« Train Kastner » : différence entre les versions

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[[Image:Rudolf Kastner at Kol Yisrael, early 1950s - cropped (2).jpg|vignette|Rudolf Kastner en Israël, dans les années 1950.]]
Le '''train Kastner''' ou '''train''' ou '''transport Bergen-Belsen''' est un convoi ferroviaire de 35 wagons à bestiaux qui, le {{date-|30 juin 1944}}, quitte [[Budapest]], alors sous [[occupation nazie]], et transporte plus de {{formatnum:1600}} personnes juives d'abord à [[Bergen-Belsen]] puis en [[Suisse]], {{Référence nécessaire|en échange d'une énorme rançon versée par Yitzchak Sternbuch|date=19 mai 2024}}, conjoint de [[Recha Sternbuch]]<ref name=date>For 30 June, see Bauer (1994), p.&nbsp;199; for the date and time (30 June, towards 11 pm), see Löb (2009), pp.&nbsp;50, 97; for 35 cattle trucks, see p.&nbsp;97. Porter (2007), p.&nbsp;234, writes that the train left Budapest at half an hour after midnight on Saturday, 1 July. The number of passengers most often cited is 1,684. This was the number registered when the train arrived at the Bergen-Belsen concentration camp. The number on board when the train left Budapest is not known, because people jumped on and off while the train was in motion.</ref>. Le train porte le nom de [[Rudolf Kastner]] (ou Kasztner), avocat et journaliste hongrois qui fait partie des fondateurs du [[Comité d'aide et de sauvetage]], groupe basé à [[Budapest]] qui transportait discrètement des personnes juives hors d'Europe pendant la [[Shoah]].
 
== Négociations pour un train de rescapés et ''Trucks for blood'' ==
[[Fichier:Adolf Eichmann, 1942.jpg|vignette|Eichmann en 1942.]]
Se fondant sur l’exemple erroné de la [[Shoah en Slovaquie|Slovaquie]], les dirigeants juifs hongrois acceptent de négocier<ref name="Braham">Randolph L. Braham, « [https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2006-2-page-397.htm Les opérations de sauvetage en Hongrie : mythes et réalités] », ''Revue d’histoire de la Shoah'', 2006/2, {{n°|185}}, {{p.}}397-426.</ref>. Pour les [[Schutzstaffel|SS]], il s’agit d’éviter les principales difficultés dans la [[Shoah en Hongrie|déportation des juifs de Hongrie]] et de récupérer la plus grande part possible de leurs richesses. Certains dirigeants juifs en étaient conscients, mais pensaient pouvoir gagner du temps<ref name="Braham"/>. Kasztner[[Rudolf Kastner]] a vu les négociations surconcernant les 600 juifsJuifs pourvus d‘un visa comme un test du sérieux des autres propositions des nazis<ref>[[Leora Bilsky]], « Judging Evil in the Trial of Kastner », ''Law and History Review'', printemps 2001, Vol. 19, {{n°|1}}, {{p.}}137.</ref>.
 
Le 25 avril 1944, [[Adolf Eichmann]] propose de vendre {{formatnum:nombre|10000}} juifsJuifs contre des camions et du matériel de guerre à [[Joel Brand]]<ref name="holocaust">United States Holocaust Memorial Museum, « [https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/rudolf-rezsoe-kasztner Rudolf (Rezsö) Kasztner], ''Holocaust Encyclopedia'', consulté le 15 mars 2024.</ref>{{,}}<ref name="Braham"/>. Selon d’autres historiens, la rencontre a lieu pendant l'[[été]] [[1944]], et c’est le comité d'assistance qui voulait aboutir à un échange de {{nombre|10000|camions}} fournis à l'armée allemande via l'[[Agence juive]] par les Britanniques en échange du [[Sauvetage de Juifs pendant la Shoah|sauvetage]] d'un million de juifsJuifs<ref>[[Henry Rousso]], « [http://www.franceculture.com/emission-le-bien-commun-juger-eichmann-2011-06-25.html Juger Eichmann] », ''Le bien commun'', émission sur France Culture, 25 juin 2011</ref>{{,}}<ref name="histoire-rousso">Henry Rousso, « Il faut tuer Rudolf Kasztner », ''L’Histoire'', no 374, avril 2012, p. 24-25</ref>. Eichmann demande, et le comité d’assistance accepte, des biens manquant à l’Allemangel’Allemagne : du [[savon]] (2 millions), 200 tonnes de [[thé]], 800 tonnes de [[café]], du [[tungstène]], etc<ref name="combe">Sonia Combe, « Quand Israël sacrifiait un héros », ''Le Monde diplomatique'', mars 2024, {{p.}}22.</ref>{{,}}<ref name="nadeau">Sonia Combe, « [https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/12/08/liste-kasztner-leker/ La liste Kastner] », ''En attendant Nadeau'', publié le 8 décembre 2021, consulté le 15 mars 2024</ref>{{,}}<ref name="memorial-avr">« [https://kasztnermemorial.com/apr44.html Avril 1944] », ''Kasztner Memorial'', consulté le 17 mars 2024</ref>. Ces livraisons devaient, au départ des négociations, permettre d’envoyer {{formatnum:nombre|20000}} juifsJuifs [[Shoah en Autriche|en Autriche]] plutôt qu’à [[Auschwitz]]<ref name="nadeau"/>. Les partisans de Kastner{{qui}} soutiennent que cet accord sur le train faisait partie d'un projet beaucoup plus important de négociations pour sauver tous les Juifs hongrois{{refnec}} : d'après [[Joël Brand]], camarade de Kastner au Comité d'aide, Eichmann lui aurait proposé d'échanger « un million de Juifs hongrois contre {{nombre|10000|camions}} ». La proposition, dont la fiabilité demeure une question de spéculation selon l'historien [[Raul Hilberg]] {{Incise|d'autres, comme l'historien {{lien|Miroslav Kárný}}, considèrent que cette proposition fut un leurre, affirmant entre autres qu'il n'y avait déjà plus, à cette date, « un million de Juifs » dans le Reich<ref name=MK2>{{lien|Miroslav Kárný}}, « [http://old.hrad.cz/kpr/holocaust/hist_zid_uk.html The Genocide of the Czech Jews] », ''in'' Miroslav Karný (ed), ''Terezínská pamětní kniha''. 2 volumes. Prague, République tchèque: Melantrich, 1995.</ref>}} ; Raya Cohen le considère comme « irréalisable »<ref>Raya Cohen, « [https://www.persee.fr/doc/ihtp_0247-0101_1998_num_72_1_1620 Le débat historiographique en Israël autour de la Shoah : le cas du leadership juif.] », Conférence faite à l’IHTP en mai 1998, ''Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent'', {{n°|72}}, octobre 1998. {{p.}}59.</ref>.. De même, la question de savoir si c’est Eichmann qui a proposé le marché ou si c’est KasztnerKastner (comme l’écrit Leora Bilsky, partisane de KasztnerKastner<ref name="bilsky-evil">[[Leora Bilsky]], « Judging Evil in the Trial of Kastner », ''Law and History Review'', printemps 2001, Vol. 19, {{n°|1}}, {{p.}}119.</ref>.), dépend de quel témoignage, celui d’Eichmann ou de KasztnerKastner, est privilégié.
 
Le 10 mai 1944, KasztnerKastner est arrêté par le [[Sicherheitsdienst|Sipo-SD]], à l’instigation de Brand et [[Bandi Grosz]], avec qui il s’oppose à propos de la mission à [[Istanbul]]. Il est libéré deux jours plus tard. Le 15 mai, les déportations de masse des Juifs de Hongrie commencent. Le 17 mai, Brand et Grosz partent pour Istanbul ''via'' [[Vienne (Autriche)|Vienne]]<ref name="memorial-mai">[https://kasztnermemorial.com/mai44.html Mai 1944] », ''Kasztner Memorial'', consulté le 17 mars 2024</ref>. Joël Brand, pris pour un espion, est arrêté par les Britanniques dès son arrivée à la gare d’[[Alep]] et expédié en prison au [[Le Caire|Caire]]<ref>David Luban, « A Man Lost in the Gray Zone », ''Law and History Review'', printemps 2001, 19-1, {{p.}}165.</ref>, mais peut communiquer avec les responsables sionistes locaux, ce qui lui permet de transmettre un message à l’ambassadeur des États-Unis à [[Ankara]], [[Laurence Steinhardt]], également juif<ref name="memorial-mai"/>. Les négociations avec l’Agence juive ne peuvent continuer. Kastner décide alors de [[bluff]]er, et continue les négociations, faisant preuve de ''[[chutzpah]]'' selon [[Tivadar Soros]]<ref name="combe"/>{{,}}<ref name="nadeau"/>. Il rencontre Eichmann le 22 mai, qui lui confirme que 600 juifsJuifs détenteurs de passeports palestiniens peuvent être sauvés<ref name="Braham"/>{{,}}<ref name="memorial-mai"/>. En négociant, KasztnerKastner réussit à faire augmenter ce nombre à {{formatnum:nombre|1685|Juifs}} Juifs<ref name="Braham"/>, contre plusieurs conditions :
* le versement d'une somme de {{formatnum:nombre|1000}} à {{formatnum:nombre|2000}} |[[Dollar US|dollars]]}} par personne sauvée ;
* le secret sur l’opération, qui garantissait aux SS de pouvoir mener leurs opérations de déportation dans le calme, en évitant un épisode semblable à l’[[soulèvement du ghetto de Varsovie|insurrection du ghetto de Varsovie]]<ref name="Braham"/>.
 
Pendant ces négociations, les déportations de Juifs continuent à un rythme de {{formatnum:nombre|12000}} par jour<ref name="memorial-dec42">« [https://kasztnermemorial.com/dec42.html Décembre 42] », ''Kasztner Memorial'', consulté le 17 mars 2024</ref>.
 
La plupart des passagers ne peuvent pas se procurer une telle somme<ref name="histoire-rousso"/>{{,}}<ref name=Kadar/>. Aussi Kastner met-ila mis aux [[enchère]]s 150 places pour des Juifs fortunés de façon à payer les places pour les autres. En plus, l'officier SS [[Kurt Becher]], l'envoyé d'[[Heinrich Himmler]], insiste pour que 50 sièges soient réservés aux familles de personnes qui lui ont versé de l'argent personnellement afin d'obtenir de sa part certaines faveurs, moyennant la somme de {{formatnum:nombre|25000|dollars}} dollars par personne. Becher lors des négociations réussit aussi à augmenter le prix de la place de {{formatnum:nombre|1000}} à {{formatnum:nombre|2000|dollars}} dollars<ref name=Kadar>{{en}} Kadar, Gabor, et Vagi, Zoltan. ''Génocide autofinancé: le Train d'Or, le cas Becher et la richesse des Juifs hongrois''. Central European University Press, 2004, {{p.|213-214}}.</ref>. Le montant total de la rançon est estimée par la communauté juive à {{formatnum:nombre|8600000}} |[[Franc suisse|francs suisses]]}}, bien que Becher lui-même la chiffre à seulement {{formatnum:nombre|3000000}} de francs suisses<ref>'''(en)''': Ronald W. Zweig, ''Le Train d'Or : la destruction des Juifs et le pillage de la Hongrie'', Harper Collins, 2002, {{p.|226-227}}.</ref>. Becher était motivé par sa croyance en la défaite finale de l’Allemagne nazie<ref name="combe"/>{{,}}<ref name="Braham"/>.
 
Les personnes qui montent dans le train sont sélectionnées par un comité restreint, formé de Kasztner, [[Otto Komoly]], et d’autres dirigeants juifs hongrois. Cette liste n’est pas établie librement par les membres du comité : alors qu’ils voulaient privilégier [[Enfants pendant la Shoah|les enfants et les jeunes]], Eichmann refuse, car il souhaite faire passer le transport pour un train de [[complot]]eurs sionistes<ref>Paul Sanders, « The "strange Mr. Kastner" - Leadership ethics in Holocaust-era Hungary, in the light of grey zones and dirty hands », ''Leadership'', vol. 12, {{n°}}1, 2015, {{p.}}13.</ref>. Pour cette raison, il est impossible aujourd’hui de reconstituer la façon dont les passagers ont été sélectionnés<ref name="sanders14">P. Sanders, {{opcit}}, {{p.}}14.</ref>. En premier lieu, il y a de riches juifs, qui ont payé la rançon de l’ensemble des passagers ; des artistes, scientifiques et intellectuels ; des orphelins, des réfugiés de Slovaquie, de Pologne, de Yougoslavie ; mais aussi des personnes pour lesquelles on ne distingue aucun critère particulier<ref name="sanders14"/>. Parmi les passagers se trouve le [[rabbin]] antisioniste [[Joël Teitelbaum]] de la [[dynastie hassidique de Satmar]] ainsi que sa cour, quelques leaders du mouvement [[judaïsme orthodoxe|orthodoxe]] et [[judaïsme néologue|néologue]], des militants [[sionisme|sionistes]], [[Peter Munk]], fondateur de [[Barrick Gold]], leader mondial de la production d'or<ref>''Le Point'', 2011, {{numéro|2016}}, {{p.|88}}.</ref> ainsi que des juifs fortunés, des amis et la famille de KasztnerKastner. Par la suite, KasztnerKastner s’est défendu de ce dernier choix en indiquant qu’il l’a fait pour convaincre les autres de la sûreté du convoi. Un total de 338 juifsJuifs venaient du [[ghetto de Kolozsvár]] (la plupart proches de KasztnerKastner<ref name="Braham"/>). Il y avait aussi des journalistes, des enseignants, des artistes, des infirmières, des femmes au foyer avec des enfants, des paysans, des petits entrepreneurs<ref name="holocaust"/>.
 
Le 25 mai, Wenia Pomerantz explique le projet à [[Moshé Shertok]] et [[David Ben Gourion]]. Le même jour, l’ambassadeur Steinhardt prévient le [[Département d'État]]<ref name="memorial-mai"/>. Shertok et Ben Gourion rencontrent le Haut-Commissaire britannique en Palestine le 5 juin, [[Harold MacMichael|MacMichael]], et lui parlent du projet, qu’il rejette<ref name="memorial-jun">« [https://kasztnermemorial.com/jun44.html Juin 1944] », ''Kasztner Memorial'', consulté le 17 mars 2024</ref>.
 
Le 27 mai, Kasztner est arrêté par la police hongroise avec sa femme, Hansi Brand, Sholem Offenbach, trésorier de la Vaada, et son épouse. Hansi Brand est passée à tabac, restant alitée une semaine. Ils sont libérés le 2 juin, après intervention des SS<ref name="memorial-mai"/>.
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[[Fichier:SatmarRebbe36.jpg|vignette|Le rabbin [[Joel Teitelbaum]], un des rescapés du train Kasztner, ici en 1936.]]
[[Fichier:Caux Palace 2021.jpg|vignette|Le Caux-Palace, point d'arrivée des passagers du train Kasztner.]]
Le 10 juin 1944, 388 Juifs du [[ghetto de Kolozsvár]] (sur {{formatnum:nombre|18000}}) embarquent dans un train pour Budapest<ref name="memorial-jun"/>. À cette date, tous les habitants du ghetto ont déjà été déportés<ref>P. Sanders, {{opcit}}, {{p.}}19.</ref>. Ils sont enfermés dans un camp qui leur est réservé, dans la cour de l’institut Wechselmann pour les sourds<ref name="memorial-jun"/>.
 
Le {{date|30|juin|1944}}, le train part de [[Budapest]] avec {{formatnum:nombre|1686|Juifs}} Juifs à bord mais, contrairement à la parole donnée à Kastner, il est dirigé vers le camp de [[Bergen-Belsen]], où il arrive le [[8 juillet]]<ref name="holocaust"/>. Les passagers furent gardés pendant quelques semaines dans une section spéciale du camp de concentration, ''Ungarnlager'' (le camp des Hongrois)<ref name="holocaust"/> ou ''Bevorzugtenlager'' (camp des privilégiés)<ref name="Braham"/>. Ce train est aussi surnommé l’[[arche de Noé]] ; les nazis nommaient ce groupe « noyau biologique juif »<ref name="lahav122">Pnina Lahav, [http://ark.cdlib.org/ark:/13030/ft1z09n7hr/ ''Judgment in Jerusalem: Chief Justice Simon Agranat and the Zionist Century'' (chapitre 7 : Blaming the Victims : The Kasztner Trial)]. Berkeley: University of California Press, 1997, {{p.}}122.</ref>. Ainsi, Eichmann conservait des otages pour forcer Kasztner à garder le secret<ref name="Braham"/>. En août, 318 enfants sont admis à partir pour la [[Suisse]], pays resté [[Neutralité perpétuelle de la Suisse|neutre]]. En {{date-|décembre 1944}}, le reste des passagers (certains sont morts entre-temps), mis à part 17 qui furent contraints de rester à Bergen-Belsen sous différents prétextes, est autorisé à partir pour la Suisse dans le même train. Les passagers du « train Kastner » sont accueillis en Suisse au [[Caux-Palace]], un palace en déshérence, situé au-dessus de [[Montreux]], qui avait accueilli jusque-là surtout des aviateurs anglais et américains évadés de camps de prisonniers. Pendant cette période, Kastner fait de nombreux allers et retours en Suisse, en liaison avec l’[[American Jewish Joint Distribution Committee]] (JDC) : mais pour Eichmann, l’argent ne remplace pas les camions, et les négociations se tendent. Kastner continue son bluff pendant cette période<ref name="combe"/>{{,}}<ref name="nadeau"/>.
 
En [[mai]] [[1944]], Kastner et beaucoup d'autres responsables juifs savent, après avoir reçu fin [[avril]] 1944, le [[rapport Vrba-Wetzler]], que les Juifs sont envoyés à la mort. Ce rapport est communiqué aux responsables des organisations juives dans l'espoir que les Juifs hongrois soient avertis qu'ils sont envoyés dans des camps de la mort et non dans des camps de regroupement. Ce rapport n'est pas non plus rendu public par Kastner et les autres responsables de la communauté juive hongroise<ref>{{en}} Gilbert, Martin [http://www.fantompowa.net/Flame/vrba.htm ''Auschwitz et les Alliés''], Michael Joseph, 1981, {{p.|201-205}}.</ref>. C’est à peu près à cette période que des parachutistes juifs de [[Palestine mandataire|Palestine]], servant dans l’armée britannique, sont parachutés en Hongrie et rencontrent le comité d’aide. S’il est à peu près certain que les parachutistes sont dénoncés par leurs contacts hongrois, il est assuré que la réaction des membres du comité a été de leur demander de ne pas compromettre la réussite du sauvetage par le train, et de les laisser se débrouiller seuls<ref>Leora Bilsky, « Judging and Understanding », ''Law and History Review'', printemps 2001, 19-1, {{p.}}186.</ref>. [[Yoel Palgi]] a même témoigné que, effrayé qu’ils puissent semer le trouble chez les Juifs, Kasztner lui aurait conseillé de se livrer à la Gestapo<ref>Luban, {{opcit}}, {{p.}}167.</ref>.
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Kastner a négocié avec [[Adolf Eichmann]]<ref>{{article|auteur=|titre=Un roman israélien revient sur l'affaire Kastner, le juif qui négocia avec les nazis|périodique=[[Le Point]]|date= 21/02/2019|url=https://www.lepoint.fr/culture/un-roman-israelien-revient-sur-l-affaire-kastner-le-juif-qui-negocia-avec-les-nazis-21-02-2019-2295198_3.php}}.</ref>, officier [[Schutzstaffel|SS]] allemand responsable de la [[Shoah en Hongrie|déportation des juifs de Hongrie]] vers [[Auschwitz]] en [[Pologne]] occupée, pour obtenir la libération de quelque {{formatnum:1700}} personnes juives moyennant de l'or, des diamants et de l'argent liquide<ref name="Braham"/>. Outre le comité d'aide, le bureau de l’Information (''Tajekoztato Iroda'') du [[judenrat]] participa à l'organisation du transport<ref>Randolph L. Braham, « [https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2006-2-page-261.htm Le conseil juif en Hongrie] », ''Revue d’Histoire de la Shoah'', 2006/2 ({{N°}} 185), {{p.}}261-289.</ref>.
 
Le convoi est organisé alors que les déportations, en mai et {{date-|juin 1944}}, conduisent {{formatnum:nombre|437000}} |Hongrois juifs}} vers Auschwitz ; les trois quarts d'entre eux sont exécutés<ref name=ark>For the comparison to Noah's ark, see Kastner (1945), pp. 61–62, cited in [http://www.historycooperative.org/journals/lhr/18.3/maoz.html#foot63 Maoz (2000)] {{lien brisé|url=https://archive.is/20120913063847/www.historycooperative.org/journals/lhr/18.3/maoz.html |date=2012-09-13 }}; Bauer (1994), p. 198; Porter (2007), p. 234; and Löb (2009), p. 89 ; For 437,000 Jews, and that three-quarters were killed, see Bauer (1994), p. 156</ref>. Les passagers sont issus de milieux sociaux divers et comptent 273 [[Enfants pendant la Shoah|enfants, dont de nombreux orphelins]]<ref name=Lob2009p117>Löb (2009), pp. 117–18</ref>. Les 150 passagers les plus riches du convoi ont payé {{formatnum:unité|1500|$}}$ chacun pour financer leur évacuation, à la fois pour eux-mêmes et pour les autres (soit l'équivalent de {{formatnum:nombre|22000|$}}$ en 2020)<ref name=Bauer1994p198>Bauer (1994), p. 198</ref>. Après un voyage de plusieurs semaines, où le train est détourné vers Bergen-Belsen en Allemagne, {{formatnum:nombre|1670|passagers}} passagers survivants parviennent en Suisse en août et {{date-|décembre 1944}}.
 
Une plaque à Caux rappelle l'accueil donné aux Juifs du train en 1944 par la Suisse, ainsi que ceux qui ont été refoulés<ref>Fabienne Meyer, « [https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2019-1-page-157.htm Mémoire monumentale. Les monuments à la Shoah en Suisse] », ''Revue d’Histoire de la Shoah'', 2019/1 ({{N°}}210), {{p.}}157-169.</ref>.
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Certains SS en cause dans cette affaire ont été jugés, le plus célèbre étant [[Adolf Eichmann]] ; [[Kurt Becher]] échappa à toute peine grâce au témoignage de Rudolf Kastner.
 
L’ambiguïté du procédé poursuivit Kastner dès la fin de la guerre, où des [[Survivant de la Shoah|survivants de la Shoah]], des Juifs ayant perdu des membres de leur famille, mais aussi des leaders juifs lui reprochant d’avoir usurpé leur pouvoir, lui demandèrent des comptes sur les négociations dès le [[congrès juif mondial]] de 1945<ref name="lahav122"/>. Émigré en Israël, Kastner fut dénoncé comme collaborateur des nazis par [[Malchiel Gruenwald]], ce qui donna lieu au [[procès Kastner]] en 1954-1955. Kastner est assassiné en 1957.
 
== Références ==
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Train_Kastner ».