« Philosophie d'Albert Camus » : différence entre les versions
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{{Trop de citations|date=mars 2024}}{{Autre4|la théorie philosophique de l'absurde selon [[Albert Camus]]|les articles homonymes|Philosophie de l'absurde|Absurde, Absurd}}
[[Fichier:Antonio Zanchi - Sisyphus - 335 - Mauritshuis.jpg|vignette|310x310px|''Sisyphus'', par [[Antonio Zanchi]], 1660-1665.]]
La '''philosophie d'Albert Camus''', la '''philosophie de l'absurde''' ou l''''absurde camusien'''
Le '''cycle de l'absurde''', ou ''la négation'', aborde principalement le [[Philosophie du suicide|suicide]] et la [[condition humaine]]. Il est exprimé au travers de quatre œuvres de Camus : le [[Roman (littérature)|roman]] ''[[L'Étranger]]'' et l'[[essai]] ''[[Le Mythe de Sisyphe]]'' (1942), puis les [[Pièce de théâtre|pièces de théâtre]] ''[[Caligula (Camus)|Caligula]]'' et ''[[Le Malentendu]]'' (1944). En refusant le refuge de la [[croyance]], l’Homme prend conscience que son existence tourne autour d'actes répétitifs et privés de sens. La certitude de la mort ne fait que renforcer, selon l'écrivain, le sentiment d'inutilité de toute existence. L'absurde est donc le sentiment que ressent l'homme confronté à l'absence de sens face à l'Univers, le constat douloureux de sa séparation avec le monde. Se pose alors la question de la [[
Le '''cycle de la révolte''', dit ''le positif'', est une réponse directe à l'absurde. Il est également exprimé par quatre de ses œuvres : le roman ''[[La Peste]]'' (1947), les pièces de théâtre ''[[L'État de siège]]'' (1948) et ''[[Les Justes]]'' (1949), puis l'essai ''[[L'Homme révolté]]'' (1951). Concept positif d'affirmation de l'individu, où seul l'action et l'engagement comptent face au tragique du monde, la [[révolte]] est pour l'écrivain la manière de vivre l'absurde, connaître notre destin fatal et néanmoins l'affronter : « L'homme refuse le monde tel qu'il est, sans accepter de lui échapper ». C'est l'intelligence aux prises avec le « silence déraisonnable du monde ». Se priver d'une vie éternelle libère des contraintes imposées par un improbable futur, l’Homme y gagne en liberté d'action, en lucidité et en dignité.
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=== Prise de conscience de l'absurde ===
L'expérience de l’absurde, qui, « au détour de n'importe quelle rue peut frapper à la face de n’importe quel homme », est d'abord un sentiment, un sentiment de lassitude, voire d’écœurement, éprouvé par l'Homme contraint à un travail aliéné et qui prend conscience que son existence tourne autour d'actes répétitifs et privés de sens. Ce sentiment survient lorsque se produit une rupture avec l’automatisme du quotidien, avec le tissu d’habitudes acceptées sans questionnement préalable, la soumission aux rôles fixés par le monde. L’acceptation acritique des influences, des normes, de l’attendu, fixe les hommes à des tâches, commande leur comportement et leurs pensées. L’absurde est aussi la réalisation qu'il n’y pas une unique morale, mais une multitude d'entre elles : la [[Morale#Morale religieuse|morale religieuse]] et ses préceptes, mais aussi la morale qui découle des obligations sociales. Ces morales « de la qualité » impliquent des façons de « bien » vivre, « bien » penser, « bien » agir envers soi et les autres. Elles reposent toutes sur l’idée que la vie a un sens, et que ce sens permet de juger en bien ou en mal les actions des vivants. La mère, le conjoint, l’étudiant… la morale impose à ces rôles d’incarner la norme, de se plier aux contraintes qui font faire ce qui est vu comme « bon ». Tout cela se fait dans l’illusion d’une liberté. C'est dans ces moments de clarté effrayants, dans cette réalisation du caractère machinal de l’existence, de l’étrangeté de la nature et de l’hostilité primitive du monde,
</ref>{{,}}<ref name="Marie_Jejcic_pages97à108">{{ouvrage|auteur=Marie Jejcic|titre=De l'étranger à l'Absurde|éditeur=ERES|année=2010|page=97 à 108|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-essaim-2010-1-page-97.htm}}</ref>{{,}}<ref name=":2" group="S" />. On pourrait parler de [[crise existentielle]], mais il n'a jamais utilisé ce terme.{{Citation bloc|Je crois que je puis choisir d’être cela plutôt qu’autre chose. Je le crois inconsciemment, il est vrai. [...] Si loin qu’on puisse se tenir de tout préjugé, moral ou social, on les subit en partie et [...] on leur conforme sa vie. Ainsi l'homme absurde comprend qu'il n'était réellement pas libre [...] je le vois bien maintenant, que de prendre au sérieux la liberté de l'homme. L'absurde m'éclaire [ainsi] sur ce point : il n'y a pas de lendemain. Voici désormais la raison de ma liberté profonde.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''|p=81 et 82.|id=MythedeSisyphe}}|}}Pour Camus, en plus de priver l’homme de sa liberté, ces injonctions sournoises font de lui un « coupable en puissance ». Chaque homme a déjà réprimé des désirs dont il n’aurait pas eu à rougir dans d'autres circonstances. Malgré cela, l’existence humaine vide d’interrogations donne l’illusion d’un sens, au moins pragmatique. L’expérience de l'absurde se déclenche lorsque l’homme s’éveille, et rompt, par un « pourquoi », par une interrogation, sa passivité face au monde :{{Citation bloc|Il arrive que les décors s’écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau et d’usines, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, « le pourquoi » s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écœurant. Ici, je dois conclure qu'elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le simple « souci » est à l'origine de tout. |{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''|p=27.|id=MythedeSisyphe}}|}}
À cet instant, l’habitude machinale qui distrayait et détournait l’homme de la question du sens de la vie, mais aussi de l’inéluctabilité de sa propre fin, de la séparation irrémédiable entre lui et l'éternité du monde, se brise. « Ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité »<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|éditeur=Gallimard NRF|année=|passage=18|isbn=9782070719662}}</ref>. L’illusion prend fin, et l’homme prend alors conscience de l’absence fracassante de sens de la [[condition humaine]] et de l'[[Éternel retour (concept nietzschéen)|''éternel retour'' nietzschéen]]
==== L'incompatibilité ====
Selon Albert Camus, ce n’est pas l’existence humaine ou le monde en eux-mêmes qui sont absurdes, c’est le fait qu'ils cohabitent et sont cependant incompatibles, c'est la relation que l’individu entretient avec le monde. L’un n’est que changement et réalité éphémère, alors que l’autre paraît immuable et éternel. L'Homme qui, conscient de la finitude de l’existence, cherche un sens à sa vie, se heurte à l’absence radicale de sens du monde. Camus explique qu'alors « l'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Il avance aussi que l’Homme est différent, une sorte d’exception de la nature, un être dont l’esprit n’est pas calqué sur la réalité de son ''cosmos'' : il est « la seule créature qui refuse d'être ce qu'elle est »<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[L'Homme révolté]]|éditeur=Gallimard NRF|collection=Folio|année=|passage=22|isbn=9782070212095}}</ref>.{{Citation bloc|L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde [...] Sur le plan de l'intelligence, je puis donc dire que l'absurde n'est pas dans l'homme (si une pareille métaphore pouvait avoir un sens), ni dans le monde, mais dans leur présence commune.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
L’absurde est donc la contradiction entre la quête de sens, le profond désir de compréhension de l’Homme (son besoin viscéral de donner un sens à ses actions et à l’univers), et le caractère [[
Si l’Homme peut acquérir une connaissance partielle du monde, il ne peut pas en démêler le sens profond, ni même y discerner un sens à sa propre existence. Dans l’expérience qu’il fait de son environnement, un résidu irrationnel persiste, quelque chose qui lui échappe, un pourquoi qui reste sans réponse et qui entre en opposition avec son besoin substantiel de clarté. Même la [[science]] n'offre qu’une connaissance fragmentaire de ce qui l'entoure. Elle ne peut apporter une explication complète, claire, universelle aux questions posées par l’expérience de l’absurde. En somme, tandis que l’Homme est volonté de sens et de raison, le monde en est dépourvu. Cette dissonance, c’est l’absurde<ref group="S" name=":2">{{Lien web |langue=fr |nom=Pimp |titre=Philosophie de l'absurde - Albert Camus |url=https://www.pimpmyculture.com/post/absurdecamus |site=Pimp my Culture |date=2023-09-14 |consulté le=2024-01-06}}</ref>.
==== Vivre sur l’avenir ====
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==== Le suicide ====
Pour Camus, « la suite [du mouvement de la conscience, de l’expérience de l’absurde], c’est le retour inconscient dans la chaîne, ou c’est l’éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : [[suicide]] ou rétablissement »<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|année=|passage=27|isbn=9782070719662}}</ref>. Le suicide est le résultat d’une incompréhension du monde qui nous entoure, une incompréhension [[Ontologie (philosophie)|ontologique]], une incompréhension du rôle qui est celui de l’homme. Le sentiment d’absurde est-il insupportable au point qu’il faille empêcher, par la mort, toute confrontation entre l’homme et le monde qui lui est étranger ? {{Citation bloc|
Albert Camus ne peut justifier philosophiquement le suicide et ne pense pas qu’une existence insensée commande logiquement le suicide, il serait un geste extrême d’acceptation : nous accepterions la contradiction entre notre raison humaine et le monde déraisonnable ; et se suicider pour faire respecter la raison, soutient Camus, n’est pas vraiment raisonnable. Ce n'est qu’après avoir pris pleinement conscience qu’il ne peut trouver de sens dans l’univers que c’est à l’homme lui-même de lui en donner un : « C'est ici qu'on voit à quel point l'expérience absurde s'éloigne du suicide. On peut croire que le suicide suit la révolte. Mais à tort. Car il ne figure pas son aboutissement logique. Il est exactement son contraire, par le consentement qu'il suppose »<ref name=":0" group="Note">« C'est ici qu'on voit à quel point l'expérience absurde s'éloigne du suicide. On peut croire que le suicide suit la révolte. Mais à tort. Car il ne figure pas son aboutissement logique. Il est exactement son contraire, par le consentement qu'il suppose. Le suicide, comme le saut, est l'acceptation à sa limite. Tout est consommé, l'homme rentre dans son histoire essentielle. Son avenir, son seul et terrible avenir, il le discerne et s'y précipite. À sa manière, le suicide résout l'absurde. Il l'entraîne dans la même mort. Mais je sais que pour se maintenir, l'absurde ne peut se résoudre. Il échappe au suicide, dans la mesure où il est en même temps conscience et refus de la mort. Il est, à l'extrême pointe de la dernière pensée du condamné à mort, ce cordon de soulier qu'en dépit de tout il aperçoit à quelques mètres, au bord même de sa chute vertigineuse. Le contraire du suicidé, précisément, c'est le condamné à mort. » {{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|année=|passage=77 et 78|isbn=9782070719662}}</ref>. {{Citation bloc|C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre|Dora dans ''[[Les Justes]]'', Albert Camus, Gallimard
Original : Albert Camus, ''La Mort Heureuse'', [[éditions Gallimard]], coll. « Blanche », 1971
En dehors du suicide, Camus envisage deux réponses possibles à l’absurde : l’homme peut soit tenter de refuser, de s’évader de sa nouvelle condition — ce qu'il appelle la voie du croyant, soit y consentir — ce qu'il appelle la voie du philosophe. Toutefois, « [il] existe un fait d’évidence qui semble tout à fait moral, c’est qu’un homme est toujours la proie de ses vérités. Une fois reconnues, il ne saurait s’en détacher. Il faut bien payer un peu. Un homme devenu conscient de l’absurde lui est lié pour jamais». Ni le philosophe ni le croyant ne se libèrent de l’absurde. Ils vivent, chacun différemment, avec cette réalisation nouvelle<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|année=|passage=49|isbn=9782070719662}}</ref>.
==== La figure du croyant : le suicide philosophique ====
Pour Camus, là où le philosophe poursuit une voie ''positive'', le croyant en suit une ''négative''. Ne supportant pas l’angoisse et le désespoir liés à la réalisation d’un monde insensé, il cherche à fuir sa condition en niant le monde déraisonnable et la raison. Il « fait un saut », c’est-à-dire qu’il tire de l’expérience d’absurde une « vérité » qui n’en découle pourtant pas. Camus qualifie ce saut de «
La première solution consiste donc à ignorer l’absurdité de notre existence, c'est-à-dire le monde déraisonnable. Contrairement à des évidences, nous pourrions prétendre que les choses sont stables et vivre notre vie selon des objectifs lointains (la retraite, les grandes avancée, une vie après la mort, le progrès de l'humanité etc). Camus affirme que si nous le faisons, nous ne pouvons pas agir librement, puisque nos actions sont liées à ces plans éternels qui sont le plus souvent voués à se briser dans les falaises du monde déraisonnable. À ce stade, s’accrocher à nos modèles raisonnables ne serait plus raisonnable. Nous serions obligés de vivre dans le déni, il faudrait y croire.{{Citation bloc|Tout le malheur des hommes vient de l'espérance qui les arrache au silence de la citadelle, qui les jette sur les remparts dans l'attente du salut. Ces mouvements déraisonnables n'ont d'autre effet que de rouvrir des plaies soigneusement bandées. C'est pourquoi [[Épicure]] ne nie pas les dieux, il les éloigne, mais si vertigineusement, que l'âme n'a plus d'autre issue que de s'emmurer à nouveau. « L'être bienheureux et immortel n'a point d'affaire et n'en crée a personne. » Et [[Lucrèce]], renchérissant : « Il est incontestable que les dieux, par leur nature même, jouissent de l'immortalité au milieu de la paix la plus profonde, étrangers à nos affaires dont ils sont tout à fait détachés ». Oublions donc les dieux, n'y pensons jamais et « ni vos pensées du jour ni vos songes de la nuit ne vous causeront de troubles ». |{{Harvsp|Albert Camus, ''L'Homme révolté''
Ces deux manières d’éviter l’absurde (la croyance religieuse ou irrationnelle et la critique de la raison) sont inacceptables pour Camus, et qualifie donc de « suicide philosophique » cette stratégie visant à ignorer le problème de l'absurdité :
{{Citation bloc|Il y a dans la condition humaine, c'est le lieu commun de toutes les littératures, une absurdité fondamentale en même temps qu'une implacable grandeur. Les deux coïncident, comme il est naturel. Toutes deux se figurent, répétons-le, dans le divorce ridicule qui sépare nos intempérances d'âme et les joies périssables du corps. L'absurde, c'est que ce soit l'âme de ce corps qui le dépasse si démesurément. Pour qui voudra figurer cette absurdité, c'est dans un jeu de contrastes parallèles qu'il faudra lui donner vie. C'est ainsi que Kafka exprime la tragédie par le quotidien et l'absurde par le logique. <br>Un acteur prête d'autant plus de force à un personnage tragique qu'il se garde de l'exagérer. S'il est mesuré, l'horreur qu'il suscite sera démesurée. La tragédie grecque à cet égard est riche d'enseignements. Dans une œuvre tragique, le destin se fait toujours mieux sentir sous les visages de la logique et du naturel. Le destin d'[[Œdipe]] est annoncé d'avance. Il est décidé surnaturellement qu'il commettra le meurtre et l'inceste. Tout l'effort du drame est de montrer le système logique qui, de déduction en déduction, va consommer le malheur du héros. Nous annoncer seulement ce destin inusité n'est guère horrible, parce, que c'est invraisemblable. Mais si la nécessité nous en est démontrée dans le cadre de la vie quotidienne, société, état, émotion familière, alors l'horreur se consacre. Dans cette révolte qui secoue l'homme et lui fait dire : « Cela n'est pas possible », il y a déjà la certitude désespérée que « cela » se peut. [...]<br>Il est singulier [...] que des œuvres d'inspiration parente comme celles de [[Franz Kafka]], Kierkegaard ou Chestov, celles, pour parler bref, des romanciers et philosophes existentiels, tout entières tournées vers l'absurde et ses conséquences, aboutissent en fin de compte à un immense cri d'espoir. Ils embrassent le Dieu qui les dévore. C'est par l'humilité que l'espoir s'introduit. Car l'absurde de cette existence les assure un peu plus de la réalité surnaturelle. Si le chemin de cette vie aboutit à Dieu, il y a donc une issue. Et la persévérance, l'entêtement avec lesquels Kierkegaard, Chestov et les héros de Kafka répètent leurs itinéraires sont un garant singulier du pouvoir exaltant de cette certitude.|Albert Camus, « Appendice : L'espoir et l'absurde dans l'œuvre de Franz Kafka », {{Harvsp|''Le Mythe de Sisyphe''|p=175,
==== La figure du philosophe : la révolte ====
À l'inverse du [[nihilisme]] et du suicide philosophique, la posture philosophique implique le rejet de toute forme d’évasion, de détournement du sentiment d’absurde. Ainsi , si « l’absurde est le contraire de l’espoir », il n’a « rien à voir avec le désespoir » <ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|année=|passage=49-50.|isbn=9782070719662}}</ref>; l’absurde est une étape sur le chemin qui mène [[Philosophie de l'absurde (Camus)#Cycle de l'amour|à l’amour et à la lucidité]]. C’est en cessant de croire en la chimère d’un monde qui dissimulerait quelque part, à notre intention, le trésor de sa signification, que l’homme s’affranchit de la déception et se rend, par-là même, disponible à la profusion du présent. Ne plus espérer ce qui sera, mais désirer ce qui est, ne plus se languir de ce qui manque, mais goûter ce qui est donné, c’est l’ultime leçon de l’absurde<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |nom=philomag |titre=La pensée de midi |url=https://www.philomag.com/articles/la-pensee-de-midi |site=Philosophie magazine |date=2012-09-21 |consulté le=2024-01-15}}</ref>.{{Citation bloc| Ô mon âme, n’aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible.
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Cependant, Camus ne fait pas non plus une critique stricte de la raison. « Il est vain de nier absolument la raison. Elle a son ordre dans lequel elle est efficace. C'est justement celui de l'expérience humaine. C’est pourquoi nous voulons tout rendre clair. Si nous ne le pouvons pas, si l’absurde naît à cette occasion, c’est justement à la rencontre de cette raison efficace mais limitée et de l’irrationnel toujours renaissant ». Il considère seulement que la raison ne peut agir qu’au sein d’un champ d’exercice limité. Ce champ, ce sont les limites de l’homme absurde, qui, conscient qu’il n’a pas accès aux choses en elles-mêmes, indépendamment de lui, n’en propose qu’une interprétation. Cette idée fait écho au perspectivisme de [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]]<ref group="Note">« Quand Nietzsche écrit : {{Citation|Il apparaît clairement que la chose principale au ciel et sur la terre est d'obéir longtemps et dans une même direction : à la longue il en résulte quelque chose pour quoi il vaille la peine de vivre sur cette terre comme par exemple la vertu, l'art, la musique, la danse, la raison, l'esprit, quelque chose qui transfigure, quelque chose de raffiné, de fou ou de divin}} (''[[Par-delà le bien et le mal]]'', ndlr), il illustre la règle d'une morale de grande allure. Mais il montre aussi le chemin de l'homme absurde. Obéir à la flamme, c'est à la fois ce qu'il y a de plus facile et de plus difficile. Il est bon cependant que l'homme, en se mesurant à la difficulté, se juge quelquefois. Il est seul à pouvoir le faire » {{Ouvrage|auteur1=Albert Camus|titre=Le Mythe de Sisyphe|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|passage=89.}}</ref>, pour qui l’homme est incapable d’avoir accès à une réalité objective émancipée de sa propre appréciation subjective, d’un contexte culturel, d’une situation précise : « En psychologie comme en logique, il y a des vérités mais point de vérité. Le « connais-toi toi-même » de Socrate a autant de valeur que le « sois vertueux » de nos confessionnaux. Ils révèlent une nostalgie en même temps qu’une ignorance. Ce sont des jeux stériles sur de grands sujets. Ils ne sont légitimes que dans la mesure exacte où ils sont approximatifs ». En somme, toute vision est une interprétation singulière, jamais une vérité ou un savoir objectif et universel. Le champ des limites de la raison, c’est donc l’expérience humaine<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Albert Camus|titre=Le Mythe de Sisyphe|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|passage=34 et 35.|isbn=978-2070322886}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=La philosophie de Nietzsche – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie |url=https://la-philosophie.com/philosophie-nietzsche |site=la-philosophie.com |consulté le=2024-01-07}}</ref>.
{{Citation bloc|Le thème de l'irrationnel, tel qu'il est conçu par les [[Existentialisme|existentiels]], c'est la raison qui se brouille et se délivre en se niant. L'absurde, c'est la raison lucide qui constate ses limites.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
==== L'interprétation et la création ====
Si l’homme rompt avec son existence passive et machinale, s’il refuse de se détourner de l’absurde en faveur des croyances qui pourraient lui servir de refuge, s’il réalise l’impuissance de la raison à trouver un sens à sa vie et au monde, alors l’exercice de sa raison sort du champ de l’objectivité pour celui de l'interprétation et de la création.
Ce nouveau champ où s’exerce la raison créatrice est profondément libérateur. Premièrement, parce qu’aux yeux du [[philosophe]], les morales qui lui étaient jusque-là imposées perdent, en même temps que l’existence, leur sens. Le monde, la vie étant irrationnels, les normes, les valeurs et les contraintes imposées sont elles aussi vidées de leur substance. Cependant, il ne faut pas ici tomber dans une analyse qui consisterait à croire que l’absurde rend les pires excès tolérables. Affirmer que l'absurde permet tout n'équivaut pas à dire que l'absurde « recommande le crime ». L'absurde « ne délivre pas, il lie ». Malgré son rapport au monde différent, l’homme absurde n’en est pas coupé. Simplement, il « rend leur équivalence aux conséquences des actes ». La culpabilité est niée, mais non la responsabilité<ref name=":5">{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Maurice|nom1=Weyembergh|titre chapitre=La tentation du «
L’absurde libère l’homme d’une vaine culpabilité afin qu’il puisse se tenir au plus près de ses désirs, au plus près de l’existence, et de son propre sens moral. Ensuite, puisque plus rien n’a de sens, les principes autrefois employés pour distinguer et hiérarchiser ce qui compose la vie et le monde ont eux aussi perdu le leur. Avec l’absurde, tout n’est qu’empreint d’une « divine équivalence qui naît de l’anarchie [...] La pétale de rose, la borne kilométrique ou la main humaine ont autant d'importance que l'amour, le désir ou les lois de la gravitation ». Mais c’est précisément grâce à cette anarchie naissante que l’homme peut attribuer aux objets une « attention privilégiée » et en réorganiser la hiérarchie d’un œil neuf, conscient. Puisque rien n’a de sens en dehors de celui que confère l’expérience humaine, le sens peut renaître en tout<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Camus|titre=Le Mythe de Sisyphe|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|passage=43, 64 et 73}}.</ref>.
{{Citation bloc|Maintenant le principal est fait. Je tiens quelques évidences dont je ne peux me détacher. Ce que je sais, ce qui est sûr, ce que je ne peux nier, ce que je ne peux rejeter, voilà ce qui compte. Je peux tout nier de cette partie de moi qui vit de nostalgies incertaines, sauf ce désir d'unité, cet appétit de résoudre, cette exigence de clarté et de cohésion. Je peux tout réfuter dans ce monde qui m'entoure, me heurte ou me transporte, sauf ce chaos, ce hasard roi et cette divine équivalence qui naît de l'anarchie. Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu'il m'est impossible pour le moment de le connaître|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
L'Homme absurde connaît sa mortalité et pourtant ne l’accepte pas, connaît les limites de son raisonnement, mais pourtant y tient toujours, ressent le plaisir et la douleur de ses expériences et essaie pourtant d’en absorber autant que possible. Camus écrivait dans la préface de [[L'Envers et l'Endroit|''L'Envers et l'endroit'']] : « Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre ». Il nous invite à profiter de la vie pour les accomplissement qu'elle nous apporte, et non de forcément y chercher un sens intrinsèque<ref group="S">{{Lien web |langue=fr-FR |nom=Sophiamica |titre=Albert Camus ou la tragédie du bonheur |url=https://leregardlibre.com/philosophie/albert-camus-ou-la-tragedie-du-bonheur/ |site=Le Regard Libre |date=2015-04-15 |consulté le=2023-10-14}}</ref>. Il soutient donc que la vie vaut la peine d’être vécue, et qu’après avoir pris pleinement conscience qu’il ne peut trouver de sens dans l’univers, c’est à l’homme lui-même de lui en donner un.
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=== La seule position cohérente ===
Face à l'absurde, en toute lucidité, sans détournement ni évasion, la seule possibilité est la révolte. Elle est la confrontation décidée et incessante avec l'absurde, c'est un défi aussi bien qu'une conquête. L'acceptation, explique Albert Camus, est la vraie rébellion contre une vie dénuée de sens ; accepter lucidement sa condition sans espoir, ainsi que la contradiction humaine, c'est être profondément libre. C'est être alors délié des règles communes et vivre consciemment. Vivre dans un univers absurde, c'est multiplier avec passion les expériences pour être en face du monde le plus souvent possible, il faut vivre avec le temps et mourir avec lui. L’absurde fait tendre l'homme vers lui-même : un être sans subterfuge, qui construit son propre destin. Sentir [[#La révolte, la liberté et la passion|sa révolte, sa liberté, sa passion]] et le plus possible, c'est vivre et le plus possible : « Vivre, c'est faire vivre l'absurde. Le faire vivre, c'est avant tout le regarder. Au contraire d'[[Eurydice]], l'absurde ne meurt que lorsqu'on s'en détourne.
{{Citation bloc|Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté, et le plus possible, c'est vivre et le plus possible. Là où la lucidité règne, l'échelle des valeurs devient inutile. Soyons encore plus simplistes. Disons que le seul obstacle, le seul « manque » à gagner est constitué par la mort prématurée. [...] Le présent et la succession des présents devant une âme sans cesse consciente, c'est l'idéal de l'homme absurde.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
=== Rapports aux religions ===
De fait, Albert Camus défait l’opposition classique entre la raison objective et la croyance, puisque selon lui, l’homme ne peut faire autrement que de croire. L’expérience de l’absurde lui fait réaliser que toute pensée naît d’une interprétation. Toutefois, à l’inverse de sa croyance initiale, passive et creuse, la croyance de l’homme devenu philosophe est consistante. C'est pourquoi [[
Le philosophe [[Arnaud Corbic]] mentionne son « humanisme athée », qui a décidé de l'aborder selon une triple perspective : « une manière de concevoir le monde sans Dieu (''l'absurde'') ; une manière d'y vivre (''la révolte'') » et « une manière de s'y comporter » (
Aussi dans ''Essais'', Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. 371 (noté II).</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Joseph|nom1=Hermet|titre=À la rencontre d'Albert Camus : le dur chemin de la liberté|éditeur=Éditions Beauchesne|date=1990|isbn=9782701012100|lire en ligne=https://books.google.es/books?id=9Go72OVKQ6AC&pg=PA45&lpg=PA45&dq=%22+Je+ne+crois+pas+en+Dieu,+disait-il,+c'est+vrai.+Mais+je+ne+suis+pas+ath%C3%A9e+pour+autant.%22&source=bl&ots=kub7a2k_55&sig=7rUf6_fHUwiyNtbLUneBvb4Bffo&hl=es&sa=X&ved=0ahUKEwiMgtn8zd_YAhXGSBQKHRIeClQQ6AEIJzAA#v=onepage&q=%22%20Je%20ne%20crois%20pas%20en%20Dieu,%20disait-il,%20c'est%20vrai.%20Mais%20je%20ne%20suis%20pas%20ath%C3%A9e%20pour%20autant.%22&f=false}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=R.GRENIER|titre=Albert Camus, Soleil et ombre|lieu=Paris|éditeur=Gallimard NRF|année=1987|passage=10}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=Camus devant les dominicains |url=http://palimpsestes.fr/textes_divers/c/camus/dialogue-dominicains.html |site=palimpsestes.fr |consulté le=2023-10-14}}</ref>. {{Citation bloc|Pour nous résumer, l’athéisme de Camus ne se comprend correctement que sur fond de son agnosticisme originaire. Il n’est donc pas premier, dogmatique, militant, mais second, pratique, conséquent et décidé, parce qu’on ne peut ni vivre, ni penser philosophiquement, de manière responsable, sans se situer, c’est-à-dire sans opter pour ou contre Dieu. Cet « athéisme » est de nature non théiste face à l’absurde, voire ''anti''-théiste face au mal, lorsqu’il se double d’un [[Prométhée|prométhéisme]]. En effet, à mesure que la notion de mal se substitue à celle d’absurde, le ''non''-théisme décidé de départ évolue vers un ''anti''-théisme plus véhément et polémique, du fait que Dieu, en tant que Créateur (si toutefois il existe), aurait une part de responsabilité dans l’existence du mal. Cela sera particulièrement sensible dans ''La Peste'', qui symbolise l’existence du mal physique et moral, c’est-à-dire les pestes physiques, politiques ou sociales de tous les temps. Quoique d’un non-théisme allant parfois jusqu’à l’antithéisme, Camus maintiendra l’exigence d’un dialogue critique perpétuel et respectueux avec le christianisme<ref group="Note">En 1943, Camus écrit à Francis Ponge : « J’ai des amis catholiques [René Leynaud, le Père Bruckberger] et pour ceux d’entre eux qui le sont vraiment, j’ai plus que de la sympathie, j’ai le sentiment d’une partie liée. C’est qu’en fait, ils s’intéressent aux mêmes choses que moi. A leur idée la solution est évidente, elle ne l’est pas pour moi […]. Mais ce qui nous intéresse eux comme vous, c’est l’essentiel » (''Essais'', II, p. 1596).</ref>, et surtout son fondateur<ref group="Note">« Ce Dieu, s’il vous touche, c’est par son visage d’homme » (''Carnets I'', p. 205). Dans sa préface à l’édition universitaire américaine de ''L’Etranger'', Camus avait écrit, « sans aucune intention de blasphème », que Meursault était « le seul christ que nous méritions » (''Théâtre, Récits, Nouvelles'', I, p. 1929). Et, dans les « Annexes » au ''Premier homme'', on lit : « Sa mère ''est'' le Christ » (Gallimard, 1994, p. 283) ; et, quelques pages plus loin : « Maman : comme un Muichkine ignorant. Elle ne connaît pas la vie du Christ, sinon sur la croix. Et qui pourtant en est plus près ? » (''ibid.'', p. 295). Dans les mêmes « Annexes » figure aussi cette remarque : « Le Christ n’a pas atterri en Algérie » (''ibid.'', p. 292).</ref>: « Je n’ai — déclarera-t-il à Stockholm en 1957 — que vénération et respect devant la personne du Christ, et devant son histoire. Je ne crois pas à sa résurrection »<ref>''Interview de Stockholm'' du 9 décembre 1957 (''Essais'', II, p. 1597, note).</ref>.<br>L’athéisme camusien se veut donc une dynamique inépuisable, ouverte aux questions chrétiennes, mais désireuse de ne pas leur donner sans autre forme de procès la réponse attendue, celle de la foi<ref group="Note">« J’ai des préoccupations chrétiennes, mais ma nature est païenne » (cité par R. Quilliot dans ''Essais'', II, p. 1615). « C’est un destin bien lourd que de naître sur une terre païenne en des temps chrétiens » (''Essais'', II, p. 1343)</ref>. Ce que dit Camus dans ''L’Homme révolté'' en citant un propos de [[Nathaniel Hawthorne|Hawthorne]] au sujet de [[Herman Melville|Melville]] : « Incroyant, il ne savait se reposer dans l’incroyance »<ref>''L’Homme révolté'', II, p. 490.</ref>, peut s’appliquer à sa propre attitude à l’égard du christianisme. Se contenter de penser chez lui la question de l’athéisme sans examiner dans sa force l’affirmation fondamentale qui la sous-tend, l’humanisme, serait une approche réductrice et par trop négative. Camus n’est pas athée pour le plaisir de l’être. Mais il lui paraît indispensable de nier Dieu quand il veut rendre compte de l’homme et de sa vie, parce qu’il conçoit Dieu précisément comme rival de l’homme — d’où le caractère souvent prométhéen de sa pensée.|Arnaud Corbic, ''L'« humanisme athée » de Camus'', [[Études (revue)
|Études]], vol. 399, no. 9, 2003, pp. 227-234<ref group="S" name="''L'« humanisme athée » de Camus''" />.}} Cependant, bien que Camus réfute les religions parce qu'on « n'y trouve aucune problématique réelle, toutes les réponses étant données en une fois », et qu'il n'accorde aucune importance à l'avenir : {{citation|il n'y a pas de lendemain}}<ref name="ref_auto_2" />, sa révolte n'en est pas pour autant amorale : {{citation|La solidarité des hommes se fonde sur le mouvement de révolte et celui-ci, à son tour, ne trouve de justification que dans cette complicité}}<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[L'Homme révolté]]|éditeur= Galimard NRF|collection= Folio|année=|passage=35|isbn=9782070212095}}</ref>. La pensée de Camus étant [[Humanisme|humaniste]], les hommes se révoltent contre la mort, contre l'injustice et tentent de {{citation|se retrouver dans la seule valeur qui puisse les sauver du [[nihilisme]], la longue complicité des hommes aux prises avec leur destin}}<ref>{{ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=[[L'Homme révolté]]|éditeur= Gallimard NRF|collection= Folio, Gallimard|année=|passage=351|isbn=9782070212095}}.</ref>. À la fin de ''La Peste'', l'écrivain fait dire au personnage principal, le docteur Rieux, qu'il a rédigé cette chronique {{citation|pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Albert Camus|titre=La Peste|lieu=Paris|éditeur=Gallimard NRF|collection=Folio|année=1947|passage=312|isbn2=9782291086550|présentation en ligne=https://archive.org/details/albertcamus-lapeste-1947/page/n311/mode/2up|consulté le=14 mars 2021}}</ref>. Il ne prône donc pas le désespoir, mais une vision libératrice, encourageant la création d'un sens personnel à travers nos propres expériences. Dans ''[[Le Figaro]]'', Raphaël Enthoven avance que « la profonde singularité de sa pensée tient aux deux piliers qu'elle se donne : d'une part, l'absence de Dieu, le silence inhumain du monde où notre condition est incurablement celle d'un étranger. D'autre part, le refus de contempler les choses autrement qu'à hauteur d'homme (ou de se donner des principes plus grands que son caractère). L'humanisme de Camus est un humanisme du silence »<ref name=":1" group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=Ce que Camus a à nous dire sur le monde d’aujourd’hui, par Mohammed Aïssaoui et Raphaël Enthoven |url=https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ce-que-camus-a-a-nous-dire-sur-le-monde-d-aujourd-hui-par-mohammed-aissaoui-et-raphael-enthoven-20231228 |site=Le Figaro |date=2023-12-28 |consulté le=2024-01-17}}</ref>. Dans le documentaire ''Albert Camus, l'icône de la révolte'' (2020), il ajoutera « C'est quelqu'un qui vous donne le goût de la vie sans jamais vous mentir ni vous rassurer »<ref>[[Public Sénat]], ''Albert Camus, l'icône de la révolte'', diffusé le samedi 04 janvier 2020 à 21h, 56 min.</ref>.
{{Citation bloc|Suicide et meurtre sont ici deux faces d'un même ordre, celui d'une intelligence malheureuse qui préfère à la souffrance d'une condition limitée la noire exaltation où terre et ciel s'anéantissent.|{{Harvsp|Albert Camus, ''L'Homme révolté''
=== La révolte, la liberté et la passion ===
{{Citation bloc|Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort – et je refuse le suicide.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
{{Citation bloc|Dans l'expérience absurde, la souffrance est individuelle. À partir du mouvement de révolte, elle a conscience d'être collective, elle est l'aventure de tous. Le premier progrès d'un esprit saisi d'étrangeté est donc de reconnaître qu'il partage cette étrangeté avec tous les hommes et que la réalité humaine, dans sa totalité, souffre de cette distance par rapport à soi et au monde. Le mal qui éprouvait un seul homme devient peste collective. Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le « [[Cogito ergo sum|cogito]] » dans l'ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes.|{{Harvsp|Albert Camus, ''L'Homme révolté''
La [[révolte]] est donc la manière de vivre l'absurde, connaître notre destin fatal et néanmoins l'affronter. C'est l'intelligence aux prises avec le « silence déraisonnable du monde » ; le condamné à mort qui refuse le suicide. C'est aussi s'offrir un énorme champ de possibilités d'actions, car si l'homme absurde se prive d'une vie éternelle, il se libère des contraintes imposées par un improbable futur et y gagne en liberté d'action. « La seule façon d'affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre que votre existence même est un acte de révolte », affirme une citation apocryphe de Camus, qui s'agit en fait d'une analyse du philosophe [[Zygmunt Bauman]] dans l'article ''Albert Camus: I Rebel, Therefore We Exist'' (2009)<ref group="S">{{Lien web |langue=en-US |prénom=Zygmunt |nom=Bauman |titre=Albert Camus: I Rebel, Therefore We Exist |url=https://truthout.org/articles/albert-camus-i-rebel-therefore-we-exist/ |site=Truthout |date=2010-01-29 |consulté le=2023-10-14}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=« Je me révolte, donc nous sommes... », par Zygmunt Bauman |url=https://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20091119.BIB4457/je-me-revolte-donc-nous-sommes-par-zygmunt-bauman.html |site=Bibliobs |date=2009-11-19 |consulté le=2023-10-14}}</ref>. {{Citation bloc|Pour un homme sans œillère, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse.|{{Harvsp|Albert Camus, ''Le Mythe de Sisyphe''
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{{Citation bloc|Pourtant moi, j'ai plutôt l'impression qu’il faut être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur. Celui qui traîne sa vie et succombe sous son propre poids ne peut aider personne. Celui au contraire qui se domine, et qui domine sa vie, celui-là peut être vraiment généreux, et donner efficacement.|Albert Camus au [[Théâtre Antoine - Simone-Berriau|Théâtre Antoine]], lors de l’émission télévisée ''Gros Plan'' de la [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]], le 20 avril 1959<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Albert Camus : "Le théâtre s’embarrasse de peu de choses : de la toile pour les décors, et pour la pièce des caractères et un langage" |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/albert-camus-le-theatre-s-embarrasse-de-peu-de-choses-de-la-toile-pour-les-decors-et-pour-la-piece-des-caracteres-et-un-langage-9830519 |site=France Culture |date=2018-12-06 |consulté le=2024-01-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Astrolabe 44 - Coups de cœur - Albert Camus, pourquoi je fais du théâtre |url=https://www.astrolabe44.fr/pages/coups-de-coeur/albert-camus-pourquoi-je-fais-du-theatre.html |site=www.astrolabe44.fr |consulté le=2024-01-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=''Camus et le théâtre'' : épisode 8 du podcast ''Albert Camus, la pensée de midi'', Les Grandes Traversées |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-grandes-traversees/camus-et-le-theatre-5467983 |site=France Culture |consulté le=2024-01-21}}</ref>.}}
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=== La pensée de midi ===
Comme le dit Albert Camus lui-même, cette ''pensée de midi'' est sa vision d'un tragique solaire qui, quel que soit l'état d'esprit de l'écrivain, même s'il vit des heures difficiles, est toujours sauvé par les images qu'il garde en lui, et conserve ainsi le moral
{{Citation bloc|Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Héritière d'une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd'hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l'intelligence s'est abaissée jusqu'à se faire la servante de la haine et de l'oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d'elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. [...] Il n'est pas sûr qu'elle puisse jamais accomplir cette tâche immense, mais il est sûr que, partout dans le monde, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté, et, à l'occasion, sait mourir sans haine pour lui. C'est elle qui mérite d'être saluée et encouragée partout où elle se trouve, et surtout là où elle se sacrifie. C'est sur elle, en tout cas, que, certain de votre accord profond, je voudrais reporter l'honneur que vous venez de me faire.|Albert Camus devant l'[[Académie suédoise]], à la remise de son prix Nobel le 10 décembre 1957<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Camus|titre=Discours du 10 décembre 1957, Discours de Suède|éditeur=Gallimard NRF|collection=Blanche|année=1958|passage=17-18}}</ref>.}}
Il parlera alors de « juste mesure », juste parce qu'elle est à la portée au niveau de l'homme. Cette pensée, à laquelle une mort absurde l’empêcha de donner toute sa mesure, ne cherche pas non plus à donner la vision d'un ''[[surhomme]]'' déshumanisé et par là même dangereux. [[Raphaël Enthoven]] qualifiait ainsi Camus de « nietzschéen modeste et ambitieux »<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |titre=''Albert Camus, la pensée de midi'', Les Grandes Traversées {{!}} Épisode 8 : Camus et le théâtre |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-albert-camus-la-pensee-de-midi?p=2 |site=France Culture |date=2023-06-16 |consulté le=2024-01-15}}</ref>. Voulant apporter sa pierre à l'édifice de la paix, l'écrivain entreprend cette recherche fin années 1940
{{Citation bloc|En 1950, la démesure est un confort, toujours, et une carrière, parfois. La mesure, au contraire, est une pure tension. […] La mesure n’est pas le contraire de la révolte. C’est la révolte qui est la mesure, qui l’ordonne, la défend et la recrée à travers l’histoire et ses désordres.
Selon [[Jacques Chabot]] dans son essai ''Albert Camus, la pensée de midi'' (2002), il doit ces idées d'abord à ses origines « plus qu'aux bibliothèques », qu'il n'est rien de plus important que de ressentir d'abord les choses avant de les théoriser : le savoir, la réflexion reposent surtout sur le concret, l'[[Expérience|expérience sensible, existentielle]], même s'il n'a jamais utilisé ces termes. La pensée de midi s'oppose ainsi à la pensée nordique, résultant des idéalismes [[Hégélianisme|hégélien]] et [[Marxisme|marxiste]]. Camus défend une raison humaine, ressentie avant d'être pensée, contre la raison historique scientifique. Il préfère le mythe de la ''révolte'' à l'idéologie de la révolution qui dégénère trop souvent en idéologie du despotisme. Sa pensée est comme il le fût lui-même : à la fois raisonnable et passionné, mesuré dans sa conduite, sa vision humaniste et passionné par l'amitié, l'écriture et le théâtre. Au « [[Cogito ergo sum|Je pense donc je suis]] » de la philosophie [[Idéalisme (philosophie)|idéaliste]], il préfère une formule plus solidaire « Je me révolte donc nous sommes », mélange du solitaire qu'il était parfois et de l'homme solidaire, prêt à défendre une cause qu'il pensait juste — rappel de sa [[L'Exil et le Royaume|nouvelle ''Jonas'']] qui se termine par ce mot presque illisible : ''solitaire'' ou ''solidaire'' que le [[Lucien Jonas|peintre Lucien Jonas]] a tracé sur la toile. La vie, il veut la raconter comme il le fera dans son dernier livre inachevé, ''[[Le Premier Homme|Le Premier homme]]'', et non l'analyser ou l'expliquer.
{{Citation bloc|Écrivain du Sud, Camus l'est de naissance ; il l'est plus encore par sa pensée qu'il qualifie lui-même de ''pensée de midi.'' Solaire, mais tragique, elle exprime sa révolte contre l'absurde et le nihilisme qui sont de mauvaises pensées nordiques, issues de la dégénérescence de l'[[idéalisme allemand]] versions hégélienne et marxiste en philosophie de l'Histoire. La ''pensée de midi'' se réclame, au contraire, de la Nature contre l'Histoire ; elle maintient, tout en l'adaptant à sa lutte contre la déraison démesurée du monde moderne, la sagesse grecque antique de la ''juste mesure'' en toutes choses.
== Cycle de l'amour ==
{{Citation bloc|En somme, je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement.
Joie profonde|Albert Camus, ''[[Le Premier Homme]]'', Gallimard
Avec les cycles de l'''absurde'' — lié au mythe de [[Sisyphe]], et de la ''révolte'' — lié au mythe de [[Prométhée]], l'œuvre d'Albert Camus était censée se compléter par un cycle de l'amour et de la mesure, qui n'a pu être pleinement développé par l'écrivain, mort prématurément dans
Selon [[André Comte-Sponville]] dans [[France Culture]], ce cycle
=== La nature, le soleil, l'amour ===
Reprenant implicitement à son compte le triptyque nietzschéen du chameau, du lion et de l’enfant<ref>{{Chapitre|prénom1=Friedrich|nom1=Nietzsche|titre chapitre=Première partie, Les trois métamorphoses|titre ouvrage=Ainsi parlait Zarathoustra|éditeur=Société du Mercure de France|date=1903|passage=33–36|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Ainsi_parlait_Zarathoustra/Premi%C3%A8re_partie/Les_trois_m%C3%A9tamorphoses|consulté le=2024-01-20}}.</ref>, Camus entendait construire son œuvre avec ses trois étapes que sont l’absurde, la révolte et l’amour. Il désirait réconcilier, ni plus ni moins, l’homme avec le monde. Car s’il est rétif à toute signification, le monde est en revanche une symphonie pour les sens. La paix que l’esprit n’apporte pas se trouve à portée de main, à l’âge de l’enfance, quand les errements de la conscience se dissipent dans le pur plaisir d’exister. Ainsi l’amour de la nature, des symphonies indicibles du végétal, du minéral, de l’animal et de l’aérien, porte-t-il en définitive à l’amour des hommes, de la « nature humaine » dont Camus soutient l’existence. Contre l’histoire, vénérée par [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], Camus prend résolument le parti d’une nature qui porte en elle le secret d’une réconciliation :
{{Citation bloc|De cette colline légère à ces fruits juteux, de la fraternité secrète qui m’accordait au monde à la faim qui me poussait vers la chair orangée au-dessus de ma main, je saisissais le balancement qui mène certains hommes de l’ascèse à la jouissance et du dépouillement à la profusion dans la volupté. J’admirais, j’admire ce lien qui, au monde, unit l’homme, ce double reflet dans lequel mon cœur peut intervenir et dicter son bonheur jusqu’à une limite précise où le monde peut alors l’achever ou le détruire.|Albert Camus, ''Le désert'', in ''[[Noces (Albert Camus)|Noces]] suivi de [[L'Été (Albert Camus)|L'Été]]'', Gallimard
L’omniprésence du soleil chez Camus cache une ambivalence. Il est le soleil qui rend fou, l’implacable soleil d’Algérie dans ''La Peste'' ou, dans ''L’Étranger'', la dure réverbération sur le cortège funèbre de « Maman », le scintillement douloureux d’un couteau contre lequel proteste la décharge du pistolet. Mais il est aussi le soleil doux, qui enveloppe Marie, amante de l’étranger, au sortir de l’eau, soleil qui fait de tout corps une statue de lumière et pose une caresse sur ce qui existe. {{Citation bloc|J'étais encore dans l'eau quand elle était déjà à plat ventre sur la bouée. Elle s'est retournée vers moi. Elle avait les cheveux dans les yeux et elle riait. Je me suis hissé à côté d'elle sur la bouée. Il faisait bon et, comme en plaisantant, j'ai laissé aller ma tête en arrière et je l'ai posée sur son ventre. Elle n'a rien dit et je suis resté ainsi. J'avais tout le ciel dans les yeux et il était bleu et doré. Sous ma nuque, je sentais le ventre de Marie battre doucement. Nous sommes restés longtemps sur la bouée, à moitié endormis. Quand le soleil est devenu trop fort, elle a plongé et je l'ai suivie. Je l'ai rattrapée, j'ai passé ma main autour de sa taille et nous avons nagé ensemble.|Albert Camus, ''[[L'Étranger]]'', Gallimard
Dans ''Noces'', cette citation retentit de manière éclatante, presque douloureuse : sous le couvert d'une louange exaltée du monde, elle rappelle l'absurdité de l'existence vouée à la mort et ôte tout espoir d'un « après ». Mais le naufrage est pourtant évité, car un sentiment de résistance, un désir de révolte envahit soudain le cœur de l'homme. Il se cramponne au radeau de la vie, et aspire désormais à accomplir de grandes choses. Agir face à l'absurde, au cœur même du monde, certes beau mais peuplé d'irrationalité ; œuvrer pour un bien commun à tous les hommes, juste le temps d'une vie : un projet, finalement vain, mais généreux. Une certaine trace de religion, la conscience — même nébuleuse — d'une [[métaphysique]] suffiraient à adoucir l'amertume d'un tel destin, mais les fruits d'un tel labeur sont assurément éphémères dans l'univers camusien qui ne laisse envisager aucune rétribution future. Albert Camus « aime cette vie avec abandon et veut en parler avec liberté: elle (lui) donne l'orgueil de (sa) condition d'homme »<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Albert Camus|titre=Noces suivi de L’Été|éditeur=Gallimard NRF|collection=Folio|passage=16|isbn=978-2070360161}}</ref>. ''[[Noces (Albert Camus)|Noces]]'' célèbre ce mariage de l'homme et du monde, du sable et de la mer, du ciel et des ruines romaines, tout ce bleu paradis d'une enfance algérienne heureuse où il découvrit « le droit d'aimer sans mesure »<ref name=":0" />. C'est donc d'abord sur un plan émotionnel profondément humain qu'il faut placer « le monde est beau ». Mais à la fougue du sentiment est liée sa conséquence immédiate : « hors de lui, point de salut », car il faut alors « refuser toute transcendance morale ou divine » qui pousse à la « calomnie de ce monde et de cette vie »<ref>{{Ouvrage|auteur=Albert Camus|titre=L'Homme révolté|éditeur=Gallimard NRF|collection=Folio|année=|passage=319}}</ref>. Autrement dit, la croyance en un salut ailleurs et au-delà se transforme en une injure et une contradiction vis-à-vis de l'existence ici et maintenant.{{Citation bloc|Le charme : une manière de s’entendre répondre « oui » sans avoir posé aucune question claire.|Albert Camus, ''[[La Chute (roman)|La Chute]]'', Gallimard
Longtemps après avoir refusé de publier des lettres d'amour de son père ({{citation|Ces lettres sont des documents très intimes.}}), Catherine Camus autorise la parution de celles échangées avec [[Maria Casarès]], sous le titre ''Correspondance 1944-1959'' dont elle signe l'avant-propos et qui sort en librairie le {{date-|9 novembre 2017}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Camus, Maria Casarès|titre=Correspondance : (1944-1959), Béatrice Vaillant dir.|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|année=2017|pages totales=1472|isbn=978-2072873409}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Dominique|nom1=Fessaguet|titre=L’amour fou… 1275 pages|périodique=Topique|volume=n° 147|numéro=3|pages=29–37|date=2019-11-29|issn=0040-9375|doi=10.3917/top.147.0029|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3917/top.147.0029|consulté le=2024-01-20}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{lien web |auteur=Catherine Golliau |titre=Catherine Camus : « Je ne suis pas une gardienne du temple » |url=http://www.lepoint.fr/culture/catherine-camus-je-ne-suis-pas-une-gardienne-du-temple-03-10-2013-1738542_3.php |site=[[Le Point]] |date=3 octobre 2013 |consulté le=17 janvier 2020}}.</ref>.
== Littérature ==
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Le style de Camus peut être considéré comme unique, mélangeant habilement narration et philosophie. Ses œuvres, si diverses et pourtant si resserrés dans une unité profonde, se distinguent par une prose claire, concise et pourtant ardemment significative, qui transcende les genres littéraires traditionnels. ''L'Étranger'' est, par exemple, à la fois un roman et un traité philosophique sur l'absurde. Le langage direct et sans fioritures de Camus permet une immersion immédiate dans le monde de ses personnages, tout en provoquant une réflexion profonde chez le lecteur. Cette approche unique rend ses œuvres accessibles à un large public, tout en conservant une profondeur intellectuelle. Camus excelle également dans l'art de la [[métaphore]] et de l'[[allégorie]], utilisant des personnages et des situations pour symboliser des idées philosophiques complexes. Dans ''La Peste'', qui peut être lue comme une allégorie de la résistance au [[nazisme]] ou une méditation sur la condition humaine, il témoigne de sa capacité à engager le lecteur sur plusieurs niveaux de compréhension. Il parvient aussi à maintenir une distance critique vis-à-vis des auteurs susceptibles de l'influencer. Camus a donc modernisé la littérature de son époque et a posé les bases d'un nouveau style narratif où la simplicité du langage sert des idées philosophiques profondes.
[[André Comte-Sponville]] avance que « [même si] Camus n'est pas [[Emmanuel Kant|Kant]] ou [[Aristote]] [...] qu'il n'avait pas les bons outils et la technique des agrégés de philosophie tel que [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], je tiendrai davantage que mes trois enfants lisent ''Le Mythe de Sisyphe'' plutôt qu'''[[Éthique à Nicomaque]]'', la ''[[Critique de la raison pure]]'', le ''Traité du désespoir'' ou ''[[Le Journal du séducteur (roman)|Le Journal du séducteur]]'' [...] Ça ne me dérangerait pas qu'ils ne lisent pas ''[[L'Être et le Néant]]'', mais pour ''Le Mythe de Sisyphe'', j'en serai peiné et presque inquiet
[[Mohammed Aïssaoui]] rappelle dans ''Le Figaro'' — notamment en réponse au pamphlet de [[Jean-Jacques Brochier]] intitulé ''[[Camus, philosophe pour classes terminales]]'' (1970) – que « ce côté accessible qu'on lui a souvent reproché est le résultat d'un travail titanesque. Ses textes passent largement le défi du temps. En quoi est-ce une insulte ? [...] Camus ne dédaignait pas le combat idéologique et intellectuel : il est très offensif lorsqu'il dénonce les intellectuels qui ne font que mettre leur fauteuil dans le sens de l'histoire » ; Raphaël Enthoven ajoutant que « c'est même l'un des meilleurs compliments qu'on puisse faire à un philosophe. Camus appartient à la famille de ceux dont la difficulté est d'être admis et non pas d'être compris — celle de [[Blaise Pascal|Pascal]] ou de [[Michel de Montaigne|Montaigne]], des penseurs qui pensent et parlent clairement et n'espèrent plus. Dans l'insulte de Brochier, il faut entendre un éloge : contrairement à ceux qui ont des commentateurs, Camus a des lecteurs. C'est aussi la parole d'un snobisme parisien. À l'époque du communisme triomphant des années 1950, Camus explique, dans ''L'Homme révolté'', que la révolution et le conservatisme sont les deux faces d'une même pièce, deux modalités de la négativité. Alors que la ''[[#Cycle de la révolte|révolte]]'' dit oui avant de dire non. Elle donne des contours à son projet et s'impose des seuils dans les moyens de sa conquête »<ref name=":1" group="S" />.
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Camus a admis être influencé par la technique du [[Littérature américaine|roman américain]], en particulier par les œuvres d'écrivains tels qu'[[Ernest Hemingway|Hemingway]], [[John Steinbeck|Steinbeck]], et [[William Faulkner]], dont l'approche a laissé une marque profonde sur lui. Néanmoins, il était tout à fait conscient des limites de cette approche. Lors d'une entrevue accordée aux [[Les Nouvelles littéraires|Nouvelles Littéraires]] en novembre 1945, il a exprimé son point de vue : « La technique américaine me paraît aboutir à une impasse. Je l’ai utilisée dans ''L’Étranger'', c’est vrai. Mais c’est qu’elle convenait à mon propos qui était de décrire un homme sans connivence apparente. En généralisant ce procédé, on aboutit à un univers d’automates et d’instincts. Ce serait un appauvrissement considérable. C'est pourquoi tout en reconnaissant la contribution du roman américain, je préfère cent fois un Hemingway à un [[Stendhal]] ou un [[Benjamin Constant]] ». Cette déclaration met en lumière l'importance que Camus accordait à l'exploration des comportements des personnages et à leur profondeur psychologique, en contraste avec le risque d'appauvrissement inhérent à une exploration trop mécaniste des comportements humains<ref>Jean-Michel Adam, ''Variations énonciatives. Aspects de la genèse du style de L’Étranger'', in L''e Style dans la langue. Une reconception de la stylistique'', Delachaux et Niestlé, 1997, {{p.|147-183}}.</ref>{{,}}<ref>''Langue Française'', {{n°|128}}, décembre 2000, par Adam, J.-M. et Lugrin. G. : « Variation des ancrages énonciatifs et fictionnalisation d’une anecdote d’Albert Camus ».</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Delas|titre chapitre=Une écriture étrangère : le coup de force pongien de l’incipit de L’Étranger|titre ouvrage=Albert Camus et les écritures du xxe siècle|éditeur=Artois Presses Université|collection=Études littéraires|date=2003|pages totales=17–26|isbn=978-2-84832-372-5|lire en ligne=https://books.openedition.org/apu/2296|consulté le=2024-01-19}}</ref>.
Le [[Nouveau Roman]], émergé ou début des années cinquante, repose sur les contributions d'auteurs tels qu'[[Alain Robbe-Grillet]], [[Nathalie Sarraute]], [[Michel Butor]] et [[Claude Simon]]. En réaction à la « littérature à messages » et à une [[prose]] trop verbeuse, cette tendance littéraire privilégie une écriture plus épurée tout en demeurant descriptive. ''L'Étranger'' de Camus a servi de modèle pour cette
=== La figure du silence ===
Selon Jean-Michel Wavelet, [[Inspecteur d'académie - inspecteur pédagogique régional|IA-IPR]] honoraire, le style littéraire de l'écrivain est dû à son rapport singulier à la [[langue française]]. Elle est une source de résilience et de libération pour les privés de mots réduits au silence. Condamné à l’incommunication, enfermé dans le patois de son quartier replié, [[ghetto]]ïsé, isolé par ce mélange d’espagnol, d’arabe, d’italien et de français qui limitait le champ d’exploration à celui de l’action immédiate, Albert Camus s’est évadé de cette « forteresse sans pont-levis » en s’appropriant la langue française. Il a pu explorer l’écriture pour dire la souffrance, témoigner de la pauvreté et s’en est par là même affranchi en révélant et maîtrisant ses émotions. La langue lui a permis de sortir de l’oubli, d’exhumer la mémoire des gens de peu. Dans ''La Peste'', Joseph Grand n’a pas la même chance : il reste pauvre parce qu’il ne trouve pas ses mots. ''[[L'Exil et le Royaume|Les Muets]]'' sont condamnés à la misère tandis que ''[[L'Exil et le Royaume|Le Renégat]]'' perd sa langue en renonçant à ce qu’il est. Mais le défaut de mots a aussi quelque chose de tragique. Dans ''Le Malentendu'', Jan perd la vie faute de dire les mots qui lui permettraient d’être reconnu. En n’énonçant pas la vie comme valeur suprême, les citoyens romains sont aussi menacés d’exécution par ''Caligula'', tandis que Meursault dans ''l’Étranger'', contraint au silence, est condamné à mort faute d’avoir su se faire comprendre. La vie à portée de mots se perd dans un terrifiant silence. Les sans-mots sont les premières victimes des tragédies camusiennes, et la voix de la pauvreté est d’abord silencieuse<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Michel Wavelet|titre=Albert Camus - La Voix de la pauvreté|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|date=3 janvier 2023|pages totales=278|passage=p. 62.|isbn=978-2-14-031704-0}}</ref>.
L'écrivain est également marqué par la vie de sa mère, [[Albert Camus#Enfance et famille|Catherine Hélène Sintès]]. En partie sourde, ne savant ni lire, ni écrire : elle ne comprenait un interlocuteur qu'en lisant sur ses lèvres, n'avait qu'un petit vocabulaire « de 400 mots » et communiquait en utilisant une gestuelle propre à sa famille. « Dépendante et perdue au quotidien, peu écoutée et peu comprise, condamnée aux échanges rudimentaires et
=== Rapports à l'existentialisme ===
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|+ « La vie a-t-elle un sens ? » selon les différents courants existentialistes :
! scope="col" |Questions métaphysiques
! scope="col" |[[Existentialisme athée]][[Fichier:Simone de Beauvoir & Jean-Paul Sartre in Beijing 1955.jpg|centré|sans_cadre|194x194px|alt=Photo de Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre à Pékin|link=vide]]
! scope="col" |[[Existentialisme chrétien]]
[[Fichier:Søren Kierkegaard (1813-1855) - (cropped).jpg|sans cadre|208x208px|alt=Portrait peint de Søren Kierkegaard|link=vide]]
! scope="col" |
! scope="col" |[[Nihilisme]][[Fichier:Arthur Schopenhauer by J Schäfer, 1859b.jpg|centré|sans_cadre|208x208px|alt=Portrait d'Arthur Schopenhauer|link=vide]]
! scope="col" |[[Philosophie de Friedrich Nietzsche|Pensée nietzschéenne]][[Fichier:Nietzsche187a.jpg|centré|sans_cadre|210x210px|alt=Portrait de Friedrich Nietzsche|link=vide]]
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! scope="row" width="20%"|Y a-t-il un ''[[Sens (philosophie)|sens]]'' inhérent, intrinsèque et inaliénable à la vie ?
|style="text-align: center |Oui<ref>{{Ouvrage|prénom1=Luc|nom1=Ferry|titre=Sagesses d'hier et d'aujourd'hui|éditeur=Flammarion|date=2019|isbn=978-2-08-149409-1|consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref name=":3" group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=L'existentialisme dévoilé : La philosophie de Jean-Paul Sartre |url=https://www.tomorrow.bio/fr/poste/l'existentialisme-d%C3%A9voil%C3%A9-la-philosophie-de-jean-paul-sartre-2023-07-4882958199-philosophy |site=www.tomorrow.bio |consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref name=":4" group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=Explorer l'existentialisme : Un guide pour comprendre cette philosophie |url=https://www.tomorrow.bio/fr/poste/explorer-l'existentialisme-un-guide-pour-comprendre-la-philosophie-2023-05-4510995798-philosophy |site=www.tomorrow.bio |consulté le=2024-04-07}}</ref>.
|style="text-align: center |Oui.
|style="text-align: center |Oui.
|style="text-align: center |Non.
|style="text-align: center |Peut-être, elle n'a pas de sens prédéterminé ou universelle<ref name=":5" group="S">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Nietzsche, le corps comme maître de l'âme (1) |url=https://major-prepa.com/culture-generale/nietzsche-corps-maitre-ame/ |site=Major Prépa |consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Pierre Le |nom=Vigan |titre=Revue Éléments - Nietzsche : faire face à la destruction du sens |url=https://www.revue-elements.com/nietzsche-faire-face-a-la-destruction-du-sens/ |site=Revue Éléments |date=2023-06-16 |consulté le=2024-04-07}}</ref>.
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! scope="row" |Y a-t-il une signification ''inhérente'' à l'Univers ?
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|style="text-align: center |Oui, c'est tout ce que nous pouvons faire. Cela implique de faire des choix authentiques et d'assumer la responsabilité qui en découle.
|style="text-align: center |Oui, par la foi d'un sens [[Déisme|qui est au-delà de notre compréhension]].
C'est le but de l'existentialisme.
|style="text-align: center |Oui, par [[#La révolte, la liberté et la passion|la révolte, la liberté et la passion]].
|style="text-align: center |Non, il n'y a pas de sens à créer quelque chose.
|style="text-align: center |Oui, par la [[volonté de puissance]]<ref group="S">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Nietzsche, le corps n'est que volonté de puissance (3) |url=https://major-prepa.com/culture-generale/nietzsche-corps-nest-que-volonte-puissance-3/ |site=Major Prépa |consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |nom=philomag |titre=C’est quoi… la “volonté de puissance” chez Nietzsche ? {{!}} Philosophie magazine |url=https://www.philomag.com/articles/cest-quoi-la-volonte-de-puissance-chez-nietzsche |site=www.philomag.com |date=2023-04-05 |consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=Nietzsche et la Volonté de Puissance – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie |url=https://la-philosophie.com/nietzsche-la-volonte-de-puissance |site=la-philosophie.com |consulté le=2024-04-07}}</ref>.
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! scope="row" |La ''poursuite'' d'un sens inhérent est-elle envisageable ?
|style="text-align: center |Non, cette poursuite est en ''elle-même'' dénuée de sens<ref>{{Article|prénom1=Charles|nom1=Boyer|titre=Sartre, la mauvaise foi ou le problème de l’authenticité:|périodique=L’Enseignement philosophique|volume=65e Année|numéro=1|pages=48–54|date=2015-01-01|issn=0986-1653|doi=10.3917/eph.651.0048|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-l-enseignement-philosophique-2015-1-page-48.htm?ref=doi|consulté le=2024-04-07}}</ref>.
|style="text-align: center |Oui.
|style="text-align: center |Non, mais cette poursuite est en ''elle-même'' significative. On se doit de trouver une signification personnelle.
|style="text-align: center |Non, cette poursuite est en ''elle-même'' dénuée de sens<ref name=":3" group="S" />{{,}}<ref name=":4" group="S" />.
|style="text-align: center |Non<ref name=":5" group="S" />{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=Vie et vérité chez Nietzsche |url=https://ecoledephilosophie.org/spip.php?article32 |site=ecoledephilosophie.org |consulté le=2024-04-07}}</ref>.
|-
! scope="row" |Pouvons-nous résoudre le problème du sens de la vie ?
|style="text-align: center |Oui, en créant notre propre signification et notre propre essence.
|style="text-align: center |Oui, en créant notre propre sens avec Dieu<ref>{{Article|prénom1=Émeline|nom1=Durand|titre=L’élément de l’esprit et sa souffrance. Éternité et temporalité dans les Discours édifiants de Kierkegaard:|périodique=Les Études philosophiques|volume=N° 132|numéro=1|pages=3–16|date=2020-01-27|issn=0014-2166|doi=10.3917/leph.201.0003|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2020-1-page-3.htm?ref=doi|consulté le=2024-04-07}}</ref>{{,}}<ref name=":3" group="S" />.
|style="text-align: center |Oui, en embrassant l'absurde.
|style="text-align: center |Non.
|style="text-align: center |Oui, en embrassant et en affirmant son existence.
|}
La parution du second essai d'Albert Camus ''L'Homme révolté'', en 1951, entraîna la rupture de l'écrivain avec [[Jean-Paul Sartre]] et l’équipe de la revue [[Les Temps modernes (revue)|''Les Temps modernes'']], à la suite de la critique violente de [[Francis Jeanson]] dans le numéro de juin 1952. Camus riposte par une « ''Lettre au directeur des Temps modernes'' » dans le numéro 82 d’août 1952 ; la réponse cinglante de Sartre, dans le même numéro, consacre la rupture<ref group="Note">« Le résultat, c'est que vous êtes devenu la proie d'une morne démesure qui masque vos difficultés intérieures et que vous nommez, je crois ; mesure méditerranéenne. Une dictature violente et cérémonieuse s'est installée en vous, qui s'appuie sur une bureaucratie abstraite et prétend faire régner la loi morale ». {{Article|langue=fr|titre=La fin d'une amitié : SARTRE CONTRE CAMUS|périodique=Le Monde.fr|date=1952-09-24|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1952/09/24/la-fin-d-une-amitie-sartre-contre-camus_2006111_1819218.html|consulté le=2024-01-20}}</ref>. Ce dernier lui reprochait de confondre dans une même critique [[nazisme]] et [[stalinisme]] alors que Camus cherchait à définir une morale collective exaltant la solidarité humaine. Dans ''[[La Chute (roman)|La Chute]]'' en 1956, Camus émet également une remise en cause radical de l'[[Existentialisme#Existentialisme sartrien|existentialisme sartrien]]<ref group="Note">« Quoique durablement peiné par cette affaire, Camus ne reste pas sourd à la critique. Dans ''La Chute'', le philosophe reprend à son compte, sous la figure de Jean-Baptiste Clamence, (dont le nom vient de la formule biblique ''vox clamens in deserto'', « une voix crie dans le désert ») les reproches de ''«''
Cette pensée septique et lucide est affirmée quand Albert Camus disait que « choisir son camp » en sacrifiant une tâche pour mieux accomplir l'autre, finirait par les mettre toutes deux hors de portée<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Pierre-Antoine|nom1=Chardel|titre chapitre=Introduction|titre ouvrage=Zygmunt Bauman : Les illusions perdues de la modernité|éditeur=CNRS Éditions|collection=CNRS Philosophie|date=2022-07-13|pages totales=7–34|isbn=978-2-271-14218-4|lire en ligne=http://books.openedition.org/editionscnrs/49972|consulté le=2024-01-04}}</ref>. Dans ''[[L'Été (Albert Camus)|L'Eté]]'', il écrivait : « Il y a la beauté et il y a les humiliés. Quelles que soient les difficultés de l'entreprise, je voudrais ne jamais être infidèle ni à l'une ni aux autres » et se disait dans [[L'Envers et l'Endroit|''L'Envers et l'endroit'']] : « placé à mi-distance de la misère et du soleil », ajoutant : « la misère m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l'histoire ; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout »<ref name=":0" group="S">{{Lien web |langue=fr |nom=sophie |titre=L'Envers et l'Endroit - Préface - Albert Camus |url=http://poethique.over-blog.fr/article-l-envers-et-l-endroit-preface-albert-camus-46238160.html |site=Le blog de sophie |date=2010-03-07 |consulté le=2023-10-14}}</ref>{{,}}<ref name=":1">{{Article|prénom1=Stefano|nom1=Genetti|titre=Arnaud Corbic, Camus et l’homme sans Dieu|périodique=Studi Francesi|numéro=156 (LII {{!}} III)|pages=699|date=2008-12-01|issn=0039-2944|issn2=2421-5856|doi=10.4000/studifrancesi.8718|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/studifrancesi.8718|consulté le=2023-10-14}}</ref>.
La parution de ''L’Homme révolté''
=== Rapports à la pensée nietzschéenne ===
Peut-on voir aussi que l'absurde camusien est une réponse (ou une complémentarité) à la [[philosophie de Friedrich Nietzsche]] autour de [[Lexique de Friedrich Nietzsche|quelques concepts majeurs]] : le ''Surhumain'', le ''Dionysiaque'', la ''Volonté de Puissance'', le ''ressentiment'', le ''Dernier homme'' ou encore ''l'Éternel retour'' ; Nietzsche ayant dessiné — comme [[Lucrèce]] ou [[Baruch Spinoza|Spinoza]] — une philosophie de la joie, de la création et de la plénitude vitale, où il souligne que le secret de la plus grande jouissance consiste à vivre intensément et dangereusement, mais où sa pensée se confronte également et énormément à celle de Camus, notamment sur les valeurs morales et politiques<ref group="S">{{Lien web |titre=La philosophie de Nietzsche – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie |url=https://la-philosophie.com/philosophie-nietzsche |site=la-philosophie.com |consulté le=2024-01-13}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=Nietzsche et la morale – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie |url=https://la-philosophie.com/nietzsche-morale |site=la-philosophie.com |consulté le=2024-01-13}}</ref>.
{{Citation bloc|L’absurde occupe, dans la pensée de Camus, le rôle de pivot que Nietzsche assigne au [[nihilisme]] — dès qu’il est entrevu, toute doctrine en témoigne et avère son emprise en essayant de le réfuter : « Nietzsche [reconnaît Camus], colonise au profit du nihilisme les valeurs qui, traditionnellement, ont été considérées comme des freins au nihilisme. Principalement, la morale »<ref>{{Ouvrage|titre=L’Homme révolté, « Nietzsche et le nihilisme »|éditeur=Gallimard NRF|collection=Folio|année=1951|passage=91|isbn=978-2070212095}}</ref>. Avisés, l’un et l’autre, que les êtres de chair prennent l’habitude de vivre, longtemps avant d’adopter la manie de penser, Nietzsche et Camus sont des ''humanistes de l’inhumain'', qui pensent à hauteur d’homme sans jamais verser dans l’anthropocentrisme. Si un homme accepte, un beau jour, de vivre dans un monde dépouillé de ses chimères, c’est davantage l’effet de « [[Force (philosophie)#Nietzsche et la force comme volonté de puissance|l’énergie]] » (Nietzsche) ou de « l’amour » (Camus) que de la fatigue. Nous sommes un corps avant tout. Un corps mêlé, mobile et spontanément rétif à l’anéantissement : « le chemin de la lutte me fait rencontrer la chair. Même humiliée, la chair est ma seule certitude. Je ne puis vivre que d’elle. La créature est ma patrie. Voilà pourquoi j’ai choisi cet effort absurde et sans portée. Voilà pourquoi je suis du côté de la lutte »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Camus|titre=Le Mythe de Sisyphe|éditeur=Gallimard NRF|collection=Idées|passage=chapitre « La conquête » de « L’homme absurde », p. 115.}}</ref>. [...] Le savoir-vivre dépasse le savoir-faire : qu’une œuvre soit ou non à la hauteur d’une vie, l’artiste, ou le créateur, est d’abord un grand vivant, et Nietzsche paraît à Camus « être le seul artiste à avoir tiré les conséquences extrêmes d’une esthétique de l’Absurde, puisque son ultime message réside dans une lucidité stérile et conquérante et une négation obstinée de toute consolation surnaturelle »<ref>Appendice du ''Mythe de Sisyphe'', « L’espoir et l’absurde dans l’œuvre de Franz Kafka », {{p.|167}}.</ref>. Il faut aimer le monde et la vie au point [[Éternel retour (concept nietzschéen)|d’en désirer le retour éternel]]. Ou bien d’imaginer Sisyphe heureux<ref>Frantz FAVRE, « Quand Camus lisait Nietzsche », {{Article|prénom1=Mark|nom1=Orme|titre=Albert Camus, 20: 'Le Premier Homme' en perspective by Raymond Gay-Crosier (éd.)|périodique=Modern Language Review|volume=100|numéro=3|pages=192-206|date=2005-07|issn=2222-4319|doi=10.1353/mlr.2005.a826548|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1353/mlr.2005.a826548|consulté le=2024-01-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|prénom1=Gilbert|nom1=Merlio|titre chapitre=Sisyphos und der Übermensch|titre ouvrage=Friedrich Nietzsche und die Literatur der klassischen Moderne|éditeur=Walter de Gruyter|date=2009-11-12|pages totales=283–312|isbn=978-3-11-021302-7|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1515/9783110217032.283|consulté le=2024-01-16}}</ref>{{,}}<ref>Maurice WEYEMBERGH, ''Albert Camus ou la mémoire des origines'', De Boeck Université, coll. « Le point philosophique », Bruxelles, 1997.</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |nom=philomag |titre=Nietzsche. L'antisystème |url=https://www.philomag.com/articles/nietzsche-lantisysteme |site=Philosophie magazine |date=2015-07-09 |consulté le=2024-01-16}}</ref>.
|Raphaël Enthoven, « Camus, Albert », « C », Dorian Astor éd., ''Dictionnaire Nietzsche'', Bouquins, 2017, p. 118<ref>{{Article|prénom1=Paul|nom1=Valadier|titre=Dorian Astor (dir.), Dictionnaire Nietzsche, Robert Laffont, « Bouquins », 2017, 1 024 pages, 32 €.|périodique=Études|volume=Juin|numéro=6|pages=XVIII–XVIII|date=2017-05-30|issn=0014-1941|doi=10.3917/etu.4239.0119r|lire en ligne=https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/dictionnaire-nietzsche--9782221131237.htm|consulté le=2024-01-16}}</ref>.}}
== Œuvres ==
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Dès l'[[incipit]] de ''L'Étranger'' (« Aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier je ne sais pas »), le personnage de Meursault {{citation|se présente étranger par étrangeté}}, par une sorte d'[[apathie]] qui l'éloigne de toute émotion, et qui traduit son mépris des valeurs communes. C'est ce qui condamne le personnage aux yeux des autres. Selon l'universitaire Marie Jejcic, le mépris est un concept qui alimente l'absurde chez Camus. Meursault semble vivre son quotidien de manière quasi-mécanique, sans saisir les convenances de la société. Selon l'auteur Christophe Junqua, Camus met en évidence {{citation|l'absurde sourd}} des situations dans lesquelles le personnage montre son {{citation|inadéquation avec les codes}}. Côtoyer les autres lui est difficile, {{citation|parce qu’ils lui rappellent sans cesse, par les codes qu’ils ont intériorisés, sa propre étrangeté, c’est-à-dire son décalage permanent avec les convenances ou les attentes d’autrui}}. Meursault s'exclurait même de l'[[humanité]], {{citation|en se soustrayant à la compréhension}} des autres, du fait qu'il est incapable de s'expliquer. Le mal reste humain, mais l'absurde ne l'est pas<ref name="Jejcic">{{ouvrage|auteur=Marie Jejcic|titre=De l'étranger à l'Absurde|éditeur=ERES|année=2010|passage=97 à 108|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-essaim-2010-1-page-97.htm}}.</ref>{{,}}<ref name="Junqua">{{ouvrage|auteur=Christophe Junqua|titre=Regard sur L’Étranger de Camus|éditeur=Armée de terre|année=2017|passage=161 à 170|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-inflexions-2017-1-page-161.htm}}.</ref>.
Ce qui réconcilie précisément l'humain avec lui-même, c'est {{citation|la reconnaissance de l'absurde}} : Meursault n'est plus étranger à lui-même lorsqu'il use de sa liberté en refusant de se faire pardonner devant Dieu (le {{citation|masque ultime de l'absurde}}). Sa conscience de sa propre {{citation|densité existentielle}} se développe avec la seule véritable certitude qui s'annonce à lui, celle de sa mort prochaine. Plus le futur se restreint et plus les possibilités d'actions
=== ''Le Mythe de Sisyphe'' ===
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=== ''La Peste'' ===
{{Article connexe|La Peste}}
[[Fichier:La Peste (Albert Camus).jpg|
En 1947, ''La Peste'' montre que les cycles ne sont ni rigides, ni étanches. Dans cette chronique, [[Sisyphe]] et [[Prométhée]] cohabitent, représentant les deux temps de la ''révolte'' : le premier, au niveau individuel, refuse la condition que lui font les dieux, le second affirme la cause de l’homme et veut son affranchissement. En 1955, à la radio, Camus résumait en ces termes son roman : « ''La Peste'' est l’histoire d’une épidémie qui s’abat sur une ville où des gens vivant individuellement de la manière la plus banale et la plus simple sont peu à peu entraînés dans cette épidémie, dans cette tragédie collective, et finissent par ne faire qu’un amalgame sous la domination de la maladie. Ensuite, la maladie recule et peu à peu ces individus reprennent leur activité comme ils le peuvent »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Albert Camus en 1955 évoque « La Peste » {{!}} INA |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/albert-camus-en-1955-evoque-la-peste |site=ina.fr |consulté le=2024-01-05}}</ref>.
Interprétée comme une métaphore de la résistance au [[nazisme]] et un appel à la solidarité humaine face à l'oppression, Camus y promeut l'idée de la responsabilité individuelle face à l'injustice, un thème qui traverse toute son œuvre. Mais en 1946, lorsqu'il met un point final à ''La Peste'', il le fait sans joie : « J’ai l’idée que ce livre est totalement manqué, que j’ai péché par ambition et cet échec m’est très pénible. Je garde ça dans mon tiroir, comme quelque chose d’un peu dégoûtant ». En 1959, Albert Camus revenait sur la douloureuse solitude de l'écrivain dans un entretien pour la télévision française : « Un écrivain travaille solitairement. Est jugé dans la solitude. Surtout se juge lui-même dans la solitude. Cela n’est pas bon, ni sain »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Sur la scène décorée du théatre, ALBERT CAMUS p... {{!}} INA |url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i05054670/sur-la-scene-decoree-du-theatre-albert-camus-p |consulté le=2024-01-09}}</ref>. Et il finit ainsi par donner le manuscrit à Gallimard, qui fait paraître le livre en juin 1947. Cependant, le succès en librairie est immense. C’est la première fois pour Camus, qui se dit « déconcerté ».
À la fin de ''La Peste'', l'écrivain fait dire au héros principal, le docteur Rieux, qu'il a rédigé cette chronique {{citation|pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser}} Tout en montrant les capacités humaines de solidarité, de combat, Camus alerte pour ne jamais oublier les leçons des épreuves : « Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais »<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |prénom=Camille |nom=Renard |titre=Comment Albert Camus a écrit « La Peste » |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/comment-albert-camus-a-ecrit-la-peste-8621090 |site=France Culture |date=2020-06-27 |consulté le=2024-01-09}}</ref>.
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{{article détaillé|L'État de siège|Les Justes}}
[[Fichier:Les Justes.jpg|droite|sans_cadre|328x328px]]
{{Citation bloc|De plus loin que je me souvienne, il a toujours suffi qu'un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu'elle s'arrête, il s'en faut. Mais enfin, elle grince, et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper.|La secrétaire, ''L'État de siège'', Gallimard
Dans la moins connue de ses pièces, Albert Camus raconte l'apparition d'une étrange [[peste]] dans la petite et paisible ville espagnole de Cadix. Cette peste est incarnée par un homme, allégorie de l'[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|Occupation]], de la dictature, du totalitarisme, de l'[[État policier]] ou [[Bureaucratie|bureaucratique]]. Elle instaure un [[état de siège]] qui apporte ordre, contrôle et surveillance ; tous semblent se plier à la terreur engendrée par cet état, tous, sauf Diego, qui décide de ne plus avoir peur et de se révolter<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=Avec L’État de siège, la lutte contre les totalitarismes |url=https://www.alternatives-non-violentes.org/Revue/Numeros/167_Albert_Camus_ou_le_refus_du_meurtre/Avec_Etat_de_siege_la_lutte_contre_les_totalitaris#3 |site=www.alternatives-non-violentes.org |consulté le=2024-01-15}}</ref>.
Cette pièce montre comment une collectivité (et non un individu, comme dans ''Caligula'') réagit face au malheur et à l'instrumentalisation de la peur. Elle est écrite dans un style lyrique, qui chante l'amour, la solitude de l'homme face à son destin, la communion d'une cité. Chez Camus, cette révolte est une activité intellectuelle, nécessitant un courage permanent, elle est un engagement nécessaire. « Ma vie n'est rien. Ce qui compte, ce sont les raisons de ma vie. Je ne suis pas un chien »<ref>Diego à la Peste dans ''L'État de siège'', Gallimard NRF, coll. « Folio théâtre », {{p.|208}}.</ref>. En 1950 à la radio, il affirma que ''L'État de siège'' est l'un de ses livres « qui me ressemblent le plus, [mais] c'est aussi celui qui a le moins plu »<ref name=":3" />{{,}}<ref group="S">{{Lien web |titre=L'État de siège - Folio théâtre - Folio - GALLIMARD - Site Gallimard |url=https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-theatre/L-Etat-de-siege |site=www.gallimard.fr |consulté le=2024-01-12}}</ref>{{,}}<ref group="S">{{Lien web |langue=fr |titre=Avec L’État de siège, la lutte contre les totalitarismes |url=https://www.alternatives-non-violentes.org/Revue/Numeros/167_Albert_Camus_ou_le_refus_du_meurtre/Avec_Etat_de_siege_la_lutte_contre_les_totalitaris |site=www.alternatives-non-violentes.org |consulté le=2024-01-12}}</ref>.
{{Citation bloc|Vous avez cru que tout pouvait se mettre en chiffres et en formules ! Mais dans votre belle nomenclature, vous avez oublié la rose sauvage, les signes du ciel, les visages d'été, la grande voix de la mer, les instants du déchirement et la colère des hommes ! (Elle rit.) Ne riez pas. Ne riez pas, imbécile. Vous êtes perdus, je vous le dis. Au sein de vos plus apparentes victoires, vous voilà déjà vaincus, parce qu'il y a dans l'homme - regardez-moi - une force que vous ne réduirez pas, ignorante et victorieuse à tout jamais. C'est cette force qui va se lever et vous saurez alors que votre gloire était fumée.|Diego à la secrétaire, ''L'État de siège'', Gallimard
=== ''Le Premier Homme'' ===
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=== Notes ===
{{Références|group=Note|taille=30}}
=== Références ===
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==== Sources secondaires ====
{{Références nombreuses|taille=30|groupe=S}}
== Voir aussi ==
{{Autres projets
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| wikiquote = absurde
| wiktionary = absurde
}}
=== Bibliographie ===
==== Ouvrages ====
* {{Ouvrage|nom1=Albert Camus|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]]|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|collection=Les Essais|année=1942|isbn=2-07-032288-2|id=MythedeSisyphe}}. Autres éditions : Reliures d'éditeur, 1953 - Soleil, 1961 - Idées, 1962 - [[Folio (Gallimard)|Folio essais]], 1985 - NRF Essais, 1990.
* {{Ouvrage|nom1=Albert Camus|titre=[[L'Homme révolté]]|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|collection=Blanche|année=1951|isbn=9782070212095|id=LHommerévolté}}. Autres éditions : Reliures d'éditeur, 1951 - Soleil, 1958 - Idées, 1963 - Folio essais, 1985 - Écoutez lire, 2021.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Abbou|titre=Albert Camus, entre les lignes : 1955-1959 : adieu à la littérature ou fausse sortie|lieu=Paris Biarritz|éditeur=Séguier Atlantica|année=2009|pages totales=196|isbn=9782840495635}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Maïssa|nom1=Bey|préface=Catherine Camus|titre=L'ombre d'un homme qui marche au soleil : réflexions sur Albert Camus|lieu=Montpellier|éditeur=Chèvre-feuille étoilée|collection=Autres Espaces|année=2006|mois=7|jour=1|pages totales=100|isbn=2914467370}}.
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* {{ouvrage|auteur=Paul A. Fortier|titre=Une lecture de Camus : la valeur des éléments descriptifs dans l’œuvre romanesque|éditeur=Klincksieck|année=1977}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Raymond|nom1=Gay-Crosier|prénom2=Agnès|nom2=Spiquel|titre=Cahier de L'Herne Camus|lien titre=L'Herne|lieu=Paris|éditeur=L'Herne|année=2013|mois=septembre|isbn=9782851971722}}.
* {{ouvrage|auteur=[[Roger Grenier]]|titre=[[Albert Camus, soleil et ombre]] (une biographie intellectuelle)|éditeur=Gallimard|année=1987|asin=B00N08YTGU
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Roger|nom1=Grenier|lien auteur1=Roger Grenier|titre=Album Camus : iconographie choisie et commentée|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=[[Bibliothèque de la Pléiade]]|numéro dans collection=21|année=1982|mois=5|jour=12|pages totales=328|isbn=2070110451|lire en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Albums-de-la-Pleiade/Album-Camus
* {{Ouvrage|auteur1=Jean Grenier|lien auteur1=Jean Grenier (écrivain)|titre=Albert Camus. Souvenirs|lien titre=Albert Camus. Souvenirs|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=Blanche|date=14-11-1968|pages totales=192|isbn=9782070270460|lire en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Albert-Camus}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Jeanyves|nom1=Guérin|titre=Camus et la politique : actes du colloque de Nanterre, 5-7 juin 1985|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|année=1986|isbn=2858026777
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Jeanyves|nom1=Guérin|titre=Camus : portrait de l'artiste en citoyen|lieu=Paris|éditeur=édition François Bourin|année=1993|isbn=2876861518}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Jeanyves Guérin|titre=Dictionnaire Albert Camus|lieu=Paris|éditeur=Éditions Robert Laffont|lien éditeur=Éditions Robert Laffont|collection=Bouquins|date=19 Novembre 2009|pages totales=992|isbn=9782221107348|lire en ligne=http://www.bouquins.tm.fr/site/dictionnaire_albert_camus_&100&9782221107348.html}}.
* {{ouvrage|auteur=Joseph Hermet|titre=À la rencontre d'Albert Camus|éditeur=Beauchesne|année=1997|isbn=978-2701012100}}.
* {{ouvrage|auteur=Joseph Hermet|titre=Albert Camus et le christianisme|éditeur=Beauchesne|année=1997|isbn=978-2701003870}}.
* {{ouvrage|auteur=[[Alice Kaplan]]|titre=En quête de L'Étranger|éditeur=Gallimard|année=2016|isbn=978-2070178582}}.
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* {{ouvrage|auteur=[[José Lenzini]]|titre=Camus et l'Algérie|éditeur=[[Édisud|Éditions Édisud]], Collection Les Écritures|année=2010|pages=159|isbn=2744908517}}.
* [[José Lenzini]], « Camus et l'Algérie : la fin d'un purgatoire pour un mal entendu », ''La pensée de midi'', vol. 31, no. 2, 2010, {{p.|117-119}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Herbert R. Lottman|lien auteur1=Herbert R. Lottman|titre=Albert Camus|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil.|lien éditeur=Éditions du Seuil|date=1978|pages totales=686|isbn=9782020050081
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Dolorès|nom1=Lyotard|titre=Albert Camus contemporain|lien titre=Albert Camus contemporain|lieu=Villeneuve-d'Ascq|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|collection=Objet|année=2009|pages totales=218|isbn=2757401114}}.
* Philippe Malidor, ''Camus face à Dieu'', Excelsis, 2019, 190 pages. {{ISBN|978-2-7550-0369-7}}, Préface d'André Comte-Sponville
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Lawrence|nom1=Olivier|lien auteur1=Lawrence Olivier|nom2=Jean-François Payette|titre=Albert Camus nouveaux regards sur sa vie et son œuvre|lien titre=Camus, nouveaux regards sur sa vie et son œuvre|lieu=Sainte-Foy|éditeur=Presses de l'Université du Québec|année=2007|pages totales=164|isbn=2760515060}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Prouteau, Anne (dir.), Spiquel, Agnès (dir.)|titre=Lire les Carnets d'Albert Camus. Nouvelle édition|lieu=Villeneuve d'Ascq|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|année=2012|isbn=978-2-7574-1874-1|doi=https://doi.org/10.4000/books.septentrion.13612|lire en ligne=https://books.openedition.org/septentrion/13612|consulté le=20 janvier 2024}}
* {{ouvrage|auteur=[[Roger Quilliot]]|titre=[[La Mer et les Prisons]]|éditeur=Éditions Gallimard|année=1956|isbn=978-2070253296}}.
* {{Ouvrage|langue=français|auteur1=Pierre-Louis Rey|titre=Camus. L'homme révolté|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=Découvertes Gallimard|série=Littératures|numéro dans collection=488|date=06-04-2006|pages totales=128|isbn=9782070318285|lire en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Decouvertes-Gallimard/Decouvertes-Gallimard/Litteratures/Camus
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Rondeau|lien auteur1=Daniel Rondeau|titre=Camus, ou, Les promesses de la vie|lien titre=Camus ou les Promesses de la vie|lieu=Paris, France|éditeur=Mengès|année=2005|pages totales=174|isbn=2856204619}}.
* {{ouvrage|auteur=Denis Salas|titre=Albert Camus, la juste révolte|éditeur=éditions Michalon|année=2002|isbn=978-2841861699}}.
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Macha|nom1=Séry|titre=Albert Camus à 20 ans : premiers combats|lieu=Vauvert|éditeur=Au diable vauvert|collection=A vingt ans|année=2011|isbn=9782846263856}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Virgil|nom1=Tănase|lien auteur1=Virgil Tănase|titre=Camus|lien titre=Camus (Tanase)|lieu=Paris|éditeur=Gallimard NRF|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=Folio Biographies|numéro dans collection=65|année=2010|mois=1|jour=21|pages totales=416|isbn=9782070344321|lire en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-biographies/Camus}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Olivier|nom1=Todd|lien auteur1=Olivier Todd|titre=Albert Camus : une vie|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=NRF Biographies|année=1996|mois=2|jour=13|pages totales=864|isbn=9782070732388|lire en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/NRF-Biographies/Albert-Camus
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Vircondelet|lien auteur=Alain Vircondelet|titre=Albert Camus, fils d'Alger|lien titre=Albert Camus, fils d'Alger|lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=2010|isbn=9782213638447
* Jean-Michel Wavelet, ''Albert Camus – La Voix de la pauvreté'', l’Harmattan, 2023.{{ISBN|978-2-14-031704-0}}.
* {{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Robert Zaretsky|titre=A Life Worth Living: Albert Camus and the Quest for Meaning|lieu=Cambridge, Massachusetts|éditeur=Harvard University Press|date=7-11-2013|pages totales=240|isbn=9780674724761|lire en ligne=http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674724761}}.
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==== Camus et les libertaires ====
* [[Sylvain Boulouque]] et le collectif de « Rencontres
* Collectif du Maitron ''[[Dictionnaire des anarchistes]]'', « Le Maitron » : [https://maitron.fr/spip.php?article18516 notice biographique].
* [[Lou Marin]], ''Albert Camus et les [[libertaire]]s'', écrits rassemblés et présentés par Égrégores éditions, Marseille, 2008.
* [[Lou Marin]], ''Albert Camus, écrits libertaires (1948-1960)'', [[Indigène éditions]], 2013, 337 pages {{ISBN|979-10-90354-37-1}}, <small>[http://www.indigene-editions.fr/esprit/albert-camus-ecrits-libertaires.html notice éditeur]</small>
* [[Lou Marin]], ''Camus et sa critique [[libertaire]] de la violence'', [[Indigène éditions]], 2010, <small>[http://www.indigene-editions.fr/ceux-qui-marchent-contre-le-vent/camus-et-sa-critique-libertaire-de-la-violence.html notice éditeur]</small>
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Onfray|lien auteur1=Michel Onfray|titre=L'Ordre libertaire : la vie philosophique d'Albert Camus|lieu=Paris|éditeur=J'ai lu|année=2012|isbn=9782290059807
* [[Philippe Pelletier]], ''Albert Camus, [[Élisée Reclus]] et l’Algérie : les « indigènes de l’univers »'', Le Cavalier bleu, 2015.
* [[Jacques Simon (historien)|Jacques Simon]], ''Albert Camus un libertaire révolutionnaire'', Tamurt.info, {{date-|17 octobre 2013}}, <small>[http://www.tamurt.info/albert-camus-un-libertaire-revolutionnaire,4856.html?lang=fr texte intégral].</small>
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* [[Guy Dumur]], « Les silences d'Albert Camus », ''Médecine française'', 1948.
* {{Lien web |auteur=Daniel Fortin |titre=Enquête sur Albert Camus |url=https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/enquete-sur-albert-camus-1163882 |site=[[Les Echos]] |date=17 janvier 2020 |consulté le=2 avril 2020}}.
* ''[https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/algerie-en-finir-avec-le-mythe-camus,6652 Algérie. En finir avec le mythe Camus]'', par Sarra Grira, ''[[Orient XXI]]'', 7 août 2023.
* Mustapha Harzoune, [http://hommesmigrations.revues.org/1104 « Michel Onfray, ''L’Ordre libertaire''. La vie philosophique d’Albert Camus »], ''Hommes et migrations'', {{numéro|1295}}, 2012.
* [[Francis Jeanson]], « Albert Camus ou l'âme révoltée », ''Les Temps modernes'', 1952.
* {{Chapitre|auteur1=Patrick Marcolini|titre chapitre=Albert Camus|auteurs ouvrage=Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset (coordination)|titre ouvrage=Aux origines de la décroissance|sous-titre ouvrage=Cinquante penseurs|éditeur=L'Échappée - Le Pas de côté - Écosociété|date=2017|pages totales=312|passage=38-43|isbn=978-23730901-7-8
* [[Arno Münster]], « La révolte contre la révolution », conférence présentée à la [[Bibliothèque Louis-Nucéra]], Nice, le {{date-|21 octobre 2014}}.
* [[Jean Négroni]], « Albert Camus et le théâtre de l'Équipe », ''Revue d'histoire du théâtre'', 1960.
Ligne 399 ⟶ 393 :
* [[Jacqueline Lévi-Valensi]], ''Camus à Combat'', Cahiers Albert Camus {{numéro|8}}, Gallimard, 2002.
* [[Michel Onfray]], ''L’Ordre libertaire, la vie philosophique d’Albert Camus'', Flammarion, 596 pages, 2012.
* Rédaction du [[Le Monde|Monde]] ''Albert Camus (1913-1960). La révolte et la liberté'', hors-série ''[[Le Monde]]'', collection « Une vie, une œuvre », 122 pages, {{date-|septembre 2013}}.
* [[Emmanuel Roblès]], ''Camus, frère de soleil'', éditions Le Seuil, 1995.
* Aronson Ronald ''Camus et Sartre, Amitié et combat'', éditions Alvik, 2005.
Ligne 407 ⟶ 401 :
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf88021820/albert-camus-presente-les-possedes-au-theatre-antoine Albert Camus présente « Les Possédés » au Théâtre Antoine], par [[Simone Berriau]], JT nuit, 24 janvier 1959 (06 min).
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i00016140/albert-camus-a-propos-de-la-piece-de-theatre-les-possedes Albert Camus à propos de la pièce de théâtre ''Les Possédés''], interview par [[Pierre Dumayet]], Lectures pour tous, 28 janvier 1959 (07 min).
* [https://loopsider.com/fr/video/le-bonheur-selon-albert-camus Le bonheur selon Albert Camus], [[Institut national de l'audiovisuel|Archive INA]] datant de 1959 récupérée par ''[[Loopsider]]'', 2020 (3 min).
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/audio/phd86081761/conference-d-albert-camus-sur-l-algerie-et-les-ecrivains-algeriens Conférence d'Albert Camus sur l'Algérie et les écrivains algériens] au Cercle de la France d'Outre-Mer à Paris, 15 novembre 1958 (17 min).
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/audio/p13077668/camus-lit-un-extrait-de-la-peste Camus lit un extrait de « La Peste »], Radio Sorbonne, 16 mars 1948 (05 min).
Ligne 415 ⟶ 409 :
* ''Présence d'Albert Camus'', court-métrage documentaire de Georges Régnier, de 1962.
* ''Albert Camus'', émission télévisée conçue par [[Cécile Clairval-Milhaud|Cécile Clairval]] et réalisée par [[Paul Vecchiali]], diffusée le {{date-|25 mai 1974}} (91 min).
* ''[https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/pac03025782/de-la-resistance-a-l-existentialisme De la résistance à l'existentialisme]'', Quand naissait le théâtre d'aujourd'hui à Paris, diffusée le 09 novembre 1977 (14 min).
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i11075521/les-justes Extrait de « Les Justes »], [[Office de radiodiffusion-télévision française|Office national de radiodiffusion télévision française]], 16 janvier 1966 (8 min).
* ''Albert Camus, une tragédie du bonheur'' (1913-1960), documentaire de [[Jean Daniel]] et [[Joël Calmettes]], avec les témoignages de [[Edmond Charlot]], [[Jules Roy]], Catherine Camus, Robert Gallimard, [[Balthus]], [[Catherine Sellers]], France 3, CKF Productions, 1999, {{heure||45}}.
Ligne 425 ⟶ 419 :
* ''[[Quand Sisyphe se révolte]]'', film documentaire réalisé par [[Abraham Segal]] ([[2013]]).
* ''Albert Camus, l'icône de la révolte'' de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler, {{heure||56}}. Téléfilm diffusé le {{date-|4 janvier 2020}} sur [[Public Sénat]]. Co-produit par Public Sénat et Plaj productions. Intervenants : Catherine Camus, [[Abd Al Malik]], [[Raphael Enthoven]] {{voir en ligne|lien=https://www.publicsenat.fr/emission/documentaires/albert-camus-l-icone-de-la-revolte-147608/|langue=|texte=film intégral|date=25 janvier 2020}}.
* ''Les vies d'Albert Camus'', film documentaire français de [[Georges-Marc Benamou]] diffusé le {{date-|22 janvier 2020}} sur [[France 3]] ({{heure||98}}).
=== Émissions radiophoniques ===
* [[Jean Lebrun]] et Ève Morisi, ''Albert Camus et le terrorisme'', série Albert Camus épisode 1, [[La Marche de l'Histoire]], France Inter, {{date-|6 janvier 2020}}, <small>[https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-06-janvier-2020 écouter en ligne]</small>.
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/audio/phz05069463/interview-de-maria-casares-sur-les-justes-d-albert-camus Interview de Maria Casarès sur « Les Justes » d'Albert Camus], ''Rendez-vous à cinq heures'', 15 mars 1950 (10 min).
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/audio/phz05069543/l-homme-revolte-d-albert-camus « L'Homme révolté » d'Albert Camus], Le goût des livres, 29 décembre 1951 (17 min).
* [https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-albert-camus-la-pensee-de-midi Albert Camus, la pensée de midi], série de {{nobr|14 épisodes}}, ''Les Grandes Traversées'', [[France Culture]], août 2006 (915 min, 15h et 25 min).
=== Articles connexes ===
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* [[La Mer et les Prisons]]
* [[Michel Onfray]]
* [[Jean
* [[Existentialisme]]
* [[Søren Kierkegaard]]
* [[Glossaire de philosophie]]
* [[rationalité|Irrationalité]]
* [[Non-sens]]
* [[Sens (métaphysique)]]
* [[Credo quia absurdum]]|taille=20}}
Ligne 465 ⟶ 457 :
=== Bases de données et dictionnaires ===
{{Liens}}
{{Palette|Albert Camus||Athéisme||Prix Nobel français}}
{{Portail|littérature française|philosophie|théâtre|prix Nobel|anarchisme|athéisme|8=Littérature algérienne|littérature|9=arts}}
Ligne 473 ⟶ 466 :
[[Catégorie:Humanisme]]
[[Catégorie:Philosophie contemporaine]]
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