« Mayotte » : différence entre les versions
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Les relations avec l'Europe sont encore pratiquement inexistantes au {{s|XVIII}} : ainsi en 1751, l'[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]] de [[Denis Diderot]] et [[Jean Le Rond d'Alembert]] évoque à peine Mayotte dans un article de deux lignes : {{citation|Mayotte, ile, (Géog.) ''Mayota insula'', c’est la plus méridionale des îles Comorres. Elle est située, selon M. de Lisle, dans le canal de Mozambique.}}<ref>Article {{citation|[[:s:L’Encyclopédie/1re édition/MAYOTTE, ile|Mayotte]]}}, dans l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', {{1re|édition}}, 1751 (tome 10, {{p.|218}}).</ref>. L'article {{citation|Comorres}} est encore plus court<ref>Article {{citation|[[wikisource:L’Encyclopédie/1re édition/COMORRES|Comorres]]}}, dans l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'', {{1re|édition}}, 1751 (tome 3, {{p.|738}}). [https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/COMORRES lire en ligne].</ref>. Un capitaine anglais de passage notait au début du siècle que {{citation|les pirates de Madagascar viennent souvent ici, de sorte que, à cause d'une rencontre toujours possible avec ces coquins, je n'en ferais pas un endroit sûr pour un petit navire seul, bien que le pays soit agréable<ref name="Rochester">John Pike, 1704, cité par {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Thierry Mesas (dir.) |titre=Patrimoines de Mayotte |éditeur=Couleurs métisse |collection=Les lumières de la francophonie |année=2014 |pages totales=498 |isbn=978-2-9540102-5-0 |isbn2=2-9540102-5-8}}.</ref>.}}.
De [[1742]] à [[1791]], le sultanat d'Anjouan réalise plusieurs tentatives pour conquérir le sultanat de Mayotte. De [[1795]] à [[1820]], les razzias des pirates malgaches (Sakalaves et Betsimisarakas) dépeuplent considérablement l'île<ref name="Mayotte - Histoire" />, et le [[minbar]] en bois sculpté de la [[mosquée de Tsingoni]]
À la fin du {{s|XVIII}}, une riche famille omanaise de Zanzibar s'établit à Tsingoni et y fait fortune. Le principal héritier de cette famille (Salih ben-Mohammed ben-Béchir el-Mondzary el-Omany) épouse alors la fille du vieux sultan Boina Kombo ben Salim et devient héritier légitime du trône : après avoir abandonné l'[[Ibadisme]] pour le [[Chaféisme]] en vigueur dans la région, il devient sultan sous le nom de [[Salim II de Mayotte|Salim {{II}}]], jusqu'à sa mort en 1807 ou 1815 selon les sources. C'est notamment lui qui transfère la capitale de Tingoni à Dzaoudzi, localité alors plus facile à fortifier contre les attaques de pirates
Le dernier sultan shirazien, Mouana-Mâddi, est assassiné en 1829 : son fils Bana-Kombo (ou Bwana Combo) trouve refuge auprès du roi [[sakalaves|sakalave]] du [[Iboina]] à [[Madagascar]], [[Andriantsoly]], avec lequel son père avait conclu un pacte d'alliance<ref name="mayotte-histoire.webnode.fr" />. Andriantsoly aide le jeune Bana-Kombo à reconquérir son trône, et obtient en échange la moitié de l'île. Cet état de fait entraîna rapidement une rivalité entre les deux co-souverains, et après quelques batailles Andriantsoly exila Bana-Kombo à Mohéli. Celui-ci tenta alors de s'allier au sultan local d'origine malgache Ramanateka, qui préféra cependant le spolier pour devenir co-sultan de Mayotte à sa place. Ambitieux, il chasse Andriantsoly de Mayotte en 1836 pour régner sans partage sur l'île, mais regagne ensuite Mohéli. Andriantsoly s'allie alors au sultan Abdallah d'Anjouan pour récupérer l'île<ref name="mayotte-histoire.webnode.fr" />. Guerrier converti à l'islam et aussi diplomate respecté auprès des communautés swahilies et malgaches, Andriantsoly devient ainsi le sultan reconnu de l'île dont il s'efforce tant bien que mal de préserver la souveraineté malgré les continuelles hostilités et menaces. À la suite de la prise de [[Nosy Be]] (Madagascar) en [[1840]], les Français prennent connaissance de la présence de ce sultan, ancien roi sakalave, à Mayotte, qui demande une protection maritime<ref name="Naturalistes Mayotte" />.
=== Colonisation ===
==== Achat par la France ====
[[Fichier:Andriantsoly.jpg|thumb|[[Andriantsoly]], dernier sultan de Mayotte, de 1832 à 1843.]]
[[Andriantsoly]] a
C'est dans ce contexte que, le {{date|25|avril|1841}},
==== Colonisation et abolition de l'esclavage ====
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La souveraineté française sur Mayotte advient à un moment assez singulier, la France de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] n'ayant pas de politique coloniale en dehors de l'[[Algérie]] (conquise par son prédécesseur, [[Charles X]]). Cet événement est également indépendant du [[partage de l'Afrique]] issu de la [[conférence de Berlin]] qui n'aura lieu qu'après [[1885]].
L'abolition de l'esclavage à Mayotte est prononcée le {{date|27|avril|1846}}<ref name="L’esclavage à Mayotte" /> alors que l'île avait jusque-là été soumise à la [[traite arabe]]. À cette époque l'île avait environ {{nombre|3000|habitants}} presque exclusivement musulmans, dont entre un tiers et la moitié était des esclaves<ref name="L’esclavage à Mayotte" />.
Mayotte demeure surtout une île vidée de ses habitants par des décennies de pillages
Dans la foulée des [[Antilles]] et de [[la Réunion]], le gouvernement français envisage de faire de Mayotte une île à vocation sucrière : malgré les fortes pentes, de vastes plantations sont aménagées, 17 usines sucrières sont bâties et des centaines de travailleurs étrangers (essentiellement africains, en particulier des Makwas du Mozambique<ref name="L’esclavage à Mayotte">{{Lien web |langue=fr |auteur=Yoann Deleu |titre=L’esclavage à Mayotte, “du déni mémoriel à la réalité historique” |url=https://lejournaldemayotte.yt/2019/05/01/lesclavage-a-mayotte-du-deni-memoriel-a-la-realite-historique/ |site=Le Journal de Mayotte |jour=1 |mois=mai |année=2019|brisé le = 2023-11-25}}.</ref>) sont engagés à partir de 1851<ref name="Chronologie illustrée de Mayotte" />. Cependant, la production demeure médiocre, et la crise du sucre de 1883-1885 a rapidement raison de cette culture à Mayotte (qui venait d'atteindre son pic de production<ref name="Chronologie illustrée de Mayotte" />), ne laissant que quelques ruines d'usines dont certaines sont encore visibles aujourd'hui<ref name="JEP 2018 : Antana Be">{{Lien web |langue=fr |auteur=Anne Perzo |titre=JEP 2018 : Antana Be, où l’histoire d’un village disparu |url=https://lejournaldemayotte.yt/jep-2018-antana-be-ou-lhistoire-dun-village-disparu/ |site=lejournaldemayotte.yt |jour=16 |mois=09 |année=2018|brisé le = 2023-11-25}}.</ref>. La dernière usine sucrière à fermer fut celle de Dzoumogné en 1955. La mieux conservée, et désormais patrimonialisée, est celle de Soulou, dans l'ouest de l'île<ref name="JEP 2018 : Antana Be" />.
La [[conférence de Berlin]] s'achève en [[1885]] ; les puissances européennes y décident les règles d'appropriation des territoires africains et la France, déjà présente à Mayotte, va utiliser l'île pour prendre le contrôle de l'ensemble de l'[[archipel des Comores]], dont la plus grande île est déjà contrôlée de fait par un potentat français, [[Léon Humblot]]
L'année 1898 est une des plus sombres de l'histoire mahoraise : l'île est frappée par deux cyclones successifs qui rasent presque complètement les habitations, ainsi que les plantations de canne à sucre<ref name="Chronologie illustrée de Mayotte" />. Le phénomène est suivi par un séisme et une épidémie de variole, qui dépeuplent l'île et ravagent les cultures, mettant fin aux espoirs sucriers de l'île hippocampe<ref name="Mayotte en 200 questions-réponses" />.
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À partir de [[1908]], l'ensemble des Comores est intégré sous l'autorité du gouvernement général de {{citation|Madagascar et dépendances}}. En [[1919]], au lendemain de la [[Première Guerre mondiale]], est créée la [[Société des Nations]] (ancêtre de l'actuelle [[Organisation des Nations unies]]), laquelle reconnaît également la souveraineté française directe sur Mayotte et la légalité de son acquisition antérieure, ainsi que le statut de protectorats séparés sur les autres îles, qu'elle place sous sa tutelle, à charge pour la France de veiller à garantir leur propre intégrité. La différence de traitement entre Mayotte et le reste de l'archipel devient de plus en plus une source de tensions. L'ensemble de l'archipel reste contrôlé depuis [[Dzaoudzi]].
=== Intégration à la République française ===
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En [[1946]], les protectorats des Comores et la colonie de Mayotte sont séparés administrativement de Madagascar et deviennent un [[territoire d'outre-mer (France)|territoire d'outre-mer]] (TOM)<ref name="diploweb" />. Après avoir refusé d'accéder à l'indépendance lors du référendum de 1958 organisé par le général De Gaulle, les Comores obtiennent le {{date|22|décembre|1961}} (loi {{numéro}}1412) un statut d'autonomie interne (qui sera élargie en [[1968]] par la loi {{numéro}}6804). Ce statut d'autonomie interne donne jour à un Gouvernement comorien élu par l'Assemblée Territoriale. De [[1961]] à [[1970]], l'ancien député [[Saïd Mohamed Ben Chech Abdallah Cheikh]] est élu président du Conseil de gouvernement jusqu'à sa mort le {{date|16 mars 1970}}. C'est durant cette période, en 1966, que la capitale du territoire est transférée de [[Dzaoudzi]] (Mayotte) à [[Archipel des Comores|Moroni]] (Grande Comore), huit ans après la décision du transfert et au grand dam des mahorais<ref>{{référence incomplète|Philippe Lemarchand (dir.), ''L’Afrique et l'Europe'', éditions Complexe, 1994|date=28 octobre 2009}}.</ref>.
Au cours de cette période naissent les premiers mouvements politiques qui contestent le pouvoir de Saïd Mohamed Cheikh et, pour certains, réclament l'indépendance. D'autres, comme le [[Mouvement populaire mahorais]] (MPM), réclament au départ plus d'autonomie vis-à-vis des autres îles. Née en [[1958]], l'[[Union pour la Défense des Intérêts de Mayotte]] (UDIM) est un mouvement créé par un créole natif de Sainte-Marie, Georges Nahouda, un administrateur haut placé, pour départementaliser Mayotte<ref>{{Ouvrage |auteur1=Ali Mmadi |titre=Mayotte un vrai tabou |sous-titre=Ce qui doit enfin changer |passage=20 |lieu=Paris |éditeur=Le Manuscrit}}.</ref>. Son neveu, Marcel Henry, poursuit le combat avec la création du [[Mouvement populaire mahorais|MPM]]
Cependant, dans les [[années 1960]], d'autres mouvements politiques voient le jour dont le parti « Serrez-la-main ». Ce parti revendiquait l'indépendance de Mayotte vis-à-vis de la France. Nombres d'échauffourées{{refnec}} eurent lieu entre ce dernier et le MPM. Le MPM se radicalise et demande la séparation de Mayotte et des autres îles et notamment la départementalisation de Mayotte. [[Zakia Madi]]<ref>Alain-Kamal Martial, ''Zakia Madi la chatouilleuse'', [[Éditions L'Harmattan]], 2004 {{ISBN|978-2-7475-6490-8}}.</ref>, parmi les leaders du MPM, est tuée lors d'une de ces manifestations entre parties opposées sur la jetée de Mamoudzou
==== Rejet de l'indépendance par Mayotte ====
Le {{date|25|août|1972}}, le [[Comité spécial de la décolonisation]] de l'[[Organisation des Nations unies]] inscrit l'archipel des Comores à sa liste des territoires devant accéder à l'[[Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes|autodétermination]]. Le {{date|15|juin|1973}}, la France et les Comores signent des [[accords du 15 juin 1973|accords relatifs à l'accession à l'indépendance]]. Le {{date|22|décembre|1974}}, la France organise aux Comores un [[Consultation du 22 décembre 1974 sur l'indépendance du territoire des Comores|référendum]], précisant que « Les populations des Comores seront consultées » (le pluriel étant ici déterminant<ref name="La question de l’île comorienne de Mayotte tranchée par la rue faute de l’être par le droit" />). Si le suffrage obtient dans son ensemble plus de 90 % pour l'indépendance du territoire, Mayotte se singularise en votant
Un nouveau gouvernement français arrive au pouvoir en France et, conformément à une recommandation d'un groupe de parlementaires venus en voyage d'étude dans l'archipel, celui-ci envisage de respecter la volonté des Mahorais et de considérer le résultat « île par île »
Juridiquement, la France ne peut pas s'opposer à l'autodétermination et à l'indépendance des Comores (hors Mayotte) puisqu'elle n'y exerçait qu'un protectorat sous tutelle des Nations unies. Mais elle conteste l'indivisibilité de l'union des Comores avec Mayotte, qui est le fait de la création tardive (par loi interne) du territoire d'outre-mer dans l'[[Union française]] en 1946, fédérant (en préservant leur statut international respectif issu des traités) le protectorat des Comores (séparées en 1946 de l'ancienne colonie de Madagascar, devenue indépendante en 1960) avec la possession française de Mayotte (qui n'a jamais été sous tutelle des Nations unies mais acquise bien antérieurement, reconnue ensuite par la [[Société des Nations]] quand elle a été créée). Le statut de territoire d'outre-mer ''hybride'' (unifié par la loi interne de 1946, mais en deux parties séparées en droit international) sera conservé (de même que les anciens traités relatifs à la tutelle des Nations unies sur les Comores et à l'acquisition antérieure de l'île de Mayotte) quand sera créée plus tard entre 1958 et 1960 l'éphémère [[Communauté française (Cinquième République)|Communauté française]], et ensuite la République française (où le territoire d'outre-mer continuait à avoir le double statut international). La résolution non contraignante des Nations unies s'appuie principalement sur les déclarations de volonté du gouvernement français faites seulement quelques mois avant l'organisation du scrutin d'autodétermination, qui n'ont pas la force contraignante de la loi (la France s'attendait même à ce que Mayotte vote aussi pour sa propre indépendance, comme les autres îles, mais a été surprise de l'importance du non à l'indépendance conjointe avec le reste des Comores, dans cette île française depuis plus longtemps même que d'autres départements français métropolitains et dont la souveraineté française n'avait pas été contestée avant 1958).
La France s'oppose depuis aux prétentions territoriales des Comores sur Mayotte, et sur l'indivisibilité de l'archipel
En pleine guerre froide, la France a le projet d'y implanter une base militaire navale dotée d'un port en eau profonde. Ce projet ne verra pas le jour, mais sera compensé par l'implantation d'une station d'écoute du réseau satellitaire français d'espionnage des communications (réseau [[Frenchelon]]), mise en service en 2000 sur l'île de [[Petite-Terre]]<ref>Pierre Caminade, ''Comores-Mayotte, Une histoire néocoloniale'', Agone, 2004 {{ISBN|978-2-7489-0021-7}}.</ref> : le centre d'écoute militaire des Badamiers.
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Le {{date|6 février 1976}}, la France oppose son [[droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies]] pour empêcher l'adoption d'un projet de résolution lui demandant d'engager des négociations avec le gouvernement comorien en vue de la rétrocession de Mayotte et de renoncer à la tenue d'un nouveau référendum<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/11967 Projet de résolution S/11967] - [[Conseil de sécurité des Nations unies]], 5 février 1976. {{pdf}}.</ref>{{,}}<ref>Onze voix pour (Chine, URSS, Bénin, Libye, Pakistan, Panama, Roumanie, Guyana, Japon, Tanzanie, Suède) - Une voix contre (France) - Trois abstentions (États-Unis, Royaume-Uni, Italie). Les trois abstentions viennent également de pays dont une partie importante du territoire est également issue d'acquisitions coloniales antérieures à la création de la Société des Nations, et qui avaient pu craindre, en votant pour, de voir leur propre intégrité territoriale menacée par des volontés d'indépendances (cependant c'est aussi le cas de la Chine et de l'URSS qui ont voté pour cette résolution).</ref>.
Un second référendum a lieu le {{Date|8|février|1976}}<ref name="autodétermination" />{{,}}<ref name="ref-1" /> et confirme par un taux de 99,4 % (82,8 % des inscrits, {{nombre|17845|voix}} pour et 104 contre) le choix de la population de Mayotte de rester au sein de la République française.
Par le vote de la résolution {{n°|31/4}} du {{nobr|21 octobre}} 1976, l'[[Assemblée générale des Nations unies]], considérant ce référendum comme nul et non avenu, condamne la présence française à Mayotte<ref>{{Lien web |format=pdf |titre=31/4 Question de l'île comorienne de Mayotte : {{39e}} séance plénière |url=http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/31/4&Lang=F |éditeur=Assemblée générale de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] |date=21 octobre 1976}}.</ref>, une résolution dépourvue de force juridique ({{citation|non contraignante en matière de droit international}})<ref name="La question de l’île comorienne de Mayotte tranchée par la rue faute de l’être par le droit">{{Lien web |langue=fr |auteur=Anne Perzo-Laffont |titre=La question de l’île comorienne de Mayotte tranchée par la rue faute de l’être par le droit |url=https://lejournaldemayotte.yt/2017/09/28/la-question-de-lile-comorienne-de-mayotte-tranchee-par-la-rue-faute-de-letre-par-le-droit/ |site=Le Journal de Mayotte |jour=3 |mois=avril |année=2020|brisé le = 2023-11-25}}.</ref>. L'Assemblée générale de l'ONU s'appuie sur la déclaration du {{date|14|décembre|1960}} « sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés », point {{numéro|6}} sur la préservation de l'intégrité territoriale, qui rentre toutefois en contradiction avec le point {{numéro|2}} sur le droit à l'autodétermination et le fait que les Comores n'ont jamais constitué un pays uni par le passé. Entre 1973 et 1994, pas moins de vingt résolutions, non contraignantes, traitant de l'« île comorienne de Mayotte » ont été adoptées par l'Assemblée générale des Nations unies, au titre de l'« autodétermination du peuple comorien dans son unité et son intégrité territoriale ». Ces résolutions, toutefois, sont dépourvues de toute force juridique contraignante<ref name="8février2021_www.lemonde.fr">{{ article | langue=fr
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| lire en ligne=https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/02/08/les-negociations-france-comores-dans-l-impasse_6069172_823448.html }}.</ref>. Dans sa résolution du {{date|6 décembre 1994}}<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/49/18&Lang=F Question de l’île comorienne de Mayotte] - Assemblée générale de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]], 6 décembre 1994. {{pdf}}.</ref>, l'Assemblée générale de l'ONU a rappelé et confirmé l'appartenance de Mayotte à l'État comorien à ses yeux. Depuis [[1995]], la question de Mayotte n'a plus été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU, même si la menace en a régulièrement été brandie par les autorités comoriennes.
La France, de son côté, franchit un pas supplémentaire en
==== Départementalisation ====
[[Fichier:Mayotte region map (DPJ-2020).svg|thumb|Mayotte représentée en rouge sur la carte des départements français.]]
Le référendum du {{date|29|mars|2009}} sur la départementalisation est approuvé par 95 % des votants (soit 57 % des électeurs)
Le {{date|31 mars 2011}}, le département de Mayotte est devenu officiellement le cent-unième département de France et son cinquième département d'outre-mer<ref>[http://www.outre-mer.gouv.fr/?presentation,138.html Le 31 mars 2011, après l’élection du Président du conseil général de l’assemblée renouvelée par moitié, le Département de Mayotte est devenu officiellement le cent-unième département de France et son cinquième département d’outre-mer] sur ''Ministère des Outre-Mer''.</ref>. À la suite de ce changement de statut, des négociations sont engagées avec l'[[Union européenne]] pour que l'île entre dans le territoire de l'Union, passant du statut de [[pays et territoire d'outre-mer|pays et territoires d'outre-mer]] (PTOM) à une [[région ultrapériphérique]] (RUP) le {{1er}} juillet 2014, comme les autres départements d'outre-mer de France. Mayotte intègre l'Union en 2014<ref name=":3" />.
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Fin 2023, une sécheresse exceptionnelle entraîne la fin de l'approvisionnement en eau potable au robinet et oblige l’État à organiser un pont maritime pour acheminer de l'eau en bouteilles gratuite, d'abord pour les plus démunis puis pour l'ensemble de la population, en attendant que les travaux pour augmenter la capacité d'approvisionnement voient enfin le jour<ref name="31août2023_www.liberation.fr"/>.
==== Mouvements sociaux contre la violence depuis 2018 ====
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En {{date|mars 2018}} la population immigrée est estimée à 45 % de la population adulte de l'île<ref name="Obs crise sociale">{{Lien web |langue=fr |auteur=Renaud Février |titre=Crise sociale à Mayotte : 4 questions pour tout comprendre |url=https://www.nouvelobs.com/societe/social/20180307.OBS3237/crise-sociale-a-mayotte-4-questions-pour-tout-comprendre.html |éditeur=[[L'Obs]] |jour=7 |mois=mars |année=2018}}.</ref>. 95 % des étrangers sont de nationalité comorienne ; en 2012, 39 % de ces étrangers étaient nés sur le territoire mahorais, essentiellement des mineurs qui pourront donc [[Nationalité française#Acquisition automatique|obtenir la nationalité à leur majorité]]<ref name="diploweb" />{{,}}<ref> Peccia, T., & Meda, R. (2017). Les Comores, le Visa Balladur et l’hécatombe au large de Mayotte: une analyse transdisciplinaire de la question complexe des migrations comoriennes. Confins. Revue franco-brésilienne de géographie/Revista franco-brasilera de geografia, (31).</ref>
Le 18 janvier 1995, consécutivement à des manifestations et à la demande des autorités mahoraises qui constatent un afflux continu de migrants comoriens, est instauré le « visa Balladur »<ref name=":6">{{Article |langue=fr |auteur1=Luc Legeard |titre=L'immigration clandestine à Mayotte |périodique=Outre-Terre |numéro=33-34 |date=2012/3-4 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-outre-terre4-2012-3-page-635.htm |pages=635-649}}.</ref>{{Note|texte=Pour entrer à Mayotte et y séjourner moins de trois mois, si l’on n’est pas ressortissant de l’Union européenne ou
d’un État ayant signé les accords de Schengen, il est indispensable de faire une demande à l’ambassade de France et de s’acquitter de 9 euros. Il faut en outre présenter un justificatif d’hébergement, certifier que son hôte vous prendra à sa charge, prouver par des bulletins de salaire que l’on est muni d’un billet de retour trois mois, il faudra qui plus est détenir un titre de séjour et débourser 99 euros.}} (du nom du Premier ministre à cette époque) qui s'applique aux Comoriens pour venir à Mayotte<ref name="8février2021_www.lemonde.fr" />. En effet, Mayotte apparaît de plus en plus comme une oasis de prospérité dans un océan de misère<ref name=":6" />. En 2010, le PIB par habitant est huit fois supérieur à celui des Comores. De plus, Mayotte offre la possibilité d'être éduqué et de se soigner gratuitement, et de bénéficier d'allocations au même niveau que le territoire métropolitain depuis la départementalisation<ref name=":7">{{Article |langue=fr |prénom1=Tiziano |nom1=Peccia |prénom2=Rachele |nom2=Meda |titre=Les Comores, le Visa Balladur et l’hécatombe au large de Mayotte : une analyse transdisciplinaire de la question complexe des migrations comoriennes |périodique=Confins. Revue franco-brésilienne de géographie / Revista franco-brasilera de geografia |numéro=31 |date=2017-06-08 |issn=1958-9212 |doi=10.4000/confins.11991 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/confins/11991 |consulté le=2021-02-17}}.</ref>. Mayotte doit aujourd'hui faire face à une immigration clandestine massive<ref name="Roger">Patrick Roger, [https://www.lemonde.fr/societe/article/2016/01/13/a-mayotte-la-cour-des-comptes-fustige-la-fuite-en-avant-de-la-departementalisation_4846775_3224.html A Mayotte, la Cour des comptes fustige la « fuite en avant » de la départementalisation], [[Le Monde]], {{date|13 janvier 2016}}.</ref>, et on estimait en 2012 qu'un habitant sur trois serait un étranger en situation irrégulière<ref name=":Monde Valls 2012" />. Depuis {{date|mai 2014}}, le [[code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile]] (CESEDA) s'applique à Mayotte<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Ordonnance n° 2014-464 du 7 mai 2014 |url=http://www.gisti.org/spip.php?article4629 |site=gisti.org |jour=7 |mois=mai |année=2014}}.</ref>.
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En toute logique, la plaque tournante de l'immigration se situe à Anjouan, car cette île, la plus proche de Mayotte, n'est située qu'à {{unité|70|kilomètres}}. Les clandestins venant des différentes îles de la République comorienne viennent s'y regrouper pour utiliser les services des passeurs<ref name=":6" />.
Environ {{unité|12000 personnes}} auraient trouvé la mort en tentant de rejoindre Mayotte dans des embarcations de fortune, les [[Kwassa kwassa (Comores)|kwassa kwassa]]<ref name="Laura Philippon">{{Lien web |langue=fr |auteur=Laura Philippon |titre=Anjouan-Mayotte : la mer Méditerranée n’est pas le seul cimetière maritime de migrants |url=http://la1ere.francetvinfo.fr/2015/04/21/anjouan-mayotte-la-mer-mediterranee-n-est-pas-le-seul-cimetiere-maritime-de-migrants-249613.html |site=la1ere.francetvinfo.fr |jour=21 |mois=avril |année=2015}}.</ref>, ce qui fait du bras de mer séparant Mayotte d'Anjouan le premier cimetière marin au monde<ref name="Huma cimetière marin">{{Lien web |langue=fr |auteur=Manuel Marchal |titre=Entre Anjouan et Mayotte, l ’effroyable cimetière marin |url=https://www.humanite.fr/node/429013 |éditeur=[[L'Humanité]] |jour=8 |mois=Décembre |année=2009|brisé le = 2023-11-25}}.</ref>.
De nombreuses associations (comme l'[[Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers]]) et personnalités mahoraises dénoncent une complicité active de l'État comorien dans ce drame<ref name="diploweb" /> : l'usine qui produit les fragiles embarcations à Anjouan n'a jamais été inquiétée, et sur les {{nobr|450 à 500 départs}} estimés de ces dernières chaque année, les autorités comoriennes en interceptent à peine un, laissant ainsi prospérer cette sinistre industrie de mort<ref name="JDM industrie immigration">{{Lien web |langue=fr |auteur=Rémi Rozie |titre=L’immigration illégale: une véritable industrie et un enjeu économique |url=http://lejournaldemayotte.com/societe/limmigration-illegale-une-veritable-industrie-et-un-enjeu-economique/ |site=Le Journal de Mayotte |jour=29 |mois=mars |année=2017 |consulté le=1 août 2018|brisé le = 2023-11-25}}.</ref> et abandonnant l'ensemble de la gestion de ce drame humanitaire à l'État français, de l'autre côté de l'océan<ref name="COMORES : où est l">{{Lien web |langue=fr |auteur=Nassuf Mohamed |titre=Comores : où est l’État ? |url=http://www.mayottedepartement.fr/spip2/squelettes/MesDocs/ReponseComoresMayotte.pdf |site=mayottedepartement.fr}}.</ref>.
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Le nombre de tués sur les routes est relativement faible à Mayotte comparé aux autres départements d'outre-mer (huit décès en 2017<ref name="MH Délinquance 2018">{{Article |langue=fr |auteur1=Ornella Lamberti |auteur2=Geffroy Vauthier |auteur3=Jérôme Morin |titre=Tous les chiffres de la délinquance |périodique=Mayotte Hebdo |numéro=828 |jour=16 |mois=février |année=2018 |pages=16-21}}.</ref>) : la vitesse maximale est de {{unité|70 km/h}} sur la route nationale, et la fréquence des embouteillages limite sans doute les ardeurs des chauffards. L'[[islam]] limite également le taux d'alcoolisme.
== Économie ==
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