« Armande Béjart » : différence entre les versions

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La date la plus ancienne avancée au sujet de « Mademoiselle Molière »<ref group="Note">Au {{s-|XVII}}, seules les femmes mariées « de qualité », c'est-à-dire de condition noble, étaient appelées Madame.</ref> est celle du {{date-|3 juillet 1638}}. Ce jour-là, à Paris, [[Madeleine Béjart]], âgée de vingt ans, fille mineure<ref>L'âge de la majorité était fixé à vingt-cinq ans à Paris.</ref> de Joseph Béjart et de Marie Hervé, met au monde une enfant qui sera tenue huit jours plus tard sur les fonts baptismaux de l'[[Église Saint-Eustache de Paris|église Saint-Eustache]]<ref>Son acte de baptême a été publié une première fois en 1821 par l'ex-commissaire de police [[Louis-François Beffara]] dans sa [https://archive.org/details/dissertationsurj00beff/page/n21 ''Dissertation sur J.-B. Poquelin-Molière'', p. 13-14], puis en 1867 par l'archiviste [[Auguste Jal]] dans son ''Dictionnaire critique de biographie et d'histoire'', [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6539474q/f193.image {{p.|179}}]</ref> :
 
Le prénom de l'enfant a été choisi en référence à l'homme qui, s'il n'était mort six ans plus tôt, aurait été son parrain le plus prévisible : son grand-père paternel, François de Rémond de Mormoiron, comte de Modène, dit « le Gros Modène »<ref>Voir Jean Gallian, [http://jean.gallian.free.fr/carb2/html-new/seigneurs.htm ''Histoire de Caromb'', {{nobr rom|tome II}}].</ref>.
{{début citation}}Onziesme de juillet, fut baptisée Françoise, née du samedy troisiesme de ce présent moys, fille de messire Esprit Raymond, chevalier, seigneur de Modène et autres lieux, chambellan des affaires de [[Gaston de France|Monseigneur, frère unique du Roy]]<ref group=Note>Né en 1608, Esprit de Rémond de Mormoiron, chevalier (puis baron, puis comte) de Modène a alors trente ans. Il a été élevé à la cour avec Gaston d'Orléans, dont il était page, et il est marié depuis huit ans à Marguerite de La Baume de La Suze, veuve d'Henri de Beaumanoir, marquis de Lavardin, de quinze ans son aînée. Le titre qu'il se donne, de « chambellan des affaires de Monseigneur, frère unique du roi », est sujet à caution, comme le suggère Henri Chardon, dans ses ''Nouveaux documents sur les comédiens de campagne et le Vie de Molière'', Paris, Auguste Picard, 1886, tome premier, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5714908m/f111.image "M. de Modène, ses deux femmes et Madeleine Béjart", {{p.|102}}, note 1]. Évoquant les aventures ultérieures du sieur de Modène à Naples, l'abbé Henry Arnauld écrit dans ses ''Mémoires'' ([https://books.google.fr/books?id=a7gPAAAAQAAJ&lpg=PA115&dq=henri%20arnauld%20m%C3%A9moires&hl=fr&pg=PA259#v=onepage&q=Mod%C3%A8ne&f=false Paris, 1824, {{p.|259}}]) : « Le baron de Modène était homme de mérite assurément, s'il n'eût point corrompu par ses débauches les belles qualités de son esprit. »</ref>, et de damoiselle Magdeleyne Béjard, la mère, demeurant [[rue Saint-Honoré]] ; le parrain, Jean-Baptiste de L’Hermitte, escuyer, sieur de Vauselle<ref group=Note>Frère cadet du poète et dramaturge [[François L'Hermite|Tristan L'Hermite]] et proche ami d'Esprit de Rémond, Jean-Baptiste L'Hermite a épousé en 1636 la demi-sœur de Marie Hervé, Marie Courtin, avec qui il avait déjà une fille prénommée Madeleine, laquelle sera plus tard la seconde épouse d'Esprit de Rémond. Il est donc l'oncle par alliance de Madeleine Béjart. Sur ce personnage et ses rapports avec Esprit de Rémond et la famille Béjart, voir l'article très documenté de Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, « En marge de Molière : Jean-Baptiste L'Hermite et Marie Courtin », dans ''Revue d'histoire du théâtre'', {{date-|octobre-décembre 1972}}, {{p.|392-440}}. Voir également Napoléon-Maurice Bernardin, « Un mari d'actrice, le chevalier de L'Hermite-Soliers », dans ''Hommes et mœurs au dix-septième siècle'', Paris, 1900, {{p.|187-236}}, et Henri Chardon, ''Nouveaux documents sur les comédiens de campagne'', Paris, 1886, {{nobr rom|tome I}} [https://archive.org/stream/NouveauxDocumentsSurLesComediens1/Nouveaux_documents_sur_les_comediens_1#page/n9/mode/2up « Monsieur de Modène, ses deux femmes et Madeleine Béjart »].</ref>, tenant pour messire Gaston-Jean-Baptiste de Raymond, aussi chevalier, seigneur de Modène<ref group=Note>Le parrain de Françoise, enfant ''adultérine'' (le mot « illégitime » est écrit en marge du registre) est son demi-frère, Gaston-Jean-Baptiste, fils ''légitime'' d'Esprit de Rémond et de Marguerite de La Baume de Suze. Âgé de sept ans, le jeune garçon vit alors avec sa mère au château de [[Malicorne-sur-Sarthe|Malicorne]] dans le Maine.</ref> ; la marraine, damoiselle Marie Hervé<ref group=Note>Marie Hervé est dite demoiselle, en tant femme d'un (prétendu) gentilhomme.</ref>, femme de Joseph Béjard, escuyer<ref group=Note>C'est la première fois, dans la documentation, que Joseph Béjart (1585-1641), « huissier aux eaux et forêts à la table de marbre de France », est ainsi qualifié ; la seconde fois sera en 1662, dans le contrat de mariage d'Armande Béjart et de Molière, où il sera désigné comme « feu Joseph Béjart, vivant écuyer, sieur de Belleville » (voir ci-dessous, chapitre Un mariage discret).</ref>.{{fin citation}}Le prénom de l'enfant a été choisi en référence à l'homme qui, s'il n'était mort six ans plus tôt, aurait été son parrain le plus prévisible : son grand-père paternel, François de Rémond de Mormoiron, comte de Modène, dit « le Gros Modène »<ref>Voir Jean Gallian, [http://jean.gallian.free.fr/carb2/html-new/seigneurs.htm ''Histoire de Caromb'', {{nobr rom|tome II}}].</ref>.
 
La petite fille baptisée ce jour-là semble bien être celle que [[Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest]], premier biographe de Molière, évoquera<ref>''La Vie de M. de Molière'', Paris, 1705, [https://books.google.fr/books?id=lDo0Ix2OLOYC&dq=inauthor%3AGrimarest&hl=fr&pg=PA20#v=onepage&q&f=true {{p.|20}}]</ref>, quand en 1705, sans citer son prénom, il identifiera « la Molière » (c'est-à-dire Armande Béjart) comme la fille de Madeleine Béjart et du comte de Modène.
 
Constatant que Françoise de Modène n'apparaît, pourvue de ce prénom, dans aucun document ultérieur, certains auteurs, dont le plus récent biographe de Molière<ref>Georges Forestier, ''Molière'', Paris, NRF Gallimard, 2018, p. 44-47.</ref>, tiennent pour acquis qu'elle est morte en bas âge, comme de nombreux nourrissons à l'époque, et formulent l'hypothèse que Madeleine Béjart aurait eu, dans les années suivantes, une autre enfant du même Esprit de Modène, avec lequel elle aurait poursuivi une relation amoureuse jusqu'en 1642, et que c'est cette seconde fille, non reconnue par son père et baptisée à une date inconnue sous le quadruple prénom d'Armande-Grésinde-Claire-Élisabeth, qui aurait épousé Molière en 1662.
 
==== Une « petite non baptisée » (1643) ====
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