité}}, accompagné d'une photographie de Missak Manouchian et d'une stèle énumérant tous les membres du groupe. À cette occasion, la petite place sur laquelle a été érigé le monument, a été dénommée « place Manouchian ».
La [[présidence de Charles de Gaulle]] à partir de début 1959 {{citation|ouvre une nouvelle ère}} pour la mémoire de Missak Manouchian et de ses camarades{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}. En effet, [[Charles de Gaulle]] décide la construction du [[Mémorial de la France combattante]] sur le [[mont Valérien]], lieu d'exécution de Missak, qui est inauguré en 1960{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}. {{citation|Il y a alors une convergence mémorielle entre de Gaulle et son principal adversaire politique, le PCF, centrée autour de la figure du résistant}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}.
* À [[Arnouville]], une [[stèle]] à la mémoire du groupe Manouchian est située à l'angle des rues Jean Jaurès et Missak Manouchian. Chaque année depuis 1992, fin février, un hommage y est rendu par la communauté arménienne, par la mairie ainsi que par les habitants.
 
Au début des années 1960, le réalisateur arménien soviétique [[Laert Vagharchian]] (1922-2000) envisage le tournage d'un documentaire consacré à Missak Manouchian{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=215}}, après avoir lu la traduction russe de l'ouvrage ''Pages de gloire des 23'', qui le bouleverse{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=216}}. Ce tournage commence en 1970 à Paris, lors duquel il s'entretient avec des acteurs survivants de la Résistance dont [[Jacques Duclos]], [[Rouben Mélik]], [[Arsène Tchakarian]], Misha Aznavourian et [[Charles Aznavour|son fils]], [[Jacob Salomon]] ou Dolorès Bancic (fille d'[[Olga Bancic]]){{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=215}}. Le film est produit en 1979 par les studios de Erevan sous le titre Сегодня солнечньій день (Группа Манушяна) (''Aujourd'hui il y a du soleil (Groupe Manouchian)'') mais n'a qu'une diffusion très confidentielle{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=215}}. Il est restauré en 2010{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=215}}.
 
Le {{date-|17 mars 1961}}, l'Union fédérale des groupements d'anciens volontaires et résistants d'origine étrangère (UGEVRE) organise une soirée en mémoire du « groupe Manouchian-Boczov » lors de laquelle est questionnée l'adhésion de la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]] à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]] ({{citation|Manouchian et ses hommes ne pensaient certainement pas que, dix-sept ans plus tard, des troupes françaises seraient placées sous le commandement d'un général allemand}}), preuve que cette mémoire est mise au service d'enjeux du présent{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=186}}.
 
{{nobr|20 ans}} après leur exécution, le PCF commémore en 1964 le « groupe Manouchian-Boczov » à [[Ivry-sur-Seine]], souhaitant l'union des anciens résistants pour {{citation|le triomphe de nos idéaux communs}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=187}}. Un hommage solennel leur est aussi rendu [[salle du Conservatoire]] sous la présidence de [[Louis Martin-Chauffier]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=David Anselme |titre=L'Affiche rouge |url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1964/02/26/l-affiche-rouge_2131530_1819218.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=26-02-1964 |consulté le=15-07-2024}}</ref>. {{nobr|150 personnes}} se rendent au cimetière d'Ivry{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=12}}. L'année suivante, une soirée commémorative similaire est organisée sous la présidence d'honneur de Louis Aragon{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=15}}.
 
En 1964, Mélinée Manouchian fait une demande de naturalisation, deux ans après son retour en France : dans son dossier, on peut trouver des attestations de résistance pour elle et son mari des mains d'[[Henri Rol-Tanguy]], de [[Charles Tillon]] et d'[[Emmanuel d'Astier de La Vigerie]]{{sfn|id=AprèsLibération|texte=Après la Libération : hommages et mémoire|p=5-8}}.
 
En 1965, Gaston Laroche (pseudonyme du résistant Boris Matline) raconte la participation des combattants immigrés dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]] dans ''On les nommait des étrangers : Les immigrés dans la résistance française''{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=187-188}}, notamment celle du [[groupe Manouchian-Boczov-Rayman]]{{sfn|Gaston Laroche|1965|p=27-124}}.
 
Missak Manouchian n'obtient la mention honorifique posthume « [[Mort pour la France]] » qu'en 1971<ref name=":17" />, car le [[Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre]] fixant son attribution la réservait aux Français{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=178|id=MAP2023}}. Il en est de même pour Joseph Boczor, qui n'obtient cette mention que le {{date-|17 avril 1972}}<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=Dimitri Manessis|titre=Joseph Boczor : le « chef dérailleur » de l'Affiche rouge|url=https://www.humanite.fr/histoire/manouchian/manouchian-et-ses-camarades-qui-sont-les-23-martyrs-de-laffiche-rouge|site=humanite.fr|accès url=libre|date=21-02-2024|consulté le=23-07-2024}}</ref> et pour le dernier du groupe, [[Szlama Grzywacz]], le {{date-|18 février 2023}}, peu avant l'entrée de Manouchian au Panthéon<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=[[Jean Vigreux]]|titre=Szlama Grzywacz : le juif Polonais n'est reconnu « Mort pour la France » que le 18 février 2023|url=https://www.humanite.fr/histoire/manouchian/manouchian-et-ses-camarades-qui-sont-les-23-martyrs-de-laffiche-rouge|site=humanite.fr|accès url=libre|date=21-02-2024|consulté le=23-07-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=fr |titre=Le résistant Szlama Grzywacz reconnu « mort pour la France » |url=https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/02/18/le-resistant-szlama-grzywacz-reconnu-mort-pour-la-france |accès url=libre |site=elysee.fr |date=18-02-2024 |consulté le=23-07-2024}}</ref>.
 
Dans les [[années 1970 en France|années 1970]], Missak Manouchian et ses camarades reviennent dans l'actualité {{citation|pour mieux dénoncer les turpitudes des « bons Français »}} [[Collaboration en France|ayant collaboré]] mis en lumière par les documentaires ''[[Le Chagrin et la Pitié]]'' (1971), ''Français si vous saviez'' (1973) et ''[[Chantons sous l'Occupation]]'' (1976){{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}. En 1974, Mélinée Manouchian publie ses [[mémoires]] sous le titre ''[[Manouchian (mémoires)|Manouchian]]'', qu'elle dédie à son mari{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}. Enfin, en 1976, le cinéaste [[Frank Cassenti]] réalise ''[[L'Affiche rouge (film)|L'Affiche rouge]]'' consacré aux membres du groupe Manouchian{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=225}}{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=176|id=MAP2023}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=200}}. Au départ, ce projet devait être réalisé dix ans plus tôt par [[Armand Gatti]], film dans lequel le rôle de Missak Manouchian aurait été joué par [[Charles Aznavour]]<ref name=":12" />{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=200}}. Armand Gatti écrit sur le groupe Manouchian, en particulier sur [[Roger Rouxel]] et sa dernière lettre {{incise|auxquels il consacre six courts-métrages}}, entre 1965 et 1978{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=219}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=187}}.
 
Le {{date-|4 novembre 1978}}, Mélinée Manouchian inaugure une stèle à l'effigie de son mari dans le carré des fusillés du cimetière d'Ivry{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=182|id=MAP2023}}.
 
En 1984, le président [[François Mitterrand]] rend hommage à Missak Manouchian dans un discours du {{date-|7 janvier 1984}} lors d'un déplacement auprès de la communauté arménienne de [[Vienne (Isère)|Vienne]] ([[Isère (département)|Isère]])<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[François Mitterrand]] |titre=Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion du Noël des Arméniens dans la salle des fêtes de la mairie de Vienne, samedi 7 janvier 1984 |url=https://www.vie-publique.fr/discours/134680-allocution-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-loc |accès url=libre |site=vie-publique.fr |date=07-01-1984 |consulté le=12-07-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=177|id=MAP2023}}. Dans ce discours, il annonce la commémoration du {{40e}} anniversaire de son exécution, qui a lieu en {{date-|février 1984}} sous la présidence de [[Roland Dumas]], [[Liste des ministres français des Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]]{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=177|id=MAP2023}}.
 
En 1985 sort le documentaire de [[Mosco Boucault]] intitulé ''[[Des terroristes à la retraite]]''<ref>{{lien web |langue=en |titre=''Des terroristes à la retraite'' |url=https://www.imdb.com/title/tt0264525 |accès url=libre |site=imdb.com |consulté le=02-05-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Des terroristes à la retraite |url=https://www.on-tenk.com/fr/documentaires/les-films-de-cinema-du-reel-2020/des-terroristes-a-la-retraite |accès url=libre |site=on-tenk.com |consulté le=02-05-2024}}</ref>, qui {{citation|replace l'Affiche rouge dans l'actualité politique}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=177|id=MAP2023}}. Tourné et réalisé en 1983, il n'est diffusé qu'en 1985 après des pressions par le PCF pour le faire interdire{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}}{{,}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33|id=M}}. [[Mélinée Manouchian]], interviewée dans le documentaire, évoque le rôle de l'Affiche rouge dans la préservation de la mémoire de son mari : {{citation|Il y a des jours où je ne peux pas m'empêcher de penser que peut-être si les nazis n'avaient pas fait cette Affiche rouge, personne n'aurait parlé de Manouchian, de Boczor, de Rajman, d'Alfonso et des autres combattants étrangers. On les aurait enterrés et oubliés}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=133-134}}. C'est aussi l'avis de Denis Peschanski : {{citation|Si Manouchian entre au Panthéon aujourd’hui, il le doit naturellement à son action, mais aussi à cette fameuse Affiche rouge qui eut l’effet inverse de celui escompté par les Allemands}}<ref name=":24" />. Ce documentaire présente des témoignages d'anciens membres des FTP-MOI et s'interroge sur les raisons de la chute de l'organisation{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=177|id=MAP2023}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}}{{,}}<ref name="dp" />. Dans le documentaire, Mélinée estime que son mari a été sacrifié pour des raisons tactiques par le commissaire politique des FTP-MOI<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jean-François Lixon |titre=Après la disparition d'Arsène Tchakarian, les œuvres inspirées par "l'Affiche rouge" et le Groupe Manouchian |url=https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/jazz/apres-la-disparition-d-039-arsene-tchakarian-les-oeuvres-inspirees-par-quot-l-039-affiche-rougequot-et-le-groupe-manouchian_3279411.html |accès url=libre |site=francetvinfo.fr |date=07-08-2018 |consulté le=02-05-2024}}</ref> et par le PCF en général{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}}{{,}}{{Sfn|Jean-Pierre Besse|2010}}{{,}}<ref name=":26" />. Le {{date-|14 juin 1985}}, elle accuse publiquement [[Boris Holban]] d'avoir donné son mari à la police<ref name=":25">{{Lien web |langue=fr |auteur1=[[Stéphane Courtois]] |titre=Manouchian au Panthéon : comment le Parti communiste a effacé ses résistants juifs |url=https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/manouchian-au-pantheon-comment-le-parti-communiste-a-efface-ses-resistants-juifs-PYWSVJQHHRDX3EC3AZ2DLHS7HM/ |accès url=libre |site=lexpress.fr|date=2024-02-11 |consulté le=2024-02-25}}</ref>. [[Philippe Robrieux]] affirme au même moment que le traître serait [[Jean Jérôme]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}}. La thèse de la trahison de Holban et de la direction du PCF est infirmée par les historiens{{sfn|Stéphane Courtois|Denis Peschanski|Adam Rayski|1994|p=382}}{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=190}} et par le témoignage de Boris Holban lui-même, qui publie son ''Testament''{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}}. Autre point de débat : l'un des interviewés par le documentaire émet l'hypothèse selon laquelle le PCF aurait cherché à occulter le rôle des résistants étrangers{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=177|id=MAP2023}}. Devant l'ampleur de la polémique, dont on retrouve des traces dans la presse de l'époque{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=189}} (par exemple dans ''[[Le Monde]]'' sous la plume de Stéphane Courtois<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Stéphane Courtois]] |titre=Le "groupe Manouchian" sacrifié ou trahi ? |url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/06/03/le-groupe-manouchian-sacrifie-ou-trahi_2754119_1819218.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=03-06-1985 |consulté le=20-07-2024}}</ref> ou celle d'Adam Rayski<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=[[Adam Rayski]]|titre=Contre l'histoire-fiction|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/06/19/contre-l-histoire-fiction_2754469_1819218.html|site=lemonde.fr|accès url=payant|date=19-06-1985|consulté le=14-07-2024}}</ref>), la direction d'[[Antenne 2]] décide de ne pas diffuser le documentaire<ref>{{lien web|langue=fr|titre=Manouchian. Antenne 2 Le Journal de 20H - 29.05.1985 - 03:26 - vidéo|url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab8501445901/manouchian|site=ina.fr|accès url=libre|date=29-05-1985|consulté le=12-07-2024}}</ref>. En effet, son PDG, Jean-Claude Héberlé, décide de sa déprogrammation après consultation d'un jury d’honneur où siégent notamment cinq figures de la Résistance parmi lesquelles les époux [[Raymond Aubrac|Raymond]] et [[Lucie Aubrac]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Chloé Leprince |titre=Missak Manouchian au Panthéon : trahisons et ornières d'une mémoire communiste capricieuse |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/missak-manouchian-au-pantheon-trahisons-et-ornieres-d-un-memoire-communiste-capricieuse-7848386 |accès url=libre |site=radiofrance.fr |éditeur=[[France Culture]] |date=21-06-2023 |consulté le=20-07-2024}}</ref>. La chaîne décide finalement de changer d'avis : le documentaire passe dans l'émission ''[[Les Dossiers de l'écran]]'' du {{date-|2 juillet 1985}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Manouchian. Antenne 2 Le Journal de 20H - 02.07.1985 - 04:31 - vidéo |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab97133605/manouchian |accès url=libre |site=ina.fr |date=02-07-1985 |consulté le=12-07-2024}}</ref>{{,}}<ref name=":26">{{Lien web |langue=fr |auteur=Florence Dartois |titre=L'histoire de Missak Manouchian, l'Arménien symbole des Résistants étrangers en France |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/missak-manouchian-resistance-seconde-guerre-mondiale-ftp-moi-communiste-juif-armenien |accès url=libre |site=ina.fr |date=18-06-2023 |consulté le=12-07-2024}}</ref>.
 
En 1981, lors du procès de membres de l'organisation terroriste arménienne ASALA ([[Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie]]), qui a ciblé des dignitaires turcs en représailles du [[génocide arménien]] lors de l'[[opération Van]], Mélinée Manouchian, appelée à témoigner, résume sa vie ainsi : {{citation|Monsieur le président, je suis devenue orpheline durant la Première Guerre mondiale et veuve pendant la Seconde}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=38|id=M}}. Elle déclare aussi : {{citation|Voici les enfants que nous aurions aimé avoir avec mon mari}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=178|id=MAP2023}} ; ou encore : {{citation|Je ne sais pas si ces garçons ont eu tort. Je sais seulement que ce ne sont pas des terroristes. Ils sont comme nous}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=38|id=M}}.
 
Le {{date-|3 mars 1998}} est créée une commission, sous l'égide du [[Liste des ministres français des Anciens Combattants|ministère des Anciens combattants]], chargée de rendre hommage aux fusillés du mont Valérien{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=178|id=MAP2023}}{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Le rôle de la commission|url=http://www.mont-valerien.fr/parcours-de-visite/le-monument-en-hommage-aux-fusilles/le-role-de-la-commission/|site=mont-valerien.fr|accès url=libre|consulté le=12-07-2024}}</ref>. Un concours est lancé en 2000{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=304}}. Il est emporté par l'artiste [[Pascal Convert]] l'année suivante{{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=304}}. Il réalise un [[monument]] ayant la forme d'une [[cloche]] de [[bronze]], sur laquelle sont gravés les noms de résistants dont Missak Manouchian, et inaugurée par [[Jean-Pierre Raffarin]] le {{date-|20 septembre 2003}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=178|id=MAP2023}}{{,}}<ref name=":20">{{Lien web|langue=fr|titre=Une cloche monumentale pour honorer les martyrs du Mont-Valérien|url=https://www.lemonde.fr/une-abonnes/article/2003/09/20/une-cloche-monumentale-pour-honorer-les-martyrs-du-mont-valerien_334751_3207.html|accès url=libre|site=lemonde.fr|date=20-09-2003|consulté le=12-07-2024}}</ref>{{,}}<ref name=":21">{{Lien web|langue=fr|titre=L'œuvre de Pascal Convert|url=http://www.mont-valerien.fr/parcours-de-visite/le-monument-en-hommage-aux-fusilles/loeuvre-de-pascal-convert/|accès url=libre|site=mont-valerien.fr|consulté le=12-07-2024}}</ref>.
 
En 2009 sort ''[[L'Armée du crime]]'' de [[Robert Guédiguian]], film dans lequel Missak Manouchian est interprété par [[Simon Abkarian]]{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=202-205}}. La même année, l'écrivain [[Didier Daeninckx]] sort un roman intitulé ''Missak'', qui comporte des éléments d'enquête historienne{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=206}}.
 
=== Monuments et plaques ===
{{boîte déroulante/début|titre=Liste}}
''(Par ordre chronologique)''
{| class="wikitable"
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! Type
! Lieu
! Date d'inauguration et personnalités présentes
! Image
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| Plaque commémorative
| Centre omnisports Groupe Manouchian ([[Aubervilliers]])
| {{date-|14 décembre 1974}}, par [[Mélinée Manouchian]], [[André Karman]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=139}}<br>Nouvelle plaque inaugurée le {{date-|21 février 2014}} par [[Jacques Salvator]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=139}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Une plaque pour Manouchian |url=https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/une-plaque-pour-manouchian-21-02-2014-3610235.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=21-02-2014 |consulté le=19-04-2024}}</ref>
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| Fresque commémorative (réalisée par H. Gasnier)
| Avenue du Groupe Manouchian ([[Port-de-Bouc]])
| {{date-|9 mai 1976}}, par [[René Rieubon]], [[Mélinée Manouchian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=365}}
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| Mémorial avec buste de Missak Manouchian (réalisé par Ara Harutunyan)
| Carré militaire du [[cimetière parisien d'Ivry]] ([[Ivry-sur-Seine]])
| {{date-|4 novembre 1978}}, par [[Mélinée Manouchian]], [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]], [[Diran Vosguiritchian]], [[Stepan Tchervonenko]], Roupen Sahakyan, Jacques Laloë{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=177}}
| [[Fichier:Памятник Мисаку Манушяну (1).jpg|200x200px|alt=Photographie d'un stèle funéraire rectangulaire en tuf orange au centre de la laquelle repose un buste de Missak Manouchian.]]
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| Buste de Missak Manouchian (réalisé par Ara Harutunyan ; épreuve du buste situé au [[cimetière parisien d'Ivry]])
| [[Musée de la Résistance nationale]] ([[Champigny-sur-Marne]])
| {{date-|4 novembre 1978}}, par [[Mélinée Manouchian]]{{Sfn|id=ExpoIvry|texte=Exposition de la ville d'Ivry-sur-Seine|p=10}}, offert en {{date-|novembre 1978}} par Arménouhie Guiragossian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=145}}
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| Statue gisante (réalisée par [[Georges Salendre]]) et plaque commémorative
| Square Missak Manouchian ([[Vaulx-en-Velin]])
| {{date-|18 février 1979}}, par Jean Capiévic, [[Arsène Tchakarian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=72}}
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| Stèle commémorative
| Avenue Manouchian ([[Aubagne]])
| {{date-|22 février 1981}}, par [[Edmond Garcin]], [[Arsène Tchakarian]], Alexandre Konstantinian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=293}}
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| Plaque commémorative
| Rue Manouchian ([[Échirolles]])
| {{date-|26 février 1984}}, par [[Gilbert Biessy]], Garabet Marandjian, Sarkis Altounian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=35}}
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| Plaque commémorative, effigie de Missak Manouchian et ''La Souffrance de l'humanité'' (statue réalisée par [[R. Toros]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Sculpture "La Souffrance de l'Humanité" de Toros |url=https://www.valence-romans-tourisme.com/fr/catalogue/detail/sculpture-la-souffrance-de-l-humanite-de-toros-6521199/ |accès url=libre |site=valence-romans-tourisme.com |consulté le=30-03-2024}}</ref>)
| Rue Belle Image ([[Valence (Drôme)|Valence]])
| {{date-|31 mars 1984}}, par [[Mélinée Manouchian]], [[Rodolphe Pesce]] pour la plaque{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=63}}<br>{{date-|février 1997}} pour l'effigie<br>{{date-|21 février 2020}}, par [[Nicolas Daragon]] pour la statue
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| Plaque commémorative
| Rue Missak Manouchian ([[Arnouville]])
| {{date-|22 février 1992}}, par [[Fernand Grenier]], [[Arsène Tchakarian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=133}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La stèle de Missak Manouchian à Arnouville, inauguration |url=https://lepassedarnouville.fr/stele-de-missak-manouchian-arnouville-1945 |accès url=libre |site=lepassedarnouville.fr |date=29-02-2024 |consulté le=28-03-2024}}</ref>
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| Stèle commémorative du groupe Manouchian
| Parc Normandie Niémén ([[Givors]])
| {{date-|février 1994}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=36}}
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| Plaque commémorative
| Esplanade Missak Manouchian ([[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]])
| {{date-|24 avril 1994}}, par [[Jean-Pierre Brard]], [[Arsène Tchakarian]], Arménouhie Guiragossian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=192}}
| [[Fichier:Plaque Missak Manouchian Esplanade Missak Manouchian Montreuil Seine St Denis 2.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une plaque commémorative sur laquelle on peut lire « Missak Manouchian<br>(1906-1944)<br>(Commandant des Francs-Tireurs Partisans-Main d'Œuvre Immigrée de la région parisienne)<br>Arrêté par la Gestapo le 16 novembre 1943<br>Fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien avec 22 de ses camarades résistants<br>Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes<br>…Vous vous étiez simplement servi de vos armes<br>La mort n'éboulit pas les yeux des Partisans<br>Louis ARAGON<br>extrait du poème "strophes pour se souvenir" 1955<br>"Heureux celui qui tombe pour la libération des Peuples"<br>extrait d'un chant révolutionnaire Arménien ».]]
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| Mémorial composé de dix stèles
| Parc Missak Manouchian ([[Évry-Courcouronnes]])
| {{date-|12 novembre 1994}}, par [[Jacques Guyard]] (rénovation en 2011){{sfn|Hrant Norsen|2023|p=164}}
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| Plaque commémorative
| [[Rue au Maire]] ([[3e arrondissement de Paris|{{3e}} arrondissement de Paris]]
| {{date-|19 juin 1995}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=195}}
| [[Fichier:Rue au Maire (Paris).jpg - plaque Manouchian.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une plaque commémorative sur laquelle on peut lire « A la mémoire de ceux de l'Affiche rouge et de leur chef militaire le poète arménien Missak Manouchian qui utilisa cette maison dans son combat clandestin », suivi de la liste des 22 autres résistants exécutés, puis de « Combattants Francs-tireurs partisans de la ''Main d'œuvre immigrée'' morts en 1944 pour la France et la liberté ».]]
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| Plaque commémorative dédiée à Missak Manouchian
| Place du 24 avril 1915 ([[Saint-Martin-d'Hères]])
| {{date-|23 mars 1996}}, par [[Arsène Tchakarian]], Michel Hadjimanolis, [[Gilbert Biessy]], [[Didier Migaud]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=36}}
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| Plaques commémoratives
| [[Rue du Groupe-Manouchian]] ([[20e arrondissement de Paris|{{20e|arrondissement}} de Paris]])
| {{date-|22 février 1999}}, par [[Michel Charzat]], Simon Rayman{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=219}}<br>{{date-|21 février 2011}}
| [[Fichier:Plaques Rue du Groupe Manouchian.jpg|200x200px|alt=Photographie de trois plaques commémoratives posées les unes à côtés des autres. Sur la première est reproduite l'Affiche rouge. Sur la seconde, on peut lire « Aux héros du groupe Manouchian. Arméniens, Juifs, Français, Etrangers, Patriotes, Résistants. Ils sont morts pour la France et la Liberté. Passant, souviens toi ». Sur la troisième, on peut lire un extrait du poème d'Aragon et le nom des 23 résistants exécutés.]]
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| Cloche commémorative en bronze (réalisée par [[Pascal Convert]]){{Sfn|id=Rééd2023|texte=Manouchian documents 2023|p=302-308}}
| [[Mémorial de la France combattante]] ([[mont Valérien]])
| {{date-|20 septembre 2003}}, par [[Jean-Pierre Raffarin]]{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=178|id=MAP2023}}{{,}}<ref name=":20" />{{,}}<ref name=":21" />
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| Plaque commémorative
| Cour de la résidence Manouchian ([[Le Blanc-Mesnil]])
| {{date-|21 février 2004}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=178}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Une plaque commémorative au Blanc-Mesnil |url=https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/une-plaque-commemorative-au-blanc-mesnil-21-02-2004-2004772599.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=21-02-2004 |consulté le=23-04-2024}}</ref>
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| Buste de Missak Manouchian (réalisé par Vatché Petrosyan)
| Centre culturel de la JAF ([[6e arrondissement de Marseille|{{6e}} arrondissement de Marseille]])
| {{date-|26 mars 2004}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=330}}
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| Stèle Affiche rouge (réalisée par Valérie Abelanski-Bouniort)
| Place Missak Manouchian ([[Tremblay-en-France]])
| {{date-|7 mai 2005}}, par [[François Asensi]], Francis Rol-Tanguy, [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=238}}
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| Plaque commémorative
| Allées Missak Manouchian ([[Gennevilliers]])
| {{date-|21 octobre 2005}}, par [[Jacques Bourgoin]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=165}}
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| Plaques commémoratives
| Square Manouchian ([[Arles]])
| {{date-|18 février 2007}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=292}}
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| Fresque de Missak Manouchian (réalisée par Grévillot)
| Rue Missak Manouchian ([[Rosny-sous-Bois]])
| Vers 2008{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=228}}
| [[Fichier:Carrefour des rues Missak-Manouchian, du Rhin et Général-Leclerc (Rosny-sous-Bois)-4.jpg|200x200px|alt=Photographie d'un angle de rue. Au centre, on peut apercevoir une armoir électrique sur laquelle le visage de Missak Manouchian a été peint.]]
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| Plaque commémorative<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Apposition d'une plaque à la mémoire de Manouchian rue de Plaisance |url=http://pcf-paris14.over-blog.org/article-23998056.html |accès url=libre |site=pcf-paris14.over-blog.org |date=22-10-2008 |consulté le=28-03-2024 |archive-url=https://web.archive.org/web/20081025042205/http://pcf-paris14.over-blog.org/article-23998056.html |archive-date=25-10-2008 |brisé le=2014, oui}}</ref>
| 11, [[rue de Plaisance]] ([[14e arrondissement de Paris|{{14e}} arrondissement de Paris]])
| {{date-|21 février 2009}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le 14e rend hommage à Missak Manouchian |url=http://www.mairie14.paris.fr/mairie14/jsp/site/Portal.jsp?article_id=13742&portlet_id=1401 |accès url=libre |site=mairie14.paris.fr |date=17-02-2009 |consulté le=28-03-2024 |archive-url=https://web.archive.org/web/20090221192233/http://www.mairie14.paris.fr/mairie14/jsp/site/Portal.jsp?article_id=13742&portlet_id=1401 |archive-date=21-02-2009 |brisé le=oui}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Manouchian et le 14e arrondissement |url=https://mairie14.paris.fr/pages/manouchian-et-le-14e-arrondissement-26402 |accès url=libre |site=mairie14.paris.fr |date=24-02-2024 |consulté le=28-03-2024}}</ref>, par Catherine Vieu-Charier, Hermano Sanches-Ruivo, Katia Guiragossian, Hamlet Gasparyan, [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]], [[Charles Aznavour]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=212}}
| [[Fichier:Plaque commémorative en hommage à Missak et Mélinée Manouchian au 11 rue de Plaisance à Paris.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une plaque commémorative sur laquelle on peut lire « Ici habitaient Missak et Mélinée Manouchian<br>Missak Manouchian, responsable militaire de la région parisienne des Francs-tireurs et partisans FTP-MOI fut arrêté le 16 novembre 1943 et fusillé par les nazis le 21 février 1944 au Mont-Valérien avec 21 camarades de son groupe<br>Mort pour la France et la liberté ».]]
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| Buste de Missak Manouchian<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Laurence Mildonian |titre=Missak et Mélinée Manouchian, du Mont-Valérien au Panthéon : un travail qui a pris racine à Marseille il y a 10 ans |url=https://www.laprovence.com/article/societe/16431656478664/missak-manouchian-du-mont-valerien-au-pantheon-un-travail-qui-a-pris-racine-a-marseille-il-y-a-10-ans |accès url=libre |site=laprovence.com |date=18-02-2024 |consulté le=28-03-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Une statue à la mémoirede Missak manouchian|url=https://www.20minutes.fr/marseille/385426-20100218-statue-a-memoirede-missak-manouchian|accès url=libre|site=20minutes.fr|date=18-02-2010|consulté le=14-07-2024}}</ref> (réalisé par Yourig Samvelyan)
| Jardin Missak Manouchian ([[Le Pharo]], [[7e arrondissement de Marseille|{{7e}} arrondissement de Marseille]])
| {{date-|20 février 2010}}, par [[Robert Guédiguian]], [[Serge Klarsfeld]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=330}}
| [[Fichier:Buste Jardin Missak Manouchian (Marseille).JPG|200x200px|alt=Photographie d'un buste en bronze représentant Missak Manouchian. Sur le support se trouve une plaque commémorative sur laquelle on peut lire « Missak Manouchian (1906-1944)<br>Commandant des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d'Œuvre Immigrée FTP-MOI<br>Mort avec ses Camarades pour la FRANCE ».]]
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| Buste de Missak Manouchian (réalisé par Michel Adjar)
| Place Groupe Manouchian ([[Issy-les-Moulineaux]])
| {{date-|21 février 2010}}, par [[André Santini]], [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=171}}
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|-
| Plaque commémorative
| Foyer socio-culturel Missak Manouchian ([[Septèmes-les-Vallons]])
| {{date-|26 juin 2010}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=372}}
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|-
| Fresque Missak Manouchian (réalisée par Artof Popov entre février et {{date-|mars 2012}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Une fresque Manouchian signée Popov |url=https://www.leparisien.fr/paris-75/une-fresque-manouchian-signee-popov-04-05-2012-1983119.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=04-05-2012 |consulté le=28-03-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Atamian|Mouradian|Peschanski|2023|p=186|id=MAP2023}})
| [[Passage du Surmelin]] ([[20e arrondissement de Paris|{{20e|arrondissement}} de Paris]])
| {{date-|20 mars 2012}}, par [[Frédérique Calandra]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=219}}
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|-
| Plaque commémorative d'hommage aux résistants et déportés
| Avenue du Groupe Manouchian ([[Gardanne]])
| {{date-|21 février 2013}}, par [[Roger Meï]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=313}}
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| Plaque commémorative
| [[Gare d'Évry-Courcouronnes]] ([[Évry-Courcouronnes]])
| {{date-|17 novembre 2013}} (ou 2014<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=A Évry, une plaque commémore l'arrestation de Manouchian |url=https://www.leparisien.fr/essonne-91/evry-91000/a-evry-une-plaque-commemore-l-arrestation-de-manouchian-09-08-2015-4999989.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=09-08-2015 |consulté le=28-03-2024}}</ref>), par [[Francis Chouat]], Georges Duffau-Epstein, [[Carlos Da Silva (homme politique)|Carlos Da Silva]], [[Bernard Schmeltz]], Pierre Sablier, Antoine Bagdikian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=164}}
|
|-
| Buste de Missak Manouchian (réalisé par Marcella Kratz)
| Square Agricol-Perdiguier ([[Avignon]])
| {{date-|5 novembre 2016}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jean-Louis Reynier |titre=La Ville honore le "migrant" Missak Manouchian |url=https://www.laprovence.com/article/edition-vaucluse/4189471/la-ville-honore-le-migrant-missak-manouchian.html |accès url=libre |site=laprovence.com |date=06-11-2016 |consulté le=28-03-2024}}</ref>, par Cécile Helle, Véronique Bruna-Mardoyan, Samvel Lalayan, Gilbert Minassian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=294}}
| [[Fichier:Buste Manouchian.jpg|200x200px|alt=Photographie d'un buste en bronze représentant Missak Manouchian.]]
|-
| Plaque commémorative
| Square Missak Manouchian ([[Choisy-le-Roi]])
| {{date-|21 février 2019}}, par [[Didier Guillaume]], Laurent Ziegelmeyer, Loussia Abojian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=153}}
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|-
| Stèle ''Affiche rouge'' (réalisée par Jacques Clerc)
| Cour du [[Centre du patrimoine arménien de Valence|Centre du patrimoine arménien]] ([[Valence (Drôme)|Valence]])
| {{date-|21 février 2019}}, par [[Nicolas Daragon]], Jacques Clerc{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=64}}
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|-
| Fresque de Missak Manouchian (réalisée par [[C215 (artiste)|C215]])
| Intérieur du [[Centre pénitentiaire de Fresnes]] ([[Fresnes (Val-de-Marne)|Fresnes]])
| 2020<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=A Fresnes, C215 peint les portraits d'anciens détenus célèbres pour "humaniser la prison"|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/street-art/a-fresnes-c215-peint-les-portraits-d-anciens-detenus-celebres-pour-humaniser-la-prison_4041495.html|site=francetvinfo.fr|accès url=libre|date=10-07-2020|consulté le=24-06-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Fanny Delporte|titre=Fresnes : les portraits de C215 colorent les murs de la prison|url=https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/fresnes-les-portraits-de-c215-colorent-les-murs-de-la-prison-12-02-2020-8258448.php|site=leparisien.fr|accès url=libre|date=12-02-2020|consulté le=24-06-2024}}</ref>
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| Plaque commémorative
| Rue du Groupe Manouchian ([[Alfortville]])
| {{date-|20 février 2022}}, par [[Luc Carvounas]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=121}}
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|-
| Plaque commémorative
| [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] ([[Paris]])
| {{date-|21 février 2024}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Mahefa Rakotoson-Bertin|titre=Panthéon : une plaque commémorative pour les membres du groupe Manouchian, dont Rino Della Negra et Cesare Luccarini|url=https://www.lavoixdunord.fr/1432581/article/2024-02-20/pantheon-une-plaque-commemorative-pour-les-membres-du-groupe-manouchian-dont|site=lavoixdunord.fr|accès url=libre|date=20-02-2024|consulté le=24-06-2024}}</ref>
| [[Fichier:Plaque commémorative du FTP-MOI parisien au Panthéon.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une plaque commémorative sur laquelle on peut lire « Hommage de la nation aux résistants des Francs-tireurs et partisans - Main d'œuvre immigrée »<br>…« Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant<br>Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir<br>Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant »<br>Louis Aragon, « Groupe Manouchian » (poème, 1955)<br>Suivi de la liste des 24 résistants exécutés<br>« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement », Missak Manouchian, dernière lettre à Mélinée.]]
|-
| Khatchkar en honneur à Missak Manouchian
| [[Goris]] ([[Arménie]])
|
| [[Fichier:Միսաք Մանուշյանի անվան խաչքար Գորիսում.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une pierre à croix (sculpture représentant une croix) au sein d'un cimetière.]]
|}
{{boîte déroulante/fin}}
 
=== Noms de lieux ===
{{boîte déroulante/début|titre=Liste des noms de lieux}}
[[Fichier:Allée Missak Manouchian (Montpellier).jpg|Panneau de l'allée Missak Manouchian de Montpellier disant « Témoin du génocide Arménien. Héros de la Résistance française et membre du groupe de l'Affiche rouge »|vignette|Panneau de l'allée Missak Manouchian de [[Montpellier]] : {{Citation|Témoin du génocide Arménien. Héros de la Résistance Française (l'Affiche rouge).}}]]
''(Par ordre alphabétique du nom de la ville)''
* À [[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]] (Seine-Saint-Denis), à l'angle des rues Pépin et Marguerite-Yourcenar, se trouve l'esplanade Missak Manouchian.
{| class="wikitable"
* Il existe des rues, des avenues, des squares ou des allées<ref>Recherches sur le site google.com, le {{date-|5 février 2024}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=199}} portant le nom de {{citation|Manouchian}} ou de {{citation|Missak Manouchian}} à : [[Arles]] et [[Aubagne]] (Bouches-du-Rhône), [[Arnouville]] (Val-d'Oise), [[Avion (Pas-de-Calais)|Avion]] (Pas-de-Calais), [[Échirolles]] (Isère), [[Gennevilliers]], [[Issy-les-Moulineaux]] et [[Nanterre]] (Hauts-de-Seine), [[Ivry-sur-Seine]] (Val-de-Marne), [[Rosny-sous-Bois]], [[Sevran]], [[Villepinte (Seine-Saint-Denis)|Villepinte]] (Seine-Saint-Denis), [[Savigny-le-Temple]] et [[Torcy (Seine-et-Marne)|Torcy]] (Seine-et-Marne), [[Laval (Mayenne)|Laval]] (Mayenne), [[Saint-Sébastien-sur-Loire]] (Loire-Atlantique), [[Sainte-Tulle]] (Alpes-de-Haute-Provence), [[Toulouse]] (Haute-Garonne).
|+
* Des communes célèbrent le {{citation|Groupe Manouchian}} : [[Rue du Groupe-Manouchian|Paris]], [[Port-de-Bouc]] (Bouches-du-Rhône), [[Alfortville]] et [[Vitry-sur-Seine]] (Val-de-Marne), [[Élancourt]] (Yvelines).
! Nom
* Des communes s'attachent à la mémoire du couple par des voies {{citation|Mélinée et Missak Manouchian}} : [[Grenoble]], [[Rennes]].
! Type
* À [[Valence (Drôme)|Valence]] (Drôme), une place Manouchian accueille un monument qui lui est consacré.
! Commune
* Une allée porte son nom dans le centre ville de [[Montpellier]] (Hérault). Y est aussi présent le mémorial du génocide arménien de la ville.
! Date d'inauguration et personnalités présentes
* À [[Vaulx-en-Velin]] (Rhône), un square porte son nom. Une statue en hommage au groupe Manouchian y a été inaugurée le 18 février 1979 par Jean Capiévic.
! Image
* [[Aubervilliers]] (Seine-Saint-Denis) a un [[gymnase (sport)|gymnase]] Manouchian<ref>{{Lien web|titre=Une plaque pour Manouchian|url=https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/une-plaque-pour-manouchian-21-02-2014-3610235.php|site=leparisien.fr|date=21-02-2014|accès url=libre}}</ref>
|-
* En [[Arménie]], [[Erevan]] a donné le nom de {{citation|Missak Manouchian}} à un jardin public en 2014{{Sfn|Ariane Chemin|2024}}, ainsi qu'à une école francophone.
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/94002_4200#15.66/48.7955/2.4275 Rue du Groupe Manouchian]
| Rue
| [[Alfortville]] ([[Val-de-Marne]])
| Vers 1955{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=121}}
| [[Fichier:Plaque Rue Groupe Manouchian - Alfortville (FR94) - 2021-03-05 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la rue du groupe Manouchian d'Alfortville.]]
|-
| Parvis Missak Manouchian
| Parvis
| [[Antony]] ([[Hauts-de-Seine]])
| {{date-|24 avril 2024}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Inauguration du Parvis Missak Manouchian|url=https://www.ville-antony.fr/evenements/inauguration-du-parvis-missak-manouchian|site=ville-antony.fr|date=18-04-2024|consulté le=02-05-2024|accès url=libre}}</ref>
|
|-
| Square Manouchian (originellement Square Groupe Manouchian — Martyrs de l'Affiche rouge)
| Square
| [[Arles]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|octobre 1974}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=292}}<br>rénovation le {{date-|18 février 2007}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=292}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/95019_0880#15.56/48.98865/2.42185 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Arnouville]] ([[Val-d'Oise]])
| {{date-|7 octobre 1945}}, par [[Antoine Demusois]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=133}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13005_1246#15.42/43.2863/5.54845 Avenue Manouchian]
| Avenue
| [[Aubagne]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|22 février 1981}}, par [[Edmond Garcin]], [[Arsène Tchakarian]], Alexandre Konstantinian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=293}}
|
|-
| COSEC Manouchian<ref>{{Lien web|titre=Une plaque pour Manouchian|url=https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/une-plaque-pour-manouchian-21-02-2014-3610235.php|site=leparisien.fr|date=21-02-2014|accès url=libre}}</ref>
| Gymnase/[[complexe sportif évolutif couvert]]
| [[Aubervilliers]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|14 décembre 1974}}, par [[Mélinée Manouchian]], [[André Karman]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=139}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/84007_3786#17.02/43.9461/4.84525 Rue Mélinée et Missak Manouchian]
| Rue
| [[Avignon]] ([[Vaucluse (département)|Vaucluse]])
| Vers 1981{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=295}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/62065_1198#15.55/50.4217/2.8402 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Avion (Pas-de-Calais)|Avion]] ([[Pas-de-Calais]])
| Vers 2010{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=111}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13014_0374#15.74/43.4827/5.1744 Rue du Groupe Manouchian]
| Rue
| [[Berre-l'Étang]] ([[Bouches-du-Rhône]])
|
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/31113_0656#15.87/43.5233/1.51185 Impasse Manouchian]
| Impasse
| [[Castanet-Tolosan]] ([[Haute-Garonne]])
| Vers 1985{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=267}}
|
|-
| Lycée Missak et Mélinée Manouchian
| Établissement scolaire (anciennement lycée Jean Jaurès)
| [[Châtenay-Malabry]] ([[Hauts-de-Seine]])
| 2024<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=À Châtenay-Malabry, le lycée polyvalent va changer de nom pour devenir le lycée « Missak et Mélinée Manouchian »|url=https://www.iledefrance.fr/presse/chatenay-malabry-le-lycee-polyvalent-va-changer-de-nom-pour-devenir-le-lycee-missak-et-melinee-manouchian|site=iledefrance.fr|date=05-04-2024|consulté le=07-04-2024|accès url=libre}}</ref>
|
|-
| Square Missak Manouchian
| Square
| [[Choisy-le-Roi]] ([[Val-de-Marne]])
| {{date-|21 février 2019}}, par [[Didier Guillaume]], Laurent Ziegelmeyer, Loussia Abojian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=153}}
|
|-
| Square Missak Manouchian
| Square
| [[Clamart]] ([[Hauts-de-Seine]])
| {{date-|1 octobre 2008}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Inauguration d'un square Missak-Manouchian |url=https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/inauguration-d-un-square-missak-manouchian-30-09-2008-259920.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=30-09-2008 |consulté le=31-03-2024}}</ref>, par [[Philippe Kaltenbach]], [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]], Antoine Bagdikian, Gérard Aubineau, Denis Labbé{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=154}}
| [[Fichier:Square Missak Manouchian - Clamart (FR92) - 2023-08-14 - 2.jpg|200x200px|alt=Photographie d'une place urbaine arborée.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/37115_0465#15.72/46.9782/0.70755 Allée Groupe Manouchian]
| Allée
| [[Descartes (Indre-et-Loire)|Descartes]] ([[Indre-et-Loire]])
| Vers 1992{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=97}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/38151_0423#15.43/45.14345/5.71405 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Échirolles]] ([[Isère (département)|Isère]])
| {{date-|28 juin 1981}}, par Georges Kioulou, [[Arsène Tchakarian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=35}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/78208_1865#15.7/48.79555/1.97575 Rue du Groupe Manouchian]
| Rue
| [[Élancourt]] ([[Yvelines]])
| {{date-|septembre 2005}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=162}}
|
|-
| École 48-Missak Manouchian
| Établissement scolaire
| [[Erevan]] ([[Arménie]])
| 1972<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Pierre Sinoir |titre=L’école 48 d’Erevan rend hommage au héros universel |url=https://www.courrier.am/fr/l-ecole-48-d-erevan-rend-hommage-au-heros-universel |accès url=libre |site=courrier.am |date=21-02-2024 |consulté le=04-04-2024}}</ref>
|
|-
| Jardin public Missak Manouchian
| Jardin public
| [[Erevan]] ([[Arménie]])
| 2014{{Sfn|Ariane Chemin|2024|id=M}}
| [[Fichier:Missak Manouchian Park Yerevan.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau du jardin public Missak Manouchian d'Erevan.]]
|-
| Parc Missak Manouchian-Joseph Epstein
| Parc
| [[Évry-Courcouronnes]] ([[Essonne (département)|Essonne]])
|
|
|-
| Avenue du Groupe Manouchian
| Avenue
| [[Gardanne]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|7 mai 1981}}, par [[Roger Meï]], Alexandre Konstantinian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=313}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/92036_6167#16.57/48.919674/2.300026 Allées Missak Manouchian]
| Allées
| [[Gennevilliers]] ([[Hauts-de-Seine]])
| {{date-|21 octobre 2005}}, par [[Jacques Bourgoin]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=165}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/95277_0634#15.77/48.99235/2.4311 Allée Missak Manouchian]
| Allée
| [[Gonesse]] ([[Val-d'Oise]])
| Vers 2003{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=167}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/76319_0499#15.65/49.3472/1.0249 Allée Manouchian]
| Allée
| [[Grand-Couronne]] ([[Seine-Maritime]])
| Vers 1978{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=251}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/38185_l0s9sd#15.98/45.1998/5.71215 Rue Mélinée et Missak Manouchian]
| Rue
| [[Grenoble]] ([[Isère (département)|Isère]])
| {{date-|26 mai 2016}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=38}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Ève Moulinier |titre=Une rue grenobloise pour Missak et Mélinée |url=https://www.ledauphine.com/isere-sud/2018/05/22/une-rue-grenobloise-pour-missak-et-melinee |accès url=payant |site=ledauphine.com |date=22-05-2018 |consulté le=31-03-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La rue Mélinée-et-Missak-Manouchian a été inaugurée |url=https://www.ledauphine.com/isere-sud/2018/05/30/la-rue-melinee-et-missak-manouchian-a-ete-inauguree |accès url=payant |site=ledauphine.com |date=30-05-2018 |consulté le=31-03-2024}}</ref>, par Gayané Manoukyan, Katia Guiragossian, [[Éric Piolle]], Daniel Marandjian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=38}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/78297_0366#16.89/48.775/2.07045 Mail Missak et Mélinée Manouchian]
| [[Mail (voie)|Mail]]
| [[Guyancourt]] ([[Yvelines]])
| {{date-|8 mai 2019}}, par François Morton{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=168}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/92040_ijqpnr#16.89/48.8155/2.26505 Place du Groupe Manouchian]
| Place
| [[Issy-les-Moulineaux]] ([[Hauts-de-Seine]])
| {{date-|29 août 2004}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La ville rend hommage au groupe Manouchian|url=https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/la-ville-rend-hommage-au-groupe-manouchian-30-08-2004-2005247857.php|site=leparisien.fr|date=30-08-2004|consulté le=02-05-2024|accès url=libre}}</ref>, par [[Charles Pasqua]], [[André Santini]], [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=171}}
| [[Fichier:Plaque Place Groupe Manouchian - Issy-les-Moulineaux (FR92) - 2023-08-29 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la place groupe Manouchian d'Issy-les-Moulineaux.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/94041_6110#15.77/48.80785/2.3722 Allée Manouchian]
| Allée
| [[Ivry-sur-Seine]] ([[Val-de-Marne]])
| {{date-|9 octobre 2010}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=177}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13070_1cfkgi#16.03/43.2747/5.52785 Avenue Missak Manouchian]
| Avenue
| [[La Penne-sur-Huveaune]] ([[Bouches-du-Rhône]])
|
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/53130_3673#15.76/48.0558/-0.78605 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Laval (Mayenne)|Laval]] ([[Mayenne (département)|Mayenne]])
| Vers 2008{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=280}}
|
|-
| Résidence Manouchian
| Résidence
| [[Le Blanc-Mesnil]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|4 octobre 1975}}, par [[Mélinée Manouchian]], Robert Fregossy{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=178}}
| [[Fichier:Inscription Résidence Manouchian - Le Blanc-Mesnil (FR93) - 2022-08-10 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie de l'inscription de la résidence Manouchian du Blanc-Mesnil.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/93045_4158#16.06/48.8847/2.41995 Sente Groupe Manouchian]
| [[Sentier (voie)|Sente]]
| [[Les Lilas]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|5 septembre 2004}}, par [[Daniel Guiraud]], [[Arsène Tchakarian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=183}}
| [[Fichier:Plaque Sente Groupe Manouchian - Les Lilas (FR93) - 2021-04-27 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la sente groupe Manouchian des Lilas.]]
|-
| Jardin Missak Manouchian
| Jardin public
| [[Marseille]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|17 novembre 1984}}, par [[Gaston Defferre]], [[Daniel Gélin]], Oleg Avramenko, [[Edmonde Charles-Roux]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=330}}
| [[Fichier:Jardin Missak Manouchian (Marseille) - panneau (novembre 2022).JPG|200x200px|alt=Photographie du panneau du jardin Missak Manouchian de Marseille disant « Chef d'un groupe de résistants en France. Fusillé par les nazis. 1906-1944 ».]]
|-
| École Missak et Mélinée Manouchian
| Établissement scolaire
| [[Marseille]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| 2025<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Léo Purguette |titre=Benoit Payan : {{citation|Marseille aura une école Manouchian}}|url=https://www.lamarseillaise.fr/politique/marseille-aura-une-ecole-manouchian-CA15518280 |accès url=payant |site=lamarseillaise.fr |date=20-02-2024 |consulté le=04-04-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Sylvain Pignol |titre=Manouchian au Panthéon : Benoît Payan "demande aux gens du RN de rester chez eux" |url=https://www.laprovence.com/article/region/1234464823454515/manouchian-au-pantheon-benoit-payan-demande-aux-gens-du-rn-de-rester-chez-eux |accès url=libre |site=laprovence.com |date=21-02-2024 |consulté le=04-04-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Mathilde Ceilles |titre=Marseille aura une école nommée Mélinée et Missak Manouchian en 2025 |url=https://www.lefigaro.fr/marseille/marseille-aura-une-ecole-nommee-melinee-et-missak-manouchian-en-2025-20240221 |accès url=libre |site=lefigaro.fr |date=21-02-2024 |consulté le=04-04-2024}}</ref>
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13056_1232#17.03/43.414/5.02625 Boulevard du Groupe Manouchian]
| Boulevard
| [[Martigues]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| Vers 1986{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=358}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/34172_3762#17.02/43.6113/3.88115 Allée Missak Manouchian]
| Allée
| [[Montpellier]] ([[Hérault (département)|Hérault]])
| {{date-|11 mai 2007}}, par [[Hélène Mandroux]], [[Édouard Nalbandian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=270}}
| [[Fichier:Montpellier - Allée Missak Manouchian.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'allée Missak Manouchian de Montpellier disant « Témoin du génocide Arménien. Héros de la Résistance française et membre du groupe de l'Affiche rouge ».]]
|-
| Esplanade Missak Manouchian
| Esplanade
| [[Montreuil (Seine-Saint-Denis)|Montreuil]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|24 avril 1994}}, par [[Jean-Pierre Brard]], [[Arsène Tchakarian]], Arménouhie Guiragossian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=192}}
| [[Fichier:Plaque Esplanade Missak Manouchian - Montreuil (FR93) - 2020-10-21 - 2.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'esplanade Missak Manouchian de Montreuil disant « Commandant des Francs-Tireurs Partisans Main d'Œuvre Immigrée de la Région Parisienne 1906-1944 ».]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/92050_6233#15.63/48.87795/2.2102 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Nanterre]] ([[Hauts-de-Seine]])
| Vers 1985{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=192}}
| [[Fichier:Plaque Rue Missak Manouchian - Nanterre (FR92) - 2023-09-09 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la rue Missak Manouchian de Nanterre.]]
|-
| Lycée Mélinée et Missak Manouchian
| Établissement scolaire (anciennement lycée Thierry Maulnier)
| [[Nice]] ([[Alpes-Maritimes]])
| 2024 ou 2025<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Laurent Verdi|titre=Suite à la polémique, le lycée de Nice Thierry Maulnier change de nom et prendra celui du couple de résistants Manouchian|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/suite-a-la-polemique-le-lycee-de-nice-thierry-maulnier-change-de-nom-et-prendra-celui-du-couple-de-resistants-manouchian-2957324.html|accès url=libre|site=france3-regions.francetvinfo.fr|date=18-04-2024|consulté le=17-05-2024}}</ref>
|
|-
| [[Rue du Groupe-Manouchian]]
| Rue
| [[20e arrondissement de Paris|{{20e|arrondissement}} de Paris]]
| {{date-|6 mars 1955}}, par [[Bernard Lafay]]<ref name=":19" />{{,}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=219}}
| [[Fichier:Rue du Groupe-Manouchian, Paris 20.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la rue du Groupe Manouchian disant « Résistants, membres des Francs tireurs et partisans main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), 1940-1944 ».]]
|-
| Espace Missak Manouchian
| Espace vert
| [[Pellevoisin]] ([[Indre (département)|Indre]])
| {{date-|27 mai 1999}}, par [[Édouard Nalbandian]], [[Michel Sapin]], Claude Roux{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=98}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13077_0779#15.03/43.41225/4.99625 Avenue du Groupe Manouchian]
| Avenue
| [[Port-de-Bouc]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|9 mai 1976}}, par [[René Rieubon]], [[Mélinée Manouchian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=365}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/35238_6554#16.91/48.0967/-1.63885 Allée Mélinée et Missak Manouchian]
| Allée
| [[Rennes]] ([[Ille-et-Vilaine]])
| 2021<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La ville de Rennes rend hommage à Missak Manouchian et Mélinée |url=http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2021/09/la-ville-de-rennes-rend-hommage-a-missak-manouchian-et-melinee.html |accès url=libre |site=le-chiffon-rouge-morlaix.fr |date=14-09-2021 |consulté le=31-03-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Allée Mélinée et Missak Manouchian |url=https://www.wiki-rennes.fr/All%C3%A9e_M%C3%A9lin%C3%A9e_et_Missak_Manouchian |accès url=libre |site=wiki-rennes.fr |consulté le=19-04-2024}}</ref>
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/26281_1965#15.11/45.0422/5.03735 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Romans-sur-Isère]] ([[Isère (département)|Isère]])
| 1988<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=L’hommage à Missak Manouchian au quartier des Ors|url=https://www.ledauphine.com/edition-de-valence-au-diois/2020/02/23/l-hommage-a-missak-manouchian-au-quartier-des-ors|site=ledauphine.com|date=23-02-2020|consulté le=02-05-2024|accès url=payant}}</ref>, par Étienne-Jean Lapassat, [[Mélinée Manouchian]], [[Arsène Tchakarian]], [[Diran Vosguiritchian]], [[Henri Karayan]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=50}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/93064_6181#15.61/48.86355/2.4962 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Rosny-sous-Bois]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|19 décembre 2008}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Rue Missak Manouchian - 93110 Rosny-sous-Bois|url=http://www.acam-france.org/contacts/contact_lieu.php?cle=488|site=acam-france.org|consulté le=04-04-2024|accès url=libre}}</ref>, par Claude Pernès, [[Claude Bartolone]], [[Claude Capillon]], [[Arsène Tchakarian]], Antoine Bagdikian, Édouard Vartanian{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=228}}
| [[Fichier:Rue Missak Manouchian (Rosny-sous-Bois).jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la rue Missak Manouchian de Rosny-sous-Bois disant « Résistant fusillé le 21 février 1944 ».]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/93066_4156#15.53/48.951/2.3553 Place du Groupe Manouchian]
| Place
| [[Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)|Saint-Denis]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|2 décembre 2017}}, par [[Laurent Russier]], Philippe Braouezec, [[Stéphane Peu]], Florence Haye{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=228}}
| [[Fichier:Plaque Place Groupe Manouchian - Saint-Denis (FR93) - 2022-07-15 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la place du groupe Manouchian de Saint-Denis.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/60584_0317#15.55/49.21425/2.40765 Rue du Groupe Manouchian]
| Rue
| [[Saint-Leu-d'Esserent]] ([[Oise (département)|Oise]])
| Vers 1990{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=116}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/44190_0881#15.49/47.19825/-1.5184 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Saint-Sébastien-sur-Loire]] ([[Loire-Atlantique]])
| {{date-|13 janvier 2012}}, par [[Joël Guerriau]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=283}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/04197_0238#15.7/43.79445/5.76845 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Sainte-Tulle]] ([[Alpes-de-Haute-Provence]])
|
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/77445_1449#15.78/48.58525/2.5795 Avenue Missak Manouchian]
| Avenue
| [[Savigny-le-Temple]] ([[Seine-et-Marne]])
| Vers 1985{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=232}}
|
|-
| Foyer socio-culturel Missak Manouchian
| Foyer socio-culturel
| [[Septèmes-les-Vallons]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| {{date-|26 juin 2010}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=372}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/93071_1088#15.8/48.9485/2.5183 Allée Manouchian]
| Allée
| [[Sevran]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|10 février 1979}}{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=233}}
| [[Fichier:Plaque Allée Manouchian - Sevran (FR93) - 2023-05-27 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'allée Manouchian de Sevran.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/77468_0291#15.66/48.8382/2.658 Allée Manouchian]
| Allée
| [[Torcy (Seine-et-Marne)|Torcy]] ([[Seine-et-Marne]])
| Vers 1986{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=237}}
| [[Fichier:Allée Manouchian - Torcy.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'allée Manouchian de Torcy.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/31555_5989#15.58/43.55105/1.3857 Rue Missak Manouchian]
| Rue
| [[Toulouse]] ([[Haute-Garonne]])
| Vers 2006{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=273}}
|
|-
| Place Missak Manouchian
| Place
| [[Tremblay-en-France]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| {{date-|7 mai 2005}}, par [[François Asensi]], Francis Rol-Tanguy, [[Arsène Tchakarian]], [[Henri Karayan]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=238}}
| [[Fichier:Plaque Place Missak Manouchian - Tremblay-en-France (FR93) - 2023-04-07 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de la place Missak Manouchian de Tremblay-en-France.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/26362_5650#16.16/44.9337/4.89335 Place Missak Manouchian]
| Place
| [[Valence (Drôme)|Valence]] ([[Drôme (département)|Drôme]])
| {{date-|16 juin 1978}}, par [[Rodolphe Pesce]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=63}}<br>Place rénovée inaugurée le {{date-|21 février 2020}} par [[Nicolas Daragon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La place Manouchian inaugurée sous les drapeaux |url=https://www.peuple-libre.fr/actualite-9949-la-place-manouchian-inauguree-sous-les-drapeaux |accès url=libre |site=peuple-libre.fr |date=21-02-2020 |consulté le=30-03-2024}}</ref>.
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/69256_0716#16.97/45.7664/4.9302 Square Manouchian]
| Square
| [[Vaulx-en-Velin]] ([[Rhône (département)|Rhône]])
| {{date-|18 février 1979}}, par Jean Capiévic, [[Arsène Tchakarian]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=72}}
|
|-
| Square Missak Manouchian
| Square
| [[Vienne (Isère)|Vienne]] ([[Isère (département)|Isère]])
| Vers 1989{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=75}}
| [[Fichier:Vienne (Isère) - Square Missak Manouchian - Plaque (août 2020).jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau du square Manouchian de Vienne.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/38547_0346#15.91/45.2292/5.8801 Rue Manouchian]
| Rue
| [[Villard-Bonnot]] ([[Isère (département)|Isère]])
| Vers 1985{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=78}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/93078_0857#15.66/48.9673/2.5279 Avenue Manouchian]
| Avenue
| [[Villepinte (Seine-Saint-Denis)|Villepinte]] ([[Seine-Saint-Denis]])
| Vers 1977{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=242}}
| [[Fichier:Plaque Avenue Manouchian - Villepinte (FR93) - 2023-04-08 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'avenue Manouchian de Villepinte.]]
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/13117_1750#15.84/43.42445/5.2754 Allée du groupe Manouchian]
| Allée
| [[Vitrolles (Bouches-du-Rhône)|Vitrolles]] ([[Bouches-du-Rhône]])
| Vers 1984{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=379}}
|
|-
| [https://adresse.data.gouv.fr/base-adresse-nationale/94081_4274 Avenue du Groupe Manouchian]
| Avenue
| [[Vitry-sur-Seine]] ([[Val-de-Marne]])
| {{date-|25 octobre 1987}}, par [[Paul Mercieca]]{{sfn|Hrant Norsen|2023|p=244}}
| [[Fichier:Plaque Avenue Groupe Manouchian - Vitry-sur-Seine (FR94) - 2021-03-17 - 1.jpg|200x200px|alt=Photographie du panneau de l'avenue du groupe Manouchian de Vitry-sur-Seine.]]
|}
{{boîte déroulante/fin}}
 
=== Expositions ===
* {{date-|6 mars}} - {{date-|29 juillet 2007}} : « Missak Manouchian, les Arméniens dans la Résistance en France », [[Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - musée Jean-Moulin]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Missak Manouchian, les Arméniens dans la Résistance en France|url=https://www.fondationresistance.org/pages/accueil/missak-manouchian-les-armeniens-dans-resistance-france_exposition9.htm|site=fondationresistance.org|date=2007|consulté le=08-02-2024|accès url=libre}}.</ref>
* 14-{{date-|26 septembre 2009}} : « Missak Manouchian, les Arméniens dans la Résistance en France », [[Mairie du 4e arrondissement de Paris]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Une expo Manouchian à la mairie du IVe|url=https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75004/une-expo-manouchian-a-la-mairie-du-iv-e-16-09-2009-640231.php|site=leparisien.fr|date=2009-09-16|consulté le=2023-06-19|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Missak Manouchian, les Arméniens dans la Résistance en France – Mairie du 4e – Paris – Du 14 au 26 Septembre 2009|url=http://saintsulpice.unblog.fr/2009/09/13/missak-manouchian-les-armeniens-dans-la-resistance-en-france-mairie-du-4e-paris-du-14-au-26-septembre-2009/|site=saintsulpice.unblog.fr|date=13-09-2006|consulté le=08-02-2024|accès url=libre}}.</ref>
* 2009 : « Le groupe Manouchian – Ces étrangers et nos frères pourtant », exposition virtuelle organisée par la mairie d'[[Ivry-sur-Seine]] :
* {{date-|2 février 2024}} - : « Des étrangers dans la Résistance en France », [[Mémorial de la Shoah]]<ref>{{Lien web|titre=Exposition « Des Étrangers dans la Résistance en France » |url=https://www.memorialdelashoah.org/nouveau-exposition-etranfers-resistance-en-france.html|site=memorialdelashoah.org|date=02-02-2024|consulté le=24-02-2024|accès url=libre}}.</ref>
** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Le groupe Manouchian – Ces étrangers et nos frères pourtant|lieu=[[Ivry-sur-Seine]]|éditeur=Mairie d'[[Ivry-sur-Seine]]|année=2009|pages totales=11|lire en ligne=https://www.ivry94.fr/fileadmin/www.ivry94.fr/MEDIA/Vivre_ma_ville/Histoire_patrimoine/Ressources/expo_manouchian-maj-oct2009.pdf|accès url=libre|format électronique=PDF|id=ExpoIvry}}
* {{date-|2 février 2024}} – : « Des étrangers dans la Résistance en France », [[Mémorial de la Shoah]]<ref>{{Lien web|titre=Exposition « Des Étrangers dans la Résistance en France » |url=https://www.memorialdelashoah.org/nouveau-exposition-etranfers-resistance-en-france.html|site=memorialdelashoah.org|date=02-02-2024|consulté le=24-02-2024|accès url=libre}}.</ref>
* {{date-|23 février 2024}} – {{date-|8 septembre 2024}} : « Vivre à en mourir. Missak Manouchian et ses camarades de Résistance au Panthéon », [[Panthéon (Paris)|Panthéon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Vivre à en mourir. Missak Manouchian et ses camarades de Résistance au Panthéon |url=https://www.paris-pantheon.fr/agenda/vivre-a-en-mourir.-missak-manouchian-et-ses-camarades-de-resistance-au-pantheon |accès url=libre |site=paris-pantheon.fr |date=2024 |consulté le=28-07-2024}}</ref>
 
=== La dernière photographiePhilatélie ===
* Le {{date-|26 mai 2015}}, la République d'Arménie émet un timbre-poste en l'honneur de {{citation|Missak Manouchian, mort pour la France}}, où il apparaît sur fond d'[[Arc de triomphe de l'Étoile|Arc de triomphe]] et d'[[Affiche rouge]]<ref>{{lien web|titre=Un timbre en hommage à Missak Manouchian|url=https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/un-timbre-en-hommage-missak-manouchian|site=cheminsdememoire.gouv.fr|consulté le=11-04-2024|accès url=libre}}</ref>.
Des photos de l'assassinat prises clandestinement par un officier allemand sont publiées par [[Serge Klarsfeld]] en {{date-|décembre 2009}}<ref>{{Lien web|auteur1=Bastien Hugues|titre=Les derniers instants du groupe Manouchian|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/12/11/01016-20091211ARTFIG00428-les-derniers-instants-du-groupe-manouchian-.php|site=[[Le Figaro]]|date=11-12-2009|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur1=Frantz Malassis|titre=Photographie de l’exécution au Mont-Valérien de membres du groupe Manouchian|url=http://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/?p=photo&iIdPhoto=15|site=fondationresistance.org}}.</ref>.
* [[La Poste (entreprise française)|La Poste]] française émet le {{date-|24 février 2024}} un collector de quatre timbres-poste, dédiés à Missak Manouchian, à validité permanente à l'international<ref>{{lien web|titre=Missak Manouchian (1906-1944)|url=https://www.phil-ouest.com/Timbre.php?Nom_timbre=Manouchian_2024|site=phil-ouest.com|consulté le=11-04-2024|accès url=libre}}</ref>.
 
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=== Entrée au Panthéon ===
Fichier:AM016-15.jpg|Timbre émis par la poste arménienne (2015).|alt=Numérisation d'un timbre en couleur représentant Missak Manouchian en uniforme militaire. Derrière lui, l'Arc de triomphe et l'Affiche rouge.
Un comité de soutien pour l’entrée de Missak Manouchian au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=T. C. |titre=Drôme. La Ville de Valence et une association s’associent pour faire rentrer Missak Manouchian au Panthéon |url=https://www.ledauphine.com/societe/2021/12/18/la-ville-de-valence-et-une-association-s-associent-pour-faire-rentrer-missak-manouchian-au-pantheon |accès url=payant |site=ledauphine.com |date=18-12-2021 |consulté le=2021-12-19}}.</ref> est lancé le {{date-|19 décembre 2021}} par le président de l'association Unité Laïque, Jean-Pierre Sakoun et le maire Les Républicains de [[Valence (Drôme)|Valence]], [[Nicolas Daragon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Missak Manouchian au Panthéon ! |url=https://unitelaique.org/index.php/2022/01/18/missak-manouchian-au-pantheon/ |accès url=libre |site=unitelaique.org |date=18-01-2022 |consulté le=23-03-2022}}.</ref>, conseillés par l'historien [[Denis Peschanski]] et Katia Guiragossian, petite-nièce de Mélinée et Missak Manouchian, dépositaire de la mémoire familiale<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Missak Manouchian au Panthéon|url=https://manouchian-au-pantheon.org/|site=manouchian-au-pantheon.org|consulté le=2023-06-20}}.</ref>. Le sénateur communiste [[Pierre Ouzoulias]], petit-fils du commissaire militaire national des FTP [[Albert Ouzoulias]], s’y associe en 2022. Une tribune d’une dizaine de personnalités paraît dans ''[[Libération (journal)|Libération]]'' le {{Date-|13 janvier 2022}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Collectif |titre=Tribune - Après Joséphine Baker, Missak Manouchian a sa place au Panthéon |url=https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/apres-josephine-baker-missak-manouchian-a-sa-place-au-pantheon-20220113_XVUSSRC45NGOJAOW5STFPLRIYE/ |accès url=libre |site=liberation.fr |date=13-01-2022 |consulté le=23-03-2022}}.</ref>. Ce comité est reçu à l’Élysée le {{date-|30 mars 2022}} par [[Bruno Roger-Petit]], conseiller à la Mémoire du président de la République<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Le comité pour Missak Manouchian au Panthéon reçu à l’Élysée|url=https://manouchian-au-pantheon.org/index.php/2022/03/31/le-comite-pour-missak-manouchian-au-pantheon-recu-a-lelysee/|site=manouchian-au-pantheon.org|consulté le=2023-06-20}}.</ref>, après de nombreux articles de presse et maintes interventions des porteurs du projet dans les médias<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Presse et médias |url=https://manouchian-au-pantheon.org/index.php/category/presseetmedias/ |accès url=libre |site=manouchian-au-pantheon.org |consulté le=23-03-2022}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jacques Serais |titre=INFO EUROPE 1 - Emmanuel Macron pense à panthéoniser Missak Manouchian |url=https://www.europe1.fr/politique/info-e1-emmanuel-macron-pense-a-pantheoniser-missak-manouchian-4101117 |accès url=libre |site=europe1.fr |date=23-03-2022 |consulté le=23-03-2022}}.</ref>, puis l'année suivante par le président de la République. Celui-ci annonce le {{date-|18 juin 2023}} sa décision de faire entrer au Panthéon Missak Manouchian le {{date-|21 février 2024}}, soit {{nb|80 ans}} après son assassinat, accompagné de son épouse Mélinée<ref>{{Lien web|titre=Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon : la reconnaissance de la Résistance |url=https://www.francetvinfo.fr/societe/debats/pantheon/missak-et-melinee-manouchian-au-pantheon-la-reconnaissance-de-la-resistance_5894905.html |site=francetvinfo.fr|date=2023-06-17|consulté le=2023-06-21}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=L'Élysée annonce l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, figure de la Résistance |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-elysee-annonce-l-entree-au-pantheon-de-missak-manouchian-figure-de-la-resistance-20230618 |site=lefigaro.fr|date=2023-06-18 |consulté le=2023-06-21}}.</ref>.
Fichier:Missak Manouchian post.png|Plaque de timbres émise par [[La Poste (entreprise française)|La Poste]] française (2024).|alt=Numérisation d'une planche de quatre timbres, chacun représentant Missak Manouchian. En fond, le Panthéon.
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=== Numismatie ===
Le {{date-|7 décembre 2023}}, le président de la République [[Emmanuel Macron]], accompagné des membres du comité pour l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon, visite la crypte du Panthéon et choisit de faire reposer Manouchian et son épouse dans le caveau {{n°|{{XIII}}}}, aux côtés de [[Maurice Genevoix]] et de [[Joséphine Baker]].
Une [[pièce commémorative]] argentée de 41mm de diamètre à l'effigie de Missak Manouchian est éditée en 2024 à l'occasion de sa panthéonisation<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pièce de collection Missak Manouchian |url=https://www.tresordupatrimoine.fr/221417423-piece-de-collection-missak-manouchian.html |accès url=libre |site=tresordupatrimoine.fr |date=2024 |consulté le=28-07-2024}}</ref>.
 
=== Organisations ===
{{Citation|Eux-mêmes ne l’auraient sans doute ni compris ni souhaité}}<ref name="lettre">{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/23/missak-manouchian-doit-entrer-au-pantheon-avec-tous-ses-camarades_6201857_3232.html|accès url=payant|auteur=Collectif|titre=Missak Manouchian doit entrer au Panthéon avec tous ses camarades|site=lemonde.fr|périodique=[[Le Monde]]|date=23 novembre 2023}}.</ref>, car {{Citation|isoler un seul nom}} et {{Citation|distinguer une seule communauté, c’est blesser l’internationalisme}} qui animait collectivement les [[Groupe Manouchian-Boczov-Rayman|vingt-trois victimes de l'affiche rouge et du procès qu'elle vantait]], déplorent, dans une lettre ouverte publiée par ''[[Le Monde]]'' le {{date-|24 novembre 2023}}<ref name="lettre"/>{{,}}<ref name=Wieviorka/>, plusieurs de leurs descendants, avec les historiens [[Annette Wieviorka]] et [[Serge Klarsfeld]]<ref name="lettre"/>. [[Denis Peschanski]], conseiller du projet, estime au contraire qu'{{Citation|avec Manouchian}} ce sont les 23 {{Citation|qui entrent au Panthéon}}<ref name=dp/>. Annette Wieviorka publie peu après un opuscule d'une quarantaine de pages ''Anatomie de l'Affiche rouge'', détaillant l'histoire de l’affiche de propagande<ref name=Wieviorka/>, dite « affiche rouge »<ref name=Wieviorka/>, à caractère délibérément antisémite. Plusieurs historiens observent que le « [[Groupe Manouchian-Boczov-Rayman]] »<ref name=diams>David Diamant, ''Les Juifs dans la Résistance française, 1940-1944 (avec armes ou sans armes)'', Éditions Le Pavillon, 1971.</ref> est devenu en 1951 « Groupe Manouchian-Boczov » puis en 1954 « Groupe Manouchian »<ref name=diams/>, nom qu'il {{Citation|n'a jamais porté pendant la Résistance}}<ref name="Laffitte"/>. Les premiers à avoir parlé de « groupe Manouchian » sont {{Citation|les services de propagande allemande, en {{date-|février 1944}}, au moment du procès}}<ref name="Laffitte"/>, puis {{Citation|un processus d'occultation de la mémoire MOI}} dure {{Citation|près de quarante ans}}, jusqu'aux années 1990, la {{Citation|mémoire communiste}} s'étant {{Citation|longtemps focalisée sur la figure de Missak Manouchian}}<ref name="Laffitte"/> pour l'arrimer à {{Citation|l'histoire de l'Arménie soviétique}} où sa veuve {{Citation|vécut de nombreuses années après la guerre}}<ref name="Laffitte"/>.
Le {{date-|21 février 2024}} est fondé en France un « Mouvement Missak Manouchian » qui a pour objectifs la défense de l'[[Arménie]] et la promotion de la figure de Missak Manouchian en France {{Citation|afin de diffuser son esprit de résistance}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Lancement du Mouvement Missak Manouchian |url=https://www.armenews.com/spip.php?page=article&id_article=117393 |accès url=libre |site=armenews.com |date=28-06-2024 |consulté le=02-07-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=À propos du Mouvement Missak Manouchian |url=https://mouvementmissakmanouchian.org/a-propos-du-mouvement-missak-manouchian/ |accès url=libre |site=mouvementmissakmanouchian.org |date=2024 |consulté le=02-07-2024}}</ref>. Parmi les membres du comité de parrainage de ce mouvement, on trouve [[Robert Guédiguian]], [[Ariane Ascaride]], [[Claude Mutafian]], [[Pınar Selek]], [[Yves Ternon]], [[Marie Desplechin]], [[Didier Daeninckx]], Astrig Atamian, [[Éric Vuillard]], Agnès Tricoire et [[Jean-Pierre Mahé]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le comité de parrainage |url=https://mouvementmissakmanouchian.org/le-comite-de-parrainage/ |accès url=libre |site=mouvementmissakmanouchian.org |date=2024 |consulté le=02-07-2024}}</ref>.
 
=== Entrée au Panthéon ===
Soixante ans après [[Jean Moulin]], première personnalité accueillie sous le dôme sous la [[Cinquième République (France)|Cinquième République]], Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon le {{date-|21 février 2024}}<ref>{{Lien web|auteur=Claire Bommelaer|titre=Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon : l’Élysée veut rendre honneur aux « Français de préférence » |url=https://www.lefigaro.fr/culture/patrimoine/missak-et-melinee-manouchian-au-pantheon-l-elysee-veut-rendre-honneur-aux-francais-de-preference-20240219 |périodique=[[Le Figaro]]|date=2024-02-19|consulté le=2024-02-19}}.</ref>{{,}}<ref name="lefigaro_21/2/2024">{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/politique/vous-entrez-ici-en-soldat-macron-accueille-manouchian-au-pantheon-20240221|accès url=libre|auteur=Louis Hausalter|titre=« Vous entrez ici en soldat » : Macron accueille Manouchian au Panthéon|site=lefigaro.fr|périodique=[[Le Figaro]]|date=21 février 2024|consulté le=21 février 2024}}.</ref> par décret du {{date-|8 février 2024}}<ref>{{Légifrance|base=JORF|texte=Décret du 8 février 2024 autorisant le transfert des cendres de Mélinée et de Missak Manouchian au Panthéon|url=https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049112055}}, sur ''[[Légifrance]]''</ref>. Vingt-quatre résistants, principalement étrangers, morts pour la France sont salués par le président Emmanuel Macron et célébrés lors de la cérémonie<ref name="lefigaro_21/2/2024"/>.
==== Campagnes pour son entrée au Panthéon ====
En 2014, une première campagne demandant l'entrée au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] de Missak Manouchian est lancée, par le biais d'une tribune<ref>{{lien web|langue=fr|titre=Résistance: le groupe de l’Affiche rouge au Panthéon!|url=https://www.slate.fr/france/84041/resistance-groupe-manouchian-laffiche-rouge-pantheon|site=slate.fr|accès url=libre|date=01-03-2014|consulté le=14-07-2024}}</ref>{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=194}} à l'initiative de [[Jean-Marc Germain]] et co-signée par de nombreuses personnalités<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=[[Jean-Marc Germain]]|titre=Appel pour l'entrée au Panthéon du Groupe Manouchian|url=https://manouchian-pantheon.com/|site=manouchian-pantheon.com|accès url=libre|date=2014|consulté le=14-07-2024}}</ref>. Le {{date-|21 février}} de la même année, le président [[François Hollande]] rend hommage à Missak et ses camarades au [[mont Valérien]], cérémonie lors de laquelle il annonce la panthéonisation de quatre figures de la Résistance<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=[[François Hollande]]|titre=Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage à la Résistance, à Suresnes le 21 février 2014|url=https://www.vie-publique.fr/discours/190540-declaration-de-m-francois-hollande-president-de-la-republique-en-homm|site=vie-publique.fr|accès url=libre|date=21-02-2014|consulté le=14-07-2024}}</ref>{{,}}<ref name="dp" />.
 
Un comité de soutien pour l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=T. C. |titre=Drôme. La Ville de Valence et une association s’associent pour faire rentrer Missak Manouchian au Panthéon |url=https://www.ledauphine.com/societe/2021/12/18/la-ville-de-valence-et-une-association-s-associent-pour-faire-rentrer-missak-manouchian-au-pantheon |accès url=payant |site=ledauphine.com |date=18-12-2021 |consulté le=2021-12-19}}.</ref>{{,}}<ref name="dp" /> est lancé le {{date-|16 décembre 2021}} par le président de l'association Unité Laïque, Jean-Pierre Sakoun, et le maire [[Les Républicains]] de [[Valence (Drôme)|Valence]], [[Nicolas Daragon]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Missak Manouchian au Panthéon ! |url=https://unitelaique.org/index.php/2022/01/18/missak-manouchian-au-pantheon/ |accès url=libre |site=unitelaique.org |date=18-01-2022 |consulté le=23-03-2022}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jean-Pierre Sakoun |titre=Pour le transfert de la dépouille mortelle de Missak Manouchian au Panthéon |url=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/pour-le-transfert-de-la-depouille-mortelle-de-missak-manouchian-au-pantheon/ |accès url=libre |site=revuedesdeuxmondes.fr |date=08-02-2022 |consulté le=01-07-2024}}</ref>, conseillés par l'historien [[Denis Peschanski]]<ref name="dp" /> et Katia Guiragossian, petite-nièce de Mélinée Manouchian et dépositaire de la mémoire familiale<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Missak Manouchian au Panthéon |url=https://manouchian-au-pantheon.org/ |accès url=libre |site=manouchian-au-pantheon.org |consulté le=20-06-2023}}</ref>.
==== Déroulement de la cérémonie ====
{{Média externe|video1=[https://www.youtube.com/watch?v=jzHZ2aSfLXY Retransmission de la cérémonie] sur le compte [[YouTube]] de l'[[Président de la République française|Élysée]]}}
[[Fichier:Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian.png|vignette|Cérémonie de transfert au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian.]]
Après différentes manifestations d'hommage et interventions de personnalités dès la veille au [[Forteresse du Mont-Valérien|Mont-Valérien]], la cérémonie, présidée par [[Emmanuel Macron]], en présence du premier ministre d'[[Arménie]] [[Nikol Pachinian]], débute au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] au son du [[duduk]] [[Musique arménienne|arménien]] avec ''Un rêve à l'horizon'' interprété par Rostom Khachikian suivi par la lecture de la dernière lettre de Missak à Mélinée par [[Patrick Bruel]] et de la citation par [[Serge Avédikian]] du nom des vingt-trois compagnons de lutte suivis chacun de la mention « [[Mort pour la France]] » scandée par les élèves du [[lycée militaire d'Autun]]. Les deux cercueils attendent [[place Edmond-Rostand]], sous une gigantesque [[affiche rouge]], d'être transportés, pendant la diffusion du récit de la vie des deux [[FTP-MOI de la région parisienne|résistants]], par quatorze hommes de la [[Légion étrangère]], jusqu'à la coupole, le long de la [[Rue Soufflot (Paris)|rue Soufflot]], selon une scénographie qui prévoit trois stations symbolisant le parcours des Manouchian. À la première station, « Survivre », le [[chœur d'enfants]] de la [[Maîtrise Populaire de l'Opéra Comique]] dirigée par [[Sarah Koné]] chante et danse ''[[Ils sont tombés]]'', chanson de [[Charles Aznavour]] et [[Georges Garvarentz]] évoquant le [[génocide arménien]]. À la deuxième station, « Choisir », des extraits des ''Carnets'' de Missak Manouchian sont lus par les acteurs [[Laurent Natrella]], [[Céline Samie]], [[Serge Bagdassarian]], [[François Feroleto]] et Lisa Toromanian. À la troisième station, « Résister », les jeunes de la maîtrise chantent ''[[La Complainte du partisan]]'' d'[[Emmanuel d'Astier de La Vigerie]] et [[Anna Marly]]. À l'arrivée devant le Panthéon, le [[Chœur de l'Armée française]] dirigé par [[Aurore Tillac]] chante [[a cappella]] ''[[Le Chant des partisans]]'' écrit par [[Joseph Kessel]] et [[Maurice Druon]]. Les cercueils sont déposés sur l'[[Place du Panthéon|esplanade]], entourés par les portraits des vingt-trois compagnons de combat. [[Arthur Teboul]] accompagné par son groupe [[Feu! Chatterton|Feu ! Chatterton]] interprète ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]'' composée par [[Léo Ferré]] sur le texte du poème ''[[Strophes pour se souvenir]]'' écrit en 1955 par [[Louis Aragon]]. Une animation [[son et lumière]] est ensuite projetée sur la façade du monument, illustrant les étapes de la vie des Manouchian et la mort de Missak et de ses compagnons « morts pour la France » dont les visages entourant ceux de Missak et Mélinée s'affichent entre les colonnes sous la mention illuminée du fronton : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Les portes du sanctuaire s'ouvrent sur le son du [[violoncelle]] d'[[Astrig Siranossian]] interprétant ''Grounk, l'oiseau d'Arménie''<ref>{{Lien web|url=https://sylviesaliceti.com/komitas-la-grue-chant-de-lemigre/|titre=''La Grue'' (chant de l'émigré)|description=[[Musique arménienne|chanson populaire arménienne]], collectée, réécrite et harmonisée par [[Komitas]]|site=sylviesaliceti.com}}.</ref> pendant que les deux cercueils transportés par les hommes de la [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] sont placés sous la coupole<ref name=lemondelefebvregaidz>{{Article|url=https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/02/21/en-direct-missak-et-melinee-manouchian-sont-entres-au-pantheon-suivez-en-direct-la-ceremonie_6217672_823448.html|titre=Au Panthéon, Emmanuel Macron salue la mémoire de Missak Manouchian, « Français de préférence, Français d'espérance »|auteur=Michel Lefebvre et Gaïdz Minassian|périodique=[[Le Monde]]|date=21 février 2024}}.</ref>.
 
Le sénateur [[Parti communiste français|communiste]] [[Pierre Ouzoulias]], petit-fils du commissaire militaire national des [[Francs-tireurs et partisans|FTP]] [[Albert Ouzoulias]], s’y associe en 2022<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le comité de soutien pour « Missak Manouchian au Panthéon » s’élargit chaque jour ! |url=https://unitelaique.org/index.php/2022/02/09/le-comite-de-parrainage-pour-missak-manouchian-au-pantheon-senrichit-chaque-jour/ |accès url=libre |site=unitelaique.org |date=09-02-2022 |consulté le=01-07-2024}}</ref>. Une tribune d’une dizaine de personnalités paraît dans ''[[Libération (journal)|Libération]]'' le {{Date-|13 janvier 2022}}<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |auteur=Collectif |titre=Tribune - Après Joséphine Baker, Missak Manouchian a sa place au Panthéon |url=https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/apres-josephine-baker-missak-manouchian-a-sa-place-au-pantheon-20220113_XVUSSRC45NGOJAOW5STFPLRIYE/ |accès url=libre |site=liberation.fr |date=13-01-2022 |consulté le=23-03-2022}}.</ref>. Ce comité lance un appel public à signatures début 2022<ref name=":0" /> et est reçu à l’[[Palais de l'Élysée|Élysée]] le {{date-|30 mars 2022}} par [[Bruno Roger-Petit]]<ref name="dp" />, conseiller à la Mémoire du président de la République<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Le comité pour Missak Manouchian au Panthéon reçu à l’Élysée|url=https://manouchian-au-pantheon.org/index.php/2022/03/31/le-comite-pour-missak-manouchian-au-pantheon-recu-a-lelysee/|site=manouchian-au-pantheon.org|consulté le=2023-06-20}}.</ref>, après de nombreux articles de presse et maintes interventions des porteurs du projet dans les médias<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Presse et médias |url=https://manouchian-au-pantheon.org/index.php/category/presseetmedias/ |accès url=libre |site=manouchian-au-pantheon.org |consulté le=23-03-2022}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jacques Serais |titre=INFO EUROPE 1 - Emmanuel Macron pense à panthéoniser Missak Manouchian |url=https://www.europe1.fr/politique/info-e1-emmanuel-macron-pense-a-pantheoniser-missak-manouchian-4101117 |accès url=libre |site=europe1.fr |date=23-03-2022 |consulté le=23-03-2022}}</ref>.
==== Discours du président de la République ====
{{Citation bloc|Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?}}
 
Le {{date-|18 février 2023}} se tient au [[EmmanuelSénat Macron(France)|Sénat]], alorsle [[Présidentcolloque de« Les étrangers dans la RépubliqueRésistance française|président: vers l'entrée au Panthéon de laMissak République]]Manouchian », commenceparrainé ainsipar sonPierre discoursOuzoulias<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Emmanuel Macron]] |titre=DiscoursLes duétrangers Président dedans la RépubliqueRésistance. lorsVers del’entrée l’Hommageau solennelPanthéon de la Nation à Missak Manouchian |url=https://wwwcalenda.elysee.frorg/front/pdf/elysee-module-22284-fr.pdf |format=PDF1040544 |accès url=libre |site=elyseecalenda.frorg |date=2119-0212-20242022 |consulté le=0611-0307-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien accompagnantweb l'hommage|langue=fr à|auteur=Pierre MissakChaillan Manouchian|titre=Affiche etrouge, à{{citation|Ils sessont compagnonsmorts d'armepour etune nation poursuitanimée par cesun motsidéal}} ponctuant(entretien leavec récitPierre deOuzoulias) leur|url=https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/missak-manouchian/affiche-rouge-ils-sont-morts-pour-une-nation-animee-par-un-ideal vie,|accès deurl=libre leurs|site=humanite.fr choix,|date=16-06-2023 de leur|consulté résistance :le=11-07-2024}}</ref>.
{{Citation bloc|Oui, s'ils sont libres. Oui, au prix du choix délibéré, déterminé, répété, de la liberté […] Est-ce ainsi que les hommes rêvent ? Oui, les armes à la main […] Parce qu'ils sont communistes, ils ne connaissent rien d'autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la révolution universelle […] Ces 24 noms sont ceux-là, que simplement je cite, mais avec eux tout le cortège des FTP-MOI trop longtemps confinés dans l'oubli […] Est-ce ainsi que les hommes vivent ? S'ils sont résolument libres, oui : à la barre du tribunal, ils endossent fièrement ce dont leurs juges nazis les accablent, leurs actes, leur communisme, leurs vies de juifs, d'étrangers, insolents, tranquilles, libres […] Vous avez hérité de la nationalité française, lance Manouchian aux policiers collaborateurs, nous nous l'avons méritée […] Étrangers, et nos frères pourtant, Français de préférence, Français d'espérance […] Est-ce ainsi que les hommes meurent ? En tout cas les hommes libres, en tout cas ces Français d'espérance […] Ceux-là affrontent la mort. Mots d'amour tracés sur le papier. Amour d'une femme jusqu'au don de l'avenir, amour de la France jusqu'au don de sa vie, amour des peuples jusqu'au don du pardon. Libre et confiant dans le genre humain. Certain que l'humanité triomphera car qui meurt pour la liberté universelle a toujours raison devant l'histoire […] Ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau par la calomnie de cette affiche rouge qui voulait exciter les peurs et ne fortifia que l'amour car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge le rouge du sang versé pour la France […] C'est ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent [… Ils débordent l’existence par la mémoire […] C’est ainsi que les Grands Hommes, en France, vivent pour l’éternité. }}
 
Le {{date-|18 juin 2023}}, le président de la République [[Emmanuel Macron]] fait savoir sa décision de faire entrer au Panthéon Missak Manouchian le {{date-|21 février 2024}}, soit {{nobr|80 ans}} après son assassinat, accompagné de son épouse Mélinée<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=F. Bouquillat |auteur2=N. Murviedro |titre=Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon : la reconnaissance de la Résistance |url=https://www.francetvinfo.fr/societe/debats/pantheon/missak-et-melinee-manouchian-au-pantheon-la-reconnaissance-de-la-resistance_5894905.html |accès url=libre |site=francetvinfo.fr |date=17-06-2023 |consulté le=21-06-2023}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Élysée annonce l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, figure de la Résistance |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-elysee-annonce-l-entree-au-pantheon-de-missak-manouchian-figure-de-la-resistance-20230618 |accès url=libre |site=lefigaro.fr |date=18-06-2023 |consulté le=21-06-2023}}</ref>{{,}}{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=194-195}}. Le {{date-|7 décembre 2023}}, accompagné des membres du comité pour l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon, il visite la crypte du Panthéon<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Solenn de Royer|titre=Face aux tensions, Emmanuel Macron veut {{citation|tenir l’unité du pays}} et promet un {{citation|rendez-vous avec la nation}} en janvier|url=https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/08/face-aux-tensions-emmanuel-macron-veut-tenir-l-unite-du-pays-et-promet-un-rendez-vous-avec-la-nation-en-janvier_6204710_823448.html|site=lemonde.fr|accès url=payant|date=08-12-2023|consulté le=11-07-2024}}</ref> et choisit de faire reposer Manouchian et son épouse dans le caveau {{n°|{{XIII}}}}, aux côtés de [[Maurice Genevoix]] et de [[Joséphine Baker]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Missak Manouchian au Panthéon, un hommage national à un « français de préférence »|url=https://www.defense.gouv.fr/actualites/missak-manouchian-au-pantheon-hommage-national-francais-preference|site=defense.gouv.fr|accès url=libre|date=21-02-2024|consulté le=11-07-2024}}</ref>.
Emmanuel Macron accueille enfin au Panthéon Missak Manouchian et ses compagnons de lutte, soulignant que la mention « Morts pour la France » est désormais attribuée à tous les résistants fusillés du Mont-Valérien :
{{Citation bloc|Entrent aujourd'hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j'ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France […] Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat avec vos camarades […] Vous rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon […] vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l'Arménie délivrée du chagrin, l'Europe fraternelle, l'idéal communiste, la justice, la dignité, l'humanité, rêves français, rêves universels […] vous entrez ici avec Mélinée en poète qui dit l'amour heureux. Amour de la liberté malgré les prisons, la torture et la mort, amour de la France, malgré les refus, les trahisons, amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître […] La France, reconnaissante, vous accueille, Missak et Mélinée, destins d'Arménie et de France, amour enfin retrouvé. Missak, les vingt et trois, et avec eux tous les autres, enfin célébrés. L'amour et la liberté, pour l'éternité<ref>{{Lien web|url=https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/02/21/missak-manouchian-et-ses-camarades-de-la-resistance-entrent-au-pantheon|titre=Missak Manouchian et ses camarades de la résistance entrent au Panthéon|sous-titre=Discours du Président de la République lors de l'Hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian|site=elysee.fr|date=21 février 2024}}</ref>.}}
 
Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon le {{date-|21 février 2024}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Claire Bommelaer |titre=Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon : l’Élysée veut rendre honneur aux {{citation|Français de préférence}}|url=https://www.lefigaro.fr/culture/patrimoine/missak-et-melinee-manouchian-au-pantheon-l-elysee-veut-rendre-honneur-aux-francais-de-preference-20240219 |accès url=libre |site=lefigaro.fr |date=19-02-2024 |consulté le=19-02-2024}}</ref>{{,}}<ref name="lefigaro_21/2/2024">{{lien web |langue=fr |auteur=Louis Hausalter |titre={{citation|Vous entrez ici en soldat}} : Macron accueille Manouchian au Panthéon |url=https://www.lefigaro.fr/politique/vous-entrez-ici-en-soldat-macron-accueille-manouchian-au-pantheon-20240221 |accès url=libre |site=lefigaro.fr |date=21-02-2024 |consulté le=21-02-2024}}</ref>, en vertu d'un [[Décret en France|décret du président de la République]] du {{date-|8 février 2024}}<ref>{{Légifrance|base=JORF|texte=Décret du 8 février 2024 autorisant le transfert des cendres de Mélinée et de Missak Manouchian au Panthéon|url=https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049112055}}, sur ''[[Légifrance]]''</ref>. Vingt-quatre résistants, principalement étrangers, morts pour la France, sont salués par le président Emmanuel Macron et célébrés lors de la cérémonie<ref name="lefigaro_21/2/2024"/>. Parmi les invités, on trouve les anciens résistants [[Léon Landini]]<ref name=":15">{{Lien web |langue=fr |auteur=Elsa de La Roche Saint-André |titre=Panthéonisation : l’Elysée avait-il évincé de la cérémonie Léon Landini, dernier survivant du groupe de résistants de Missak Manouchian ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/pantheonisation-lelysee-avait-il-evince-de-la-ceremonie-leon-landini-dernier-survivant-du-groupe-de-resistants-de-missak-manouchian-20240221_2WIKGR4G5VGRPPQJOI6BZITK5I/ |accès url=payant |série=Checknews |site=liberation.fr |date=21-02-2024 |consulté le=23-02-2024}}</ref>{{,}}<ref name=":16">{{Lien web |langue=fr |auteur=Thomas Saint-Antonin |titre=La colère de Léon Landini, Résistant un temps écarté de la Panthéonisation de Manouchian |url=https://www.linternaute.com/actualite/societe/4617089-la-colere-de-leon-landini-resistant-un-temps-ecarte-de-la-pantheonisation-de-manouchian/ |accès url=libre |site=linternaute.com |date=21-02-2024 |consulté le=23-02-2024}}</ref>{{,}}{{note|groupe=n|texte=[[Léon Landini]] se déclare opposé à la présence à cette cérémonie de représentants du [[Rassemblement national]], qu'il considère avoir combattus pendant la guerre<ref name=":15" />{{,}}<ref name=":16" />.}} et [[Robert Birenbaum]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Ella Couet |titre=Les époux Manouchian au Panthéon : {{citation|C’est la consécration suprême}}, confie l’ancien résistant Robert Birenbaum |url=https://www.radioclassique.fr/societe/les-epoux-manouchian-au-pantheon-cest-la-consecration-supreme-confie-lancien-resistant-robert-birenbaum/ |accès url=libre |site=radioclassique.fr |date=28-02-204 |consulté le=11-07-2024}}</ref>, [[Fabien Roussel]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=En images. {{citation|La France reconnaissante vous accueille}} : la cérémonie d’entrée au Panthéon de Missak Manouchian |url=https://www.sudouest.fr/culture/histoire/en-images-le-resistant-communiste-apatride-missak-manouchian-entre-au-pantheon-18672353.php |accès url=libre |site=sudouest.fr |date=21-02-2024 |consulté le=11-07-2024}}</ref>, secrétaire national du [[Parti communiste français]], ou encore [[Nikol Pachinian]], premier ministre d'[[Arménie]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Nikol Pashinyan à Paris pour la panthéonisation de Missak Manouchian |url=https://www.courrier.am/fr/nikol-pashinyan-a-paris-pour-la-pantheonisation-de-missak-manouchian |accès url=libre |site=courrier.am |date=21-02-204 |consulté le=11-07-2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=I.C. |titre=Panthéonisation de Manouchian : ce qu’il faut retenir de la cérémonie d’hommage à ce « Français de préférence » |url=https://www.leparisien.fr/societe/pantheonisation-de-manouchian-ce-quil-faut-retenir-de-la-ceremonie-dhommage-a-ce-francais-de-preference-21-02-2024-7DFIOJIH2ZGV3CMC5MM5GVULCI.php |accès url=libre |site=leparisien.fr |date=21-02-2024 |consulté le=11-07-2024}}</ref>.
==== Personnalités invitées ====
{{...}}
 
==== Interprétations et débats ====
* [[Léon Landini]], membre pendant la guerre du bataillon Carmagnole Liberté à Lyon et dernier survivant des combattants communistes FTP-MOI, assiste à la panthéonisation des époux Missak et Mélinée Manouchian. Il est placé au premier rang dans la Garde d’honneur, à côté d'un autre résistant, [[Robert Birenbaum]]. Léon Landini se déclare opposé à la présence à cette cérémonie de réprésentants du [[Rassemblement national]], qu'il considère avoir combattus pendant la guerre<ref>{{Article|auteur=Elsa de La Roche Saint-André|titre=CheckNews. Panthéonisation : l’Elysée avait-il évincé de la cérémonie Léon Landini, dernier survivant du groupe de résistants de Missak Manouchian ?|périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=21 février 2024|lire en ligne= https://www.liberation.fr/checknews/pantheonisation-lelysee-avait-il-evince-de-la-ceremonie-leon-landini-dernier-survivant-du-groupe-de-resistants-de-missak-manouchian-20240221_2WIKGR4G5VGRPPQJOI6BZITK5I/ |consulté le=2024-02-23 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Thomas Saint-Antonin|titre=La colère de Léon Landini, Résistant un temps écarté de la Panthéonisation de Manouchian|périodique=[[L'Internaute]]|date=2024-02-21|lire en ligne= https://www.linternaute.com/actualite/societe/4617089-la-colere-de-leon-landini-resistant-un-temps-ecarte-de-la-pantheonisation-de-manouchian/|consulté le=2024-02-23}}.</ref>.
L'annonce de l'entrée au Panthéon du seul Missak Manouchian (et de sa femme) soulève des débats{{sfn|Dimitri Manessis|Jean Vigreux|2024|p=195}}{{,}}<ref name=":10" />{{,}}{{Sfn|Ariane Chemin|2024|p=33|id=M}}. Une tribune, publiée dans ''[[Le Monde]]'' le {{date-|24 novembre 2023}} et signée par des historiens ([[Annette Wieviorka]], [[Serge Klarsfeld]], [[Patrick Boucheron]]) et par des descendants des membres du « groupe Manouchian », dénoncent l'{{citation|injustice}} de ne pas panthéoniser les autres membres du groupe<ref name="tribune">{{lien web |langue=fr |auteur=Collectif |titre=Missak Manouchian doit entrer au Panthéon avec tous ses camarades |url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/23/missak-manouchian-doit-entrer-au-pantheon-avec-tous-ses-camarades_6201857_3232.html |accès url=payant |site=lemonde.fr |date=23-11-2023 |consulté le=02-05-2024}}</ref>. Les signataires saluent la décision d'Emmanuel Macron, qui {{citation|marque la reconnaissance de la contribution décisive des résistants internationalistes à la libération de la France et au rétablissement de la République}} à une époque {{citation|où de nouvelles ombres gagnent, où xénophobie, racisme, antisémitisme et toutes les formes de rejet de l’autre, de l’étranger et du différent menacent}}<ref name="tribune" />. Cependant, selon eux, faire entrer au Panthéon Missak et Mélinée seuls contredit le {{citation|message universel}} et le {{citation|message de fraternité qui rappelle que la France a toujours été faite du monde, de la diversité de son peuple et de la pluralité de ses cultures grâce à l’apport de toutes ses communautés d’origine étrangère}}<ref name="tribune" />. Missak et Mélinée n'{{Citation|auraient sans doute ni compris ni souhaité}} cette décision, car {{Citation|isoler un seul nom}} et {{Citation|distinguer une seule communauté, c’est blesser l'internationalisme}} qui animait collectivement les vingt-trois victimes de l'Affiche rouge<ref name="tribune" />. Ils concluent par la formule {{citation|Ce sont les vingt-trois, tous ensemble, qui font l'épaisseur de cette histoire}}, et demandent la panthéonisation des autres membres du groupe<ref name="tribune" />. Annette Wieviorka rappelle d'ailleurs que l'appellation {{Citation|groupe Manouchian}} est erronée et tardive : {{Citation|parler de « groupe Manouchian » ne correspond à rien. Il n'a pas constitué de groupe : il a fait partie d'une organisation globale, où il a exercé des responsabilités}}, explique-t-elle<ref name=":10" />.
* [[Fabien Roussel]], dirigeant du [[Parti communiste français]], qui avait été reçu auparavant à l'[[Palais de l'Élysée|Élysée]] par le président de la République.
 
Pour l'historien [[Denis Peschanski]], la démarche du comité de soutien, dont il fait partie, {{citation|s'inscrivait dans une perspective universaliste, à l'opposé de l'assignation à résidence identitaire. Avec Missak Manouchian, accompagné de Mélinée, ce sont les « 23 » du procès dit « de l'Affiche rouge » et tous les résistants étrangers qui entrent au Panthéon}}<ref name="dp" />.
==== Liste des membres du groupe Manouchian exécutés ====
La liste suivante des vingt-trois membres du « [[FTP-MOI de la région parisienne|groupe Manouchian]] » exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'[[Affiche rouge]].
 
Annette Wieviorka publie peu après un opuscule d'une quarantaine de pages intitulé ''Anatomie de l'Affiche rouge'', dans lequel elle revient sur l'histoire de l'Affiche rouge{{Sfn|Annette Wieviorka|2024|p=12-18}} et sur la polémique liée à la panthéonisation{{Sfn|Annette Wieviorka|2024|p=7-12}}. Elle dénonce notamment la focalisation sur le couple Manouchian : {{citation|le « groupe » est donc devenu un couple, plutôt glamour, les « étrangers » les seuls Arméniens ; les Italiens, Espagnols, Juifs de toutes nationalités et les Français, compagnons de ce combat solidaire, passent au mieux au second plan, deviennent invisibles ou noyés dans la vaste catégorie des « étrangers » privés de noms}}{{Sfn|Annette Wieviorka|2024|p=11}}.
Le nom des vingt-trois est [[Liste des personnes citées au Panthéon de Paris|gravé sur la plaque de la crypte]]<ref>{{Ouvrage|titre=Manouchian et ceux de l'Affiche rouge|auteur=[[Hugues Nancy]]|format=documentaire|année=2024}}</ref> et cité avec la mention « Mort pour la France » lors de l'entrée de Missak et Mélinée Manouchian au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] le {{Date-|21 février 2024}}<ref>Cérémonie d'entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian</ref>.
 
==== Déroulement de la cérémonie ====
[[Fichier:Mémorial de l'affiche rouge.jpg|vignette|Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.]]
{{Média externe|video1=[https://www.youtube.com/watch?v=jzHZ2aSfLXY Retransmission de la cérémonie] sur le compte [[YouTube]] de l'[[Président de la République française|Élysée]]}}
[[Fichier:Différence du niveau de la terre qui atteste de l'exhumation du couple pour le panthéon (2024).jpg|vignette|droite|Tombe de Missak et Mélinée au [[cimetière parisien d'Ivry]] après l'[[exhumation]] (2024).|alt=Photographie de la terre devant une pierre tombale.]]
Après différentes manifestations d'hommage et interventions de personnalités dès la veille au [[Forteresse du Mont-Valérien|Mont-Valérien]], la cérémonie, présidée par le [[Président de la République française|président]] [[Emmanuel Macron]], débute au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] au son du [[duduk]] [[Musique arménienne|arménien]] avec ''Un rêve à l'horizon'' interprété par Rostom Khachikian suivi par la lecture de la dernière lettre de Missak à Mélinée par [[Patrick Bruel]] et de la citation par [[Serge Avédikian]] du nom des vingt-trois compagnons de lutte suivis chacun de la mention « [[Mort pour la France]] » scandée par les élèves du [[lycée militaire d'Autun]]<ref name=":11">{{Lien web |langue=fr |auteur=Michel Lefebvre |auteur2=Gaïdz Minassian |titre=Au Panthéon, Emmanuel Macron salue la mémoire de Missak Manouchian, {{citation|Français de préférence, Français d'espérance}} (Live) |url=https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/02/21/en-direct-missak-et-melinee-manouchian-sont-entres-au-pantheon-suivez-en-direct-la-ceremonie_6217672_823448.html |accès url=libre |site=lemonde.fr |date=21-02-2024 |consulté le=02-05-2024}}</ref>. Les deux cercueils attendent [[place Edmond-Rostand]], sous une gigantesque [[affiche rouge]], d'être transportés, pendant la diffusion du récit de la vie des deux [[FTP-MOI de la région parisienne|résistants]], par quatorze hommes de la [[Légion étrangère]], jusqu'à la coupole, le long de la [[Rue Soufflot (Paris)|rue Soufflot]], selon une scénographie qui prévoit trois stations symbolisant le parcours des Manouchian<ref name=":11" />. À la première station, « Survivre », le [[chœur d'enfants]] de la [[Maîtrise populaire de l'Opéra-Comique]] dirigée par [[Sarah Koné]] chante et danse ''[[Ils sont tombés]]'', chanson de [[Charles Aznavour]] et [[Georges Garvarentz]] évoquant le [[génocide arménien]]<ref name=":11" />. À la deuxième station, « Choisir », des extraits des ''Carnets'' de Missak Manouchian sont lus par les acteurs [[Laurent Natrella]], [[Céline Samie]], [[Serge Bagdassarian]], [[François Feroleto]] et Lisa Toromanian<ref name=":11" />. À la troisième station, « Résister », les jeunes de la maîtrise chantent ''[[La Complainte du partisan]]'' d'[[Emmanuel d'Astier de La Vigerie]] et [[Anna Marly]]<ref name=":11" />. À l'arrivée devant le Panthéon, le [[Chœur de l'Armée française]] dirigé par [[Aurore Tillac]] chante [[a cappella]] ''[[Le Chant des partisans]]'' écrit par [[Joseph Kessel]] et [[Maurice Druon]]<ref name=":11" />. Les cercueils sont déposés sur l'[[Place du Panthéon|esplanade]], entourés par les portraits des vingt-trois compagnons de combat<ref name=":11" />. [[Arthur Teboul]] accompagné par son groupe [[Feu! Chatterton]] interprète ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]'' de [[Léo Ferré]]<ref name=":11" />. Une animation [[son et lumière]] est ensuite projetée sur la façade du monument, illustrant les étapes de la vie des Manouchian et la mort de Missak et de ses compagnons « morts pour la France » dont les visages entourant ceux de Missak et Mélinée s'affichent entre les colonnes sous la mention illuminée du fronton : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante »<ref name=":11" />. Les portes du sanctuaire s'ouvrent sur le son du [[violoncelle]] d'[[Astrig Siranossian]] interprétant ''Grounk, l'oiseau d'Arménie'' pendant que les deux cercueils transportés par les hommes de la [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] sont placés sous la coupole<ref name=":11" />.
 
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* [[Celestino Alfonso]] (AR), Espagnol, {{unité|27|ans}}
Fichier:Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian.png|Cérémonie de transfert au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian.|alt=Photographie d'un cortège funéraire. Des militaires portent deux cercueils, entourés d'une foule protégée par des parapluies. En arrière-plan, un panneau d'affichage montre Missak et Mélinée.
* [[Olga Bancic]], Roumaine, 32 ans, seule femme du groupe, elle n'est pas fusillée mais guillotinée en Allemagne le {{date-|10 mai 1944}}
Fichier:Panthéonisation de Missak et Méliné Manouchian.jpg|Vue du Panthéon.|alt=Vue du Panthéon en soirée. Au premier plan, une foule de parapluies surmontée par un panneau d'affichage montre Missak et Mélinée.
* [[Joseph Boczov]] [József Boczor; Wolff Ferenc] (AR), Hongrois, {{unité|38|ans}} - Ingénieur chimiste
</gallery>
* [[Georges Cloarec]], Français, {{unité|20|ans}}
* [[Rino Della Negra]], Italien, {{unité|19|ans}}
* [[Thomas Elek]] [Elek Tamás] (AR), Hongrois, {{unité|18|ans}} - Étudiant
* [[Joseph Epstein]], polonais, 32 ans, il est le supérieur de Missak Manouchian ; arrêté avec lui il est fusillé au Mont-Valérien le {{Date-|11 avril 1944}}
* [[Maurice Fingercwajg]] (AR), Polonais, {{unité|19|ans}}
* [[Spartaco Fontanot]] (AR), Italien, {{unité|22|ans}}
* [[Jonas Geduldig]], Polonais, {{unité|26|ans}}
* [[Emeric Glasz]] [Békés (Glass) Imre], Hongrois, {{unité|42|ans}} - Ouvrier métallurgiste
* [[Léon Goldberg]], Polonais, {{unité|19|ans}}
* [[Szlama Grzywacz]] (AR), Polonais, {{unité|34|ans}}
* [[Stanislas Kubacki]], Polonais, {{unité|36|ans}}, interné à Fresnes un an auparavant, bien que fusillé avec eux il n'appartient pas au « Groupe Manouchian »
* [[Cesare Luccarini]], Italien, {{unité|22|ans}}
* '''Missak Manouchian''' (AR), Arménien, {{unité|37|ans}}
* [[Arpen Tavitian]], Arménien, {{unité|44|ans}}
* [[Marcel Rajman]] (AR), Polonais, {{unité|21|ans}}
* [[Roger Rouxel]], Français, {{unité|18|ans}}
* [[Antoine Salvadori]], Italien, {{unité|24|ans}}
* [[Willy Schapiro]], Polonais, {{unité|29|ans}}
* [[Amedeo Usseglio]], Italien, {{unité|32|ans}}
* [[Wolf Wajsbrot]] (AR), Polonais, {{unité|18|ans}}
* [[Robert Witchitz]] (AR), Français, {{unité|19|ans}}
 
==== Discours du président de la République ====
== Portrait par un témoin ==
{{Citation bloc|Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?<ref name=":23" />}}
{{Citation bloc|La première fois que j'ai rencontré Manouchian, nous avons passé l'après-midi ensemble. Tout ce qu'il me disait résonnait en moi. Nous partagions les mêmes convictions. Cet homme m'a également tout appris, l'amour de la poésie, de la biologie, de la philosophie. Il était très intelligent et surtout on pouvait lui faire une confiance aveugle. Et d'ailleurs tout le monde lui faisait confiance et l'admirait. Mais il était très timide et quand il parlait, c'était uniquement de résistance.|Souvenir d'un des jeunes « terroristes » sous ses ordres depuis juin 1942<ref name="Karayan"/>.}}
{{Citation bloc|C'était un athlète, un grand sportif. Il était bon, il écoutait les gens et surtout il avait une vision très humaine et très intelligente de la résistance. Il ne voulait pas de « Héros fous », pour reprendre une expression du docteur Kaldjian, de Kamikazes. Des volontaires prêts à se faire sauter, il y en avait, mais lui ne supportait aucun sacrifice. Il ne commandait une opération que si elle était sûre.|Idem.}}
 
Le [[Président de la République française|président de la République]] [[Emmanuel Macron]] commence ainsi son discours accompagnant l'hommage à Missak Manouchian et à ses compagnons d'arme et poursuit par ces mots ponctuant le récit de leur vie, de leurs choix, de leur résistance<ref>{{Lien web|url=https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/02/21/missak-manouchian-et-ses-camarades-de-la-resistance-entrent-au-pantheon|titre=Missak Manouchian et ses camarades de la résistance entrent au Panthéon|sous-titre=Discours du Président de la République lors de l'Hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian|site=elysee.fr|date=21 février 2024|consulté le=02-05-2024|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref name=":23">{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Emmanuel Macron]] |titre=Discours du Président de la République lors de l’Hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian |url=https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-22284-fr.pdf |format=PDF |accès url=libre |site=elysee.fr |date=21-02-2024 |consulté le=06-03-2024}}</ref> :
== Décoration ==
{{Citation bloc|Oui, s'ils sont libres. Oui, au prix du choix délibéré, déterminé, répété, de la liberté […] Est-ce ainsi que les hommes rêvent ? Oui, les armes à la main […] Parce qu'ils sont communistes, ils ne connaissent rien d'autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la révolution universelle […] Ces 24 noms sont ceux-là, que simplement je cite, mais avec eux tout le cortège des FTP-MOI trop longtemps confinés dans l'oubli […] Est-ce ainsi que les hommes vivent ? S'ils sont résolument libres, oui : à la barre du tribunal, ils endossent fièrement ce dont leurs juges nazis les accablent, leurs actes, leur communisme, leurs vies de juifs, d'étrangers, insolents, tranquilles, libres […] Vous avez hérité de la nationalité française, lance Manouchian aux policiers collaborateurs, nous nous l'avons méritée […] Étrangers, et nos frères pourtant, Français de préférence, Français d'espérance […] Est-ce ainsi que les hommes meurent ? En tout cas les hommes libres, en tout cas ces Français d'espérance […] Ceux-là affrontent la mort. Mots d'amour tracés sur le papier. Amour d'une femme jusqu'au don de l'avenir, amour de la France jusqu'au don de sa vie, amour des peuples jusqu'au don du pardon. Libre et confiant dans le genre humain. Certain que l'humanité triomphera car qui meurt pour la liberté universelle a toujours raison devant l'histoire […] Ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau par la calomnie de cette affiche rouge qui voulait exciter les peurs et ne fortifia que l'amour car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge le rouge du sang versé pour la France […] C'est ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent […] Ils débordent l’existence par la mémoire […] C’est ainsi que les Grands Hommes, en France, vivent pour l’éternité<ref name=":23" />.}}
* {{Déco Médaille de la Résistance française}} à titre posthume (décret du {{Date-|31 mars 1947}})<ref>{{Lien web |site=Ordre de la Libération |titre=Base Médaillés de la Résistance française - fiche Missak MANOUCHIAN |url=https://www.ordredelaliberation.fr/fr/medailles?fulltext=manouchian&items_per_page=10&sort_bef_combine=nom_ASC#resultats-medailles |consulté le=28 février 2023}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Décret du 31 mars 1947 portant attribution de la médaille de la Résistance française|périodique=[[Journal officiel de la République française]]. Lois et décrets|numéro=175|pages=7253|date=26-07-1947|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k15765479/f17}}|accès url=libre}}</ref>
 
Emmanuel Macron accueille enfin au Panthéon Missak Manouchian et ses compagnons de lutte, soulignant que la mention « Morts pour la France » est désormais attribuée à tous les résistants fusillés du Mont-Valérien :
{{Citation bloc|Entrent aujourd'hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j'ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France […] Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat avec vos camarades […] Vous rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon […] vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l'Arménie délivrée du chagrin, l'Europe fraternelle, l'idéal communiste, la justice, la dignité, l'humanité, rêves français, rêves universels […] vous entrez ici avec Mélinée en poète qui dit l'amour heureux. Amour de la liberté malgré les prisons, la torture et la mort, amour de la France, malgré les refus, les trahisons, amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître […] la France, reconnaissante, vous accueille, Missak et Mélinée, destins d'Arménie et de France, amour enfin retrouvé. Missak, les vingt et trois, et avec eux tous les autres, enfin célébrés. L'amour et la liberté, pour l'éternité<ref name=":23" />.}}
 
== Dans la culture populaire ==
=== Cinéma ===
* ''[[L'Affiche rouge (film)|L'Affiche rouge]]'' de [[Frank Cassenti]] (1976) : interprété par [[Roger Ibáñez]].
* ''[[L'Armée du crime]]'' de [[Robert Guédiguian]] (2009) : interprété par [[Simon Abkarian]].
* ''[[Monsieur Aznavour]]'' de [[Grand Corps Malade]] et [[Mehdi Idir]] (2024) : interprété par Tigran Mekhitarian.
 
=== Littérature ===
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==== Romans ====
* {{ouvrage|auteur1=[[Didier Daeninckx]]|titre=Missak|éditeur=[[Éditions Perrin]]|lieu=[[Paris]]|année=2009|pages totales=285|isbn=978-2-262-02802-2|nature ouvrage=roman}} ; réédition, Paris, [[Pocket]] {{n°|14299}}, 2010 {{ISBN|978-2-266-20025-7}} ; réédition, Paris, Pocket jeunesse, {{coll|Pocket jeunes adultes : roman}} {{n°|J2273}}, 2010 {{ISBN|978-2-266-20274-9}} ; réédition, Paris, [[Éditions Gallimard]], {{coll|Folio}} {{n°|6447}}, 2018 {{ISBN|978-2-07-276308-3}}
* {{ouvrage|auteur1=[[Didier Daeninckx]]|titre=Avec le Groupe Manouchian|sous-titre=Les immigrés dans la résistance|éditeur=Oskar|collection=Histoire & société|année=2010|pages totales=120|isbn=978-2350005874|nature ouvrage=roman jeunesse}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Élise Fontenaille]]|titre=Missak et Mélinée|sous-titre=Une histoire de l'affiche rouge|éditeur=[[Éditions du Rouergue]]|collection=Doado|année=2024|pages totales=128|isbn=978-2812625374|nature ouvrage=roman|lire en ligne={{Google Livres|mrnuEAAAQBAJ}}|accès url=limité}}
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==== Bandes dessinées ====
* {{ouvrage|auteur1=[[Didier Daeninckx]]|responsabilité1=scénariste|auteur2=Laurent Corvaisier|responsabilité2=dessinateur|titre=Missak|sous-titre=L'enfant de l'affiche rouge|éditeur=[[Rue du monde]]|collection=Pas comme les autres|année=2009|pages totales=40|isbn=9782355040801|nature ouvrage=album jeunesse}}
* {{ouvrage|auteur1=[[Didier Daeninckx]]|responsabilité1=scénariste|auteur2=Mako|responsabilité2=dessinateur|préface=Jean-Pierre Sakoun|titre=Missak Manouchian|sous-titre=Une vie héroïque|éditeur=[[Les Arènes]]|année=2024|pages totales=120|isbn=979-10-375-1108-9|nature ouvrage=bande dessinée}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-David Morvan]]|responsabilité1=scénariste|auteur2=Thomas Tcherkezian|responsabilité2=dessinateur|titre=Missak, Mélinée & le groupe Manouchian|sous-titre=Les fusillés de l'Affiche rouge|éditeur=[[Dupuis]]|nature ouvrage=bande dessinée|année=2024|pages totales=160|isbn=978-2808504126}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Pierre Pécau]]|responsabilité1=scénariste|auteur2=Eduardo Ocaña|responsabilité2=dessinateur|auteur3=Maz !|responsabilité3=coloriste|titre=Missak Manouchian|sous-titre=Mort pour la France|éditeur=[[Delcourt (maison d'édition)|Éditions Delcourt]]|nature ouvrage=bande dessinée|collection=Histoire & histoires|année=2024|pages totales=72|isbn=978-2413083429}}
 
=== Musique ===
* [[Léo Ferré]], ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]'', 1958. Cette chanson est [[L'Affiche rouge (chanson)#Interprétations|interprétée par de nombreux artistes]]{{sfn|Annette Wieviorka|2024|p=43-44}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Léo Ferré - L'affiche rouge - 30 interprétations |url=https://www.musicme.com/#/Leo-Ferre/titres/L%27affiche-Rouge-t118504.html |accès url=libre |site=musicme.com |consulté le=17-07-2024}}</ref> : [[Monique Morelli]] (en 1961 à la [[Radiodiffusion-télévision française]])<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Monique Morelli chante « L'affiche rouge » |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i05201797/monique-morelli-l-affiche-rouge |accès url=libre |site=ina.fr |éditeur=[[Institut national de l'audiovisuel]] |date=30-09-1961 |consulté le=08-02-2024}}</ref>, [[Yves Montand]], [[Juliette Gréco]], [[Cora Vaucaire]], [[Catherine Sauvage]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Catherine Sauvage]] |titre=L'Affiche Rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=azg3yx6YTwA |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=1961 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Claude Vinci]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Claude Vinci]] |titre=''20 Ans Déja'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/6497288-Claude-Vinci-20-Ans-D%C3%A9ja |accès url=libre |site=discogs.com |date=1964 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Marc Ogeret]] (dans ''[[Chante la résistance]]'')<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Marc Ogeret]] |titre=''Chante la résistance "Témoignage"'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/15949655-Marc-Ogeret-Chante-la-r%C3%A9sistance-T%C3%A9moignage |accès url=libre |site=discogs.com |date=1990 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Isabelle Aubret]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Isabelle Aubret]] |titre=''Aragon'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/11389764-Isabelle-Aubret-Aragon |accès url=libre |site=discogs.com |date=1992 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Mama Béa|Mama Béa Tekielski]] (dans ''[[Du côté de chez Léo]]'')<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Mama Béa|Mama Béa Tekielski]] |titre=''Du côté de chez Léo'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/4814875-Mama-B%C3%A9a-Tekielski-Du-C%C3%B4t%C3%A9-De-Chez-L%C3%A9o |accès url=libre |site=discogs.com |date=1995 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Catherine Ribeiro]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Catherine Ribeiro]] |titre=''Chansons de légende'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/6466201-Catherine-Ribeiro-Chansons-De-L%C3%A9gende |accès url=libre |site=discogs.com |date=1997 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Leny Escudero]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Leny Escudero]] |titre=L'affiche rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=dowTenIcisc |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=1997 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Didier Barbelivien]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Didier Barbelivien]] |titre=L'affiche rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=i9A1v1Ue09M |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2003 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Manu Lann Huel]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Manu Lann Huel]] |titre=L'affiche rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=EQFr73pq5nM |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2003 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Sapho (chanteuse)|Sapho]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Sapho (chanteuse)|Sapho]] |titre=''Ferré Flamenco'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/12996813-Sapho-Ferr%C3%A9-Flamenco |accès url=libre |site=discogs.com |date=2006 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Bernard Lavilliers]] (dans ''[[Lavilliers chante Ferré]]'')<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Bernard Lavilliers]] |titre=''Lavilliers Chante Ferré'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/9690269-Bernard-Lavilliers-Lavilliers-Chante-Ferr%C3%A9 |accès url=libre |site=discogs.com |date=2009 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Cali (chanteur)|Cali]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Cali (chanteur)|Cali]] |titre=L'affiche rouge (version acoustique) |url=https://www.youtube.com/watch?v=lQwYRj1grBg |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2013 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[HK (chanteur)|HK]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[HK (chanteur)|HK]] |titre=L'affiche rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=aTZAqXw3RNw |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2014 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Grégoire (chanteur)|Grégoire]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Grégoire (chanteur)|Grégoire]] |titre=L'affiche rouge (Louis Aragon - Léo Ferré) - 21 Février 1944 - Résistants Manouchian |url=https://www.youtube.com/watch?v=NoGEA4he-tM |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2014 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Francesca Solleville]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Francesca Solleville]] |titre=L'affiche rouge |url=https://www.youtube.com/watch?v=TB-jNIv-nlc |format=audio |accès url=libre |site=youtube.com |date=2016 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, [[Francis Lalanne]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Francis Lalanne]] |titre=''À Léo'' |url=https://www.discogs.com/fr/release/10560100-Francis-Lalanne-Carr%C3%A9-Blanc-%C3%80-L%C3%A9o |accès url=libre |site=discogs.com |date=2017 |consulté le=17-07-2024}}</ref>, ou encore [[Feu! Chatterton]] (en 2022 dans l'album ''Palais d’argile Tour 2022'')<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Feu! Chatterton - L'Affiche rouge (Clip) |url=https://www.youtube.com/watch?v=z1DaJogllx8&t=2s |format=vidéo |accès url=libre |site=youtube.com |date=21-02-2023 |consulté le=02-05-2024}}</ref>.
* [[Léo Ferré]], ''[[L'Affiche rouge (chanson)|L'Affiche rouge]]'', 1958.
* [[Marc Ogeret]], ''Lettre de Missak Manouchian'', 1990, dans l'album ''[[Chante la résistance]]''
** Chantée par [[Monique Morelli]] en 1961 à la [[Radiodiffusion-télévision française]]<ref>{{Lien web|titre=Monique Morelli chante « L'affiche rouge »|url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i05201797/monique-morelli-l-affiche-rouge|site=ina.fr|date=30-09-1961|consulté le=08-02-2024}}.</ref>.
* [[Patrick Bruel]], ''Aux souvenirs que nous sommes'', 2022, dans l'album ''Encore une fois''
** Chantée par le groupe [[Feu! Chatterton]] en 2022 dans l'album ''Palais d’argile Tour 2022''<ref>{{Lien web|titre=Feu! Chatterton - L'Affiche rouge (Clip)|url=https://www.youtube.com/watch?v=z1DaJogllx8&t=2s|site=youtube.com|date=21-02-2023}}</ref>.
* [[Patrick Bruel]], ''Aux souvenirs que nous sommes'', 2022, dans l'album ''Encore une fois''.
 
=== Pièces de théâtreThéâtre ===
* [[Guy Pierre Couleau]], ''Résister'', 2001, représentations en 2001-2003 et 2017-2018<ref>{{Lien web|titre=Résister|url=https://lesarchivesduspectacle.net/s/14998-Resister|site=lesarchivesduspectacle.net|consulté le=20-02-2024|accès url=libre}}</ref>
* Dominique Freydefont, ''Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent'', 2007, représentations en 2009-2012<ref>{{Lien web|titre=Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent|url=https://lesarchivesduspectacle.net/s/30848-Ils-etaient-vingt-et-trois-quand-les-fusils-fleurirent|site=lesarchivesduspectacle.net|consulté le=20-02-2024|accès url=libre}}</ref>
 
== Notes et références ==
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{{Références|groupe=n}}
 
=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=30}}
 
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=== Articles connexes ===
* [[Mélinée Manouchian]]
* [[Groupe Manouchian-Boczov-Rayman]] • [[Histoire du Parti communiste français]] • [[Résistance intérieure française]] • [[FTP-MOI de la région parisienne]]
* [[Affiche rouge]]
* ''[[TchankKégham Atmadjian]]''''[[Kégham AtmadjianTchank]]''
* [[Section française du Comité de secours pour l'Arménie]] • ''[[Zangou]]''
 
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
 
==== Témoignages ====
* {{Article|langue=hy|auteur1=[[Marie Atmadjian]]|titre=Միսաք Մանուշեան|sous-titre=Մարմնացում մեր սերունդի խռովքին|traduction titre=Missak Manouchian : L'incarnation de l'inquiétude de notre génération|périodique=Loussaghbiour|numéro=6|date=février 1953|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1953/6.pdf|pages=197-201|accès url=libre|format=PDF}}
* {{Article|langue=hy|auteur1=Krikor Bogharian|titre=Միսաք Մանուշեան (Յուշեր եւ նիշեր)|traduction titre=Missak Manouchian|périodique=Spurk|numéro=2|pages=10-14|date=11-04-1958|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20TERT/Spyurk/1958/2.pdf|accès url=libre|format=PDF}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mélinée Manouchian]]|titre=[[Manouchian (mémoires)|Manouchian]]|lieu=Paris|éditeur=Les [[Éditeurs français réunis]]|année=1974|pages totales=204|bnf=34562427n}}
** {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mélinée Manouchian]]|traducteur=équipe de traduction d'[[Association pour la recherche et l'archivage de la mémoire arménienne|Aram]]|préface=Katia Guiragossian|titre=Manouchian|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Parenthèses]]|année=2023|pages totales=256|isbn=978-2863644447|sous-titre=Témoignage suivi de poèmes, lettres et documents inédits|collection=Diasporales|id=Rééd2023|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=hy|auteur1=[[Diran Vosguiritchian]]|titre=Հայ արձակազէ՛նի մը յուշերը|traduction titre=Mémoires d’un franc -tireur arménien|éditeur=Impr. DonigiuanDoniguian et Fils|lieu=Beyrouth|année=1974|pages totales=351|lire en ligne=https://archives.webaram.com/livres/pdf/VOSKERITCHIAN_Diran_Memoires.pdf|format=PDF|accès url=libre}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Aïda Aznavour-Garvarentz|titre=Petit frère|éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|année=1986|pages totales=264|isbn=978-2221049075}}
* {{Ouvrage|langue=hy|auteur1=[[Haïg Kaldjian]]|titre=Ոդիսեւս աքսորական : Յուշեր|traduction titre=Odyssée d'un exilé, souvenirs|lieu=[[Erevan]]|éditeur=Nor-Dar|année=2004|pages totales=604|isbn=978-9994135240}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Arsène Tchakarian]]|auteur2=Hélène Kosséian|titre=Les commandos de l'Affiche rouge|sous-titre=La vérité historique sur la première section de l'Armée secrète|lieu=Monaco/Paris|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|année=2012|pages totales=320|isbn=978-2-268-07406-1|lire en ligne={{Google Livres|fL51BgAAQBAJ}}|accès url=limité}}
 
==== Ouvrages ====
Ligne 461 ⟶ 1 721 :
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Philippe Robrieux]]|titre=L'Affaire Manouchian|sous-titre=Vie et mort d'un héros communiste|éditeur=Fayard|lieu=Paris|année=1986|ISBN=2-213-01787-5|pages totales=434|bnf=36146772f}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Arsène Tchakarian]]|titre=Les Francs-Tireurs de l’Affiche Rouge|éditeur=Éd. sociales|lieu=Paris|année=1986|pages totales=250|isbn=978-2-209-05794-8}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Stéphane Courtois]]|auteur2=[[Denis Peschanski]]|auteur3=[[Adam Rayski]]|titre=Le Sangsang de l'étranger|sous-titre=lesLes immigrés de la MOIM.O.I. dans la Résistance|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1994|année première édition=1989|pages totales=470|isbn=978-2-213-01889-8|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1989_num_5_2_1026_t1_0155_0000_1}}
** Nouvelle édition corrigée : {{Ouvrage|auteur1langue=[[Stéphane Courtois]]fr|auteur2auteur1=[[DenisAnahide PeschanskiTer Minassian]]|auteur3préface=[[AdamPierre RayskiVidal-Naquet]]|titre=LeHistoires Sang de l'étrangercroisées|sous-titre=lesDiaspora, immigrésArménie, deTranscaucasie, la MOI dans la Résistance|lieu=Paris1880-1990|éditeur=[[Librairie Arthème FayardParenthèses|Fayard]]|annéedate=19941997|pages totales=470291|isbn=978-2-213-01889-82863640760|lire en ligne={{Google Livres|Tz21MWr6KpwC}}|accès url=limité}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Anahide Ter Minassian]]|préface=[[Pierre Vidal-Naquet]]|titre=Histoires croisées|sous-titre=Diaspora, Arménie, Transcaucasie, 1880-1990|éditeur=Parenthèses|date=1997|pages totales=291|isbn=978-2863640760|lire en ligne={{Google Livres|Tz21MWr6KpwC}}|accès url=limité}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Cyril Le Tallec|titre=La communauté arménienne de France, 1920-1950|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2001|pages totales=226|isbn=978-2-7475-0480-5|lire en ligne={{Google Livres|9owMvxNseEAC}}|accès url=limité|collection=Mémoires du {{s-|XX}}}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Krikor Beledian]]|titre=Cinquante ans de littérature arménienne en France|sous-titre=Du même à l'autre|éditeur=[[CNRS Éditions]]|année=2001|pages totales=487|isbn=978-2-271-05929-1|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Guy Krivopissko|préface=François Marcot|titre=La vie à en mourir|sous-titre=Lettres de fusillés (1941-1944)|éditeur=[[Éditions Points]]|année=2006|pages totales=336|isbn=978-2757800201|lire en ligne={{Google Livres|riBnAAAAMAAJ}}|accès url=limité}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Adam Rayski]]|préface=[[Bertrand Delanoë]]|titre=L'Affiche rouge|lieu=Paris|éditeur=Comité d'Histoire de la Ville de Paris / [[Mairie de Paris]]|année=2009|pages totales=77|lire en ligne=https://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00128.pdf|accès url=libre|format électronique=PDF|consulté le=02-11-2023}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Benoît Rayski]]|titre=L'Affiche rouge|éditeur=Éditions DenoëlArchipoche|lieuannée=Paris2024|année première édition=20092004|ISBNisbn=978979-22072611631039204552|pages totales=160157}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Arsène Tchakarian]]|auteur2=HélèneAstrig KosséianAtamian|titre=LesLa commandosmouvance communiste arménienne en France : entre adhésion au PCF et contemplation de l'Affiche rougeArarat|sous-titre=LaLes vérité"rouges" historique surde la premièrecommunauté sectionarménienne de l'ArméeFrance, secrètedes années 1920 aux années 1990|lieu=Monaco/Paris|éditeur=[[ÉditionsInstitut dunational Rocherdes langues et civilisations orientales|INALCO]]|nature ouvrage=Thèse de doctorat dirigée par [[Claire Mouradian]]|annéedate=20122014|pages totales=320522|isbnsudoc=978-2-268-07406-1181848600|lireprésentation en ligne={{Google Livres|fL51BgAAQBAJ}}|accès url=limitéhttp://www.theses.fr/2014INAL0005}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Hrant Norsen|titre=Les Arméniens en terre de France|éditeur=Kirk Publishing|année=2023|pages totales=446|isbn=978-2905686947}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Astrig Atamian|titre=La mouvance communiste arménienne en France : entre adhésion au PCF et contemplation de l'Ararat|sous-titre=Les "rouges" de la communauté arménienne de France, des années 1920 aux années 1990|lieu=Paris|éditeur=[[Institut national des langues et civilisations orientales|INALCO]]|nature ouvrage=Thèse de doctorat dirigée par [[Claire Mouradian]]|date=2014|pages totales=522|sudoc=181848600|présentation en ligne=http://www.theses.fr/2014INAL0005}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Astrig Atamian|auteur2=[[Claire Mouradian]]|auteur3=[[Denis Peschanski]]|titre=Manouchian|sous-titre=Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française|éditeur=[[Éditions Textuel]]|année=2023|pages totales=192|isbn=978-2-84597-961-1|id=MAP2023|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Gérard Streiff]]|préface=[[Didier Daeninckx]]|titre=Missak et Mélinée Manouchian|sous-titre=Un couple en Résistance|éditeur=[[Éditions de l'Archipel]]|année=2024|pages totales=200|isbn=978-2809849257|lire en ligne={{Google Livres|3ZriEAAAQBAJ}}|accès url=limité}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dominique Moncond’huy|directeur1=oui|auteur2=[[Sylvain Boulouque]]|auteur3=José-Luis Gutiérrez Molina|titre=Mélinée et Missak Manouchian, une histoire française|sous-titre=La mémoire du groupe des 23|éditeur=[[Atlande]]|année=2024|pages totales=150|isbn=978-2350309484}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dimitri Manessis|auteur2=[[Jean Vigreux]]|titre=Avec tous tes frères étrangers|sous-titre=De la MOE aux FTP-MOI|éditeur=[[Libertalia (maison d'édition)|Libertalia]]|année=2024|pages totales=264|isbn=978-2377293193|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Annette Wieviorka]]|titre=Anatomie de l'Affiche rouge|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Libelle|année=2024|pages totales=60|isbn=978-2021559422}}
{{refend}}
 
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{{refbegin|2}}
* {{Article|langue=hy|auteur1=E. Khaleyan|titre=Նյութեր Միսակ Մանուշյանի մասին|traduction titre=À propos de Missak Manouchian|périodique=Bulletin de l'Académie des Sciences de la [[République socialiste soviétique d'Arménie|RSS d'Arménie]] - Sciences sociales|numéro=4|pages=71-85|lieu=[[Erevan]]|année=1946|lire en ligne=https://arar.sci.am/dlibra/publication/117350/edition/107003/content|accès url=libre}}
* {{Article|langue=hy|titre=Մ. Մանուշեան|sous-titre=Ազգային հերոս — բանաստեղծ|traduction titre=M. Manouchian : Héros national — poète|périodique=Loussaghbiour|numéro=6|date=février 1953|lire en ligne=http://tert.nla.am/archive/NLA%20AMSAGIR/lusaxbyur1952/1953/6.pdf|pages=193-196|accès url=libre|format=PDF|id=Loussaghbiour1953}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Stéphane Courtois]]|titre=Missak Manouchian|périodique=[[Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français]]|éditeur=Éditions ouvrières|année=1990}}
* {{Article|langue=fr|auteur=Mélanie Courtois|titre=Ces Arméniens qui ont dit non|périodique=[[Nouvelles d'Arménie Magazine]]|numéro=95|date=mars 2004|lire en ligne=http://www.anciens-combattants-armeniens.org/manouchian.htm|pages=24-25|accès url=libre}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=Astrig Atamian|titre=Les Arméniens communistes en France, une histoire oubliée|périodique=Amnis, Revue de civilisation contemporaine|numéro=7|titre numéro=Histoire de l'immigration, traces et mémoires|date=2007|doi=10.4000/amnis.853|lire en ligne=https://journals.openedition.org/amnis/853|accès url=libre}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Serge Venturini]]|titre=Missak Manouchian, le poète|périodique=Esprits Nomades|date=mai 2007|lire en ligne=https://www.espritsnomades.net/litterature/missak-manouchian-resistant-et-poete|accès url=libre}}
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* {{Article|langue=fr|auteur1=Astrig Atamian|titre=Des Arméniens dans les Brigades internationales|périodique=Études arméniennes contemporaines|numéro=2|date=2013|doi=10.4000/eac.216|lire en ligne=https://journals.openedition.org/eac/216|accès url=libre|pages=7-25}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Annette Wieviorka]]|titre=Missak Manouchian|sous-titre=enquête sur l'Affiche rouge|périodique=[[L'Histoire]]|numéro=514|pages=12-18|date=décembre 2023|lire en ligne=https://www.lhistoire.fr/missak-manouchian-enqu%C3%AAte-sur-laffiche-rouge|accès url=payant}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Ariane Chemin]]|titre=Le passé retrouvé de Missak et Mélinée Manouchian|périodique=[[M, le magazine du Monde]]|numéro=647|pages=31-39|date=09-02-2024|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/02/09/le-passe-retrouve-de-missak-et-melinee-manouchian_6215558_4500055.html|accès url=payant|id=M}}
* {{Article|langue=fr|auteur=|titre=Manouchian, la France reconnaissante|périodique=[[L'Humanité]] (hors série)|numéro=20|date=février 2024|pages totales=98|lire en ligne=https://kiosque.humanite.fr/detail/publication/detail-top-right/238?issue_id=166537&switch_toc=archive|accès url=payant}}
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=== Sources ===
* {{Lien web |langue=fr |auteur=[[Denis Peschanski]] |titre=Missak Manouchian (sélectionMichel) deManouchian documents)|url=https://www.archives-nationales.culturefrancearchives.gouv.fr/missak-manouchian-entre-au-pantheonpages_histoire/39448 |accès url=libre |site=archives-nationales.culturefrancearchives.gouv.fr|éditeur=[[Archives nationales de France]]|date=2024 |consulté le=16-02-2024}} :
** {{OuvrageLien web |langue=fr |titre=Missak Manouchian (sélection de documents) |sous-titreurl=1933https://www.archives-1940nationales.culture.gouv.fr/missak-manouchian-entre-au-pantheon D'une|accès demandeurl=libre de naturalisation à|site=archives-nationales.culture.gouv.fr l'autre|éditeur=[[Archives nationales de France]] |annéedate=2024|pages totales=25|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114856db957e3fd|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=Naturalisation}} :
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Missak Manouchian|sous-titre=19411933-19431940. LaD'une luttedemande arméede naturalisation à l'autre|éditeur=[[Archives nationales de France]]|année=2024|pages totales=1325|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114312032780e62005375114856db957e3fd|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=Naturalisation}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Missak Manouchian|sous-titre=1941-1943-1944. Filatures,La arrestation,lutte procès et exécution|volume=1armée|éditeur=[[Archives nationales de France]]|année=2024|pages totales=2613|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114862a36f4291d005375114312032780e62|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=Luttearmée}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Missak Manouchian|sous-titre=1943-1944. Filatures, arrestation, procès et exécution|volume=21|éditeur=[[Archives nationales de France]]|année=2024|pages totales=2826|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114f294d450d297005375114862a36f4291d|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=filatures1}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Missak Manouchian|sous-titre=Après1943-1944. laFilatures, Libération :arrestation, hommagesprocès et mémoireexécution|volume=2|éditeur=[[Archives nationales de France]]|année=2024|pages totales=1528|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114f6ec6db23851005375114f294d450d297|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=filatures2}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=Missak Manouchian|sous-titre=Après la Libération : hommages et mémoire|éditeur=[[Archives nationales de France]]|année=2024|pages totales=15|lire en ligne=https://www.calameo.com/read/005375114f6ec6db23851|accès url=libre|consulté le=16-02-2024|id=AprèsLibération}}
** {{Lien web |langue=fr |titre=261J6/21-261J6/23 - Dossier Missak Manouchian. - (1943-1985) |url=https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vta551606968f05f4d0 |accès url=libre |site=archives.seinesaintdenis.fr |éditeur=Archives de la Seine-Saint-Denis |date=2024 |consulté le=26-06-2024}} :
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=261J6/21 - La « chute » du réseau. - (1943)|éditeur=Archives de la Seine-Saint-Denis|pages totales=309|lire en ligne=https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vtaa604e19121999458/daogrp/0|accès url=libre|consulté le=26-06-2024|id=ASSS1}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=261J6/22 - L'enquête menée ultérieurement par le PCF. - (1946-1984)|éditeur=Archives de la Seine-Saint-Denis|pages totales=110|lire en ligne=https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vtaf83e814e66bed2ae/daogrp/0|accès url=libre|consulté le=26-06-2024|id=ASSS2}}
*** {{Ouvrage|langue=fr|titre=261J6/23 - Les polémiques mémorielles relatives à la « chute » du groupe. - (1984-1985)|éditeur=Archives de la Seine-Saint-Denis|pages totales=11|lire en ligne=https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/79690/vta7678013b302ab479/daogrp/0|accès url=libre|consulté le=26-06-2024|id=ASSS3}}
** {{Ouvrage|langue=fr|préface=Cécile Lombard et [[Denis Peschanski]]|titre=Dossier et guide des sources dans le cadre de l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian|lieu=Paris|éditeur=Archives de la [[Préfecture de police (Paris)|préfecture de police de Paris]]|année=2024|pages totales=43|lire en ligne=https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/sites/default/files/Documents/Dossier%20Manouchian%20-%20Panth%C3%A9on%202024%20-%20SMAC.pdf|format électronique=pdf|id=Archivespréfecture}}
* {{Lien web|langue=fr|auteur=[[Sylvain Boulouque]]|auteur2=Émile Vaizand|titre=[Document] L'interrogatoire de Missak Manouchian par la police française en 1943|url=https://www.slate.fr/story/265881/pantheon-missak-manouchian-interrogatoire-arrestation-police-1943-histoire-seconde-guerre-mondiale|accès url=libre|site=slate.fr|date=20-02-2024}}
 
=== Documentaires ===
* [[Laert Vagharchian]], {{ru}} Сегодня солнечньій день (Группа Манушяна) (''Aujourd'hui il y a du soleil (Groupe Manouchian)''), 1979
* [[Mosco Boucault]], ''[[Des terroristes à la retraite]]'', 1985 {{BNF|38487701s}}
* [[Jorge Amat]], ''La traque de l'Affiche rouge'', 2007 (production Compagnie des Phares et Balises et France 2) {{voir en ligne|lien=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/3306255001/la-traque-de-l-affiche-rouge|site=ina.fr|texte=documentaire intégral}}
* Michel Ionascu, ''Missak Manouchian. Une esquisse de portait'', 2011 (production Zongo Cinéma) {{voir en ligne|lien=https://www.youtube.com/watch?v=75Qr-DsELQQ|site=youtube.com|texte=documentaire intégral}}
* [[Mourad Laffitte]] et Laurence Karsznia, ''Les FTP-MOI dans la Résistance'', 2013 (production Images contemporaines) {{BNF|439027167}}
* [[Pascal Blanchard (historien)|Pascal Blanchard]] et [[Rachid Bouchareb]], film-portrait raconté par [[Jacob Desvarieux]], ''Missak Manouchian'', série ''[[Frères d'armes (série française)|Frères d'armes]]'', 2016 {{voir en ligne|lien=https://www.youtube.com/watch?v=itQ1BJXbowk&pp=ygUMYWNoYWMgbWlzc2Fr|site=youtube.com|texte=vidéo intégrale}}
* Mourad Laffitte et Laurence Karsznia, ''Une jeunesse parisienne en résistance'', 2015 {{BNF|44427959z}}
* Rashed M'Dini, ''Les Aznavour dans la résistance'', 2024
* Katia Guiragossian, ''Missak et Mélinée Manouchian'', 2024 (production 13 Prods et [[France Télévisions]])
* [[Hugues Nancy]], ''Manouchian et ceux de l'Affiche rouge'', 2024
 
=== Conférences ===
* {{YouTube|langue=fr|id=5c3YVvB6Dq4|titre=Missak Manouchian, le poète - Krikor Beledian|chaîne=Études Arméniennes - Inalco / SEA|date=30-06-2024}}
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [https://museedelaresistanceenligne.org/media6561-Missak-Manouchian Notice « Missak Manouchian », Musée de la Résistance]
* [http://www.anciens-combattants-armeniens.org/manouchian_expo.htm Exposition présentée par la mairie d'Ivry] et la « lettre à [[Mélinée Manouchian|Mélinée]] »
* {{lien web|langue=fr|titre=Missak Manouchian (1906-1944) : à l’apatride la Patrie reconnaissante|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/missak-manouchian-1906-1944-a-l-apatride-la-patrie-reconnaissante-2985074|format=audio|site=radiofrance.fr|éditeur=[[France Culture]]|série=Toute une vie|date=17-02-2024|accès url=libre}}
* [http://www.anciens-combattants-armeniens.org/commemorations.htm {{60e}} anniversaire de l'assassinat de Missak Manouchian et de ses compagnons]
* [https://museedelaresistanceenligne.org/media6561-Missak-Manouchian Notice {{citation|Missak Manouchian}}, Musée de la Résistance]
 
{{Palette|Mouvement communiste arménien en France|Littérature arménienne en France|Personnalités enterrées au Panthéon de Paris}}
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{{CLEDETRI:Manouchian, Missak}}
[[Catégorie:Affiche rouge]]
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