« République de Weimar » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m Ajout d'éléments et propos d'historiens
Balises : Modification par mobile Modification par application mobile Modification avec l’application Android
Ligne 140 :
Afin de s'assurer un nouveau gouvernement capable de conserver le contrôle du pays, Ebert s'allie avec l'OHL, dirigé par le successeur de [[Erich Ludendorff|Ludendorff]], le général [[Wilhelm Groener]]. Ce [[pacte Ebert-Groener]], oral et resté secret pendant plusieurs années, stipule que le gouvernement ne réformera pas l'armée tant que celle-ci jure de protéger le gouvernement. D'une part, cet arrangement symbolise l'acceptation de ce gouvernement par l'armée et rassure les classes moyennes, d'autre part, l'aile gauche considère cet accord comme une trahison des intérêts des travailleurs, et fait de l'armée un groupe conservateur qui aura une grande influence sur le destin de la république de Weimar. Le {{Date|11|novembre|1918}}, l'[[armistice de 1918|armistice]] mettant fin à la Première Guerre mondiale est signé<ref name="Britannica" />.
 
L'accord entre les militaires et le nouveau gouvernement marque aussi une des étapes du partage de la [[classe ouvrière]] entre le [[Parti social-démocrate d'Allemagne|SPD]] et le [[parti communiste d'Allemagne|parti communiste]] (KPD) en formation. La rupture devient définitive le {{date-|23 novembre 1918}} lorsque Ebert fait appel à l'OHL pour mater une mutinerie à Berlin lors de laquelle des soldats prennent le contrôle de la ville et bloquent la chancellerie du Reich. L'intervention brutale fait de nombreux morts et blessés, provoquant l'appel de l'aile gauche à la sécession avec le MSPD qui, de leur point de vue, avait pactisé avec les militaires contre-révolutionnairesrévolutionnairevggs dans le but de mater la révolution. L'[[Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne|USPD]] quitte alors le Conseil des commissaires du peuple après seulement quelques semaines. La scission devient encore plus profonde lorsqu'en {{date-|décembre 1918-}}, le [[Parti communiste d'Allemagne]] (KPD) est fondé par le mouvement [[Ligue spartakiste|spartakiste]] et d'autres groupes se réclamant du [[marxisme]] révolutionnaire.
 
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R11112, Versailles, Gruppenbild deutscher Friedensverhändler.jpg|vignette|upright=1.4|La délégation allemande lors des négociations du traité de Versailles.]]
Ligne 169 :
En complément du paiement de dommages de guerre, le pays doit livrer {{unité|5000|camions}} et locomotives, {{unité|15000|wagons}} ainsi qu’une partie de sa flotte commerciale. De plus, il doit abandonner une partie de son territoire : l’[[Alsace-Lorraine]], obtenue après la [[Guerre franco-allemande de 1870|défaite de la France de 1870]], lui est restituée<ref name="AtlasSellier1995" /> ; un État polonais indépendant est reconstitué, provoquant le rattachement à cet État de l'essentiel de la [[Province de Posnanie|Posnanie]] et de l'ancienne [[Poméranie orientale|Poméranie]], le territoire entourant la ville de [[Poznań|Posen (Poznań)]] revient aussi à la [[Pologne]], isolant ainsi la [[Prusse-Orientale]] ; pour permettre un accès à la mer de cet État polonais, Dantzig est érigée en [[Ville libre de Dantzig|ville libre]] avec des garanties pour rendre possible l'utilisation de ce port par les Polonais<ref name="AtlasSellier1995" /> ; le canton d’[[Eupen]]-[[Malmedy]] fait désormais partie de la [[Belgique]]<ref name="AtlasSellier1995" />. L’Allemagne doit en outre renoncer à toutes ses [[colonies allemandes|colonies africaines]]. En tout, l’Allemagne perd environ 14 % de son territoire, et 10 % de sa population. Sous l'aspect économique, cela représente une perte annuelle de {{nobr|1 million}} de tonnes de charbon et une baisse de 50 % de sa production de minerai, de 25 % pour le coke et de 13 % pour le blé. De plus, l’armée allemande est réduite à {{unité|100000|hommes}}<ref name="Britannica" /> et {{unité|15000|marins}}, et les chars de combat, les sous-marins, les avions et les gaz sont désormais interdits. L’adhésion à la [[Société des Nations]] reste également temporairement interdite au Reich.
 
La [[Traité de Versailles|signature du traité]] provoque un mécontentement général dans l'opinion allemande. Les représentants de l’extrême gauche qualifient les sociaux-démocrates, signataires, de « criminels de {{date-|novembre 1918-}} » (''Novemberverbrecher''). L’extrême droite qualifie de grand mensonge la reconnaissance de culpabilité. Les violences publiques vont durer {{nobr|jusqu'en 1923}}. Les dirigeants sont accusés d’avoir trahi le Reich, et Versailles donne naissance à deux problèmes politiques. Premièrement, l’adoption de la responsabilité de guerre pose problème, car l’Empire, selon la majorité des Allemands, n’est pas responsable du déclenchement de la guerre, du moins pas plus que les autres pays impliqués. Deuxièmement, cette adoption est considérée comme « un coup de poignard dans le dos » (''Dolchstoßlegende'') à l’armée allemande, qui se bat encore sur le front. En d’autres mots, l’armée semble invaincue sur le champ de bataille, mais est assassinée par ses propres dirigeants politiques, pour une partie significative de l'opinion allemande. Pourtant, l’Allemagne, selon les historiens, n’est pas condamnée à un avenir noir par ce traité ; au contraire, Weimar a de bonnes chances de redevenir une grande puissance européenne. Cependant, le mécontentement est si intense qu’il paralyse gravement la nouvelle république et l’empêche de rompre avec l’ancienne mentalité impérialiste. Bref, l’historiographiel’hist²oriographie mentionne qu’il y a toujours existé un consensus chez tous les partis politiques : il est inadmissible d’accepter le traité de Versailles, et il doit absolument être révisé. De plus, les nationalistes du temps de l'Allemagne weimarienne instrumentalisent la ''[[Kriegsschuldfrage|Kriegsschuldlüge]]'' et la ''[[Dolchstoßlegende]]''. Ceci trouble les institutions de la nouvelle république, à cause de la forte ambition politique de révision du traité de Versailles<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=BAECHLER (Christian)|titre=L’Allemagne de Weimar : 1919-1933|lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=2007|passage=p. 343-352.}}</ref>, renforçant l'atmosphère de crise (sociétale, économique et politique) au sein de la société allemande.
 
== Nouvelle constitution ==