« Autoportrait aux deux cercles » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Thierry Caro (discuter | contributions)
Balises : Révoqué Éditeur visuel
Ligne 36 :
== Technique et analyse ==
[[File:Self-Portrait (by Titian) – Gemäldegalerie, Berlin.jpg|vignette|redresse|Titien, ''Autoportrait'', huile sur toile (vers 1546-1547), Gemäldegalerie, Berlin. Rembrandt s'est inspiré du coup de pinceau suggestif de l'œuvre tardive de Titien.]]
Comme dans de nombreuses œuvresnombreuse tardives de l'artiste, la peinture se caractérise par son improvisation, avec des détails qui se lisent comme inachevés{{Sfn|White|1999|p=222}}{{,}}{{Sfn|van de Wetering|1997|p=205}}. Elle se distingue immédiatement par les contrastes [[baroque]]s clair-obscur et la manière grossière de travailler, réalisée d'une façon pâteuse, avec une touche lâche. Dans certaines zones, telles que le visage et le côté droit du chapeau, une couche de peinture grise a été utilisée comme terrain d'entente tonal, sur laquelle des lumières audacieuses et de riches accents sombres ont été ajoutés, parfois avec des coups de peinture rapides appliqués mouillé sur mouillé{{Sfn|van de Wetering|1997|p=205}}. À plusieurs endroits, Rembrandt a « dessiné » dans la peinture alors qu'elle était encore humide, incisant des lignes dans la moustache, le sourcil gauche et le col de la chemise{{Sfn|White|1999|p=222}}{{,}}{{Sfn|van de Wetering|1997|p=205}} et a travaillé la surface avec des [[Spatule (peinture)|spatules]]. Les mains, la palette, les pinceaux et la doublure en fourrure de la robe de l'artiste, ou ''tabbaard'', ont été peints avec une grande rapidité, comme en témoignent notamment les attributs du peintre et ce qui aurait dû être sa main gauche. Rembrandt se tient devant son [[Chevalet (peinture)|chevalet]], dont la toile ou le [[Panneau (peinture)|panneau]] en haut à droite est plus suggéré que défini dans une seule bande verticale. Il est possible que Rembrandt ait voulu que le spectateur continue à compléter lui-même les parties pertinentes « dans sa tête »<ref>Samuel van Hoogstraten , [https://web.archive.org/web/20160915034923/http://www.koosdewiltconcept.nl/hoe-de-rijpe-rembrandt-verstilling-en-diepgang-bracht-in-zijn-werk/ hier].</ref>.
 
On ne sait pas si Rembrandt avait l'intention de parachever ces zones, mais la force globale de la peinture rend superflu le souci de son achèvement{{Sfn|White|1999|p=222}}. Une explication plus plausible est que le portrait est peut-être resté inachevé : bien qu'il ait probablement commencé à y travailler dès 1665 et que les parties essentielles semblent complètement terminées, contrairement à la coutume de Rembrandt, il n'est ni daté ni signé. Les générations suivantes d'artistes apprécièrent les passages inachevés : [[Joshua Reynolds]] commente sa « manière très inachevée », mais la trouve « admirable par sa couleur et son effet », et [[Jean-Honoré Fragonard]] en fait une copie peinte{{Sfn|Bryant|2003|p=72-73}}. Que Rembrandt n'ait peut-être pas considéré l'œuvre comme complète est suggéré par l'omission de sa signature et de sa date{{Sfn|Bryant|2003|p=73}}. Il est aussi possible que l'intention de Rembrandt ait été de laisser une peinture biographique emblématique pour la postérité, plus profonde qu'un autoportrait traditionnel. Dans cette veine, une comparaison avec l'autoportrait « inachevé » tardif de [[Titien]] à la [[Gemäldegalerie (Berlin)]], auquel ressemble ''Autoportrait avec deux cercles'', est appropriée{{Sfn|Bryant|2003|p=76}}.